Description
La construction du Lycée Clémenceau de Montpellier,
« premier lycée de jeunes filles de France »
* Docteur en Histoire
Le Lycée Clemenceau à Montpellier a ouvert ses portes en 1881 après le vote de la loi Camille Sée. La municipalité Alexandre Laissac a fait preuve, avec l’appui de la bourgeoisie protestante, d’un grand volontarisme afin que Montpellier soit la première ville de France à se doter d’un Lycée de jeunes filles. Sis au faubourg Saint-Denis, il s’est installé d’abord dans d’anciens bâtiments : la villa Nouguier, devenue clinique du docteur Delpech, puis immeuble Castelnau. Mais cette première installation s’est révélée très vite insuffisante. De nouveaux bâtiments (internat puis externat) ont été édifiés, et inaugurés en 1890 par le président de la République Sadi-Carnot. Ces bâtiments ont été récemment rénovés par le Conseil Régional. Les bâtiments du Lycée Clemenceau témoignent de l’essor de l’enseignement féminin, ils sont une des meilleures réussites de l’architecture scolaire.
The building of the Lycée Clemenceau in Montpellier
« first grammar school for young ladies in France »
The Georges Clemenceau grammar school in Montpellier opened in 1881 after the passing of Camille Sée’s bill. With the Protestant upper middle class’s support, Alexandre Laissac’s local council was highly resolute to have Montpellier be the first town in France endowed with a young ladies’ secondary school. Located in the St Denis suburb, it was first set up in old buildings: the Nouguier’s villa that became Doctor Delpech’s clinic then the Castelnau build-ing. But that first location rapidly proved to be insufficient. New buildings (a boarding and day school) were built, and inaugurated in 1890 by the President of the Republic Sadi Carnot. Those buildings were recently renovated by the Regional council. The Clemenceau secondary school buildings show the expansion of young ladies’ teaching. They are one of the best achievements of school architecture.
La construccion del Licèu Clemenceau de Montpelhièr,
« primièr licèu de dròllas de França »
Lo licèu Jòrdi Clemenceau de Montpelhièr foguèt lo primièr licèu de dròllas de França. Dubriguèt sas pòrtas en 1881 aprèp lo vòte de la lei Camille Sée. La municipalitat Alexandre Laissac donèt pròva, amb l’ajuda de la borgesia protestanta, d’un volontarisme grand per amor que Montpelhièr siá la primièra ciutat de França a s’aprovesir d’un licèu de dròllas. Situat dis lo barri Sant-Danís, s’establiguèt d’en primièr dis de bastendas ancianas : la villà Noguier, venguda clinica del doctor Delpech, puòi bastissa Castelnau. Mas aquela primièra intallacion se revelèt tanlèu insufisenta. De bastendas novelas (internat puòi externat) foguèron edificadas. L’inauguracion se desrotlèt en 1890 jos l’autoritat del president de la Republica Sadi Carnot. Aquelas bastendas foguèron recentament tornar adobadas per lo Conselh Regional. L’edificacion de las bastendas del Licèu Clemenceau pòrta testimoniatge de l’envam del ensenhament feminin. Son una de las melhoras capitadas de l’arquitèctura escolara.
Pour les Montpelliérains (et les Héraultais), l’actuel Lycée Clemenceau, sis au n° 31 de l’avenue ainsi nommée en l’honneur du Père la victoire, a longtemps été connu sous le nom de Lycée de jeunes filles (qui figure d’ailleurs encore sur le portail de la belle grille d’entrée), le premier en France à avoir ouvert ses portes, à la rentrée 1881, soit soixante-dix-sept ans après l’ouverture du Lycée de garçons. Celui-ci était alors installé depuis 1804, face à l’Esplanade, dans les splendides bâtiments de l’ancien collège des Jésuites, édifié à la fin du XVIIe siècle par Antoine Giral, fondateur d’une dynastie de grands architectes montpelliérains.
Au XIXe siècle, en effet, l’enseignement féminin – reflet, en cela de la place accordée à la femme dans la société (dont on attend avant tout qu’elle soit une bonne maîtresse de maison et fasse honneur à son mari par sa culture) – accuse un important retard, ou du moins son contenu et l’éducation donnée diffèrent profondément de l’enseignement masculin. Par la loi du premier mai 1802, Bonaparte, alors Premier consul, crée les Lycées (qui remplacent les Écoles Centrales), mais uniquement, cela va de soi à l’époque, pour les garçons. La loi du 17 mai 1808 les intègre à l’Université impériale qui reçoit le monopole de l’enseignement’. Si l’on excepte la tentative – au succès limité – de créer un véritable enseignement secondaire féminin par Victor Duruy en 1867, cet enseignement ne peut guère s’effectuer que dans le cadre de ce que l’on appelle les pensionnats dispensant un cours primaire complet mais avec un progressif élargissement vers les études secondaires. Ils sont à l’origine des grands établissements congréganistes qui s’épanouissent à la suite de la loi Falloux qui, en 1850, supprime pour l’enseignement secondaire le monopole universitaire. Même s’il existe quelques institutions laïques, la plupart de ces pensionnats sont religieux, tels le pensionnat des Ursulines (1817), la Providence-Cours St Charles (1822), l’institution Notre-Dame des Anges (futur Lycée Nevers, 1837), le pensionnat du Sacré Cœur – Sainte Odile (1841), l’institution Notre Dame de la Merci (1844, fondée parles Dames de Saint-Maur), l’Assomption-Cours Saint-Jean (1876)… Certains, en tout premier lieu la Merci, mais aussi le Sacré-Cœur, l’Assomption, parmi d’autres, sont installés dans de très beaux bâtiments édifiés pour la plupart sous les épiscopats de Mgr Thibault et de Mgr de Cabrières, qui prétendent ne le céder en rien au Lycée public de garçons. Guerre scolaire oblige !
Le Lycée de jeunes filles, fondé au début des années 1880 dans un contexte local et national favorable (les Républicains sont enfin au pouvoir et Jules Ferry est ministre de l’instruction publique), va vouloir lui aussi être à la hauteur en matière de bâtiments. Va-t-il réussir « sans être un palais, sans rien donner au luxe », comme le dira Ferdinand Castets, à être une réussite architecturale dans laquelle rien ne manquera « de ce qui est nécessaire à l’instruction et au bien-être des élèves. » […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2016 |
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Nombre de pages | 9 |
Auteur(s) | Didier PORCER |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |