Antoine, Guillaume et Jean Ranc, « peintres de Montpellier ».
Nouveaux documents inédits

* Historien de l’art

Si, pour le public et l’historien les productions d’un artiste constituent l’illustration la plus immédiate de son art, les pièces d’archives qui le concernent permettent bien souvent de mieux connaître l’homme. Dans le cadre de l’étude que nous avons entamée peu avant 2012 sur le catalogue des œuvres du peintre montpelliérain Jean Ranc (1674-1735), élève d’Hyacinthe Rigaud (1659-1743), les Archives Nationales à Paris ainsi que celles du Protocole à Madrid avaient pu nous livrer quelques clés pour mieux comprendre le parcours de cet artiste attachant 1. Aujourd’hui, celles de l’Hérault dévoilent à leur tour une cohorte d’actes illustrant les liens qui perduraient entre le portraitiste et sa famille restée en Languedoc.

Autour de la figure paternelle d’Antoine Ranc (1634­-1716) (Fig. 1), peintre emblématique de la seconde moitié du XVIIe siècle à Montpellier, tous ces documents, pour la plupart inédits, dressent le tableau d’une famille « bien dans sa ville » 2. Dans cet ensemble vertigineux d’archives, dont nous ne livrons ici que quelques bribes, les différents testaments que le père de Jean rédigea durant les vingt dernières années de sa vie constituent une véritable découverte de son milieu social. D’autres pièces (obligations, prêts, cautionnements, ventes ou achats de maisons et de terres) nous permettent également de mesurer l’importance du formidable tissu relationnel établi entre les Ranc et les différents acteurs de la vie locale.

Anonyme : Portrait d’Antoine Ranc - v. 1690 Plâtre patiné sur terre cuite.
Fig. 1 - Anonyme : Portrait d’Antoine Ranc - v. 1690 Plâtre patiné sur terre cuite.
(Montpellier, collection de la société archéologique de Montpellier © photo Elsa Trani)

Quelques mots d’historiographie

En 1887, lorsque l’historien et critique d’art piscénois Charles Louis Joseph Ponsonailhe publia son article fondateur sur la vie et la carrière d’Antoine et de son fils 3, il savait le sujet encore presque vierge : « Si j’entreprends aujourd’hui d’étudier ces deux artistes, c’est parce que, je le crois, cette besogne n’a jamais été qu’ébauchée » avouait-il en préambule. De fait, avant lui, il n’y avait eu guère qu’Antoine Dezallier d’Argenville 4 et Louis de La Roque 5 pour avoir évoqué de manière plus ou moins succincte les deux peintres. Tous deux décrivaient notamment « le père » comme un « bon peintre de Montpellier », ayant contribué à la décoration de la plupart des églises de sa ville. Si d’Argenville poussait le mérite d’Antoine jusqu’à considérer ses portraits comme approchant « de ceux de Van Dyck », il semblait davantage vouloir justifier la légende selon laquelle la collection personnelle du vieux maître, dont seuls quelques dessins italiens de Raymond Lafage (1656-1684) sont parvenus jusqu’à nous (Fig. 2), avait formé l’œil du célèbre Rigaud, venu apprendre le métier à Montpellier chez le « médiocre » Pezet. La Roque, quant à lui, n’en disait guère plus sur son fils dont il bornait la carrière parisienne à l’anecdote du « portrait parlant » d’Houdar de La Motte avant d’évoquer brièvement ses dernières années espagnoles. Il consacrait néanmoins quelques lignes à son jeune frère Guillaume (1684-1742), également peintre, avouant cependant n’en connaitre « qu’une toile de peu de valeur ».

Face à ce constat, Ponsonailhe faisait donc œuvre plus qu’utile en retournant aux sources directes, dépouillant une partie des registres de baptême des différentes paroisses de Montpellier afin de dresser la première généalogie des Ranc. Il jetait aussi les bases de ce que l’on pouvait déjà nommer un « catalogue sommaire » des productions connues du père et du fils aîné, dessinant les premiers contours de l’Œuvre de chacun, l’un dévolu aux grands tableaux religieux de sa région, l’autre aux portraits parisiens puis madrilènes.

S’il fallut pourtant attendre les années 1960-1980 pour qu’une véritable étude sur les treize ans que Jean Ranc passa en Espagne soit menée par Yves Bottineau puis par Juan J. Luna 6, on a commencé à mieux appréhender l’importance des productions de son père, grâce au recensement systématique du patrimoine religieux peint au XVIIe siècle à Montpellier et dans sa région, travail entrepris par Alain Chevalier et Francine Arnal dès 1993 7. De simple peintre local, Antoine Ranc commençait à redevenir l’artiste rayonnant qu’il avait été. Cette vision a récemment été élargie et confirmée grâce aux deux thèses soutenues par Elsa Trani en 2010 et 2016, l’une entièrement consacrée à l’artiste sous forme de mémoire de master 2, l’autre sous forme d’une thèse de doctorat, consacrée à la peinture à Montpellier entre Bourdon et Vien 8.

Raymond Lafage : La Chute de Phaeton - v. 1680 (et détail) Crayon et encre brune sur papier beige
Fig. 2 - Raymond Lafage : La Chute de Phaeton - v. 1680 (et détail)
Crayon et encre brune sur papier beige (National Galery of art Washington Inv.
2009.70.151 © courtesy of NGAW)

Jean Claparède (1900-1990), ancien conservateur du musée Fabre de Montpellier, fut sans doute le premier à avoir relevé dans les archives notariales de l’Hérault, quelques mentions liées aux Ranc. Ses notes personnelles, restées manuscrites depuis les années 1960, ne semblaient pourtant pas avoir davantage exploité cette piste, s’en tenant à l’intitulé laconique des répertoires d’un seul notaire, Barthélémy Brun. Elles prouvaient cependant que l’étude contenait, entre 1718 et 1733, la trace d’un certain nombre d’actes significatifs qui, eux-mêmes, renvoyaient à un ensemble bien plus vaste, disséminé chez presque tout ce que Montpellier comptait de notaires.

L’énigmatique annotation « famille Ranc », laissée par le conservateur en regard d’une cote sur l’une de ses fiches, ne laissait donc pas d’intriguer. Daté du 28 octobre 1719 et intitulé « Cession Ranc, Ranc, Province » 9, l’acte correspondant constitue en réalité une sorte d’épilogue aux dispositions prises par Antoine Ranc avant sa mort, réunissant en deux pages tous les protagonistes de son héritage.

Les testaments d’Antoine Ranc : des clés pour l’histoire familiale

Le 27 juin 1718, le seul fils qui lui restait à Montpellier, Guillaume Ranc, avait en effet rendu publiques les dernières volontés de son père, en déposant son dernier testament devant Brun, seul moyen selon lui de retirer la somme qui lui était due « en qualité d’héritier » universel 10. Resté olographe depuis sa rédaction le 18 juillet 1709 et assorti d’un codicille daté du 2 juillet 1714, ce feuillet de deux pages désignait les héritiers du peintre, dévoilait l’ampleur jusqu’ici inconnue de son patrimoine foncier et, surtout, évoquait d’autres testaments antérieurs.

Un premier avait ainsi été dicté le 7 décembre 1691 11 (Fig. 3), à Raymond Margouet, notaire qui recueillit également celui du 1er avril 1697 12. Quelques années plus tard, le 15 juillet 1708, un troisième testament avait été rédigé sans être déposé, puis, le 18 juillet 1709, Antoine Ranc en confectionnait un quatrième, olographe lui aussi, révoquant tous les précédents. Ces actes rappelaient qu’une sépulture avait été prévue de longue date en l’église Saint-Mathieu du couvent des frères Jacobins de l’ordre des Dominicains 13. Dotant dès 1691 les religieux d’un office de 40 messes « pour le repos de son âme », le peintre avait souhaité léguer respectivement 10 et 30 livres aux deux autres établissements pour lesquels il travailla régulièrement : l’archiconfrérie du très saint Sacrement de l’autel de la paroisse Saint Pierre et l’hôpital général. En 1709, il rajouta un legs de 10 autres livres au couvent des Augustins.

Premier testament d’Antoine Ranc -1691
Fig. 3 - Premier testament d’Antoine Ranc -1691
(Montpellier, ADH © photo Stéphan Perreau)

De son importante famille, qui aurait pu compter à terme 14 enfants issus de deux unions successives, il ne restait, en 1691, que cinq rejetons : Madeleine (1661-1728), François (1677-1693), les futurs peintres Jean et Guillaume ainsi que leur cadet Jean-Baptiste (1685-1757), bientôt ingénieur à Saint-Quentin. Si l’on peut conjecturer sur les différentes raisons qui poussèrent l’artiste à fixer plusieurs fois les termes de son testament, la disparition progressive de ses enfants en paraît aujourd’hui l’une des plus naturelles. La plupart moururent en bas âge ou à peine parvenus au seuil de l’adolescence 14. Le premier testament de 1691 lève donc pour la première fois les doutes que l’historien pouvait avoir sur le devenir de certains enfants, du fait de l’état parfois lacunaire des archives, particulièrement celles de la paroisse Saint-Pierre où la famille avait élu domicile 15.

Madeleine Ranc

L’un des personnages récurrents des testaments d’Antoine Ranc est sa fille aînée, Madeleine, dont on ne soupçonnait pas le rôle constant qu’elle eut dans la solidité familiale. Elle était l’unique enfant née d’une première union d’Antoine avec Gabrielle Bordes (v. 1637-1663), fille de Madeleine Ramigote (v. 1609-1674) et de Léonard Bordes (v.1594-1668), maître saintier 16 de la cathédrale et célèbre fondeur de mortiers dont on conserve encore de beaux exemples (Fig. 4). Le mariage avait été célébré le 27 février 1661 en l’ancienne église Notre-Dame des Tables 17 après avoir été scellé par un contrat de mariage passé le 2 février 1661 devant Anne Gardel, notaire à Montpellier 18. Malgré la disparition prématurée de son épouse, Ranc resta en étroit contact avec sa belle-famille. Ainsi, les archives ecclésiastiques de l’Hérault, et plus particulièrement celles de Montpellier, montrent que le peintre, le fondeur et ses fils travaillèrent à quelques années d’intervalle sur les mêmes chantiers, de l’église Notre-Dame-des-Tables à celle de Juvignac en passant par la cathédrale de la cité 19. Ranc veillera toute sa vie sur les intérêts de sa fille et, inversement, les Bordes marqueront leur attachement constant envers Madeleine, même après le remariage d’Antoine. En 1674, la jeune fille touche par exemple un legs particulier de 45 livres de la part de sa grand-mère, et ce, au même titre que ses oncles 20.

Léonard Bordes : Mortier, bronze patiné - 1634
Fig. 4 - Léonard Bordes : Mortier, bronze patiné - 1634. (Viviers, Saint Victor, Usine de Chaux © d.r.)

D’ailleurs, lorsque l’un d’eux, Jean Bordes (1640-1694), prêtre et prieur de Montferrier meurt dans sa maison presbytérale, le 13 juillet 1694 21, Ranc et sa fille se déclarent le 1er octobre suivant autant comme créanciers du religieux qu’au titre du bénéfice de son inventaire 22. Antoine et sa fille témoigneront encore longtemps de leurs liens avec la descendance de Léonard Bordes, surtout avec Claude (1635-1680), qui s’était établi fondeur sur la paroisse Notre-Dame-des-Tables peu après son mariage en 1669 avec Catherine Chassefière, fille d’un maître maçon 23. Des quatre enfants du couple, deux furent plus particulièrement proches des Ranc. Antoine, né le 24 janvier 1676 24 avait eu pour parrain notre peintre qui fut également témoin à son mariage, le 28 mars 1707 en l’église Sainte-Anne avec Marie Durante 25. Quant à la dernière née de Claude, Madeleine Bordes, âgée de 7 jours, elle fut tenue sur les fonts baptismaux de Notre-Dame-des-Tables le 10 mai 1678 par Madeleine Ranc 26.

Dans son testament de 1691, Antoine Ranc avait également souhaité léguer 800 livres à sa fille, montant la somme à 1 000 livres six ans plus tard en y ajoutant « telle chambre qu’elle voudra pour sa demeure au second estage de la maison que ledit testateur a au devant de l’esglise de Saint Pierre, et ce pendant et durant la vie de sadite filhe ». Depuis le 27 janvier 1654, au sein du sixain Sainte Croix et au cœur de l’îlot qui portera son nom, Ranc a en effet investi deux parties d’immeuble, face au portail de la cathédrale, à l’arrière des logements du chanoine Antoine Crespin (Fig. 5)27. Madeleine y restera longtemps, auprès de ses frères, sans jamais se marier. Le 1er février 1709, quelques mois avant que son père ne rédige son dernier testament et alors qu’il semble déjà malade 28, la jeune femme signe son acte d’émancipation 29 (Fig. 6). Souhaitant désormais régir et administrer ses biens et affaires, elle prête serment « la main mise sur les saintes Évangiles […] sestant mise à genoux tenant ses deux mains jointes entre celles dudit sieur Antoine Ranc son père ». Par cet acte, elle prend surtout possession du montant de ses différents héritages reçu des Bordes, soit 1 905 livres, ainsi que les 2 000 livres promises par son père et rétrocédées pour l’occasion sous forme d’une rente de 100 livres, pour partie d’un capital de 4 000 qui avait été constitué sur les États du Languedoc par Antoine, le 23 août 1703 30.

Plan du compoix de l’île Ranc - s.d
Fig. 5 - Plan du compoix de l’île Ranc - s.d. (Montpellier, AM. FRAC34172-II629
© Archives de la Ville de Montpellier)
Signature de Madeleine Ranc aux côtés de celle de son père, sur son acte d’émancipation - 1709
Fig. 6 - Signature de Madeleine Ranc aux côtés de celle de son père,
sur son acte d’émancipation - 1709.
(Montpellier, ADH © photo Stéphan Perreau)

Au soir de sa vie, et tout en lui maintenant la jouissance de la chambre de sa maison avec « les meubles qui y sont ensemble douze linseuls, douze serviettes et quatre napes », Antoine Ranc proposera de transformer ses dispositions envers Madeleine en un legs de terres « champs, vignes, olinattes et jasses » qu’il avait obtenues en échange du non-paiement de dettes contractées par les héritiers de Jean Reynard, receveur des fermes unies au bureau de Palavas, et habitants de Mireval 31.

Lors de la cession de 1719, signalée par Claparède, Madeleine préféra néanmoins aux terres l’option donnée par son père d’accepter « si mieux elle n’aime se contenter », les 1 500 livres restantes, issues de son héritage des 2 000 et venant toujours en déduction du capital de 4 000 livres constitué en août 1703. Elle confirma également une autre option sur les 500 livres restantes, somme que son frère Jean Ranc lui avait transportée dès 1717 32. On ne sait si ce premier partage fit suite à des contestations qui semblent être intervenues moins d’un an après le décès d’Antoine Ranc. En effet, les cahiers du contrôle des actes civils du bureau de Montpellier gardent la trace de l’enregistrement, pour 10 livres, du dernier testament et du codicille de 1714, indiquant en marge du registre qu’ « il y avoit des poursuites faites en 1717 » 33.

Au soir de sa vie, Madeleine prit à son tour ses dispositions en rédigeant son propre testament alors qu’elle se trouvait à Saint-Jean-de-Védas, « malade de corps mais en ses sens, mémoire et entendement » 34. Souhaitant être enterrée dans la paroisse où elle viendrait à décéder, elle légua aux dames de la miséricorde de Montpellier une bourse de 60 livres, à Madeleine Bordes, fille du fondeur Claude et veuve de François Bordes, la somme de 600 livres ainsi que la maison qu’elle avait dans la rue de la Triperie, lui laissant le soin de payer à Antoine Bordes, son frère « qui est a l’armée » la somme de 20 livres de pension viagère. Elle donna aussi 400 livres à Thomas Bordes, son cousin, 200 autres à Jacques Bordes et 25 livres de pension viagère à Jeannette Bordes, son autre cousine. Quant à Catherine Carrière et Anne Meyrande, elles devaient chacune recevoir 200 livres. Madeleine Ranc légua enfin à sa filleule, Marguerite Roumière (1702-?) 35, la somme de 60 livres pour une bague et à Catherine Timette, fille de Jacques Amil, une chemisette de laine. Elle n’oublia cependant pas ses frères. Instituant Guillaume, comme son légataire universel et exécuteur testamentaire 36, elle laissait 2 000 livres à Jean, « peintre ordinaire du roy et académie Royalle de peinture » et pareille somme à Jean-Baptiste, « jugemeur du roi ».

Jean et Jean-Baptiste Ranc

Le 17 juillet 1671, Antoine Ranc se remarie avec Françoise Boyère (1651-1687), fille de son voisin Jean Boyer, maître tailleur et de Jeanne Causse (1612-1677) 37. Un contrat de mariage, plus modeste que celui de 1661, avait été rédigé dès le 20 juin 1671 38. Nos recherches sur les Boyer, originaires de l’Ouest montpelliérain n’en sont qu’à leurs débuts, mais il semble que cette famille de marchands tailleurs n’ait pas eu à Montpellier le même statut honorifique que les Bordes. On ne connaît pour le moment qu’une sœur à Françoise Boyère, Claude, qui fit un bon mariage à Notre-Dame-des-Tables, le 29 janvier 1631, en épousant Laurent Avellan, maître apothicaire à Gignac où ils firent souche. Leur fille aînée Jeanne, née en 1664, sera d’ailleurs marraine d’un des enfants d’Antoine Ranc, Louis Raymond, tandis que le peintre sera à son tour celui d’une de ses sœurs, Marguerite Avellan (1671-1673).

Dès 1691, les deux aînés des 13 enfants que Françoise Boyère allait mettre au monde, Jean et son frère François Ranc (1677-1693) 39, sont naturellement désignés par leur père comme ses héritiers universels mais aussi comme tuteurs de Guillaume et Jean-Baptiste. Ces deux derniers, cadets survivants de la fratrie, reçoivent chacun 2 500 livres. Pour sa part des biens fonds, François obtient en surplus une maison du sixain Sainte Croix, dans l’île de Fontanon « ci devant de Terral », au coin de la rue du Saint­Sacrement 40 (Fig. 7), une autre au sixain Sainte Anne, île de l’église, ainsi qu’une vigne au tènement de la Cavalade, dans la plaine sud de Montpellier.

Quant à Jean, qualifié de « maitre peintre » depuis au moins 1687 41 (Fig. 8), on lui donne la maison située au Sixain Sainte Croix, île de Brouzet, baillée à Antoine Ranc pour la dot de sa femme et jouxtant celle qu’il avait déjà depuis 1654. On lui rajoute une autre bâtisse qui avait appartenu à un certain Guillaume Doucet, dans le même Sixain mais dans l’île de Seguin, ainsi qu’une vigne située au tènement de la Coulombière, au nord-ouest de la ville. Dans le testament de 1697, qui redistribue les biens de François Ranc, mort en 1693, Jean devient seul légataire universel de son père.

Plan du compoix de l’île de Fontanon. s.d
Fig. 7 - Plan du compoix de l’île de Fontanon. s.d. (Montpellier, AM. FRAC34172-II632 © Archives de la Ville de Montpellier)

S’il vient de se présenter à l’Académie Royale à Paris, il endosse toutefois à distance le rôle de tuteur de ses frères mineurs, Guillaume et Jean-Baptiste qui voyaient leurs legs particuliers ramenés à 2 000 livres, tout en obtenant les biens fonds de leur frère défunt : la maison du sixain Saint Anne revenant au premier et celle du sixain Sainte Croix au second.

Signature de Jean Ranc sur un acte de baptême. Registres des baptêmes de la paroisse Saint Pierre - 1687
Fig. 8 - Signature de Jean Ranc sur un acte de baptême. Registres des baptêmes de la paroisse Saint Pierre - 1687. (Montpellier, ADH © d.r.)

À partir de 1709, on observe un véritable tournant dans les dernières volontés d’Antoine Ranc. Le peintre comprend probablement que son fils aîné ne reviendra jamais à Montpellier, avouant qu’il le savait « etre en volonté d’establir sa demeure dans la ville de Paris, où il est actuellement ». Le 13 juillet 1715, Jean allait en effet y épouser, sur la paroisse Saint-Eustache, Marguerite Élisabeth Rigaud (1697-1772), fille du frère d’Hyacinthe Rigaud, Gaspard (1661-1705), un ancien élève du vieux maître languedocien (Fig. 9). Guillaume Ranc devient donc l’héritier universel de son père et seul candidat à la reprise de son atelier avec le titre de peintre des Consuls. On a longtemps glosé sur un retour possible de Jean à Montpellier, mais aucune source probante n’est venue étayer cette hypothèse.

Hyacinthe Rigaud : Portrait de Gaspard Rigaud, 1691. Huile sur toile
Fig. 9 - Hyacinthe Rigaud : Portrait de Gaspard Rigaud, 1691. Huile sur toile (Perpignan, musée Rigaud
© photo Stéphan Perreau)

La plupart des modèles dits « régionaux » qu’il eut à peindre le furent d’ailleurs lors de leurs séjours parisiens respectifs. Ce fut le cas pour Agnès Melon (1685-1727) et Joseph Bonnier de la Mosson (1676-1726), futur trésorier de la Bourse des États du Languedoc, peints à l’occasion de leur union en 1702 42 (Fig. 10 & 11).

Quelques années plus tard, Jean peignit deux autres figures de sa ville natale, François-Xavier Bon de Saint-Hilaire (1678-1761) 43, président de la chambre des comptes de Montpellier (Fig. 12) et son père, Barthélémy Bon, président de la même chambre 44. À la veille de partir pour l’Espagne, le peintre fixa les traits de Jean Antoine du Vidal (1700-1786), marquis de Montferrier, conseiller et maître d’hôtel du roi, syndic général de Languedoc, tableau que l’on a longtemps donné au corpus de Rigaud 45 (Fig. 13).

Jean Ranc : Portrait de Monsieur Bonnier de la Mosson, 1702. Huile sur toile
Fig. 10 - Jean Ranc : Portrait de Monsieur Bonnier de la Mosson, 1702. Huile sur toile. (Montpellier, musée Fabre © photo Stéphan Perreau)
Jean Ranc : Portrait de Madame Bonnier de la Mosson. 1702. Huile sur toile
Fig. 11 - Jean Ranc : Portrait de Madame Bonnier de la Mosson. 1702. Huile sur toile. (Montpellier, musée Fabre
© photo Stéphan Perreau)
Fig. 12 - Jean Ranc : Portrait de François Xavier Bon de Saint Hilaire, v. 1715. Huile sur toile (Collection privée
© photo Dorotheum)
Jean Ranc : Portrait de Jean Antoine Duvidal, v. 1720. Huile sur toile
Fig. 13 - Jean Ranc : Portrait de Jean Antoine Duvidal, v. 1720. Huile sur toile. (Collection privée © photo Nicolas Gladysz)

Si le jeune Jean-Baptiste conserve la maison du sixain Sainte Croix de l’île de Fontanon ainsi que la somme de 2 000 livres, le legs particulier de Jean Ranc se monte désormais à 2 500 livres, plus toutes les sommes que son père a pu « avoir acquittés pour luy », sans doute les frais du voyage et de son installation dans la capitale. Par contre, Jean ne possède plus d’immeuble à Montpellier, la maison de l’île de Seguin ayant en effet été revendue 1 400 livres, le 2 avril 1704, à Pierre Roumière, personnage bien connu de la famille 46. En 1714, considérant que ses enfants avaient « travaillé en leur particulier depuis assez longtemps de mon consentement », c’est à dire qu’ils s’étaient émancipés par leur propre travail, Antoine Ranc confie néanmoins dans un dernier codicille sa crainte « qu’ils aient quelque diférant entre eux pour raison des profits et acquets qu’ils ont faits ». Il leur impose solennellement silence désirant « que chacun […] soit véritablement maitre et propriétaire des cy profits et acquets et en temps que besoin ». On serait donc tenté de voir dans cet aveu, l’indice d’une possible mésentente entre les trois fils, celle-là même qui aurait peut-être débouché sur la fameuse contestation de 1717. Mais s’il y eut brouillerie, elle dura peu, car on voyait déjà en 1719 Jean parrain par procuration du premier enfant de Guillaume 47.

Jean-Baptiste, quant à lui, semble avoir toujours conservé de bonnes relations avec ses deux frères. Formé à l’ingénierie, il était parti au tout début du siècle dans le Nord, à Valenciennes, pour servir comme capitaine d’infanterie du Génie. Chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, il est bientôt nommé directeur des places fortes du Soissonnais et termine sa vie comme ingénieur en chef de la ville de Saint-Quentin, respecté des notables de sa cité (Fig. 14). Le 1er novembre 1729, dans la Collégiale Saint-Gervais-Saint-Protais de Guise, il épouse d’ailleurs Marie-Louise David (1701-1759), fille d’un receveur des tailles de l’élection. Il en a une fille unique qui fait un beau mariage en épousant, en 1748, le mayeur assesseur ordinaire au baillage de Saint Quentin, Charles Henri Dorigny (1719-1787), sieur de Metz. À l’occasion de fréquents voyages à Paris pour affaires, on voit toujours Jean-Baptiste Ranc logé rue des Fossés-Montmartre, chez Jean, lui servant occasionnellement de témoin et devenant le parrain d’un de ses fils en 1717 48.

Signatures de Jean et Jean-Baptiste Ranc. Transport de rente – 1717
Fig. 14 - Signatures de Jean et Jean-Baptiste Ranc. Transport de rente – 1717 (Paris, Archives Nationales © photo Stéphan Perreau)

Bien après la mort de Jean, il reste en contact avec sa veuve, Marguerite Élisabeth Rigaud (1697-1772), lorsqu’elle sera chargée de déposer pour lui quelques pièces chez un notaire parisien 49. De son côté, l’ingénieur saint-quentinois n’avait pas rompu ses liens avec son frère resté à Montpellier car le 16 janvier 1729, il est parrain, par procuration, du cinquième fils de Guillaume, Jean-Baptiste (1729-1730) 50.

Le cas Guillaume Ranc

La personnalité de Guillaume Ranc apparaît par contre plus complexe. Parrainé à sa naissance par le conseiller du roi Guillaume Melon, receveur des tailles au diocèse de Montpellier dont la fille, la future Madame Bonnier de La Mosson sera portraiturée par son frère, on le retrouve sur différents actes d’état civil de la paroisse Saint-Pierre, oeuvrant à son tour comme parrain ou témoin en 1700 51, 1703 52 et 1709 53. Le 23 août 1718, soit à peine un mois après avoir déposé le dernier testament de son père, il convole en justes noces avec Marie Boussonnel (1687-1760), fille de Jeanne de Gaillard et de feu Jean Boussonnel, conseiller du roi, trésorier des mortes-payes de la Province de Languedoc, avec notamment comme témoin, sa demi-soeur Madeleine. Le couple aura six enfants qui ne lui survécurent pas 54. Les Boussonnel n’étaient pas inconnus des Ranc. En 1679, le trésorier avait en effet tenu sur les fonts baptismaux Joseph, le frère de Guillaume, tandis que sa femme eut pour filleule Françoise, leur soeur, dernière-née de la fratrie 55.

Guillaume Ranc : Portrait du chanoine Arnau, v. 1725
Fig. 15 - Guillaume Ranc : Portrait du chanoine Arnau, v. 1725. (Montpellier, musée du vieux Montpellier, MVM439
© photo DRAC Occitanie)
Jean Ranc : Portrait d’un inconnu, v. 1720
Fig. 16 - Jean Ranc : Portrait d’un inconnu, v. 1720. (Londres, coll. Sir Elton John © photo Christie’s LTD)
Guillaume Ranc : Portrait du père Caussel, 1728
Fig. 17 - Guillaume Ranc : Portrait du père Caussel, 1728. (Montpellier, musée du vieux Montpellier, MVM432
© photo DRAC Occitanie)
Jean Ranc : Portrait de l’abbé Renaudot, v. 1710
Fig. 18 - Jean Ranc : Portrait de l’abbé Renaudot, v. 1710. (Collection privée
© photo d.r.)

 héritier universel de son père et seul véritable repreneur de son atelier, Guillaume grandit néanmoins dans l’ombre du talent de son frère dont il copie malhabilement le style comme le montrent les deux seuls portraits que nous connaissons de sa main. Celui du chanoine Arnau (Fig. 15) reproduit ainsi plus ou moins fidèlement un prototype de main droite que l’on retrouvera à maintes reprises chez Jean Ranc, notamment dans ses portraits d’homme entre 1710 et 1720 (Fig. 16). Quant à l’effigie du père Caussel, datée de 1728 (Fig. 17), elle tente d’imiter la figuration de doigts longilignes enseignée par Rigaud à son frère, comme dans son portrait de l’abbé Eusèbe Renaudot (Fig. 18).

Si Guillaume prend comme son père des élèves en apprentissage 56, il reste un peintre peu qualitatif. Sa technique s’avère sommaire, son dessin anatomique approximatif et sa touche sans grande profondeur et ce, malgré une activité principale qui l’amenait chaque année de 1715 à 1723 puis de 1726 à 1730, à peindre les portraits des consuls de Montpellier 57. Il semble qu’il ait donné satisfaction et en ait tiré toutefois quelques bénéfices, obtenant même dès 1722 une hausse de son traitement de 300 à 400 livres « à cause de l’augmentation des drogues et toiles » 58. L’artiste avait même rempli plusieurs contrats lucratifs hors de Montpellier, notamment à Narbonne. En 1721, et par ordre du conseil de la cité, il réalise contre 400 livres une vaste composition, aujourd’hui perdue, représentant les six consuls saluant l’Archevêque au moment de l’entrée de ce prélat dans sa ville archiépiscopale. Le 11 mai 1727, il se présente à l’église Saint-Paul de Frontignan « pour faire un tableau destiné au maître autel et veut le faire si beau qu’il offre de le garder s’il ne convient pas ». L’œuvre, une Conversion de Saint Paul, semble avoir convaincu les édiles puisqu’elle lui fut payée 200 livres et orne encore les murs de l’édifice 59 (Fig. 19).

Guillaume Ranc : La conversion de Saint Paul, 1727. Huile sur toile
Fig. 19 - Guillaume Ranc : La conversion de Saint Paul, 1727. Huile sur toile. (Frontignan, église Saint Paul
© photo DRAC Occitanie, William Davies)

En marge de son métier de peintre, l’artiste fera pourtant preuve d’un certain opportunisme dans ses choix de carrière, ce qui permet d’évoquer ici un aspect tout à fait inédit de son activité. Il semble en effet que l’on puisse désormais l’identifier comme l’auteur d’une supplique adressée le 2 février 1728 au contrôleur général Louis Basile de Bernage (1691-1767), en vue de l’obtention d’un marché d’inspection du chemin royal de Toulouse à la Pointe Saint-Sulpice 60. Se recommandant à la fois de l’ingénieur astronome Jean de Clapiez (1670-1740), voisin des Ranc dans l’île de Fontanon au sixain Sainte Croix 61, mais aussi du médecin Gigot de La Peyronie (1678-1747), son « parent », le signataire se targue d’appartenir à une illustre famille en évoquant sans vergogne l’état de ses frères : « Le nom de Ranc n’est point inconnu à V[otre] G[randeur] qui avons été toujours dévoüez de père en fils à M. et à Made De Basville, mon aisné a été envoyé il y a cinq ans à Madrid de la part du Roy pour y faire tous les ouvrages de peinture que Sa Majesté Catholique souhaitte et mon cadet est sur l’Etat des ingénieurs depuis plus de vingt ans, employé à présent à Valenciennes que j’ay élevé ». Il précise surtout qu’il a lui même « toujours [été] occupé aux Mathématiques et à l’Architecture […] ayant été cy devant employé sur ces mêmes chemins de la part de M[onsei]g[neu]r l’Archevesques l’Alby de qui j’ay le bonheur d’estre considéré, et qui m’avoit chargé d’en faire des mémoires ». Cependant, si l’on en croît la réponse sans équivoque que l’intendant de Bernage fit au contrôleur des finances, Michel-Robert Le Peletier des Forts le 4 mars 1728, Ranc fut jugé peu compétent à remplir la lourde tâche consistant à superviser le chantier et en gérer les acteurs lors des indisponibilités de l’ingénieur en chef :

« Ranc […] pourroit je crois s’aquitter de cette commission sous les yeux du sieur Clapiez, ingénieur chargé de la direction de ces ouvrages s’il n’estoit question que de veiller sur les ouvriers pour les empescher de perdre leur temps, s’il étoit possible au sieur Clapiez de ne point désemparer de dessus l’attelier pour estre continuellement à portée de tracer les ouvrages et de connoitre si les entrepreneurs ne s’écarteront point de l’exacte exécution des devis. […] Cette inspection ne sera pas, comme vous le voyez, un bénéfice simple. Elle demande un homme très capable et entendu dans ces sortes d’ouvrages, aussy bien que d’une probité à l’epreuve de toutes les sollicitation des entrepeneurs, Je ne doute nullement de la probité du sieur Ranc, mais Je ne suis pas assuré de sa capacité ; j’ai été obligé moy-même, depuis que je suis dans ce pays-cy, de luy faire donner une indemnité de dix ou douze mil francs par la ville, pour des ouvrages qu’il avoit entrepris trop légèrement et qu’il n’avoit pas même habilement conduits, quoyque pour son propre compte ». Le refus fut finalement habilement amené et, le 26 avril, la réponse de Versailles fut sans appel, le prétendant au poste « n’ayant point paru propre pour conduire ces ouvrages ».

Néanmoins, l’homme aspirait peut-être à une toute autre destinée que cette vie rangée au service des consuls de la ville. Probablement attiré par les ors espagnols et la possibilité, comme son frère, d’y faire carrière, il quitte Montpellier pour l’Espagne entre avril 1731 62 et le 17 mai 1731, date à laquelle il est noté absent de la cérémonie de baptême de son dernier enfant, Jean-Antoine-Esprit, ce que confirme une délibération des consuls datée d’octobre 1731 63. La raison de son départ, comme l’avoue Émile Bonnet, reste inconnue 64. Avait-il renoué des contacts avec son frère depuis plusieurs années ou, informé de l’aggravation de l’état de santé de ce dernier, avait-il pressentit l’opportunité de lui succéder ? Si son dossier personnel conservé aux archives du Palacio National de Madrid ne lui donne que le titre de « Pintor de Camara » (peintre de la chambre), c’est qu’il n’obtint jamais celui de « pintor del rey » (peintre du roi), qualificatif dont il s’affubla sur différents actes notariés passés devant Gaspard Seliciano Garcia, notaire public à Madrid 65. En mars 1737 pourtant, il avait adressé un memorendum au roi, sollicitant cette même place ou, à défaut, celle de copiste avec un salaire de 18 doublons de vellon par an. Comme le fit remarquer le marquis de Villena quelques jours plus tard, si Guillaume Ranc se vantait d’avoir fait ses preuves en peignant les portraits des infants Philippe et Louis et de l’infante Marie-Thérèse, personne, hormis Jean-Baptiste Lacombe, n’avait pu juger de la qualité desdits tableaux et n’avait donc pu attester du talent de leur auteur. Mais, au delà de tout, il n’y avait aucun poste à pourvoir. Le roi ayant déjà gratifié la veuve de Jean Ranc d’une pension de 500 écus de vellon et son fils d’une place de garçon de la chambre depuis le 14 février 1736, Villena classa la demande sans suite 66.

Marie Boussonnel, qui avait rejoint en Espagne son époux vers 1735, décida de rentrer en France quatre ans plus tard 67, tandis que Guillaume, resté à Madrid jusqu’en septembre 1742 68, retourna en France avant de mourir à Montpellier un mois après. Avec lui, se termine donc l’histoire des Ranc à Montpellier tandis qu’elle allait se poursuivre à Paris, avec le retour d’Espagne de Marguerite Élisabeth Rigaud en 1744 suite à la mort de son oncle Hyacinthe Rigaud, dont elle allait hériter. Par le pouvoir de tester qu’elle avait reçu de son mari, transcrit par Hernando de Villanueva le 20 février 1726 69 (Fig. 20), Marguerite Élisabeth Ranc avait dicté le testament olographe de Jean Ranc au notaire royal Gaspar Feliciano García le 8 juillet 1735 70. Désignée comme son héritière universelle, il lui incombait la lourde charge de régler une succession complexe puisque le trésor royal devait à son époux de grosses sommes d’argent en remboursement des frais qu’il avait sans cesse du avancer pour le fonctionnement de son atelier. Ce n’est que bien plus tard, en 1756, qu’elle renonça à cette succession, déclarant à cette occasion, qu’aucun inventaire après décès n’avait été réalisé 71, hormis celui de son atelier. Elle décida de rentrer prématurément à Paris car, dans son neuvième testament du 9 avril 1741, Hyacinthe Rigaud avait fait de sa nièce et de ses enfants, ses héritiers particuliers et universels 72.

Signature de Jean Ranc et de son épouse. Pouvoir – 1726
Fig. 20 - Signature de Jean Ranc et de son épouse. Pouvoir – 1726 (Madrid, Archivo de Protocolo © photo Stéphan Perreau)

Une famille « bien dans sa ville »

Comme l’ont montré à plusieurs reprises Alain Chevalier et Elsa Trani, l’Œuvre d’Antoine Ranc s’avère bien plus considérable qu’on pouvait le penser 73. La redécouverte de ses productions n’en est qu’à ses débuts et la connaissance du fonctionnement de son atelier ouvre sans cesse de nouvelles perspectives. On savait déjà que plusieurs figures emblématiques du monde de l’art languedocien y avaient fait leurs armes, servant également, comme Jean de Troy en son temps 74, de parrains aux différents rejetons d’Antoine. Ainsi, Jean Raoux intégra l’atelier dès 1697 75, marchant dans les pas de Gaspard Rigaud qui y était entré dès 1678 76. Malgré une grande différence d’âge entre Gaspard et le jeune Jean Ranc, son apprentissage auprès d’Antoine conditionnera toute la carrière du fils aîné de la famille, de la décision de son départ à Paris pour travailler dans l’atelier d’Hyacinthe Rigaud, à son mariage avec la fille de Gaspard justement, son ancienne filleule. Aux côtés de François Caumette (1677–1747) 77 ou d’André Loys (v. 1696-1777) 78, la présence des frères Guillaume (1652-1714) et Henry Verdier (1655-1721) marquèrent aussi l’atelier d’Antoine Ranc 79. Originaires de Ganges, où le vieux maître avait aidé à la construction du couvent des Capucins 80, ils appartenaient à une grande famille dont l’une des figures féminines, Isabeau Trial (v. 1610-1692) 81, sera la marraine de l’ingénieur Jean-Baptiste Ranc. Cette dynastie n’était pas entrée par hasard dans la vie d’Antoine car l’un des frères d’Isabeau, Antoine, officiait comme prêtre et chanoine de l’église cathédrale Saint-Pierre pour laquelle Ranc travailla souvent. Le 16 janvier 1675 d’ailleurs, le peintre rejoignait l’ecclésiastique dans la cohorte des témoins au mariage entre Jeanne Verdier et le maître tailleur Antoine Villebrun, celui-là même qui s’était « mis en société » avec Jean Boyer, le beau-père de Ranc 82. Si Guillaume Verdier poursuivit sa carrière à Montpellier, Henri suivit Hyacinthe Rigaud à Lyon où il finit par s’établir, trahissant dans ses portraits, tel celui du Lyonnais Stefan Caesar Pestaluz (1663-1791), un style proche de son collègue dans ses jeunes années (Fig. 21).

Coussin d’après Henry Verdier : Portrait de Stefan Caesar Pestaluz, 1691
Fig. 21 - Coussin d’après Henry Verdier : Portrait de Stefan Caesar Pestaluz, 1691. Gravure manière noire (Zürich, Bibliothèque centrale, CC92141D © Graphische Sammlung und Fotoarchiv)

Avant de rejoindre la capitale, Jean Ranc eut donc sans doute l’occasion de fréquenter les Verdier et peut-être de travailler sur l’un des deux grands chantiers de la cathédrale que l’on confia à son père, surtout si l’on considère que le jeune artiste aurait pu demeurer à Montpellier jusqu’en 1696 83. À cette date en effet, Hyacinthe Rigaud achève son voyage en Roussillon et réalise le portrait d’Antoine Ranc (Fig. 22) ainsi que son autoportrait dit « au manteau bleu », dédié « à mon amy Ranc » (Fig. 23), peu de temps après avoir peint, en 1691, le portrait de son propre frère Gaspard qui était, lui aussi, retourné vers 1699-1700 à Perpignan comme le montrent certaines archives retrouvées en Roussillon 84 (Fig. 24). On a d’ailleurs longtemps cherché à identifier la jeune main de Jean dans les productions de son père, allant même jusqu’à lui attribuer fautivement une Apparition de Jésus aux trois maries, petite toile qui pourrait être en réalité un modello d’une œuvre bien connue d’Antoine Ranc, peinte pour l’église des Matelles 85 (Fig. 25). Il n’est donc pas incongru de penser que Jean ait pu apporter son concours à l’embellissement du chœur de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier, resté inachevé par le décès de Jean de Troy au début de l’année 1691 86.

Hyacinthe Rigaud : Portrait d’Antoine Ranc, 1696. Huile sur toile
Fig. 22 - Hyacinthe Rigaud : Portrait d’Antoine Ranc, 1696. Huile sur toile. (Narbonne, musée d’art et d’Histoire © Photo NMAH)
Hyacinthe Rigaud : Autoportrait, 1696. Huile sur toile
Fig. 23 - Hyacinthe Rigaud : Autoportrait, 1696. Huile sur toile. (Perpignan, collection privée © photo Stéphan Perreau)
Signature de Gaspard Rigaud – 1700. Perpignan, registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame-de-la-Réal
Fig. 24 - Signature de Gaspard Rigaud – 1700. Perpignan, registre des baptêmes de la paroisse Notre-Dame-de-la-Réal. (Perpignan, ADPO © Stéphan Perreau)
Antoine Ranc (d’après ?) : Apparition de Jésus aux trois Maries. Huile sur toile.
Fig. 25 - Antoine Ranc (d’après ?) : Apparition de Jésus aux trois Maries. Huile sur toile. (Montpellier, musée Atger. PA13 © photo musée Atger)

Le 24 mai 1692, devant le notaire Antoine Fages, le chapitre avait en effet passé une première convention avec le vieux maitre, archive d’autant plus intéressante qu’elle décrit, par le menu et de manière inédite, ce décor aujourd’hui perdu 87 :

« […] Ledit sieur Ranc sera tenu de faire faire un cadre au tableau que le sieur Troy, peintre, a faict pour l’un des coté du grand autel de ladite église cathédrale, dumen bois fasson et dorure du cadre qy est présentement au grand hautel de ladite église cathedrale, plus ledit sieur Ranc sera tenu de faire un tableau pour un costé dudit grand autel de même brandine et hauteur que icelluy qui a esté fait par ledit sieur Troy, lequel tableau représentera le pouvoir des Clés données par Nostre Seigneur a Saint Pierre, […] dont le chapitre a baillé le chassis et la toille imprimée pour faire ledit tableau auquel tableau ledit sieur Ranc sera tenu de faire faire un cadre de semblable bois fasson et dauvant celui qu’il avoit fait au tableau dudit sieur Troy qui sera conforme à celluy du grand autel, plus ledit sieur Ranc sera tenu de faire poser le tableau qui a esté fait par ledit sieur Troy du costé de l’Hespitre, et celluy quil fera sera par luy posé du costé de Lesvangille, plus au vuide et espace quy sera auxdits costé entre les deux tableaux et celluy qui est présantement au grand hautel, sera peint deux tramaux sur toille du costé ou sera représenté a fasson de marbre d’un costé de lesvangille St Pierre et du costé de lespitre St Jean, lesdits tramaux seront surmontés d’une corniche de bois en reliefe peint et doré suivant les dessain qu’il en a esté fait signé par lesdits sieurs députés et ledit sieur Ranc, plus le sieur Ranc sera tenu de faire faire un lambris de menuiserie a chaque costé dudit grand hautel au dessoubs desdits tableaux de la largeur du sanctuaire pour couvrir les murailles du chantier dupan jusques audit tableaux et depuis le cadre du tableau qui est à l’hautel jusques au signe du santuaire faisant environ quatre pans de chaque costé, lequel lambris sera fait de bois daub en assemblage qui sera peint et dauré, et tous les paneaux filetés d’or de mesme que la corniche dudit lambris et ses pilastres ou sera représenté dans le principal paneau dudit lambris les douze apostres en couleur dor sur un fonds dor six et chaque costé suivant lesdits dessains quy en a esté fait signé par lesdits sieurs dépputés et sieur Ranc, davantage ledit sieur Ranc sera tenu de faire un Rideau en tableau qu’il fait toille de cotton bleu de mesme que celluy qui est au tableau du grand autel, davantage le dit sieur Ranc sera tenu de fournir les verges de fer nécessaire pour poser ledit rideau comme aussi tous les autres ferrentes qu’il faudra pour poser lesdit deux tableaux avec les cadres et anneaux, et lambris assemblés et faire les frais des estages pour mettre le tout en place et finallement ledit sieur Ranc sera tenu de fournir la peinture et autres choses necessaires pour mettre le tout en place sans que le chapitre soit tenu de rien contribuer que ladite toille dudit tableau, imprimées et chassis et avoir parfait et achevé ledit travail dans un an prochain, moyennant la somme de deux mil sept cent livres payables dans neuf années qui est trois cent livres chaque année, et le premier paiement sera présentement et le second dans un an prochain et ainsi continuant jusque a l’entier payment de ladite somme de deux mil sept cent livres le tout sans hypothèque durant le temps aiant ledit sieur Ranc confessé avoir reçu présantement dudit chapitre par mains de moy, notaire et du trésorier, la somme de trois cent livres en louis d’argent et monnoie par la retirée et remboursée en présance de nous, es témoins pour le premier paiement de la somme de deux mil sept cent livres 88, de laquelle somme de trois cent livres le sieur Ranc a quittè le chapitre […­] ».

Un an plus tard, le 29 octobre 1693, un second contrat ètait passè par François d’Abusson, prèvôt, Renè Gaspard de Joubert, chanoine théologal archidiacre de Valancé, Pierre Patris, doyen de la Trinité et Jean Alobiot, chanoine de l’èglise cathèdrale Saint-Pierre. On demandait cette fois à Antoine Ranc de réaliser « au-dessus du tableaux du maître autel de ladite église un couronnement de bois daubé doré et peint couleur d’or aux deux urnes, […­] un couronnement sur chacun des tableaux des costé, de bon d’aub doré et pein couleur d’or, […­] de peindre toute la voute du sanctuaire d’ornement grisaille et sirage, sur un fond vert, plus peindre de mesme ornement toute les murailles du dedans du sanctuaire depuis la voute jusqu’aux tableaux, comme aussy peindre d’ornement en grisaille tout le devant dudit sanctuaire depuis la voute de la nef de l’èglise jusqu’au pavé ». Le marché de 1 200 livres prècisait que l’artiste serait tenu « de fournir en bois, estages, eschafaudages et tout quoy sera necessaire sans que ledit chapitre soit tenu dy rien contribuer » 89.

L’ampleur des commandes et la diversité des tâches permirent à Antoine Ranc de déployer ses talents de décorateur, comme il le fera quelques années plus tard lors de l’embellissement de la chapelle de la confrérie des Pénitents blancs dans laquelle il avait été reçu (Fig. 26)90. Ce goût pour l’art total d’un lieu, trouvera un certain écho, quelques dizaines d’années plus tard lorsqu’il s’agira pour son fils Jean, de concevoir le décorum complet des nouveaux appartements royaux de l’Alcazar de Madrid.

Antoine Ranc : Ange porteur de la couronne d’épines et du roseau, v. 1706
Fig. 26 - Antoine Ranc : Ange porteur de la couronne d’épines et du roseau, v. 1706. Monogrammé AR (Montpellier, chapelle des Pénitents blancs © photo DRAC Occitanie.William Davies)

Fils unique, Antoine Ranc était de fait devenu seul héritier par la disparition de ses sœurs, d’un cordonnier illettré qui n’avait su signer son propre testament ni apposer autre qu’une simple marque au bas du contrat d’apprentissage de son fils, le 9 mai 1650, dans l’atelier du flamand Jean Uzuel dit Jean François 91 (Fig. 27). Ranc s’imposera pourtant en quelques décennies, et de manière pérenne, comme l’artiste languedocien majeur du règne de Louis XIV grâce aux grandes commandes de l’évêché. Son séjour romain de 1654, où sa présence est attestée sur les paroisses San Andrea delle Fratte et San Lorenzo in Lucina, lui avait permis d’acquérir une culture visuelle qui nourrira sans cesse ses propres compositions 92. Copiant autant les grands maîtres que ses contemporains (Mignard ou Poussin), Ranc goûta tout particulièrement l’imagerie gravée de Raphaël dont il s’inspirera pour ses figures pastorales, à l’instar de ses deux figures de saints de l’église Saint-Just-Saint-Pasteur de Saint Just (Fig. 28a et 28b). Si Alain Chevalier reconnaissait avec justesse que le peintre n’était probablement « ni créateur de formes, ni simple imitateur », parce qu’il appuyait son travail sur des modèles inventés par d’autres, les intégrant ou les adaptant plus ou moins habilement, il le décrivait néanmoins comme « un peintre attachant dont la sobriété de style répond sans doute à une personnalité modeste et probe ».

Fig. 27 - Signature d’Antoine Ranc et de son père (AR). Contrat d’apprentissage d’Antoine Ranc dans l’atelier d’Uzuel (Montpellier, ADH © photo Elsa Trani)
Antoine Ranc : Saint Just, 1700. Huile sur toile
Fig. 28a - Antoine Ranc : Saint Just, 1700. Huile sur toile. (Saint-Just, Église Saints-Just-et-Pasteur © photo DRAC Occitanie. Toshiro Matsugana)
Antoine Ranc : Saint Pasteur, 1700. Huile sur toile
Fig. 28b - Antoine Ranc : Saint Pasteur, 1700. Huile sur toile. (Saint-Just, Église Saints-Just-et-Pasteur © photo DRAC Occitanie. Toshiro Matsugana)

C’est incontestablement cette image de probité que renvoie la majorité des actes d’archives que nous avons pu déchiffrer, montrant un homme interagissant sans cesse avec la société qui l’entourait. Alors que son fils Jean aura toutes les peines du monde à se faire respecter du système espagnol, lui qui avait intégré à Paris, près du Palais Royal, un « foyer » domestique confortable fait de décorateurs, d’architectes, d’ébénistes ou de joaillers, son père obtiendra en plus de la reconnaissance de ses talents, celle due à l’homme intègre et généreux qu’il semble bien avoir été. Multipliant les prêts d’argent à diverses institutions, du collège Saint-Ruf qui formait les chanoines, jusqu’aux consuls de Montpellier 93, il ne rechignait ni à aider ses confrères tel le rival de Bourdon, Samuel Boissière 94 (Fig. 29), ni à venir en aide de bonne grâce à des familles en détresse 95.

Obligation à Antoine Ranc par Samuel Boissière, 1697
Fig. 29 - Obligation à Antoine Ranc par Samuel Boissière, 1697 (Montpellier, ADH © photo Stéphan Perreau)

Homme au jugement sûr, on le vit siéger, octogénaire, comme membre du comité directeur des créanciers d’Étienne Marye, bourgeois de Montpellier, décidant du sort des terres de ce neveu du célèbre notaire 96. Au service du nouvel évêque de Montpellier, Charles-Joachim Colbert 97, Antoine Ranc avait également su développer des amitiés très sûres notamment avec Pierre Verduron (v. 1620­1699), ancien viguier en la temporalité de l’évêché, que l’on retrouve à maintes reprises dans les parrainages de ses enfants. Jean Vincens, maître d’hôtel de l’évêque, fut un partenaire plus proche encore, offrant le 7 octobre 1690 au peintre de veiller à la destinée de son fils, Joseph, aux côtés de l’épouse de Verduron 98. Le 22 janvier 1701, Ranc retrouvera les Vincens en témoignant au mariage de Louis Bouquet, maître maçon de la cathédrale avec Claude Jeanne Fiche 99.

Si l’intégrité de l’homme ne faisait désormais plus de doute, sa bonté n’était pas moins appréciée. En 1715, arrivé au terme de sa vie, il prenait encore d’une main tremblante d’ultimes dispositions pour régler la succession de Bertrand, enfant naturel de l’hôpital général de Montpellier, à qui il avait jadis légué 231 livres six sols et huit deniers en plusieurs billets 100. L’institution tenait d’ailleurs une place toute particulière dans le cœur du vieux maître qui avait peint et offert un Crucifix avec la Vierge et Saint Jean destiné à la chapelle provisoire de l’hôpital, acte de dévotion qu’il avait daté, signé et dédié à même la toile :
« Faict et donné par Ant. Ranc. 1683 » (Fig. 30)101.

Antoine Ranc : Christ en croix entouré de la Vierge et de Saint Jean, 1683
Fig. 30 - Antoine Ranc : Christ en croix entouré de la Vierge et de Saint Jean, 1683. Huile sur toile. (Montpellier, chapelle Saint-Charles © photo DRAC Occitanie. William Davies)

Les testaments retrouvés d’Antoine Ranc et les diverses pièces qui s’y rapportent constituent donc bien plus que de simples documents d’archives en offrant à l’historien de multiples clés pour reconstituer le contexte familial et social d’un peintre à Montpellier sous le règne de Louis XIV. Ils sont d’autant plus précieux que ses enfants ne nous ont pas laissé d’ensemble aussi fourni. Si l’on peine encore à cerner le parcours quelque peu chaotique de son fils Guillaume, celui plus glorieux de son frère aîné Jean est finalement bien plus perceptible dans ses œuvres que dans les archives où l’artiste avait pris l’habitude de se faire rare. Le souvenir de son épouse, par contre, nous est mieux connu puisqu’elle dut fréquenter de manière assidue les notaires parisiens à son retour dans la capitale, toute entière absorbée à la gestion de l’héritage de son oncle et à l’accompagnement de ses enfants jusqu’aux dernières heures du XVIIIe siècle.

L’église Saint Mathieu à Montpellier
Fig. 31 - L’église Saint Mathieu à Montpellier
(© photo Diocèse de Montpellier)

Pièces justificatives

Annexe 1

Premier testament d’Antoine Ranc – 7 décembre 1691 ADH, 2E55-191, f°570
(étude de Raymond Margouet) :

« Ce jourd’huy septieme du mois de décembre mil six cens quatre vingt onze, après midi, à Montpellier, Reignant très Chréstien prince Louis Le grand par la grace de Dieu Roy de France et de Navarre par devant moy, notaire royal de ladite ville et témoins bas nommés ;

Esté en personne sieur Antoine Ranc peintre, habitant de Montpellier, lequel estant en parfaitte santé de son corps, sein de ses sens, jugement, mémoire et entendement, considérant la certitude de la mort et l’incertude de l’heure et du momant d’icelle, pour evitter tous procès et différends entre ses enfants et autres prethendant droit en ses biens, a voulleu faire son testament et disposes d’iceux en la forme et manière quy suit,

En premier Lieu il a recommandé son ame à Dieu le père tout puissant et prié de voulloir par sa divine misericorde et par les mérittes infinis de la Mort et passion de Nostre Seigneur Jesus Christ et par l’intercession de la glorieuze Vierge Marie et de tous les Saints et Saintes de paradis, lui voulloir pardonner ses fautes et péchés et après sons déceds recevoir son ame dans son paradis céleste au nombre de ses saints et bienheureux ;

Declarant qu’il tient que son corps soit enterré dans l’ésglise de St Mathieu ou il a sa sépulture, donnant aux Religieux dudit Couvant la somme de dix livres pour la rétribution de quarante messes qu’ils diront pour le repos de son ame, pajable ladite somme quarante jours après son déceds ; laissant les honneurs funebres de son enterrement à la vollonté de ses héritiers bas nommés ;

Et tenant à la disposition de sesdits biens, ledit sieur Ranc testateur a donné et légué, donne et lègue à l’archiconfrérie du très saint sacrement de l’autel de la parroisse de Saint pierre pareille somme de dix livres pajable un an après son déceds ; plus donne et lègue aux pauvres de l’hospital général de cette vile la somme de trente livres pajable un an aussi après son déceds ;

Plus donne et lègue à Magdelaine Ranc, sa fille et de feue Gabrielle Bordes, sa première femme la somme de huit cent livres, moyennant quoy veut qu’elle soit contante, et au cas qu’elle voullent demander ou préthendre quelque autre choze sur les biens de sondit père, veut ledit testateur que sondit léguat de huit cent livres soit réduit à la moitié de sa légitime suivant la liberté quy luy est donnée par les status dudit Montpellier et arrests du parlement de Toulouse, donnés en conséquence ; et ce en considération de ce qu’elle a dix huit cens livres du dot de sadite mère et autres léguats, plus donne et lègue à Guillaume et à Jean Baptiste Ranc, ses deux plus jeunes enfans et de feue Françoise Bojere sa seconde femme, la somme de deux mil cinq cent livres à chacun, y compris tout le droit qu’il pourroint préthendre sur la dot ou biens advantifs s’il y en a de ladite françoise Bojere leur mère [renvoi : payable lesdits léguats quand ils auront atteint et accomply l’age de vingt cinq ans] ; Voullant néanmoins qu’ils soient nourris et entretenus aux dépens de ses héritiers jusques audit âge de vingt cinq ans en laissant leur dit léguat dans l’héritage, moyennant quoy veut qu’ils soient contans et ne puissent rien plus préthendre sur les biens de leur dit père, ny sur ceux de leur dite mère, en quelle manière que ce soit, et affin qu’il narrive aucun différend entre lesdits légataires et les héritiers dudit testateur pour raison de la dot ou biens adventifs de ladite Bojere leur mère, veut ledit testateur que sy ledsdits légataires font aucune demande à ses héritiers pour raison d’aucun droit ou prethention sur les biens de leurdite mère, que leursdit léguat de la somme de deux mil cinq cent livres soit réduit à la somme de quinze cent livres, le surplus leur estant donné en considération de la portion des biens de leurdite mère quy leur seroit beaucoup moins advantageuze,

Ce que ledit testateur a voullu faire ainsi pour évitter tout prétexte de procès entre ses enfans ; et a tous ses parents et autres préthendans droit et en ses biens, ledit testateur luy a donné et légué cinq sols a partager entre eux pajables une seulle fois dans l’an de son deceds par ses héritiers bas nommés,

Mojennant lesquels leguats veut que sesdits légataires soient contans et satisfaits et autre choze ne puissent prethendre ny demander sur sesdits biens, les faisant avec ce ses héritiers particuliers,

Et en tous et chacun ses autres biens, noms, droits et actions, meubles, immeubles présent et advenir en quoy qu’ils consistent et puissent consister, ledit sieur Ranc testateur a fait, institué et de sa propre bouche nomme ses héritiers généraux et universels Jean et François Ranc, ses deux fils aisnés et de la dite Françoise Bojere a partager entre eux esgallement à la rézerve des biens fonds, desquels il a voulleu lui mesme faite le partage comme sensuit,

Voullant que la maison qu’il a sçittuée dans l’anclos de cette ville au Sixain Sainte Croix, Isle de Brouzet quy feut baillée audit testateur pour la dot de ladite Bojere soit et appartienne à Jean Ranc son fils aisné, avec une autre maison qu’il a sçittuée dans ledit Sixain Isle de Seguin, ladite Maison ajant apparteneu a sieur Guillaume Doucet et que ledit testateur jouit par une rémission de décret ou autres Ipoteques qu’il a sur ladite Maison, comme aussi veut ledit testateur qu’une terre, vigne qu’il a sçittuée au ténemant de la Coulombière soit et appartienne audit Jean Ranc et que ladite terre avec les deux maison soient sa portion des biens en fonds,

De mesme veut ledit testateur que la maison qu’il a sçittuée audit sixain Sainte Croix, isle de Terral et une autre Maison qu’il a sçittuée au Sixaint Sainte Anne, isle de l’esglize avec une terre vigne qu’il a sçittuée au ténemant de la Cavallade soient et appartiennent à François Ranc, son fils puisné pour sa portion des biens fonds, voullant ledit testateur que sesdits héritiers ne se puissent rien demander ny prethendre l’un sur l’autre pour aucune raison de l’inégalité ou plus vallue quy se pourroit trouver dans les deux susdites portions desdits biens fonds, et que dudit entier héritage pour ce quy les conserne, ils fassent et disposent à leurs plaisirs et vollontés tant en la vie qu’en la Mort, nommant en tant que de besoin lesdits Jean et François Ranc ses enfans et héritiers tuteurs des personnes et biens desdits Guillaume et Jean Baptiste Ranc, ses enfans puisnés,

C’est son dernier testament et dernière disposition de sesdits biens, qu’il veut que vaille par droit de testament, codicil, donation à cauze de mort et par toutte autre meilleure forme que de droit pourra valloir, cassant, révocant et annullant tous autres testamens, codicilles, donnations à cauze de mort qu’il pourroit avoir cy devant faite, voullant que son présent dernier testament qu’il déclare faire suivant les status et privilèges dudit Montpellier à luy donnés à entendre et cy incérés de termes, Omne testamentum et Omne testamentum, sorte son plain et entier esffect et soit exécutté, suivant sa forme et tenue cy a prié et requis les témoins cy après nommés estre de sondit testament mémoratifs et Moy notaire en retenir acte, ce quy a esté fait et récité dans mon étude en présance de Me Jean Baude, procureur en la Sénéchaussée et siège présidial 102, sieur Benoist Caila, maître tailleur d’habits et Philippe Recouly, habitant dudit Montpellier, signé avec ledit sieur Ranc testateur, et de moy Raymond Margouët, notaire royal de ladite ville soussigné,
Ranc A. aprouvant le renvoy – Baude
Caila – Recouly
Margoüet »

Annexe 2

Second testament d’Antoine Ranc – 1er avril 1697 – 2E55-198, f°411 v°
(étude de Raymond Margouet).

« Ce jourd’huy premier du mois d’avril mil six cent quatre vingt dix sept avant midy à Montpellier, Reignant très Chrestien prince Louis Le grand par la grace de Dieu Roy de France et de navarre, par devant moy notaire royal de la dite ville, présents les témoins bas nommés ; feut présant sieur Antoine Ranc peintre, habitant dudit Montpellier, lequel estant en parfaite santé de son corps, sein de ses sens, jugement, mémoire et entendement, considérant la certitude de la mort et l’incertitude de l’heure et du momant d’icelle, pour éviter tous procès et différends entre ses enfants et autres préthendans, droit en ses biens, a vouleu faire son testament et disposes d’iceux en la forme et manière qui suit ;

En premier lieu, il a recommandé son ame a Dieu le père tout puissant, et prié de vouloir par sa divine miséricorde, et par les mérites infinis de la mort et passion de nostre seigneur Jesus Christ, et par l’intervention de la glorieuze Vierge Marie et de tous les saints et saintes de paradis luy pardonner ses fautes et pechés, et après son déceds, recevoir son ame dans son paradis, déclarant qu’il veut que son corps soit enterré dans l’esglise de St Mathieu ou il a sa sépulture, donnant aux Religieux dudit couvant, la somme de quinze livres pour la rétribution de quarante messes qu’ils diront pour le repos de son ame, pajable ladite somme quarante jours après son déceds, laissant les honneurs funebres de son enterrement à la volonté de son héritier bas nommé ;

Et tenant à la disposition de sesdits biens, ledit sieur Ranc testateur a donné et légué, donne et lègue à l’archiconfrérie du très saint sacrement de l’autel de la parroisse de Saint Pierre, la somme de dix livres pajable un an après son deceds, plus veut ledit testateur que les pauvres de l’hospital général de cette ville soient contans et satisfaits avec la somme de trente livres qu’il leur a payée par anticipation suivant quittance privée du sieur Claude Dilhe, trésorier dudit hospital du vingt cinquiesme du mois d’aoûst mil six cent quatre vingt douze, pour le léguat de pareille somme qu’il leur avoit fait par son testament dont sera fait mention cy après ;

Plus donne et legue ledit sieur testateur à Magdelaine Ranc sa fille et de feuë Gabrielle Bordes, sa première femme, la somme de mil livres, et telle chambre qu’elle voudra pour sa demeure au second estage de la maison que ledit testateur a au devant de l’esglise de Saint Pierre, et ce pendant et durant la vie de sadite filhe, moyennant quoy veut qu’elle soit contante et ne puisse rien plus demander sur les biens dudit sieur testateur, et en cas cele [ndr : qu’elle] y vouloit préthendre quelque autre chose, veut ledit testateur que ledit leguat de mil livres soit réduit à la moitié de sa légitime, et ce en considération de ce qu’elle a dix huit cent livres du dot de sadite mere et autres léguats ;

Plus donne et legue a Guillaume Ranc, son fils puisné et de deffunte Françoise Bojere sa seconde femme, la somme de deux mil livres, et une maison qu’il a sçittuée dans l’enclos de cette ville au Sixain Sainte Anne, isle de l’esglise, sy mieux n’ayme son héritier à la place de ladite maison luy pajer la somme de mill livres ;

Plus donne et legue ledit sieur Ranc testateur à Jean Baptiste Ranc, son plus jeune enfant pareille somme de deux mil livres, et une maison qu’il a dans l’anclos de ladite ville au sixain Sainte Croix, isle de Fontanon, au devant de Terral, sy mieux n’ayme son héritier à la place de ladite maison, la somme de mil livres, pajables lesdits leguats lors qu’ils auront atteint et accomply l’age de vingt cinq ans ;

Voulant néanmoins qu’ils soient nourris et entretenus aux depends de son héritier jusques audit age de vingt cinq ans en laissant leurs dits leguats dans l’heritage ;

Moyennant quoy veut ledit sieur testateur qu’ils soient contant et ne puissent rien plus demander ny prethendre sur les biens de leur dit père ny sur ceux de leur dite mère en quelle manière que ce soit, et affin qu’il n’arrive qu’aucun différent entre ses dits légataires et héritier pour raison de la dot ou biens advenirs de ladite Bojere leur mère, veut ledit sieur testateur que sy lesdits légataires font aucune demande à son héritier pour raison d’aucun droit ou prétention sur les biens de leurdite mère, que leurs léguats de deux mil livres et une maison soient réduits en tout à la somme de quinze cent livres, le surplus leur estant donné en considération de la portion des biens de leurdite feüe mère qui leur seroit beaucoup moins avantageuse, Ce que ledit sieur testateur a voulu faire ainsi pour ensuite tout prétente à procès entre ses enfants ;

Et a tous ses parents et autres préthendans droit en ses biens, ledit testateur leur a donné et légué cinq sols à partager entre eux, pajables une seule fois le jour de son décès par son héritier bas nommé ;

Mojennant lesquels léguats veut que sesdits légataires soient contant et satisfaits, et autre chose ne puissent prethendre ny demander sur sesdits biens les faisant avec ce ses héritiers particuliers ;

Et en tous et chacun ses autres biens, noms, droits et actions, meubles, immeubles présent et advenir en quoy qu’ils consistent et puissent consister, ledit sieur Ranc testateur a fait, institué et de sa propre bouche nommé son héritier universel et général Jean Ranc, son fils ainé et de ladite Françoise Bojere pour de sesdits biens et entier héritage faire et disposer à ses plaisirs et volontés tant en sa vie, qu’en la mort, nommant entant que besoin ledit Jean Ranc, son fils et héritier tuteur des personnes et biens desdits Guillaume et Jean Baptiste Ranc ses enfans puisnés ;

C’est son dernier testament et dernière disposition de sesdits biens qu’il veut que vaille par droit de testament, codicil, donnation à cauze de mort et par toute autre meilleure forme que de droit pourvu, valoit, cassant, recevant et annullant tous autres testament, codicilles, donnations à cauze de mort qu’il pouvoit avoir cy devant faits, et nottamment celluy qu’il fit le septième décembre mil six cent quatre vingt onze, retenu par moy, notaire, voulant que son présent dernier testament qu’il déclare faire suivant les status et privilèges dudit Montpellier a luy donnés à entendre et sy incérer de trois Omne testamentum et omne testamentum, porte son plain et entier effect, et soit exécuté suivant sa forme et tenue, priant les témoins cy après nommés estre de son présent dernier testament mémoratifs et moy notaire, en retenir acte,

Ce qui a esté fait et récitté dans mon étude, en présence de Me Jean Baude, procureur en la Sénéchaussée et siège présidial, sieur Jean Pujol, employé à la musique de l’esglise Saint Pierre et Philippe Louis Recouly, habitant dudit Montpellier, signé avec ledit sieur Ranc, testateur et de moy, Raymond Margouët, notaire royal de ladite ville, soussigné à luy payé,
Baude – Ranc – A. Pujol
Recouly – Margouët ».

Annexe 3

Dépôt par Guillaume Ranc du dernier testament d’Antoine Ranc – 27 juin 1718
ADH, 2E57-425, f°9 r° (étude Barthélémy Brun).

« L’an Mil sept cent dix huit et le vingt septième jour du mois de juin après midy à Montpellier, par devant nous, notaire garde notte du Roy, fut présent sieur Guilhaume Ranc, peintre habitant de Montpellier, lequel nous ayant présenté le testament et codicille olographe dans une meme feuill écrit et signé de la main de feu sieur Antoine Ranc, aussy peintre habitant de ladite ville, son père, contenant deux pages et demy, signé et parafé à la première page du testament et à la fin dudit testament et codicille du dix huitième juillet mil sept cent neuf et second juillet mil sept cent quatorze, et comme il ne peut retirer la somme qui luy sont deues en qualité d’héritier dudit feu Antoine Ranc son père sans rendre public ledit testament et codicilles, il nous requiers de vouloir nous en charger et l’insérer dans notre registre pour scavoir ainsi qu’il apartiendra ce qui a esté fait de teneur,

In manus domine comendo spiritum meum, Je Antoine Ranc, peintre habitant de Montpellier, cy après signé, sachan que l’heure de la mort est incertaine et sonnant imprévüe, ay voulu dans un estat de bonne santé et mémoire et entendement régler la disposition de mon bien après avoir imploré la miséricorde de dieu pour la rémission de tous mes péchez, par l’intercession de la très sainte vierge et de tous les saints, je veux en premier lieu qu’après mon déceds, mon corps soit ensevely dans le cavot que j’ai fait faire dans l’Eglise de Saint Mathieu, et qu’il soit payé aux religieux de ladite église la somme de quinze livres pour la rétribution de quarante messes apliquées pour le repos de mon âme, je donne et lègue à l’archiconfrérie du très saint sacrement de la paroisse de Saint Pierre la somme de dix livres paiable dans l’an de mon déceds et au couvan des R. P. Augustins de cette ville pareille somme de dix livres paiable dans l’an de mon deceds, je confirme le légat que j’avois fait aux pauvres de l’Hopital général de cette ville par mon testament reçu [par] Maître Margouët, notaire le septième décembre mil six cen nonante un et autre du premier avril mil six cent nonante sept, lesquels testamens ensemble celuy par moy fait le quinze juin mil sept cent huit écrit et signé de ma main que je révoque et tous autres que je pouvois avoir faits, et veux qu’il demeurent come non avenus, à la réserve du léguat des dits pauvres que j’ai payé par avance à feu sieur Claude Dilles, trésorier dudit hôpital, apert de sa quittance du vingt cinquième août mil six cent quatre vingt douze, je donne et lègue à Magdelaine Ranc, ma fille et de feue Gabrielle Bordes, toutes les terres, champs, vignes, olinattes et jasses qui me sont avenues par le bail a moy adjugé par M. Le Senechal de cette ville le dix huitième janvier mil sept cent huit en la distribution de feu Joseph Reynaud, habitans de Miravals, si mieux elle naime se contenter de la somme de mil cinq cen livres à prendre sur mon heritage et au surplus je luy donne et legue la jouissance sa vie durant de la chambre qu’elle occupe présentement dans la maison que j’ai au Sixan Sainte Croix Isle de Ranc et les meubles qui y sont ensemble douze linseuls, douze serviettes et quatre napes,

Je donne et legue à Jean Baptiste Ranc mon fils et de feu françoise Boyere la somme de deux mil livres et au surplus je luy donne et legue une maison que j’ay dans l’enclos de cette ville au Sixan Sainte Croix, ilse de Fontanon y compris tout ce qu’il pouvrois prétendre de son droit maternel,

Et à Jean Ranc mon fils aisné et de ladite feue Françoise Boyere, lequel je crois etre en volonté d’establir sa demeure dans la ville de Paris, ou il est actuellement, je luy donne et legue la somme de deux mil cinq cent livres ensemble toutes les sommes que je peut avoir acquitté pour luy y compris aussy tout ce qu’il pouvroit prétendre de son droit maternel que si l’un ou l’autre des légataires vouloient demander ce qu’ils pouvroient prétendre de ses droits maternels, je veux qu’il leur soit dédui a chacun sur leurs légats la somme de mil cinq cent livres de mesmes que sur l’heritage si mon héritier vouloit de meme demander son droit maternel ou pretendre pour cette raison réduire leurs susdits légats ce que j’ay voulu ordonner ainsy pour éviter qu’il n’arrive entre eux aucune discusion ny proces leur déclarant que je suis créancier pendant sur les biens de feu Jean Boyer et de Jeanne Causse leur grand père et mère maternel et en tous mes autres biens droits, noms et actions, je nomme et institue pour mon héritier général et universel Guilhaume Ranc mon fils puisné et de ladite Françoise Bojere, laissant mes honneurs funebres à sa volonté ou en son absence à celle de Magdelaine Ranc ma fille,

C’est mon testament et derniêre volonté, fait à Montpellier le dix huitième juillet mil sept cent neuf, Ranc signé,

Je Antoine Ranc peintre habitant de montpellier soussigné sachant avoir fait mon dernier testament que j’ai écrit et signé le dixhuitiême juillet mil sept cent neuf par lequel j’ai légué à Jean Ranc mon fils aisné qui fait sa résidence en la ville de Paris la somme de deux mil cin cent livres et toutes les sommes que je pourrois avoir acquittées pour luy, y compris audit léguat ce qu’il pouvoir prétendre pour son droit maternel, a Jean Baptiste Ranc mon autre fils la somme de deux mil livres et une maison que j’ay au sixain Sainte Croix, isle de Fontanon compris audit légat son droit maternel et nomme mon héritier Guilhaume Ranc mon fils puisnay et comme mes dits enfans ont travaillé en leur particulier depuis assez longtemps de mon consentement, craignan qu’ils ajent quelque diférant entre eux pour raison des profits et acquets qu’ils ont faits, voulant l’éviter par le présent codicille, je leur impose silence et veux que chacun en particulier soit véritablement maitre et propriétaire des cy profits et acquets et en temps que besoin je leur en fait don et légat et pour tout le surplus je veux que mondit testament porte à effet et soit exécuté selon sa forme et teneur, fait à Montpellier, le second juillet mil sept cent quatorze, Ranc signé, ajant ledit sieur Guilhaume Ranc paraphé et certifié véritable ledit testament et codicille remis à nous, notaires, pour servir de minutte audit présent acte, fait et passé dans mon estude en présance de sieur Jean Martin et Pierre Billard, habitant dudit Montpellier, signez avec ledit Ranc, et nous Bathelemy Brun notaire soussigné,
Ranc – Billard
Martin – Brun notaire ».

Annexe 4

Arbre généalogique sommaire d’Antoine Ranc

Tableau 1 -  Arbre généalogique sommaire d’Antoine Ranc
Tableau 1 - Arbre généalogique sommaire d’Antoine Ranc

Annexe 5

Arbre généalogique sommaire des Bordes

Arbre généalogique sommaire des Bordes
Tableau 2 - Arbre généalogique sommaire des Bordes

Annexe 6

Arbre généalogique sommaire de Jean Ranc

Arbre généalogique sommaire de Jean Ranc
Tableau 3 - Arbre généalogique sommaire de Jean Ranc

NOTES

1. Nous renvoyons le lecteur à nos différents articles consacrés à la carrière française de Jean Ranc : Stéphan Perreau, « Les années parisiennes de Jean Ranc », L’Estampille l’objet d’art, janvier 2012, p. 66-75 ; « Rigaud en famille : Gaspard Rigaud et Jean Ranc », dans Hyacinthe Rigaud, catalogue concis de l’œuvre, Les Nouvelles presses du Languedoc, Sète, 2013 ; « Jean Ranc, œuvres méconnues ou retrouvées », Les Cahiers d’histoire de l’art, Voulangis, 2016, p. 16-25.

2. Nous avons redécouvert cette série de documents lors de plusieurs sessions de recherches, en juin et septembre 2017 puis en février 2018. Voir « Ranc en famille. Les testaments d’Antoine Ranc », dans Antoine Ranc (1634-1716), peintre montpelliérain, la peinture sous Louis XIV en Languedoc, sous la direction d’Hélène Palouzié, textes d’Elsa Trani et Alain Chevalier, collection Monuments Duo objets, DRAC Occitanie, avril 2018, p. 82-85.

3. Charles Louis Joseph Ponsonailhe, « Les deux Ranc, peintres de Montpellier », Réunion des sociétés des beaux-arts des départements, 1887 ; 11ème session, p. 173-208.

4. Antoine Joseph Dezallier d’Argenville, Abrégé de la vie des plus fameux peintres, t. 3, Paris, De Bure, 1745, p. 310 et 324.

5. Louis de La Roque, « Peintres, sculpteurs et architectes », Biographie Montpelliéraine, Montpellier, 1877, p. 30-36.

6. Voir Yves Bottineau, L’art de cour dans l’Espagne de Philippe V: 1700-1746, Burdeos, Féret, 1962, p. 439-444 et 482-487. Parmi les nombreux articles de Juan J. Luna, ancien conservateur au musée espagnol du Prado qui nous fit la gentillesse d’un long entretien à Madrid, citons : « Jean Ranc », Reales Sitios, lI, Madrid, 1977, pp. 449-465 ; « Jean Ranc : Ideas artisticas y métodos de trabajo, a través de pinturas y documentos », Archivo español de arte, tome 53, n°212, 1980, p. 440-465 et « El pintor Jean Ranc y la corte de Felipe V en Andalucía », Historia, 16, nº131, Madrid, 1987, pp. 94-104.

7. Francine Arnal, Alain Chevalier ; avec la contribution de Pierre Curie, Joël Perrin, Tableaux religieux du XVIIe siècle à Montpellier, collection Images du Patrimoine, Service régional de l’Inventaire de Languedoc-Roussillon, 1993.

8. Elsa Trani, sous la direction de Michèle-Caroline Heck, Antoine Ranc (1634-1716), un peintre montpelliérain, mémoire de Master 2 en histoire de l’art, Montpellier III, 2010 ; Elsa Trani, sous la direction de Michèle-Caroline Heck, La peinture à Montpellier de Sébastien Bourdon (1616-1671) à Joseph-Marie Vien (1716-1809), Thèse de doctorat d’histoire de l’art moderne, Université Paul-Valéry, Montpellier III, 2016. Nous tenons à vivement remercier l’auteur de nous avoir spontanément communiqué ses travaux et d’avoir échangé maintes fois avec nous sur ce sujet.

9. ADH, 2E57-425, f°160 v°.

10. ADH, 2E57-425, f°9. Voir annexe 3.

11. ADH, 2E55-194, f°286 v°. Voir annexe 1.

12. ADH, 2E55-198, f°411. Voir annexe 2.

13. Le caveau de famille se situait « auprès de la troisième chapelle à gauche au bord de la nef » (Chevalier, 2018, p. 49). Le père d’Antoine Ranc y avait été enterré le 21 mars 1678 (ADH, GG90, f°46) et le peintre avait réalisé en 1699 pour la chapelle Saint-Joseph (la quatrième à gauche) un tableau représentant l’Apparition de l’Ange à Saint Joseph qui lui fut payé 705 livres (Alexandre Germain, « Le couvent des Dominicains de Montpellier », Société archéologique de Montpellier, n°24, 1886, p. 212, note 4).

14. Laurens Ranc naquit le 7 juillet 1675 et disparut le 4 mai 1687 à l’âge de 11 ans tandis que son frère Joseph, né le 14 février 1679, mourut le 30 novembre 1688 âgé de 9 ans.

15. C’est le cas pour l’année 1684 qui vit le décès d’Antoine, né le 11 février 1680, de Pierre, né le 27 juillet 1682 et de Françoise née le 29 août 1683. Par contre, pour Jeanne, née le 10 septembre 1672 et Françoise, dernière de la lignée, née le 27 décembre 1685 comme jumelle de Jean-Baptiste, le doute persiste encore car leur décès n’a pas été retrouvé. On suppose néanmoins qu’elles disparurent avant le premier testament de 1691 puisque leur père, Antoine Ranc, ne leur laisse aucun legs alors qu’il le fera pour sa fille ainée, avant même qu’elle soit en âge de se marier.

16. Fondeur de cloches (saings).

17. MM, GG224, f° 18. Voir Trani, 2016, p. 171.

18. ADH, 2E60-83, f°22. Nous remercions Elsa Trani d’avoir bien voulu numériser l’acte pour nous.

19. Pour le détail des travaux exécutés par Antoine Ranc on renverra le lecteur aux travaux d’Elsa Trani et d’Alain Chevalier.

20. ADH, 2E57-180, f°97 v° (étude de Jean Guion). « Se sentant au terme de maladie corporelle », Madeleine Ramigote souhaite être ensevelie dans le caveau de son mari, en l’église Notre-Dame-des-Tables. Elle donne 5 livres aux pauvres de la Charité de la ville et lègue à ses fils Jean Bordes, prieur de Montferrier et Claude Bordes, maître fondeur, la somme de 45 livres. Elle lègue « à Madeleine Ranc, sa petite fille et fille de sieur Antoine Ranc, peintre, et de feue Gabrielle Bordes, sa fille légitime et naturelle, et de feu Bordes, pareille somme de 45 livres, payable quand elle se convolera en mariage ou lorsqu’elle aura obtenu l’âge de 25 ans ». Elle institue Jean et Claude Bordes comme ses héritiers particuliers ainsi que Roux et Pierre Bordes, également fondeurs, ses héritiers universels pour le reste de ses biens meubles et meublants et ce, à part égales.

21. ADH, 169EDT3, f°33.

22. ADH, 2E61-68, f°306. Le nouveau prieur, Jean Tricou, déclare que la valeur des ornements que l’évêque du diocèse avait ordonné à Jean Bordes de faire pour son église (un soleil et un ciboire d’argent, un tabernacle pour la sacristie, une balustrade pour la communion, la chaire à prêcher et la réparation du chœur de l’église), avait été absorbée par sa saisie faite pour leur paiement.

23. Mariage célébré en l’église Saint-Pierre, le 5 novembre 1669 (AMM, GG147, f°28 v°).

24. AMM, GG227, f°225.

25. ADH, 5 MI 1-36, f°16. Antoine Ranc fut également témoin avec sa fille Madeleine, au contrat de mariage correspondant, passé devant Quissac, notaire à Montpellier, le 25 février 1707 (ADH, 2E57-338, f°289 v°).

26. AMM, GG230, f°15. Le 28 février 1707, et aux côtés d’Antoine Ranc, elle sera également témoin au mariage de son frère Antoine avec Marie Durante.

27. Montpellier, archives municipales, II629. Voir Perreau, 2018/1, p. 83.

28. Il signe de manière hésitante comme témoin au mariage de Guillaume Tassy « travailleur » et de Marguerite Trémoulet, sur la paroisse Saint-Pierre de Montpellier, le 23 janvier 1709 (AMM, GG102, f° 251).

29. ADH, 2E57-421, f°14 v°.

30. Dès le 23 octobre 1668, son grand-père, Antoine Ranc « le vieux », lui avait légué par son testament la somme de 100 livres, payable « lorsqu’elle viendra à se marier ou qu’elle aura acomply l’age de vingt cinq ans » (2E55-152, f°428 ; acte redécouvert par Elsa Trani qui nous l’a aimablement communiqué).

31. Cette affaire, avait débuté dès 1682 par plusieurs prêts, d’un montant total de 3 279 livres, consentis à la veuve Reynard et à ses enfants, Suzanne, Jacques, lieutenant de cavalerie de Langalerie et Joseph, capitaine au régiment de Morange. On parlait alors d’une somme 1 627 livres huit sols trois deniers donnée à la veuve, Marguerite Couderc, et répartie en plusieurs obligations : la première du 4 décembre 1682, reçue par Tesses, notaire pour la somme de 719 livres huit sols ; la seconde de 444 livres par obligation du 6 juillet 1685, reçue par Tessier et la troisième de 464 livres par obligation du 6 octobre 1695, reçue par Jacques Brun, notaire de Mireval (ADH, 2E94-107). Il fallait ajouter à leur débit, un prêt consenti à Jean Raynaud, de la somme de 280 livres par obligation passée devant Quissac, le 23 février 1697 et de celle de 20 livres par un billet du 2 juin 1692. Ranc avait par surcroit prêté à Jacques Reynard 68 livres pour son billet du 16 juin 1699 et avait fourni une pension à Suzanne, leur sœur, à raison de dix livres par mois (soit en tout 51 livres 13 sols), en plus des 707 livres consacrées « pour ses habit ou autre nipes suivant l’Estat qu’il en avoir tenü », revenant le tout à 2 123 livres treize sols neuf deniers. Incapables de rembourser leur pécule, les Reynard avaient été condamnés dès le 29 mars 1687 par le présidial de Montpellier à rembourser le peintre mais, en 1699, ils avouaient encore « ne pas en l’estat de luy payer présentament ladite somme » (ADH, 2E57­416, f°337 : Obligation Reynard à Ranc). Ayant fait saisir les biens de ses débiteurs, Ranc poursuivit néanmoins d’autres membres de la famille en 1705, comme la demoiselle Fouvilette, veuve du sieur Coste, colonel de bourgeoisie de Montpellier et Jacques Reynard, époux de Françoise Coste, dont le frère lieutenant de cavalerie venait de disparaître (ADH 2E57-419, f°235 v°, 7 juin 1704). Il était alors toujours question des 3 279 livres, 13 sols et neuf deniers que l’on devait. Les Reynard, sachant que Ranc avait exposé clameur au juge du Petit Sel et qu’il voulait notamment faire saisir les biens de Madame Fouvilette, « ce qui aurait mi le désordre à ses affaires » selon elle, tentèrent une médiation qui aboutit au délaissement au peintre durant neuf ans, d’une maison à Montpellier, sise au faubourg de la Formerie. L’affaire traîna malgré tout jusqu’au 28 novembre 1712 (ADH, 1B40, f° 454 : Surdite par Antoine Ranc, peintre de Montpellier, sur les biens de feu Jacques Reynard, de Mireval), quatre ans après qu’Antoine Ranc ait récupéré son dû sous formes de terres par un transfert de bail adjugé par le Sénéchal de Montpellier le 18 janvier 1708 (ADH, 2E57-425, f°9 r°). Finalement, le 20 mai 1716, les Reynard cédaient définitivement toutes leurs terres à Guillaume Ranc, clôturant un douloureux chapitre qui assombrit les dernières années de son père (ADH, 2E57-423, f°431 v°).

32. Paris, AN, ét, XCVII, 181, 24 septembre 1717. Étaient présents à l’acte, Jean, son frère Jean-Baptiste, venu exprès de Saint-Quentin et logeant chez Jean rue des Fossés Montmartre ainsi qu’Antoine Pritelly, médecin de la faculté de Boulogne, procureur de Guillaume Ranc, resté à Montpellier. Demeurant ordinairement à Valenciennes, Pritelly était logé pour l’occasion « rue du Chante, en la maison ou est pour insigne la Croix d’Argent, paroisse Saint-Germainl’Auxerrois ».

33. ADH, 2C1219. Nous remercions Marie-Claire Pont, responsable des fonds notariaux aux archives départementales de l’Hérault, de nous avoir fourni ce document qu’elle avait retrouvé en juillet 2017.

34. 2E57-425, f°244 v°.

35. Fille de Pierre Roumière, du lieu de Lespignan et de Catherine Lafont, de Lunel Viel, la jeune fille avait été baptisée à Saint-Pierre de Montpellier le 22 octobre 1702, âgée de 2 jours (ADH, GG101, f° 47 v°). Antoine Ranc avait été témoin au mariage des parents, le 8 janvier 1701 sur la même paroisse (AMM, GG100, f° 29). Roumière avait établi les conditions de ce mariage par contrat passé devant Brun, le 12 décembre 1700.

36. On retrouve les différents legs de Madeleine, honorés par son frère par plusieurs quittances produites entre 1728 et 1731 (ADH, 2E57426,f°289 v°, 27 janvier 1728 et 2E57-427, f°1 v°, 1er novembre 1729, quittances à la veuve de François Bordes ; 2E57-427, f°5 v°, 24 janvier 1729, quittance à la veuve de Thomas Bordes ; Ibid., f°156 v°, 30 juin 1730, quittance à Jacques Bordes ; Ibid., f° 264 v°, 20 avril 1731, quittance à Marguerite [sic] Carrière).

37. Le couple Boyer-Causse s’était uni à Notre-Dame-des-Tables le 29 janvier 1631 (AMM, GG210, f°118).

38. ADH, 2E55-155, f°190. Nous remercions Elsa Trani d’avoir trouvé la cote de ce document et de nous en avoir fourni une numérisation.

39. Jean avait comme parrain son grand-père Jean Boyer et François, comme marraine, sa grand-mère Jeanne Causse, cette dernière ayant également comme filleule, Jeanne Avellan, fille aînée de Claude Boyère et de Laurent Avellan.

40. Maison qu’il partageait avec la demoiselle Imbert et le maçon Crouzat, selon un plan de Compoix non daté (AMM, II632).

41. En tant que parrain d’une certaine Reine Coste, fille d’un travailleur de la cité, il signe l’acte de baptême avec le titre de « m[aître] peintre de cette ville » (AMM, GG94, paroisse Saint-Pierre, f°12 r°).

42. Montpellier, musée Fabre.

43. Huile sur toile. Collection particulière. Anciennement donné comme Largillière.

44. Narbonne, musée d’art et d’Histoire. Huile sur toile ovale. Identifié, daté et signé au dos, sur sa toile d’origine : Hyacinthe Rigaud pinxit 1699. Un examen de visu du portrait dans les réserves du musée, montre qu’il s’agit probablement d’une œuvre de collaboration. La perruque et la vêture revenant à Rigaud et le visage à Jean Ranc dont on reconnaît la technique stylisée des sourcils et du dessin en ovale du visage ainsi que la manière nacrée des carnations.

45. Roman, 1919, p. 293. Le tableau était classé par l’auteur dans la rubrique « œuvres douteuses » mais sans donner de nom alternatif de son véritable auteur.

46. Voir note 29. On apprend grâce à l’acte de vente que la maison « Isle de Viguier, cy devant de Seguin », confrontait « d’une part Jacques Thérond, Martial Clauzel, d’autre part les hoires d’Estienne Soullié, du vendroit la rue allamde, l’Eglise Saint Pierre à la blanquiere et autres confrontes » (ADH, 2E57-419, f°72).

47. AMM, GG106, f°101.

48. Il s’agit d’Antoine Jean-Baptiste Ranc, (Paris, 30 juillet 1717 – Madrid, 16 février 1756), futur garçon de la chambre de Philippe V.

49. Le 20 décembre 1745, Madame Ranc dépose, au nom de son beau-frère les actes justifiant l’état civil de François Mathieu Demus (1677-1744), chevalier de l’ordre militaire de Saint-Louis, directeur des fortifications de partie des places de Picardie et Artois afin de rectifier l’orthographe et l’identité de ce dernier. Elle y joint une notoriété passée à Saint-Quentin qui indique que Jean-Baptiste Ranc a passé une constitution sur la tête de sa fille, Marie-Louise Françoise, chez Simon Hurtrelle, notaire à Paris, le 9 janvier 1744 et qu’elle doit toucher à la mort de Demus, son parrain, l’acte de naissance de la jeune fille en faisant foi (Paris, AN, ét. LIII, 314 ; cité par Wildenstein, 1966, p. 126).

50. AMM, GG 111, f°83.

51. Le 5 août, il est témoin, avec Jean Vincens, au mariage de Pierre Riban, jardinier et de Suzanne Bousquette (AMM, GG100, f° 29).

52. Le 30 avril, Guillaume Ranc et sa soeur Madeleine, sont parrain et marraine d’une fille née de parents inconnus (AMM, GG101, f° 70 v°).

53. Le 10 octobre, Guillaume et son père sont témoins du mariage d’Étienne Pelet, maçon, et d’Anne Ramond, veuve d’Étienne Touffet, décédé en Espagne (AMM, GG102, f° 304, v°)

54. Jeanne-Marie (1719-1720), Pierre-Michel (1722-1729), Jean-Baptiste (1723-1725), Gracie Anne (1726-v. 1740), Jean-Baptiste (1729-1730) et Jean-Antoine Esprit (1731-1735).

55. Ponsonailhe, 1877, p. 176. Jean Boussonnel et Jeanne de Gaillard, de Frontignan, s’étaient unis sur la paroisse Sainte Anne de Montpellier le 24 juillet 1684 en présence d’Antoine Ranc (AMM, GG 154, fº98).

56. Contrat de mise en apprentissage le 16 octobre 1720, pour 17 mois chez Guillaume Ranc de Claude Comperon, fils de Barthelemy Comperon, marchand de Montpellier contre la somme de 115 livres (ADH, 2E57-425, f°308 v°).

57. Émile Bonnet, « Les portraits des consuls de Montpellier », Mémoires de la Société archéologique de Montpellier, 2e série, VIII, Montpellier, Firmin, 1933, p. 150. Voir aussi Trani, 2016, p. 243-248.

58. Archives de Montpellier, BB. Registre des délibérations du Conseil de ville, 1722-1725, séance du 16 mars 1723, f° 21 (cité par Émile Bonnet).

59. André Cablat, Maurice Nougaret, Jean Vallette, « La petite Encyclopédie Frontignan la Peyrade », Frontignan Patrimoine, 2015, p. 43, 64.

60. Commune située sur le Tarn, à une trentaine de km de Toulouse. ADH, C 3207. On supposait jusqu’ici que l’auteur de la lettre était son frère, Louis-Raymond, né en 1681. Mais l’enfant dut disparaître assez tôt car il est absent de tous les testaments de son père.

61. Plan de compoix de l’île de Fontanon (s.d. [après 1758]). Montpellier, archives municipales, II 632.

62. Voir note 32.

63. « […] led. Sr Ranc est absent, etant allé en Espagne ». Archives de Montpellier, BB. Registre des délibérations du Conseil de ville, séance du 25 octobre 1731 (Charles d’Aigrefeuille, Histoire de la ville de Montpellier depuis son origine jusqu’à notre temps, 1739 [1882, t. IV, p 704]).

64. Voir note 44.

65. C’est le cas de deux procurations données à sa femme (et non à son neveu comme l’indiquait Yves Bottineau) le 14 novembre 1738 et le 29 juillet 1739 (AHPM, 16338, f°25 & 55). Il est également qualifié de « peintre de la Majesté catholique le roi d’Espagne » sur son acte d’inhumation à Montpellier, le 18 novembre 1742 (ADH, 3E177-16, f°47 v°).

66. Bottineau, 1964, p. 568, note 173.

67. Le 7 mars 1739, elle demande aux services du roi un passeport pour son voyage de retour (MAGP, Caia 868 Expte 17).

68. Son dossier personnel aux archives du Palacio Nacional contient une brève missive annonçant le départ de Ranc.

69. AHPM, 12824, f°27.

70. AHPM, 16336, f° 290.

71. Paris, arch. nat, ét. XXXVI, 497.

72. « Et quant au surplus de tous les biens dudit sieur testateur, il les donne et lègue scavoir l’usufruit à Dame Elisabeth Marguerite Rigaud, sa nièce, veuve du sieur Jean Ranc, lequel usufruit led sieur testateur veut ne pouvoir etre saisy par les créanciers de lad Dame Ranc, le destinant pour sa subsistance et entretien, et le fonds en propriété à Antoine Jean Baptiste Ranc, à Claude Ranc, à Hiacinthe Joseph Ranc, et aud Jean-Baptiste Ranc, né à Madrid chacun pour un sixième, et à Antonia Ranc, leur soeur pour les deux autres sixième, lesd Antoine, Jean-Baptiste, Claude, Hiacinthe Joseph, Jean Baptiste et Antonia Ranc, tous cinq enfans dudit feu sieur Ranc et de lad Dame a présent sa veuve […], à l’effet de quoy le dit sieur testateur fait et institut ses légataires universels au résidu de tout ses biens lad Dame veuve Ranc pour l’usufruit et lesdits cinq enfants de lad dame et dud feu sieur son mary pour le fonds en propriété pour les portions et aux conditions cy dessus en tout, et entend led sieur testateur que tout le mobilier qui se trouvera dans led legs universel soit à la diligence de ses exécuteurs testamentaires employé en immobilier avec les déclarations necessaires pour la sureté de tous les légataires universels aux conditions » (Paris, arch. nat., ét. LXXIX, 32).

73. Elsa Trani, « Montpellier et la peinture en Languedoc au XVIIe siècle » Duo Ranc, DRAC Occitanie, sous la direction d’Hélène Palouzié, mai 2018, p. 10-25 ; Alain Chevalier, « L’œuvre d’Antoine Ranc », ibid. p. 26-77.

74. Il était parrain le 11 février 1680 au baptême à Saint-Pierre de Henry Ranc, fils d’Antoine et de Françoise Boyère (AMM, GG97, f°213).

75. Raoux, qualifié de « peintre ordinaire du roi » sera parrain d’une des filles de Guillaume Ranc, Gacrie Anne, baptisée le 3 août 1726 à Saint-Pierre (AMM, GG110, f°35).

76. Acte d’entrée en apprentissage du 28 mai 1678 découvert par Émile Bonnet, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Bas-Languedoc, Montpellier, 2004, p. 404-405 ; James-Sarazin, 2011, p. 1-11 et 188.

77. Le 30 décembre 1723, il est le parrain de Jean-Baptiste (1723-1725), fils de Guillaume Ranc. (AMM GG108, f°115).

78. Guillaume Ranc sera le parrain du futur peintre Guillaume Loys (1728-1770), fils d’Étienne (AMM, GG 252, f°82 v°. Cité par Bonnet, 2004, p. 285).

79. Ils sont d’ailleurs témoins de l’entrée en apprentissage de Gaspard Rigaud. Voir note 59.

80. Il prêta aux pères révérends près de 1 368 livres 16 sols pour 17 août 1699 pour payer les travaux du platier Jacques Desfours et du maçon Jean Vien (ADH, 2E57-416, f°316 v°).

81. Elle avait épousé François Verdier par contrat du 29 janvier 1633 passé devant Antoine Fages (2E95-1634, f°25 v°). Elle rédigera son testament devant Peras, le 26 juin 1676 (ADH, 2E57-273, f°214 v°).

82. Le 21 janvier 1676, Antoine Ranc signera comme témoin d’une obligation d’Antoine Villebrun, maître tailleur, créancier de Jean Boyer (ADH, 2E55-273, f°154-156). L’acte est passé chez Jean Boyer « dans la chambre où il est gisan malade ».

83. James-Sarazin, 2016, I, p. 233.

84. On savait, grâce à Julien Lugand, que Gaspard Rigaud avait effectué son propre retour en Roussillon au début du nouveau siècle, puisque sa présence était attestée à Perpignan entre le 19 mars et le 22 avril 1701 (James-Sarazin, 2016, I, p. 228). Mais il semble que l’artiste soit arrivé un peu plus tôt dans sa ville natale, comme l’atteste sa participation à un évènement resté inédit jusqu’à publication du présent article. En présence de sa propre mère, Maria Geli y Rigaud, « Gaspar Rigaud, peintre / deu Roy » signe en effet le 13 juin 1700, en l’église Notre-Dame-de-La-Réal, l’acte de baptême du quatrième enfant de sa sœur Clara Rigau-Lafita (1663-1700), une fille inconnue des historiens, âgée de un jour et prénommée Francisca Maria Clara Lafita (ADPO, GG185, f°20-21). Clara Rigaud-Lafita mourra des suites de ses couches deux jours plus tard et fut inhumée le 16 juin 1700 en la cathédrale Saint-Jean (ADPO, GG36, f°51).

85. Chevalier, 2018, p. 64. Nous avions examiné cette oeuvre grâce à la gentillesse de Madame Hélène Lorblanchet, conservatrice du musée Atger et n’y avions décelé comme elle, aucun élément typique de l’art de Jean Ranc.

86. Il est possible, comme nous l’avions pensé dès 2004, que Jean soit parti un peu plus tôt, puisqu’en 1696 il travaille déjà dans l’atelier de Rigaud, ce qui, s’il n’était parti qu’à cette date de Montpellier, ne lui aurait laissé que peu de temps pour assimiler le style de son maître au point de se voir déjà confier la plupart des copies du portrait de Louis XIV ou du prince de Conti. Rigaud ayant déjà deux aides avec lui dès 1692, penser que Ranc était l’un d’eux n’est pas chose incongrue.

87. ADH, 2E95-1647, f°691.

88. Le paiement est consigné dans les comptes du chapitre cathédral. G. 2517 (Trani, 2016, p. 644).

89. ADH, 2E95-1647, f°717.

90. Elsa Trani, 2016, p. 197 ; Chevalier, 2018, p. 65-70.

91. 2E55-107, f°288. Voir Chevalier, 2018, p. 28.

92. Chevalier, 2018, p. 77.

93. Obligation au collège Saint-Ruf, 10 janvier 1703 (ADH, 2E57-418, f°146 v°) ; obligation aux consuls, 4 décembre 1706 (ADH, 2E57-420, f°169 v°).

94. Le 22 mai 1697, il lui prêtera plus de 300 livres (ADH, 2E55-181, f°168).

95. Voir note 25.

96. Les autres membres étaient Fulcrand Limozin, seigneur de La Mogère, écuyer, conseiller du roi, contrôleur en la Chancellerie de Montpellier, d’Antoine I Bellonnet, notaire royal de 1678 à 1721, de Jean Silvecane, ancien contrôleur de la monnaie (2E56-530, f°67, 27 février 1714).

97. Trani, 2016, p. 173 et suivantes.

98. AMM, GG94, Église Saint-Pierre de Montpellier, GG96, f°2. Ranc signa l’acte avec l’un de ses propres fils, peut-être François ou Henry.

99. ADH, 2E57-419, f°10. Ranc signe d’ailleurs aux côtés de sa fille aînée, Madeleine.

100. ADH, 2E55-206, f°373 v°, 5 mai 1715. Un premier billet de 200 livres « pour pareille que Ranc avait en garde de constitution de rente par trois suivant billets privés l’un de cent livres du dixième octobre mil sept cent trois, l’autre de cinquante livres du quizieme janvier mil sept cent six et le troisième de semblable somme de cinquante livres du vingt huit janvier mil sept cent sept, au proffit de Bernard, enfant naturel de la maison qui y est décédé et duquel les pauvres sont héritiers suivant sa déclaration de dernière volonté faitte devant Monsieur Caussel, prête dudit Hôpital »

101. Huile sur toile, 425 x 291 cm. Montpellier, chapelle Saint-Charles. Voir Trani, 2016, p. 168, 174, 390, cat. 41, pl. 177 ; Chevalier, 2018, p. 30-57.

102. Jean Baude avait été le parrain de Françoise Ranc (1683-1684) et de son homonyme François (1685 – v. 1690).