Une verrerie moderne dans les monts du Somail (Hérault) :
atelier forestier du Bureau au XVIIe siècle, (commune de Fraïsse-sur-Agoût)

Avec la collaboration d’ Alain RIOLS , Bernard GRATUZE , Emeline POUYET , Rémy ROULEAU

Contexte géologique et environnemental

L’atelier verrier du Bureau est situé à quelques kilomètres au Sud du village de Fraïsse-sur-Agout (Hérault). Le site, implanté au cœur du plateau du Somail, à près de 1 000 m d’altitude, se trouve à proximité du lac de Vesole et dans le domaine forestier éponyme du Bureau. Il a fait l’objet d’un programme de fouilles archéologiques durant trois semaines en 2008, à l’initiative du Parc Naturel Régional du Haut Languedoc qui souhaite mettre en valeur cette importante part du patrimoine local 1 et intègre également une recherche universitaire actuellement en cours, dans le cadre d’un doctorat en archéologie médiévale 2.

La lithologie locale se retrouve en contexte de fouilles archéologiques, dans le domaine du bâti comme dans celui des structures de production. Les habitats comme les élévations subsistantes de l’aire de travail des verriers ont en effet été dressés à l’aide de matériaux locaux : les bâtiments dévolus au logis sont constitués de gneiss tandis que les élévations de la halle sont réalisées à partir de schiste. On retrouve également ces matériaux dans la construction des deux fours, employés en divers points selon leur résistance thermique respective. Dans le même registre, se pose la question de l’approvisionnement en silice, matière première indispensable à la production du verre. Si celle-ci se retrouve dans les gisements de quartzites prises dans les formations schisto-gréseuses locales, la quantité exploitable parait négligeable au regard des efforts à fournir. C’est là un point qui nécessite encore de plus amples recherches.

Éléments d’historiographie du site

À l’instar de nombreuses unités de production de verre du Languedoc, le site du Bureau fait l’objet d’une première mention dans l’ouvrage fondateur de Saint-Quirin 3 : « Le 11 mars 1660, Laurent Bas, gentilhomme, (…) obtient du prince de Conti le changement de cette mouline en une “verrière à faire toute sorte d’ouvrage de verre, à une mousquetade de la maison de M. de Campblanc, à l’endroit où il y a des arbres appelés hous (houx) et d’autre broussailles“ ». L’auteur précise, sans toutefois citer ses sources, que Laurent Bas arrente sa verrerie à Isaac de Breton le 23 juillet 1664. Ledit bailleur se voit d’ailleurs rapidement en procès pour avoir exploité « sans ménagement les bois qui environnaient la verrerie ». Saint-Quirin déduit de l’isolement géographique qui caractérise cet atelier, qu’il ne connut qu’une existence éphémère et rapidement végétative.

Localisation de l’atelier verrier du Bureau
Fig. 1 - Localisation de l’atelier verrier du Bureau

Entre les années 1950 et 1980, de nombreux amateurs se sont pris d’intérêt pour la verrerie du Bureau qui a alors fait l’objet d’un positionnement géographique plus précis. Ainsi, à partir des écrits de Saint-Quirin, A. Lauriol écrit quelques lignes suite aux explorations officieuses qu’il réalisa au lieu-dit la Forest ; il localise trois fours aux abords de la ferme 4. Il semble toutefois peu probable que l’atelier ait fonctionné jusqu’au XIXe siècle, comme l’écrit cet auteur d’après des témoignages oraux. La carte de Cassini, qui constitue l’une des premières cartographies complètes des habitats au XVIIIe siècle, peut apporter ici quelques éclaircissements en matière de datation. Dressée dans la région du Languedoc entre 1769 et 1774, elle ne reporte la Forest qu’en qualité de simple hameau.

Carte de Cassini mentionnant le hameau de la Forest
Fig. 2 - Carte de Cassini mentionnant le hameau de la Forest

L’évolution du site demeure largement chaotique sur ces dernières décennies car, outre les dégagements clandestins, l’O.N.F., propriétaire de l’ensemble du secteur et faute d’informations complètes sur les vestiges, a coupé le site en deux en réalisant l’ouverture d’une nouvelle piste, puis a dérasé les dernières élévations encore en place par mesure de sécurité. Ne restent désormais plus que quelques rares photos du hameau de la Forest avant sa destruction 5.

Au regard de ces quelques données préliminaires, il apparaît que le petit centre de production verrière s’installe dans un vaste et ancien domaine forestier, mentionné dans les textes depuis la deuxième moitié du XIIIe s. 6, à proximité immédiate d’un habitat qui semble lui précéder assez largement. Les actes notariés révélés par le travail de Saint-Quirin attestent une activité pour le milieu du XVIIe s. La carte de Cassini constitue quant à elle un Terminus Ante Quem pour dater l’abandon de l’atelier. Il reste donc, pour l’heure, difficile de préciser plus en avant les données historiques, une recherche documentaire plus approfondie en archives étant en cours afin de compléter les données de terrain présentées ici.

De manière générale, la documentation scientifique concernant les unités de production et plus particulièrement la typologie des fours de fusion, leur chronologie et leur mode de fonctionnement, reste encore largement lacunaire sur l’ensemble du territoire français. C’est donc également dans cette optique de mise à niveau de nos connaissances sur la question que s’inscrit l’intervention menée sur l’atelier verrier du Bureau.

Organisation générale du site et des structures de production

La verrerie du Bureau présente une organisation générale bipolaire, avec un noyau de bâtiments dévolus à l’habitat (zone 3), implantés en bordure septentrionale du site et au moins un édifice, la halle, propre à la production verrière (zones 1 et 2), au Sud. Les vestiges sont situés au nord d’un bassin versant assez peu marqué, à proximité de deux ruisseaux. Les espaces voués à l’habitat ont fait l’objet d’une documentation photographique et de quelques relevés architecturaux mais aucune approche stratigraphique n’a été réalisée 7.

En bordure méridionale du site s’élève la halle, bâtiment principal de l’officine. Malgré les larges dégradations pratiquées par la mise en place de la piste forestière, sa superficie totale a pu être estimée à environ 150 m² et cette unité semble adopter un plan plus ou moins quadrangulaire. La zone 2, qui n’est circonscrite dans aucune pièce ou bâtiment et a, de fait, été considérée comme une aire ouverte, est immédiatement adjacente à la halle. La structure qui s’y dresse est un four à fritte, seul vestige presque entièrement conservé car peu visible avant la fouille de 2008. Aucun cheminement n’a été repéré pour accéder de la halle aux zones 2 ou 3, le couvert forestier et les récents remaniements topographiques ayant totalement effacé les traces de ces accès.

Plan général du site du Bureau
Fig. 3 - Plan général du site du Bureau : le hameau de la Forest et l’atelier verrier

La halle

Comme la plupart des unités de productions verrières modernes connues, la halle du Bureau est une pièce plutôt vaste : les dimensions visibles sont de 12 m pour le mur Sud et autant pour le mur Est. Il faut préciser que ces deux segments n’ont pas pu être totalement dégagés et, de fait, ces élévations se prolongent de manière à dessiner un périmètre plus important que ce que le relevé topographique laisse supposer. De manière arbitraire, et en tâchant d’adhérer au plus près des schémas connus en ce domaine, il a été estimé une aire totale d’environ 150 m². Le plan au sol, quadrangulaire ou légèrement trapézoïdal, et la surface appréciée cadre avec les données des autres halles connues dans la Montagne Noire. La présence du four de fusion en son centre et l’implantation du four à fritte, à l’extérieur de tout bâti mais néanmoins proche de la halle, est aussi un schéma déjà observé par ailleurs. Le niveau de sol de l’atelier, aménagé en terre battue, est formé d’une matrice argileuse compacte très chargée de fragments de verre et de quelques éléments de mobilier métallique participant de l’activité quotidienne, tels qu’une anse de seau et une clef 8. Il comportait au moins une fosse contemporaine de l’activité de l’atelier et probablement intégrée dans la chaîne opératoire comme en atteste son comblement rempli de déchets de production 9.

Les murs participent soit du bâti de la halle, soit des limites du parcellaire, parfois les deux. La totalité des élévations est réalisée avec des matériaux locaux, à savoir le gneiss et le schiste. La structure est identique pour chacune : un double parement à fourrure interne réduite. L’appareil, irrégulier, est d’un module moyen à grand et le liant se résume à de la terre. La facture est souvent médiocre, certains blocs ayant juste fait l’objet, après extraction, d’un léger dégrossissement. La largeur moyenne générale des murs de la halle est d’environ 0,70 m. Mais le dégagement partiel de la halle brouille quelque peu notre vision d’ensemble des lieux ; ainsi, l’orientation, le positionnement et le raccordement de plusieurs élévations pose problème, à l’image des segments MR 2006 et 2007 dont on ne sait s’ils sont à rattacher à la halle ou s’ils dessinent une autre pièce adjacente. Enfin, comme la grande majorité des ateliers-centres approchés jusque là, il n’a été trouvé aucun élément susceptible de nous informer sur la morphologie des parties supérieures de la halle. La structure de la charpente comme les matériaux utilisés pour la couverture nous sont donc difficilement représentables hormis quelques clous retrouvés dans les niveaux d’abandon 10.

Vue zénithale de la halle depuis l’ouest
Fig. 4 - Vue zénithale de la halle depuis l’ouest (cliché : R. Rouleau)

Le four de fusion

Bien que très endommagé par plusieurs sondages qui en oblitèrent désormais une partie, ce four (FR 1002) a pu faire l’objet de nombreuses observations. Il est situé à peu près au centre de la halle et présente une orientation Nord/Sud pour un plan au sol binaire, avec un segment quadrangulaire se faisant l’écho du cendrier, côté Nord et un segment subcirculaire côté Sud correspondant à l’aire de chauffe. La longueur totale observée est de 4 m pour une largeur de 2,50 m, côté Nord et environ 3,50 m au plus large, côté Sud.

Vue générale du four de fusion avant et après la campagne de fouille
Fig. 5 - Vue générale du four de fusion avant et après la campagne de fouille (clichés : A. Riols et I. Commandré)

Cette structure de chauffe est semi-enterrée sur 0,60 à 0,80 m de profondeur au vu du différentiel de niveau entre le sol de la halle et le volume interne de l’alandier, plus profond. Divers matériaux participent de sa construction, mais on reste toutefois dans le cadre de la lithologie locale, à savoir du schiste et du gneiss.

La partie Sud de FR 1002, subcirculaire, correspond au four à proprement parler, originellement constitué de l’alandier en partie inférieure, surplombé de la sole, qui se trouvait fermée d’une voûte, formant ainsi un laboratoire. Les parements internes de l’alandier attestent d’une exposition à des températures importantes. Pourtant, il ne s’est pas formé sur les parois de couche de vitrification. Cela pourrait impliquer que le four n’a pas fonctionné longtemps 11 ou bien qu’il a fait l’objet de réfection, entretien fréquemment pratiqué au regard des montées en température qu’exige la fusion du verre. L’absence de couverte de verre permet de visualiser au mieux la mise en œuvre de l’alandier : de petites et moyennes en encorbellement. La nature du liant est difficilement perceptible mais il peut s’agir d’une argile. La forme de ce dôme, en coupe sagittale, est à peu près ovoïdale. Au sommet, débouchant au niveau de la sole, le trou d’évent d’un diamètre de 0,40 m laissait la chaleur s’accumuler dans le laboratoire. Il ne perdure qu’un reliquat de la sole (moins d’1 m²) mais on peut en restituer l’aire totale par extrapolation, soit un disque de près de 2 m de diamètre. Elle était constituée de tomettes de briques réfractaires juxtaposées et liées entre elles à la manière d’un dallage.

L’ouverture du cendrier 12 est orientée vers le Nord et son débouché interne, dans l’alandier, présente un aspect trapézoïdal dont les mesures (environ 0,50 m au plus large, 0,32 m au sommet et environ 0,40 m de hauteur) sont très réduites. Les blocs de schiste qui le comblent ne proviennent pas tous de son propre effondrement ; il s’agit là d’un apport volontaire, maîtrisé. Les éléments sont en effet tassés et introduits de force afin de créer une sorte de bouchon. Même si cette partie du four de fusion est passablement perturbée, on en reconnaît malgré tout le petit format ; ceci rompt avec les observations effectuées jusqu’alors sur d’autres sites, où le cendrier est une construction massive 13.

Coupe et plan du four de fusion de l’atelier du bureau
Fig. 6a & 6b - Coupe et plan du four de fusion de l’atelier du bureau

Le four à fritte

Cette deuxième structure de chauffe (FR 2003) est située à l’est de la halle. De forme hémicirculaire avec une façade rectiligne, ses dimensions sont d’environ 4,50 m de circon-férence, le mur constituant la façade (MR 2014) mesurant pour sa part 5,70 m de long et en moyenne 0,55 m de large. Un retour Est-ouest de cette élévation vient la prolonger sur son extrémité ouest, dessinant ainsi une aire de travail frontale bien délimitée. C’est la première fois qu’un tel dispositif est observé. Par nature, de très rares fragments de mobilier se trouvent aux abords de ce four qui n’a pas vocation à en produire.

Le foyer observe un profil ampoulé, de 1,50 m de diamètre, pour une hauteur de 1,30 m maximum. Ici encore, la structure de chauffe a été semi-enterrée afin de garantir de meilleures capacités thermiques. Les parements internes sont constitués de blocs de gneiss, de module petit à moyen et liés à la terre. La mise en place s’est faite sans trop de soin confirmant sans nul doute la moindre importance de cette seconde structure de chauffe. L’emploi de ce type de matériaux lithiques, et non de briques réfractaires comme sur un four de fusion, indique que les températures atteintes devaient être assez logiquement moins élevées. Seul le pourtour du trou d’évent, d’un diamètre de 0,50 m au sommet, porte trace d’un travail de vitrification, la chaleur ascendante se concentrant à ce niveau.

Vue de détail de l’ouverture du cendrier, depuis l’alandier
Fig. 7 - Vue de détail de l’ouverture du cendrier, depuis l’alandier (cliché : F. Martin)
Vue partielle du four à fritte en cours de fouille
Fig. 8 - Vue partielle du four à fritte en cours de fouille (cliché : I. Commandré)

Le mur de façade, orienté Est-ouest, est constitué de blocs massifs de gneiss délimitant une ouverture réduite (0,34 x 0,30 m) qui permet l’accès au foyer.

Il subsistait encore un dépôt cendreux dans l’ampoule foyère. Une simple observation indique que ce dernier niveau d’usage du four n’est pas seulement issu de la combustion de bois dans la mesure où il comportait de nombreux fragments de matériaux lithiques. Si le travail de brûlage a rendu méconnaissable une grande partie des éléments, des fragments très friables de gneiss sont encore observables. Leur format va du module de moins de 5 cm à des éléments de 10 à 15 cm. Un tel comblement donne quelques indications quant à la vocation du four FR 2003 qui ne participerait de la production du verre que dans le cadre d’une étape préliminaire, à savoir la préparation de l’un des composants siliceux. Ce minerai, une fois soumis à la chaleur, pouvait dès lors être plus facilement concassé avant que d’être intégré dans les creusets du four de fusion. S’il est peu probable qu’il puisse s’agir d’un fondant 14, les tenants et aboutissants de cette production annexe n’ont pas encore trouvé de réponse. Des analyses physico-chimiques complémentaires devraient permettre de lever les incertitudes sur cette question.

On notera enfin que durant le retrait des niveaux d’abandon de FR 2003, ceux-ci présentaient une organisation très structurée, notamment en partie sommitale et devant la façade du four. Ces volumineux remblais de comblement, constitués d’une terre argileuse rubéfiée, avaient été soigneusement déposés avant que l’on ne les scelle d’un amas de lauzes de schiste. Un semblable dispositif, qui paraît tout à fait volontaire et organisé, a pu être observé sur le four à fritte de Candesoubre, seconde occurrence connue en ce domaine dans la région.

Coupe et plan du four à fritte
Fig. 9a & 9b - Coupe et plan du four à fritte

Les productions de verre

La campagne de fouille a permis le prélèvement de 3140 fragments de verre répartis principalement sur les niveaux d’occupation et d’abandon de la halle. Un inventaire exhaustif de l’ensemble des artefacts a été établi, mais l’importance du lot a rendu nécessaire de réduire leur analyse approfondie aux seuls niveaux stratigraphiques qui présentaient le plus d’intérêt pour la compréhension du site. L’ensemble du mobilier ayant toutefois été manipulé, il apparait que les verres retrouvés sur cet atelier font état d’un lot relativement homogène en matière de chronologie, témoignant d’une belle facture de mise en œuvre. Plusieurs objets se distinguent : un lot majoritaire de verre à boire, mais également des perles, quelques vases à liquide de petite contenance (fioles et flacons), et enfin de grands contenants d’un usage plus commun tels que des mesures ou des aiguières.

La reconnaissance des formes a été ici particulièrement difficile dans la mesure où le matériel présente un taux de fragmentation élevé. L’importante cassure des fragments est un phénomène inhérent aux qualités même de résistance du matériau, mais il faut souligner que la totalité du mobilier, céramique comme verre, trouvé sur le pôle du Bureau présente un état de segmentation très largement accentué. Les seuls facteurs de piétinement ou de durée d’occupation de l’atelier peuvent-ils expliquer un tel décalage ? La réalisation de plusieurs campagnes de fouilles clandestines ainsi que le probable passage d’engins mécaniques lors de la mise en place de la piste par l’O.N.F. sont autant d’éléments qui peuvent avoir concouru à accroître ce phénomène. De fait, aucun profil complet n’a pu être mis en évidence et ne restent que quelques amorces de formes, à partir desquelles il est difficile d’extrapoler (voir figure 19).

Afin de compléter ces premières considérations, il semble important de noter les très rares altérations des pièces 15. L’atelier du Bureau semblait donc produire des verres, de nature calco-sodique, assez typiques du milieu forestier, offrant de bonnes qualités de résistance que seuls des facteurs exogènes ont pu conduire à une telle dégradation.

L’analyse de la répartition du mobilier souligne, de manière assez classique, la part prégnante des déchets de productions au sein d’un atelier. Il paraissait donc important de consacrer une première partie de ce travail à l’étude de ces derniers, qui constituent ici 85 % de l’ensemble du mobilier de verre. Seront abordés ensuite les produits finis ainsi que leur répertoire typologique.

Les déchets de production

Dans une récente étude portant sur le verre médiéval et moderne en Roussillon, J. Mach a souligné la dichotomie entre l’importance des déchets de production sur un site verrier et le peu d’attention qui leur est portée dans les travaux de recherche 16. De fait, chaque catégorie de mobilier est à envisager comme « la trace matérielle d’une opération technique (…) le négatif instantané figé de l’action qui l’a produit » 17. Le lien que constitue indéniablement ce type d’artefact avec les gestes techniques des verriers nécessitait donc une démarche d’inventaire et d’analyse.

Des travaux fondateurs 18 ont permis d’établir une typologie générale qui reconnaît huit types de déchets pouvant être présents dans un atelier verrier : les scories, les déchets anguleux, les déchets de verre informe, les gouttelettes, les meules de soufflage (ou mors de canne), les éléments étirés, les coups de ciseaux et les baguettes.

En observant le diagramme de répartition du verre trouvé sur le site du bureau, on constate que les produits finis ou semi-finis ne constituent que 15 % du mobilier total récolté. C’est donc plus des trois-quarts du matériel qui est mis au ban si l’on exclut de cette étude les déchets issus de la mise en œuvre des produits. Plusieurs informations émanent d’une observation détaillée de ces artefacts ; elles concernent principalement la matière première utilisée, mais également les techniques de travail en usage dans l’atelier, et ici plus particulièrement la mise en œuvre des décors.

Diagramme de répartition des éléments de verre : des déchets de production aux produits finis
Fig. 10 - Diagramme de répartition des éléments de verre : des déchets de production aux produits finis

Deux types de pâtes produits sur l’atelier : verre incolore et verre bleu/vert

Ce sont les mors de canne, les gouttelettes, les éléments étirés et les coups de ciseaux qui offrent une vision globale des divers types de verre élaborés sur le site durant l’ensemble de ses phases d’occupation. Les produits finis ou semi-finis peuvent en effet provenir d’autres officines et avoir été utilisés en qualité de casson, ou déchet de recyclage prévu pour être refondu 19. Deux types de verre sont notables dans le lot étudié. Une majorité des éléments sont incolores. L’altération des fragments rend parfois ces fragments légèrement jaunes, mais la texture est assez pure, gage d’une production de bonne qualité. Ce postulat de départ a été confirmé par les analyses physico-chimiques réalisées sur ce type d’échantillon. Une telle catégorie de verre se fait l’écho d’une maîtrise totale dans la proportion des matières premières afin d’obtenir un matériau parfaitement incolore

L’autre part des productions se caractérise par un verre vert bleuté, le plus souvent assez pâle, piégeant fréquemment de petites bulles d’oxygène. Bien connue sous la dénomination générale de « vert Grésigne », cette carnation des objets, qui reste encore à mieux définir, a souvent été désignée comme caractéristique des productions de la Montagne Noire durant l’Ancien Régime 20.

Éléments de connaissance technique

S’ils ne représentent qu’une modeste part dans les déchets de production, les mors de canne peuvent apporter de précieuses informations quant à l’outillage et l’emploi de techniques bien particulières pour le travail du verre. Ils constituent le négatif d’un des principaux outils : la canne à souffler. Lorsqu’ils sont suffisamment bien conservés, ces éléments permettent de reconstituer le diamètre des cannes en usage dans l’atelier. L’aspect très fragmentaire des artefacts limite ici considérablement les possibilités d’identification et d’analyse, mais plusieurs diamètres ont toutefois pu être mis en évidence : 10 mm et 13 mm. L’usage des cannes de 10 mm semble supplanter le reste, à l’instar des observations qui ont pu être réalisées sur les officines de Catalo et de Candesoubre 21.

Les baguettes représentent également un marqueur important parmi les déchets de production. Souvent importées d’autres officines, elles sont chauffées puis utilisées pour l’ornementation des pièces et attestent sans nul doute de la grande qualité de mise en oeuvre des verreries de l’atelier. En effet, si l’on retrouve des baguettes monochromes relativement simples comme dans de nombreux petits centres forestiers de la région 22, d’autres éléments filigranés, dits « a reticello » mêlent en revanche jusqu’à quatre brins de couleurs différentes (Fig. 19 n° 17). Ce dernier type d’artefact pourrait témoigner des importations vénitiennes qui se développent sur le marché français à partir du XVIe s. 23

Vue de détail des baguettes
Fig. 11 - Vue de détail des baguettes (cliché : I. Commandré)

Les productions de l’atelier d’après les produits finis ou semi-finis

Les produits finis ou semi-finis représentent à peine 15 % du matériel issu de la fouille. Toutefois, 90 objets ont pu être identifiées, répartis selon plusieurs grands ensembles : les formes ouvertes avec des verres à boire à tige, les formes fermées illustrées par des vases à liquide de petite ou grande contenance et enfin les éléments d’ornementation représentés par les perles. L’histogramme de répartition présenté ici doit toutefois être considéré avec prudence quant à son effective représentativité du vaisselier produit sur l’atelier du Bureau. En effet, le très fort taux de fragmentation réduit considérablement l’analyse du mobilier, et favorise de fait la reconnaissance des petites formes telles que les perles.

Le répertoire des formes de verre produit dans l’officine du Bureau
Fig. 12 - Le répertoire des formes de verre produit dans l’officine du Bureau

Les verres à boire

Ils constituent plus de la moitié du mobilier retrouvé avec 49 fragments de verre à boire à tige. Sur ces formes, la tige est généralement rapportée à la coupe et aux pieds par pincement du verre, ce qui induit trois paraisons. On observe toutefois la présence probable de verres à jambe creuse sur base refoulée réalisés à partir d’une seule paraison (Fig. 19 n° 1, 2 et 3).

Les pieds sont très largement ourlés par refoulement de paraison : ils font un diamètre compris entre 5,5 et 8,5 cm. (Fig. 19 n° 8, 9, 10 et 11). Peu d’informations ressortent pour les coupes. Tout au plus peut-on avancer à l’heure actuelle l’hypothèse de profils simples, probablement coniques ou plus galbés en forme de tulipe, le plus souvent dépourvus de décor, hormis quelques rares côtes verticales ou décors tachetés, probablement à l’émail, de couleur rouge, blanche, bleue et jaune (Fig. 19 n° 26 et 28). L’usage d’une telle technique n’est pas sans rappeler le travail à l’italienne.

Ce sont les tiges qui livrent le plus d’informations quant à ce type de production de l’atelier héraultais. Elles se rattachent le plus souvent aux formes de jambes creuses baguées (Fig. 19 n° 1, 2 et 3). Il est possible d’envisager également la présence de verre à tige pleine comme en attestent quelques amorces ratées (Fig. 19 n° 5, 6 et 7) ou de petits fragments de boutons (Fig. 19 n° 4). Tous ces artefacts ont en commun l’usage d’un moule, parfois étiré. L’ensemble des verres à boire relève donc de productions relativement sophistiquées avec de probables coupes comportant un décor moulé de côtes horizontales (Fig. 19 n° 26) ou encore des décors souvent jaspés ou géométriques (Fig. 19 n° 12) de grande qualité technique et esthétique.

Les vases à liquides : flacons, mesures et bouteilles

Les formes fermées semblent constituer une part moins importante de la production de l’atelier avec 13 formes reconnues. Les grands contenants semblent les plus nombreux : principalement des mesures languedociennes (Fig. 19 n° 18, 19 et 21), des aiguières, ainsi que des fioles (Fig. 19 n° 24 et 25) et une bouteille (Fig. 19 n° 29 et 30). Les mesures languedociennes, typiques par leur profil avec un col haut et évasé, sont toutes élaborées à partir d’un verre bleu/vert finement bullé. Les fioles et petites bouteilles, plus rares, peuvent être produites à partir de la même matière (Fig. 19 n° 24) ou bien à partir d’un verre incolore beaucoup plus fin, et par conséquence plus fragile (Fig. 19 n° 25). Ces petits objets ont une panse piriforme à fond rentrant très marqué ou encore une forme quadrangulaire à fond plat ou très légèrement rentrant.

Enfin, parmi les vases à liquide, la présence de quelques anses (Fig. 19 n° 22 et 23) suggère la réalisation d’aiguières parmi les pièces soufflées. Plusieurs points permettent de penser que ces éléments firent l’objet d’une attention toute particulière dans leur réalisation : d’une part, ils sont le plus souvent en verre incolore ou bien de teinte bleue, et d’autre part ce sont les seules formes fermées à porter des décors. Tout comme les coupes des verres ou bien les perles, il s’agit de décors tachetés.

La seule grande bouteille retrouvée dans le mobilier (Fig. 19 n° 29 et 30 se trouvait dans les niveaux d’abandon du four de recuit. Il semble difficile de l’associer de manière certaine aux productions de l’officine, et ce, d’autant que sa morphologie semble relever d’une période plus tardive (XVIIIe s.).

Les éléments d’ornementation : les perles

Vingt-cinq perles, à un stade d’achèvement plus ou moins abouti, ont été retrouvées à l’issue de la fouille dans l’espace de la halle. Elles ont un profil arrondi, ou bien bitronconique et ont de 10 à 30 mm de diamètre (Fig. 19 n° 13, 14, 15 et 16). Réalisées à partir d’une pâte incolore ou bleue, elles sont piquetées de nombreuses taches de couleur sur leur face externe. Ces projections sont de teinte blanche, bleue, brune et rouge. De tels artefacts, appelées « charlottes » ou « marguerites », ont également été trouvés sur l’atelier de Peyremoutou ou de Candesoubre et semblent représenter une part non négligeable de la production dans de nombreux ateliers modernes 24. Ces perles semblent avoir eu une fonction principalement décorative, leur faible poids ne permettant pas de les envisager comme d’hypothétiques fusaïoles qui auraient aisément trouvé leur fonction dans une région à fort développement d’activité textile.

Perles mouchetées de taches de couleur
Fig. 13 - Perles mouchetées de taches de couleur

Analyses physico-chimiques des verres

(B. Gratuze et E. Pouyet)

La production de cet atelier semble présenter trois lots de verres typologiquement bien distincts : des verres incolores de grande qualité (souvent ornés de décors projetés), des verres verts, des verres violets, statistiquement moins représentés sur le site, et enfin un morceau de verre rouge opaque. 17 échantillons issus des fouilles de cet atelier ont été analysés. Parmi ceux-ci figurent plusieurs objets polychromes, ce qui porte le nombre d’analyses effectuées à 22 : 16 analyses de verres transparents, incolores ou faiblement teintés et 6 analyses de verres opaques, rouges, jaunes ou blancs. Tous les objets ont été analysés par spectrométrie de masse à plasma avec prélèvement par ablation laser.

A l’exception d’un échantillon, les verres issus de l’atelier de la Forest sont des verres calco-sodiques produits à partir de soude issue de cendres végétales, comme l’indiquent les fortes teneurs mesurées en magnésie et en potasse. Seul un échantillon, un verre plat (Forest 08H), a une composition calcique qui s’apparente aux compositions des ateliers du nord-est de la France (voir diagramme ternaire Na2O-K2O+MgO-CaO). Ce verre doit être considéré comme une importation et il ne sera pas inclus dans la discussion.

Diagramme ternaire Na2O-K2O+MgO-CaO pour les verres de l’atelier de la Forest, on observe une bonne homogénéité de composition, à l’exception d’un échantillon de verre plat qui est probablement importé.
Fig. 14 - Diagramme ternaire Na2O-K2O+MgO-CaO pour les verres de l’atelier de la Forest, on observe une bonne homogénéité de composition, à l’exception d’un échantillon de verre plat qui est probablement importé.
Diagramme Na2O-CaO des verres produits par l’atelier de La Forest
Fig. 15 - Diagramme Na2O-CaO des verres produits par l’atelier de La Forest. Les verres incolores et vert-bleu ont des compositions proches, seuls les verres colorés en blanc et jaune s’individualisent. Ceci est principalement dû aux fortes teneurs en plomb de ces verres.
Diagramme MnO-Fe2O3 des verres produits par l’atelier de La Forest
Fig. 16 - Diagramme MnO-Fe2O3 des verres produits par l’atelier de La Forest. Les verres incolores et vert-bleu ont des compositions proches, seuls les verres colorés en blanc, jaune et rouge s’individualisent.
Diagramme TiO2-Al2O3 des verres produits par l’atelier de La Forest
Fig. 17 - Diagramme TiO2-Al2O3 des verres produits par l’atelier de La Forest. Les verres incolores et vert-bleu ont des compositions qui s’individualisent. Le sable utilisé pour les verres vert-bleu est plus riche en alumine et titane.
Diagramme BaO-SrO des verres produits par l’atelier de La Forest
Fig. 18 - Diagramme BaO-SrO des verres produits par l’atelier de La Forest. Les verres incolores et vert-bleu ont des compositions qui s’individualisent. Le sable utilisé pour les verres vert-bleu est plus riche en baryum et strontium.

Les résultats obtenus ne permettent pas d’individualiser des recettes particulières pour les différents verres produits au sein de l’atelier de la Forest. Les verres incolores, verdâtres et violets ont en effet des compositions en éléments majeurs très proches et assez difficiles à différencier (voir diagrammes Na2O-CaO et Fe2O3-MnO). Seuls les verres colorés et opacifiés en rouge, jaune et blanc semblent s’individualiser. Cette séparation est cependant liée au mode de coloration, et il n’est pas vraiment possible à ce stade de dire si les verres colorés étaient importés ou produits au sein de l’atelier, même si une importation sous forme de baguettes semble plus probable.

Si les verres incolores et faiblement colorés sont produits à partir d’une même recette (constituants principaux identiques), les éléments-traces semblent, par contre, indiquer que les matières premières utilisées ne sont peut-être pas les mêmes pour ces productions (voir les diagrammes TiO2-Al2O3 et BaO-SrO). Une distinction semble en effet se dessiner entre verres incolores et verres verdâtres à bleutés : les matières premières utilisées pour ces derniers semblent contenir plus d’impuretés, ce qui traduit peut-être l’utilisation d’un sable plus grossier. La population d’objets étudiés est cependant faible, et il faudrait confirmer ces premiers résultats par l’analyse de deux ensembles plus conséquents de verres de chaque type.

Si l’on considère les échantillons de verre analysés, la verrerie de la Forest se caractérise par une production verrière relativement homogène : une seule recette verrière semble en effet avoir été employée sur ce site. On observe toutefois que des matières premières de pureté différente ont été utilisées en fonction de la qualité des produits réalisés.

Conclusion

L’atelier verrier du Bureau, à l’instar de nombreuses officines de la Montagne Noire en usage durant la période moderne, associe donc, au sein d’un même site, une unité de production et un habitat ici assez important. De nombreuses similitudes, notamment dans la morphologie des structures de chauffe, apparaissent avec d’autres sites fouillés et documentés dans la même région.

Composition des verres de l'atelier du Bureau-Forest en pourcentage des principaux oxydes
Composition des verres de l'atelier du Bureau-Forest en pourcentage des principaux oxydes
Le mobilier de verre de l’atelier du Bureau
Fig. 19 - Le mobilier de verre de l’atelier du Bureau
Le mobilier métallique de l’atelier du Bureau
Fig. 20 - Le mobilier métallique de l’atelier du Bureau

Le milieu forestier, comme l’activité même de verrier, ne laissent que peu de traces pour séquencer le temps d’occupation de ces vestiges sylvestres. Les structures bâties, par trop arasées dans le cas présent, ne présentent pas d’indices de travaux de « clôture » de l’atelier, phénomène fréquent déjà observé en d’autres ateliers : à l’issue de la dernière campagne d’activité et avant de gagner un nouveau lieu, les ouvriers veillaient à soigneusement combler et obturer tous les fours dans l’idée d’un retour. Les unités de production s’en trouvaient ainsi protégées. De telles intentions sont toutefois manifestes sur les structures de chauffe de cette officine. Le four à fritte avait ainsi été soigneusement bouché, bien que non curé totalement. C’est également le cas, pour ce qu’il a été possible d’observer, du four de fusion ; et même si l’alandier avait déjà fait l’objet d’une désobstruction « clandestine », le phénomène a pu être mis en évidence au niveau du cendrier. Le site du Bureau peut dès lors être ajouté à la liste, encore restreinte, des ateliers clôturés méticuleusement au moment de leur abandon.

Cette exploration archéologique a permis de notables avancées, notamment avec la documentation du four à fritte qui demeure un élément tout à fait remarquable de par son excellent état de conservation au regard des autres structures. Sa position excentrée ainsi que la faible anomalie qu’il représentait dans le paysage, l’ont préservé des atteintes de tout ordre. Cette étude, si elle est encore en cours actuellement, a donc permis de confirmer des schémas déjà mis en avant lors des fouilles de l’atelier de Candesoubre, telle la transformation de matières premières minérales.

La verrerie du Bureau met en œuvre, à l’instar de nombreux petits ateliers forestiers modernes de la Montagne Noire, une majorité de pièces se rapportant à un vaisselier plus ou moins quotidien. La réflexion entamée sur ce mobilier fait état d’une production de verre soufflé et moulé, qui offre un répertoire de formes relativement peu varié mais parfois de très belle facture ; caractéristique qui fait l’originalité de ce petit centre travaillant à l’italienne sur certaines de ses pièces comme en témoignent, notamment, les baguettes. Les analyses physicochimiques des verres confirment les premières observations de terrain qui admettaient déjà une certaine correspondance entre les types de verres et les formes, malgré une recette commune d’élaboration. Si la dominante calco-sodique est confirmée, excluant ainsi l’usage de cendres végétales à base de potasse, le verre incolore semble plus volontiers dévolu aux verres à tige ou, de manière plus générale, aux pièces les plus soignées, un verre vert pour les vases à liquide, depuis les petits flacons jusqu’aux bouteilles et enfin bleu pour les petits objets plus précieux, aiguière et perles.

Malgré de minutieux protocoles d’étude, les multiples atteintes portées à bon nombre de vestiges de cet atelier ont assez profondément réduit les possibilités de lecture et d’interprétation. Aussi, et à ce stade, l’analyse archéologique seule ne peut confirmer si l’occupation du site a été continue ou a connu plusieurs phases, qui auraient toutefois été rapprochées. Malgré ce, des éléments de chronologie relevés sur les niveaux d’occupation et d’abandon de la halle se rapportent assez nettement à un large XVIIe s 25. Les premières analyses textuelles effectuées par Saint-Quirin trouvent donc là une réalité matérielle qu’il conviendra d’étayer prochainement par une recherche plus complète de la documentation écrite à disposition pour ces périodes. Si l’officine du Bureau présente toutes les caractéristiques de la verrerie sylvestre moderne languedocienne, elle est tout aussi emblématique d’un patrimoine archéologique menacé, essentiellement par négligence.

Bibliographie

Barrelett 2009 : James BARRELET, La verrerie en France de l’époque gallo-romaine à nos jours, Saint-Germain-en-Laye, 2009.

Blaquières 1997 : Yves BLAQUIERES, Le souffle du verrier – Notes d’un amateur, Saint Julia, 1997.

Caliste 2006 : Lisa CALISTE, « Les verreries forestières de la Montagne Noire Tarnaise », Mémoire de DESS Histoire et Gestion du Patrimoine Culturel, Université Paris I, 2006.

Commandré, Martin 2008 : Isabelle COMMANDRÉ, FranckMARTIN « Nouvelles explorations archéologiques sur les verreries modernes dans la région de la Montagne Noire (Haut Languedoc) : présentation des premiers résultats », in : actes du 22e colloque de l’A.F.A.V. 30 novembre/1er décembre 2007, Trappes, 2008, p. 116-127.

Commandré, Martin 2008 : Isabelle COMMANDRÉ, Franck MARTIN, « Le site verrier Natges, commune de Saint-Maurice de Navacelles (34) », rapport dactylographié sur la campagne de sondages, déposé au S.R.A. Languedoc-Roussillon, 2008.

Commandré, Martin 2010 : Isabelle COMMANDRÉ, Franck MARTIN, « L’atelier verrier des Salines, commune de Sougraigne (11) », rapport dactylographié sur la campagne de fouilles, déposé au S.R.A. Languedoc-Roussillon, 2010.

Foy et alii 1983 : FOY Danièle, Averous Jean Claude, Bourrel B. « Peyremoutou : une verrerie du XVIIe siècle dans la Montagne Noire », dans Archéologie du Midi Médiéval, tome 1, 1983, p 93-102.

Foy 1988 : FOY Danièle, Le verre Médiéval et son artisanat en France méditerranéenne, Paris, 1988.

Hamlin 1988 : Franck R. HAMLIN, Les noms de lieux du département de l’Hérault, Nouveau Dictionnaire Topographique et Étymologique, Nîmes, 1988.

Mach 2004 : MACH Jordi « L’artisanat du verre médiéval et moderne en Roussillon (XIIIe-XVIIe siècles) : un état de la documentation », Mémoire de Maîtrise dactylographié réalisé sous la direction de D. Foy, Université Aix-Marseille I, Laboratoire d’Archéologie Médiévale méditerranéenne, 2004, 2 volumes.

Saint-Quirin 1985 : SAINT-QUIRIN, Les Verriers du Languedoc, 1290-1790, réédition, Montpellier 1985.

Notes

 1.  L’opération a également pu bénéficier des concours scientifiques et financiers du Service Régional de l’Archéologie Languedoc-Roussillon et du Conseil Général de l’Hérault.

 2.  « Histoire et Artisanat du verre en Bas Languedoc entre le XVe et le XVIIIe s. », thèse réalisée par I. Commandré sous la direction de D. Foy – Université de Provence, Centre Camille Jullian – UMR 6573.

 3.  Saint-Quirin 1985 (réédition), p. 206-207.

 4.  Lauriol (inédit), p. 87.

 5.  Nous tenons à remercier très chaleureusement Alain et Nicole Riols qui documentèrent les lieux bien avant nous et n’hésitent jamais à mettre leur documentation à notre disposition.

 6.  Hamlin1987 : « forestes de Bureau » mentionnée en 1247-1248 (H.G.L., tome VII, C55).

 7.  Le temps imparti à la fouille ne le permettait pas. Par ailleurs, comme indiqué supra, cette zone avait fait l’objet de bouleversements notables.

 8.  US 1006, 1018 et 1019 (voir planche verre : les produits finis). Voir Fig. 19 n° 2 et 5C

 9.  Un semblable constat a été fait sur le site de Candesoubre sur la commune de Lacabarède, Tarn (Commandré, Martin 2008) et sur celui des Salines dans la commune de Sougraigne,Aude (Commandré, Martin 2010). Dans tout les cas, il s’agit manifestement de dépotoirs.

10. Voir Fig. 19 n° 1 et 4. L’iconographie disponible sur les verreries sylvestres modernes tend à représenter les halles charpentées et pourvues d’une couverture végétale. On peut raisonnablement admettre qu’il en a été de même au Bureau. La superficie totale de ce bâtiment de travail, en outre, très importante, accrédite l’hypothèse d’un dispositif de couverture « léger ».

11. Ce qui donnerait raison à l’analyse de Saint-Quirin (Cf. supra)

12. Se référer aussi au site de Peyremoutou, également dans la Montagne Noire (Foy 1981) ou aux sites verriers en Argonne, entre Champagne et Lorraine (Jannin1980, p. 85). Il est fait état de structures foyères vouées à la fusion du verre et dont l’une des deux extrémités est aménagée pour retirer la cendre de l’alandier. Les sites de Candesoubre (Commandré, Martin 2007, 2008 et 2009), des Natges dans la commune de Saint-Maurice-Navacelles, Hérault (Commandré, Martin 2008) et de Sougraigne (Commandré, martin 2010) présentent des structures de ce type en très bon état de conservation. Leurs fouilles confirment la fonction d’évacuation des cendres.

13. Le cendrier du four de fusion de Catalo présente en effet un volume deux à trois fois supérieur, tout comme à Candesoubre (réf. op. cit.). Le plus vaste réceptacle de ce type reste incontestablement le cendrier du four de Sougraigne, lui-même hors normes, dont l’emprise au sol avoisine les 8m².

14. Le fondant un composant intégré à l’ensemble des matériaux qui sera porté à fusion, dans un des creusets placé dans le four de fusion. Sa présence au sein du mélange permettait de ramener le point de fusion de la silice à des températures moindres ; l’objectif étant de réaliser un gain de moyens et de temps.

15. Irisation, dépôt de fines pellicules noires ou blanches, aspect mat et rugueux…

16. Mach 2004, p. 21.

17. Mach 2004, p. 22.

18. Amrein et Barrera dans Mach 2004, p. 22.

19. Voir les résultats de l’analyse physico-chimique des verres qui suit ce chapitre : sur les 17 échantillons testés, un élément de produit fini présentait une composition très particulière qui semble indiquer qu’il s’agissait d’un fragment de casson.

20. Blaquières 1997, Caliste 2006.

21. Commandré, Martin 2008.

22. De couleur bleue, rouge, marron, blanche ou encore incolore.

23. Barrelet 2009, p. 69.

24. Foy et alii 1983, p 96 et Commandré, Martin 2008, p.124.

25. Ces datations sont proposées à partir du répertoire typologique des verres, des rares céramiques ainsi que de trois monnaies, double-tournoi frappés durant les années 1642-1643 (étude de R. Pellée que nous remercions), retrouvés sur les niveaux d’occupation de la halle.