À Saint-Gély-du-Fesc, militaires et civils de la Grande Guerre

* Académie de Nîmes ; chercheuse associée Univ. Montpellier 3 Crises EA 4424.
** Généalogiste familiale.

« Pleure pas, Tata Zette, la guerre est ’carée ! », disait l’enfant. L’Allemagne avait déclaré la guerre à la France le 3 août 1914 et la jeune fille voyait partir son fiancé pour une caserne de Montpellier 1. La guerre a duré 52 mois et, pour les Français, avec l’horreur de 900 morts quotidiens, elle est le traumatisme que l’on commémore le 11 novembre 2. À Saint-Gély-du-Fesc, 29 noms sont gravés sur la stèle du Souvenir. Un dossier des 29 itinéraires est à venir. Nous avons souhaité faire connaître par cet article le parcours de ces hommes dans la commune héraultaise, de 10 000 habitants aujourd’hui, par une analyse micro-historique basée sur les registres matricules militaires. Ces registres sont mis en ligne par les Archives du département de naissance, par classe c’est-à-dire selon l’année des vingt ans. Ces militaires avaient de 18 à 48 ans. Le feuillet informe sur le conscrit de vingt ans, son service militaire obligatoire et le soldat qu’il a été. L’historien Jules Maurin a étudié, dans sa thèse Soldats languedociens (1889-1918), les conscrits des centres de Lozère et de Béziers et permet de comparer 3. Les fiches de « morts pour la France » 4, l’état civil et les recensements ont été utilisés, ainsi que des enquêtes locales et des délibérations municipales. Des écrits de soldats ont été utiles, présentés sur Internet.

Saint-Gély, dans le Montpelliérais, peut être confronté à la région viticole du Biterrois et à la France. Nous présentons les soldats de la stèle et leurs camarades au conseil de révision et lors de leur service militaire. Puis les soldats en temps de guerre, de même que des civils, hommes et femmes, dans le village touché par la tragédie nationale.

Les Saint-gillois décédés et mobilisés

Fig. 1 - Saint-Gély-du-Fesc, Stèle du Souvenir, Sculpture de Pierre Nocca, 1985. (Souvenir philatélique, 08/05/1986, détail)..
Fig. 1 - Saint-Gély-du-Fesc,
Stèle du Souvenir, Sculpture de Pierre Nocca, 1985.
(Souvenir philatélique, 08/05/1986, détail)..

L’église paroissiale a accueilli une plaque portant 29 noms et la signature du curé Lauret, une liste établie avant son départ en 1925-26. Ces noms ont été reportés sur la stèle érigée en 1985 qui est l’œuvre du sculpteur sétois Pierre Nocca 5 (fig. 1). 29 sur 600 habitants, c’est élevé. Deux d’entre eux ne sont pas officiellement morts pour la France, l’un était sujet italien (Antonucci), l’autre a été réformé quinze jours avant son décès de maladie (Bouvier). Les transcriptions de décès à l’état civil sont au nombre de 13, 13 aussi les morts figurant sur le Livre d’or des pensions au titre du village, mais pas exactement les mêmes 6. On arrive à 16 noms si on inclut l’Italien honoré sur le Livre d’or de son pays d’origine, L’Albo dei Caduti Italiani della Grande Guerra, qui l’indique blessé en France 7. Les deux pays étaient alliés.

Décompter les mobilisés de Saint-Gély est délicat. Lors du recensement de 1911, 50 % seulement des habitants y sont nés. Le village compte une part stable et une part mobile de personnel agricole et d’artisans qui vivent au rythme de la viticulture (fig. 2).  

Fig. 2 - Saint-Gély-du-Fesc, Notice de 1914. (Arch. dép. Hérault en ligne, Annuaire du département, 1914, im. 537).
Fig. 2 - Saint-Gély-du-Fesc, Notice de 1914.
(Arch. dép. Hérault en ligne,
Annuaire du département, 1914, im. 537).

Il a subi la violente crise du phylloxera des années 1870-1880, avec des départs mais aussi des arrivées quand le vignoble a été reconstitué avec des plants américains 8. Selon ce recensement, les mobilisables pourraient être une centaine, y compris les domestiques agricoles des grands domaines. Dans les délibérations municipales figurent des noms d’assujettis à la taxe vicinale en journées qui, absents, ne peuvent effectuer le travail, 80 environ en 1914 et 1915 9. Il manque les mobilisables des années suivantes. Les fiches matricules des Saint-gillois de naissance, mobilisables et nés entre 1870 et 1899, ont fourni près de 90 noms.

Nous estimons à une centaine les hommes mobilisés au cours de la guerre dans une unité, combattante ou non, et à 16 les morts locaux. La peine s’était exprimée au sein de la paroisse catholique, la seule existante 10, et dans le cadre de la famille élargie. Il en avait résulté un chiffre plus élevé puisqu’il s’agissait d’une plaque dans un espace privé. En 1985, le souhait d’un monument aux morts accessible dans l’espace public a conduit la commune à reproduire la liste connue. Si des doublons apparaissent de nos jours ici et là avec l’afflux de documents accessibles, les monuments témoignent de la manière de porter le deuil après-guerre. Pour chacun des 29, figure ci-dessous en Annexe une notice avec la cote du dossier matricule. Pour les autres noms cités, la cote est donnée en note. NM indique le numéro matricule du soldat.

L’estimation de 16 % pour Saint-Gély situe la commune dans la moyenne de la France, à la population en majorité rurale. Le rapport décédés/mobilisés a été calculé pour la France entière, où il est estimé voisin ou légèrement supérieur à 16 % ; pour l’ouest de l’Hérault à 15 %, avec la ville de Béziers 11.

Le conscrit saint-gillois, d’après les fiches matricules

Le signalement

L’armée de la IIIe République reflète l’instruction des conscrits. Une notation en niveaux, de 0 (ne sait ni lire ni écrire) à 5 (niveau égal ou supérieur au baccalauréat), était attribuée. Pour l’Hérault et la France, les données de la classe 1900 sont présentées dans le Dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson 14. Saint-Gély figure pour 60 cas de mobilisables (Tableau 1).

Tableau 1

L’instruction des conscrits à la fin du XIXe siècle. (Sources : Dictionnaire de F. Buisson et registres matricules dans Arch. dép.)

On observe dans le tableau que les situations de la France et de l’Hérault sont homogènes, quand la scolarisation de masse est achevée au moment des lois dites de « Jules Ferry ». Le niveau le plus représenté est le 3, avec ceux qui ont reçu une instruction primaire. La somme des cas de niveaux 2 et 3 indique partout un total de l’ordre de 90 %, quand on sait lire et écrire et plus ou moins bien compter. Cependant Saint-Gély se distinguerait par 4/5 qui maîtriseraient le calcul, là où ailleurs il n’y en aurait que les deux tiers. Pourquoi un tel écart ? Aurait-on été plus indulgent ? Peut-être pas. Saint-Gély entretenait une école de garçons depuis l’Ancien Régime et, dès 1847, la commune s’était dotée d’un beau bâtiment sur la place de ce village d’habitat groupé, une mairie-école de garçons devenue depuis le centre culturel Espace Chassary15. De plus, l’activité agricole n’est pas tournée vers l’autoconsommation, le vin produit doit être vendu et chacun calcule. Certains ont pu aussi poursuivre dans le primaire supérieur. Les conscrits des niveaux 4 et 5 seront repérés, peuvent devenir caporaux pendant la guerre et parfois être affectés à des postes particuliers, qu’ils soient membres du corps enseignant ou du clergé. Ils se comptent sur les doigts de la main. Les grands propriétaires avaient leur résidence principale à Montpellier, distante de 10 km, et ne relèvent pas de ce décompte rural.

Leur formation professionnelle a pu départager ces ruraux. Être « cultivateur » à vingt ans, c’est travailler pour autrui, parfois dans un grand domaine de polyculture, et être confronté à la diversité des activités rurales. S’y occuper de chevaux et les conduire ou manipuler et réparer du matériel agricole ; arpenter des rangées de ceps dans les vignes tout au long de l’année. L’affectation massive des agriculteurs dans l’infanterie est donc prévisible (fig. 3). Parfois propriétaires de quelques pièces de terre, des artisans ruraux comme des boulangers, cordonniers, menuisiers ou charron peuvent intéresser le génie ou l’artillerie. Enfin, certains ont un talent de musicien et deviennent clairons. Ils ont été formés dans la clique locale, un patronage catholique soutenu par le maire Paul de Girard, selon les témoignages (fig. 4).

Fig. 3 - Fantassins du 15e RI d’Albi, celui de Louis Hébrard, photographie « Le 15e d’infanterie sont bon (sic) pour défendre leur Pays, mais ils préféreraient tous d’être auprès de leur petit amie. Vive la France ». (Coll. Marie-Camilla Irsid via chtimiste.com).
Fig. 3 - Fantassins du 15e RI d’Albi, celui de Louis Hébrard, photographie
« Le 15e d’infanterie sont bon (sic) pour défendre leur Pays, mais ils préféreraient tous d’être
auprès de leur petit amie. Vive la France ». (Coll. Marie-Camilla Irsid via chtimiste.com).
Fig. 4 - Le clairon, déc. 1914, dessin à l’encre de Chine d’André Dunoyer de Segonzac, peintre. (Documentation Photographique, n°5-185).

Fig. 4 - Le clairon, déc. 1914, dessin à l’encre de Chine d’André Dunoyer de Segonzac, peintre.
(Documentation Photographique, n°5-185).

Être ou ne pas être en bonne santé à Saint-Gély

Plus des deux tiers des conscrits sont en bonne santé. Les « bons présents » sont robustes et auront une affectation rapide. Deux sont exemptés, un pour « infantilisme » et un autre pour « coxalgie ancienne ». Des signes trahissent le travail manuel : perte de phalange, suite de fractures, atrophie de doigts. Le médecin recherche l’épilepsie, les hernies et les troubles squelettiques, les difficultés respiratoires. Il se penche sur les nombreux cas de « faiblesse ». Les jeunes gens concernés sont dispensés ou ajournés et, dans ce cas, sont reconvoqués pour en observer l’évolution. Derrière la faiblesse, plusieurs situations existent, des conscrits qui poursuivent des études, des séminaristes ou encore des porteurs de signes de tuberculose. Le soupçon de ce fléau répandu, mais qu’on ne savait pas encore soigner, se lit dans les motifs d’ajournement ou de réformes temporaires. L’armée ne souhaitait pas voir casernes et hôpitaux encombrés de tuberculeux contagieux, atteints ou suspectés. Fin 1914, quand il apparaît que la guerre va durer, le cas des ajournés est réexaminé pour récupérer des recrues.

Au régiment

Les conscrits bons pour le service actif au 16e corps d’armée gagnent leur garnison à Montpellier, dans l’Hérault et même au-delà : l’infanterie, le génie, l’artillerie, une section de commis et ouvriers d’administration, une autre d’infirmiers militaires et de train des équipages 16. Les cultivateurs en bonne santé, de taille et d’instruction moyennes rejoignent l’infanterie. Les gens de métier sont nombreux dans les armes techniques. Les ajournés déclarés bons sont souvent affectés aux services auxiliaires. Ils partent pour trois ans, puis deux et enfin trois ans à nouveau après la loi de 1913.

À la fin du service, est attribué un certificat de bonne conduite. Tous l’obtiennent sauf un à qui il est refusé, Paul Marcou, fantassin de la classe 1905 au 17e RI de Béziers-Agde. Il est le mari de l’institutrice publique Gabrielle Boudon, nommée à la rentrée 1913 à Saint-Gély. Ses états de service indiquent que du 26/06/1907 au 20/05/1908, il est envoyé à Gafsa en Tunisie avec les 500 mutins du 17e RI qui, comme lui, n’ont pas droit au certificat. Caporal au 296e RI, il meurt en Argonne près de la cote 304 et du Mort-Homme, pendant la défense de Verdun 17 (fig. 5).

La guerre des « poilus » : mobilisés et mobilisables

Les soldats de la Grande Guerre ont été surnommés poilus, mot d’argot militaire au sens de brave soldat 18. Dès la mobilisation puis la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France, les troupes embarquent dans des trains pour les frontières du nord et de l’est. Les soldats sous les drapeaux sont les premiers à partir, tel le Saint-gillois Étienne Marius Pouget, fantassin de la classe 1912 incorporé au 141e régiment d’infanterie (RI) à Marseille en 1913 et qui termine la guerre comme adjudant, jugé « excellent sous-officier » 19. Saint-Gély se vide de réservistes et de territoriaux, ainsi que de chevaux quand les propriétaires ont reçu un billet de réquisition. Le journal L’Éclair décrit Montpellier le 2 août 1914, jour de la mobilisation générale :

Fig. 5 - Ils n’ont pas passé, monument au Mort-Homme de Jacques Froment-Meurice, 1922. (Carte postale ancienne, coll. part.)

Fig. 5 - Ils n’ont pas passé, monument au Mort-Homme
de Jacques Froment-Meurice, 1922.
(Carte postale ancienne, coll. part.)

« L’animation qui avait été grande toute la nuit en ville a redoublé dès les premières heures de la matinée et n’a fait qu’augmenter dans la journée en raison du nombre d’habitants des communes voisines venus aux informations. […]

Dans les groupes on se contente de commenter avec animation les événements, et si la tristesse est dans tous les cœurs, en raison des séparations cruelles que les événements imposent, la confiance n’en est point disparue, au contraire, et c’est avec sang-froid que chacun est prêt à faire son devoir, tout son devoir et attend l’heure de rejoindre le poste qui lui est assigné pour la défense du pays.

La plupart des mobilisés, appelés à rejoindre leur corps dans la matinée de lundi, ont consacré la journée à faire leurs derniers préparatifs et à se procurer les objets qu’ils jugent indispensables.

De bonne heure, les réquisitions ont commencé tant en ville que dans la campagne : ça [a] été aussitôt un incessant défilé de voitures, charrettes, chevaux, automobiles qui étaient dirigés aussitôt et parqués soit sur l’Esplanade que des sapeurs du génie ont entourés de cordes, soit à l’Hippodrome, soit aux Arceaux 20. »

Fig. 6 - Soldats britanniques, croquis de guerre d’Adrien Barrère, affichiste non combattant. (Coll. BDIC La Contemporaine/Argonnaute, cote OR 9462-2, Album t. 2 im. 57).
Fig. 6 - Soldats britanniques, croquis de guerre d’Adrien Barrère, affichiste non combattant. (Coll. BDIC La Contemporaine/Argonnaute, cote OR 9462-2, Album t. 2 im. 57).

La tristesse côtoie la détermination et le sentiment du devoir pour la défense du pays. Les mobilisés se préparent à partir tandis que les réquisitions ont commencé. Parmi les partis du village les 3 et 4 août 1914, trois sont décédés. Louis Hébrard, fantassin du 15e RI, vigneron, mort à 25 ans des suites de blessures dès 1914. Émile Nicot, fantassin au 128e RI à son décès, boulanger, mort de mort violente en Belgique en 1918, à 30 ans. Félix Causse, sapeur du génie puis détaché à l’agriculture, cordonnier, mort de maladie le 20/10/1918, à 40 ans.

Toujours parmi les identifiables dans les listes des redevables à la taxe vicinale, sont revenus le charron Marius Gaillard, né en 1882, artilleur réserviste ; le curé Paul Lauret, né en 1877, infirmier comme ses successeurs à la paroisse, Pailhez et Rives ; l’instituteur Antoine Bastit, né en 1869 et donc de la dernière classe mobilisable, fantassin territorial puis interprète dans la Somme auprès de troupes britanniques 21 (fig. 6). Joseph Mas, cultivateur né en 1874, fantassin territorial, et Gaston Puel, viticulteur né en 1884, d’abord dragon puis réserviste dans l’artillerie, sont mobilisés tous deux pour la durée de la guerre 22.

Augustin Bouvier est « récupéré » après le vote de la loi Dalbiez du 17 août 1915 qui a pour objectif de traquer les supposés « embusqués » dans des administrations, des usines ou mines et de les remplacer par une femme de leur entourage (art. 2). Elle prévoit de faire réexaminer les hommes versés dans le service auxiliaire et les réformés 23. La campagne de Bouvier dure du 11/09/1915 au 06/01/1916, où il est à nouveau réformé. Il décède le 31 suivant dans un hôpital militaire et par conséquent n’a pas droit à la mention « mort pour la France ». Son parcours montre plusieurs pathologies et, en le renvoyant trois mois après son appel, l’armée reconnaissait une erreur.

Ne pas imaginer que les plus âgés, éloignés de la ligne de feu dans les troupes territoriales, étaient très protégés. François Antonucci décède suite à des blessures à l’été 1918, quand il sert dans une centurie de travailleurs auxiliaires, des militaires italiens en France, à 41 ans. Augustin Jourdan est tué par un obus tombé sur une colonne de ravitaillement entre le fort de Belleville, près de la citadelle de Verdun, et les tranchées en 1916, à 42 ans. Le sort de Marcel Péridier, âgé de 40 ans, est particulier. Selon l’Historique du 102e RIT, où il servait comme sous-lieutenant mitrailleur : « Le 2 novembre, l’ennemi bombarde la carrière Prat, près de Bimont : le sous-lieutenant Péridier, de la 2e compagnie de mitrailleuses du régiment, se porte sous le feu, avec le sergent Fillon, auprès d’une de ses pièces pour la mettre en batterie contre un aviatik qui règle le tir. Tous deux sont tués. » Le feuillet matricule du sergent mentionne de même son décès par le tir d’un avion allemand, dans l’Oise (fig. 7). Pour ce « mort au champ d’honneur », un « Avis de décès et de messe » paraît dans L’Éclair, pour une célébration dans sa paroisse de Montpellier, à Saint-Denis 24. Tandis que près de Verdun en 1916 les territoriaux participaient à la défense de la citadelle souterraine très menacée, l’emploi de l’aviation se développait 25.

Fig. 7 - Avion allemand Aviatik, 1914-1915, Musée de l’Armée, Paris. (Carte postale ancienne, coll. part.)
Fig. 7 - Avion allemand Aviatik, 1914-1915,
Musée de l’Armée, Paris.
(Carte postale ancienne, coll. part.)

Certains mobilisés âgés sont de retour en 1917 et Saint-Gély retrouve son curé et son instituteur. Des agriculteurs nés en 1871 reviennent aussi en septembre 1917 en tant que « détachés aux travaux agricoles ». L’armée estime alors ne plus avoir besoin dans l’immédiat des vieux soldats pour une guerre qui s’est mécanisée. Ceux qui sont revenus avant 1917 étaient de grands blessés, de la face ou des membres.

Une guerre de fantassins

Quatre années et quelques mois de guerre : repères chronologiques

La Grande Guerre a connu plusieurs fronts en Europe, autour des Puissances centrales (Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie, Bulgarie), entourées par des armées alliées, France, Angleterre, Russie, Serbie, et Italie en 1915. Si certains ont combattu dans l’armée d’Orient, les Saint-gillois ne sont morts que sur le front occidental, dans l’affrontement entre Français et Allemands. Les armées allemandes y ont attaqué en août 1914, recherchant une victoire rapide et ne respectant pas les neutralités belge et luxembourgeoise. Elles sont arrêtées d’abord en Lorraine puis sur la Marne, en septembre 1914.

Les adversaires cherchent à se déborder et n’y parviennent pas. Les tranchées se généralisent pour protéger les troupes, constituant deux lignes de feu, de la Mer du Nord à la frontière suisse, dans l’hiver 1914-15. La guerre de position succède à la guerre de mouvement. Les Allemands, dans leur repli, se sont installés sur des points élevés, comme en Champagne. La France cherche à libérer son territoire et lance des offensives locales, près de Tahure, Beauséjour ou Perthes-lès-Hurlus, dans l’espoir de traverser les lignes adverses (fig. 8). Des offensives de plus grande envergure sont préparées, en concentrant des hommes et des munitions pour reprendre la marche en avant : en 1916 Verdun (Allemands) et la Somme (Français et Anglais), en 1917 le Chemin des Dames (Français). Aucune n’est décisive, toutes sont meurtrières, tant les moyens défensifs sont importants. Verdun, où de nombreux régiments français se sont succédé et où une route est entretenue pour les convois incessants d’hommes et de matériel, est le symbole de leur abnégation.

Les Allemands attaquent à nouveau au printemps 1918, forts de leur supériorité numérique quand les combats ont cessé sur le front russe, après la révolution d’octobre de 1917 et la signature d’un traité séparé au printemps suivant. Les armées alliées reculent (fig. 9). Sous le commandement unique de Foch, la victoire se dessine à partir de la contre-offensive de l’été 1918, avec l’utilisation des chars, notamment français, une meilleure coordination infanterie-artillerie dans la progression en « barrage roulant » et la présence de soldats américains désormais opérationnels. Le 11 novembre 1918, l’armistice demandé par l’Allemagne est signé, après l’arrêt des combats de ses propres alliés. En cette année 1918, une épidémie de grippe espagnole se répand dans le monde puis s’affaiblit. Entretemps, elle aura fait beaucoup de victimes civiles et militaires. Les prisonniers reviennent et des traités sont signés, tel le traité de Versailles entre l’Allemagne et ses adversaires en 1919.

Fig. 8 - Carte de Champagne, 1915. Secteur de Tahure, Hurlus, Beauséjour, Massiges.
Fig. 8 - Carte de Champagne, 1915. Secteur de Tahure, Hurlus, Beauséjour, Massiges.
Fig. 9 - Carte du front occidental, 1918. Reprise de la guerre de mouvement.
Fig. 9 - Carte du front occidental, 1918. Reprise de la guerre de mouvement.

Les fantassins de Saint-Gély votre titre ici

Les fantassins décédés dans la zone de combat peuvent être regroupés par secteurs et par année (Tableau 2).

Tableau 2

Les fantassins saint-gillois décédés entre 1914 et 1918 en zone de combat.

Les fantassins soumis aux tirs d’obus dans les tranchées et les attaques sont les plus exposés (fig. 10). 50 % des Saint-gillois décédés meurent dans les 14 premiers mois de la guerre et dans l’infanterie. Les deux dernières années sont moins meurtrières. Les soldats sont désormais mieux protégés par le casque Adrian (fig. 11). Surtout, l’année 1916 a été un tournant vers une « guerre moderne », selon l’analyse de Michel Goya :

Fig. 10 - La fatigue, 1915, dessin par Mathurin Méheut, peintre et fantassin. Guetteur et fantassins endormis sur la banquette de la tranchée. (La Grande Guerre en dessins).
Fig. 10 - La fatigue, 1915, dessin par Mathurin Méheut, peintre et fantassin. Guetteur et fantassins endormis sur la banquette de la tranchée. (La Grande Guerre en dessins).

« En novembre 1918, l’infanterie se déplace en camions. Elle est encadrée de sections de mitrailleuses, de mortiers et de chars, survolée par les aéroplanes qui harcèlent l’ennemi, l’aveuglent de fumigènes et le signalent à une artillerie omniprésente. Une armée industrielle qui renvoie baïonnette, lance et pantalon garance d’août 1914 à un autre siècle 26. »

Fig. 11 - Casque Adrian, modèle 1915. (Sources de la Grande Guerre, licence Créative Commons).
Fig. 11 - Casque Adrian, modèle 1915.
(Sources de la Grande Guerre, licence Créative Commons).

Décrire le décès des fantassins et leur vécu consiste de ce fait à traiter des débuts de la guerre. À la réserve près que 6 sur 14 des Saint-gillois appartiennent à un régiment colonial 27. Ces réservistes, sauf Pellegrin qui s’était engagé et est zouave à son décès, ont été versés dans le 4e régiment d’infanterie coloniale (4e RIC) au 1er avril 1914. Ces troupes avaient-elles des chefs à la réputation offensive ? L’esprit offensif est recherché par l’état-major à la veille de la guerre pour repousser l’invasion allemande prévisible 28. En effet, ces régiments ont été déplacés sur les points faibles des régiments classiques, pour les relever en cas de défaillance. C’est une élite de la viticulture locale qui disparaît en quelques mois, d’hommes parfois mariés et pères de famille, âgés de 27 à 33 ans, du 2e classe au caporal : François Mercier, Marius Chaler, Antonin Gleizon, Prosper Bellet, Antoine Bataille, Marius Pellegrin.

Bellet, paire aux Vautes 29, venait de la réserve du 81e RI en garnison à Montpellier, avant d’être versé dans le 4e RIC de Toulon. Après les pertes de la bataille de la Marne, il arrive au « régiment d’infanterie du Maroc » en décembre 1914, un régiment héritier de l’infanterie de marine. Il décède près du village de Mametz comme Gleizon, lors d’une attaque pour reprendre les positions élevées allemandes. Dès le début de l’attaque, le 16, les soldats se heurtent à des réseaux de fils de fer non coupés par le génie et à une artillerie insuffisante, avec des ordres d’attaquer quotidiens. « Arrêtées à quelques mètres des réseaux, les compagnies engagées furent réduites à creuser une tranchée sous un feu violent », dit l’Historique du régiment qui doit se protéger. Ce village de la Somme ne sera repris par les Anglais qu’en 1916, un moment tragique pour cette armée. Ce régiment est un des plus décorés de France aujourd’hui, notamment cité à l’ordre de l’armée au titre de Mametz. Son Historique précise qu’à ce moment-là, malgré son nom :

« Son contingent est uniquement constitué d’hommes originaires des diverses régions de France. Bretons, Méridionaux, Parisiens, Lorrains, Basques, Corses, Catalans, enfants de toutes nos provinces y voisinent 30. »

Marius Pellegrin est une victime indirecte de la première attaque allemande au gaz de chlore, à Ypres en avril 1915, dont l’objectif était de prendre l’ennemi à revers. Le chlore est lâché à un point défensif estimé faible, à la jonction des troupes belges, britanniques (des Canadiens) et françaises, vers 17 heures. En une demi-heure, des soldats meurent, sont blessés ou abandonnent le terrain, par milliers. Une défense s’organise malgré la brèche. Des zouaves étaient morts et le 4e régiment de zouaves participe peu après à la reconquête du terrain perdu, dans un esprit de vengeance. Selon l’Historique :

« Les gaz tuent mais les baïonnettes aussi […]. Le lieutenant Pellegrin, qui excite les hommes, est tué raide d’un coup de pistolet en pleine figure 31 ».

Par la suite, tous les belligérants ont utilisé des gaz et s’en protègent avec des masques. Les gaz ont été moins mortels que les obus, mais ils usaient le moral et les séquelles ont pu raccourcir l’espérance de vie. La Convention sur l’interdiction des armes chimiques sera signée par de nombreux États en 1993.

La guerre des autres soldats

L’artillerie

L’artillerie accroît son importance avec l’artillerie lourde. Ses effectifs doublent tandis que ceux de l’infanterie diminuent. En 1914, il est prévu qu’elle appuie les attaques de l’infanterie, ce qui a été un échec. Pendant les luttes d’usure de Verdun et de la Somme, elle prépare les attaques en pilonnant l’adversaire. En 1918, elle a pour objectif d’atteindre les services de l’arrière ennemie et est déplacée sur route ou rail au fur et à mesure de l’avance des armées alliées 32 (fig. 12). De ce fait, des jeunes Saint-gillois y sont affectés et sont revenus. Les artilleurs étaient regroupés en batteries à l’arrière des lignes, vivant parfois en hommes des bois. Selon une dizaine de cas, les artilleurs sont des hommes de métier comme le charron Gaillard, ou connaissant les chevaux puisque, pendant plusieurs années, seuls les chevaux tiraient les canons. De plus, des hommes atteints de faiblesse ou de maladie, tel Bouvier, et des blessés du début de la guerre y sont affectés.

Fig. 12 - Canon de 305 mm, artillerie lourde sur voie ferrée, dessin au fusain, 24x32 cm, par Lucien Jonas, peintre aux armées. (Source : Lucien-jonas.blogspot.fr).
Fig. 12 - Canon de 305 mm, artillerie lourde sur voie ferrée, dessin au fusain, 24x32 cm, par Lucien Jonas, peintre aux armées. (Source : Lucien-jonas.blogspot.fr).

Albert Melin réside à Saint-Gély depuis 1910 où il travaille comme charretier. Il fait son service militaire à Nîmes. Il est le seul artilleur mort pour la France de la stèle du Souvenir. En 1914, il fait la guerre des frontières avec le 15e corps puis meurt en Argonne, tué par l’explosion d’un obus. Le poète Apollinaire a été formé dans la même caserne :

« À Nîmes
Perdu parmi 900 conducteurs anonymes
Je suis un charretier du neuf charroi de Nîmes […]
J’attends que le printemps commande que s’en aille
Vers le nord glorieux l’intrépide bleusaille
33 »

Le génie

La caserne du 2e génie de Montpellier se trouvait dans les bâtiments de l’actuel lycée Joffre (fig. 13). Le génie a la double mission de faciliter l’engagement des troupes et d’entraver l’avancée de l’ennemi, puis d’aménager les installations, en principe des tranchées et des abris. Justin Tardieu est mort en Champagne, près de Perthes-lès-Hurlus. En décembre 1914, dans les Flandres, la compagnie 16/2 accompagnait les fantassins du 16e corps d’armée pour « ouvrir des brèches dans les fils de fer ennemis » dans le but de donner « passage à nos colonnes d’assaut ». Ensuite, en Champagne, les sapeurs participent à la guerre des mines dans ce secteur, pour placer des explosifs au fond de galeries sous terre, sous les positions de l’adversaire. Certains en gardaient un souvenir épouvanté, de peur que l’ennemi ne fasse sauter la position le premier :

Fig. 13 - Pontonniers du 2e régiment du génie à Montpellier, début XXe siècle. (Carte postale ancienne, coll. part.)

Fig. 13 - Pontonniers du 2e régiment du génie à Montpellier, début XXe siècle.
(Carte postale ancienne, coll. part.)

« Quel sapeur ne se souvient pas avec émotion de cette lutte impitoyable dans l’obscurité, de ces heures terribles vécues sous la menace de l’écrasement et de l’asphyxie 34 ! »

Le sous-lieutenant engagé volontaire Émile Masclac est mortellement blessé par un éclat d’obus à Verdun. En 1915, il avait été fait chevalier de la Légion d’honneur. Sa compagnie 17/4 du 2e génie participe aux travaux de défense de Verdun lors de l’offensive allemande. Ses citations à l’ordre de l’armée décrivent le travail et les chantiers de la guerre des mines, le dépôt d’explosifs puis l’occupation des entonnoirs qu’ils ont provoqués. La dernière mentionne : « A dirigé un chantier d’organisation de position dans une région particulièrement battue par l’artillerie lourde ennemie et y a fait rapidement progresser le travail […]35. » Pour la défense de la citadelle, une route empierrée devient en 1916 le seul moyen de convoyer hommes et munitions et a été surnommée la Voie sacrée (fig. 14).

Fig. 14 - Derrière la ligne de bataille : les convois de transport de matériel et de personnel, mars 1916, par Georges Scott, peintre du ministère de la Guerre. Verdun, la Voie sacrée. (La grande Guerre en dessins/Verdun vu par les artistes).
Fig. 14 - Derrière la ligne de bataille : les convois de transport de matériel et de personnel, mars 1916, par Georges Scott, peintre du ministère de la Guerre. Verdun, la Voie sacrée. (La grande Guerre en dessins/Verdun vu par les artistes).

Trois curés et un missionnaire

Trois curés en charge de la paroisse de Saint-Gély ont été soldats 36. Paul Lauret (1877-1932) exerce de 1909 environ à fin 1925-début 1926. Vincent Pailhez (1883-1952), de 1926 à 1932. Georges Rives (1890-1958), nommé le 04/04/1932, est décédé et enterré à Saint-Gély. Tous trois ont été caporaux et ont servi comme infirmiers, cas fréquent pour des ecclésiastiques. La loi du 15 juillet 1889 avait supprimé les exemptions pour les étudiants et les curés seront donc, comme les autres, « sac au dos ». Au conseil de révision néanmoins, il était tenu compte de la faiblesse des séminaristes et de leur espoir de ne pas devoir verser le sang, selon les prescriptions du droit canonique. Rives, engagé volontaire en 1914 pour la durée de la guerre, devient brancardier dans l’infanterie en 1917 (fig. 15). Il obtient une citation à l’ordre du régiment l’année suivante :

Fig. 15 - Le salut au mort, 17/01/1916, par Mathurin Méheut, fantassin. (La Grande Guerre en dessins, musée M.M. à Lamballe).
Fig. 15 - Le salut au mort, 17/01/1916, par Mathurin Méheut, fantassin. (La Grande Guerre en dessins ; musée M.M. à Lamballe).

« Excellent soldat a fait preuve comme brancardier pendant les combats du 23 juillet [1918] du plus grand courage et du plus profond dévouement, n’a cessé de parcourir le terrain d’attaque pour relever les blessés et ramasser les morts faisant par son abnégation et son mépris du danger l’admiration de tous. »

Lauret revient de Salonique atteint de paludisme, suffisamment malade pour être pensionné. Il retrouve la chaire du village le 2 juin 1918, à 41 ans. Il accueille la plaque mémorielle dans l’église, sensible à la demande des familles, selon des témoignages 37. Pailhez et Rives sont démobilisés en 1919. Aimé Dalverny, du diocèse de Nîmes, décrit son activité d’infirmier d’hôpital de transit, pendant la bataille de la Somme, le 4 juillet 1916 :

« Dans les salles les blessés lisent, dorment, gémissent, agonisent, meurent. À la salle d’opération, les médecins gantés charcutent, des infirmiers endorment au chloroforme ou à l’éther ceux qu’on va opérer. Pour quelques-uns c’est dur, ils insultent tout le monde, d’autres chantent en s’endormant. L’aumônier visite les blessés, donne l’extrême-onction à ceux qu’il voit gravement atteints.

Mon rôle consiste à laver, débarbouiller les blessés qui ne peuvent se laver eux-mêmes, à leur servir à boire, à manger, à écrire leur correspondance quand ils ne peuvent pas ou ne savent pas. J’accompagne le major pour les pansements, car il panse presque toute la journée. […] Je m’occupe aussi des âmes. Depuis 5 jours que notre nouvelle salle est ouverte, il y a eu trois morts. On dit un petit mot à chacun, on parle politique ou guerre, on promet de dire une prière pour le blessé qui souffre, on essaie par tous les moyens de soulager les corps 38. »

Marius Chaler est un des premiers morts, décédé des suites de blessure à la poitrine, près de Saint-Mihiel (Meuse) en novembre 1914. Il avait un cousin germain missionnaire à Pondichéry, Marcellin Chaler (1881-1955), et tous deux étaient nés à Grabels. Mobilisé, ce dernier est brancardier puis infirmier à des postes de secours, dits ambulances, ou d’hôpital. En février 1919, il est envoyé en congés à Pondichéry, dans un des cinq comptoirs français de l’Inde. Il mourra en Inde. Pendant la guerre, il rencontre des combattants indiens de l’armée britannique, avec lesquels il s’entretient en tamoul 39. Ces infirmiers ont croisé des soldats de toutes origines, tant la guerre était devenue mondiale, sans oublier des Allemands prisonniers et blessés, arrivés dans les hôpitaux.

Le déserteur, l’émigré et l’immigré

Le village compte un natif déserteur. M. est d’abord ajourné en 1914 pour faiblesse, puis incorporé en 1915. Il est envoyé en zone des armées de septembre 1917 à mars 1918, malgré son état de santé. Il est porté déserteur puis retrouvé. Il passe devant le conseil de guerre le 18/11/1918. L’armistice vient d’être signé, la peine est moins lourde 40.

Un jeune émigré était parti à Buenos Aires, en Argentine, pays neutre pendant le conflit. B. ne s’est pas présenté au conseil de révision, a été dispensé puisqu’il est à l’étranger et placé dans la réserve. Il est convoqué en mai 1915 au consulat de France à La Plata où le consul le réforme pour raison de santé, puis est reconvoqué. Sa réforme est maintenue et il ne rentrera pas 41.

L’Italie recherchait ses ressortissants, nombreux à l’étranger, pour les faire rentrer et combattre au pays. Le 23/05/1915, elle entre en guerre aux côtés des Alliés, espérant gagner des territoires. Le cas de Francesco Antonuccio est tragique. Après son service militaire et son mariage en Italie, à Torraca en Campanie, il émigre dans l’Hérault où il modifie son patronyme en François Antonucci. Il s’y établit comme bûcheron avec sa famille. Il est dénoncé au tribunal de Bari fin 1916. Néanmoins, il a servi en France comme travailleur auxiliaire militaire italien, au sein d’une centurie dont les membres étaient déplacés au gré des besoins et des accords entre les deux pays, qui avaient échangé des troupes après la défaite italienne de Caporetto en 1917. Leur historien H. Heyriès a décrit le travail de « ces héros de la pelle et de la truelle » qui étaient « pris dans la tourmente de la guerre en terre étrangère ». Blessé, Antonucci décède le 12/09/1918 dans un hôpital militaire de Savona, en Ligurie, et est inhumé dans cette ville 42.

Et des embusqués ?

Des militaires vivant et travaillant loin de la zone des armées étaient montrés du doigt, notamment dans la presse. Parmi les rares affectés spéciaux, se trouve Célestin Chazottes, né à Saint-Clément-de-Rivière en 1882 et élevé à Saint-Gély. De niveau d’instruction 4, il est homme d’équipe en 1910 à la Compagnie des chemins de fer d’Orléans et y reste affecté pendant ses obligations militaires, en vivant à Albi. Il était le fils de Marie Ballart, la guérisseuse de Saint-Gély. Pendant la guerre, les trains devaient rouler. Chez les natifs détachés temporaires, voici Charles Martin, né en 1877 et maçon. Il servait dans l’infanterie territoriale avant et après son détachement à l’usine de Port-Saint-Louis-du-Rhône d’octobre 1915 à mai 1917. Cette usine chimique produisait des explosifs et des gaz de combat 43. De même, Jean Serre, né en 1888, fils d’un maréchal-ferrant et artilleur. Avant-guerre, devenu mécanicien-ajusteur, il travaille à Suresnes. Il est détaché à l’usine « Bolokansky » de cette ville entre août 1915 et juin 1917, puis est affecté à l’infanterie coloniale. À l’adresse de cet établissement rue de Neuilly, se trouvait une usine métallurgique. Après-guerre, il s’établit dans les Ardennes, à Rethel, et exerce dans une entreprise de transport automobile. À ces hommes s’ajoutent le curé, l’instituteur et les agriculteurs les plus âgés tous revenus à partir de 1917 44 (fig. 16).

Fig. 16 - Les territoriaux. La soupe, dessin par Sem [Georges Goursat], illustrateur de presse. (La Grande Guerre en dessins).
Fig. 16 - Les territoriaux. La soupe, dessin par Sem [Georges Goursat], illustrateur de presse. (La Grande Guerre en dessins).

Étaient-ils des « embusqués », se cachant pour ne pas risquer leur vie ? L’armée ne consentait, dit J. Maurin, à se séparer de quelques soldats, que dans l’optique d’une économie de guerre et sans qu’ils viennent de la zone des armées. Sauf le cheminot, ces hommes avaient vécu le conflit de près pendant plusieurs années. La mutation de la guerre s’entrevoit à travers ces parcours locaux, car on avait besoin d’hommes de métier dans les installations industrielles. Le monde rural percevait-il cette évolution lente si éloignée de ses activités 45 ?

Expériences de guerre

Dans leurs écrits, les soldats ont montré le quotidien des tranchées.

La tranchée

Quand la guerre de mouvement cesse, les troupes ont dû se protéger. Sur une distance de 700 km de front, environ 3 000 km ont dû être aménagés puisque le système comprenait trois rangées de tranchées et des chicanes, auquel il faut ajouter les boyaux d’accès. En profondeur 3 mètres, en largeur 1,50 m. La tranchée devient la cible de l’artillerie adverse. Les Allemands ne font pas la même guerre que les Français. Ici, ils défendent – de loin – leur pays des dangers venus de l’Est et s’installent pour rester longtemps. Ils bétonnent les positions tandis que les Français devront sortir de la tranchée pour libérer le territoire national 46. Le docteur Voivenel, de Toulouse, décrit l’activité quotidienne du fantassin :

« Il veille, il creuse, il va en patrouille, il vit en permanence au milieu des dangers qui excitent l’imagination des autres. Il ne se croit pas héroïque, mais il plante des piquets en avant de la tranchée, installe des réseaux de fil de fer, porte sur le dos d’énormes rondins, le charbon, la chaux, va au ravitaillement à une heure de marche par tout temps, se fait par surcroît tuer dans des assauts dont le pourcentage des pertes est presque connu à l’avance, et… passe devant le Conseil de guerre à la moindre vétille 47. »

Le prêtre tarnais L. Birot évoque les brancardiers qui inventorient les poches d’un mort :

« Et voici d’abord les menus objets de la vie familière du poilu : son couteau, sa pipe, son briquet ; le bout de bougie dont il voulait éclairer sa cagna, ce soir, s’il y fût rentré ; un crayon, quelques pièces de monnaie. […] Et voici que d’une poche plus profonde, sur la poitrine, du côté du cœur, on ramène maintenant des papiers, des lettres, un portefeuille, […] ce sont les lettres du vieux père, de la mère, toutes fanées, cent fois relues 48. »

Les tranchées, ce sont aussi les puces, les rats, la pluie, la boue, le froid, dont on se protège en portant caleçons longs, ceinture de flanelle et passe-montagne. Le quotidien, c’est le petit groupe avec lequel on vit, partageant le sort et les colis, buvant et se distrayant. Pour combien de temps encore ? Après l’échec de l’offensive du Chemin des Dames, quand Vanel meurt à Craonne le 10/05/1917, le mécontentement s’est amplifié avec des mutineries. Dans son régiment, le 32e RI, un bataillon refuse de monter en ligne le 17, arguant que ce n’est pas son tour d’y repartir et qu’il faut aussi respecter les permissions promises. L’indiscipline aurait touché deux tiers de l’armée française, en cette année de révolution russe et de lassitude de la guerre. Les troubles s’achèvent avec des enquêtes, des procès et quelques dizaines de condamnés à mort 49. Une issue a été d’octroyer des permissions et d’alléger les effectifs des anciennes classes, dans l’attente de matériel, ainsi que des chars et des Américains selon l’expression du général Pétain.

Un peu d’humanité…

La correspondance était surveillée. Dans ses lettres à son épouse, le commandant Petitjean du 96e RI de Béziers ne parle jamais du secteur de Champagne, autour de Beauséjour, Tahure et la Main de Massiges, où le régiment monte « aux tranchées » pour reprendre du terrain au prix de lourdes pertes (fig. 17). Cinq fantassins saint-gillois y ont laissé la vie, Césarin du 96e RI, Fabre, Rocher, Doumergue du 81e RI de Montpellier et Bataille du 4e RIC. Petitjean passe en mai au 122e de Rodez et est tué par un éclat d’obus en octobre, dans ce secteur. Dans cette correspondance sensible, relevons la vie au repos, entre deux montées en première ligne.

« 23 décembre 1914 : Tu as bien fait ma chérie d’envoyer des colis pour le petit Noël des soldats. Tout arrive très bien et je t’assure qu’ils sont contents de tout ce qu’on leur envoie.

2 mars 1915 : Nous sommes toujours au repos le temps est beau pour la saison. Les hommes jouaient ce soir au football mais cette nuit il a neigé.

24 juin : Ma vie au repos est assez pacifique, elle consiste à faire quelques promenades dans les abris de mon bataillon, à faire un peu de paperasse et à fumer de nombreuses pipes. […] Nous allons demain monter aux tranchées où nous passerons 3 jours. Comme le secteur n’est pas fameux, je crois que les hommes aimeraient mieux aller en permission.

Fig. 17 - Tahure 1915. Carte éditée en Allemagne montrant des soldats allemands occupant le village. Envoyée par un soldat à Fraülein Liesel Zimmermann, Wiesbaden, « En souvenir des derniers combats de [...] » 03/11/1915. (Coll. part.)
Fig. 17 - Tahure 1915. Carte éditée en Allemagne montrant des soldats allemands occupant le village. Envoyée par un soldat à Fraülein Liesel Zimmermann, Wiesbaden, « En souvenir des derniers combats de [...] » 03/11/1915. (Coll. part.)

14 août : Le moral du troupier est excellent et ces gens du midi qu’on a beaucoup bêché [critiqués] sont épatants. Ils tiennent bien, évidemment ils n’ont pas l’esprit offensif très développé, mais ils sont solides au poste, un lierre.

11 septembre : Nous sommes toujours au repos parfaisant l’instruction de nos hommes et les retapant un peu, ils en avaient besoin. L’habillement avait besoin de quelques coups de fer et de quelques pièces, le repos moral est aussi complet. La chasse aux poux est à peu près terminée, par contre la chasse aux lapins est ouverte 50. »

Au repos : les colis, le sport, la pipe, la toilette, l’instruction, l’espoir de permissions, les liens familiaux. La chasse aux lapins à l’arrière-front améliorait l’ordinaire ! Enfin, cette allusion aux soldats du Midi du 15e corps d’armée de Provence. Ils avaient servi de bouc émissaire en août 14 en Lorraine, après le recul des troupes dans la zone actuelle du parc naturel de Lorraine et de ses étangs 51.

La religion soutient certains, tel le sergent Jean Joseph Bec de Montagnac. Il communie à Pâques et à Noël 1917 : « Fête de la Noël, avec cela il y a un prêtre soldat pour dire une messe, je la sers. » Il est en attaque lors de la fête de la Saint-Joseph, le 19/03/1917 : « Beaucoup de morts et de blessés, pas de perte à ma section, c’est aujourd’hui la fête de mon St Patron, quelle fête !! Je l’invoque tout particulièrement et ai confiance en lui52. » Pour être protégés, certains conservent sur eux des médailles, par exemple de saint Roch de Montpellier. Voici une commande de médailles :

« Le Rouquet, Saint-Gély-du-Fesc, 2 août 1915

Cher Léon, J’ai vu hier plusieurs marchands de médailles à Montpellier et aussi l’église elle-même de Saint-Roch.

Voici ce que j’ai trouvé de mieux. Grand modèle : 12 F la grosse de 12 douzaines. Petit modèle : 2 F 50 idem. Je t’ai fait envoyer une boîte de chaque modèle contenant une grosse, car j’ai pensé que vue la modicité du prix, cela valait mieux. […] Emmanuel Mallet 53. »

Léon Marès souhaitait distribuer des médailles à des soldats de Haute-Savoie. L’ancien maire du village y résidait et avait vendu le Rouquet à son cousin. Des témoignages s’opposent néanmoins sur la religiosité des combattants, soit accrue soit affaiblie, face à la dureté de la guerre.

… Et la réalité des attaques

Dans son « Journal résumé de la guerre 1914-1918 », le viticulteur Jean Pouzoulet, de Castelnau-de-Guers, décrit une attaque dans la Somme où il traverse le no man’s land (Maurepas, 03/09/1916) :

« Nous formons la seconde vague. À ce moment l’ennemi réagit par un tir puissant d’artillerie. Nous sautons de trous d’obus en trous d’obus. Le terrain autour de nous n’était qu’une vaste écumoire de trous d’obus fumant et de terre voltigeant de toute part. […] La tranchée véritable hécatombe pleine de cadavres beaucoup étreignant encore un revolver 54. »

Parfois quelque part pour Noël, une trêve, rapportée pour le 281e RI de P.M. Péridier et de Prieur, et le 296e RI de Marcou. Le 24/12/1914, rapporte l’Audois Louis Barthas du 296e, « il se passait en première ligne quelque chose d’anormal, on entendait des chants, des clameurs, de nombreuses fusées furent lancées de part et d’autre mais pas de fusillade 55. » Le Tarnais C. Pescay, du même régiment, a évoqué « des chants émanant en ligne des 280e, 296e et 281e RI qui répondent aux chants de Noël des Allemands en 191456. » Les moments de fraternisation ou de trêve furent très rares durant cette guerre. Il en subsiste quelques photos 57 et des mentions dans des carnets. Un peu d’humanité et de répit dans cette souffrance quotidienne.

Après l’armistice, retour vers les civils

Dans les mois qui suivent l’armistice du 11 novembre 1918, les soldats sont démobilisés (fig. 18) et les prisonniers reviennent. Une demi-douzaine de Saint-gillois rentre des camps d’Allemagne. Prieur ne revient pas, décédé en juillet 1918. Blessé puis capturé en juin, lors des dernières offensives allemandes dans l’Oise, il était hospitalisé dans un hôpital du Nord occupé.

Fig. 18 – 11 Novembre 1918.
Enfin !! On les a !!

Aquarelle d’Ernest-Louis Lessieux,
peintre, sergent à la section de camouflage
du 1er régiment du génie.
(coll. BDIC La Contemporaine/Argonnaute,
cote OR F3 1405).

Un lourd bilan humain

Les chiffres du bilan de la guerre à Saint-Gély sont proportionnels aux données disponibles 58. Sur 28 soldats de la stèle, le bilan est lourd pour l’infanterie, avec 82 % des morts, puis le génie (11 %) et l’artillerie (7 %). Le travailleur militaire Antonucci n’est pas décompté.

Lourd bilan des hommes entre 25 et 33 ans qui sont 80 % des décédés, des réservistes. Des pères de famille disparaissent, deux tiers étaient mariés et 16 laissent des orphelins, tel Augustin Doumergue (fig. 19). Ils laissent entre un et sept enfants avec une médiane de deux à trois. C’est le nombre moyen d’orphelins pupilles de la nation. Concernant la tranche d’âge des décédés, 50 % étaient nés entre 1883 et 1890, des classes 1903 à 1910, avec un pic de quatre nés en 1885, classe 1905. Le tableau suivant montre les causes des décès (Tableau 3).

Causes des décès militaires pendant la Grande Guerre
(Source MAURIN 2013 p. 439 pour la France et le centre de Béziers)

Fig. 19 - À la mémoire d’Augustin Doumergue, plaquée émaillée fixée sur la tombe familiale. (Cimetière de Saint-Gély, famille Doumergue-Cammal).
Fig. 19 - À la mémoire d’Augustin Doumergue, plaquée émaillée fixée sur la tombe familiale. (Cimetière de Saint-Gély, famille Doumergue-Cammal).

La tendance est comparable pour le total du champ de bataille. La mort violente au feu (a) constitue la moitié des décès. Les écarts portent sur les pourcentages de disparus (b) et blessés (c). Pour Saint-Gély, les disparus sont moins nombreux qu’ailleurs pendant la guerre de mouvement en 1914, quand des blessés et des morts se trouvaient dans la zone des combats. Les malades l’ont été au cours de leur période de guerre (d).

Les blessés ont été nombreux, 4,2 millions sur 8 millions de mobilisés français. La proportion est la même chez les natifs saint-gillois. Un soldat a parfois été blessé plusieurs fois. Les combattants ne sont donc pas tous en bonne santé, même s’ils ont été réaffectés à un poste moins exposé. Les plus gravement atteints sont réformés temporaires. Beaucoup ont été suivis par les services de santé militaire après-guerre, pour l’ouverture de droits à pension. Pour les Saint-gillois, ce sont des difficultés respiratoires, de la tuberculose, des pertes de mobilité, du paludisme.

Les 200 000 gazés ont souffert de séquelles. Voici à droite sur la photo, Colette Serre Massénat à deux ans, sa mère et son frère. Elle a vu disparaître son père Louis Serre en 1939, dans son commerce de la Grand-rue (fig. 20). « L’assistante sociale passait. Elle est montée le voir [dans son lit]. Elle a vu mon père en train de mourir du fait des gaz. Des docteurs militaires sont passés ». Ils consignent dans le dossier la dégradation physique et psychique. Il avait été « évacué malade » le 18/03/1916 quand le 154e RI avait quitté les lignes au bout de quatre jours 59. Son « Journal de marche et d’opérations » indique que le régiment travaillait à reconstituer des tranchées en arrière du terrain perdu lors de l’attaque allemande du Mort-Homme à Verdun :

Fig. 20 - Rue principale, Saint-Gély-du-Fesc, 1931, avec la petite Colette en bas à droite. (Carte postale ancienne, coll. Colette Serre Massénat).
Fig. 20 - Rue principale, Saint-Gély-du-Fesc, 1931, avec la petite Colette en bas à droite.
(Carte postale ancienne, coll. Colette Serre Massénat).

« 18 mars : Très violent bombardement de toute la 3e position par obus de très gros calibre, 150 – 201 – 305. À 16 h combat d’avions, l’avion allemand est tombé à 1 m [?] à l’ouest du bois Bourru 60. »

Puis l’ordre de relève était arrivé en fin de journée. Louis Serre avait-il été atteint par des gaz émis par ces obus ? Sa santé fragile avait affecté sa vie de famille. Ce n’est pas le seul homme du village revenu diminué.

Changements démographiques

Selon les recensements, le nombre d’habitants est resté stable, entre 1911 et 1921, avec 600 personnes. Des mouvements se sont pourtant produits, dont atteste l’état civil. Deux femmes sont réfugiées avec de jeunes enfants et veuves. Marguerite Goffin perd son fils Jean Mélis à deux ans et Virginie Duquene, sa fille Marie-Louise Hié à cinq ans. L’une vient des Ardennes et l’autre de la Somme, des départements occupés. Cinq mineurs sont détachés temporaires à la mine de lignite de Saint-Gély. Tous repartiront. Des Espagnols et Italiens se sont établis depuis peu 61.

La pyramide des âges, établie avec le recensement de 1936, trahit les décès de soldats nés entre 1875 et 1900 avec l’indentation n°1 (fig. 21). Une génération plus tard, la faiblesse des naissances indique l’absence d’hommes adultes dans leur foyer pendant la guerre (n°2) et restera visible encore pendant une à deux générations. De plus, la crise agricole de mévente des années 1920-1930 a pu provoquer le départ de familles entières, parents et jeunes enfants de moins de dix ans, quand le village passe de 632 à 547 habitants entre 1926 et 1936 62. C’est le cas de Jean Sinègre parti travailler comme mécanicien à Montpellier 63.

Fig. 21 - Pyramide des âges de Saint-Gély-du-Fesc en 1935.
Fig. 21 - Pyramide des âges de Saint-Gély-du-Fesc en 1935.

Tableau 4

Évolution démographique de Saint-Gély-du-Fesc (État civil 1913-1922).
Évolution démographique de Saint-Gély-du-Fesc (État civil 1913-1922).

Sur le tableau n°4, on observe les moindres naissances de 1916 et 1917, l’absence de mariages de 1915 à 1917, puis leur reprise en 1919 avec la démobilisation. Un divorce est à signaler en 1919. Les décès des soldats sont transcrits quand l’avis arrive. Il arrive après-guerre pour des disparus, après jugement d’un tribunal. La mortalité est forte lors des offensives de Verdun et la Somme en 1916. La surmortalité de 1918 peut être attribuée à l’épidémie de grippe espagnole. On enregistre 7 morts en 7 jours, dont trois le 2 novembre. Sont décédés ce jour-là : Julie Jauffret épouse Peyremorte à 42 ans, cinq jours après son fils adolescent, le bûcheron italien Pietro Pisenti à 40 ans et Ancela Bifano veuve Antonucci à 36 ans, de la grippe espagnole a indiqué sa petite-fille. Il est possible que les difficultés de ravitaillement et l’absence des médecins mobilisés aient aussi joué un rôle.

Et les femmes ?

Une photo de femmes saint-gilloises a été prise lors d’un pèlerinage à Notre-Dame du Suc en 1920, aucune ne porte de chapeau et certaines sont vêtues de clair. Par rapport à l’avant-guerre, quelques jupes sont plus courtes, les cheveux aussi et les corsets moins apparents 64. Voyons peut-être dans ces vêtements de fête les prémices d’un changement (fig. 22). Pendant le conflit, chaque famille de mobilisé avait reçu une allocation quotidienne de 1,25 F par famille et 0,5 par enfant à charge, devenues en 1917 1,50 et 0,75 65. Dans les familles d’agriculteurs ou de commerçants, il fallait cependant maintenir l’activité. Selon Nicole Mas Martinez, « ma grand-mère disait qu’elle avait pris les choses en mains. Elle ne pensait pas qu’elle en aurait été capable. Elle l’avait vécu comme une forme d’émancipation66. »

Fig. 22 - Fête religieuse à Notre-Dame du Suc, 1920. Les jeunes filles et femmes de Saint-Gély (Coll. Bernard Cammal).
Fig. 22 - Fête religieuse à Notre-Dame du Suc, 1920. Les jeunes filles et femmes de Saint-Gély (Coll. Bernard Cammal).

Après-guerre, des femmes seules sont devenues couturières et certaines ont vécu à la limite de la misère. Certaines dames interrogées en 2017-2020 se souvenaient de l’aide alimentaire apportées par leurs parents à des femmes nommément citées et des réseaux d’échanges de biens et de menus services 67.

Quelle conscience y a-t-il eu de la précarité financière des femmes ? On remarque des filles passer le certificat d’études et préparer le concours des bourses. Certaines ont suivi des études secondaires, parfois jusqu’au baccalauréat comme Colette Serre, future institutrice. Avec elle, plusieurs étaient inscrites aux Cours des Demoiselles Béziers à Montpellier. Sa sœur Andrée Pernet avait choisi une carrière militaire 68. Ce mouvement de scolarisation croissant et d’accès à des professions nouvelles s’inscrit dans une tendance séculaire, de 1800 à l’ouverture de collèges dans les années 1960 69.

Une économie de guerre

La période se caractérise par une hausse des prix et l’endettement de l’État. À Montpellier, les prix des denrées augmentent 5 fois, de même que le cours des vins dont le département est exportateur 70. La récolte est deux fois plus faible en 1915. « Rouquet, Saint-Gély-du-Fesc, 6 septembre 1915. On commence à vendanger jeudi. Mais, très petites vendanges et bien faciles à surveiller71 ! », écrit E. Mallet à Léon Marès. L’Éclair donne des précisions sur les nouvelles conditions de vente en septembre 1915 :

« Marché des vins. Montpellier.
Affluence encore plus considérable qu’à notre dernier marché. On y remarquait la présence de nombreux acheteurs étrangers, venus des centres de consommation et particulièrement des départements avoisinant la zone de guerre. C’est évidemment sur ce point que se trouve déplacée la consommation, dont le principal centre était Paris 72. »

Acheteurs « étrangers », c’est-à-dire inhabituels. Saint-Gély bénéficie de la distribution de vin aux soldats et de leurs propres achats aux marchands de l’arrière-front. Le maintien des commandes lui profite, mais les hausses du cours du vin et des denrées sont parallèles, notons-le.

Dans l’état civil apparaissent les noms de bûcherons, nouveaux venus et étrangers. Pour le chauffage, les coupes de chênes verts dans la garrigue ont dû s’accroître, puisque des mines de charbon étaient situées dans le Nord et l’Est occupés. Plusieurs familles étaient originaires de la commune italienne de Torraca en Campanie, à l’instar du couple Antonucci-Bifano, et ont vécu à Saint-Gély et aux Matelles, notamment. Des familles espagnoles ont eu un même parcours.

Les mineurs sont restés peu de temps. Le gisement de lignite était connu et se situe à l’est du château de Coulondres 73. Ce charbon a moins de pouvoir calorique que la houille, mais celle-ci manquait. Le lignite saint-gillois contenait 40 % de cendres. Sa production a été modeste, 50 T au maximum par jour expédiées par voitures ou camions, selon M. Aubague. La production de lignite a doublé en France en 1917 et 1918 74. En 1917, la concession des « Lignites de Coulondres » avait été vendue à deux copropriétaires Teyssier et Rouquette 75. Des mineurs sont des détachés temporaires qui ont pu travailler à la tâche, des soldats blonds aux yeux clairs parfois. Après leur période de service actif, certains avaient été détachés aux mines de Rochebelle, à Alès. Le maître-mineur est Jérôme Dautun, né à la Grand-Combe. Les quatre mineurs identifiés dans l’état civil sont : Louis Ambar et Édouard Tirrion, nés dans le Nord, Gustave Sagniez de la Somme et Léon Campargue, né près de Decazeville. Ambar se marie à Saint-Gély avec Antoinette Fourcadier qui y vit et le couple s’établit à Graissessac dans l’Hérault 76. D’autres jeunes gens ont pu y travailler, comme Auguste Fabre, né en 1900 et venu de Clapiers 77. La mine ferme en 1919, quand la houille est à nouveau disponible, une fois le territoire national libéré.

Conclusion

1919 : des mineurs partent, des viticulteurs reviennent. Les soldats les plus âgés, les plus jeunes, les moins exposés, les plus chanceux trouvent un village qui change, avec des ménages à secourir, davantage d’étrangers et d’emplois dans les services. Morts et invalides, veuves et orphelins sont à Saint-Gély-du-Fesc à proportion de la France métropolitaine. Les documents présentés, même quand ils montrent des moments de décompression, n’impliquent pas que la guerre était joyeuse. Certains néanmoins ont croisé des soldats d’autres pays ou régions, dans cette guerre mondiale. Au village, sont venus des Français du Nord ou des bassins miniers, comme une ouverture sur l’ailleurs. L’activité viticole marquait la particularité locale et a été soutenue par la demande de guerre. Elle sera affectée par la crise agricole des années trente, d’où le départ de plusieurs familles. La Seconde Guerre mondiale rapprochera l’adversaire du village. En 1943, des militaires allemands ont réquisitionné les locaux de l’école publique et des logements, suscité des travaux défensifs au Bois de la Vierge. Ces troupes d’occupation ont été présentes jusqu’à la libération à l’été 1944 78.

BIBLIOGRAPHIE

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NOTES

1. Marie-Rose Ferret et Adrien Fabre, grands-parents de Danielle.

2. IRASTORZA 2019 Tableaux p. 386 ; 886 selon ses calculs.

3. MAURIN 2013.

4. https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/

5. Journal de Saint-Gély-du-Fesc, 1, 1985.

6. Voir les relevés de la base https://www.memorialgenweb.org

7. Base https://www.cadutigrandeguerra.it/CercaNome.aspx. Au nom d’Antonuccio Francesco di Raffaele, né à Cetraro en Calabre en 1877.

8. BERTRAND-FABRE, BERQUIÈRE LE BROUSTER 2020 p. 344-356.

9. Arch. mun. Saint-Gély-du-Fesc, délibérations municipales des 20/12/1914 et avril 1915.

10. Il n’y a pas d’autre nom parmi les transcriptions de décès et les pensions donc pas d’autre confession envisageable.

11. MAURIN 2013 p. 438-439.

12. Ibid. p. 249-258.

13. CHAMLA 1964 p. 207-214. MAURIN 2013 p. 190. Pour Saint-Gély, Arch. dép. Série 1R, registres matricules.

14. BUISSON 1911 art. « Instruction des conscrits ».

15. BERTRAND-FABRE Article à paraître Nîmes.

16. MAURIN 2013 p. 168-169.

17. Arch. dép. Hérault, classe 1905, centre de Béziers 1R 1992 n° 1366. Envoi des Arch. dép. car cette page et son vis-à-vis n’ont pas été numérisés. MAURIN 2013 p. 314-316. PECH MAURIN 2013.

18. LOEZ 2013 « Poilus », p. 96-97.

19. Arch. dép. Hérault 1R 1252 NM506. Il épouse le 09/10/1919 Denise André à Saint-Gély.

20. Ibid., 4 MI 186/115, image 24/263, L’Éclair, 03/081914.

21. Le Nouvel Escoutaïre, n° 110 février 1993, p. 13, interview de sa fille Marthe Bastit.

22. Arch. dép. Hérault registres matricules, Gaillard 1R 1157 NM350 ; Puel 1R 1176 NM337 ; Bastit 1R 1022 NM202 ; Lauret centre de Montpellier 1R 1109 NM2068 ; Rives centre de Béziers 1R 1237 NM370. Pour Pailhez, Arch. dép. Aude centre de Narbonne 104NUM/RW542 NM92. Pour Mas, Arch. dép. Aveyron 1R 810 NM2128.

23. Site https://combattant14-18.pagesperso-orange.fr/Club14-18/Methodologie/Dalbiez.html ; texte de la loi.

24. Arch. dép. Hérault 4MI 186/127 L’Éclair, 21/11/1916 im. 360/558.

25. Coll. Le Fana de l’aviation 2014 p. 46.

26. GOYA 2004 4e de couverture. GOYA GRUMBERG 2021 p. 76-77.

27. IRASTORZA 2019 p. 317, 80 % étaient des Français de métropole ou d’Afrique et 20 % des « indigènes », l’inverse chez les tirailleurs.

28. GOYA 2004 p. 56-67.

29. Une activité proche de régisseur selon sa fille Élise Doumergue. Le Nouvel Escoutaïre, 111, mars 1993, p. 11.

30. Historique du régiment d’infanterie coloniale du Maroc [en ligne Gallica].

31. Ibid., p. 11-12. Dans chtimiste.com, Bataille aux gaz Ypres 1915, récit du général allemand von Deimling. AUDOUIN-ROUZEAU et coll. 2010.

32. Dans COCHET PORTE 2008, FRANÇOIS (Guy), art. « Artillerie » p. 71-75.

33. Guillaume APOLLINAIRE, Calligrammes, « À Nîmes », hiver 1915.

34. Historiques du 2e génie et de la compagnie 16/2 [en ligne Gallica]. Témoignage d’Adrien Fabre, voir note 1.

35. Historique de la Compagnie 17/4 du 2e génie 1920 [en ligne Gallica]. Dossier Masclac, base Léonore de la Légion d’honneur.

36. Pour ceci, Arch. dép. Hérault, Annuaire du département de l’Hérault, état civil, recensements, délibérations municipales de Saint-Gély, registres matricules. Pour les curés, voir note 22.

37. Témoignages recueillis en 2017-2020.

38. BRESSON 2016 « Aimé Marius DALVERNY » p. 118-123.

39. SECONDY 2014 p. 34 et 168. Arch dép. Hérault 1R 1197 NM1681, Marcellin Chaler.

40. Ibid. 1R 1282.

41. Ibid. 1R 1061 NM197.

42. HEYRIÈS 2014 p. 17. Informations diffuses dans l’état civil de Cetraro, Torraca et Saint-Gély-du-Fesc, les recensements de Saint-Jean-de-Cuculles et Saint-Gély (1911, au nom d’Antonicci), dans les archives militaires de l’Archivio di Stato de Cosenza (Calabre) et l’Albo d’Oro dei Caduti. Sépulture au cimetière militaire de Savona (Sepolti cimitero Savona) au
nom d’Antonucci Francesco : http://www.pietrigrandeguerra.it/cimiteri-e-sacrari-in-italia/sacrari-cimiteri-in-liguria-e-altre-regioni/.
Nous avons tenu compte des erreurs et des patronymes utilisés.

43. GOLOUBINOFF 2014 p. 52 et fig. 31.

44. Arch. dép. Hérault, Chazottes 1R 1153 NM363 ; Martin 1R 1109 NM2164 ; Serre 1R 1215 NM942.

45. MAURIN 2013 p. 413-435 sur les embusqués.

46. IRASTORZA 2019 p. 109-135.

47. CAZALS 2013 « Voivenel Paul » p. 441-442.

48. Ibid. « Birot Louis » p. 74-76.

49. IRASTORZA 2019 p. 176-212. LOEZ 2009 p. 460, 652, 660. LOEZ 2013 « Mutineries » p. 81-82.

50. Carnets retranscrits dans Chtimiste.com.

51. LE NAOUR 2013 p. 9-49.

52. Arch. dép. Hérault, 1J 1760 Fonds M. J. J. Bec im. 44, 50, 52/61. CAZALS 2013 « Jean Bec » p. 59-61.

53. Coll. part. Haute-Savoie.

54. Arch. dép. Hérault, 172J 2 Fonds Jean Pouzoulet im. 46-47/100.

55. BARTHAS 1978 p. 85.

56. CAZALS 2013 « Pescay Camille » p. 372-373. Site du Crid 14-18.

57. Chtimiste.com « Fraternisations ».

58. SERMAN BERTAUD 1998 p. 776-777. COCHET PORTE 2008 « Pertes » p. 811-812. IRASTORZA 2019 p. 178. Arch. nat. en ligne « Les combattants de la guerre 1914-1918 » (sept. 2021).

59. Témoignages de Colette Serre Massénat, Saint-Gély 6/12/2017 et 09/11/2019. Arch. dép. Hérault, Louis Serre 1R 1283, NM2011.

60. Site mémoires des hommes GMO 26N 698/2 154e RI 1er juin 1915 – 5 fév. 1920, vues 43-45/197.

61. Arch. mun. Saint-Gély état civil 1915-1919.

62. Arch. dép. Hérault 6M 672 recensements Saint-Gély.

63. BERTRAND-FABRE BERQUIÈRE LE BROUSTER 2021 p. 140.

64. Coll. Bernard Cammal, Saint-Gély.

65. Legifrance.gouv.fr, JORF Loi du 5 août 1914 sur les familles nécessiteuses de mobilisés.

66. Témoignage de Nicole Mas Martinez, Saint-Gély 10/01/2020.

67. Enquête auprès d’anciennes élèves de Saint-Gély, 2017-2020 par Danielle Bertrand-Fabre.

68. Témoignage de Colette Serre Massénat.

69. BERTRAND-FABRE, Article à paraître Nîmes.

70. SECONDY 2015 p. 406-408.

71. Coll. part. Haute-Savoie.

72. Arch. dép. Hérault 4MI 186/121 L’Éclair, 29/09/1915 p. 4 col. 5-6, im. 304/643.

73. AUBAGUE 2002 p. 144-149. Il s’agit de « l’éocène de Coulondres ».

74. « Le lignite », Études et conjoncture, 12, 1947 p. 53-88, tableau de production 1912-1946 p. 58. [en ligne, Persée]

75. Décret du 6 octobre 1919 autorisant une mutation de propriété de la concession de mines de lignite de Saint-Gély-du-Fesc (Hérault), Annales des mines, 1919 p. 683. [en ligne, Gallica]

76. Saint-Gély-du-Fesc État civil (1917-1920), mariage Ambar-Fourcadier 12/01/1918. Registres matricules des mineurs, Dautun Gard, 1R 0988 NM565 ; Campargue Aveyron 1R 872 NM978 ; Sagniez Somme 1R 1035 NM779 ; Tirrion Nord 1R 3059 NM700.

77. Selon ses filles Hélène Fabre Courdouan et Marie Fabre Picot.

78. Remerciements à Nicole Antonucci, Nicolas Bertrand, Bernard Cammal, Chtimiste (Didier), Hubert Heyriès, Jules Maurin, Patrick Petitjean, Colette Serre Massénat.

ANNEXE

Biographies des morts inscrits sur la stèle du Souvenir de Saint-Gély-du-Fesc

  • Antoine : prénom d’usage.
  • Abréviations. AD : archives départementales ; AD34, AD de l’Hérault.
  • NM : numéro matricule.
  • RI : régiment d’infanterie ; RIC : régiment d’infanterie coloniale ; RICM : … du Maroc.
  • RIT : régiment d’infanterie territoriale.

1 – ANTONUCCIO Francesco (Italie) / ANTONUCCI François (France).

(Cetraro, Cosenza, Calabre 07/04/1877 – Savona, Ligurie 12/09/1918). Travailleur auxiliaire italien, blessé en France et mort des suites de blessures à l’hôpital militaire de Savona où il avait été transporté, à 41 ans. Vivant en France, on peut supposer qu’il avait été l’objet, avec d’autres, d’un échange de soldats entre Alliés, après 1916. Il mesurait 1,71 m et avait fait son service dans la cavalerie italienne. Bûcheron, il s’était marié à Torraca (Campanie) avec Angela Bifano, décédée à Saint-Gély en 1918 où ils vivaient depuis 1907. Ils avaient 7 enfants. Il est honoré dans son pays d’origine. (Albo d’oro dei Caduti ; Archivio di Stato di Cosenza, Armée ; état civil de Cetraro, Torraca et Saint-Gély ; recensements).

2 – BATAILLE Antoine Paul.

(Vissec, Gard 07/10/1887 – Main de Massiges, Marne 25/09/1915). Soldat de 1re classe, 4e RIC, classe 1907. Tué à l’ennemi en Champagne, à 27 ans. Il mesurait 1,57 m et était cultivateur domestique au domaine de Coulondres à Saint-Gély, célibataire. Son père Paul Bataille était meunier au Moulin de la Foux et sa mère était Marie Bourrier, d’une famille de meuniers. Dans la Marne, ces points hauts fortifiés par les Allemands dans leur retraite ont reçu des Français, qui attaquaient, un surnom évoquant les doigts d’une main. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 25/09/1915. Mort pour la France (AD 34 : 1R 1205 NM957).

3 – BELLET Prosper Barthélemy Mathieu

(Saint-Gély-du-Fesc 21/09/1881 – Mametz, Somme 18/12/1914). Soldat de 1re classe, 4e RICM (6e Bataillon), classe 1901. Déclaré disparu dans la Somme, à 33 ans. Il mesurait 1,57 m et était responsable au domaine de Piedmarche à Saint-Clément-de-Rivière. Il était marié à Anne Gibily et ils avaient trois enfants. Son père était Léon Bellet et sa mère Thérèse Serre. Le village fortifié de Mametz est un lieu de mémoire pour son régiment qui a tenté de le reprendre et pour les Britanniques plus tard, au prix de lourdes pertes. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 14/08/1914 au 18/12/1914. Mort pour la France (AD 34 : 1R 1147 NM864 ; Témoignage de sa fille Élise Bellet ép. Doumergue, Le Nouvel Escoutaïre, 111, mars 1993, p. 11).

4 – BESSÈDE Élie Bertin Henri

(Murles, ferme de Caravettes 28/02/1890 – ambulance de Froidos, Meuse 29/03/1916). Sergent, 141e RI, classe 1910. Mort des suites de blessures en Argonne pendant la bataille de Verdun, à 26 ans. Il mesurait 1,64 m, était cocher et célibataire. Son oncle était garde particulier au domaine de Coulondres à Saint-Gély. Son père était Marius Bessède et sa mère Clémentine Jourdan. Verdun est le symbole du courage et de l’abnégation des régiments de l’armée française qui ont résisté à l’offensive massive allemande. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 03/08/1914 au 29/03/1916. Mort pour la France (AD 34 : 1R 1233 NM590).

5 – BOUARD Jules Georges

(Saint-Gély-du-Fesc 12/04/1877 – Bois de Malancourt, Meuse 27/02/1915). Soldat de 2e classe, 141e RI, classe 1897. Tué à l’ennemi en Argonne, près de la butte de Vauquois, à 37 ans. Il mesurait 1,72 m et était menuisier à Montpellier. IL était marié à Angèle Dedouche et ils avaient une fille. Son père était Auguste Bouard et sa mère « Hélène » Ponsonnaille. À Vauquois, se déroulait une guerre des mines pour prendre et détruire ce point haut fortifié allemand qui dominait tout le secteur et offrait une grande visibilité. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 27/02/1915. Mort pour la France (AD 34 : 1R 1109 NM2175).

6 – BOUVIER Marius Augustin

(Saint-Gély-du-Fesc 15/12/1883 – Saint-Genis-Laval, Rhône 31/01/1916). Il a été affecté en 1915 au 2e régiment d’artillerie, classe 1903. Mort des suites de maladie à l’hôpital auxiliaire n° 63 dans le Rhône, à 32 ans. Il mesurait 1,57 m, était viticulteur, célibataire. Son léger handicap moteur l’avait fait réformer puis il a été « récupéré » et à nouveau réformé. Son père était Adrien Bouvier, cantonnier, et sa mère Angélina Cammal. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 11/09/1915 au 06/01/1916, jour de sa réforme. (AD34 : 1R 1167 NM402).

7 – CAUSSE Félix Joseph

(Saint-Maurice-de-Navacelles 11/06/1878 – Montpellier 20/10/1918). Soldat de 2e classe à son décès, classe 1898. Il sert au 10e régiment du génie puis est rattaché à un autre quand il est mis à disposition de l’agriculture comme propriétaire exploitant en novembre 1917. Mort de maladie à l’hôpital mixte de Montpellier, à 40 ans. Il mesurait 1,71 m et était cordonnier à Saint-Gély. Il était marié à Louise Rabou et ils avaient cinq enfants. Son père est Ferdinand Causse et sa mère Félicité Rouby, originaires des Cévennes. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 20/10/1918. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1115 NM296).

8 – CAYLA Georges Marcel Joseph

(Saint-Gély-du-Fesc 23/04/1885 – Près de Barleux, Somme 20/07/1916). Caporal au 34e RIC, réserve du 4e RIC, classe 1905. À 31 ans, il est tué à l’ennemi le premier jour de l’offensive conjointe avec les Britanniques dans la Somme, une hécatombe pour ce régiment. Son décès figure dans le Journal de marche du 34e RIC, pour le 20/07 et sous le prénom de Georges. Il mesurait 1,67 m et était cultivateur. Il était marié à Pauline Secondy. Son père était Albert Cayla et sa mère Léonie Arjalliès. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 20/07/1916. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1185 NM669).

9 – CÉSARIN Louis Pierre

(Montpellier 25/03/1888 – Beauséjour, Marne 11/06/1915). Caporal au 96e RI, classe 1908.Tué à l’ennemi en Champagne, dans les opérations de reprise des points hauts, à 27 ans. Il mesurait 1,57 m et était cultivateur à Saint-Gély. Il était marié à Gabrielle Carrié et ils avaient un fils. Son père était Auguste Césarin et sa mère Marie Viscomte. Beauséjour était une ancienne ferme fortifiée par les Allemands, un point haut qui était la cible des Français en 1915. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 02/08/1914 au 11/06/1915. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1215 NM945).

10 – CHALER Marius Henri Louis

(Grabels 09/02/1886 – Bar-le-Duc, Meuse 20/11/1914). Soldat de 1re classe et clairon au 34e RIC, classe 1906. Mort des suites de blessures à la poitrine à l’hôpital d’évacuation de Bar-le-Duc, à 28 ans. Il mesurait 1,77 m et était viticulteur à Saint-Gély. Il était marié à Éva Roques et ils avaient deux enfants. Son père était Noël Chaler et sa mère Thérèse Cros. Il a été blessé lors des combats de Chauvoncourt, pris et repris par les Allemands qui tiendront longtemps ce secteur du saillant de Saint-Mihiel. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 20/11/1914. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1197 NM1901).

11 – CHALIER Louis Philippe

(Sète 17/01/1896 – Tranchée de Terline, Somme 03/09/1916). Soldat de 2e classe au 86e RI puis au 363e RI juste avant son décès, classe 1916. Il est porté disparu dans la Somme, dans l’attaque d’une tranchée allemande, près de Cléry, à 20 ans, puis son corps a été exhumé et identifié. Il mesurait 1,74 m, était cultivateur et célibataire. Son père était Henri Chalier et sa mère Marguerite Gibily, cultivateurs de Saint-Gély. Son régiment participait à une offensive commune avec les Anglais dans la Somme. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 12/04/1915 au 03/09/1916. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1293 NM1566).

12 – DOUMERGUE Augustin Louis Paul Sylvère Jean-Baptiste

(Saint-Gély-du-Fesc 20/06/1883 – Tahure, Marne 27/09/1915). Caporal au 81e RI, classe 1903. Tué, à l’ennemi à Tahure, village aujourd’hui disparu, à 32 ans, dans la reprise des points hauts de Champagne, fortifiés et très défendus. Il mesurait 1,58 m et était viticulteur. Vivant au Clau, son père était Alexis Doumergue, régisseur du Rouquet, et sa mère Eulalie Doumergue. Il était marié à Léonie Péridier et ils avaient deux filles. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 13/08/1914 au 27/09/1915. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1167 NM400 ; Caporal Gabriel Boissy, Historique du 81e RI, campagne 1914-1917, en ligne).

13 – FABRE Léon André

(Clapiers 22/02/1894 – Beauséjour, Marne 16/03/1915). Soldat de 2e classe au 81e RI, classe 1914. Mort des suites de blessures reçues sur le champ de bataille, en Champagne, à 21 ans, dans la reprise des points hauts fortifiés et très défendus, avec notamment une ferme transformée en fortin. Il mesurait 1,72 m, était cultivateur et célibataire. Son père était Philibert Fabre et sa mère Marie Malavialle, mariés à Saint-Gély. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 02/09/1914 au 16/03/1915. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1272 NM1844 ; Caporal Gabriel Boissy, Historique du 81e RI, campagne 1914-1917, en ligne).

14 – GLEIZON Antonin Jérôme

(Saint-Gély-du-Fesc 16/03/1881 – près de Mametz, Somme 18/12/1914). Soldat de 2e classe au 1er régiment de marche d’infanterie coloniale du Maroc (RMICM, 6e bataillon), classe 1901. Tué à l’ennemi à Mametz (Somme), le même jour que Prosper Bellet, à 33 ans. Il mesurait 1,61 m, était cultivateur et célibataire. Son père était Louis Gleizon, sa mère Marie Roussel. Ce régiment de « marsouins » regroupait des survivants de bataillons d’infanterie coloniale, avec quelques jeunes recrutés dans les ports. La moitié des morts sont en fait des hommes mûrs des garrigues et des montagnes des Pyrénées au Massif central, réputés bons soldats. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 30/09/1914 au 18/12/1914. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1147 NM857. Base memorial genweb v3 pour les données sur les bataillons coloniaux).

15 – HÉBRARD Paul Louis

(Combaillaux 07/01/1889 – Ambulance de Jussey, Haute-Saône 27/08/1914). Soldat au 15e RI, classe 1909. Gravement blessé à Rozelieures (Meurthe-et-Moselle), il est évacué loin des combats et décède à 25 ans, le même jour que Mercier. Il mesurait 1,80 m et était vigneron. Avec son épouse, Anna Roussel, il résidait à Saint-Gély et ils ont eu un enfant. Son père était « Gustave » Hébrard et sa mère Thérèse Quatrefages, du mas de Gentil à Combaillaux. Son régiment participe de la bataille des Frontières dont celle de la « Trouée de Charmes » commencée le 25 août, qui est un des points d’arrêt de l’invasion allemande. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 27/08/1914. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1224 NM514).

16 – JOURDAN Augustin Jean Joseph

(Le Cros, Hérault 28/08/1873 – Belleville, Meuse 23/04/1916). Caporal au 130e RIT, classe 1893. Tué à l’ennemi par un obus près du fort de Belleville, dans la défense de Verdun et de la « Voie Sacrée », à 42 ans. Il mesurait 1,64 m et était cultivateur. Marié à Saint-Gély avec Marie Malzieu, ils ont eu trois enfants. Son père était Auguste Jourdan et sa mère Joséphine Robert. Sa sépulture de guerre se trouve à la nécropole de Douaumont, tombe n°4728. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 06/10/1914 au 23/04/1916. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1062 NM959. Historique du 130e RIT, numérisé par tableaudhonneur.free.fr).

17 – MARCOU Paul Charles François

(Mons 01/01/1885 – Esnes, Meuse 20/05/1916). Caporal au 296e RI, classe 1905. Tué à l’ennemi dans le ravin de la Hayette, à la cote 304 près du Mort-Homme, en Argonne, dans la défense de Verdun, à 31 ans. Dans l’enseignement puis propriétaire, il était marié à Gabrielle Boudon, institutrice publique à Saint-Gély depuis 1913 et ils avaient trois filles. Son père était Jean Marcou, propriétaire au domaine de Pibons à Mons, et sa mère Élisabeth Roger. En 1907, il est un des 500 mutins du 17e RI de Béziers-Agde, qui voulaient éviter de devoir tirer sur des manifestants lors de la crise viticole, le cas échéant. Ils avaient terminé leur temps de service à Gafsa en Tunisie. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 20/05/1916. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1192 NM1366, non numérisé dans la série ; Historique du 296e RI, Gallica).

18 – MASCLAC Émile Cyprien Constant

(Saint-Gély-du-Fesc 26/04/1889 – Verdun 09/08/1916). Sous-lieutenant engagé volontaire dans le génie, chevalier de la Légion d’honneur, classe 1909. Il est mortellement blessé d’un éclat d’obus en se rendant sur un chantier d’organisation de tranchées, à 27 ans. Il mesurait 1,66 m et était auparavant jardinier. Il était marié à Henriette Portalier et ils ont eu un fils. Son père était Louis Masclac et sa mère Émilie Cancel. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 02/08/1914 au 09/08/1916. Mort pour la France. (AD34 : 1R 1224 NM705. Base Léonore Légion d’honneur, Historique de la Compagnie 17/4 du 2e Génie, Gallica).

19 – MELIN Albert Gustave

(Ferrières-les-Verreries 11/07/1886 – Esnes-en-Argonne, Meuse 02/03/1916). Canonnier servant au 19e régiment d’artillerie de campagne, trompette, classe 1906. Tué à l’ennemi par l’explosion d’un obus, à 29 ans. Il mesurait 1,69 m et était charretier à Saint-Gély. Il y avait épousé Cécile Breysse. Son père était Élie Melin, un temps garde particulier à Pompignan (Gard) et sa mère Antoinette Séranne. Il est difficile de connaître les circonstances du décès, les batteries étant dispersées à l’arrière des lignes et les décès rares. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 02/08/1914 au 02/03/1916, jour de son décès. Mort pour la France. (AD Gard, base Bach, centre de Nîmes, canton de Saint-Hippolyte, cl. 1906 : 1R 950 NM2286).

20 – MERCIER François Marius

(Castries 01/08/1887 – Forêt de Jaulnay, Pouilly-sur-Meuse, Meuse 27/08//1914). Soldat de 2e classe au 4e RIC, classe 1907. Déclaré disparu puis tué à l’ennemi par jugement, à 27 ans. Il mesurait 1,53 m, était vigneron à Saint-Gély et célibataire. Son père était Philippe Mercier et sa mère Philippine Roux. Avec Hébrard, ce sont les deux premiers morts de la guerre. Son régiment était d’abord entré en Belgique, pour la défendre. Les Allemands étant supérieurs en nombre ce jour-là, le régiment avait reculé jusqu’à une forêt française, avec des pertes très élevées. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 27/08/1914. Mort pour la France. (AD34 1R 1205 NM900).

21 – NICOT Émile Hippolyte Clément

(Montpellier 12/10/1887 – Locre, Belgique 21/05/1918). D’abord boulanger, il est affecté en 1916 comme soldat de 2e classe au 128e RI, classe 1907. Tué à l’ennemi en Flandre occidentale, à 30 ans. Il mesurait 1,65 m, était boulanger à Saint-Gély comme son père et probablement célibataire. Son père était Émile Nicot et sa mère Hortense Serre. Il est le dernier mort de la guerre au feu, au Mont Kemmel, lors d’offensives allemandes à obus toxiques, les dernières avant la contre-offensive alliée sur tout le front. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 21/05/1918. Mort pour la France. (AD34 1R 1205 NM905).

22 – PELLEGRIN Marius Michel

(Fabrègues 16/01/1875 – Lizerne, près d’Ypres Belgique 26/04/1915). Lieutenant engagé volontaire, il se trouve au 4e régiment de zouaves à son décès, classe 1895. Tué à l’ennemi d’un coup de revolver, à 40 ans. Il mesurait 1,61 m et était boulanger. Son père était Urbain Pellegrin, vivant à Saint-Gély, et sa mère Marie Géniès. Il était marié à Pauline Cariou et ils avaient un fils. Il meurt dans la reconquête du terrain perdu lors de l’attaque allemande au gaz chloré et mortel du 22, à la jonction des armées belges, anglaises et françaises. Sa campagne contre l’Allemagne s’achève à son décès. Mort pour la France. (AD34 1R 1083 NM541).

23 – PÉRIDIER Marie Joseph Léon Marcel

(Saint-Gély-du-Fesc 16/01/1876 – Carrière Prat à Quennevières, Oise 02/11/1916). Sous-lieutenant à titre temporaire, il était affecté à son décès au 102e RIT, classe 1896. Il est tué à l’ennemi à 40 ans, en mettant en place une mitrailleuse contre un avion allemand. Il mesurait 1,68 m et était courtier en vins. Son père était Barthélemy Péridier, propriétaire à Saint-Gély, et sa mère Joséphine Plagniol. Il était marié à Louise Joubert et avait une fille. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 03/08/1914 au 02/11/1916. Mort pour la France. (AD34 1R 1097 NM2291 ; Historique du 102e RIT, site tableaudhonneur.free.fr).

24 – PÉRIDIER Pierre Marius (ou Pierre)

(Saint-Gély-du-Fesc 05/05/1885 – Vermelles-Loos, Pas-de-Calais 11/05/1915). Soldat de 2e classe et clairon au 281e RI, classe 1905. Tué à l’ennemi en Artois, à 30 ans. Il mesurait 1,79 m, était viticulteur et charretier. Son père était Isidore Péridier, boulanger, et sa mère Marie Masseran. Il était marié à Élodie Fabre, sœur de Léon Fabre. Il est décédé en Artois, alors que les Français tentent la percée des lignes allemandes et avant qu’ils ne soient remplacés par des troupes britanniques, notamment des Canadiens. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 03/08/1914 au 11/05/1915. Mort pour la France. (AD34 1R 1185 NM670).

25 – PRIEUR Marius Augustin

(Viols-le-Fort 26/04/1885 – Kriegslazaret de Sains-du-Nord, France occupée 15/07/1918). Soldat de 2e classe au 281e RI, classe 1905. Déclaré disparu dans l’Oise le 09/06/1918, il est ensuite reconnu blessé et prisonnier. Il décède dans un hôpital militaire allemand, à 33 ans. Il mesurait 1,63 m et était cultivateur. Son père était Guillaume Prieur et sa mère Thérèse Dezeuze. Il était marié à Élodie Bouquet, apparentée à une famille de Saint-Gély, et ils avaient un fils. Cette nuit du 9 juin, le régiment est « décimé », l’ennemi étant devant et derrière, à 100 km de Paris. L’offensive alliée décisive commence le mois suivant. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 03/08/1914 au 09/06/1918. Mort pour la France. (AD34 1R 1186 NM1353 ; Historique du 281e RI, Gallica).

26 – ROCHER Hippolyte Marius (l’un ou l’autre prénom d’usage)

(Montpellier 15/06/1884 – Beauséjour, Marne 18/06/1915). Soldat de 2e classe au 81e RI, classe 1904. Il est mortellement blessé à Beauséjour en Champagne, commune actuelle de Minaucourt-Le-Mesnil-lès-Hurlus, où les Français tentaient de reprendre les positions élevées allemandes, à 31 ans. Il mesurait 1,53 m et était cordonnier. Son père était Lucien Rocher, cordonnier, et sa mère Joséphine Forestier. Il était marié à Jeanne Chardonnet, ils avaient eu quatre enfants, dont plusieurs nés à Saint-Gély. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 03/08/1914 au 18/06/1915. Mort pour la France. (AD34 1R 1176 NM333 ; Caporal Gabriel Boissy, Historique du 81e RI, en ligne).

27 – ROMIEU Louis Antoine Marie

(Saint-Gély-du-Fesc 25/09/1897 – Hôpital de Lodève, Hérault 17/03/1916). Soldat de 2e classe au 96e RI, classe 1917. Il est décédé suite à une congestion pulmonaire à l’hôpital mixte de Lodève, un hôpital à la fois civil et militaire, à 18 ans. Sa classe avait été appelée par anticipation. Il mesurait 1,56 m, était agriculteur et célibataire. Son père était André Romieu et sa mère Marie Malige, des Lozériens d’origine. Nous supposons qu’il a pu prendre mal au cours de son instruction, peut-être au Larzac voisin. Son frère François a été prisonnier à Giessen et est revenu. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 11/01/1916 au 17/03/1916. Mort pour la France. (AD34 1R 1300 NM885).

28 – TARDIEU Justin Pierre

(Combaillaux 09/11/1881 – Saint-Rémy-sur-Bussy, Marne 18/08/1915). Sapeur mineur à la compagnie 16/2 du 2e génie de Montpellier, classe 1901. À 33 ans, Il est décédé « tué à l’ennemi » dans un village de Champagne à 10 km du front, ce qui est une anomalie. Là, dans une « ambulance » ou centre de secours, étaient triés blessés et malades et il a pu être dans ce cas. Dans ce secteur, le génie pratiquait la guerre des mines. Il mesurait 1,68 m et était viticulteur. Son père est Cyprien Tardieu et sa mère Clémence Cammal, partis vivre à Graveson, en Provence. Il s’était marié à Saint-Gély avec Marie Bernat et ils avaient eu plusieurs enfants. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 04/08/1914 au 18/08/1915. Mort pour la France. (AD34 1R 1147 NM863).

29 – VANEL Célestin Marius Marcelin

(Saint-Gély-du-Fesc 30/01/1897 – Bois de Chevreux, Aisne 10/05/1917). Soldat au 2e RI, classe 1917, appelé par anticipation et incorporé en janvier 1916. Il est « tué à l’ennemi » à 20 ans, dans l’offensive du Chemin des Dames, à Craonne, une offensive qui n’a pas abouti l’artillerie n’ayant pas suivi. Il mesurait 1,68 m, était agriculteur et célibataire. Son père était Jean-Pierre Vanel et sa mère Marie Hébrard, des Lozériens d’origine. Le 17 mai suivant son décès, un bataillon du 2e RI se mutine et refuse de repartir immédiatement en première ligne, demandant le respect des tours de rôle et des permissions. Sa campagne contre l’Allemagne dure du 06/01/1916 au 10/05/1917. Mort pour la France. (AD34 1R 1300 NM889).