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Description

Jean Moulin, Préfet de l’Aveyron

Héros de la Résistance, héros type des temps modernes, pur parmi les purs, tel apparaît aujourd’hui Jean Moulin. La légende qui s’est emparée de lui n’a laissé en lumière que les dernières années de sa vie et ce jour mémorable de décembre 1964 où le Président de la République l’accompagna jusqu’aux marches du Panthéon de la République, parmi les grands de France. Jusqu’à cette reconnaissance nationale, le premier président du CNR était simplement regardé comme un homme de la Résistance parmi tant d’autres. Lorsque trois ans plus tôt, en septembre 1961, lors d’un déplacement à Rodez, Charles De Gaulle avait déposé une gerbe en forme de Croix de Lorraine devant la façade de la Préfecture, au pied du médaillon de bronze dédié à la mémoire de Jean Moulin, « Ancien préfet de l’Aveyron, héros de la Résistance », la presse dans son ensemble avait consacré quelques lignes seulement à l’événement. Quoi d’étonnant à cela ! C’est une constante, en Aveyron, depuis la Libération, les chroniqueurs et autres mémorialistes sont restés aveugles et peu clairvoyants, devant la marche de Jean Moulin vers l’histoire.

Jusqu’aux années 1980, tombée dans un relatif oubli, la figure du fédérateur de la Résistance est rarement valorisée et ne bénéficie au plan départemental d’aucun statut spécifique. Dans le même temps, se superposant à celle des Aveyronnais d’origine, la Résistance des communistes et celle des gaullistes occupe pratiquement tout le terrain du souvenir et de la commémoration. Le 17 juin 1983, journée nationale Jean Moulin, pour la première fois, les nombreuses cérémonies organisées à Rodez et dans les principales localités, donnent aux représentants de la Résistance locale l’opportunité d’évoquer « l’action efficace et courageuse du Lazare Carnot de la Résistance ». Désormais, c’est indéniable, le symbole Jean Moulin est définitivement amalgamé à la Résistance aveyronnaise.

Longtemps délaissée, l’histoire de Jean Moulin connaît, depuis une vingtaine d’années, un renouveau assez spectaculaire. Mais ce succès tient surtout au fait que certains témoins, journalistes ou historiens ont voulu donner de lui une image polémique voire sulfureuse. Ces auteurs ont fait de Jean Moulin, tour à tour un cryptocommuniste, un agent soviétique et un allié des américains. Loin de ce sensationnalisme et bénéficiant de l’apport de travaux récents et de problématiques actualisées, le présent article a pour unique objet d’étudier les rapports parfois conflictuels entre, d’une part un préfet républicain, de gauche et antifasciste et d’autre part un département rural, traditionaliste et conservateur. Si on connaît le héros, l’homme et le haut commis de l’État, on connaît assez peu le préfet de l’Aveyron. Jean Moulin n’a pas surgi de l’effondrement de 1940 et sa rencontre avec la Résistance n’a été ni fortuite, ni consécutive à un choix de circonstance. Qu’y avait-il donc derrière l’habit de gloire et de souffrance ? Qui était ce préfet dont le nom, aujourd’hui, pare un collège, trois écoles et quelques rues des villes de l’Aveyron ? Quels ont été ses activités, ses choix et ses réactions face aux événements ?

UN PRÉFET RÉPUBLICAIN DANS UN DÉPARTEMENT RURAL, TRADITIONALISTE ET CONSERVATEUR

Les préfets changent fréquemment en Aveyron. De 1900 à 1950, il en est passé 24. La plupart ne firent que de courts séjours. Préfet de l’Aveyron à deux reprises, Jean Moulin ne déroge pas à cette norme : il le fut une première fois, seulement pour quelques semaines, du 26 janvier au 26 avril 1937, avec entrée en fonction le 2 mars et une seconde fois, pour une période de neuf mois, du 20 avril 1938 à la fin janvier 1939, avec entrée en fonction le premier juin. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2001

Nombre de pages

16

Auteur(s)

Christian FONT

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf