Description
1791-1793 – pratiques et ateliers monétaires dans l’Hérault
Le 1er septembre 1791, Louis XVI accepte la nouvelle constitution civile et jure fidélité à la nation et à la loi. À la suite de ce serment, les ateliers monétaires émettent les premières monnaies dites « constitutionnelles ». L’Assemblée Nationale a décrété, le 9 avril 1791, une nouvelle émission à la légende : « LOUIS XVI ROI DES FRANÇOIS », décret qui fut sanctionné par le roi le 15 avril. Un autre décret, du 20 mai, ordonne ce que les flans existant dans les hôtels des monnaies, seront monnayés aux anciens coins, jusqu’à ce que les nouveaux soient envoyés, ce qui provoque une émission simultanée d’espèces au type ancien, et d’autres au type constitutionnel.
Le problème de la circulation journalière, des petites transactions, se pose très vite, et le décret du 25 juin 1791 lance une nouvelle fabrication de monnaies en « métal de cloche », dont la confection des flans est confiée à des entrepreneurs particuliers. Parallèlement au ramassage des cloches, nécessaires à cette fabrication, la vaisselle d’or et d’argent provenant des saisies, ou les objets du culte des églises, sont, eux aussi, récupérés, conformément aux lois des 27 mars et 3 juin 1791.
L’Assemblée administrative du département de l’Hérault envoie des « citoyens zélés » à la recherche de ces matières précieuses. Ainsi, par exemple, le 17 août 1791, 285 marcs d’orfèvrerie religieuse sont apportés à l’atelier de Montpellier ; une tournée à Saint-Geniès, Nîmes, Pont-Saint-Esprit, Millau, Romans, Dié, Montélimar, Sommières, Béziers et Montpellier rapporte 2 062 marcs 6 onces 12 grains d’orfèvrerie… L’action qui a été entreprise dans le département de l’Hérault en ce qui concerne les monnaies, est rapportée par le compte-rendu de l’Assemblée administrative du 16 novembre 1791. En voici la teneur.
« Le droit de faire battre monnaie est une prérogative, un attribut de la souveraineté ; il n’appartient qu’à la nation d’imprimer sur le métal le signe représentatif de tous les genres de richesse et de la garantie à la foi publique. Mais il est permis aux particuliers de fabriquer la matière des espèces et de les préparer à être monnoyées. En conséquence, nous avons admis tous ceux qui se sont présentés à jouir de cette faculté, sous la condition très prononcée que les flaons qu’ils porteraient à la Monnaie pour y être frappés seraient au titre et du poids requis par la loi du 19 janvier dernier.
Nous avons installé les nouveaux officiers de la Monnaie qui sont chargés de cette vérification, après avoir constaté par un inventaire préalable l’état des registres, la quantité des matières d’or et d’argent qui se trouvaient dans l’hôtel des monnaies de cette ville et la valeur des effets et ustensiles servant à la manufacture de Montpellier. Nous avons mis en usage tous les moyens que la loi nous avait confiés pour en augmenter la circulation. Nous avons fait remettre entre les mains du directeur toute l’argenterie, vases, meubles et ustensiles de toutes espèces de métaux provenant des églises supprimées à l’effet d’être convertis en petite monnaie ou pièces de 30 et 15 sous, de 1 sou et demi-sou. Nous avons fait apporter à cet effet les cloches qui étaient devenues inutiles pour le service du culte et qui ont été destinée à la même fabrication d’espèces par la loi du 6 Août. Des commissaires du directoire ont été présents à la fonte de l’argent et toutes les formalités prescrites par les lois des 27 Mars et 3 Juin y ont été scrupuleusement observées. Le produit de l’argenterie des églises et paroisses supprimées dans le département a été de 1 315 marcs 1 once 22 deniers en argent, 153 marcs 1 once en vermeil, et 4 onces 19 deniers 12 grains en or. Il est essentiel d’observer qu’aux termes de l’article 2, de la loi du 27 Mars, les matières d’or et de vermeil devront être envoyées par les districts à la Monnaie de Paris; nous les avons laissées en dépôt chez le directeur pour que cet envoi puisse s’effectuer. Plusieurs districts des départements de l’Aveyron, du Gard et de la Drôme ont aussi envoyé l’argenterie de leurs églises supprimées. Il a été procédé avec les mêmes formalités à la fonte de ces matières qui, réunies aux précédentes, forment le total de 2 199 marcs 6 onces 4 deniers 12 grains d’argent, de 173 marcs 4 onces 3 deniers de vermeil et de la quantité d’or ci-dessus énoncée. De ces différentes matières, il a été fabriqué la quantité de 75 398 pièces de 15 sols, qui ont produit 56 548 livres 10 sols, indépendamment aux lingots qui n’ont pu être encore monnayés ; celle de 30 n’ont pu l’être à cause que les matières des poinçons n’ont point été envoyées par le ministre, quoique le directoire ait écrit plusieurs fois à ce sujet. Quand à la menue monnaie qui devait être fabriquée avec la matière des cloches, il n’a point été possible d’y travailler… […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1989 |
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Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Bruno COLLIN |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |