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Description
La peste à Montpellier (réédition 2020)
*Louis Dulieu (1917-2003) ; Docteur en médecine †.
La Peste à Montpellier (réédition)
Résumé FR (de la rédaction de la revue ; réédition de l’article publié en 1984) : Jusqu’au XVIIe siècle, on appelait peste toutes sortes de maladies qui frappaient massivement les populations. Les archives montpelliéraines révèlent un nombre impressionnant de désastres épidémiques entre 1287 et 1641. Malgré les mesures d’éloignement et de protection prises, la population a payé un très lourd tribut à ces événements sanitaires. Si la religion portait ses espoirs dans l’intervention de saints protecteurs, quelques édiles locaux ont pris des mesures prophylactiques efficaces. Au début du XVIIIe siècle, le corps médical, dans ses avis de désinfection de la ville, et de défense de ses habitants, n’a pas su écouter l’un des siens, le professeur Antoine Deidier, dont les expériences démontraient la transmission de la peste par inoculation. Ce professeur, accompagné de plusieurs médecins montpelliérains, a participé à l’éradication de la peste à Marseille au cours de l’année 1720-1721.
The plague in Montpellier
Until the 17th century, all kinds of diseases were called plagues, which hit people massively. The Montpellier archives reveal an impressive number of epidemic disasters between 1287 and 1641. Despite the distancing and protection measures taken, the population paid a very heavy price for these incidents affecting health. If religion held onto its hopes for the intervention of holy saints, some local authorities took effective preventative measures. At the beginning of the 18th century, the medical profession, in its announcements for disinfection of the city, and in defense of its inhabitants, failed to listen to one of their own people, Professor Antoine Deider, whose experiments demonstrated the transmission of plague by inoculation. This professor, accompanied by several Montpellier doctors, participated in the eradication of the plague in Marseille during the year 1720-1721.
La pèsta a Montpelhièr
Fins al sègle XVII, se sonava pèsta totas menas de malautiás que tustavan massissament las populacions. Los archius montpelhierencs revelan un nombre impressionant de desastres epidemics entre 1287 e 1641. Malgrat las mesuras d’alunhament e de proteccion presas, la populacion paguèt un tribut plan pesuc a aqueles eveniments sanitaris. Se la religion portava sos espèrs dins l’intervencion de sants aparaires, qualques edilis locals prenguèron de mesuras profilacticas eficaças. A la debuta del sègle XVIII, lo còs medical, dins sos conselhs de desinfeccion de la vila e de defensa de sos estatjants, sabèt pas escotar un dels sieus, lo professor Antoine Deidier (Antòni Deidièr), que sa experiéncias mostravan la transmission de la pèsta per inoculacion. Aquel professor, acompanhat de mantun mètge montpelhierenc, participèt a l’eradicacion de la pèsta al cors de l’annada 1720-1721.
Si l’on consulte les registres paroissiaux de la ville de Montpellier, on constate qu’ils relatent toujours, d’une façon très succincte, les renseignements concernant les naissances, les mariages et les décès des Montpelliérains. Et pourtant, en l’année 1579, on trouve une mention n’ayant rien à voir avec les décès de cette année-là. Le pasteur qui enregistrait ces actes avait été tellement bouleversé par la nouvelle qu’il venait d’apprendre, qu’il n’avait pu faire autrement que de la coucher sur ce registre, mettant ainsi en évidence l’émoi qui était le sien. Cette inscription, la voici : « Le XII juing 1579 a commencé d’apercevoir qu’on se mourroit de peste en ceste ville de Montpellier ».
C’est que le seul mot de « peste » répandait la terreur dans l’esprit de tous, semant une peur panique impossible à juguler. Ces épidémies étaient alors très fréquentes et chacun connaissait des personnes, bien souvent des parents proches, qui avaient disparu au cours d’une d’elles. Le caractère massif des pertes ne pouvait que semer l’épouvante et le verbe « décimer » était souvent bien faible pour traduire le nombre des morts d’une population. Mais ce qui accroissait la terreur, c’est qu’on savait que la médecine était impuissante à combattre ce mal.
Il est vrai que la Bible avait accoutumé les croyants à ne pas voir dans la peste une maladie comme les autres. Elle était une des manifestations de la colère divine. Dans ces conditions, ce n’était pas au médecin qu’il fallait s’adresser pour conjurer le mal mais à Dieu lui-même. D’où de très nombreuses prières individuelles ou collectives, des messes, des processions mais aussi des jeûnes, des mortifications de toute sorte. Seule la pénitence pourrait venir à bout de l’épidémie.
Bien entendu, les prières s’adressaient le plus souvent à la Vierge Marie, patronne de la ville. Toutefois, outre les prières habituelles en pareilles circonstances, les Montpelliérains du XIVe siècle eurent, à plusieurs reprises, une idée assez originale. Ils confectionnèrent un cierge d’une longueur démesurée dont l’apparence devait ressembler à un énorme rat de cave. Ce cierge aurait pu aller du Peyrou à la tour de la Babote disent certains, mais la plupart parlent du tour complet des remparts de la ville (la commune clôture). Bienheureux quand on n’y ajoute pas le périmètre de l’église Notre-Dame-des-Tables. Certains parlent même d’un cierge qui aurait englobé en supplément la palissade qui entourait les faubourgs de la cité. Quoi qu’il en soit, ce cierge fut confectionné à plusieurs reprises et allumé devant l’autel de la Vierge, cette vierge noire rapportée par Guilhem V des croisades et qui, depuis, était l’objet d’une grande vénération.
La Vierge n’était pas la seule invoquée toutefois. On faisait aussi appel à Saint-Sébastien. Celui-ci martyrisé, percé de flèches, symbolisait bien cette maladie que les récits bibliques qualifiaient de « flèche de Dieu ». Saint-Sébastien cependant cessa d’être invoqué pour la peste vers la fin du Moyen Âge. On ne se réclamera plus de lui que pour le choléra. C’est qu’un autre saint avait pris sa place : Saint-Roch, enfant de Montpellier. Parti durant sa jeunesse en Italie, il y avait connu plusieurs épidémies de peste, se dévouant admirablement auprès des malades. Sur le chemin de retour, il aurait, lui aussi, contracté le mal et se serait réfugié dans un bois de Lombardie où un chien venait tous les jours lui apporter sa nourriture. À partir de là, deux versions existent. Dans l’une, Saint-Roch mourut en Italie. Dans l’autre il revint à Montpellier où il pénétra par la porte du Pila-Saint-Gély. S’étant assis sur un banc pour se reposer, il fut pris pour un gueux et jeté en prison où, après de longs mois de détention, il mourut en odeur de sainteté. Sa famille de Montpellier l’aurait alors reconnu. Quoiqu’il en soit, le culte de Saint-Roch connut rapidement une grande extension dans toute l’Europe catholique à tel point qu’il n’y a guère de ville aujourd’hui, tant en France qu’à l’étranger, qui n’ait une statue du grand saint soit dans une église soit au coin d’une rue. (7 pages et 1 illustration)
Informations complémentaires
Année de publication | 2020 |
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Nombre de pages | 8 |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |