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Description

Le boulisme : de la lyonnaise à la pétanque

Les recherches multiples entreprises lors de la préparation de ce recueil d’articles sur le sport héraultais, ont fait ressortir le jeu de boules comme l’un des sports majeurs du département, et ce dés le début du XXe siècle. Cette place éminente est due tout d’abord à sa diffusion très large quasiment sur l’ensemble du département, des villes côtières jusque dans les hauts cantons, avec plusieurs milliers de licenciés dès les années 1920-30. Et de cette masse de pratiquants sont sortis quelques champions d’envergure. En second lieu, ce « boulisme », pour reprendre l’expression souvent utilisée à l’époque, présente un caractère exceptionnel : il pourrait apparaître comme un jeu traditionnel ancré dans un lointain passé et aux règles variables selon les régions, mais il est en même temps un sport très organisé et fortement administré dès avant la Grande Guerre. Enfin, il est particulièrement intéressant de le saisir dans ses deux espèces : le « jeu lyonnais », d’abord hégémonique, puis à partir des années 1930, cédant progressivement du terrain devant la « piedtanque » ou pétanque moderne qui lui a aujourd’hui ravi la primauté.

Aujourd’hui encore, les jeux de boules se pratiquent dans une grande variété de conditions et de règles. Pour se rendre compte des diversités locales ou régionales, il convient de faire un tour de France : Boules des berges à Paris, Boules lyonnaises au bord du Rhône, Boule bretonne, Boule de fort en Anjou, Boule nantaise, Boules de bois en pays wallon, Bourle flamande… Le site internet le plus complet, encyclopédique, est http://www.petanque.org/, qui offre beaucoup plus que son titre, en particulier une remarquable photothèque historique.

Mais en 1900, un jeu de boules se détache de cette nébuleuse de jeux locaux, pour se poser en « jeu national ». En effet, aux Jeux Olympiques de 1900, disputés à Paris dans le cadre de l’Exposition Universelle, le jeu lyonnais est partie intégrante du programme sportif, et plus particulièrement de la section des jeux athlétiques dont l’organisation est confiée à l‘USFSA. L’Union ne s’occupant pas des boules, c’est l’un de ses dirigeants, Paul Champ, vice-président du Racing Club de France, qui fut chargé d’organiser le concours avec l’aide de la Société de Saint Mandé, propriétaire du boulodrome du bois de Vincennes. Les règles sont celles en vigueur à Lyon. Le concours de Paris regroupe 54 quadrettes, toutes françaises. Les deux équipes finalistes sont formées de Parisiens d’origine lyonnaise.

Cette consécration parisienne met en lumière un sport qui occupe une place éminente dans la région lyonnaise et plus largement le sud-est, mais ne s’étend que lentement hors de son territoire de prédilection. La courte notice consacrée au jeu lyonnais dans le volume collectif que l’éditeur Lafitte consacre en 1913 au « Tennis, hockey, paumes, balles et boules » et dont se charge, sans grande compétence le coureur de demi-fond devenu journaliste Louis de Fleurac, signale des chiffres astronomiques (et probablement fantaisistes pour certains) pour la seule ville de Lyon : 1 800 jeux de boules « installés un peu partout », 3 000 sociétés et 80 000 joueurs. Et encore 450 000 boulomanes dans les 14 départements qui utilisent les règles édictées par le Progrès de Lyon : le journal régional organise chaque année depuis 1894 un grand concours pour la Pentecôte, sur la place Bellecour, qui fait figure de championnat de France.

Si donc dès les toutes premières années du siècle, les boules font figure de sport officiel dans leur version lyonnaise, il est beaucoup plus délicat de savoir ce qu’il en est précisément dans une région languedocienne qui est à la périphérie de leur zone d’influence du sud-est.

Informations complémentaires

Année de publication

2010

Nombre de pages

17

Auteur(s)

Guy LAURANS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf