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Description

Emblèmes et messages pendant la Révolution

Pour remplacer les symboles du régime monarchique qu’elle ordonne de détruire, la Révolution française produit ses propres emblèmes qui incarnent les institutions et les valeurs nouvelles. En naîtra une production iconographique variée où peintures, gravures et estampes vont porter témoignage des temps nouveaux.

En Languedoc ne nous est resté qu’un très petit nombre de ces productions picturales et les collections des musées et des bibliothèques nous laissent sur notre faim.

Par contre, le développement de l’imprimerie à cette époque et la liberté de la presse, reconnue par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme, permettent de retrouver de nombreuses affiches, correspondances et opuscules édités ou reçus par les administrations et institutions nouvelles de notre département. Ces imprimés sont ornés de nombreux emblèmes, symboles de la mutation vécue par les languedociens au cours des années 1789-1799.

Diffusées par la gravure en en-têtes de lettres, culs de lampe d’affiches ou de circulaires, ces allégories s’imposent par leur utilisation répétée. Elles illustrent l’ère nouvelle. Idées et signes sont alors complémentaires et l’emblème est souvent accompagné d’une devise qui l’éclaire et en augmente la lisibilité.

Une cinquantaine de dessins différents ont été ainsi répertoriés dans les fonds d’archives de la période révolutionnaire (Série L des Archives départementales de l’Hérault) (1).

Les références indiquées au cours de cette étude renvoient à la numérotation du catalogue publié en annexe.

De la couronne au bonnet phrygien

Tout d’abord, illustration d’un compromis avec « l’ancien temps », nous voyons apparaître sur un cachet « La Loi – Le Roi » que l’Assemblée Nationale a pris pour devise, puis sur les en-têtes d’affiches et de circulaires, la couronne royale et la fleur de lys accompagnée de la devise « La Nation, la Loi, le Roi ». Le symbole royal est ici désacralisé. La première place appartient désormais à la Nation.

La devise « Département de l’Hérault » accompagne ensuite le même emblème. Celui-ci est réutilisé en 1791 mais la couronne disparaît. (Le roi est arrêté à Varennes). Restent les trois fleurs de lys, symbolisant le pays « France », qu’on agrémente, au gré des fantaisies, d’un encadrement de palmes.

La journée du 10 août 1792 va accentuer cette marche vers l’abolition totale des signes de la royauté et de la féodalité dont le décret de juin 1790 faisait déjà l’obligation.

L’An I de la République surmonte le même écu de la pique, l’arme du peuple, coiffée du bonnet phrygien – symbole antique de l’esclave affranchi, devenu l’image du patriote, mais la devise change : un laconique « La Loi » résume l’idéal de cette année fondatrice.

Ce bonnet phrygien se retrouve au cours de toute la période de 1792 à l’an VII, seul, en frises ou la plupart du temps surmontant des piques stylisées. On le verra même en l’an II, employé avec la devise fort claire « Mort aux Tyrans, Paix aux Peuples », encadrée d’angelots sonnant la trompette. Comment ne pas reconnaître là, un réemploi flagrant de l’iconographie religieuse de la nativité du Christ, annoncée par des anges qui proclament avec les mêmes trompettes et les mêmes enrubanures le « Gloire à Dieu et Paix sur la Terre » évangélique, référence aisément reconnaissable par les Languedociens, restés fidèles dans leur grande majorité, à leur foi ancestrale. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1989

Nombre de pages

14

Auteur(s)

Madeleine GUYOT

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf