Description
Amat d’Oloron et la dédicace de l’autel de l’abbaye de Gellone
(dimanche 13 août 1077)
* Directeur de recherche (er) au CNRS, Centre Camille Jullian, Université d’Aix-en-Provence
Amat ou Aimé d’Oloron dont la date et le lieu de naissance ne sont pas précisément connus ni non plus ses origines religieuses, apparaîtrait en 1072 au concile de Châlon en tant qu’évêque de Cluny, mais il est certain qu’il fut évêque d’Oloron de 1073 à 1089. Au début de 1074, il fut nommé légat en Aquitaine par le pape Grégoire VII et, en juin, il présida son premier Concile au monastère de Saint-Maixent (diocèse de Poitiers). Une lettre du pape du 28 juin 1077 le nomme légat en Gaule Narbonnaise, en Gascogne et en Espagne. Il est chargé de veiller à l’indépendance de l’Église, et de lutter contre la simonie, les investitures et le mariage des clercs avec les pleins pouvoirs pour déposer ceux qui ne respecteraient pas ces missions. Pour sa mission en Espagne, il lui est adjoint Frotard, abbé du monastère de Saint-Pons-de-Thomières, qui était déjà intervenu en Catalogne avec le légat Hugues le Blanc, sous le pontificat d’Alexandre II, comme percepteur du cens pontifical.
Amat va convoquer un concile à Girona qui est perturbé par l’archevêque simoniaque de Narbonne, Guifred ou Geoffroy, et qu’il transfère à Besalu (6 décembre 1077) où l’archevêque et d’autres religieux simoniaques sont déposés. Entre mars et juin 1078, un nouveau Concile à Girona prend des décisions dans les mêmes optiques qui seront confirmées à Rome par le pape. En 1077-1078, Amat consacrera l’église de Saint Pierre et Sainte Marie de Taltaüll à la Segara. La carrière d’Amat se poursuit en Aquitaine où il devient, en 1089, archevêque de Bordeaux. Il accompagnera le pape Urbain II dans son long déplacement en Gaule en 1095-10967. II sera présent dans la phase finale du voyage à St Pons-de-Thomières (24 juin 1096), à Maguelone (28 juin), à Montpellier (2 juillet) et Nîmes (5 juillet). Nous n’avons pas la trace du passage du pape et du légat, lors de ce déplacement, soit à Gellone soit à Aniane. Un dernier voyage en Espagne lui permet de consacrer au culte catholique, le 13 avril 1097, la grande mosquée d’Huesca. En avril 1099, Amat est à Rome et le 21 août 1099 disparaissait Frotard. Il meurt le 22 mai 1101 après une trentaine d’années de légat au service de trois papes, en organisant de nombreux conciles et en se déplaçant sans cesse dans les territoires soumis à sa juridiction et jusqu’à Rome.
La Médiathèque Centrale E. Zola de Montpellier conserve, depuis la Révolution, un manuscrit (BM 13) provenant de l’abbaye de Gellone, dont le martyrologe mentionne, au folio 22v°, à la suite de la célébration du jour, le 13 août, aux « Idibus Augusti. Item dedicatio altaris sanctissimi guillelmi de gellonensi monasterio quae facta est ab amato sancte romano ecclesie sedis legato ».
Lors d’un voyage à Gellone pour rédiger des notices sur les manuscrits alors conservés, dom Claude Estiennot transcrit, à partir d’un ancien manuscrit perdu, l’indication suivante qui est conservée dans le manuscrit latin de la BNF latin n° 12 773, de 1681, page 3979, sous la forme suivante :
« Idibus Augusti. Dedicatio altaris sanctissimi Willelmi quae facta est ab Amato sanctae romanae Ecclesiae sedis legato anno MLXXVI a domini incarnatione », mais précise que ces derniers mots ont été ajoutés en marge !
Cette indication n’avait pas échappé aux deux chroniqueurs de l’abbaye, Dom J. Magnan qui relève seulement, d’après le martyrologe manuscrit : « dedicatio idibus Augusti », et Dom J. Sort, dans la biographie de l’abbé Berengarius qui avait procédé à une rénovation de cet autel dont il dit « anno M.L.XXVII ab Amato episcopo Olorensi et sanctae romanae ecclesiae legato », dédicace inscrite dans le Martyrologe aux Idibus Augusti. A la page suivante, Dom Sort indique une autre date : « anno M.L.XXVI a Domini Nativitate ».
Si le Martyrologe du XIIIe siècle donne le nom et la fonction de l’auteur de la dédicace, il ne précise pas la date. Celle-ci est proposée en 1076 ou 1077 par les moines du XVIIe et du XVIIIe siècles qui se sont probablement servis de ce qu’ils pouvaient savoir concernant la nomination de ce légat. Il est clair que c’est bien en 1077 qu’Amat a eu juridiction sur la Narbonnaise où se trouvait placée l’abbaye de Gellone. Il nous semble donc qu’il conviendrait de retenir la date du 13 août 1077. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2017 |
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Nombre de pages | 5 |
Auteur(s) | Jean-Claude RICHARD RALITE |
Disponibilité | Intégralement consultable en ligne, Produit téléchargeable au format pdf |