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Description

Deux siècles de façonnement du littoral (XVIIe-XVIIIe siècles)

* Professeur d’histoire moderne à l’Université d’Avignon, membre du Centre Norbert Elias (UMR 8562). Il travaille sur l’histoire des institutions et des politiques publiques aux XVIIe et XVIIIe siècles. Ses recherches portent sur l’histoire de l’aménagement du littoral, sous tous ses aspects (techniques, politiques, économiques, environnementaux), en Méditerranée comme sur la côte atlantique.

L’aménagement du littoral du golfe du Lion doit beaucoup à l’État. Pour l’époque contemporaine, dans les secteurs où est intervenue la Mission Racine, la chose paraît évidente. Elle est cependant moins connue s’agissant de l’époque précédente, alors que de grands chantiers furent ouverts aux XVIIe et XVIIIe siècles. L’historiographie du Languedoc, qui a redécouvert depuis quelques années le caractère maritime de la région, permet aujourd’hui de réévaluer l’histoire des aménagements réalisés sur le trait de côte. Certes, les contemporains s’inquiétaient davantage de la progradation du littoral (son avancée) que des menaces de submersion, mais ils n’étaient pas moins confrontés à des défis naturels auxquels ils répondirent en bâtissant de grandes infrastructures.

Cette histoire montre d’abord que l’aménagement d’un espace dépend beaucoup de la vocation qu’on lui assigne parmi tous les usages qui pouvaient en être faits. Elle dévoile ensuite comment les acteurs publics se firent aménageurs du territoire et que c’est dans cette action qu’ils posèrent les principes de la gouvernance décentralisée que nous connaissons. Elle souligne enfin combien l’action publique est souvent en retard sur la connaissance des dynamiques environnementales.

Un territoire aux usages variés

Il existait dès le XVIe siècle des usages multiples du littoral. Des pêcheurs sillonnaient les eaux lagunaires et la mer à proximité de la côte pour une pêche embarquée. Il y avait par ailleurs des pêcheries fixes – maniguières et bourdigues – qui prenaient le poisson au gré de ses déplacements entre la mer et les étangs. Les fluctuations naturelles des graus et l’envasement des installations ne semblaient pas beaucoup gêner cette activité, d’autant que celle-ci ne nécessitait qu’un petit entretien régulier. La région d’Aigues-Mortes était celle où l’enjeu halieutique était le plus important. Lorsque cette ville réclama, en 1719, la réalisation de travaux au Grau-du-Roi, ce fut d’abord pour préserver le revenu de ses pêcheries fixes, ainsi que celui des salins. Le poisson se vendait dans les villes voisines – Montpellier en ce qui concernait Aigues-Mortes – tandis que le sel partait vers le Rhône ; si les propriétaires des salins n’étaient pas des pêcheurs, ils étaient cependant parfois propriétaires de pêcheries fixes. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2022

Nombre de pages

10

Auteur(s)

Stéphane DURAND

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf