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Description

L’abbaye royale de Saint-Thibéry de la congrégation de Saint Maur
(ancien diocèse d’Agde)

Dans l’arc allant de Sainte-Croix de Bordeaux à Montmajour, les bénédictins mauristes ont restauré une trentaine d’abbayes et de prieurés. Beaucoup de ces monuments ont souffert des ravages tant de la Révolution que des ans. Parmi ceux qui sont restés presque intacts en dépit de dégradations parfois graves, on peut signaler le monastère de Saint-Thibéry dont l’église est, à l’instar de celles de Caunes ou, mieux, de Saint-Sever-de-Rustan, restée assez proche de l’état dans lequel l’ont laissée les religieux.

La lente restauration aux XVIIe et XVIIIe siècles de l’abbaye et de l’abbatiale de Saint-Thibéry fournit un bon exemple des principes, des choix et de l’évolution de la congrégation de Saint-Maur. Pour s’en rendre compte, il est nécessaire de comparer les plans de l’église médiévale avec les plans de l’époque mauriste ; mais aussi il suffirait d’en admirer le tabernacle à deux portes, une vers la nef, l’autre vers les stalles.

Aux origines

C’était un très ancien monastère que celui de Saint Thibéry, patron du monastère, où la règle de saint Benoît aurait été adoptée dès 770-780 ; Cesserone est mentionné dans les Tables de Peutinger, et il se trouve en 890 monasterium S. Tiberii, cui vocabulum est Cesarion . Il en subsiste aujourd’hui l’essentiel des bâtiments. Les archives ont été partiellement brûlées en 1793, mais outre les documents des Archives nationales et départementales, il subsiste à Saint-Thibéry même de nombreux manuscrits et textes que purent consulter, il y a une trentaine d’années encore, divers historiens ; ces documents ont disparu pendant les années où le presbytère est resté inhabité, mais il en reste quelques notes.

L’arrivée des mauristes : l’« abbaye royale de Saint Thibéry »

C’est très tôt (en 1624 semble-t-il) qu’au retour d’une mission au monastère de Cruas Dom Grégoire Tarrisse s’arrête à Saint-Thibéry pour y faire connaître la naissante congrégation de Saint-Maur ; il en tire Dom Léotard qui sera un des religieux reçus à la profession en même temps que lui. D. Tarrisse souhaite cette affiliation en raison de la « commodité » du monastère, qui est géographiquement bien placé au cœur du Bas-Languedoc et qui, semble-t-il, bénéficie de la protection des gouverneurs, installés au tout proche Pézenas. Comme Saint-Chinian (le monastère de D. Tarbouriech et de la profession du futur supérieur général), comme Saint-Guilhem et Aniane (mais non Villemagne-l’Argentière), le monastère de Saint-Thibéry est ainsi un des tout premiers monastères sollicités pour s’agréger à Saint-Maur. Le projet n’aboutit pas.

Dix ans plus tard, D. Grégoire Tarrisse devenu supérieur général de la congrégation n’oublie pas les monastères du Languedoc. L’abbé François Boyer meurt en août 1635. Maurice Brulet (de Bruslet d’Andelot), moine profès, est nommé abbé en janvier 1636 ; il n’entre en possession qu’en avril 1642. Échouant dans sa tentative de ramener le monastère dans la régularité, il fait appel à la congrégation de Saint-Maur. Le 8 novembre 1635, D. Tarrisse désigne comme procureur son confrère et ami D. Ambroise Tarbouriech, prieur claustral de Sainte-Marie de La Daurade à Toulouse 6, qui sera aidé par D. François Joachim Hondrat, ou d’Hondrat, infirmier et « prior major ». L’affiliation ne se fait pas sans mal. En 1635, trois seulement des « anciens religieux » de Saint-Thibéry approuvent cette orientation vers la réforme François d’Ycher, Pierre Taillade, Jacques Hondrat ; arrive alors Jacques Barilles. Le 17 avril 1638, ils obtiennent l’appui de soixante-cinq notables de la ville (dont Henri de Torches viguier, Pierre Janin (?), Homère (?) Barilles, François Agan consuls, et Guillaume Barilles procureur royal). Le 17 juillet 1638, D. François Placide de Sarcus et D. Pierre François de Bousquat posent les fondements de l’union, et le monastère est « incorporation et subditum » à Saint-Maur le 15 novembre 1638 à l’évêché d’Agde. Approuvent le concordat (semble-t-il) D. Jacques Dicher prieur de Génolhac, D. P. Taillade sacristain, D. Jacques Hondrat, D. J.-Jacques de Tessé (ou Jessé ?), D. Etienne Crez, D. François Douzières, D. Antoine Teulon. L’accord est entériné le 5 février 1639 par le Parlement de Toulouse, et dès le 18 (ou le 8 ?) mars suivant D. Antoine Grégoire Bandel, prieur de Saint-Sauveur d’Aniane (monastère déjà affilié à Saint-Maur), installe le prieur. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2001

Nombre de pages

27

Auteur(s)

Bernard CHÉDOZEAU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf