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Description

Environnement et maçonnerie d’une maison de l’époque moderne
dans le centre d’Agde (Hérault, France)

* Dr. Mans Schepers, Centre d’études paysagères, Rijksuniversiteit Groningen, mans.schepers@rug.nl.
** Prof. Dr. Henny Groenendijk, Institut d’archéologie de Groningen, Rijksuniversiteit Groningen, h.a.groenendijk@rug.nl

[Article traduit de l’anglais par Sandra Clozier]

Dans le centre historique de la ville d’Agde, de nombreuses maisons comportent une maçonnerie ancienne cachée sous les enduits, constituée de blocs taillés de basalte gris foncé, liés au mortier d’argile. Ici, l’enduit au plâtre a été particulièrement en vogue dans les années 1920 et 1930, lorsque la maçonnerie traditionnelle en pierre était démodée et que ce revêtement a non seulement été accepté du point de vue architectural, mais a servi en même temps à ralentir la désintégration des murs et des joints. En somme, ce revêtement a fonctionné comme une technique de préservation, car les murs en pierres liées à l’argile se sont révélés très vulnérables aux fuites (du toit), le liant étant emporté par les infiltrations d’eau et les pignons ayant tendance à gonfler suite à la perte de l’agent liant.

À l’heure actuelle, une sensibilité accrue concerne l’activité édilitaire dans les villes historiques du Languedoc qui permet un nouvel éclairage sur les anciens matériaux et techniques de construction. Les murs en briques séchées au soleil (adobes) sont connus dans le contexte du Languedoc urbain à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne. Un récent inventaire chronologique des vestiges de bâtiments historiques dans le centre-ville d’Agde révèle que plusieurs maisons ont encore ce genre de maçonnerie aux étages supérieurs alors que le rez-de-chaussée a été bâti en blocs de basalte. Ces murs en briques peuvent être datés entre le 12e et le début du 14e siècle ; par la suite, les maisons ont été principalement érigées en basalte seulement, mais en utilisant de l’argile pour liant une pratique qui semble avoir perduré jusqu’au 19e siècle.

Les recherches actuelles sur l’histoire de la construction médiévale et moderne en Languedoc se concentrent principalement sur les éléments constructifs. Pour la composition des adobes, nous sommes moins bien informés. D’après la littérature, nous pouvons déduire que l’argile utilisée a été mélangée à de la paille hachée pour améliorer la cohésion pendant le processus de séchage et que le liant utilisé est constitué de terre très fine, apparemment tamisée, avec un ajout de sable et même de craie. Pourtant, aucune enquête ne semble avoir été faite sur les facteurs environnementaux inhérents aux briques ou au liant utilisés, qui, grâce à l’analyse macroscopique, peuvent donner des indices pour relier les techniques de construction aux facteurs environnementaux à travers le temps. Le but de cet article est de montrer quelques indices possibles par l’analyse des premiers « mortiers » modernes dans le centre-ville d’Agde.

Dans la tradition académique de l’Institut d’archéologie de Groningen, Rijksuniversiteit Groningen (NL), l’archéologie des peuplements est une activité principale depuis que H.T. Waterbolk en a pris la direction en 1954. Le personnel de ce qui a été appelé Institut Biologique et Archéologique était composé de botanistes, de zoologistes et d’archéologues. Cette particulière spécialisation permettait de combiner la connaissance des techniques de construction à celle des reconstructions de l’environnement dans la Préhistoire et la Protohistoire néerlandaises. Alors que l’institut étendait ses activités à l’Europe de l’Est et au Proche-Orient, l’attention pour les adobes a été une étape supplémentaire logique. L’utilité de l’analyse de la teneur en terre et en plâtre des bâtiments anciens, a déjà été soulignée par Ernst et Jacomet. Toutefois, pour ce que nous en savons, aucune étude de ce type sur le contenu environnemental du liant utilisé n’a été réalisée dans la présente zone d’étude. La tradition de l’institut ainsi que le manque de recherches comparables dans la région d’Agde ont incité les auteurs à se pencher sur le phénomène rencontré ici. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2021

Nombre de pages

10

Auteur(s)

Henny GROENENDIJK, Mans SCHEPERS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf