La rencontre Pétain – Franco ; Montpellier, 13 février 1941

La disparition de Gérard Cholvy, en ce printemps 2017, compte lourdement pour les Études héraultaises, auxquelles il a donné maintes contributions dès les années 1970. Durant plus de 40 ans, il a assuré avec générosité la présence de la recherche universitaire au sein de notre revue. Le texte que nous publions ci-dessous, écrit sur le ton de la conférence, et qu’il nous a confié il y a moins d’un an, est probablement le dernier qu’il ait rédigé en vue de la publication. Nous le proposons tel quel, en hommage à sa mémoire, et en remerciement de sa bienveillance à notre égard. [La rédaction]

Le maréchal Pétain et le général Franco au balcon de la Préfecture (coll. privée)
Fig. 1 - Le maréchal Pétain et le général Franco
au balcon de la Préfecture de Montpellier. (Coll. privée)

[ Texte intégral ]

C’est le gros titre de la Gazette de Montpellier, 8 mai 1992, avec photo et parole donnée à trois historiens. A la réflexion, le contenu de l’article révélait une insuffisance marquée du contexte. Or, sans cette attention portée à la date exacte (le 13 février 1941) et à ce qui la précède depuis juillet et décembre, comme à ce qui va suivre, on risque de tomber dans les clichés faciles, ceux que les grands medias préfèrent souvent. (Fig. 1)

Pour reprendre l’histoire de cette journée, moi qui ne suis pas spécialiste d’histoire politique, et qui étais alors absent de Montpellier, j’ai eu recours à plusieurs études :

  1. un mémoire de Maîtrise sous ma direction, celui de Stéphane Gribet, Le Maréchal Pétain à Montpellier (13 février 1941), les notables et l’opinion, 1991 ;
  2. Un livre d’un autre étudiant de Montpellier, Matthieu Séguéla, Pétain-Franco, les secrets d’une alliance, Albin Michel, 1992. L’auteur a consulté de nombreuses archives, et ce sont avant tout les positions de Franco qui l’intéressent. Une erreur page 153, concernant la présence du commandant de la 17ème Division, le général de Lattre de Tassigny : or celui-ci, dont il faudra reparler en conclusion, n’arrive à Montpellier qu’un an après, le 10 février 1942 ;
  3. L’amicale des Anciens du Groupe Liberté a publié en 1991, Une première résistance, Liberté. Le groupe de Montpellier, 70 pages riches d’informations et de témoignages ;
  4. Les Histoires générales concernant la période et Montpellier ont été consultées. Un guide utile pour l’Espagne : Histoire de l’Espagne des guerres napoléoniennes à nos jours, par Benoît Pellistrandi, Perrin, 2013. Outre d’autres témoignages, le meilleur a sans doute paru sous la plume de l’historien britannique Roger Austin, « Propaganda and public opinion in Vichy France : the department of Herault 1940-1944 », European Studies Review, vol 13, 1983. Il invite à éviter une analyse des réactions au régime de Vichy « exclusively in terms of collaboration or resistance », ce qui présenterait, écrit-il, l’inconvénient de majorer deux orientations qui furent très minoritaires.

Une première partie sera consacrée à la rencontre de Pétain et de Franco avant celle de Montpellier. La seconde partie concernera la rencontre de février 1941. La troisième voudrait rendre compte des raisons de son succès.

Pétain-Franco : premières rencontres

Ces deux officiers de carrière et qui entreront en politique, ont fait connaissance lors de la guerre du Rif, en 1925. Pétain, malgré l’hostilité du Résident général au Maroc, qui n’est autre que le Maréchal Lyautey, a été envoyé par le Gouvernement à fin de réduire la dissidence d’Abd-El-Krim. Collaborant avec des militaires espagnols, il a rencontré le colonel Franco. Soucieux de protéger son image de « Maréchal républicain » – en cela bien différent des Foch (qui a un frère Jésuite), Castelnau et plusieurs autres avant même les Philippe de Hauteclocque, Jean de Lattre de Tassigny, voire Charles De Gaulle – Pétain ne fit aucun commentaire public lors de la guerre d’Espagne, une obligation de réserve bien que ses sentiments favorables aux instigateurs de la rébellion militaire de juillet 1936 ne fassent aucun doute. Il en connaissait plusieurs personnellement depuis cette guerre du Rif. Quant à Franco, il l’avait rencontré à nouveau en 1930 comme directeur de l’Académie militaire de Saragosse, alors en visite durant un mois à Paris à l’invitation du ministre André Maginot. Les franquistes voient en Pétain un ami bienveillant.

Dans les premiers mois de 1939, la guerre civile espagnole a évolué de telle façon que les nationalistes vont l’emporter sur les républicains. Ceci incite le gouvernement français à ouvrir des négociations avec les vainqueurs en vue de leur reconnaissance diplomatique. Il faut éviter que l’Espagne se rapproche trop des puissances fascistes. Comment établir des relations diplomatiques entre l’Espagne et « cette France qui n’a cessé d’aider les Rouges » (Ramon Serrano Suñer, Entre Hendaya y Gibraltar, Madrid 1973) ? Les phalangistes exécraient la France. Premiers contacts en février 1939 à l’initiative du gouvernement Daladier. Les 14-15 de ce mois, reconnaissance diplomatique, alors même que Madrid est encore tenue par les républicains. Mais qui envoyer comme ambassadeur ? Assez naturellement, le choix se porte sur Pétain, et le maréchal accepte. Réponse de Franco : « Aucun nom ne pouvait être plus agréable à l’Espagne nationale […] que celui du très illustre maréchal Pétain ». Léon Blum d’écrire alors dans Le Populaire « le plus humain de nos chefs militaires n’est pas à sa place auprès du général Franco. Pourquoi […] envoyer au général ce qu’il y a de mieux ? » Relations difficiles avant la restitution de l’or de la Banque d’Espagne à Mont de Marsan (août 1939), et l’assurance de la neutralité de l’Espagne. Le 16 mars 1940, rappel urgent à Pétain de rentrer à Paris.

La rencontre de Montpellier

Pour comprendre le succès qu’elle a rencontré dans la population, il faut être très attentif à la chronologie, au contexte, avant même d’en suivre le déroulement.

La chronologie tout d’abord. Le 10 juillet 1940, l’assemblée des deux Chambres réunies à Vichy a donné au maréchal Pétain le pouvoir constituant. Parmi les 80 opposants, des élus de l’Hérault, le socialiste Jules Moch, le radical Vincent Badie, Paul Boulet de la Jeune République. Le 7 septembre, le général Weigand et nommé Délégué général en Afrique du Nord ; le 3 octobre, premier statut des Juifs, mais après l’entrevue de Montoire, le 24 octobre, les relations se tendent entre le chef du gouvernement Pierre Laval et le chef de l’Etat. Ce dernier refuse de se rendre à Paris, aux Invalides, pour le transfert des cendres de l’Aiglon, prévu pour le 15 décembre. Deux jours avant, le 13, Laval est renvoyé et arrêté.

Le 9 février, l’amiral Darlan est nommé vice-président du Conseil, et dauphin du maréchal, occasion de dire un mot sur l’anglophobie dans la Marine parmi les amiraux, Darlan, Platon, et d’autres… Raisons ? Dunkerque, juin 40, et Mers-el-Kébir, juillet 40 1.

Les Allemands ont refusé de recevoir Pierre-Etienne Flandin, le nouveau ministre des Affaires étrangères. Mais les États-Unis ont un ambassadeur à Vichy, l’amiral Leahy, et il entretient de bonnes relations avec Pétain. En janvier 1941, les Italiens sont mis en déroute en Cyrénaïque par les Anglais. Hitler a échoué à entrainer Franco, tout comme Pétain, dans une guerre contre la Grande-Bretagne. Le Caudillo a invoqué les difficultés économiques de son pays. Dès lors la route de Gibraltar est barrée. Le Duce parviendra-t-il à décider Franco ? Ce dernier va effectivement rencontrer Mussolini, par la voie de terre, donc en traversant le Midi de la France. Franco fait savoir qu’au retour, il serait heureux de saluer le Maréchal. Pétain est d’accord : intérêt commun, tenir l’Espagne hors du conflit. Le mercredi 12, à Bordighera, Mussolini accueille Franco. Ils s’entendent pour que l’Espagne ne se hâte pas d’entrer en guerre.

Le même jour arrive à Montpellier l’amiral Darlan. Il est logé au Métropole et non à la Préfecture. Il est mis au courant de la situation en Espagne et notre ambassadeur François Piétri lui décrit la résistance de Franco à Hitler. Alertée par la présence de Darlan et les préparatifs à la Préfecture, la population au moins une partie d’entre elle, apprend la mise en sureté de manifestants possibles, des communistes, mais plus encore de ces « indésirables » que sont les réfugiés républicains espagnols.

Le jeudi 13 février, à 11 heures 15, le train du Maréchal entre en gare. Sur le quai, Darlan, Michel Azaïs et Lionel de Brunelis de L’Éclair, et bien d’autres. Sous les vivats, les arrivants se font conduire à la Préfecture au milieu d’une mase impressionnante, certains arrivés dans des autobus réquisitionnés. Des journalistes parleront d’une foule de « 100 000 personnes ». Organisations de jeunesse et écoles ont été alertées. « Anciens combattants couverts de médailles, nombre incroyable de scouts, d’éclaireurs 2, jeunes des Chantiers, étudiants qui arborent leurs faluches (…), enfin enthousiasme extraordinaire d’une cité qui acclame la première apparition de son Chef du haut du balcon de la Préfecture ».

Franco et son cortège de 25 voitures arrivent à 13 heures 40. Les « Viva Franco » sont timides. Le repas est servi pour la trentaine d’invités. Parmi ceux-ci, le maire de Montpellier, Paul Rimbaud. Aurait été apprécié, dit-on, un « vieux muscat de Frontignan ». Suit un entretien personnel entre Pétain et Franco. Tous deux sont décidés à défendre une certaine forme de neutralité face à la formidable pression de l’Allemagne. Le Duce se serait laissé convaincre de laisser l’Espagne en dehors du conflit tant qu’elle le jugerait nécessaire. Pétain, pour sa part, assure qu’en aucun cas la France ne cèderait de bases aériennes ou navales en Afrique du Nord, l’armée de Weygand s’y opposerait. Des deux côtés, donc, l’attitude d’inertie devait prévaloir.

C’est à la fin de l’entretien que les deux chefs d’Etat se montrèrent au balcon. Ce sont les bras tendus de quelques spectateurs et d’officiers italiens qui auraient suscité des sifflets. Pétain, levant son képi pour saluer la foule sauva la situation. Il est près de 17 heures, la Marseillaise s’élève, les voitures du cortège espagnol s’éloignent. Pétain prolonge sa visite jusqu’au soir : visite à la Faculté des Lettres où il est accueilli par le doyen Fliche 3 ; passage à l’École d’Agriculture dont le directeur est le radical et franc-maçon Gabriel Buchet. Il sera promu Inspecteur général de l’Agriculture. Apercevant le grand défenseur de la viticulture, le député Édouard Barthe, le Maréchal de s’exclamer « Voilà le roi du vin ! » 4

La propagande allemande passa sous silence cette rencontre, de même que la presse collaborationniste de Paris : Je suis Partout n’en souffla mot.

Rendre compte de ce succès ?

Bien sûr, on invoquera tout d’abord l’importance de la droite à Montpellier, et en particulier le royalisme parmi les catholiques, sinon même quelques protestants du Groupe Sully. La condamnation de l’Action Française a été levée en 1939, L’Eclair entretient ces fidélités et un enracinement qui concerne encore une partie du monde populaire, celui-là même qui à différentes occasions avait salué le passage à Montpellier de la duchesse de Guise – mère d’Henri, comte de Paris. Cet enracinement, qui se retrouve aussi en partie à Nîmes, s’explique par le vieil affrontement entre catholiques et protestants, une différence complète avec la situation de Béziers.

Mais tous les notables catholiques ne sont pas royalistes. Certains sont simplement conservateurs. Ainsi de Louis Guibal député de l’Hérault en 1919. De même Emmanuel Temple, député de Saint-Affrique, dans l’Aveyron, dont le parti, la Fédération républicaine, s’accommode du régime républicain. André Guibal, fils de Louis, est vice-président départemental de la Légion française des Combattants. Le mois suivant, il sera l’un des adjoints dans la nouvelle municipalité, celle de Paul Rimbaud, premier président honoraire de la Cour d’Appel. L’équipe municipale comprendra aussi le doyen de la Faculté de Droit, Gaston Morin.

Il existe encore parmi les catholiques deux autres tendances : à droite, le Parti Social Français, issu des Croix de Feu. Le professeur de médecine Louis Rimbaud en est une figure, de même que le professeur Marcel Blanchard qui enseigne à la Faculté des Lettres et qui est un grand mutilé des Dardanelles. Plus à gauche cette fois, le Parti Démocrate Populaire et la Jeune République ont comme représentants insignes dans la ville le doyen Augustin Fliche, pour le premier courant, Pierre Azéma militant de la cause régionaliste occitane, et surtout Paul Boulet, député en 1936, l’un des 80 en 1940, mais présent à la Préfecture le 13 février 5.

Nombreux sont également les catholiques au sein du groupe Liberté, dont le principal représentant est le lorrain Pierre-Henri Teitgen, professeur à la Faculté de Droit. Du tract du 25 novembre 1940 – « Pétain a refusé une première fois la collaboration avec l’Allemagne contre l’Angleterre. Le maréchal doit se sentir soutenu dans sa résistance (…) La grande œuvre de rénovation nationale à laquelle le Maréchal nous convie n’est possible que dans un ardent élan patriotique, dans la liberté et la franchise » – suit la dénonciation de « la radio de Pierre Laval ». Dans le tract du 10 janvier 1941 « Nous savons les difficultés extrêmes au milieu desquelles le maréchal Pétain s’efforce avec une admirable lucidité et une énergie intacte de maintenir l’indépendance française (…) Nous ne ferons rien qui puisse compliquer sa tâche présente ». Teitgen est rejoint par le professeur Jean-Rémi Palanque, l’avoué Edouard Orliac, le juriste Paul Coste-Floret, et encore jusqu’à l’ancien Action Française Jacques Renouvin. Un mot sur l’évêque de Montpellier. Mgr Gabriel Brunhes, d’une famille d’universitaires, a été nommé en 1932 ; il a œuvré non sans mal, à garantir l’indépendance de l’Eglise et de ses institutions. Rallié à la personne du Maréchal, des convergences et des limites se manifestent : ainsi dans sa lettre pastorale du 14 février 1941 « Jésus-Christ est mort pour tous, quelle que soit leur race, (…) il ne faut pas sacrifier à un chauvinisme étroit et borné ». Mgr Brunhes a été durant plusieurs années, comme professeur à Dijon, le collègue et l’ami du futur cardinal Saliège.

Quant aux protestants, ils présentent tout un éventail d’opinions. La Revue Théologique et Religieuse6 fait l’éloge du Maréchal en 1940, mais aucune allusion à la journée du 13 février 1941. Il y a des protestants engagés dans les institutions du régime de Vichy. Le plus connu est ici le préfet Pierre Olivier de Sardan, descendant d’une famille gardoise comptant un pasteur qui fut président du consistoire de l’église de Nîmes en 1815, et légitimiste même sous la Monarchie de Juillet. Autre notable montpelliérain, Marcel Pomier-Layrargues est présent lors de la visite de Pétain à l’école d’agriculture, en tant que président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault. Du côté des hommes politiques, chez les radicaux, le maire de Béziers Auguste Albertini fut élu en 1936 avec le soutien de L’Eclair : il fallait faire barrage au Front Populaire. En 1939, il est sénateur, et on le retrouve sans surprise à Montpellier le 13 février. Autre cadre du parti radical-socialiste, Jean Zuccarelli, maire de Montpellier de 1937 au 31 janvier 1941 : il a donné sa démission, mais il est présent le 13 février. Parmi les jeunes étudiants les plus enthousiastes, deux protestants se font remarquer, Pierre Platon et René Barjavel qui dirige l’Écho des Étudiants. En sens inverse, le professeur d’Économie politique René Courtin a vite rejoint le groupe Liberté, où il retrouve Georges Flandre, gradé de l’Armée du Salut et futur résistant. (Fig. 2)

L’Écho des étudiants. (Coll. privée)
Fig. 2 - L’Écho des étudiants. (Coll. privée)

Parmi les absents de la journée, deux israélites, Benjamin Milhaud, maire de Montpellier de 1929 à 1935, et le sénateur Pierre Masse, qi a voté les pleins pouvoirs constituants le 10 juillet 1940, mais a écrit une lettre de protestation à l’occasion du premier statut des Juifs.

Et parmi les premiers résistants, encore bien peu nombreux ? Le secrétaire général de la mairie Jean Baumel est présent à l’Ecole d’Agriculture, peut-être par souci de dissimulation ? Le député radical Vincent Badie, bien qu’au nombre des « 80 » est présent à la Préfecture 7. Plus à gauche, le sénateur Mario Roustan, républicain-socialiste, a voté les pleins pouvoirs constituants et vient saluer Pétain le 13 février. Mais le socialiste Jules Moch est, lui, absent.

Fig. 3 - Les adieux devant la Préfecture. (Coll. privée)

Conclusion

Il reste à conclure en attirant à nouveau l’attention sur le caractère exceptionnel, éphémère, de ces mois de janvier et février 1941, un sommet pour la popularité du Maréchal. La conjoncture devient nettement plus défavorable dans les mois qui suivent. En mai, Darlan rencontre Hitler. Le 2 juin est promulgué le second statut des Juifs. Le 12 août, discours de Pétain sur « le vent mauvais » : il y dénonce la résistance, et ceci bien que les écoliers et d’autres chantent Maréchal nous voilà et envoient leur lettre au Maréchal. Le 1er janvier 1942, Jean Moulin, dont on sait les attaches montpelliéraines, est parachuté en France. Le 17 avril rappel de Laval en place de Darlan : le 22 juin, le premier « souhaite la victoire de l’Allemagne ». Le 31 août, Mgr Saliège diffuse depuis Toulouse sa lette contre la politique raciale de Vichy.

Et cependant, le 14 juillet 1942, qui prononce le discours de distribution des prix au lycée de Montpellier ? Le commandant de la 16ème Division, général de Lattre de Tassigny. Il évoque le « grand idéal » de relèvement et de révolution nationale que le Maréchal Pétain, notre Chef, nous a donné à tous. (…) L’homme qui par sa gloire et le prestige de son nom, était le seul autour de qui [la France] pouvait se rassurer dans ses malheurs (…), j’ai nommé le Maréchal Pétain. » 8 Il est clair que de Lattre, pas plus que Weygand, Giraud ou Juin, n’adhère pas au gaullisme. Bernard Simiot a écrit à propos de ces chefs militaires : « Ils avaient prêté serment à un très vieux chef (…), ils lui demeurèrent fidèles jusqu’au moment, le 8 novembre 1942, où il était devenu évident que le Maréchal, faute d’avoir rejoint Alger, n’était plus qu’un instrument entre les mains du vainqueur. » 9 A propos de ces chefs et d’autres civils, les spécialistes parlent maintenant de « Vichysto­résistants » : on sait ce qu’il en fut pour De Lattre, les 10-12 novembre 1942 10.

NOTES

1. Un souvenir à ce propos : sur le cuirassé Richelieu dans les années 50, un tableau « Nous n’oublions pas ».

2. Bonne distinction : scouts de France catholiques, éclaireurs unionistes protestants, et éclaireurs de France laïques.

3. Nous avons consulté les archives de la Faculté : tout a été soigneusement détruit…

4. Le Petit Méridional du 15 février.

5. Le Petit Méridional.

6. Revue rattachée à la Faculté de Théologie protestante de Montpellier depuis 1926.

7. Le fait est controversé. Selon Jean Sagnes, Vincent Badie aurait toujours affirmé le contraire.

8. Pris dans sa globalité, le discours de De Lattre est cependant plus complexe et nuancé que cela. Par exemple, il contient des hommages à des hommes que De Lattre appréciait beaucoup, à l’inverse de Pé­tain : le maréchal Lyautey et le maréchal Franchet d’Esperey. Cf. Ils ont parlé à la jeunesse, de Jean Sagnes et Louis Secondy. Nouvelles Presses du Languedoc, 1913.

9. Simiot, Bernard, De Lattre, Flammarion, 1953, 1994.

10. Cf Cholvy Gérard, « Jean De Lattre, ou le bon choix ? », Bulletin de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, Tome 42, 2011, p. 357-366. Ces faits expliquent-ils qu’il n’y ait en France que 911 rues, places et boulevards dédiés à De Lattre, contre 2359 à Leclerc ?