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Description
Environnement et maçonnerie d’une maison de l’époque moderne
dans le centre d’Agde (Hérault, France)
Mans SCHEPERS * & Henny GROENENDIJK **
* Dr. Mans Schepers, Centre d’études paysagères, Rijksuniversiteit Groningen, mans.schepers@rug.nl.
** Prof. Dr. Henny Groenendijk, Institut d’archéologie de Groningen, Rijksuniversiteit Groningen, h.a.groenendijk@rug.nl
[Article traduit de l’anglais par Sandra Clozier]
Les datations radiocarbone des matières végétales contenues dans le liant de blocs maçonnés montrent que toutes les sections murales sont datables des XVIe et XVIIe siècles. Trois échantillons ont été choisis pour une analyse macroscopique des restes végétaux et de faune. Les restes des plantes sont issus de produits agricoles et de fruits comestibles. Les plantes sauvages et les restes animaux sont issus d’un environnement aquatique ou de pâturage.
L’état de conservation des restes constitue une source d’information complémentaire. Bien que le nombre d’échantillons analysés soit modeste, les résultats sont prometteurs. Ils fournissent un aperçu du paysage de la région d’Agde, ainsi que des traditions et coutumes dans la construction ancienne.
Behind the plaster: environmental indicators in the masonry
of an early modern domestic house in historic Agde (Hérault, France)
Radiocarbon dating of plant matter contained in the clay mortar of masonry blocks shows that all wall sections are generally datable from the sixteenth and seventeenth centuries. Three samples from different wall sections were selected for macroscopic analysis of plant and animal remains. The remains of the plants came from agricultural products and edible fruits. Wild plants and animal remains come from an aquatic or grazing environment.
The state of conservation of the remains is an additional source of information. Although the number of samples analyzed is modest, the results are promising. They provide an insight of the landscape of the Agde region, as well as historic building traditions and habits.
Environa e maçonariá d’un ostal d’epòca modèrna
dins lo centre d’Agde (Erau, França)
Las datacions radiocarbòn de las matèrias vegetalas contengudas dins lo ligant dels blòts aparedats mòstran que totas la seccions muralas son datablas dels XVen e XVIIen sègles. Tres escapolons foguèron causits per una analisi macroscopica de las rèstas vegetalas e de la fauna. Las rèstas vegetalas son eissidas de produches agricòls e de frucha comestibla. Las plantas salvatjas e las rèstas animalas son eissidas d’una environa aqüatica o de pastural.
L’estat de conservacion de las rèstas constituís una sorsa d’informacion complementària. E mai lo nombre d’escapo-lons analisats siá modèst, las resultas son prometeiras. Porgisson una idèa del païsatge de la region d’Agde, aital coma de las tradicions e costumas dins la construccion anciana.
Dans le centre historique de la ville d’Agde, de nombreuses maisons comportent une maçonnerie ancienne cachée sous les enduits, constituée de blocs taillés de basalte gris foncé, liés au mortier d’argile. Ici, l’enduit au plâtre a été particulièrement en vogue dans les années 1920 et 1930, lorsque la maçonnerie traditionnelle en pierre était démodée et que ce revêtement a non seulement été accepté du point de vue architectural, mais a servi en même temps à ralentir la désintégration des murs et des joints. En somme, ce revêtement a fonctionné comme une technique de préservation, car les murs en pierres liées à l’argile se sont révélés très vulnérables aux fuites (du toit), le liant étant emporté par les infiltrations d’eau et les pignons ayant tendance à gonfler suite à la perte de l’agent liant.
À l’heure actuelle, une sensibilité accrue concerne l’activité édilitaire dans les villes historiques du Languedoc qui permet un nouvel éclairage sur les anciens matériaux et techniques de construction. Les murs en briques séchées au soleil (adobes) sont connus dans le contexte du Languedoc urbain à la fin du Moyen Âge et au début de l’époque moderne. Un récent inventaire chronologique des vestiges de bâtiments historiques dans le centre-ville d’Agde révèle que plusieurs maisons ont encore ce genre de maçonnerie aux étages supérieurs alors que le rez-de-chaussée a été bâti en blocs de basalte. Ces murs en briques peuvent être datés entre le 12e et le début du 14e siècle ; par la suite, les maisons ont été principalement érigées en basalte seulement, mais en utilisant de l’argile pour liant une pratique qui semble avoir perduré jusqu’au 19e siècle.
Les recherches actuelles sur l’histoire de la construction médiévale et moderne en Languedoc se concentrent principalement sur les éléments constructifs. Pour la composition des adobes, nous sommes moins bien informés. D’après la littérature, nous pouvons déduire que l’argile utilisée a été mélangée à de la paille hachée pour améliorer la cohésion pendant le processus de séchage et que le liant utilisé est constitué de terre très fine, apparemment tamisée, avec un ajout de sable et même de craie. Pourtant, aucune enquête ne semble avoir été faite sur les facteurs environnementaux inhérents aux briques ou au liant utilisés, qui, grâce à l’analyse macroscopique, peuvent donner des indices pour relier les techniques de construction aux facteurs environnementaux à travers le temps. Le but de cet article est de montrer quelques indices possibles par l’analyse des premiers « mortiers » modernes dans le centre-ville d’Agde.
Dans la tradition académique de l’Institut d’archéologie de Groningen, Rijksuniversiteit Groningen (NL), l’archéologie des peuplements est une activité principale depuis que H.T. Waterbolk en a pris la direction en 1954. Le personnel de ce qui a été appelé Institut Biologique et Archéologique était composé de botanistes, de zoologistes et d’archéologues. Cette particulière spécialisation permettait de combiner la connaissance des techniques de construction à celle des reconstructions de l’environnement dans la Préhistoire et la Protohistoire néerlandaises. Alors que l’institut étendait ses activités à l’Europe de l’Est et au Proche-Orient, l’attention pour les adobes a été une étape supplémentaire logique. L’utilité de l’analyse de la teneur en terre et en plâtre des bâtiments anciens, a déjà été soulignée par Ernst et Jacomet. Toutefois, pour ce que nous en savons, aucune étude de ce type sur le contenu environnemental du liant utilisé n’a été réalisée dans la présente zone d’étude. La tradition de l’institut ainsi que le manque de recherches comparables dans la région d’Agde ont incité les auteurs à se pencher sur le phénomène rencontré ici. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2021 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Henny GROENENDIJK, Mans SCHEPERS |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |