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Description

La maison gothique du quartier de Rougas à Clermont-l’Hérault

* Architecte du patrimoine et architecte du « Service Patrimoine » au Département de l’Hérault.

La note de recherche réalisée, ci-après, par Frédéric Mazeran, architecte du patrimoine au Conseil départemental de l’Hérault, constitue une première réponse sur l’usage, au Moyen-Âge, d’un bâtiment considéré par plusieurs historiens locaux comme étant une possible synagogue. Soucieux d’apporter une réponse crédible à cette hypothèse, un collectif de chercheurs s’est réuni à Clermont-l’Hérault et a pris connaissance des lieux. Jean-Claude Richard, membre de cette équipe, nous a communiqué un texte de l’évêque de Lodève, Bernard Gui (1325-1331), qui confirme bien l’existence d’une synagogue à Clermont-l’Hérault au XIVème siècle :

  • « Judei de Claromonte pro eorum synagoga debent in festo Natalis Domini domino Lodovensi ratione pensionis seu usatici quolibet anno unam libram piperis redditam in aula episcopali Lodove.»
  • « Les Juifs de Clermont pour leur synagogue doivent à Noël payer à l’évêque de Lodève, à raison de la pension ou droit d’usage, chaque année une livre de poivre, remise dans le palais épiscopal de Lodève. »

Si la présence juive à Clermont au XIVe siècle est bien attestée par différents travaux scientifiques, il n’y a aucune certitude sur l’identification de ce bel hôtel en tant qu’ancien lieu de culte. Nous ne manquerons pas de publier de nouvelles notes de recherche sur cet objet d’étude, à l’appui des travaux d’une équipe de chercheurs composée, outre Frédéric Mazeran, de Pierre-Joan Bernard, Jean-Claude Richard et Christian Guiraud. Nous remercions les membres de l’association le MAS des terres rouges de leur concours. (NDLR)

La visite de la maison médiévale faite en 2016 par un petit groupe d’initiés, a souligné d’emblée la grande qualité d’une construction entièrement conçue en pierre de taille de grès, élevée sur deux niveaux, et probablement trois au Moyen Age. Son examen, tant côtés intérieur qu’extérieur, n’a pu démontrer un lien direct avec l’ancien lieu de culte israélite avancé par certains auteurs. Cependant par comparaison typologique de bâti et d’ouvertures médiévales encore en place, l’analyse du bâtiment a permis de rapprocher cette maison de certains autres édifices comparables, à structure marchande au rez-de-chaussée, et d’habitat au premier étage. La remarquable maison autrefois située au milieu d’un faubourg médiéval au nord de Clermont, semble à ce titre, datable de la première moitié du XIVe siècle. Elle s’apparente en l’état et en l’absence de recherches archéologiques en sol, à une riche maison marchande probablement implantée au Moyen Age le long d’un axe important permettant d’entrer dans Clermont en venant de Lacoste et de Montpellier. Le quartier lui-même (quartier de Rougas), peu étudié jusqu’ici, et longtemps hors les murs jusqu’au XIVe siècle, a pu également révéler un intérêt urbain indéniable. Il souligne l’agglomération d’un habitat semblant se fixer assez tôt au-delà d’une des portes d’enceinte côté nord (Porte de Rougas). C’est cette porte qui fixera jusqu’à nos jours le nom de ce quartier.

Clermont au Moyen Age, le Quartier de Rougas et l’emprise supposée de la maison médiévale

De nombreuses études, anciennes et récentes, ont porté sur le passé médiéval de Clermont-l’Hérault. Elles confirment toutes l’importance d’un site, dominé encore aujourd’hui par son imposant château médiéval. Les destructions de plusieurs îlots du centre ancien en 1998, précédées par des investigations archéologiques, ont pu démontrer l’intérêt d’une ville conservant de nombreux vestiges du XIIIe siècle. La ville, place de foire au Moyen Age, avec son attractivité économique, s’est longtemps caractérisée par une urbanisation dense à l’intérieur de sa première enceinte (tracé rouge sur le plan). Cette contrainte va conduire à annexer, dès le début du XIVe siècle, de nouveaux quartiers bâtis en dehors de l’enceinte. Cette extension va se faire essentiellement au sud, puis au nord de la ville. La construction de l’église paroissiale Saint Paul s’inscrit dans une première phase, dans cette modification liée à ce nouveau développement urbain.

Au nord du centre ancien et au contact de la vielle enceinte se situe l’ancien faubourg de Rougas. Il se caractérise par un urbanisme implanté linéairement le long d’une voie (ancienne artère médiévale) et actuelle rue de Rougas. Cette rue avec ses maisons situées sur son côté droit en la remontant, apparaît sur un plan ancien de la fin du XVIIIe siècle, comme comprise entre le fossé de ville hors enceinte urbaine, et la porte dite Portal du Faubourg.

La voie, à cette époque tardive, semble encore conserver une certaine importance. On note pour ce quartier une densification urbaine du faubourg, essentiellement présente sur son côté droit, où se situe sur le milieu du linéaire, la maison médiévale de la rue de Rougas. On note à l’examen de ce plan, la présence d’un parcellaire relativement étendu au niveau des deux lots de l’ancienne maison médiévale, parcellaire se distinguant des autres lots mitoyens plus étroits et laniérés.

Durant le second quart du XIXe siècle, le cadastre napoléonien révèle la présence d’un parcellaire semblant peu évoluer par rapport à la période précédente. Il souligne cependant pour l’emplacement qui nous intéresse, une fragmentation de l’espace bâti, en cinq lots se superposant sur l’emprise de l’ancienne maison médiévale. On note que le dernier de ces lots situé à l’extrémité de la maison, n’apparaît plus comme bâti.

Plus tardivement, en 1967, toujours pour cette maison, le cadastre, suite à un remembrement, figure une parcelle unique sur l’emplacement du bâtiment d’origine. L’édifice, à cette époque, appartient à la famille Martin qui en fera don par la suite à l’établissement religieux des Frères des Écoles chrétiennes. C’est à partir de cette période comme on le verra plus loin, que le bâtiment va être transformé intérieurement. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2018

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Frédéric MAZERAN

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf