Fontcaude, établissement thermal du XIXe siècle

* Recherches réalisées dans le cadre de la licence professionnelle
Architecture ancienne et Techniques de Réhabilitation
sous la direction de Thierry Verdier et Hervé Nicolas.
marieortigosa34@gmail.com

Le thermalisme est un phénomène-clef1 du XIXe siècle. La bourgeoisie française, à l’imitation des Anglais à la fin du XVIIIe siècle, s’adonne alors de plus en plus à la villégiature. Elle invente des lieux déclinés sous plusieurs formes dans lesquels s’inscrit la villégiature thermale. Cette dernière devient, au-delà d’une simple cure, un rituel social s’exerçant dans un espace public sur lequel va se déployer la théâtralité des positions. Un bâtiment de bains publics exige une construction particulière 2 qui doit être à même de répondre à sa fonction première, assurer et faciliter les services des eaux. La partie ornementale doit se subordonner à la partie fonctionnelle. L’établissement exige d’être à proximité de la source, d’avoir une bonne exposition, un accès facile et une distribution intérieure commode.

La distribution des thermes antiques repose sur un parcours précis : tepidarium, caldarium, frigidarium. À l’inverse les bains modernes ne présentent rien de comparable malgré la conservation, pour certains édifices, de promenoirs. À la place des grandes salles communes, on trouve des baignoires enfermées dans des cabinets, quelques piscines dédiées à des soins particuliers et, comme seuls lieux communs, des salons et des espaces de déambulation. Le parcours n’est pas du même ordre. Les bains antiques sont décorés dans la plupart des salles des thermes. Dans les bains modernes, les architectes doivent limiter « leurs citations à des espaces non déterminés par la spécificité des soins et propices au décor » 3, soit la façade principale et le hall. Ces conseils se retrouvent appliqués à Fontcaude où le décor se développe seulement à l’extérieur.

Si l’architecte joue un rôle dans la construction du bâtiment, les curistes priment dans la mise en scène. Entre villégiature et cure, la bourgeoisie crée un nouveau rituel thermal directement inspiré des mondanités de l’aristocratie. Mais désormais, cette nouvelle société investit un nouveau type de bâtiment : l’hôtel. L’abonnement aux spectacles, l’utilisation des salons ou encore des cabinets littéraires sont intégrés aux frais obligatoires de la cure et les guides les détaillent et les vantent. La vie thermale se concentre sur l’établissement et quelquefois sur l’hôtel, proche des bains.

Dans son ouvrage sur les Thermes romantiques, bains et villégiatures en France de 1800 à 1850, Dominique Jarrassé nous présente des lieux de villégiatures construits en France durant la première moitié du XIXe siècle. Certains bâtiments sont encore visibles, tel le domaine thermal de Fontcaude, à Juvignac dans l’Hérault. La plupart ont été construits sur le site d’anciens bâtiments romains, contrairement à celui de Fontcaude élevé sur les hauteurs de Juvignac vers 1844. Les travaux y sont effectués dans le but d’exploiter la source chaude dite de La Valadière. Le domaine de Fontcaude était relié autrefois à Montpellier par celui de la Paillade, aujourd’hui golf international. De ce domaine, on ne connaît que des descriptions dans les traités de médecine ou bien les relevés de Jean-Marie Amelin.

Cet article propose d’étudier le bâtiment en insistant sur sa particularité dans l’histoire du thermalisme du XIXe siècle. À Fontcaude, il est seulement question d’un établissement thermal accueillant des baigneurs et d’un système hôtelier permettant à des malades étrangers, au sens contemporain du terme, de loger sur place pendant le temps de leur cure. Quels sont alors les avantages d’un tel bâtiment ne puisant pas son origine dans les temps antiques tout en ne se détachant pas pour autant de cet héritage ? Quelle est la nécessité d’un tel établissement dans une région déjà très équipée en matière de stations balnéaires ?

Aux prémices de ce que l’on appellera l’architecture thermale, il est nécessaire de définir ce qui la caractérise et d’observer si ses principes ont été appliqués lors de la construction de Fontcaude en tenant compte bien sûr des exigences du médecin inspecteur des eaux. L’étude historique est la base de l’étude architecturale puisqu’elle rend visible et lisible les différentes influences sociales de Fontcaude, présentes dans le traitement architectural de l’établissement. Nourri de nouveautés et d’héritages locaux, l’établissement thermal présente une architecture à la fois sobre et élégante au moment d’un néo-classicisme grandissant sous Napoléon III.

Le domaine de Foncaude / Fontcaude

Historique du domaine

Les premières traces de civilisation sur les terres de l’actuel domaine de Fontcaude remontent à l’Antiquité et témoignent plus précisément d’une occupation celte. La découverte près de Fontcaude d’un autel votif 4 dédié au dieu gaulois de la nature, Sucellus, atteste de la présence humaine depuis au moins 2000 ans. Nous trouvons ensuite la source de Fontcaude au VIIIe siècle. Jean-Marie Amelin nous apporte la preuve de l’existence de la source dès cette époque dans ses Voyages pittoresques à travers l’agglomération de Montpellier5. C’est sur une pierre du chœur de l’ancienne église de Juvignac qu’il relève une inscription datant de la victoire de Charlemagne sur les Sarrasins vers 792 : « Gloriosissimus dominus imperator Carolus est consecraret memoriam victoriæ quam die Sanctæ Crucis exaltatæ de Sarracenis […] monachis monasterii anianensus as Augusto piatæ etiam constructi donavit propre fontani agricolæ […] ». Ce texte précise la construction de ladite église et la donation au monastère d’Aniane d’un lieu-dit « fontani agricolæ ». Pour Jean-Marie Amelin cette appellation désigne la source de Fontcaude.

En 1571, la terre de La Mosson est érigée en baronnie par lettres patentes du roi Charles IX. Elle englobe notamment la seigneurie de La Valadière alors distincte de celle de Fontcaude.

C’est Étienne de la Tour de Bucelly 6 qui vend la baronnie en 1671 à François de Béchérand. La seigneurie de Fontcaude est quant à elle dans le patrimoine des Saint-Felix, barons de Mauremont 7, depuis la fin du XVe siècle. À la mort du seigneur Philippe de Saint-Felix, la seigneurie reste indivise entre ses deux enfants, François et Dorothée, et passe ensuite dans le patrimoine de la famille de La Roche. Ce n’est qu’en 1719 que Fontcaude devient propriété du baron de La Mosson. À la mort de Joseph Bonnier fils en 1744, l’ensemble des propriétés 8 entrent dans le patrimoine de la famille de Castelmore. Les 5 septembre et 18 octobre 1759, deux arrêts du Conseil autorisent en France l’industrie des toiles peintes plus communément appelées « indiennes ». On sait que de nombreux ateliers se développent dans le sud de la France. C’est dans ce contexte industriel que Mme de Castelmore loue en 1761 le domaine de Fontcaude à Jean Granier 9 pour six ans afin de mettre en place une manufacture. Deux ans plus tard, la fabrique de toiles indiennes passe sous la direction d’un certain Vidal et de son associé Leclerc, ancien coloriste de la fabrique de la Mosson. On sait que la fabrique de Fontcaude a fonctionné au moins de 1764 à 1768. Le témoignage de cette industrie est encore visible par la présence des cuves de teinture toujours habillées de leurs carrelages vernis. (fig. 1)

Vue des cuves de teinture pour les indiennes
Fig. 1 - Vue des cuves de teinture pour les indiennes.

En 1786, le comte de Castelmore dépose le titre de baron de La Mosson, ayant vendu le domaine onze ans plus tôt à Guillaume Louis Boudon, avocat de la ville de Montpellier. En 1785, Joseph Carrère 10 publie un Catalogue raisonné des ouvrages qui ont été publiés sur les eaux minérales en général et sur celles de la France en particulier avec une notice 11 de toutes les eaux minérales de ce Royaume et un tableau des différents degrés de température de celles qui sont thermales. Au chapitre des Eaux minérales, on trouve, au diocèse de Montpellier, « dans la campagne et à une demi-lieue de cette ville, une source minérale appelée Fon-Caude c’est-à-dire Fontaine-chaude. Elle est thermale 12 ». C’est ensuite Jean Joseph Raymond Martin-Portalès qui devient propriétaire du domaine de Fontcaude en 1813, et le 25 mars de la même année, sa fille, Suzanne Joséphine Eugénie Martin-Portalès, vend à Jacques Eugène Rouché « un domaine appelé Foncaude et La Valadière comprenant tous les immeubles que Mme Veuve Durand possède sur le terroir de la commune de Juvignac, canton de Montpellier, de contenance d’environ cent quatre-vingt-cinq hectares consistant en maisonnages […] et en une source d’eau thermale » 13. En 1839, Eugène Rouché, désirant exploiter la source thermale, adresse une lettre au ministre de l’Agriculture et du Commerce, par l’intermédiaire de M. Roulleaux-Dugage 14 alors préfet de l’Hérault. Intervient par la suite un arrêté ministériel du 30 juin 1846 qui autorise M. Rouché « à livrer au public, en bains ou en boisson, les eaux de la source minérale de Foncaude dont il est propriétaire ». Après seulement dix ans d’exploitation, Eugène Rouché décide de fermer l’établissement thermal et ce malgré les bons résultats constatés. Le Conseil général de l’Hérault, dans ses Rapports et délibérations de l’époque, s’étonne chaque année depuis 1858 15 que l’établissement soit « délaissé par son propriétaire qui n’aurait pas trouvé […] des bénéfices suffisants dans son exploitation ». À partir de 1860, le Conseil constate chaque année que l’établissement reste fermé et que le propriétaire ne fait aucun sacrifice pour garder ouverte au public une source efficace et qui n’aurait pas tardé à acquérir une légitime réputation 16.

En ce milieu de XIXe siècle, la vigne s’empare de la plupart des terrains cultivables et déjà sur le domaine de La Paillade, voisin de celui de Fontcaude, les récoltes génèrent de solides revenus. En pleine période du phylloxéra, les Rouché possèdent une soixantaine de jeunes vignes reconstituées. La cave renferme vingt foudres dont treize ont des contenances supérieures à 290 hl et peuvent ainsi mettre en réserve dans le domaine près de 4 500 hl de vin. Parallèlement à cette activité viticole et vinicole, c’est toute une activité agricole qui se développe à Fontcaude et ce jusqu’au début du XXe siècle. Aujourd’hui, la grange conserve les dernières traces de l’activité vinicole, deux pressoirs, un foudre ainsi que quatre cuves, en ciment armé, construites vers 1897 par l’ingénieur-constructeur montpelliérain Jean Thuile. Le 6 janvier 1906, Albert Rouché devient l’unique propriétaire du domaine et son fils en hérite en totalité en 1945. Son frère, Jacques Rouché, décédé célibataire, désigne comme héritière universelle en toute propriété Yvonne Jeanne Renée Boileau de Castelnau, veuve Walcker. En 1986, c’est la commune de Juvignac qui devient propriétaire du domaine de Fontcaude s’étendant sur 180 hectares de bois, landes et vignes.

Une source thermale connue et reconnue

Dès le début du XIXe siècle, la source thermale de Fontcaude est reconnue pour ses vertus. Déjà en l’an XI (1802), les Annales de la Société Pratique de Montpellier publient une étude sur la nature des eaux de Fontcaude réalisée par le docteur Joyeuse. Deux ans plus tard, en l’an XIII (1805), c’est sous la plume du professeur Vigarous de l’école de Médecine de Montpellier que renaît la source thermale sous forme d’une Notice sur les eaux thermales de Foncaude publiée dans le Bulletin de la Société libre des Sciences et des Belles-Lettres de Montpellier. Dans cette notice et d’un point de vue médical, le professeur Vigarous souligne l’efficacité 17 des eaux de Fontcaude « dans les affections rhumatismales et dans certaines maladies de la peau » ou « d’affection dartreuse ». Les conclusions du professeur seront reprises à la fois dans la thèse soutenue en 1809 à la faculté de médecine de Montpellier par Auguste Saintpierre 18 et dans un ouvrage sur les eaux minérales de France écrit par Philibert Patissier 19, docteur en médecine.

La plus grosse étude réalisée en 1851 sur la source de Fontcaude est celle d’Eugène Bertin 20, médecin inspecteur de ces eaux. Sous forme de rapport, il organise son argumentation suivant plusieurs chapitres. Dans un premier temps, il présente un historique du domaine et des différentes évolutions des constructions des bains. Ce rapport est précieux : il nous informe de la construction des bains primitifs puis des transformations effectuées sur ce bâtiment par M. Rouché et par la suite de la construction du bâtiment thermal actuel par Omer Lazard. M. Bertin développe ensuite toute une partie consacrée à l’étude physique et chimique des eaux et termine son rapport par une énumération de témoignages de guérisons suivant les différents cas de maladies et de traitements permis par la source. Ces études scientifiques du XIXe siècle s’enrichissent encore de nos jours par des mémoires ou thèses d’étudiants de la Faculté de Médecine de Montpellier.

Objet de nombreuses publications dans les ouvrages médicaux en France, la source de Fontcaude était reconnue pour ses vertus médicales. Les curistes comptent quelques personnages célèbres des XVIIIe et XIXe siècles. Ainsi, à la fin de l’année 1784, Charles Bonaparte arrive à Montpellier accompagné de son fils ainé Joseph. Le père de Napoléon devait en réalité effectuer un séjour à Paris mais, étant très souffrant, il doit s’arrêter dans la ville d’Aix-en-Provence pour se rendre enfin à Montpellier, recommandée comme la « patrie des sommités médicales » 21. Un des Bulletin de l’Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier fait état du séjour de Prosper Mérimée à Fontcaude dans l’année 1868. C’est lui-même qui nous fait le récit de sa cure dans une lettre du 20 avril 1868 22 adressée à une inconnue et rapportée par M. Bel 23 lors de la tenue de la séance du 10 février 1933 de la Section des Lettres. Outre Prosper Mérimée et Charles Bonaparte, Félix Chanliau (historien de Juvignac) signale en 1975 dans son étude sur Juvignac que Fontcaude a reçu aussi la visite de la princesse Adélaïde de Holstein Glucksbourg et que cette dernière a témoigné de sa guérison dans une lettre envoyée à la principauté de Schaumbourg Liffe 24.

Fontcaude n’a pas accueilli que des personnages célèbres. Il est ici impossible de rendre les multiples témoignages de guérisons rapportés à la fois par Joseph Vigarous et Eugène Bertin. Dans certains cas, le nom même des curistes n’est pas mentionné ; le but des rapports étant uniquement de rendre les résultats médicaux. Il ne serait pas justifié de présenter ici des résultats de guérisons. Il est seulement intéressant de souligner que la source de Fontcaude est efficace dans le traitement de l’acné, des douleurs respiratoires, des rhumatismes et autres maladies chroniques 25 détaillées avec succès par M. Bertin dans son rapport sur les eaux. L’ensemble des informations concernant la source est repris dans les journaux – dans le Courrier du Midi des 25, 27, 29 mai 1857 et dans l’Écho du Midi des 26, 28, 30 mai 1857 – pour faire la réclame de Fontcaude 26. On peut également y lire les périodes d’ouvertures et les horaires de départ des omnibus réalisant la liaison Montpellier – Fontcaude.

Réclame pour les bains de Fontcaude, publiée chez Boehm, Montpellier
Fig. 2 - Réclame pour les bains de Fontcaude, publiée chez Boehm, Montpellier.

L’année suivante, c’est l’Indépendant qui en fait à nouveau la publicité dans ses numéros du mois de mai. La réclame 27 (fig. 2) précise que « les omnibus partent tous les jours, matin et soir, à toute heure de chez Monsieur Rouché-Cambon, rue Salze 28, près de la Croix de la Mission au Peyrou ». Ces mêmes informations sont reprises sur les étiquettes des bouteilles d’eau de Fontcaude (fig. 3) qui sont commercialisées et dont quelques rares exemplaires sont encore conservés de nos jours par M. Philippe Walcker, petit-fils de Mme Walcker, dernière propriétaire du domaine.

Étiquette des bouteilles d’Eau de Fontcaude, © Philippe Walcker
Fig. 3 - Étiquette des bouteilles d’Eau de Fontcaude, © Philippe Walcker.

Fontcaude avant Omer Lazard, architecte montpelliérain

De 1820 à 1848, Jean-Marie Amelin (dessinateur et voyageur du XIXe siècle) effectue des relevés et note quelques observations, à propos de certains monuments français. Dans cet esprit, il publie alors les Vues pittoresques du département de l’Hérault (1820-1848), un fonds composé de 2477 gouaches, aquarelles, dessins à la mine de plomb ou à la plume et lavis. Parmi ces documents, certains concernent le domaine de Fontcaude. Jean-Marie Amelin a aussi effectué quelques relevés des bains primitifs. Ces dessins, réalisés à l’encre et sépia sont datés de 1822 ; ils ont été repris et modifiés en 1837. Le premier dessin 29 représente le projet abandonné des bains ; nous pensons qu’il s’agit plutôt d’un dessin préparatoire de Jean-Marie Amelin. Sur le second dessin 30, on voit les aérations dans la voûte qui permettent à l’air de circuler. Aujourd’hui le puits conduisant à la source a été entièrement bétonné pour des questions de sécurité. Amelin nous propose une description assez fidèle du bâtiment primitif avant la transformation des piscines en baignoire par Eugène Rouché. Il évoque les « grands bassins entourés de bancs très convenablement disposés ». Ces bains sont « renfermés dans un bâtiment et précédés de deux salles ». Cette disposition n’est plus visible aujourd’hui, seules les modifications réalisées par M. Rouché témoignent de l’activité thermale de ce bâtiment. (fig. 4)

Vue des anciennes baignoires des thermes primitifs.
Fig. 4 - Vue des anciennes baignoires des thermes primitifs.

À ce jour, il existe très peu de publications sur les premiers thermes construits à Fontcaude. Hormis les relevés de Jean-Marie Amelin, les seules descriptions connues se trouvent dans les traités de médecine publiés au début du XIXe siècle. M. Vigarous y précise qu’il n’existe aucune construction imposante autour de la source mais simplement un « petit puits carré d’environ deux pieds sur toutes les faces » et que ce puits est « surmonté d’un dôme ouvert » 31. Plus loin, dans ses études menées sur le site, il rapporte qu’il a introduit la main dans « la capacité formée par le dôme », ce qui indiquerait que le volume formé par ce dôme ne devait pas être très important. Il ne peut s’agir ici que d’un conduit d’écoulement qui conduirait à un bassin comme le précise M. Vigarous. À la fin de la notice, il signale que des bâtiments thermaux ont déjà été construits sur le site de Fontcaude. Ces bains, Eugène Bertin en parle dans son étude sur les Eaux minérales acidules thermales de Foncaude. Il révèle surtout les aménagements réalisés par M. Martin-Portalès 32 dont le but est de réparer d’anciennes constructions presque entièrement en ruines afin de les disposer de manière plus correcte. Le bassin, cité précédemment par M. Vigarous, est alors recouvert d’une voûte. À l’intérieur, au moyen d’un mur de séparation, deux piscines sont aménagées, distinctes, d’un volume assez vaste. D’après M. Bertin, chacune de ces piscines reçoit les eaux de la source et est précédée d’un salon particulier. Quatre ouvertures permettent l’aération de l’espace voûté. Ces différents témoignages situent donc la construction des premiers bains entre la fin du XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe siècle. Le bâtiment est encore visible à Fontcaude de nos jours près du bâtiment construit en 1846. En même temps que M. Rouché fait construire les nouveaux thermes, il construit un hôtel pour loger les curistes désireux de résider sur place. Ce bâtiment toujours visible est le témoin de l’activité thermale de Fontcaude de 1846 à 1856 ; il est aussi le témoin des différentes activités présentes au cours des siècles sur le domaine.

Si, aujourd’hui, ces bâtiments sont à l’abandon 33, ils étaient en 1975 en parfait état de conservation comme en témoigne le film du réalisateur Serge Friedman 34, Un mari c’est un mari (1976), tourné sur place. L’hôtel est construit vers 1845 à la demande des baigneurs afin de pouvoir « habiter, pendant le traitement, le séjour si délicieux de Fontcaude ». Eugène Bertin atteste dans son étude que le bâtiment est des plus salubres et qu’il « renferme un grand nombre de chambres spacieuses, aérées, et de vastes salons » 35. Cet hôtel était alimenté par les eaux de la source de la Fontaine d’Escale située en amont et irriguant l’ensemble du domaine au moyen de rigoles en pierre qui sont encore visibles de nos jours, témoignant du trajet effectué par l’eau. L’ensemble de la colline est irrigué à la fois par ces couloirs d’eau et par tout un réseau souterrain : un puits et sa roue sont les seuls vestiges de cette période. (fig. 5)

Le bâtiment se développait à l’origine selon un plan en « L », les deux ailes étant destinées à l’accueil des curistes. Des deux ailes, une seule était en état avant la destruction du bâtiment par la mairie de Juvignac. Elle se développait sur deux niveaux. En rez-de-chaussée subsistaient les vestiges de la cuisine ainsi que le salon tandis qu’au premier étage se trouvaient les chambres.

Vue du domaine hôtelier de Fontcaude, carte postale, 1913, © Philippe Walcker
Fig. 5 - Vue du domaine hôtelier de Fontcaude, carte postale, 1913, © Philippe Walcker.

Le plancher était en très mauvais état. L’accès à l’étage s’effectuait grâce à un escalier tournant à droite à deux volées droites 36 encore en place mais impraticable. Dans la cuisine, les revêtements de carrelages sont encore présents de même que les meubles de service. Les plafonds du salon et des pièces du rez-de-chaussée sont effondrés et leur accès est très difficile. L’étage, pour sa part, est inaccessible. Construit sur la petite colline dominant le pavillon, l’hôtel offrait une vue cavalière sur l’ensemble des terres aux alentours : le vignoble de la Paillade, les bosquets de Caunelle et de la Mosson. L’environnement de l’hôtel avait été aménagé pour offrir aux pensionnaires le plaisir des sens. Une allée de mûriers, derniers témoins de ce que fut l’industrie de la soie au XVIIe siècle, accompagnait les baigneurs de l’hôtel à l’établissement thermal.

Le bâtiment actuel, témoin de la grandeur du XIXe siècle

Michel Laurent Saint-Omer Lazard, architecte montpelliérain

Michel Laurent Saint-Omer Lazard 37 naît à Montpellier en 1817. Son père est serrurier, ses grands pères étaient respectivement boulanger et jardinier fleuriste. Il est donc issu d’un milieu d’artisans. À 23 ans, il poursuit ses études aux Beaux-Arts à Paris, dans l’atelier Debret. Deux ans plus tard, en 1843, il épouse Françoise Bénézech, fille d’un marchand de grains montpelliérain. Ses premiers travaux d’architecte connus datent de 1844. Omer Lazard est alors âgé de 27 ans. Il introduit le style néo-gothique à Montpellier comme en témoigne la chapelle de Notre-Dame de la Merci achevée en 1844.

À défaut d’être un architecte exceptionnel, il connaît parfaitement les courants d’idées de l’époque. Il est d’ailleurs abonné à la grande revue d’architecture du XIXe siècle, la Revue Générale de l’Architecture38 (RGA) dirigée par César Daly (1811-1894), qui est considéré comme le créateur de la presse architecturale moderne. D’autres chantiers d’Omer Lazard : la chapelle de Notre-Dame, la chapelle des Pénitents bleus (1876), dans la rue des Étuves, l’ancien collège des Jésuites à Rondelet (aujourd’hui disparu) ou bien celui des immeubles jumeaux devant la gare, place Auguste Gilbert. La reconnaissance professionnelle semble lui être acquise dès le début des années 1850. En 1857, Lazard saisit l’opportunité qui lui est offerte de revaloriser le centre ancien. Le maire Jules Pagézy (maire de Montpellier de 1852 à 1869) lance un grand projet d’urbanisme. Omer Lazard construit les Halles Castellane, perce la rue Saint-Guilhem dans sa partie haute, élargit la rue de la Loge et ouvre la rue Maguelone vers la gare. Pour mener à bien ces opérations, Lazard a besoin d’un soutien financier qu’il trouve en la personne de Jean Marie Frédéric Teisserenc (conseiller municipal de Montpellier) avec lequel, en octobre 1857, il fonde en secret une société en participation. « L’article 9 du traité secret stipule que Lazard reçoit, en échange des plans, devis et travaux qu’il réalise au bénéfice de l’association, un salaire annuel de 10 000 f pour la durée des travaux fixée à 5 ans. À titre de comparaison, notons qu’à la même époque, l’architecte de la ville Cassan, lui, ne touche que 3 000 f. La comparaison entre les gains des deux architectes est assez éclairante » 39.

Lazard disparaît ensuite de Montpellier : en 1870, il n’est plus sur la liste des architectes ; en 1872, il est remplacé à la commission des bâtiments civils par Louis Corvetto ; en 1880-90, il est présent à Nice où il construit un casino, aujourd’hui disparu. La date et le lieu de décès d’Omar Lazard n’ont toujours pas été découverts. Il signe néanmoins en 1876 un dernier projet à Montpellier avec Nestor Alaus : les Halles métalliques de l’Observatoire ou Halles Laissac.

Les thermes d’Omer Lazard à Fontcaude : description

Le plan général du bâtiment reste simple, conventionnel pour ce type d’architecture. La plupart des établissements thermaux comportent un bâtiment oblong (un bâtiment qui est plus long que large) permettant l’installation d’une série de cabines de bains réparties de part et d’autre d’une circulation centrale. L’architecture de l’établissement trahit la volonté de l’architecte de donner une certaine noblesse à ce bâtiment situé près de Montpellier. Plusieurs éléments renvoyant à l’architecture privée de l’époque sont adaptés avec talent à cet établissement thermal. Deux types de plans sont possibles dans sa conception, la structure initiale restant la galerie de cabines, pratique pour des raisons de service, de circulation des curistes et de distribution des eaux. À partir du plan de base, deux solutions d’agencement se dégagent ; soit la galerie est étendue en longueur, soit il en existe plusieurs et elles sont organisées en carré dégageant ainsi des espaces intérieurs occupés le plus souvent par des jardins. À Fontcaude, la présence de la nature environnante – et c’est compréhensible – dicte naturellement le choix de la première solution : une galerie étendue en longueur. (fig. 6)

Élévation des thermes de Fontcaude, état ancien (1848), échelle 1/100e, © Camille Liebeart
Fig. 6 - Élévation des thermes de Fontcaude, état ancien (1848), échelle 1/100e, © Camille Liebeart.

Le bâtiment construit par Omer Lazard est de forme octogonale, en pierre, semblable à un temple antique (fig. 7). À une époque où le fer s’impose dans la construction, l’architecte prend le parti, à Fontcaude, de réaliser l’ensemble du bâti en pierre. Les deux façades principales comportent un décor sculpté. Les deux façades secondaires supportent une simple écriture en lettres de fer. Chaque façade principale présente un fronton soutenu par deux pilastres décoratifs qui encadrent une ouverture et dont les chapiteaux sont soutenus par un double pilastre orné de denticules. Ce motif décoratif est repris sous le fronton et les fenêtres situées sur les côtés. Les frontons des façades Sud-Est et Nord-Ouest offrent un décor figuratif, situé au-dessus d’une porte en plein cintre dont la clef est sculptée d’un visage. Entre 1848 et 1913, les portes en plein cintre ont changé d’esthétique, peut-être à la suite de l’abandon des thermes et pour les protéger d’éventuelles dégradations ou vols. (fig. 8)

Vue actuelle de la façade principale des thermes de Fontcaude.
Fig. 7 - Vue actuelle de la façade principale des thermes de Fontcaude.
Vue du bâtiment thermal avant l’incendie de 1913, © Philippe Walcker.
Fig. 8 - Vue du bâtiment thermal avant l’incendie de 1913, © Philippe Walcker.

Au centre du bâtiment central, la présence de l’ancienne buvette est encore visible. Seul le socle encore en place rappelle la buvette des thermes de Luchon. Construite en pierre, elle accueillait un rebord sur lequel étaient posés les verres des curistes. Sous forme de fontaine, la buvette permettait aux baigneurs de venir se désaltérer entre deux bains. De forme octogonale, elle fait écho à la forme du bâtiment central. Sa position est équidistante des huit murs.

Évoquant le style Empire, le bâtiment thermal est dépourvu de tout superflu décoratif. Les seuls éléments décoratifs que s’autorise l’architecte Omer Lazard font immédiatement référence aux bains ou à l’eau omniprésente sur le site tant par la source que par la présence de la rivière Mosson qui coule au fond du vallon. Les clefs sculptées des entrées principales représentent une divinité des eaux, les cheveux semblables aux feuillages et à la barbe formée par un enchevêtrement d’algues marines entremêlées de roseaux, on peut voir ici un rappel à Sucellus, dieu celte des sources. Ces clefs supportent un cadre sur lequel des lettres de fer aujourd’hui disparues signalaient la fonction du bâtiment : « EAUX THERMALES ». Inscrits à l’intérieur du fronton, deux serpents entrelacés autour du pied d’une coupe viennent boire à l’intérieur. Semblables aux serpents enroulés autour du caducée d’Esculape ou rappelant la coupe d’Hygie, sa fille, ils symbolisent la guérison par les eaux. (fig. 9)

Représentation d’un lézard et d’un escargot sur le fronton nord-ouest.
Fig. 10 - Représentation d’un lézard et d’un escargot sur le fronton nord-ouest.

Sur les deux frontons des façades principales, les rinceaux entourant les coupes sont animés par des animaux ayant un rapport avec l’eau. Sur le fronton Nord-Ouest, l’escargot et le lézard (fig. 10) sont représentés tandis que sur le fronton Sud-Est, ce sont des rats (fig. 11). Les deux premiers animaux forment un tout : l’escargot est un symbole lunaire mais aussi régénérateur, tandis que le lézard fait appel au soleil. Quant au rat, il est l’animal nuisible dans les consciences contemporaines. Il doit ici être considéré comme exerçant une influence positive. En effet, si l’on considère l’emprunt antique valable tant pour l’architecture que pour son iconographie, il est nécessaire d’envisager le rat tel qu’il était considéré dans l’Antiquité. Cet animal y avait alors des valeurs positives en tant que nettoyeur. Le parallèle peut être établi entre les capacités purificatrices du rat et celles attribuées aux établissements de bains thermaux dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Représentation d’un lézard et d’un escargot sur le fronton nord-ouest.
Fig. 10 - Représentation d’un lézard et d’un escargot sur le fronton nord-ouest.
Représentation de deux rats sur le fronton sud-est
Fig. 11 - Représentation de deux rats sur le fronton sud-est

Chaque façade était prolongée par une aile qui abritait les cabines de bains. Dépourvues de toute ornementation, elles ne présentent que des consoles rappelant le motif héritier de l’ordre classique dorique utilisé en imposte pour les grandes ouvertures du bâtiment principal. La façade orientée Nord-Est portait également une inscription, aujourd’hui en partie effacée, « B…INS D…S … » dont la suite – « DAMES » – peut être rendue grâce aux traces des clous fixant les lettres dans la pierre. La façade Sud-Ouest portait l’inscription « BAINS DES HOMMES » aujourd’hui totalement disparue mais déductible ici aussi grâce aux traces laissées par les lettres de fer et les clous. Jusqu’à très récemment, une plaque d’ardoise de grande épaisseur se trouvait sous les lettres des façades principales. (fig. 12)

Vue d’une des façades secondaires.
Fig. 12 - Vue d’une des façades secondaires.

Ainsi, à l’époque où les constructions de fer fleurissent, Omer Lazard décide de construire un bâtiment en pierre de taille. Il choisit de lui donner une architecture héritière du style Louis XVI mais qui prend en compte les évolutions dues au Second Empire. Utilisant les ressources disponibles sur place, l’architecte décide de construire à la chaux. Ce matériau est présent à Fontcaude aussi bien dans le mortier que dans l’enduit de finition intérieur. L’utilisation à la fois de la pierre de taille et des techniques de construction à la chaux dénote la particularité de ce bâtiment.

Une architecture de province

Le milieu du XVIIIe siècle marque le retour de l’art français à l’art antique faisant rupture avec le style Louis XV qui s’en était affranchi. L’aspect sévère que peut revêtir parfois le style Louis XVI s’allie à des ornementations sobres et généralement exécutées avec grand soin. Parallèlement à cette inspiration antique, on décèle une influence littéraire qui prône la simplicité des mœurs mais aussi l’amour de la nature. Ici les idées de l’Encyclopédie interviennent. Il en résulte alors un « mélange d’archaïsme et de naturalisme » 40, qui est une des particularités du style Louis XVI. Au Second Empire, la nouvelle architecture est sensible aussi bien aux modes constructifs qu’à l’intérêt social resté jusque-là indifférent aux architectes. Napoléon III ne s’intéressait pas à « l’importance de l’Architecture mais (à) la relation de l’Architecture autant avec le public qu’avec les marchandises et les nouveaux matériaux » 41. L’architecture moderne, telle qu’elle était conçue par Napoléon III, était sans ornementation. À Fontcaude, la synthèse de ces deux héritages est visible. Dans le traitement du fronton, les rinceaux et la frise du style Louis XVI sont repris dans un naturalisme certain. L’inclusion de roseaux rappelle l’esprit de nature dans lequel le style se définit et se combine avec élégance pour rappeler la destination de l’édifice. Du style Napoléon III, Omer Lazard emprunte la sobriété et le dépouillement tant pour les décors que pour les ornementations. En optant pour ce langage combinant ces deux styles, Omer Lazard démontre sa maîtrise et sa connaissance des créations parisiennes.

Omer Lazard s’inscrit à Fontcaude dans la continuité des recherches menées dès le XVIIe siècle par les architectes du roi tel Augustin-Charles d’Aviler (1653-1701). Architecte classique, il applique au projet de la halle du Mazel à Montpellier « les deux vertus de l’architecture du temps : l’ordre et la commodité » 42. Tout comme lui, Omer Lazard va les appliquer à Fontcaude. Il réalise un bâtiment dépourvu de tous les ornements inutiles à la fonction de l’édifice. Par contre, l’organisation interne des thermes et la fonctionnalité de la distribution des salles répondent à un besoin principal, le bien-être des curistes. Ici, au moment de la construction des édifices thermaux, il y a bien eu concertation entre architecte et médecin. Dans l’organisation de l’établissement thermal, Omer Lazard tient compte des préoccupations hygiénistes qui se mettent en place dès le début du XVIIIe siècle. Une des stratégies est de ventiler les bâtiments. La ventilation permet alors de « restaurer l’élasticité et la qualité antiseptique de l’air » 43. Dès lors le moindre recoin est susceptible d’empêcher cette régulation. À Fontcaude, l’architecture répond parfaitement à ce précepte puisque le bâtiment s’organise par des angles égaux ou supérieurs à 60 degrés permettant une circulation efficace de l’air et luttant ainsi « contre le recoin obscur où stagne l’air vicié » 44.

Au XVIIIe siècle, l’objectif premier est de chauffer et de ventiler tout à la fois. Les théories hygiénistes et aéristes influencent l’architecture des Lumières. Dès lors « les seules ressources de l’architecture sont utilisées pour capter, faire circuler et rejeter l’air. C’est le dessin de l’édifice qui doit conduire aux courants d’air et à la bonne circulation des eaux » 45. À Fontcaude, le dilemme se pose plus que jamais puisqu’il s’agit de conserver la faculté curative des eaux à 25 C tout en permettant une ventilation des espaces. Les ouvertures secondaires sont donc équipées de volets afin de pouvoir réguler le flux lumineux tout en permettant une régulation de l’air entre la salle de cure et l’extérieur. Omer Lazard réussit à allier beauté de l’architecture et fonctionnalité du bâti. Le XIXe siècle connaît un développement de doctrines hygiénistes. En éclairant les thermes à l’aide d’ouvertures hautes, l’architecte permet un apport de lumière constant. Et si la coupole et le dôme sont utilisés pour aspirer les miasmes en provoquant des spirales d’air, à Fontcaude le parti pris a été de choisir une forme pavillonnaire, une charpente et des ouvertures hautes afin de favoriser ces courants d’air. L’intérieur du pavillon central, ainsi aménagé, permet une circulation permanente de l’air. Le déambulatoire fait alors office de portique interne et assure la ventilation générale de l’édifice. Il est néanmoins impossible de déterminer précisément les aménagements réalisés par Omer Lazard dans ce bâtiment répondant aux théories hygiénistes car les ailes ne subsistent plus aujourd’hui.

Le XIXe siècle, en France, est celui de la « fièvre thermale ». Pour permettre un tel développement, l’argent est nécessaire. De tous les événements qui ont conduit à la fermeture de l’établissement de Fontcaude, c’est sans doute l’aspect financier qui est à retenir, contraignant M. Martin-Portalès à la fermeture. À l’époque, son établissement est, certes, renommé, mais il est surtout éloigné d’un centre-ville qui commence à s’organiser. Dans son roman Les hommes de bonne volonté (Tome V : Les superbes), Jules Romains constate que créer une station thermale ne consiste pas seulement à exploiter l’eau minérale. C’est également mettre en place un environnement propice composé à la fois de loisirs et de distractions, sans omettre bien entendu l’aspect médical, raison d’être du thermalisme. Cette ambivalence de l’établissement thermal est sans doute ce qui a manqué à Fontcaude pour se développer. Malgré la mise en place des navettes qui permettent à l’établissement de n’être plus qu’à une demi-heure de la grande ville et de ses avantages, la station thermale est fermée après seulement dix ans d’activité.

NOTES

1. Jarrassé, Dominique, Les thermes romantiques : bains et villégiatures en France de 1800 à 1850, Clermont-Ferrand, Université Blaise Pascal, 1992, p. 12.

2. Rapport sur le bâtiment (…) de Bagnères-de-Bigorre, 14 mars 1785 par De Jussieu (…) de la Société Royale de Médecine et Peyre (…) de l’Académie Royale d’Architecture, Arch. dép. Haute-Garonne.

3. Jarrassé, Dominique, op. cit., p. 184.

4. La stèle votive est conservée au Musée languedocien de Montpellier.

5. Amelin, Jean-Marie, Tableau statistique et pittoresque du département de l’Hérault, f° 339, médiathèque Émile Zola, Montpellier.

6. Barons de Salendrenque, seigneurs de Mausson et de Saint-Hilaire en Languedoc, famille originaire de Florence. Cette famille s’est éteinte vers le milieu du XVIe siècle dans la maison de La Fare.

7. La maison de Saint Félix descend d’une ancienne famille d’origine normande issue d’une branche de celle de Tancrède de Hauteville dont les fils ont conquis l’Italie du XIe siècle. Cette puissante famille s’implante dans la région de Montpellier dont elle tient les principales seigneuries.

8. Ravoire, Jean, Une station thermale d’autrefois Fontcaude près de Montpellier, Montpellier, 1937, p. 20.

9. Arch. dép. Hérault, 2 E 62/237 f° 372, Acte chez Jean-Baptiste Ricard, notaire à Montpellier.

10. Joseph Carrère était conseiller-médecin ordinaire du roi, professeur royal émérite en Médecine.

11. Cité dans Couder, Paul, Le Mas de Fontcaude In : Recherches Languedociennes, Montpellier, Université du Tiers Temps, 1991, p. 37.

12. Carrère, Joseph, Catalogue raisonné des ouvrages qui ont été publiés sur les eaux minérales en général et sur celles de la France en particulier, 1785, imprimé chez Cailleau, Paris.

13. Arch. dép. Hérault, 2 E 60/202 f°342, Acte chez Me Amédée Grasset, notaire à Montpellier.

14. Ravoire, Jean, op. cit., p. 20.

15. BNF GALLICA – Rapports et délibérations du Conseil Général de l’Hérault, 1858.

16. BNF GALLICA – Rapports et délibérations du Conseil Général de l’Hérault, 1860 à 1878.

17. Vigarous, Joseph, « Notice sur les eaux minérales thermales de Foncaude », Bulletin de la Société libre des sciences et belles-lettres de Montpellier, n° XXII, An XIII (1805), p. 178.

18. Saintpierre, Auguste, 1809, Essai sur l’analyse des eaux minérales en général et sur celles du département de l’Hérault en particulier, thèse de doctorat, Université de Montpellier, Faculté de Médecine, p. 70-75.

19. Patissier, Philibert, Manuel des eaux minérales […] précédé du Rapport de la Faculté de Médecine de Paris, 1818.

20. Bertin, Eugène, Eaux minérales acidules thermales de Foncaude, de leurs effets et de leur usage dans le traitement des maladies qu’elles peuvent guérir, Montpellier, Boehm, 1851.

21. Franck, Liliane, La vie montpelliéraine aux XVIIIe et XIXe siècles, Imprimerie de la Charité, Montpellier, 1985, p. 350.

22. Ravoire, Jean, op. cit., p. 24.

23. M. Bel, « À propos d’une lettre de Prosper Mérimée datée de Montpellier », Bulletin de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, n° 63, 1933, p. 37-38.

24. Chanliau, Félix, Juvignac, 13 siècles d’Histoire, 1975, p. 82. Nous n’avons cependant pas été en mesure de retrouver la trace de ce courrier et sommes donc dans l’impossibilité de le confirmer ni de le dater.

25. Joanne, Adolphe, Le Plieur, Auguste, Les bains d’Europe : guide descriptif et médical des eaux d’Allemagne, d’Angleterre, de Belgique, d’Espagne, de France, d’Italie et de Suisse, Paris, L. Hachette, 1880, p. 405-407.

26. Ravoire, Jean, op. cit., p. 67.

27. Cette affiche est conservée aujourd’hui aux archives municipales de Juvignac, non cotée.

28. La rue Salze s’est ensuite appelée rue Favre et aujourd’hui rue Montcalm.

29. Médiathèque Émile Zola, Montpellier – Fonds 06 Montpellier section III. Vues pittoresques du département de l’Hérault, Jean-Marie Amelin, 1820 – 1848, 1652 (V.151) RES.

30. Ibid.

31. Vigarous, Joseph, art. cit., p. 170.

32. Bertin, Eugène, Eaux minérales acidules thermales de Foncaude, de leurs effets et de leur usage dans le traitement des maladies qu’elles peuvent guérir In : Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier, Mémoires de la section de médecine, Montpellier, Boehm, 1851, p. 307-308.

33. Ce bâtiment a été aujourd’hui détruit suite à la construction par la mairie de Juvignac d’un établissement de balnéothérapie.

34. Friedman, Serge (réal.), Hébrard, Frédérique et Velle, Louis, 1976, Un mari c’est un mari, film. Saint Ouen (93), KOBA FILMS VIDEOS, DVD, 90 min.

35. Bertin, Eugène, Observations recueillies en 1846, pour servir à l’histoire des eaux minérales, thermales, acidules de Foncaude, Montpellier, Boehm, 1847, p. 314.

36. Pérouse de Montclos, Jean-Marie, « Architecture, méthode et vocabulaire » In Principes d’analyse scientifique, Inventaire général des Monuments et Richesses artistiques de la France, Paris, Imprimerie nationale, 1972 (6e édition : Centre des Monuments Historiques, 2007), p. 92.

37. L’ensemble des informations sur Omer Lazard nous ont été aimablement transmises par M. Thierry Lochard. Actuellement enseignant à l’école d’architecture Marseille-Luminy, il a réalisé des recherches sur les Grands Travaux Lazard entrepris dès 1857 à Montpellier.

38. Depuis sa fondation en 1840, cette revue joue un rôle fondamental dans la diffusion de la modernité architecturale et dans l’élaboration d’une approche théorique novatrice.

39. Lochard, Thierry, INAMA/ENSA Marseille. Extrait de l’intervention publique : Cassan, Lazard, Corvetto, architectes montpelliérains, Journée du Patrimoine, 20.09.1988.

40. Martin, Henri, 1945, « Le style Louis XVI », In : La Grammaire des styles, collection de précis sur l’histoire de l’art, volume III, Paris, Flammarion, 1945, p. 6.

41. A. Earls, Irene, Napoléon III, L’Architecte et l’Urbaniste de Paris, Levallois, Centre d’Études Napoléoniennes, 1991, p. 39.

42. Verdier, Thierry, « L’architecture de la boucherie de Montpellier », In : De l’herbe à la table. La viande dans la France méridionale à l’époque moderne, Actes du colloque, (Montpellier, 1993), Université Paul Valéry – Montpellier, 1994, p. 239.

43. Corbin, Alain, Le miasme et la jonquille, Paris, Aubier Montaigne, 1982 (réédition Flammarion, 1986), p. 111.

44. Ibid.

45. Ibid, p. 115.