Gaston Baissette et L’Étang de l’Or

* Conservateur général, directeur des médiathèques de Montpellier Méditerranée Métropole

[ Texte intégral ]

Pour dresser un premier portrait de l’écrivain, citons les témoignages de deux de ses amis : Georges Dezeuze et Jacques Gaucheron :

« C’était un après-midi de juillet 1931 [il est âgé de 30 ans]. Un grand diable m’apparut. Chevelure noire, ébouriffée par la course, nez au vent, visage brûlé de soleil Gaston Baissette » 1

« Gaston Baissette était ce qu’on appelle un bel homme. Haut de stature et belle prestance, portant droit son buste, sans doute parce que cette attitude lui était commandé par une blessure qui avait endommagé son dos. Un visage un peu anguleux, des yeux noirs perçants, attentifs et malicieux. Le rencontrer, c’était aller au-devant d’un homme alerte à vivre, avec une aura de gentillesse généreuse. Un charme… Cette humeur-là pouvait vite tourner au propos critique, aux expressions scandalisées » 2.

Un médecin-écrivain

Comme André Maurois, Max Rouquette, Georges Duhamel, Céline, Gaston Baissette est médecin-écrivain, « […] mais ce n’est pas avec Gaston Baissette qu’il faut céder à la vieille mauvaise habitude des étiquettes dont l’étroitesse n’aurait qu’un label (le poète, le romancier, le médecin, etc. dichotomie à connotation péjorative, insinuant que l’écrivain ne saurait être qu’un mauvais médecin et inversement) » 3.

En 1962, il affirmait que la meilleure façon de connaître l’homme est d’être médecin. Pour lui, le jeune écrivain devrait étudier la médecine 4. En 1977, il confirmait ce point de vue : « Ces activités littéraires n’ont jamais pris le pas sur mon métier médical. C’est la même mission, aimer les hommes, les connaître, les défendre. » 5

D’Albi à Toulouse : naissance d’un poète

Le 14 mai 1901, Gaston Baissette naît à Albi dans une famille bourgeoise. Son père, Marius, avoué à Albi, issu d’une famille de viticulteurs, est originaire de Fabrègues. Sa mère, née Valérie Ribeyrolles, est issue d’une famille de viticulteurs de Mauguio. Un de ses aïeux est originaire de Montaud.

Dans sa Dernière biographie, rédigée à la veille de sa mort, à l’été 1977, il parle de sa jeunesse : « Enfance à Albi, où mon père était avoué plaidant. Toutes mes vacances se passent à Fabrègues, chez mon oncle paternel, à Mauguio chez mes grands-parents et oncle Ribeyrolles, à Montaud où ma mère a une propriété de famille. Dès l’enfance, je considère Albi comme le pays du devoir, du lycée, des sombres obligations, du climat triste, et l’Hérault comme le pays lumineux, pays de récompenses, du bonheur, des vacances (sans devoir) et de la poésie […] » 6. Cette idée est exprimée également dans L’Étang de l’Or7.

En 1912, Gaston Baissette étudie au Lycée d’Albi. Il achèvera ses études secondaires au Lycée de Toulouse. Il y rencontre Marc Saint-Saëns, avec qui il se liera d’une amitié qui durera toute sa vie.

En Juillet 1915, son père Marius Baissette décède : « La mort prématurée de son père interrompt momentanément ses études, mais sa famille, estimant qu’il devait suivre la tradition familiale, voulut qu’il étudie le droit comme son père et son frère aîné. N’ayant aucune vocation particulière pour le droit, il racontait que ce fut surtout le hasard qui, par une journée ensoleillée, le conduisit à Toulouse vers la faculté de médecine, ayant reculé devant l’aspect noir et triste de la faculté de droit » 8.

En juillet 1923, Feuilles au vent, revue des poètes fantaisistes éditée à Toulouse, publie Écho, l’un des premiers poèmes de Gaston Baissette. En mars 1925, Le Figaro publie Épître à Gaston Baissette, toulousain, poème de Tristan Derème. Il participe à cette revue jusqu’en 1927. Le 25 septembre 1925, la version tapuscrite de Lucinde ou L’Étang de l’Or, écrite aux cabanes de Mauguio est achevée, à 24 ans.

Études médicales à Paris

A l’automne 1925, Baissette arrive à Paris pour terminer ses études médicales commencées à Toulouse (première année), qui vont aller de pair avec son activité littéraire. Il s’installe dans le quartier Saint-Sulpice. Dans un dossier préparatoire de L’Étang de l’Or, Gaston Baissette relate ses premières années à Paris : « Les difficultés matérielles de ma famille, qui m’avait formellement déconseillé ce départ, m’obligèrent à vivre à peu près sans aide, en conciliant travail manuel et études. Je fréquentais avec assiduité les cours à l’école de chimie, tout en accomplissant divers métiers, successivement sur les quais de Bercy, dans une maison d’alimentation, dans une pension religieuse. Lorsque je travaillais la nuit, comme joueur de banjo ou de clarinette, et me mêlais en rentrant aux premiers travailleurs qui sortaient, leurs bleus tout nets frôlaient mon smoking fripé. C’est alors que je découvris le vrai visage de Paris, celui de l’humour, de l’action organisée, des souffrances et de la grandeur quotidienne. Gagner ma vie prenait un sens élargi de conquête, de solidarité avec tous ceux que je croisais, occupés des mêmes problèmes d’existence et de dignité. » 9.

En février 1926, les Cahiers du Sud publient Svea Morgen, conte fantastique qui fera l’objet d’un tiré à part en 1930 avec un portrait de l’auteur par Marc Saint-Saëns. De 1928 à 1942, il collabore régulièrement aux Cahiers du Sud, notamment comme chroniqueur. A la fin des années 1920, il fréquente les surréalistes.

Hippocrate : de la thèse au « roman »

En 1928, Gaston Baissette est interne à l’hôpital départemental de Nanterre. L’année suivante, il effectue un remplacement de médecin généraliste, fonction qu’il juge incompatible avec une réelle réflexion médicale et philosophique. Il propose une vie utopique à sa future femme Lisette (décembre 1929-juillet 1937) : « Oh !, je voudrais cette année pouvoir me rôtir, prendre des bains. Le pourrais-je ? Comment pourrions-nous organiser une saison ? Si nous pouvions vivre au bord de l’étang et de la mer. Je deviens trop blanc, tu sais, je ne serai plus ton petit frère noir » 10.

En 1931, il est reçu au doctorat en médecine et publie sa thèse Aux sources de la médecine, vie et doctrine d’Hippocrate, chez Arnette. A partir de ce travail universitaire, un livre pour le grand public, Hippocrate paraît chez Bernard Grasset. Le 19 juin 1932, Paul Valéry le félicite : « Je vous remercie du plaisir que m’a donné votre extraordinaire Hippocrate, et de l’attention que vous avez eue de me l’envoyer. Thèse ? Poème ? Je ne sais. Mais je l’ai lu avec une certaine passion que bien peu de livres aujourd’hui excitent en moi. Vous avez restitué un temps et un lieu psychologiques, l’étrangeté relative d’un grand esprit de l’antiquité, ce qu’il y entre de divin et de positif, avec une hardiesse et une présence étonnantes. Le passage sur Démocrite est admirable. » 11

Une citation de son livre Hippocrate éclaire son intention : « La nature guérit, le médecin soigne les malades. Le médecin est l’esclave, le serviteur, l’interprète de la nature. La médecine c’est l’art d’imiter les procédés curatifs de la nature. C’est l’art de soigner de la même façon que la nature fait de son propre mouvement. » 12 Baissette puise dans l’enseignement d’Hippocrate une conception expérimentale, globale et humaine de la médecine, qu’il n’abandonnera jamais, ainsi qu’en témoigne son dernier livre Aux confins de la médecine en 1977.

Hippocrate est traduit en italien (1933 et 1934) et en allemand (1932, 1963 et 1970). « Ce livre a un grand retentissement. Devant son succès, les éditeurs me demandent de continuer : Galien, Avicenne, Laënnec, etc. Ma carrière littéraire semblerait assurée » nous dit-il dans sa Dernière biographie. Mais il se refuse à la facilité, préférant se consacrer essentiellement à la médecine. A Sud Radio en 1974, il affirme : « Hippocrate c’est un roman » 13.

Du voyage en Grèce à la grécité

André Fraigneau, lecteur chez Grasset, avait accueilli avec enthousiasme le manuscrit Hippocrate de Baissette et lui propose en 1931 un voyage en Grèce par cabotage, sur un petit bateau appartenant à un ami armateur grec. Gaston Baissette partage une cabine avec Georges Dezeuze 14. Dans Les Voyageurs transfigurés, André Fraigneau nous raconte cette odyssée : « Un voyage en Grèce pour dix jeunes Français qui ne se connaissent pas au départ. Prisonniers de la mer puis du marbre, ces conscrits de l’Aventure sont condamnés à la découverte de la Grandeur et à l’exercice de l’amitié. » 15

Suite à ce voyage, Gaston Baissette donne aux Cahiers du Sud une chronique : La Grèce et les voyageurs transfigurés à propos du livre d’André Fraigneau, Les Voyageurs transfigurés paru à la NRF. Dans cette période, de nombreux livres parlent de voyage en Grèce : Georges Duhamel, Images de la Grèce, en 1928 ; Jean Giono, Naissance de l’Odyssée, en 1930 ; Raymond Queneau, Le Voyage en Grèce, en 1932.

André Fraigneau a présenté Marguerite Yourcenar à Gaston Baissette ; ils resteront amis jusqu’à la fin de leur vie. En 1932, Marguerite Yourcenar lui envoie avec une dédicace son Pindare, publié chez Grasset dans la même collection qu’Hippocrate. En février 1933, Baissette dédie Thésée, publié dans Les Cahiers du Sud, à Marguerite Yourcenar : selon Michèle Sarde, « en 1930, vous évoquiez lui et vous dans vos livres une Grèce que vous ne connaissez pas, avec une préscience si parfaite que Fraigneau s’en étonne […] » 16. Dès son enfance, Baissette avait été fasciné par la Grèce si voisine après tout du Languedoc méditerranéen, par la mythologie dont il retrouvait les héros dans les simples personnages de son village de Mauguio, ainsi qu’il l’écrit dans L’Étang de l’Or.

En 1932, André Fraigneau, Marguerite Yourcenar et Gaston Baissette décident d’écrire séparément un conte à partir du même mythe. Finalement, Les Cahiers du Sud, revue marseillaise dirigée par Jean Ballard, consacre leur numéro d’août-septembre 1939 au Retour aux mythes Grecs, qui comporte : Triptyque d’André Fraigneau, Thésée de Gaston Baissette, Ariane et l’Aventurier de Marguerite Yourcenar, Le Point de vue du Minotaure d’André Fraigneau et Sur le retour aux mythes de Gaston Baissette. On trouve dans ce numéro un beau dessin du minotaure par Marc Saint-Saëns.

Dans Sur le retour aux mythes, Gaston Baissette écrit d’une manière prophétique : « Les solutions sont sous notre main et nous ne la refermons pas. Thésée, c’est nous. C’est le reflet de cette pitoyable humanité qui se débat, tiraillée, composée de morceaux : les hommes qui voient mais ne veulent pas ; ceux qui veulent mais ne voient pas ; ceux qui de plus en plus nombreux voient et veulent refermer la main. » 17

En 1953, dans Les Poètes et les cosmogonies, Baissette poursuit sa réflexion sur « l’origine et la structure du monde » 18.

Un grand résistant

En 1932, Gaston Baissette est nommé médecin phtisiologue des dispensaires d’hygiène sociale de l’Eure. En 1936, il contribue à l’Histoire générale de la médecine dirigée par le professeur Laignel-Lavastine, en rédigeant la partie concernant La Médecine grecque. Après validation de diplômes spécialisés de bactériologie et d’hygiène, il est nommé en 1937 Inspecteur départemental d’hygiène de l’Eure.

Dès 1932, il adhère au Comité international d’initiative pour le Congrès mondial contre la guerre impérialiste dirigé par Henri Barbusse et Romain Rolland, qui devait se tenir à Genève pendant l’été. Finalement, il a lieu à Paris en juin 1933.

En septembre 1939, Gaston Baissette est mobilisé en qualité de médecin-chef du laboratoire de bactériologie d’Evreux. Le 9 juin 1940, au cours de bombardements, il est blessé gravement (écrasement de la colonne vertébrale), alors qu’il recherchait des blessés. Convalescent pendant une année, il va se reposer à Montaud : « Je n’ai jamais abandonné la maison familiale de Montaud, où j’ai retrouvé force et courage chaque fois que je me suis trouvé en difficulté » 19.

Le 15 avril 1941, Gaston Baissette reprend son travail à Nice comme médecin-directeur de la santé. Rue Lamartine, à l’initiative de Georges Politzer, professeur d’économie et communiste, il accueille Louis Aragon et EIsa Triolet qui fuient Paris. Aragon lui apporte son dernier livre Le Crève-cœur : « Un jour, dans mon appartement de la rue Lamartine, je vis entrer deux personnages de moi connus et inconnus ; deux personnages éblouissants de gentillesse, de prestance, de désinvolture : Louis Aragon et Elsa Triolet. Nous nous taisions.

Nous n’étions reliés que par la connivence ; la différence de hauteurs me les rendait obscurs :

« Politzer m’a dit va voir Baissette », me confia Aragon. Et nous voici » 20.

Très tôt, Gaston Baissette participe activement à la Résistance. Le 30 mai 1942, son ami Politzer est fusillé par les Allemands. Baissette entre en relations suivies avec le groupe de médecins résistants de Lyon. Fin 1942, il est obligé d’entrer dans la clandestinité, la Gestapo l’attendant chez lui pour l’arrêter : sa gouvernante l’avertit à son arrivée en gare au prix de sa propre vie. L’année 1943 voit l’aboutissement du travail de Gaston Baissette et du docteur Bonnafé avec la création du Front national des médecins 21. A cette date, il est chargé d’organiser les soins aux maquis dans la région des Alpes-Maritimes. Vers septembre 1943, venu à Paris, il est nommé chef d’un des quatre secteurs hospitaliers et délégué du Comité médical de la Résistance pour la Seine-et-Oise 22. C’est dans ce cadre que Gaston Baissette établit la liaison entre son ami Paul Éluard et des éditeurs suisses : « Grâce aux capitaux d’un ami, absolument inconscient, il faut le dire de, l’usage qu’on en faisait, j’avais créé les 3 collines. C’était l’époque sans livres, la culture était traitée à coups de revolvers. Cela favorisait encore la diffusion de nos brochures. J’emportais à Paris des valises pleines de littérature clandestine, des tracts, affichettes, brochures, exemplaires du Crève-cœur entre autres. Je voyageais pour plus de sécurité en wagon-lit. » 23

Il participe à de nombreuses revues : Poésie 42, Poésie 43, Poésie 44, Les Etoiles, Les Lettres françaises, L’Éternelle revue, fondée par Paul Éluard. En avril 1944, il devient le rédacteur en chef de la revue Le Médecin français, et ce jusqu’en 1952. Il lui arrive d’y tenir également des chroniques littéraires, tout comme il assure des chroniques médicales dans Les Lettres françaises. Dans Le Médecin français, les noms les plus célèbres du monde médical se trouvent réunis : Robert Debré, Frédéric Joliot-Curie, René Huguenin et Paul Funck-Brentano.

En novembre 1944, Gaston Baissette est nommé au cabinet du ministre de la santé publique, chargé de la lutte contre la tuberculose.

Dans Domaine Français : un manifeste des lettres d’aujourd’hui, des écrivains d’origines et de tendances politiques différentes (Aragon, Claudel, Duhamel, Eluard, Gide, Hazard, Jouve, Mauriac, Paulhan, Rolland, Saint-Pol Roux, Sartre et Baissette) participent à cette affirmation d’une littérature française libre. Gaston Baissette y explique la philosophie matérialiste de Diderot 24.

Dans la collection de classiques intitulée Le Cri de la France (Balzac, Baudelaire, Bossuet, Chateaubriand, etc.), éditée par Walter Egloff à Fribourg, une anthologie de Denis Diderot par Baissette, en projet dès 1944, aurait dû paraître en 1948 25. Le tapuscrit de cette anthologie, qui n’a pas été finalement publiée, témoigne de l’important travail de sélection réalisé par Gaston Baissette.

La Clef des sources, roman utopique écrit pendant la clandestinité, paraît en 1945 chez Bernard Grasset, et est dédié à Georges Politzer. Le maître Ontario forme une petite fille Lucienne, par l’expérience, la science et la raison. Des nouvelles écrites pendant l’Occupation et dans les années suivant la guerre – Le Fleuve exil, La Petite maison, La Grande communication, La Fièvre – paraissent soit dans Europe soit dans Les Lettres françaises.

En janvier 1946, Gaston Baissette est médecin-chef du Service d’hygiène sociale du Département de la Seine : il exerce la médecine jusqu’en juin 1966. L’Étang de l’Or écrit en 1945 est publié en 1946. « Prose parée des illuminations de la poésie, L’Étang de l’Or apparaît en même temps qu’un adieu à la jeunesse, comme une préface à la saga languedocienne que formeront les romans suivants. » 26

En 1950, Gaston Baissette fonde la revue B.C.G. En avril 1950, Georges Duhamel quitte la rédaction de la revue Le Médecin Français en raison de positions médicales divergentes et également pour un motif éthique : « (…) je peux vous avouer qu’à mon avis les questions politiques n’ont pas leur place dans un journal de médecine. » 27 Après-guerre, des médecins progressistes quittent le journal devenu trop inféodé au parti communiste.

Le cycle des romans languedociens

Ses romans languedociens comprennent deux cycles. Le cycle des étangs : en 1946, L’Étang de l’Or, et en 1964, Le Soleil de Maguelone. Le cycle de la vigne : en 1956, Ces grappes de ma vigne ; en 1968, Isabelle de la Garrigue, et en 1974, Le Vin de feu.

En 1961, Madeleine Attal transpose pour les ondes L’Étang de l’Or et obtient le Prix de la meilleure réalisation radiophonique. En 1975, le roman Ces grappes de ma vigne, adapté par Guy Vassal et filmé par Alain Quercy, est diffusé en six épisodes sur Antenne 2.

A ces romans languedociens, il faut rattacher Ce Pays de Montpellier, paru en 1970 28, qui explique par le paysage et par l’histoire l’union de la garrigue, des étangs et de la mer dans ce pays de Montpellier. Dans ce récit, Gaston Baissette émet un jugement favorable à la construction de la Grande-Motte : « L’audace de la création architecturale est enfin sortie de l’ornière, et l’auteur paie […] cet immense effort de création » 29. En revanche, dans Le Vin de feu en 1974, son héros Eliacin qualifie les pyramides de la Grande-Motte d’« anti-monde » 30.

En 1977, une nouvelle édition de l’Histoire de la médecine paraît chez Tchou avec « Les Pré-hippocratiques » de Baissette. En mars 1977, il publie Aux confins de la médecine avec une très belle préface de Bernard Clavel. Le 5 novembre 1977, une grave maladie cardiaque emporte Gaston Baissette, à Quissac (Gard).

Roman de Gaston Baissette "L'Etang de l'Or"

L’Étang de l'Or

L’Étang de l'Or, versions et éditions

Le 25 septembre 1925, Baissette termine, à 24 ans, la version tapuscrite de Lucinde ou L’Étang de l’Or, écrite Aux Cabanes de Mauguio. Louise Espinasse-Mongenet est une des rares lectrices de la première version de L’Étang de l’Or. En effet, A ma garrigue, poème de Gaston Baissette, publié en décembre 1925 dans la revue Feuilles au vent, est précédé d’une introduction dans laquelle elle parle positivement de ce texte inédit : « Pour mieux se lier à la mer, l’autre été – et parce que sa maison de famille en est trop éloignée à son gré – Gaston Baissette avait construit, sur la grève la plus solitaire, une sorte de hutte faite de toile et de branchages. Et il ne voulait plus parler qu’avec la brise et le flot, et un vieux pêcheur de ses amis… De cette retraite est sorti un roman, dont j’ai pu lire quelques chapitres ; roman qui n’a point paru encore – et c’est dommage, car il y est question, dans un style libre et dégagé, de la mer, voisine d’un jeune homme épris de la vraie vie et simple – puis de la douceur du soleil et de deux jeunes filles – c’est-à-dire des mystères essentiels qui charmeront éternellement le cœur […] » 31.

Selon sa première femme Lisette Baissette, la deuxième version de L’Étang de l’Or est détruite aux cours des journées du 6 février 1934. Lisette raconte cet événement en 1978 lors d’un hommage à son ancien mari dans La Dépêche du Midi32 et également dans une lettre adressée en 1980 à sa seconde épouse Jacqueline Buineau (mariage en 1972) : « Le 9 février 1934, à la terrasse des Deux magots, nous fûmes malmenés, matraqués. Les feuilles du manuscrit de L’Étang de l’Or que Gaston Baissette portait à la main, s’éparpillèrent sous les tables. A cause de cet incident, le roman ne parut que beaucoup plus tard ». « Si le livre a paru, c’est parce que je l’ai sauvé de la Révolution du 6 février. J’allais chaque jour « Aux 2 Magots » [dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, dans le VIe arrondissement de Paris, fréquenté par les surréalistes] avec Gaston voir les amis. Ce soir-là nous avons subi les coups de matraques et les projectiles qui tombaient de toutes parts. Gaston s’est trouvé coincé dans la porte tournante du Café, le manuscrit qu’il portait sous le bras a volé sur la terrasse. C’est moi, encore dehors, qui ait ramassé les feuilles sous les tables ; il a fallu y mettre de l’ordre par la suite, mais sur le moment nous avons pensé à soigner les blessés de l’Hôtel-Dieu. » 33

Dans les années 1920-1930, toute une littérature s’intéresse aux étangs et à la bouvine. L’auteur le plus connu est Joseph d’Arbaud avec La Bête du Vaccarès (1926). Un écrivain oublié Émile Chauffard consacre, en 1934, un beau livre aux étangs sous le titre Le Bouquet de saladelles34. Le 6 septembre 1935, Gaston Baissette publie dans L’Éclair un article relatif à l’Étang de l’Or, qui s’intitule Les Cabanes de Mauguio.

Gaston Baissette
Gaston Baissette

« […] Lorsque le soleil est au zénith, atteignons l’étang. C’est un vaste scintillement bordé d’horizons noirs. Il couvre près de trente kilomètres de long sur quatre de large. Voici, en face nous, au sud, dans la plus courte distance, à moins de milles, la tour carrée du Grand-Travers, le lido de sable fin, la mer latine. A l’est, beaucoup plus loin, les avancées marécageuses de Pérols, puis en tournant au nord la Grande-Baisse peuplée de hérons. A l’est, beaucoup plus loin, l’étang atteint les confins d’Aigues-Mortes et, à côté des arbres de Haute-Plage, la Tour Constance pose un point doré. A notre gauche, c’est la noire baie de la Capouillère, et tout au fond, au-delà de la dernière avancée visible, souvent projetés hors de l’horizon par les mirages, ce sont les bords mystérieux de la Caisse-de-Mort et de la Pierre-Humide, où échouent les barques désemparées, où règne la rastagagne, ce perfide mélange d’algues et d’eau. Déjà le soleil a décliné, et tout se transforme à la surface de l’étang. Des reliefs colorés sculptent ses bords. Puis, c’est la naissance des mirages. Des remparts élastiques, des arches, d’aériens grillages, des îles sont posées sur le ciel. La surface de l’étang est une prairie, un champ de tulipes, un ondoiement de blés murs. Tout se déroule dans un silence d’époques révolues. Mais les herbes grouillantes, le glissement des anguilles, le bondissement argenté des muges, les petites voiles, les filets tendus, tout signale que la vie est présente dans ce pays sans âges. […]

[…] Certains sites semblent destinés à nous donner un résumé concret de l’univers, et rassembler dans leur tour d’horizon les traits essentiels du Monde. Nul plus que celui-ci ne peut nous dire la nécessité qui lie le microcosme au macrocosme, l’homme à la nature. Si l’on passe vingt-quatre heures sur l’étang, on assiste aux jeux nécessaires des astres, les Pléiades se lèvent, les Ourses tournent, la lune et le soleil pendant un instant se partagent le ciel au milieu de mouvements infinis de lumière. Puis, les muges sautent et meurent dans la barque et le miaulement des goélands est plus triste. Au printemps, pendant quinze jours, le sol des cabanes se couvre de prairies et de fleurs. Après cette fête d’herbe, la solitude s’organise : la terre craque, se sèche, se fendille, les salicornes envahissent les étendues volées à l’étang. Dans ce paysage d’apparence immobile c’est un perpétuel changement de formes et de couleurs, une mouvante symphonie géologique où les trois puissances de l’eau, de la terre et du ciel se concertent et se combattent.

Un rêve de notre enfance vient tout à coup d’être réalisé. Le canal, envahi par les roseaux, mourait. Il fallait s’y guider à la gaffe, avec les frêles barques, pour pouvoir atteindre l’étang. La drague vient de creuser le canal qui a maintenant sept mètres de large sur deux de profondeur. Les jeunes filles du village ne cherchent pas les signes. Mais le lundi de Pâques elles brisent soudain le silence, viennent le long du canal, se livrent à des chœurs dansants, à une séduisante chironomie 35, cependant que les ânes fuient vers les marais de la Capouillère. Le soir, les Cabanes retournent à leur vie magique. Il ne faut alors qu’un demi-verre de carthagène, sous la tonnelle de vigne vierge, pour nous replonger dans ces espaces mitoyens entre le rêve et le réel. Mais le réel est toujours plus grand que l’imagination dans ce paysage où, par la mobilité de ses lointaines limites, par son assurance solaire, par son immense réserve de silence et de solitude, L’Étang de l’Or nous convie à une fête permanente. » 36

Le 1er août 1944, en pleine insurrection de Paris dont il est l’un des acteurs, il commence la rédaction définitive de L’Étang de l’Or, qu’il termine le 25 octobre. Selon Jacqueline Baissette, ce manuscrit définitif de 8 cahiers de la Librairie papeterie François Dezeuze serait « la troisième version » de L’Étang de l’Or37. Le livre se termine par un dialogue avec les pêcheurs, l’Étang de l’Or étant jugé plus important que l’amour pour Geneviève. Dans le Bulletin mensuel de la Guilde du livre, Baissette confirme cette analyse dès 1948 : «   Alors la solitude se fait impérative, et l’étang commence à révéler qu’il est le personnage majeur de ces vastes dimensions d’herbes et d’eau. Tous les bruits ont repris leur place dans les sobres échanges de ces perspectives démesurées » 38.

En Suisse, L’Étang de l’Or a « obtenu avec le Raisin de Maïs de Raymond Dumay le Prix littéraire 1945 de la Guilde du livre. » 39

En 1945, Baissette évoque une version précédente de son livre : « J’inventais une histoire où un homme déçu dans quelque ville vient chercher refuge ici.» 40 Dans cette même édition, il cite en italique un texte de 1925 41 : « A droite, la rangée des platanes s’arrêtait soudain, dernier aspect de la civilisation, bras tendu vers la solitude. Jean marchait, léger, attentif. Il prenait contact, on eût dit, pour la première fois avec le site : il allait être rivé à lui désormais. Il regardait cette fuite de sentiers émaciés, dernières traces d’une grande voie claire ; et lui, il venait renouer ici l’unité de sa vie ! Chaque pas l’isolait de sa jeunesse. Celui qu’il renonçait à être s’échappait de lui-même, apeuré. C’étaient les derniers platanes, le dernier champ, le dernier mazet. C’était, maintenant, la dernière vigne. Elle s’étendait là, ratatinée et maigrelette, suprême marque de la présence des hommes, borne de toute activité. Le sol à partir d’elle n’était plus de la terre. » A compléter par la dernière phrase du paragraphe de 1925 : « Seules les plantes égoïstes allaient vivre sur cette étendue saline et craquelée ».

Quatre paragraphes plus loin, il ajoute cette citation extraite du texte de 1925 : « Aujourd’hui le Vieux Canal a la mélancolie des choses qui mettent trop longtemps à mourir. Il offre un refuge aux végétations exilées de la vie, comme incapables de la développer. Et lui aussi, Jean Patrice, est de souche sauvage, planche rêche chassée des terrains de culture. » 42

La première publication a lieu dans la revue Europe, en quatre feuilletons du n°5 daté du 1er mai 1946 au n°8 du 1er août 1946. De la même manière, Philippe Soupault a publié en feuilleton son roman Corps perdu dès 1926 43.En 1946, deux éditions de L’Étang de l’Or paraissent parallèlement en livre :

— à la Guilde du Livre à Lausanne avec 27 photographies en noir et blanc de Gaston Baissette (imprimé le 30 juin 1946)

— à la Bibliothèque Française à Paris, sans illustration (achevé d’imprimé septembre 1946).

Le 5 mars 1958, Marcel Pagnol écrit à Gaston Baissette, pour lui indiquer que son éditeur monégasque Pastorelly souhaite publier L’Étang de l’Or. En 1959, ce titre sortira avec le bandeau d’annonce : « Le livre que Marcel Pagnol a choisi pour vos vacances ». En 1965, L’Étang de l’Or est mis en dialogue avec les lithographies de François Desnoyer, à la Société normande des Amis du livre (Paris). A ce jour, la dernière édition française a été réalisée par Les Presses du Languedoc en 1990.

Avant d’analyser les deux versions de L’Étang de l’Or (1925 et 1945), il est nécessaire de donner quelques éléments du contexte géographique et humain. Dans les années 1960, la plage du Grand-Travers était encore déserte. Au-delà de Carnon, il n’y avait plus rien. On ne pouvait avancer que par le chemin de halage. L’étang faisait vivre 2 000 pêcheurs en 1945, 80 pêcheurs en 1970 et 15 en 2014 44.

Lucinde ou L’Étang de l'Or (1925) : le choix entre deux femmes ou deux vies

Jean Soubeyre quitte Toulouse pour échapper à l’influence hautaine de Lucinde et s’installer dans la cabane achetée à Olive. Le cabanier Boulu lui propose son aide, ainsi que celle de sa petite-fille Marise, âgée de 15 ans.

Marise lui apprend la navigation sur l’étang. Amoureuse de Jean, elle se voit condamner à l’aimer à travers Lucinde. Jusque-là, elle vivait d’instinct, en continuel contact avec la nature. Accomplissant de grands progrès, Jean invite Marise à traverser l’étang, pour accomplir une excursion au Grand-Travers. Perspicace, la jeune fille lui dit qu’il aime encore Lucinde, en raison de sa distinction et de sa richesse.

Au cours de la fête solennelle des cabanes, le lundi de Pâques, Jean propose à Marise un tour de barquet. Il se rend compte alors qu’il la désire… Le lendemain, il refuse l’amour que lui propose Marise.

Éphémère harmonie : Marise et Jean vont ensemble à la messe à Mauguio. Marise continue à lui offrir corps et âme. Ne sachant qui choisir, Jean en devient injuste et méchant. Pour oublier son désir et son indécision, il va au sud pour razeter les taureaux. A l’extrême limite de la Pointe, il crie son amour pour Lucinde.

La dédicace : « A Lucinde et à Marise »
La dédicace : « A Lucinde et à Marise »

A chaque promenade, Jean se rapproche de Montpellier, où Lucinde est en vacances chez son oncle. Un jour, enfin en ville, il reconnaît Lucinde et agresse un charretier. De retour à l’étang, Jean, fiévreux, abandonne toute activité.

Pour s’occuper l’esprit, Jean participe à une course camarguaise. Occupé à regarder les jambes de Marise, Jean est renversé par un taureau. Le jeune homme ayant reçu précédemment une carte de Lucinde, Marise la prévient de cet accident. Lucinde se rend aussitôt au chevet de Jean. Afin de le reconquérir, cette jeune femme altière se présente humble, accablée et aimante.

Sa vie n’ayant plus aucun sens, le lendemain, Marise s’enfuit sur l’étang, par gros temps, en prenant un simple barquet. En péril, les cabaniers la retrouvent à la Pointe du Radel, l’asile naturel des naufragés. Blessée au genou, Marise est transportée à l’hôpital. Elle meurt de son amour non partagé.

« Pourtant, avec Marise Jean a connu l’étang, il a appris à entendre la vieille voix cassée qui monte de l’eau. Il a vu les aurores, les mirages qui déplacent l’entrée des graus, les lunes rouges, les lunes de cuivre repoussé pendues à des tapisseries d’étoiles. Un jour ils étaient descendus tous deux sur une rive couverte de chevelures de grattes cristallisées, fines nervures, fils d’argent embrouillés par les anges pour qu’on ne suive pas leur trace dans l’azur ; et la terre en était toute blanche. Marise en avait empli son barquet à ras bord. Il revoyait aussi les couchants sur l’Étang de Carnon, figé dans une léthargie lunaire, désolé comme ces notes de clairon jaillies le soir au fond des faubourgs ». 45

Hésitant entre deux destinées, Jean finit par accepter une « vie sans révoltes et sans analyses ». Après la mort de Marise, il peut quitter l’étang et rejoindre Lucinde à Montpellier.

L’Étang de l'Or (1945-1946) : un récit de la plénitude

Le résumé du livre est établi, à partir d’un synopsis de Gaston Baissette pour la Société des auteurs dramatiques en 1957 (A) et d’une adaptation de Madeleine Attal et Gaston Baissette pour la télévision en 1972 (B) :

Banlieue de Montpellier. Un jeune homme, interne dans une pension privée, est amoureux de la fille du directeur de la pension, Hermandine. Celle-ci lui préfère un autre élève, Couraud. (A)

Il part de chez sa grand-mère à Mauguio, pour rentrer à la pension à Montpellier, mais en cours de route, Racanil [surnom donné à l’enfant par les cabaniers] décide d’aller passer la journée près des pêcheurs de l’étang dont il admire le mode de vie. Il saute de la diligence et court vers l’étang. (B)

« C’est le petit matin, le soleil n’est pas encore levé. Racanil monte dans une barque et part seul pour la première fois traverser l’étang. L’aller se fait sans histoires, et Racanil aborde aux dunes de sable qui longent la mer. Mais la tempête se lève et la nuit vient. Le retour est dangereux. Racanil s’embarque malgré tout. Il va lutter contre les herbes, le vent, les remous ; des cris humains, des appels au secours vont s’ajouter à l’atmosphère de cauchemar qu’est en train de vivre le jeune garçon. Il est rejeté sur le rivage qu’il vient de quitter. Une seule solution s’offre à lui, abandonner la barque ; et c’est pas à pas, dans la vase qu’il retrouve la terre ferme. Il rejoint la pension, et nul ne soupçonnera son aventure. Dès lors, attiré par l’étang, il va rejoindre dès qu’il peut les cabaniers. » (B) « Adopté par eux, il s’intègre à cette vie si particulière à la fois contemplative et facétieuse, de ces hommes qui ont découvert un mode de vie en accord avec la nature de l’étang. » (B)

« Toutes les vacances vont retrouver Racanil à l’étang auprès des pêcheurs. Vont suivre une série de scènes :

— le repas d’anguilles au cours duquel Racanil est intronisé cabanier,

— la cabane de Pitié où Racanil va passer sa première nuit à l’étang,

— la leçon de Clairet, cet homme qui connaît le chant des oiseaux et en a tiré une méthode vocale. Clairet musicien devient le grand ami de Racanil ; grâce à lui, l’enfant va mieux comprendre les richesses musicales et l’harmonie de l’étang. Au cours des ans, Racanil va se fortifier au contact de ces hommes simples et primitifs. Adolescent, il découvre que l’étang lui apporte une règle de vie valable et que la solitude peut être un bienfait. » (B)

« Un jour, en explorant l’étang, il entend une musique et arrive à une maison où il aperçoit à travers la baie une femme qui joue du piano et chante. Rencontre et amour des deux personnages. » (A) La mort imprévue de sa grand-mère mettra fin à cette « rencontre insolite et éphémère avec son premier amour ». (B) Il a alors 16 ans.

« Quand il revient, la maison est abandonnée et il ne retrouve jamais l’héroïne. La maison et les roseaux de l’étang restent comme un symbole de la solitude. » (A)

Différences entre 1925 et 1945

Le titre : « Lucinde ou L’Étang de l’Or » en 1925, seulement « L’Étang de l’Or » en 1945. Dans la version de 1945, l’étang est plus important que l’amour. En 1925, Lucinde, qui donne son nom au roman, va dominer Jean. En 1945, Geneviève, son premier amour, lui apporte la réconciliation avec soi-même et le sens de la liberté.

La temporalité : en 1925, l’action se déroule en quelques mois, tandis qu’en 1945 l’histoire s’étire sur plusieurs années.

La dédicace : « A Lucinde et à Marise » : en 1925, ce sont ses deux amours entre lesquels il doit choisir… En 1945, il offre son livre plus sagement « A ma mère ».

La structure du roman : en 1925, les 190 feuillets sont répartis entre deux parties et 19 chapitres, tandis qu’en 1945, le roman est composé en une seule partie et 13 chapitres.

Le début du roman : le livre commence en 1925 par l’exhortation à un âne lors de l’arrivée de Jean Soubeyre à l’étang. Pour Gaston Baissette, les ânes et les chèvres sont les « animaux fantastiques de l’enfance » 46. En 1945, le narrateur évoque sa grand-mère à Mauguio, ses chats, la cabane vendue par son père.

La fin du roman : en 1925, Jean quitte l’étang pour la ville ; au contraire, en 1945, le narrateur revient à l’étang et va pêcher avec les cabaniers.

Les discriminations : l’opposition ville / campagne est plus nette en 1925 (« cette ville étant donc funeste », 2e partie, chapitre V) qu’en 1945. De leur côté, les distinctions sociales sont plus affirmées dans la première version : dans les deux cas, Jean et le narrateur sont des bourgeois, mais Jean aime Lucinde pour sa distinction et sa richesse 47.

Étang éternel (1925), étang vivant (1945) : deux conceptions véritablement différentes de la nature.

La « Nature immuable » 48 de 1925 : « Un rideau de peupliers, c’est une ligne de ratures dans une page de solitude ! Oui, ces terres basses, palus, claires et roubines, sont propices à notre élévation. Les âges passent sur elles sans les modifier. Dans quelques siècles, y aurait-il un peu plus de vases et un peu moins d’eau, l’étang gardera son même visage capricieux et intraitable. Ce pays n’offre point de prise à l’humanité. Aucun changement de culture, aucun effort d’ « embellissement » ne peut venir troubler son caractère. Il porte le signe de l’éternel. Entre tant de ciel et tant d’eau, la terre s’efface. L’homme se fait une juste mesure de sa petitesse. Dans cette immensité si affirmée, l’esprit tend vers sa plénitude, grâce à laquelle la Joie peut atteindre à la grandeur de la Mort » 49.

Au fil des années, la connaissance réelle de L’Étang de l’Or lui fait abandonner cette fausse idée d’une nature immuable, pour un étang vivant en 1945 : « Ce silence jamais assez silencieux pour ne pas laisser persister un bourdonnement de mer proche, cette immobilité jamais assez immobile pour ne pas permettre le glissement d’une ombre de carène, ce mirage obéissant, soumis à la constance des jeux physiques et à la permanence des retours, tout l’étang, ce bouquet de sons et de miroirs, c’était une chose vivante, qui avait eu son enfance de corail, sa jeunesse de chênes et de coquelicots, et dont m’émouvait le radieux déclin » 50.

De 1925 à 1945, ce pays de garrigue et d’étangs gagne en unité : « Comment en un tel raccourci deux pays opposés pouvaient-ils s’unir ? Les mœurs, les caractères, la végétation, le climat, tout était différent. Melgueil et Montaud s’ignoraient. Seules les propriétés communes de mes parents me permettaient d’établir un lien. Mais peu à peu, tous les ans, se fortifiait et se justifiait ma certitude : ces deux pays n’en faisaient qu’un, c’était le même corps. Poumons et ventre. Respiration et digestion. Échange perpétuel des fonctions qui leur donnait la vie. L’étang envoyait ses moustiques, la mer sa brise ; la garrigue, avec son pic Saint-Loup, réglait les climats, acceptait ou refusait les nuages, dépêchait en bas la pluie et le beau temps. » 51

Une philosophie de l’étang apparaît plus clairement en 1945 : « Il m’a donné le sens du risque, de la décision, et m’a conservé, pour que je puisse les utiliser dans le monde actuel, les sensations de l’être primitif qui disparaissent si facilement de l’enfance au contact d’une éducation sans relief : les joies sauvages de la faim, de la soif, de l’instinct de conservation, de la fatigue, du sommeil. Il m’a apporté un autre bien, la solitude. Pas la solitude, mais une certaine solitude, la bonne, la fertile, celle qui sème, qui circonscrit, qui ordonne, qui prépare à de nouveaux contacts humains. Pas la fuite, ni l’isolement, mais bien le recueillement, la détente, le repli, le durcissement avant un nouveau bond. Je commence à le discerner clairement, il y a une mauvaise et une bonne solitude, et cette dernière est le pôle nécessaire d’une alternance qui doit me ramener, plus conscient et plus fort, dans la foule » 52.

Permanence des choses vues

Avant d’approfondir trois thèmes (cabanes et cabaniers ; végétation ; oiseaux et poissons), contentons-nous de citer pour mémoire des éléments également identiques :

— l’explication du nom de L’Étang de l’Or (la monnaie d’or émise par les comtes de Melgueil, la couleur et la richesse naturelle de l’étang) ;

— l’apprentissage du barquet appelé négafol (noie-le-fou) ;

— les accidents mortels de jeunes gens dans les étangs, perdus dans les marais et bloqués par la vase dans leur barque ;

— la fête des cabaniers, le lundi de Pâques aux Cabanes.

Cabanes et cabaniers

— La Cabane en 1925 : « Bâties sur les mêmes données, il leur trouve un air de famille. On les dirait parentes. Sur l’aile riveraine, deux fenêtres de chaque côté d’une porte basse, leur composent un visage hermétique. Une lucarne est toujours percée sur l’aile opposée, afin d’embrasser d’un regard les palus et la masse scintillante des claires ; les clos, disent aussi les pêcheurs pour désigner ces lagunes sans échappées, où s’ébrouent à l’aube des bandes de colverts, de bernaches, de pîtres-plongeurs et de macreuses. L’entrée principale est toujours orientée vers l’étang cependant que la cabane oppose aux terres sa quatrième face hérissée de larmes de ciment, tourne le dos aux cultures. » 53 « La cabane d’Olive était rive droite. Les deux jeunes gens traversèrent donc le canal : lui s’accroupit dans la barque. La fillette déclencha le départ d’un brusque coup de jarret sur la berge, et bondit à genoux sur le pont arrière. Le barquet d’un jet droit piqua vers les rosets, aborda dans la crique : c’était une miniature de port, formé de trois tamaris en équerre reliés par des levées de terre battue ; il donnait abri à deux barquets, un négafol et une barque pontée et gréée qui pouvait affronter l’étang par haute tempête et jouer son rôle au moment de la traîne dans les pêcheries de la mer. Toute cette batellerie était la propriété de Jean, et ce pauvre jardin où finissaient de calciner quelques légumes ; et cette cabane, aussi : la Sienne ! » 54

Barquets sur le Salaison près de Mauguio
Barquets sur le Salaison près de Mauguio

En 1945 : « Quoi qu’il en soit, depuis des temps lointains, les pères de mes pères avaient eu la cabane. Elle était somptueuse. Elle comprenait une chambre, la pièce du batelier, la salle à manger, un « salon », un grand magasin à barques et une tonnelle fermée. Je l’estimais la vraie cabane. Et je n’étais pas loin de penser qu’il n’y avait pas plus beau au monde que le salon, avec ses deux hérons grandeur nature peints des deux côtés d’une glace oxydée par le sel. » 55

Le Cabanier

Déjà en 1925, l’enfant veut devenir cabanier :

— « Bon, tu veux être un cabanier. Vivre de chasse, de pêche ; à chaque jour sa nourriture. Soit. Mais c’est un rude emploi, qui demande l’apprentissage de toute une jeunesse. Oui, je sais, chacun dit çà de son métier ; mais le nôtre, ce qui le rend pénible, c‘est qu’il n’existe pas, en somme. Notre métier c’est la science de ne rien faire, çà se compose d’une foule de détails, de connaissances futiles et indispensables, et de quelle endurance ! Savoir prendre au collet le moment propice qui te permettra de bonnes heures de repos. Et de la prudence avec ça, car pour un nœud mal tourné tu peux voir ton capital s’en aller à vau-l’eau aussi léger qu’une plume de gafette. Sauras-tu, voyons, deviner de ton lit, dans le demi-sommeil, la coupe du vent, et connaître dès l’aube si le jour sera favorable à la chasse ou à la pêche, au filet ou à la cabussière, à l’étang ou aux Claires, aux anguilles ou aux mulets ? »

— « Je tâcherai. »

— « Sauras-tu partir à la lune poser sur l’étang les crochets, t’orienter si la nuit est velue et retrouver sans feux l’entrée du canal ? »

— « Je tâcherai. »

— « Sauras-tu jouer de la perche dans les petits fonds, tenir l’espère dans les flots, et sans relâche bricoler, remailler sanglons, cabussières, équilibrer les rames, goudronner, peler, cuistotter, recoudre les paillasses qui perdent la barbe ? »

— « Je tâcherai !, martelait Jean, et l’accent têtu en disait long sur son courage. »

Cabanes de Mauguio dites Cabanes du Salaison
Cabanes de Mauguio dites Cabanes du Salaison

— « Vois l’étang : tel que tu le juges, tout caillé, comme un lait de brebis avec la fleur de chardon, il est coléreux en diable, et ses petites lames mauvaises savent en retourner de plus fins que toi. Et si le grain te saisit au milieu de l’étang, t’arrache vergues mâture et gouverne, te pousse vers les fins fonds de la Caisse-de-Mort, là-bas, à quinze milles de nos cabanes, vers ces traînées où nul n’ose s’aventurer de soir, car il n’y a pas assez d’eau pour mener sa barque à la pique et juste assez de terre pour t’envaser jusqu’aux cheveux ? Ah !, le gai refuge ! Et toi que feras-tu pincé entre vase et tempête ? »

— « Je prierai les Dames de la Mer. » 56

En 1945, Boulou propose aussi que l’enfant soit sacré cabanier.

La végétation

Les Claires et les palus de 1925 : « Jean s’échappant de la clarté, courut ouvrir la lucarne percée sur l’ouest. Les lagunes, vastes nappes coupées de souches de tamaris, d’herbages et de broutilles, irradiaient depuis les rives de l’étang jusqu’aux confins de la plaine : les Claires ! Ce nom dont on les désignait souvent, comme il en sentait vivre l’ampleur à cette minute. Ce n’était partout qu’un long éblouissement violet, une coulée de soleil qui voulait s’isoler, prendre repos, là, parmi le silence, pour renaître après le coucher de l’astre, en des rougeurs étranges comme jaillies du cœur de la vase et des lustres d’eau. » 57 « Il marchait vers les Clos, sur ces terres pelées qui les bordent. Les végétations y rasent le sol, effacées sous la mélancolie de l’espace supérieur. Là règnent les salicornes grasses et les salinquées dont les linottes en janvier pillent les graines. Il marchait, affirmait sa cadence, prenait vigueur à mesure que le sol perdait sa force et se diluait en plaques pâteuses. C’était le palus maintenant, pâtis de roseaux et de vases, où se groupent les migrations en mouvement de départ, où les brises se changent en gémissements, et qui se mue doucement en marécages, en lagunes épanouies à fleur d’écorce sous une pluie d’azur. » 58

En 1945, « L’Étang de l’Or avait ainsi, avec sa faune et sa flore particulières, sa linguistique et sa phonétique semblables à celle des étangs voisins, mais déjà différentes. Il n’est pas possible de parler de lui sans lui rendre quelques-uns de ses mots qui sont vivants et précis comme ses mouvements et ses tapages bien à lui, comme ses couleurs. Lorsque les bords sont enchevêtrés dans un méli-mélo de broussailles, d’herbes, de vases inextricables, cela s’appelle la rastagagne. D’autres herbes au fil de l’eau sont des grattes, rêches comme des râpes, et elles nourrissent les macreuses. Le palus ici est bisexué et s’emploie au masculin comme au féminin, pour désigner les paludes. Derrière les cabanes, sur de vastes espaces, s’étendent des baisses, les terres au-dessous du niveau de la mer. Selon la saison, il s’y forme des clairs, nappes d’eau scintillantes, des sousouires, ou sansouires, étendues fendillées couvertes de sel ou de touffes de salicornes. Et le mot les habille bien, ces terrains nus ; on le sait quand on s’est couché sur le sol craquelé, parmi ces salicornes, plantes grasses et basses, articulées comme des pattes de crabe, mais lisses, mais translucides : le vent de fleur de terre des soirs d’été y glisse et vraiment il susurre et même dans les timbres en oû, quand il vient de l’est, il sousouire volontiers. Mais je ne puis m’attendrir ici sur ces vents bas qui ne dépassent pas la hauteur des touffes et dont la parole se réveille en moi dans les lieux et les conditions les plus inattendus. » 59

Les triangles (1925) : Marise coupa une poignée d’herbes criblées de vent :

— « Je les coupe, et elles ne gémissent plus.

— Tu les mets à l’abri de la vie.

— Ce sont des triangles, voyez. On les nomme ainsi car leur tige creuse forme un triangle. » 60

Etang de l'Or Mauguio
Etang de l'Or Mauguio

« Dès avril, les jeunes pousses des triangles affleurèrent au ras des berges et bientôt leur tige verte remplacerait les rousseurs du précèdent automne. Les dernières bécasses se groupèrent pour émigrer. La Pointe du Salaison, cette bande de terre nue entre les Cabanes et l’étang, couvrit ses sentiers de fleurs blanches. Les jonquilles galonnèrent les rives du canal. C’étaient de modestes touches de couleur, qui fanèrent doucement sur leur tige, car les cabaniers ne font pas plus de mal aux fleurs qu’aux hirondelles de terre. » 61

Les grattes (herbes de l’étang) : « La main au fil de l’eau, elle cueillait des girandoles, ou bien la plongeant à quelque profondeur, elle en ramenait des grattes, des varechs et autres herbes erratiques, visqueuses ou effilées, dont les graines nourrissent les macreuses, et qui s’agrippent aux carènes, aux quilles, au plat des rames, insidieusement. » 62

Les roselières : « Des hampes de roseaux grandies à tête d’homme coupaient la vue de l’étang, et sur toute la Pointe depuis les Cabanes jusqu’à ses rives faisaient onduler à six pieds du sol le gémissement de leurs aigrettes. Il fallait que la faux abattit ces fiertés, les empilât à grands tas sur les charrettes : la taille des litières était commencée, on la menait bon train. » 63

Les tamaris : « Les ramules de tamaris étaient pesantes de fleurs, dont les grappes à épis éclataient, lançaient dans le soir leur baume de vanille et de sel. Vers le ciel où mourront les soleils, un oiseau montait. » 64

Les staticées ou saladelles : « […] les staticées, qui changent de couleur au lieu de se faner, criblaient le sol de leur mille regards bleus » 65

Les narcisses : « Il chanta et ce fut le printemps. Le printemps apporta le loriot, le loriot apporta le printemps. […] Il sifflait avec ironie. Tous les matins à l’aube, le loriot m’éveillait. Lorsque le dimanche suivant, j’arrivai aux cabanes, les rives du canal, à perte de vue, étaient couvertes de narcisses. Ces tendres blancs et ce parfum, inconnus ici où rien ne porte le signe de la douceur, me jetèrent dans le désarroi. Je n’osais marcher, toucher ces fleurs, ce gazon éphémère. Tout était droit ; les roseaux, les triangles avaient rentré leurs épées. Derrière les narcisses, les vastes étendues de salicornes, entourant les clairs, gardaient leur transparence glauque où rien ne fleurissait jusqu’à l’étang, jusqu’à l’autre côté de l’étang, jusqu’à la mer, où je trouverais sans doute ces timides iris des dunes, frères des narcisses. Sur ces rivages sans printemps, j’admirais l’effort des végétations pour composer avec le climat, improviser de hâtives parures. » 66

Quelques oiseaux et poissons

Les gafettes : « Ce sont des gafettes, disait Marise, les mouettes de notre étang. Elles sont petites et craintives. C’est notre neige, à nous. » 67

La macreuse : « Nous mangeâmes en commun la soupe d’anguilles ; la table était placée contre le mur ensoleillé ; il y eut encore un civet de macreuse. La macreuse, qu’on appelle aussi foulque, est ce palmipède tout noir qui tient du canard et de la poule d’eau. Ce gibier pullule dans l’étang et il est savoureux quoi qu’on en puisse dire, lorsqu’il s’est nourri de graines aquatiques ; mais il faut, sans le peler, le préparer comme un lapin. Ce fut un régal. Je me souviens toujours de ce premier repas d’enfant libre. » 68

Dans les deux versions du livre, les macreuses sont chassées aux sifflets ou caramelles.

Le muge (poisson) : « Dans le canal des Étangs, les pêcheurs au globe tournaient leurs moulinets. L’on voyait émerger de l’eau les grands filets carrés qui prenaient plus de reflets que de poissons. Et tout se passait dans ce bruit ouaté que fait le contact des objets terrestres avec l’eau des canaux. Je courais, jambes nues, dans les estagnols ; je voyais l’eau jaune s’écouler rapidement hors des étangs, par les étroits passages où les poissons se précipitaient. C’est dans un de ces passages que je calais ma barque, en travers. Les muges ne passent jamais sous la barque, mais sautent par-dessus. La pêche, qui était une chasse, consistait à frapper le muge d’un coup de rame lorsqu’il était hors de l’eau. C’était là une sorte de jeu de raquette ou de battoir, et l’enjeu frappé au cours de sa trajectoire aérienne était un poisson. Singularité de ces parages où la pêche se faisait parfois dans l’air, la chasse sous l’eau. » 69

L’anguille disparaît en cas de malaïgue : « La pêche n’est pas bonne. C’est la faute à la malaïgue, la mauvaise eau, qui fait fermenter les vases et chasse l’anguille vers d’autres fonds ». 70

Un hymne à la nature

Selon Frédéric-Jacques Temple, c’est un roman poétique aux senteurs de la Méditerranée :

« Méditerranéen, il confondait dans une même passion son pays natal et la Grèce dont il avait eu très tôt l’éblouissante révélation. Humaniste de plein vent, Gaston Baissette nous a laissé une œuvre qui fleure l’iode, le cade et le thym. Sa voix s’accorde au bruissement des roselières où les oiseaux de mer répondent au vent. » 71

Son rêve : que l’homme devienne le protecteur de la nature !

Entre 1925 et 1945, Gaston Baissette comprend progressivement que la nature soi-disant immémoriale est profondément modifiée par les hommes. Dès 1962, il évoquait à la radio ce combat à l’intérieur de l’Homme entre le progrès moral et la volonté d’autodestruction. Si l’Homme acquiert une certaine maturité, il peut devenir le garant de l’harmonie de la planète 72.

Dans L’Étang de l’Or, Gaston Baissette nous dit ressembler davantage au chat sauvage de sa grand-mère qu’au chien fidèle du cabanier : « Plutôt qu’au chien du cabanier qui glapissait la gamme de ses sentiments lorsque son maître partait sans lui sur l’étang, je ressemblais au chat sauvage de ma grand-mère, qui cachait derrière des yeux ronds et fixes ses désirs, ses souffrances et parfois ses besoins de caresse. Si j’évoquais mes grands modèles, plutôt qu’à Diderot qui pouvait en public pleurer, éclater de rire, disserter, embrasser, se jeter à genoux, je croyais ressembler au sombre Rousseau avec moins d’amertume, au silencieux La Bruyère avec moins de sagesse. » 73.

Les illustrations sont tirées de Gaston Baissette, L’étang de L’Or : roman.
Photographies de l’auteur. Lausanne, La Guilde du livre, 1946.
Edition hors commerce réservée aux membres de La Guilde du livre.
La dédicace appartient à la collection privée de Gaston Baissette.

NOTES

1. Georges Dezeuze, Écrit le Dimanche, Montpellier, les Presses du Languedoc, 1986, p. 148.

2. Jacques Gaucheron, « Gaston Baissette, un poète », Souffles, n° 196/197, 1er trimestre 2002, p. 96.

3. François-Bernard Michel, « Hippocrate à Montaud », Septimanie, octobre 2001, p. 34.

4. Les Rêves perdus de Gaston Baissette, réalisation Paul Vente, RTF, 1962, Le Bureau des rêves perdus de Louis Mollion.

5. Dernière biographie préparée par Gaston Baissette, été 1977.

6. Ibid.

7. L’Étang de l’Or, p. 6.

8. Docteur Jacques Guthières, «   Gaston Baissette et la place de la médecine dans son œuvre », Histoire des sciences médicales, vol. 13, n° 2, 1979, p. 152.

9. L’Étang de l’Or, dossier préparatoire.

10. Copie de sa lettre à Lisette, 26 juillet 1929.

11. Lettre de Paul Valéry à Gaston Baissette, 19 juin 1932.

12. Gaston Baissette, Hippocrate, Paris, Bernard Grasset, 1931, p. 158.

13. Sud Radio, 1974, émission du jeudi, invité Gaston Baissette à l’occasion de la sortie du film Ces Grappes de ma vigne.

14. Georges Dezeuze, Écrit le dimanche, op. cit. p. 148.

15. André Fraigneau, Le Miracle amical : Val de Grâce ; Les Voyageurs transfigurés, Ed. du Rocher, 1998, p. 125-126.

16. Michèle Sarde, Vous, Marguerite Yourcenar : la passion et ses masques, Robert Laffont, 1995, p. 128.

17. Gaston Baissette, « Le Retour aux mythes », Cahiers du Sud, juillet-août 1939, p. 126.

18. Gaston Baissette, Les Poètes et les cosmogonies, Paris, Seghers, 1953, p. 53.

19. Dernière biographie…

20. Gaston Baissette, « La poésie fleuve souterrain », Europe, n°543-544, juillet-août 1974, p. 67-72.

21. Louis Parrot, L’Intelligence en guerre : panorama de la pensée française dans la clandestinité, Paris, La Jeune Parque, 1945, p. 114.

22. Attestation du Docteur Jean Garipuy, secrétaire général du Comité médical de la Résistance, 31 mai 1945.

23. Gaston Baissette, « La Poésie fleuve souterrain », Europe, n°543-544, juillet-août 1974, p. 70-71.

24. Gaston Baissette,   « Diderot » in Domaine Français : un manifeste des lettres d’aujourd’hui, Messages, 1943, Genève, Éditions des Trois Collines, IV, p. 285-296, et p. 291 pour la citation.

25. Annonce du catalogue 1948 des éditions LUF Walter Egloff.

26. Frédéric-Jacques Temple, Notes préparatoires concernant l’exposition Gaston Baissette de 1978.

27. Lettre de Georges Duhamel à Gaston Baissette, 18 avril 1950.

28. Gaston Baissette, Ce pays de Montpellier, Montpellier, Éditions Causse et Cie, 1970.

29. Gaston Baissette, Ce Pays de Montpellier, op. cit., p. 214.

30. Gaston Baissette, Le Vin de feu, Paris, Julliard, 1974, p. 151.

31. Louise Espinasse-Mongenet, Présentation du poème A ma garrigue de Gaston Baissete, La Jeune poésie de la revue Feuilles au vent, n°2, décembre 1925, p. 14.

32. Lisette Arnaud, « L’Adieu à Gaston Baissette », La Dépêche du Midi, jeudi 19 janvier 1978.

33. Lettre de Lisette Arnaud à Jacqueline Baissette, 27 octobre 1980.

34. Émile Chauffard, Le Bouquet de saladelles, Paris, Éditions des Portiques, 1934.

35. L’art du théâtre latin de régler le mouvement des mains et des doigts avec une action ou une émotion précise.

36. Gaston Baissette, « Les Cabanes de Mauguio », L’Éclair, 6 septembre 1935, (extrait).

37. Préface de Max Chaleil, Gaston Baissette, L’Etang de l’Or, Montpellier, Les Presses du Languedoc, 1980, p. XI.

38. Gaston Baissette, « Printemps aux Cabanes », Bulletin mensuel de La Guilde du livre, n° 6, juin 1948, p. 149.

39. Avant-note de l’édition de Lausanne de 1946.

40. Gaston Baissette, L’Étang de l’Or, Lausanne, La Guilde du livre, 1946, p. 127-128.

41. Gaston Baissette, Lucinde ou L’Étang de l’Or, tapuscrit inédit, feuillets 6 et 7.

42. Gaston Baissette, L’Étang de l’Or, op. cit., p. 129 et Lucinde ou L’Étang de l’Or, op. cit., feuillet 7.

43. Béatrice Mousli, Philippe Soupault, Flammarion, 2010, Grandes biographies, p. 258.

44. L’Étang de l’Or, p. 193, et émission de France Inter.

45. Gaston Baissette, Lucinde ou L’Étang de l’Or, op. cit., feuillets 186-187.

46. Les Rêves perdus de Gaston Baissette, réalisation Paul Vente, RTF, 1962, Le Bureau des rêves perdus de Louis Mollion.

47. f°. 86 et f°. 107.

48. Feuillet 91.

49. Feuillets 62 et 63.

50. p. 161-162.

51. p. 100.

52. p. 108-109, et également p. 95-96.

53. Feuillet 11.

54. Feuillet 23.

55. p. 13.

56. Feuillets 16 et 17.

57. Feuillet 27.

58. Feuillet 28.

59. p. 41.

60. Feuillet 54.

61. Feuillets 64-65.

62. Feuillet 60.

63. Feuillet 109.

64. Feuillet 132.

65. 1945, p. 154.

66. p. 53-54.

67. 1925, feuillet 60.

68. 1945, p. 42-43.

69. p. 88-89.

70. Gaston Baissette, L’Étang de l’Or, Montpellier, Les Presses du Languedoc, 1990, p. 115.

71. Frédéric-Jacques Temple, « Gaston Baissette », Montpellier mille ans de littérature, Montpellier, Pierre Entailles, 1985, p. 21.

72. Les Rêves perdus de Gaston Baissette, réalisation Paul Vente, RTF, 1962, Le Bureau des rêves perdus de Louis Mollion.

73. L’Étang de l’Or, version de 1945, p. 66.