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Description

L’Architecture de Grandmont

L’architecture des monastères de l’ordre de Grandmont a fait l’objet, a diverses reprises de considérations générales qui, compte-tenu de la relative modestie de ces bâtiments pourraient être considérées comme suffisantes.

Peut-être en revenant sur ce qui fut, il y a plus d’un quart de siècle, l’objet de mes recherches, ne puis-je échapper à l’usage qui veut que l’on mêle dans un même propos, à quelques affirmations réitérées, un certain nombre de rétractations et aussi de nouvelles interrogations. Le présent texte ne prétend pas, cependant, être un « Grandmont revisité », pour démarquer une expression chère aux historiens d’art anglo-saxons. Une telle entreprise aurait été trop considérable et aurait surtout implique pour moi la possibilité de visiter à nouveau la totalité des sites grandmontains tels qu’ils se présentent actuellement, état fort différent dans bien des cas de celui des années 1960 : des fouilles menées de façon scientifique, des restaurations, de simples travaux d’entretien ou d’aménagement, quelques destructions aussi ont apporté des éléments nouveaux. Plutôt que de reprendre point par point ma description des dispositions architecturales lorsqu’elle reposait sur une information inexacte ou lacunaire, j’ai cru préférable de tenter un bilan sur le problème de l’unité – de l’uniformité a-t-on pu dire – de l’architecture grandmontaine et des explications de ce phénomène qui peuvent être proposées.

Depuis les premiers constats du comte de Dion et de Robert de Lasteyrie, tous ceux qui ont eu l’occasion d’aborder plus ou moins globalement, la question, ont souligné combien les monastères de l’ordre présentaient de ressemblance entre eux.

Je n’insisterai pas sur le caractère répétitif du plan d’ensemble. La disposition des bâtiments autour d’un cloitre, de forme sensiblement carrée, est un caractère très général dans l’architecture monastique des XIIe et XIIIe siècles. Même si l’origine de ce plan « régulier » est relativement obscure et d’ailleurs discutée, il est déjà parfaitement défini antérieurement à l’expansion des grandmontains et donc à la construction de leurs « celles ». Peut-être les dimensions réduites de leurs bâtiments rendent-elles seulement ces dispositions plus immédiatement perceptibles et, dans les monastères les mieux conserves, l’impression de se trouver en présence d’une architecture en quelque sorte « concentrée », rend plus sensibles les similitudes.

Le parti adopté pour la construction de l’église est déjà plus caractéristique : nef unique ouvrant sur une abside, elle aussi unique dont le plan et l’élévation connaissent des variantes qu’on pourrait qualifier de « régionales ». Mais ces variantes contribuent à donner toute son importance a un détail qui se remarque dans tous les édifices conservés, à deux exceptions près : l’abside est toujours plus large que la nef d’environ 50 a 70 centimètres, soit environ deux pieds. Cette disposition que faute de mieux j’ai appelé le « décrochement » grandmontain est assez difficile à expliquer. Je ne suivrai par Raymond Oursel qui extrapolant une timide proposition du Dr Grezillier a voulu y reconnaitre une forme symbolique gardant d’ailleurs un silence prudent sur ce qu’elle pourrait symboliser. Je persiste à y voir une forme fonctionnelle, au moins à l’origine, facilitant la soudure entre la voûte de la nef et celle du sanctuaire, en particulier pour la pose des cintres, et améliorant peut-être l’éclairage en permettant un plus large ébrasement des fenêtres de l’abside. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Jean-René GABORIT

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf