Le choléra à Clermont-l’Hérault en 1893
et l’action de Paul Vigné d’Octon, le futur « député choléra »

* Professeur des Universités Émérite

Présentation

Au XIXe siècle, à six reprises, en 1832, 1849, 1853-1854, 1865-1866, 1884 et 1892-1893, le choléra touche la France. L’épidémie, venue d’Orient et apportée par des marins ou des voyageurs, se développe dans des régions bien déterminées comme la région parisienne en 1832 et le Président du conseil des ministres Casimir Périer en fut alors une des plus illustres victimes. En 1884, le choléra sévit à Toulon. En 1892-1893, il apparaît en région parisienne et notamment dans la ville de Nanterre 1. À partir de là et au gré des déplacements des porteurs du virus, la maladie se répand notamment en Normandie et dans le Pas-de-Calais et touche Marseille en septembre 1892. En 1893, le mal atteint Clermont-l’Hérault.

Le médecin écrivain Paul Vigné apprend la nouvelle alors qu’il est en villégiature studieuse dans la vallée de Chevreuse non loin de Paris. Paul Vigné, en littérature Paul Vigné d’Octon, est né à Montpellier le 7 septembre 1859 où son père exerçait la profession de boulanger 2… Il n’était pas d’usage alors qu’un fils de boulanger fasse des études secondaires mais c’était compter sans l’ambition de sa mère qui le fit entrer au petit séminaire. Son père, anticlérical convaincu, n’approuvait pas ce choix et, bientôt, le jeune Paul Vigné se retrouva au lycée de garçons de la ville. Après le baccalauréat, il s’inscrivit à la faculté de médecine, donnant des leçons pour subvenir à ses besoins, puis il présenta le concours de l’École de médecine navale de Toulon et fut admis en avril 1880. Un an plus tard, son diplôme en poche, il était nommé médecin de la Marine en Guadeloupe où il demeura de 1882 à 1884. Ce fut ensuite le Sénégal.

Mais le jeune Vigné s’aperçut bien vite qu’il avait des facilités d’écriture et il commença à publier dans des revues comme Le Figaro littéraire des récits exotiques ou des textes scientifiques. Cette activité n’ayant pas l’heur de plaire à la hiérarchie militaire, il démissionna de la Marine en février 1889 et décida désormais de vivre de sa plume. En même temps, il se lançait en politique dans le camp des républicains de gauche. Lors de la même année 1889, il était candidat contre Paul Leroy-Beaulieu dans le canton de Lunas. Il fut battu mais il commençait à se faire un nom et il eut la satisfaction, aux législatives de la même année, de voir son adversaire battu à son tour par le républicain sortant Ménard-Dorian. En 1893, il était venu dans la vallée de Chevreuse, non loin de Paris, se consacrer pleinement à son activité de romancier. C’est là que la nouvelle de l’épidémie de choléra à Clermont-l’Hérault vint le surprendre et l’amena à venir dans cette ville proposer ses services à la population. Voici le récit de cette expérience écrit 33 ans plus tard 3.

Paul Vigné d’Octon Collection particulière. Droits réservés
Fig. 1 Paul Vigné d’Octon
Collection particulière. Droits réservés

Texte de Paul Vigné d’Octon sur son action lors de l’épidémie de choléra à Clermont-l’Hérault : extrait de « Quarante ans de vie publique. Souvenirs politiques et littéraires d‘un Méridional.

Il y avait une dizaine de jours que j’étais installé dans Gif4, parachevant mon roman intitulé Le Pont d’Amour, dont l’action se passe dans la campagne clermontaise lorsque, par une étrange coïncidence, nous reçûmes une lettre venue d’Octon, nous annonçant que le choléra sévissait à Clermont-l’Hérault.

On nous apprenait même le décès, à Octon, de l’un de mes cousins qui avait contracté la terrible maladie, pendant une visite au marché du mercredi.

Je n’hésitai pas.

Notre projet était de quitter Paris vers le milieu de juillet pour aller passer l’été dans nos garrigues octonaises.

Notre départ ne serait donc avancé que de trois semaines et j’aurais ainsi porté, sans retard, mon faible secours à mes amis clermontais dont l’accueil m’avait ému lors de mes premières armes politiques.

J’écrivis donc tout de suite à mon camarade Battut que j’arriverais avec ma femme le surlendemain pour nous mettre à la disposition des malades, ma femme comme infirmière et moi comme médecin.

Je le trouvai à la gare ainsi que mon autre vieil ami Leroux, correspondant du Petit Méridional5.

Je vivrais longtemps encore que je n’oublierais jamais la désolation dans laquelle je trouvai la petite ville, toujours si gaie, si riante, si animée.

Bien ce fût justement un mercredi, les allées de Tivoli avaient l’air d’une voie tombale ; à droite et à gauche, les terrasses des cafés qui, ce jour-là, regorgent de monde, étaient désertes ; les portes mêmes à peine entr’ouvertes.

Désert le Planol6, et le marché, toujours si vivant et si pittoresque, à cette heure, n’était représenté que par quelques marchandes de légumes, et un forain dont le petit bazar prenait un air lamentable dans le grand vide silencieux qui l’entourait.

Désertes, toujours désertes, les rues et les ruelles que nous parcourûmes, le cœur serré. Beaucoup de magasins avaient clos leur volet, pour cause de soins à donner à un malade de la maison ou à quelque parent du voisinage. Les chiens eux-mêmes passaient lentement à côté de nous, l’oreille basse et comme s’ils eussent eu conscience de la catastrophe qui s’était abattue sur la cité. Et sur ce silence, sur cette désolation, par une amère dérision, un beau soleil jetait la gloire et la joie de ses rayons.

Le premier être vivant que nous rencontrâmes fut le vieux libraire Saturnin Léotard. Il nous annonça qu’une femme de la Frégère venait de mourir.

C’était le troisième décès depuis minuit. Et, sur nos têtes, de la vieille église voisine, le glas se mit à tinter.

Oh ! la voix lugubre de cette cloche jetant sa plainte dans le silence de la cité désolée, épouvantée, et dont elle augmentait encore l’épouvante et la désolation.

Bien que nous fussions tous quatre pleins de courage et que notre cœur fut libre de crainte, elle mit un peu de pâleur à nos joues et accéléra notre pouls.

Elle nous accompagna – cette voix lugubre de la cloche clermontaise – jusqu’à l’Hôtel du Commerce que tenait notre excellent ami Lavit et où Battut avait retenu notre chambre.

Le temps de nous débarbouiller, de faire un peu de toilette et notre besogne commença.

Battut et Leroux avaient déjà dressé une liste des malades que nul médecin n’avait encore visités et ces deux braves amis à nos côtés, nous courûmes vers celui dont le cas nous pressait le plus.

Certes, le mal était grand et il me fut facile de m’en convaincre, mais la démoralisation était encore plus grande.

D’abord, le nombre de médecins que compte la petite ville ne suffisait pas à donner à tous les malades, et en temps opportun, les soins nécessaires.

Le choléra n’est pas une maladie aussi terrible que le supposait à cette époque le vulgaire. Et bien des cas pris dès le début, dès les symptômes initiaux, peuvent être enrayés ou guéris assez vite.

Il n’en est pas de même quand le mal est confirmé et qu’ont éclaté les symptômes d’algidité 7 et de prostration.

En 1884, j’avais servi à Toulon comme médecin de la Marine pendant une épidémie cholérique non moins terrible.

J’avais même été sérieusement atteint à l’hôpital de Saint-Mandrier, mais énergiquement traité, j’avais pour la quatrième fois nargué la Camarde. La première fois, ce fut sous la forme de la typhoïde qu’elle se présenta à moi, à l’hôpital de Montpellier ; une deuxième fois sous celle de la fièvre jaune à la Guadeloupe. Enfin, une troisième fois, à l’hôpital maritime de Saint-Louis (Sénégal), elle avait pris pour venir à moi le masque tout aussi effrayant de la bilieuse-hématurique8. Ma carcasse sans tare héritée des rudes paysans, mes aïeux, m’avait permis chaque fois de lui tirer ma révérence en la priant de repasser plus tard, le plus tard possible.

En arrivant à Clermont, j’étais donc vacciné, du moins quelque peu blindé et, en l’espèce du choléra, j’étais au courant des moyens énergiques grâce auxquels le corps de santé de la Marine sauva tant de malades pendant l’épidémie toulonnaise.

Je les appliquais sans retard sur tous les malades qui me passèrent par les mains et je puis dire que le nombre en fut considérable.

Je n’ai qu’à faire appel à la mémoire des Clermontais qui liront ces lignes pour obtenir d’eux confirmation que pendant plus de quinze jours je ne dormais pas deux heures pas nuit.

J’avais pris l’habitude de ne point me déshabiller et de remplacer le sommeil par des ablutions d’eau froide.

J’avais pour me soutenir le plus puissant des réconforts, celui d’une population me donnant à chaque heure du jour des témoignages de reconnaissance qui m’attendrissaient jusqu’aux larmes et aussi l’exemple de ma femme passant ses journées à réconforter les Clermontaises. Non moins robuste et endurante que moi, elle fut, du commencement à la fin, admirable.

Et, quand l’épidémie terminée, nous quittâmes Clermont, les femmes et les enfants pleuraient en l’embrassant sur les deux joues comme si elle eût été leur sœur ou leur mère.

Braves Clermontaises dont nous admirions tous deux le courage ; il y a trente-quatre ans de cela et pourtant encore aujourd’hui je ne puis voir quand je viens à Clermont, une des vôtres, la tête serrée dans la coiffe blanche du pays, sans revivre par la pensée ces heures si douloureuses et si lointaines, et me sentir ému jusqu’au tréfonds de mon âme.

Ce bonnet blanc, en effet, coiffure populaire et charmante, je devais après les jours de tristesse les (sic) revoir autour de moi, dans la joie débordante de mes triomphes.

Et vous, mes bons Clermontais, dignes époux, enfants de ces femmes au cœur viril, avec quelle touchante fidélité pendant douze ans, vous m’avez témoigné votre reconnaissance ! Avec quelle ardeur, quel entrain, quel enthousiasme, partis dans ce qu’il y a de meilleur en l’homme, vos voix se mêlaient à celles de vos compagnes pour m’acclamer au lendemain de mes victoires !

Rien que d’évoquer ces souvenirs dans ma solitude octonnaise, le crépuscule de ma vie en est tout illuminé, et je sens un frisson de joie passer dans mes moelles. Oui, il me semble, en cette chaude après-midi d’été où j’écris ces lignes, que je suis au milieu de vous pendant ces heures délirantes, et que les cigales qui font rage sur mes platanes sont des Clermontaises criant : Vive la République ! à travers les rues de leur ville.

Sachez, ô vous qui lirez ces lignes, que je garde encore la fierté d’avoir été, comme le disaient alors certains de mes adversaires, le député Choléra » ou bien encore le « député de Clermont »9.

Trop souvent hélas ! la politique se montre indifférente, voire cruelle pour le sentiment : je vous bénis, ô Clermontais, pour m’avoir permis pendant longtemps d’unir l’un à l’autre.

Sachez enfin que je ne vous ai jamais oubliés, que je suis et resterai jusqu’à ma mort votre « député honoraire ».

Je ne veux pas clore mes souvenirs sur l’épidémie cholérique de Clermont, sans raconter une petite anecdote connue jusqu’à présent de moi seul et où il est question d’un homme dont la mémoire est honorée de tout notre département.

Je veux parler du sénateur Auguste Galtier10.

On sait que lors de l’élection législative de 1893 dans l’arrondissement de Lodève, qui survint peu après l’épidémie de Clermont, le Congrès ayant décidé la candidature multiple, il y eut contre M. Leroy-Beaulieu, deux candidats républicains, le regretté M. Hugounenc, maire de Lodève, et moi. Au premier tour, Galtier soutint de son mieux la candidature de ce dernier qui était depuis longtemps son ami. Mais, au second tour, en sincère républicain qu’il était, il m’apporta son concours le plus dévoué.

Il m’accompagna même dans tout le canton du Caylar, et tant que dura ma campagne sur le plateau, je fus l’hôte de sa maison paternelle au chef-lieu.

Après mon élection, lorsque j’arrivais à la Chambre, les premières félicitations que j’y reçues furent les siennes.

Il vint exprès me voir et, dans le début de notre conversation, il me dit : « Mon cher Vigné, vous avez été admirable pendant l’épidémie de Clermont. Aussi, sans vous en parler, j’ai cru devoir demander pour vous au ministre de l’intérieur la croix de la légion d’honneur. Le ministre vient de me répondre ce que je savais déjà, et que sans doute vous savez aussi, qu’il n’est pas d’usage de décorer les députés bien qu’il n’existe aucun texte de loi l’interdisant. Pourtant, il a ajouté : « Si M. Vigné y tient, je passerai outre à l’usage et le décorerai car il l’a bien mérité. Qu’en dites-vous ? » Un peu étonné par ces paroles imprévues, je regardais le sénateur. Il avait sur sa large figure de Cévenol cet air de bonté et, sur ses lèvres, le calme sourire qui lui étaient habituels :

Merci, Galtier, lui répondis-je, d’avoir ainsi pensé à moi, d’une aussi affectueuse façon ; mais je n’ai fait à Clermont que mon devoir de médecin. Je ne mérite donc et ne sollicite rien. Je possède déjà la médaille d’or des épidémies pour le choléra de Toulon en 1884. N’est-ce pas la plus haute récompense que puisse désirer un médecin. N’insistez donc pas pour moi auprès du ministre. Si, plus tard j’ambitionne la Légion d’honneur, c’est avec ma plume, par mes livres, que je tâcherai de l’obtenir du ministère de l’Instruction publique.

Je vous approuve mon cher Vigné, reprit Galtier, la Légion d’honneur aura, pour l’écrivain que vous êtes et resterez, toute sa signification ».

Une reconnaissance populaire

Il y a peu de choses à ajouter au récit de Paul Vigné d’Octon sinon pour souligner la précision de sa description. En 1893, comme aujourd’hui en 2020, une épidémie a toujours un caractère mystérieux. Le virus, que ce soit celui du choléra en 1893 ou celui du Corona Virus en 2020 est invisible et il frappe apparemment de façon erratique même si l’on sait aujourd’hui, mieux qu’en 1893, s’en prémunir grâce à des mesures drastiques de protection comme le confinement ou le port du masque. Il ne parait pas d’ailleurs qu’en 1893 on ait eu recours à ces mesures. De la nature des soins prodigués, Vigné ne nous dit rien sinon qu’il semble que l’on connaisse alors les médicaments adéquats pour guérir la maladie. Pour lui, médecin, l’épidémie n’est pas aussi terrible qu’on le croit si on la combat dès ses premiers symptômes, ce qui nous ramène à l’épidémie du Corona virus d’aujourd’hui qui parait avoir sur ce point des caractéristiques voisines. De l’importance des pertes humaines, il n’est pas question dans ce témoignage.

Vigné nous dit aussi que le nombre de médecins était insuffisant à Clermont. En réalité, si l’on en croit le compte-rendu du conseil municipal de Clermont-l’Hérault dans sa séance du 10 août 1893, il y en avait quatre : deux que l’on avait rappelé de leur retraite et deux élèves-médecins, nous dirions aujourd’hui étudiants en médecine. Paul Vigné d’Octon était lui en pleine possession de ses moyens et il avait une expérience extraordinaire, celle d’avoir été confronté à la maladie et ainsi d’être immunisé.

Lors de cette épidémie, lui et son épouse ont déployé une grande énergie et on comprend l’importance des remerciements et de la reconnaissance de la population. Son dévouement et son efficacité lui valent d’ailleurs aussitôt une importante notoriété.

Avant cette épidémie, Paul Vigné d’Octon n’était pourtant pas un inconnu à Clermont-l’Hérault et dans la région de Lodève. Il avait en effet été candidat aux élections cantonales de 1889 dans le canton proche de Lunas avec l’étiquette de « républicain » ce qui avait une signification forte à une époque où royalistes et bonapartistes avaient encore ici ou là de fortes positions électorales.

Or, aux élections législatives de 1893, Ménard-Dorian député républicain sortant décide de ne pas se représenter. Paul Vigné d’Octon se porte alors candidat contre Paul Leroy-Beaulieu. À une époque où le parti radical n’existe pas encore, Vigné se présente comme radical, ce qui signifie tout simplement républicain mais, en même temps, il déclare accepter le programme du Parti Ouvrier Français de Jules Guesde. De même, dans la circonscription voisine de Sète, le candidat Salis, radical, souscrit comme Vigné au programme du POF. L’historien Claude Willard, dans sa thèse sur le socialisme guesdiste 11, a bien montré que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’idéologie du POF devait autant au radicalisme qu’au marxisme. D’ailleurs, Paul Vigné et Salis seront considérés comme des radicaux bien davantage que comme des socialistes.

Face à Vigné, il y a en 1893 un autre candidat républicain, le maire de Lodève Higounenc. Entre les deux candidats républicains, il était entendu que celui qui arriverait en seconde position se désisterait pour l’autre. C’est ce qui arriva et c’est ainsi que la discipline républicaine joua en faveur de Vigné qui reçut aussi le soutien du sénateur Jean Galtier, ancien préfet. Au second tour, Vigné l’emporta. Il était clair que le dévouement dont il avait fait preuve lors de l’épidémie de choléra, avait été un élément déterminant pour son élection. Par dérision, ses adversaires le nommèrent « le député choléra » alors qu’au contraire Vigné était très fier de cette épithète qui rappelait aux yeux de tous le rôle qu’il avait joué lors de l’épidémie de 1893.

Mais Paul Vigné ne faisait pas l’unanimité à Clermont-l’Hérault et son activité médicale pendant ces journées n’a pas été appréciée par tout le monde. Dans sa séance du 16 août 1893, le conseil municipal de cette ville évoquant l’épidémie « profite de l’objet de la présente délibération pour remercier l’administration supérieure de son attention aussi vive que bienveillante et de féliciter les deux vieux praticiens qui sont restés pendant l’épidémie, MM. Bazin et Revel ainsi que les deux élèves-médecins de la faculté de Montpellier, délégués par M. le Préfet dont les secours…ont été d’un précieux secours » 12 !

Dans ce compte-rendu d’une obséquiosité rare à l’égard des autorités préfectorales, il n’est pas question de Vigné à tel point que s’il n’y avait pas eu par la suite l’épithète qui lui a été accolée de « député Choléra » on pourrait douter du rôle de celui-ci dans le combat mené à Clermont-l’Hérault contre cette épidémie. Ce fait montre qu’à cette époque le parti républicain était particulièrement divisé même si, au second tour des élections, ses diverses tendances savaient se rassembler contre tel ou le candidat monarchiste ou réputé tel comme Paul Leroy-Beaulieu.

Vigné allait rester 13 ans au Palais Bourbon, jusqu’en 1906. En même temps que lui, dans la circonscription de Sète, Salis était également élu. Avec cette élection, Paul Vigné, en littérature Vigné d’Octon, à partir de son expérience de médecin militaire ayant parcouru les océans et l’empire colonial français, allait bientôt commencer une importante carrière de dénonciateur de la colonisation nouant des relations avec les colonisés qui commençaient à s’organiser en vue de leur libération au premier rang desquels on trouvera un Vietnamien du nom de Nguyen Aï Quoc plus connu sous le nom de Ho Chi Minh 13.

Jean Sagnes

Compte-rendu du Conseil municipal de Clermont-l’Hérault dans sa séance du 10 août 1893
Fig. 2 Compte-rendu du Conseil municipal de Clermont-l’Hérault
dans sa séance du 10 août 1893
Compte-rendu du Conseil municipal de Clermont-l’Hérault dans sa séance du 10 août 1893
Fig. 2bis Compte-rendu du Conseil municipal de Clermont-l’Hérault
dans sa séance du 10 août 1893

BIBLIOGRAPHIE

SAGNES 1977 : SAGNES (Jean), Notice Paul Vigné d’Octon, dans Maitron (Jean), Dictionnaire du mouvement ouvrier, tome 15, 1977, pages 313 à 315.

SAGNES 2016 : SAGNES (Jean), Ils voulaient changer le monde, éditions du Mont, 2016, pages 127 à 154.

RUPP 2009 : RUPP (Marie-Joëlle), Vigne d’Octon. Un utopiste contre les crimes de la république, Ibis Press, 2009, 177 pages.

VIGNE D’OCTON [1959], VIGNÉ D’OCTON (Helia), La vie et l’œuvre de Paul Vigné d’Octon. Causse, Graille et Cie, Montpellier, 76p., s. d.

WILLARD 1965 : WILLARD (Claude), Le mouvement socialiste en France (1893-1905). Les guesdistes, Éditions sociales, 1965. Paris 770 p.

NOTES

1. Sur un plan général, on peut se reporter à l’ouvrage collectif Le choléra en 1892. Recueil des travaux du comité consultatif d’hygiène publique en France… Annexe au tome XXII. Le choléra en 1892, Melun, 1894. Cet ouvrage traite aussi de la diffusion de la maladie en 1893.

2. Registre des délibérations municipales de Clermont-l’Hérault, année 1893, Sagnes 1977, Sagnes 2006, Vigne d’Octon 1959, Rupp 2009. Ce dernier ouvrage a reçu en 2010 le prix Vigné d’Octon de l’Académie des sciences morales et politiques destiné à récompenser « un auteur ayant fait la preuve par ses écrits d’un dévouement réel et tangible à la cause du progrès dans les rapports entre les humains ».

3. Paul Vigné d’Octon écrit ce texte sous forme d’article en 1926 dans le quotidien radical Le Petit Méridional sous le titre général de Quarante ans de vie publique.

4. Gif était alors, selon Paul Vigné d’Octon lui-même, un « pittoresque village » dans la vallée de Chevreuse enlacée par la rivière dénommée l’Yvette.

5. Le Petit Méridional, journal républicain quotidien édité à Montpellier, parut de 1876 à 1944.

6. Le Planol ou Plan : ce terme désigne une place publique dans l’ensemble des régions occitanes.

7. L’algidité est une maladie qui s’observe dans les cas infectieux graves comme le choléra. Elle se caractérise par un refroidissement des extrémités, une sensation de froid avec une forte tendance au collapsus c’est-à-dire à la diminution brutale des forces.

8. La bilieuse hématurique est une maladie qui provoque un accident fébrile et entraîne un ictère ainsi qu’une insuffisance rénale.

9. Vigné d’Octon fut en effet élu député en 1893 dans la circonscription de Lodève et le demeura jusqu’en 1906.

10. Auguste Galtier (1842-1904), sous-préfet de Lodève en septembre 1870 puis d’Aix en 1877 devint ensuite préfet de l’Aveyron puis du Doubs. De 1883 à 1889, il fut député et siégea comme sénateur de l’Hérault de 1891 à 1904. Il appartenait à la Gauche radicale et fut un grand défenseur de la viticulture.

11. Willard, 1965.

12. Archives municipales de Clermont-l’Hérault. Registre des délibérations municipales, année 1893.

13. Dès 1959, Jean Suret-Canale mettait en évidence l’anticolonialisme de Vigné d’Octon dans les Cahiers Internationaux tandis que Daniel Hémery, en 1990, dans sa biographie de Ho Chi Minh. De l’Indochine au Vietnam, révélait les contacts de celui-ci avec Paul Vigné d’Octon. Dans un article, intitulé « Les correspondants de Paul Vigné d’Octon (1859-1943) » publié dans les Actes du 120e congrès national des sciences historiques tenu à Aix-en-Provence, 1995, Correspondance, Roland Andréani écrit à propos de la variété des correspondants de Vigné d’Octon : « Plus révélateur sans doute apparaît un modeste billet du 4 décembre 1921 par lequel un certain Nguyen A. Q. demeurant 9, impasse Compoint dans le 17e arrondissement de Paris, sollicite l’hospitalité de Vigné pour un voyage de quatre ou cinq jours dans le Midi. Cet Asiatique en quête d’un toit n’est autre que le futur Ho Chi Minh, alors connu comme militant sous le nom de Nguyen Aï Quoc et préoccupé des conditions de son hébergement pour le premier congrès du Parti communiste français, une manifestation qui se déroule à Marseille du 25 au 30 décembre 1921 ».