Une procession qui devient corso : la caritat
Une procession qui devient corso : la caritat
p. 295 à 307
« Au moyen âge, dans les villes du Midi et du Languedoc en particulier, on donnait le nom de caritat aux associations ouvrières, et le jour de l’Ascension les diverses corporations de métiers célébraient une fête générale qui s’appelait festa de la caritat. A Béziers et à Pézenas, on célèbre encore de loin en loin, sous le nom de Caritats, des solennités de ce genre ».
Frédéric MISTRAL. Lou Tresor dóu Felibrige.
Dans son étude du Hobby Horse and other Animal Masks, Violet Alford croit devoir préciser que « la Caritat n’appartient pas vraiment au Chameau, pas plus que le Sennibelet n’appartient à l’Âne de Gignac mais elle doit être brièvement décrite » 1.
C’est en effet une nécessité de rappeler ce qu’était la fête officielle du Jeudi de l’Ascension, une des trois sorties obligatoires du Poulain, qui semble avoir enthousiasmé les Piscénois, du moins au XIXe et jusqu’au début du XXe siècle – malgré quelques tentatives postérieures de résurrection, le dernier cortège de ce nom remonte à 1911. Nous allons essayer de faire le tour des éléments qui la composaient et de voir comment elle a évolué jusqu’à sa transformation en corso carnavalesque de la mi-carême, des débuts de la IIIe République à la Grande Guerre.
Quand naît la Caritat ?
On croit que la fête de Caritat date de l’année 738, à l’époque où Charles Martel chassa les Sarrazins de la Septimanie, en les battant une dernière fois près de Narbonne. Il est peu probable que des fêtes aient été célébrées en l’honneur de ce prince qui, s’il délivra notre pays des musulmans, brûla et dévasta nos villes.
Albert FABRE, Fêtes de Caritach.
Comme toujours, il y a concours pour faire paraître l’événement le plus antique possible. Certains veulent que la Caritat ait été instituée par Charles Martel 2. Les Biterrois, pourraient se contenter de faire remonter la leur au XIVe siècle, dans son Libre de Memorias, Jacme Mascaro écrit en 1382 : « …lo jorn de l’Ascensio, que s’apela las Caritatz a Bezes… » mais ils veulent nous donner à croire qu’elle commença « en l’an 435, au temps où le Vandale Genséric fut chassé de Béziers par des chevaliers de Saint-Jean. Ils arrivèrent par mer, sur des galères. Escaladant l’acropole, ils parvinrent à pénétrer dans la ville… Cette victoire fut remportée le jour de l’Ascension » 3.
Nous ne pouvons retenir ici aucun de ces éléments. Nos Biterrois n’ont pas même fait appel à ce « fond de vérité » auquel on se raccroche si souvent pour enraciner les légendes. Les Frères hospitaliers de Saint-Jean, créés en 1048, auraient eu quelque difficulté à secourir Béziers six siècles auparavant. Les galères des « croisés de 435 » justifièrent la présence, dans les cortèges biterrois du XVIIe siècle, d’une galère, chargée des aumônes, enjeu, comme pour maintes villes d’Espagne, entre combattants turcs et chrétiens. Ce combat, souvent d’une grande violence, et par là dangereux, donnait lieu, prétendirent les autorités, dès le début du XVIIe siècle, à de telles « débauches et insolances… blesphèmes et reniemans du nom de Dieu » qu’elles s’efforcèrent d’en faire supprimer l’objet et, n’y parvenant pas, en désespoir de cause, y firent mettre le feu, en 1663, « dans le corps de garde où elle était conservée » 4. Exactement le traitement expéditif qu’en 1701 M. de Basville recommanda, mais à propos du Poulain.
Pour leur part, les Montpelliérains renoncent aux légendes et présentent des documents du XIIIe siècle. Quant aux Tarasconnais, chez eux, « ladite caritat [fut] instituade l’an 1452 » 5. A Pézenas, l’existence d’un « procureur de la Charité » dès 1220, puis d’un « procureur » et de « recteurs des Charités de l’Ascension et de Pâques » 6 laissent supposer que les revenus des biens qu’ils géraient et les larges aumônes de ces fêtes étaient distribués aux pauvres deux fois par an, au cours de cérémonies identiques.
Les Caritats piscénoises du XVIIIe siècle
Toute la grande procession des Caritats était consacrée à la seule opération, quelque peu énigmatique à première vue, d’exaltation allégorique de l’aumône, sous la forme des pains collectés, sans considération d’origine ni de destination. C’est dire que la notion de charité telle que nous la connaissons à présent est à peu près étrangère à la fête des Caritats.
Guy-René DOUMAYROU, Évocations de l'esprit des lieux.
Il faut recourir aux registres de police pour trouver quelques bribes sur la fête du XVIIIe siècle à Pézenas, où le Poulain ne jouait qu’un rôle mineur : « Conformément a l’usage immemorial il se fait le jour de l’Ascension charité en pain reversible a l’hopital de cette ville portée en ceremonie par les divers corps artisants et autres qui fournissent le pain a cette charité a laquelle assiste le corps municipal precedé de tous les corps, arts et métiers de la ville… chaque corps se choisit un chef de jeunesse pour se metre a la tete dudit corps… ». Le même document indique dans quel ordre défilent les corporations : « charretiers, travailleurs, boulangers, jardiniers, tailleurs, cordoniers, savetiers, maçons, traceurs, platriers, menuisiers, potiers de terre, tuiliers, tisserants, hottes et cabaretiers, cordiers, corps de Saint Eloy ». De même à Tarascon « toutes les corporations [versent], à titre de prestation, une aumône devant être distribuée aux pauvres par la Confrérie des Charitadiers de Madame Sainte Marthe ». Les listes de tirage au sort de la milice provinciale nous indiquent à plusieurs reprises les saints que nos corporations ont choisis pour protecteurs. Nous les retrouverons au XIXe siècle, pratiquement sans changement.
Quelques signes de lassitude se révèlent à plusieurs occasions, en 1762, Pierre Issac fils se dérobe lors de sa nomination comme chef de jeunesse, en son absence, son père est contraint de fournir « ce qui est d’uzage pour que la ceremonie de Charitats soit faite décemment » et l’on envoie quérir les drapeaux chez lui par les prévôts du corps. Le 1er mai 1777, Brives, également chef de jeunesse des charretiers, « a reffusé de se rendre a l’hotel de ville sur differents pretextes ». Il finit par avouer aux consuls « qu’il ne vouloit point nommer d’enseigne ni assister a lad. Ceremonie » de l’Ascension. La corporation est requise de nommer cet enseigne dans les vingt-quatre heures. Il faut, pour qu’il participe au cortège de la Caritat de 1783, menacer le chef de la jeunesse des charretiers de le faire remplacer par les maîtres de son corps de métier. L’enseigne des garçons tonneliers se fait aussi tirer l’oreille pour remplir cette fonction. On est obligé d’en choisir un autre au pied levé 7.
Ces choix honorifiques devaient probablement être fort onéreux et justifier le refrain chanté encore au XIXe siècle à Montpellier :
Nòstre cap de jovent Notre chef de jeunesse
Qu’a pas gaire d’argent A si peu d’argent
Que l’espitau l’espera… Que l’hôpital l’attend…
Certains maîtres envoient de jeunes enfants porter le drapeau de la corporation à leur place quand il s’agit de simples feux de joie, dus aux naissances royales, victoires, proclamations de la paix, etc. Le cas ne semble pas s’être produit pour le Jeudi de l’Ascension. Cependant, la Caritat réussit à passer le cap de la Révolution. Selon Pierre Sales, maire en 1803, c’est essentiellement parce que « le jour de l’Ascension produit des dons a l’hospice » 8.
La charrette de Caritat
Vous parle, ièu, de quand… li roulié, li carrioulaire, que tenien li gràndi routo e que li cresien siéuno, fasien peta soun fouit de Marsiho à Paris e de Paris à Lilo en Flandre !
[Je vous parle, moi, du temps où… les rouliers, les charretiers qui tenaient les grandes routes et s’en croyaient propriétaires, faisaient claquer leur fouet de Marseille à Paris et de Paris à Lille-en-Flandres !].
Frederic MISTRAL, Memòri e raconte.
Les charretiers sont nommés en tête car le premier rôle leur appartient véritablement dans cette fête : ils « font promener dans la ville une charrette couverte de branches et guirlandes de verdure, avec un bel orchestre, attelée de soixante paires de mules avec les plus beaux harnois… c’est un fait de la plus grande notoriété qui attire la curiosité des étrangers de quatre lieues aux environs » 9. La fameuse charrette devait ressembler à ces carretas ramadas provençales, tirées par cinquante chevaux, que l’on exhibe avec fierté, de nos jours encore, à Châteaurenard et dans quantité de villages des Alpilles : Maussane, Barbentane, Eyragues, Rognonas, Maillane, Graveson, Mollégès, Saint-Étienne-du-Grès, Palud-de-Noves, etc… La Caritat de la Pentecôte, à Tarascon permettait aux agriculteurs et ménagers d’exhiber le Guet, « une longue enfilade de mules richement harnachées » mais ils les montaient au lieu de leur faire tirer une charrette 10.
Comme les Piscénois, les Biterrois en avaient une en 1803, « ornée de feuillages, et trainée par un double rang de mules fournies par les propriétaires fonciers et charretiers de la ville », ils la nomment « charrette des propriétaires » aussi bien le 19 mai 1814 que lorsque David d’Angers vient inaugurer son œuvre, la statue de Paul Riquet, les 20 et 21 octobre 1838. Elle prend place à la tête du cortège, immédiatement derrière le Chameau 11. « Principal ornement » de la fête de Caritat piscénoise en 1803, on y attelle « plus de quatre vingts paires de mules ». Elles sont « cent, les plus belles du pays », pour traîner, en 1839, « une charrette couverte de ramée, dans laquelle de nombreux musiciens font entendre nos airs nationaux et populaires » 12. Comme au cirque, de plus en plus fort, sous le second Empire, on arrive à y atteler « deux cents chevaux richement caparaçonnés » 13. Ce sera le record, 1886 verra le retour au chiffre plus modeste de soixante 14.
Un attelage si étonnant semble n’avoir eu pour raison d’exister que la mise en valeur de l’habileté des muletiers et rouliers piscénois. Prendre certains tournants dans les rues de la vieille ville demandait, il est vrai, une sérieuse maîtrise des bêtes et un fameux coup d’œil. Un accident, survenu le 19 mai 1803, révèle que le maniement de ce véhicule était plutôt délicat : « une fillette de douze ans, native de Caux, […] excitée par son père d’aller ramasser quelques grains de dragées tombés sous la charrette » fut écrasée ; « les hommes placés pour prévoir de pareils malheurs n’eurent ni le temps ni la possibilité de faire arrêter les mules ».
Dans le cortège de la dernière Caritat, celle de 1911, la charrette a disparu, elle est remplacée par un char représentant « un Torpilleur de haute mer ». Il faut y voir le signe que la profession des rouliers commençait à se moderniser. Elle est une des premières à constituer un syndicat et ne saurait plus intervenir comme « corporation ».
Brancards, charrettes et chars
« Dans les réjouissances publiques, les cavalcades, pour Caritat, c’est l’Arc de Triomphe des Jardiniers, c’est le Char des Jardiniers qui s’imposent toujours, avec celui de saint Éloi, par le goût et l’originalité ».
Albert-Paul ALLIÈS, Les jardins de Pézenas,
(L'Étendard Piscénois, 5 juin 1926).
Aucun char n’est mentionné avant 1789, ni en 1803. L’Ascension biterroise, cette dernière année, n’en comporte pas non plus 15. Aubin-Louis Millin a dû voir une Caritat, sous le premier Empire, en passant par Pézenas : outre la danse des treilles, dont nous reparlerons, il remarque que « les fabricants de bas portent sur un brancard garni de fleurs la figure d’un métier à bas, auquel un enfant paraît travailler ; les jardiniers promènent une caisse dans laquelle s’élève un arbre artificiel, d’où pendent des guirlandes de fleurs » 16. Il y a là l’ébauche des chars mais non les chars eux-mêmes. Quoique Fabrégat et Sabatier assurent qu’ils existaient à Béziers, aux XVIIe et XVIIIe siècles, je me demande si ces auteurs n’ont pas transposé pour cette période ce qui s’est fait ensuite à partir de la Monarchie de Juillet, à moins qu’ils ne nous aient décrit la Caritat « de toujours ».
La Restauration ne fournit guère de documents pour 1814 et 1821, mais nous sommes plus riches sous le règne de Louis-Philippe. J’ai choisi le témoignage d’Auguste Tronc, naïf peut-être mais aussi plus fiable, en ajoutant quelques détails empruntés à Aguilhon. Nous constatons que tous les corps de métier utilisent non des chars mais plutôt des charrettes, certains se contentent de porter, comme auparavant, des « brancards » : « Les charretiers, avec leurs quatre chefs montés à cheval ouvraient la marche du cortège, suivis d’environ cent paires de chevaux ou mules richement harnachés traînant une charrette couverte de verdure d’où partait une douce musique » Nous reconnaissons la charrette de Caritat précédemment décrite.
« Les cultivateurs, avec leur jeunesse en tête et son drapeau, ayant pour patron saint Fulcrand, ont porté sur un brancard bien décoré les quatre saisons et la vigne… Un âne suivait et portait des vivres, quatre jeunes gens le gardaient avec le sabre en main ». L’attraction inventée par les jardiniers était un puits à roue – une noria –, « entouré de ramages » d’où partait le chant d’un rossignol. Mais Auguste Tronc ne précise pas si, comme cela se faisait à Béziers, on arrosait le public 17. Ils portaient « à sa suite un magnifique pavillon avec une jardinière cueillant des fleurs ».
Les boulangers pétrissaient des gâteaux et les distribuaient à la populace [sic]. Un four était porté sur une charrette, son patron saint Honoré… Pour les meuniers, un moulin avait été construit sur une charrette, il fonctionnait et faisait de la farine… « entouré de ramages et donnant de la ressemblance à une rivière ». « La corporation des maçons, ayant pour fête patronale Sainte-Croix, portait sur un brancard un escalier tournant construit par les meilleurs ouvriers. Les plâtriers portaient le dôme de l’hôtel des Invalides en plâtre blanc, avec Notre-Dame, leur patronne, au milieu 18. Saint Crépin, le patron des cordonniers assistait aussi à ce cortège » 19. Supposons que ce soit sous forme de statue ou de buste placé sur ce que notre auteur nomme « un brancard ». Au cas où nous l’aurions oublié, la Caritat était essentiellement un cortège à caractère religieux, ce qui fait employer par Aguilhon le mot « procession » 20. Auguste Tronc nous le rappelle en permanence, qui ne manque que rarement à citer le saint patron des corporations 21. Cet aspect n’était plus sensible à Béziers en 1841. Vingt ans auparavant on avait nettement séparé « le matin à onze heures, la procession des quatre paroisses réunie » de « la cavalcade avec le cortège… à deux heures de l’après-midi » 22.
« Les potiers de terre, avec un tour monté sur un char, travaillaient à un ouvrage ». Sur un char simple s’élevait une fumée blanche et odorante comme l’encens. Un enfant, avec un petit tonneau, travaillait avec ardeur à rabattre les cercles et, de temps en temps, s’arrêtait pour chanter un couplet. Les tourneurs, ayant sainte Anne pour patronne, avaient aussi monté un char avec un tour pour tourner un morceau de bois. Venaient ensuite les menuisiers avec un char magnifiquement décoré. Un ouvrier travaillait à un meuble précieux. Voici la corporation la plus longue, celle des cordiers : « un enfant monté sur un âne tournait incessamment une roue pour filer des cordes ».
« Sur le grand char de saint Éloi les sept corps d’état étaient réunis ». Aguilhon est beaucoup plus précis, sinon plus bavard, sur ce point : « Six chevaux blancs, richement caparaçonnés, la tête ornée de superbes panaches, conduits par d’élégants postillons, à la veste chamarrée de rubans, traînent un immense char sur lequel s’élèvent dix élégants portiques. Sous chacun d’eux, un ouvrier de huit ans travaille avec ardeur ; le forgeron bat un fer à cheval qui n’irait guère qu’à un jouet d’enfant ; le sellier fait une selle de la même grandeur ; le fondeur un vase, le ferblantier un arrosoir, le bourrelier une barde, le chaudronnier un chaudron, le coutelier trempe une lame. En haut, un autre enfant, le Grand saint Éloi, en habits pontificaux, répand ses bénédictions sur tous ces ouvriers dont il est le patron ; et, de temps à autre, laissant la crosse pour le marteau, il revient à sa profession première et frappe sur l’enclume comme les autres ». « Une députation de cette corporation sert d’escorte aux autorités municipales, armée de fusils de chasse ». Les armuriers faisaient partie de ce corps. À ce propos, ce sont des forgerons munis de haches qui devaient escorter « le Sr Magnes consul » lorsqu’on faisait danser « une bette simulée ditte Loup », à Loupian, le lundi de la Pentecôte 1772 23.
« Le Poulin, marchant à reculons, était au-devant des Autorités ». Il adopte une marche identique, « selon la tradition Locale », en 1863 24. Marchait-il à reculons en permanence ou, comme il continue à le faire de nos jours, avançait-il de quelque vingt mètres pour reculer de dix ?
Le professeur Jubinal, présent lorsqu’on posa, à Béziers, la première pierre d’un pont sur l’Orb, au mois de mai 1841, n’a pas spécialement remarqué la « charrette des propriétaires » mais il a bien vu « une quarantaine de vastes chariots parfaitement décorés, traînés chacun par vingt ou trente mules ornées de fleurs, de sonnettes et attelées une à une » 25. Tous les corps de métier possédaient donc l’équivalent d’un char, ce qui ne se produisit à Pézenas qu’en 1863, où toutes les corporations adoptèrent les « chars à bœufs élégants, guidés par des paysans en costume tyrolien dont l’attelage était richement caparaçonné de soie et de dentelles » 26.
Les Caritats suivantes obéissent aux mêmes modèles et enrichissent encore le cortège de nouveaux éléments qui les conduisent à ressembler de plus en plus à un défilé de chars de carnaval. Déjà, en 1863, nous ne retrouvons plus que le « petit évêque » du char de saint Éloi, attendrissant comme une image pieuse, mais probablement plus proche de l’image d’Épinal ; « assisté de ses deux grands vicaires », il envoie toujours « sa bénédiction à la foule ». Nous sommes tout proches de ce pape Boniface qui, chez Alphonse Daudet, « donnait sa bénédiction si poliment » aux Avignonnais dansant la farandole.
Une mode cocardière envahissante produit « un char militaire, trophée magnifique d’armes et de canons de toutes les époques et de tous les règnes », on a placé « aux six coins [sic] un artilleur, un zouave, une cantinière, un dragon, un marin et un petit général d’une figure charmante et pleine d’intelligence » pour représenter l’armée. Dans la même dominante, la musique du 77ème d’infanterie ligne, une partie de ce régiment, les sapeurs-pompiers de Pézenas et de Roujan, en grand uniforme, participent au défilé. En 1886, nous retrouvons un « char des anciens militaires », un tambour-major, dix sapeurs et leur cantinière, des trompettes de chasseurs à cheval et la musique du 2ème régiment du génie 27.
Les Républicains voulurent prouver, en 1886, qu’ils savaient organiser les fêtes aussi bien que les conservateurs. Ces derniers boudèrent, tinrent leurs fenêtres fermées et se refusèrent à participer aux batailles de dragées, qui durent avoir lieu entre les calèches et les piétons 28. Jusqu’en 1900, les corps de métier étaient encore bien présents, leurs fêtes scandaient l’année ; les pâtissiers honoraient sainte Geneviève en janvier, les menuisiers et les tonneliers sainte Anne en juillet, les cordonniers saint Crépin en octobre, les mois de mai et juin voyaient successivement les cortèges des jardiniers, des bouchers, pâtres et vachers, des boulangers, des travailleurs de terre, pour la Fête-Dieu, la Saint-Honoré, l’Ascension, la Saint-Fulcran. Tous les corps de la Saint-Éloi, vétérinaires, bourreliers, charretiers, maréchaux, palefreniers… rendaient culte à leur protecteur par des « rappels au son du tambour, sérénades, aubades, messe, banquets, cortèges en musique et bals ».
En 1900, chacun créa un char mais la publicité fit une entrée en force avec un « char des machines à coudre, de M. Jordy », un autre « du chocolat Matte fils, de Montpellier », un « char du Commerce » offert par les commerçants de la ville, celui de « MM. Prunet frères, de Clermont » et enfin celui de « MM. Aubert et Courtès, marchands de limonades ».
Les références religieuses, sans être totalement évacuées, sont limitées, en 1886, à la mention de saint Crépin pour les cordonniers et, comme précédemment, au petit évêque vêtu en saint Éloi sur le char des forgerons. Toujours représentée par la charrette de Caritat, « la bataille des bergers », la danse du chevalet, celle des treilles et le Poulain, la tradition pouvait donner l’illusion d’avoir été respectée, d’autant plus que, pour continuer à mériter son nom de Fête de la Charité, un « char du Bureau de Bienfaisance » sollicitait la générosité des specta-teurs. Deux fêtes, en 1900 et 1903, baptisées par la presse « Fêtes de Charité », que nous pouvons qualifier d’intermédiaires entre la Caritat de 1886 et celle de 1911, s’éloignent encore davantage du modèle fourni par l’Ancien Régime.
Les transformations de la société, au début du XXe siècle, sont sensibles : des syndicats se créent, ils sont quatre en 1911, dont les charretiers et les travailleurs de terre – les ouvriers agricoles. Ce ne sont donc plus les corps d’artisans ou de métier qui organisent la Caritat, un « Comité des Fêtes de Charité » s’en charge, constitué sur la suggestion d’Albert-Paul Alliès, « à l’instar des villes comme Perpignan, Narbonne, Béziers et Montpellier, sans prétendre rivaliser avec ces grandes villes » 29. Ce n’étaient pas les seules capitales régionales qui s’adonnaient à ce genre de réjouissances très à la mode pendant cette période. Des localités de moindre importance, Lunel, Marsillargues, Cournonterral, Ganges, Bédarieux, Clermont-l’Hérault…, pour n’en citer que quelques-unes, ont eu leurs « fêtes de Charité ». Pézenas elle-même est un modèle pour des communes toutes proches : Saint-Thibéry, Nézignan-l’Évêque, Caux, Lézignan-la-Cèbe, Aspiran, …
Ces cortèges ne prennent plus place à l’Ascension mais à la mi-carême. Selon une démarche identique, le conseil municipal avait décidé de déplacer la fête de la ville de la Saint-Blaise au Mardi gras 30. Les chars indiquent par leurs titres qu’ils se rapprochent de ceux du carnaval : « Château de Conas, gondole vénitienne un soir d’été, char des Pierrots, des masques bleus et blancs, des clowns blancs et verts, de Bacchus, du Charlatan… 31, Don Quichotte et Sancho Pança, les rois fainéants, l’aubade à la lune… ».
Dans le cortège de 1900, les corporations sont encore représentées par leurs étendards mais rares sont celles qui construisent des chars ; les seuls à le faire sont les jardiniers, les maréchaux et les viticulteurs ; celui de 1903 les voit disparaître complètement, à l’exception peut-être du « Char du Café des Fleurs », œuvre des jardiniers, habitués de cet établissement 32. « Pierrot adorant la lune, les Grenouilles au soleil, L’amour voilier sur la lagune, l’Angelus de Millet, Gargantua dans les airs (char-aéroplane), l’apothéose de Silène… ». On peut dire, à la lecture de cette liste, que le corso de la dernière Caritat ressemble aux corsos montpelliérains, donc aux corsos niçois, modèle inévitable de l’élégance suprême en matière de fêtes populaires. Quelques corps de métier sont encore représentés : les agriculteurs, les jardiniers, la corporation de Saint-Éloi, mais pour tout le reste nous avons affaire à des chars et des groupes entièrement identiques à ceux des carnavals. Tous les éléments traditionnels ont disparu, excepté le Poulain. Plus de charrette, le corps des rouliers est absent, tout comme celui des bergers. Les treilles elles-mêmes sont abandonnées.
Les Piscénois, tout à leurs amusements et leur plaisir, s’émerveillent : « Le cortège de dimanche dépasse en richesse, en élégance, en ingéniosité et en goût artistique tout ce que notre génération a vu jusqu’à ce jour, même Caritach que dans notre jeunesse nous avions trouvé si beau pâlirait considérablement aujourd’hui auprès de tant de somptuosité et d’art ». Une vingtaine de chars, des voitures fleuries, des landaus, des groupes, des chorales, des fanfares, des cavaliers, « le Poulain et son escorte », rien n’aura manqué pour faire de cette fête un feu d’artifice 33. Il fallait en cette occasion marquer la volonté de garder bon moral face à de rudes épreuves économiques, dues à la mévente du vin qui avait abouti à la crise de 1907. Par malheur, pour aggraver les difficultés, la même année connut deux inondations catastrophiques.
Les bergers
« On voit aussi des paysans et des bergers tous vêtus différemment avec des chapeaux de fleurs et des houlettes ».
Le Conservateur, septembre 1757. Le Carnaval de Venise.
Voici des acteurs de la Caritat qui ne sont mentionnés qu’une seule fois au XVIIIe siècle, ce sont les bergers, venus des alentours. Rien ne nous indique de quelle manière ils y participent mais nous l’apprenons au siècle suivant : Pézenas se réjouit « du couronnement de sa majesté impériale, comme roi d’Italie… par des danses au bruit des tambours et des fifres… et une troupe de bergers de la ville et des environs qui s’étoient réunis au bruit d’un tambour et d’un fifre… amusoient le public par leurs jeux prolongés de houlette » 34.
Auguste Fabregat et Étienne Sabatier nous le confirment, ouvrant « la marche sur deux longues files, armés de houlettes, ils se portent des coups qu’ils parent avec adresse, et après chaque assaut qui finit et se renouvelle par intervalles, ils dansent au son des fifres et des tambours » 35. Nous pourrions penser que ces auteurs, qui par ailleurs nous décrivent la Caritat biterroise en scènes léchées et vraisemblablement idéalisées, en sont aux bergers de Watteau. Mais non, Jean-Marie Amelin, qui assiste probablement à cette fête en 1821, nous en parle quasiment dans les mêmes termes : « des agriculteurs portant des espèces de houlettes ornées de rubans, dont ils se servent adroitement pour parer ou porter des coups… dansent avec beaucoup d’adresse et de légèreté » 36. Nous avons affaire à d’authentiques bergers et non à des jeunes gens déguisés comme pour la danse des treilles.
Auguste Tronc n’a pas manqué de signaler ce tableau pittoresque, avec des personnages encore moins guindés : « Les bergers, accourus de tous les environs, assistaient aussi à cette fête solennelle car de toute époque ils en ont été l’ornement, avec leur bâton ou bourde, marchant par paires, en corps de chemise et à bras nus, comme deux individus qui vont en duel. Au moindre signal du sifflet que leur cap dë jouguen 37 donne, ils se mettent en garde et se lancent des coups de toutes parts, sans cependant se faire aucun mal. (On prétend qu’autrefois les bergers qui avaient eu des discussions dans l’année attendaient à ce jour pour en tirer vengeance). Lorsque le cap dë jouguen voit que les parties s’animent… il passe au millieu en dansant et fesant tourner sa bourde afin de faire cesser le combat et va vers la bergère qui est au-devant du tambour et du fifre, qu’elle [sic] est gardée par les deux plus anciens bergers qui tiennent un cerceau à la main ». La parenthèse ferait-elle allusion à quelques règlements de compte où les bergers se montraient, par leur comportement, plus proches des « hommes sauvages » que des bergers de pastorale ?
Le dernier à en parler est Georges Beaume. Il aurait pu décrire la « bataille des bergers » de la Caritat de 1886, mais il en choisit une autre, guère différente, qui se déroulait à la Chartreuse de Mougères, pour la Pentecôte, fête votive de Caux : « Bergers de Nizas, de Fontés, de Vailhan, de Faugères, différents d’âge et de stature, tous robustes et dégourdis, vêtus de velours, armés de bâtons, ils s’avançaient sur deux rangs, au son d’un fifre et d’un tambour, au milieu de la foule qui s’écartait avec sympathie. Par intermittences, ils s’arrêtaient tous à la fois. Alors, chacun, par un preste et malicieux moulinet de sa canne, gagnait du champ autour de soi puis, frappant de ses pieds la terre, se tournait face à son compagnon qui devenait son adversaire. Et la lutte s’engageait au moyen du bâton, arme redoutable qui menaçait surtout les reins et les jarrets mais que rendait inoffensive, presque toujours, la pratique d’une escrime spéciale aux conducteurs de troupeaux dans les bois et dans les montagnes » 38. Presque toujours… quelques coups devaient se perdre… involontairement, bien sûr !
Le rôle des bergers comprenait quelques variantes. À Tarascon, « ils escortaient trois toutes jeunes filles choisies parmi les plus belles. Elles étaient élégamment vêtues et montées sur une ânesse portant elle-même une espèce d’estrade sur laquelle posaient ces petits personnages. Le charme de ces figures enfantines avait quelque chose de séduisant ; mais il n’était pas sans quelque danger. Deux bergers se tenaient aux deux extrémités de l’estrade avec l’apparence de la plus parfaite bonhomie. Si quelqu’un s’approchait pour contempler de plus près ce joli trio, ils saisissaient avec adresse ce moment pour barbouiller le visage de l’imprudent admirateur de cette scène avec une plume trempée dans l’huile de genièvre (òli de cade) ou l’égratigner par des orties attachées au bout d’un bâton ». Ce jeu s’appelait celui de Notre-Dame des Pâtres.
A Béziers, « deux d’entre eux, chamarrés de rubans et de bouquets, conduisent une bergère vêtue de blanc, la tête ornée de fleurs ; ils dansent autour d’elle ; un autre conduit des moutons, un quatrième porte un drapeau ». Jean-Marie Amelin confirme encore : « des bergers conduisent une bergère et l’éventent de temps à autre ». Les Piscénois, en 1839, se conforment au même modèle : « Au-devant de la charrette, on remarquait les bergers et la bergère de Caritach ». Pour la fête suivante, « la jolie bergère, mollement éventée par deux bergers » est transportée par la charrette de Caritat.
Quoiqu’elle ne prenne pas place au même endroit dans le cortège, est-ce la même que présente Albert Fabre ? « Derrière le char de Saint-Éloi, une jeune bergère, en costume mythologique, marche entre deux pastoureaux ». Les antagonistes, comme précédemment, se livrent leur combat à coups de bâton « et lorsque la lutte est bien engagée, qu’elle pourrait tourner au tragique, la jeune bergère s’avance en dansant au milieu des combattants ; chacun baisse son arme, salue la bergère et reprend sa place dans le cortège ; c’est un des amusements les plus divertissants de la fête » 39. Cette « bergère » pourrait bien n’être qu’un berger travesti : « En tête marche un jeune enfant de huit à neuf ans, le plus souvent c’est un garçon, mais il est toujours habillé en fille, avec des oripeaux éclatans, du fard, et une couronne de fleurs. Il est escorté par un adolescent armé d’une baguette blanche ».
Les combats s’engagent entre les bergers. « Bien que ce ne soit qu’un jeu, l’amour propre et le vin échauffent les têtes exposées à un soleil ardent, et souvent les bâtons portent de rudes atteintes ». Dès que l’adolescent voit que la plaisanterie devient trop forte, il s’élance en dansant, et de sa légère baguette il sépare les terribles gourdins qui doivent céder à l’instant.
Le piquant de ce jeu, pour ses rustiques spectateurs, consiste à ne séparer les combattans qu’au dernier moment, et il arrive trop souvent que, pour remplir cette condition, le pacificateur ne survient qu’après quelque coup sérieux donné ou reçu 40. Des « athlètes rustiques » qui conservent « quelque chose de primitif », autant dire des « hommes sauvages », parfaitement domestiqués par une nymphe, symbole du Printemps ou Reine de Mai, plutôt que par le cap de jovent, voilà de quoi alimenter la mythologie du mois de mai, sinon celle du carnaval. Faute de combattants, devons-nous croire, ce spectacle n’eut pas lieu en 1911.
La bataille de dragées
De la galère roulante, montée par un nombreux équipage… des jeunes gens lançaient des dragées, des sucreries et en recevaient à leur tour de la part des spectateurs.
Paul LACROIX (le bibliophile JACOB),
Moeurs et usages et costumes au Moyen Age et à l'époque de la Renaissance.
Détail supplémentaire, que le XVIIIe siècle n’avait pas livré, on jette des dragées. Quoiqu’ils ne me paraissent pas plus explicites que les nôtres, nous pouvons recourir aux documents biterrois car Fabrégat et Sabatier évoquent un détail semblable : « Un compte de confiseurs, de 1790, établit que la quantité de dragées que les consuls jetèrent cette année s’éleva à cinq quintaux poids de table » 41. Je ne trouve pas de dépense équivalente dans la comptabilité et, connaissant les consuls de Pézenas, je doute qu’ils aient omis pareilles dépenses, je doute encore davantage qu’ils les aient payées de leur poche. On devait lancer de ces projectiles, comme dans les carnavals romains on jetait des confetti – le mot, au départ, désignait des dragées –, mais Goethe remarquait déjà, en 1787, qu’ils s’étaient transformées en « petites boules de plâtre » qui n’avaient que « l’apparence de dragées » 42.
Comptons sur les initiatives privées, à l’instar de Béziers où, vers 1820, l’on « jette des bonbons, des oranges, des confitures ». Il est vrai qu’on lançait des oranges dans les carnavals montpelliérains, marseillais et barcelonais du XVIe siècle, tels que nous les décrivent Félix et Thomas Platter 43. Dans les « batailles » du carnaval on se servait anciennement de son 44 ou encore de haricots, de lentilles, de farine, de riz, de pois,… « et dans cette artillerie de légumes, les carottes, les trognons de choux voire les fromages blancs jouaient le rôle de grosses munitions ». Marcel France, parlant du carnaval de Nice, remarque qu’autrefois « tous les projectiles étaient bons : suie, plâtre, son, farine, et d’autres plus malodorants égarés au milieu de cette bacchanale », un arrêté municipal, dès 1854, y interdit, sans aucun effet, la projection « d’oeufs, d’oranges, de boue, de suie… » 45. Les jardiniers tarasconnais « se contentaient de jeter à la foule, et surtout dans les groupes formés par les femmes, des graines d’épinards qui glissaient assez souvent à travers les interstices des vêtements ». Les « cultivateurs » de Béziers, en 1841, faisaient semblant de bêcher et d’ensemencer sur leur « chariot » et jetaient à la foule « leur semence [qui] consistait en haricots » 46. « Suivant la coutume, les Piscénois lançaient « des dragées et du son » 47.
Les interdictions supposent qu’étaient largement utilisées les « matières en poudre telles que farines, ocre, bleu d’azur, noir de fumée, confetti de diverses couleurs » 48 – c’est-à-dire de ces confettis de plâtre mentionnés par Goethe, qui pouvaient vous transformer en « véritables meuniers ». À Pézenas, on accueille comme « un progrès sérieux » les confettis de papier « bien plus jolis et moins salissants » mais c’est tout à la fin du XIXe siècle 49. Dans un seul cas, Félix Platter parle de distribution de dragées à Montpellier : des camisards – vêtus de « longues chemises blanches » – les portent dans des « coquilles d’argent » et en offrent « à toutes les jolies filles » qu’ils rencontrent. Malheureusement, la date indiquée, le 30 octobre [1552], ne correspond à aucune de celles qui nous intéressent mais doit plutôt être rapprochée de la Toussaint, ou du jour des morts 50.
Le professeur Jubinal, pour y avoir participé, en 1841, peut décrire avec verve la bataille de dragées de Béziers : « Nous avions dans notre voiture environ deux cents livres de dragées, des oranges, des citrons confits et autres objets de ce genre. J’en compris bientôt l’usage… Peu après, au moment où nos voitures s’engageaient entre deux rangées de maisons, laissant à peine entre elles, comme dans toutes les villes de province, l’espace nécessaire à tout ce qui ne consiste pas uniquement dans la circulation humaine, je remarquais que toutes les fenêtres des maisons étaient enlevées. Je demandai à un de mes compagnons si l’usage des vitres n’était pas plus connu à Béziers pendant l’hiver qu’il ne semblait l’y être pendant l’été. Pour toute réponse, je vis mon compagnon qui se baissait avec prestesse et qui puisait à pleines mains dans l’immense amas de dragées qui encombrait notre voiture. Son mouvement avait à la fois un but et un résultat. Le premier, d’éviter une grêle d’oranges dirigées contre sa personne, le second, de s’armer des projectiles nécessaires à sa défense ».
Je regardais cette première évolution stratégique avec assez d’étonnement mais dès lors je commençais à comprendre ce que c’était que Caritach et comment, en l’an de grâce 1841, la charité s’exerçait. Bientôt notre tacticien se releva et, saisissant le moment où son gracieux ennemi (c’était une jeune et jolie dame appuyée contre son balcon) saisissait de nouvelles armes, il se tint debout dans la voiture et lui envoya avec autant d’adresse qu’en montrait Jean-Jacques lançant des cerises dans la gorgette de Mademoiselle Galley, une poignée de confettis. Ce fut… le signal d’un véritable combat. En un instant, le cortège fut assailli de toutes parts. Chaque fenêtre vomissait des torrents de sucreries et il y en avait quelques-unes d’où l’on ouvrait tout simplement au-dessus de nos têtes des paquets de dix livres de dragées.Ce combat de géants comparable pour le moins à ceux de l’Iliade ou du Tasse, dura trois heures. Il se renouvela dans toutes les rues de Béziers et nous, cortège chétif et peu nombreux que nous étions, il nous fallut tenir tête (je n’exagère pas) à plus de soixante mille bras. Pourtant, parfaitement fournis de munitions par nos ennemis eux-mêmes dont les projectiles tombaient dans nos voitures, nous emportâmes pied à pied chaque maison et nous rentrâmes à l’Hôtel de Ville plus fiers à coup sûr que Bonaparte après la bataille d’Austerlitz… Tel est le récit de mon excursion archéologique à Béziers.
A Pézenas, par arrêté municipal du 22 avril 1839, « pour la fête de l’ascension appelée de Caritach,… il est défendu de fabriquer, vendre ou débiter, dans l’étendue de la ville, des dragées de toute couleur qui ne seront point fabriquées avec des amandons recouverts de trois couches de sucre au moins ». Aguilhon, mentionne » de nombreuses voitures dans lesquelles sont les jeunes gens [qui] assaillent avec des dragées les curieuses des fenêtres » 51. Nous avons déjà vu des véhicules de cette sorte suivre la Caritat de Béziers et pratiquer la même activité fébrile. Cet emprunt au carnaval de Nice et, au-delà, aux carnavals italiens, connaît une vogue inouïe ; en 1893 : « On s’envoie des dragées multicolores, des confettis, des haricots, des fleurs, des bonbons. Les dames et les demoiselles tenant toutes en mains les petites toiles métalliques qui doivent garantir leurs jolis visages… Le Marché des Trois-Six, la Halle aux Herbes, la place de la République, le cours Molière… deviennent pendant deux heures les annexes de la Promenade des Anglais et de l’Avenue de la Gare à Nice ».
Quelques individus mal inspirés croient pouvoir lancer des oranges mais le chroniqueur se plaint des blessures qu’elles causent à certains masques, il est question de « nez en sang » et du « treillis de toile métallique qui s’incruste dans la chair ». Il suggère de les interdire, « d’une façon absolue » par arrêté municipal, pour l’année suivante 52.
Cette partie des réjouissances se codifie. Les Fêtes de Charité 1900 ont une bataille de dragées parfaitement réglée, décrite par Albert-Paul Alliès : « On entend une détonation : c’est le canon qui annonce le début de la bataille de dragées. Aussitôt les grands chars de masques, les victorias et les landaus fleuris, de simples voitures qui attendaient dans les remises le signal du combat, se dispersent dans toutes les directions, et vont, au grand trot de leurs chevaux, entamer les hostilités. Partout nous constatons une impatience extraordinaire : les balcons, les tribunes sont noirs de monde. Dames et Messieurs attendent fiévreusement les assaillants : ils ont garanti leur tête de grands masques en fil de fer, en forme de cloches ; les dames des tribunes ont revêtu de riches pèlerines de dominos ; les Messieurs sont en veston de flanelle ou en cache-poussière. La bataille va être acharnée… cours Molière, plus de dix mille personnes s’écrasent sur les trottoirs et envahissent presque entièrement la chaussée… À un moment, la bataille est si acharnée que quelques Dominos et Bébés, abandonnant leurs riches voitures, escaladent la tribune des dames, et vont attaquer l’ennemi au cœur même de ses positions… Le combat a duré deux heures. Le soir, la bataille de confetti laisse « un tapis moelleux de vingt-cinq centimètres d’épaisseur dans lequel on s’enfonce agréablement » 53. La dernière « bataille de confetti et de fleurs » était prévue le dimanche 19 mars 1911, à cinq heures de l’après-midi. Elle peut être, point par point, confondue avec la précédente. »
La danse des treilles
La danse des treilles évoquait les vendanges et les plaisirs champêtres. Elle était de toutes les fêtes des métiers et plus spécialement de la fête des jardiniers.
Liliane FRANCK, La vie montpelliéraine aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Nous ne rouvrirons pas un vieux débat pour savoir « à laquelle des villes du Languedoc ont doit attribuer l’origine de la Danse des Treilles »… Montpellier… Béziers… Pézenas… « Nos populations méridionales savent que Pézenas est la terre natale de cette danse si poétique, si harmonieuse dans le balancement des cerceaux ornés de pampre et de lierre… La danse des treilles est attachée à toutes nos réjouissances publiques. Elle avait lieu au temps de Molière quand les États de Languedoc se tenaient à Pézenas… » 54 Albert-Paul Alliès, l’auteur de ces lignes, reconnaît ailleurs que la danse toulousaine du Ramelet est signalée en 1154, qu’on dansa le balh de las trelhas à Montpellier, en 1503, en l’honneur de l’archiduc Philippe, gendre de Ferdinand le Catholique, de même que devant Charles IX en 1564. « C’est à cette date et à l’occasion du séjour de ce prince à Pézenas que l’on donna au roi une danse qu’on appelle la Treille […] au son des trompettes […] et les danseurs tout masquez et revestus tenant en leurs mains des cerceaux… » 55.
Thomas Platter a assisté, le 25 février 1596, dans une rue d’Avignon, à une « danse des cerceaux à laquelle prirent part beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles de la noblesse, vêtues de blanc et couvertes de bijoux. Chacun dansait en tenant un demi-cercle blanc et or… C’était admirable de les voir passer et repasser sous ces cercles, s’enroulant, se déroulant et s’entrecroisant en cadence au son des instruments à cordes » 56. Il s’agit bien d’une variante des Treilles – tout comme le Ramelet –, mais elle est évidemment provençale.
Béziers aussi en fit une danse locale. Pour recevoir l’Infant Don Carlos le 30 novembre 1731, « Monseigneur de La Fare ordonna de faire danser les treilles » 57. La région tout entière devait s’adonner à cette danse, ainsi le 1er août 1744, à Villeneuve-lès-Béziers : « Les fêtes des treilles furent célébrées par vint filles et vint hommes, tous vêtus de blanc, les corsets et les matelottes, les jupes et les culottes etoient brodées, ou de piqueure de Marseille, chamarrés de rubans de toutes les couleurs, ils etoient tous frisés et poudrés, chacun portoit un cerceau garni de guirlandes de feuilles, des pampres et des grapes ; ils vinrent à nous en dansant en cadence, et tracerent cent figures differentes qu’ils remplirent exactement ; ce spectacle est très galant » 58.
Les consuls de Béziers, en leur registre de Délibérations, croient devoir en justifier l’usage pour recevoir Monsieur, comte de Provence, le 26 juin 1777 : « Les treilles dont les chefs sont nommés par MM. les maire et consuls… ont été imaginées par nos anciens dans les ages les plus reculés sans trouver leur origine ; elles expriment un peuple gay par caractère, elles executent une danse unique en maniere de ballet, elles sont le signal de l’allegresse et de la joye publique… C’etoint trente jeunes gens et autant de jeunes filles habillées eleguament en bergers, ornés de rubans de toute couleur portant des souliers blancs et de petits chapeaux. Cette jeunesse tenoit de chaque main un cerceau décoré de lauriers, de rubans et de fleurs… La danse des treilles a sçu plaire à Monsieur, il a daigné passer sous les cerceaux ». Le lendemain, « Monsieur ayant détaché de son bouquet le ruban en or qui y etoit entrelassé l’a donné a la nommée Magdeleine Sanson qui etoit a la tete des Bergeres » 59.
Aubin-Louis Millin, déjà signalé, est un bon témoin oculaire de cette danse à Pézenas, avant 1811, lors d’une Ascension. Il l’attribue aux tonneliers : « [Ils] ont des demi-cercles également décorés : tous forment des danses particulières, et exécutent des figures en entrelaçant les cerceaux et les guirlandes. Cette espèce de danse a pourtant un nom générique, on l’appelle las treias, les treilles. Les danseurs ont de beaux bas de soie, un chapeau couvert de plumes de différentes couleurs, et une écharpe plus ou moins riche ; celle des portefaix est ordinairement de vieux brocard d’or ou d’argent ; les filles ont des bonnets, des chapeaux ou d’autres parures qu’on leur donne ou qu’on leur prête dans les maisons où elles vendent du lait, des légumes, ou les produits de leur métier ; quelques-unes ont un chapeau d’homme, couvert de plumes. Les principaux de la troupe sont chargés de la conduire ; ils ont des épaulettes et une épée, et un bâton de commandement ». Sans doute les tonneliers s’en chargeaient-ils lors des Caritats avant la Révolution mais aucun document n’est là pour nous l’assurer.
En dehors des fêtes de l’Ascension les treilles semblent fort rares. Tout juste les voit-on pour célébrer la naissance du roi de Rome, le 2 juin 1811 : « des jeunes danseurs habillés en blanc », dont nous ignorons le nombre, s’y livrent alors qu’on danse « en même temps » le chivalet 60. Tout se passe conformément à ce que nous savons pour Béziers en 1803 : « des jeunes gens et des jeunes filles à la toilette blanche et légère… sont sur deux lignes unies par des cerceaux blancs comme neige et ornés de bandelettes d’autres couleurs » 61. Dans la même ville, pour inaugurer la statue de Paul Riquet, « cinquante couples de jeunes filles et de jeunes gens » portent « le costume des bergers de Florian ». Dans ce cas précis nous pouvons en avoir une idée grâce à une lithographie de Victor Adam et constater que le chapeau tronconique, le gilet croisé et le pantalon ne rappellent en rien les modes des règnes de Louis XV ou Louis XVI et les atours de Némorin 62.
Les Treilles piscénoises reparaissent pour « les fêtes de juillet 1831 ». Le cordier Valat fabrique à cette occasion soixante-seize cercles avec leur garniture et des rubans de couleur ; on achète quarante-huit douzaines de flambeaux car la danse, « aux fifres et tambours », a lieu de nuit 63. Les Montpelliérains ont cru que cette danse « des plus gracieuses » leur était « presque particulière ». Ils n’y auraient admis que des jeunes filles, « huit à douze couples de femmes, vêtues de blanc, avec des rubans et des ceintures, qui sont bleues pour la moitié des danseuses, roses pour les autres » 64. Cela dut exister mais en de rares occasions car je n’ai rien trouvé dans la presse locale qui vînt le confirmer. On a pu voir, en 1839, « de brunes filles du Midi, au jupon court, au corset rose qui serre la taille, aux cheveux noirs tombant en boucles sur leurs épaules nues, la couronne de fleurs sur la tête, le cerceau à la main, nos jeunes gens en veste de satin bleu, en culotte… « passer et repasser » sous les cerceaux blancs et roses… au son du tambour qui bat et du fifre qui joue :
« E Ortolla, passo sé bos passa
Et passo jout las treïos... ».
Le compte rendu d’Auguste Tronc est beaucoup plus succinct : « La danse des treilles venait à la suite des cordiers, au nombre de vingt-cinq paires ».
Trois résurrections se produisent à la fin du siècle : la Caritat de 1886 fait appel à « vingt jeunes filles de seize à dix-huit ans, vêtues d’un corselet rose et d’une jupe blanche, un collier de perles blanches autour du cou, souliers blancs avec nœud rose et vingt jeunes gens du même âge en spencer noir et culotte blanche, chapeau tyrolien à plume bleue » pour exécuter « au son du hautbois et du tambour diverses figures de cette danse originale et pittoresque. Tous tiennent aux mains un demi-cerceau rose et garni de mousseline blanche nouée par intervalles avec une feuille de lierre… Un des commissaires de la fête offre à la danseuse du Cap de Joubén un magnifique bouquet » 65.
L’inauguration du collège en mai 1891, permit à François Viguier – dit Taula Carri, que nous avons déjà mentionné comme meneur du Poulain –, d’entraîner vingt-trois couples de treilleurs 66. Enfin, Albert-Paul Alliès nous a décrit plus haut, à propos du costume porté par le meneur Joseph Taussac, la tenue imaginée pour une autre inauguration, celle du monument à Molière, le 8 août 1897.
Le lecteur voudra excuser le caractère répétitif de toutes ces descriptions mais il traduit bien la complaisance et la fascination des auteurs pour la danse des treilles. A leur propos, Charles Ponsonailhe se laisse aller à une rêverie d’une mélancolie toute romantique : « Cet air suavement tendre, fait, comme la vie de l’homme, de larmes et de sourires, égrène ses notes, qui semblent lointaines, sorties de jardins anciens, d’étranges bergeries poudrées » 67.
Peut-être cette danse était-elle champêtre au départ mais folklorisée à l’excès, étouffée, dès le XVIIIe siècle, par le luxe dont on voulut l’accompagner, elle était surtout devenue une occasion de rivaliser d’élégance ostentatoire et de dépenser des sommes astronomiques. Il suffit de rappeler les 5 000 francs-or (environ 90 000 francs 2002 ou 13 500 ?) exigés pour habiller le groupe de danseurs piscénois de 1897 68.
Quoique absente de la dernière Caritat, elle a été reprise de loin en loin, y compris pour des fêtes scolaires. La Garriga Langadouciana, les Treilleurs de Montblanc et bien d’autres groupes folkloriques en maintiennent la tradition telle que l’ont codifiée Fernand Troubat et Jean Baumel. Pendant l’entre-deux-guerres, 1911 servira de référence à tous ceux qui voudront relancer la fête à Pézenas. Fernand Chauchard, Paul Valette ne pouvaient s’empêcher d’employer le mot « Caritat » pour parler des corsos de 1924 ou 1938. En 1965, le Comité des fêtes du Mardi gras qui relance la danse des Treilles, la danse du soufflet, les cornes… pense « renouer avec les ancestrales festivités de Caritach » 69.
Il faut croire que cette fête a laissé un bon souvenir dans la région puisque j’entends encore l’expression « faire caritat » avec le sens de « faire un bon repas, faire bombance » 70. Mais si l’on connaît encore des repas exceptionnels, il serait vain d’essayer de reconstituer ces grands cortèges historiques dont nous venons de voir qu’ils furent en fait constamment remaniés et renouvelés.
Les corporations n’existent plus, des quantités d’artisanats et d’artisans ont disparu, la période des grands corsos est bel et bien terminée et les dragées ont été remplacées par les confettis et la mousse à raser.
Tout au plus peut-on retrouver un certain nombre d’éléments connus pour avoir été utilisés, tant dans les cortèges de l’Ascension que dans ceux du carnaval. Le Poulain a été un de ces éléments. Son rôle dans les Caritats était des plus réduits, loin du rôle primordial que tenait la Tarasque dans ses sorties de la Pentecôte à Tarascon.
Placé en queue du cortège à l’instar de ces dragons censés représenter le démon vaincu dans les processions des Rogations, c’est à peine s’il attirait l’attention sur lui en « marchant à reculons » 71. En revanche, l’examen du carnaval nous permettrait de nous rendre compte qu’il y était et qu’il y reste indispensable.
Notes
1. Violet ALFORD, The Hobby Horse and other Animal Masks, op. cit., 1978 : p. 93.
2. Programme et détail de la fête de Caritach célébrée à Pézenas, le 9 mai 1839, op. cit. ; D. AGUILHON, Album de la Vallée de l’Hérault, op. cit., 1844 ; Étienne MASCOU fils, Faits divers arrivés à Pézenas (1815-1866) (manuscrit communiqué par M. Albert Alliès) et Auguste TRONC, Notice sur Pézenas, op. cit., 1863 (manuscrit communiqué par M. Francis Loup), disent tous et presque dans les mêmes termes : « Caritach, est à Pézenas, une vieille, noble, bonne et brillante fête. On en fait remonter l’institution en 738, à l’époque où Charles Martel, après avoir vaincu et tué Abdérame dans les plaines de Poitiers, chassa entièrement les Sarrasins de la Septimanie en les battant une dernière fois près de Narbonne ».
Jacques Boisgontier me fait remarquer, avec juste raison, qu’on ne devrait employer le mot Caritach qu’au pluriel. C’est la prononciation, transposée dans l’orthographe française du mot Caritats.
3. Philippe GARDY, Le théâtre de Béziers au XVIIe siècle, catalogue de l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Béziers, 25 avril-17 mai 1983, Béziers, C.I.D.O., 1983, 82 pages ; p. 31, note 13.
Pour la légende, cf. L’Antiquite du Triomphe de Besiers av iovr de l’Ascension. Contenant les plus rares histoires qui ont esté representées au susdit jour ses dernieres Années, a Besiers, par Iean Martel, Imp. et Lib., M.DC.XXVIII., 255 pages ; p. 11 et 14. « …du temps du pape Sixte 3 regnant en France Clodion le chevelu sixieme Roy & fils de Pharamond, les Alains & Vandales… sous la conduite de Gensserip leur chef, se jetterent en ses cartiers, & prindrent Besiers qu’ils ruinarent de fonds en comble… bien tost apres vint par mer vne puissante armee d’vne Croisade dressee a la solicitation dudit Pape Sixte… ils se rendirent les maistres, & reprindrent la ville ledit iour de l’Ascension ». Albert-Paul ALLIÈS a repris cette légende dans Réjouissances d’autrefois en pays Biterrois (tiré à part des Cahiers d’Histoire et d’Archéologie, s.d., pp. 685-689).
Les Messiniens, ont conservé une galère jusqu’en 1832 dans leur cortège pour la fête de la Sacra Lettera et de l’Assomption. Ils en expliquaient la présence par l’arrivée miraculeuse de galères chargées de grain en période de famine. Un Chameau y figurait également, le 15 août, justifié par une victoire du comte Ruggieri contre les Maures, auxquels il avait pris des chameaux. « En mémoire de ce fait, on voit encore une monnaie d’argent frappée à l’effigie de Notre-Dame d’une part, d’un chameau d’autre part » (Giuseppe PITRÉ, Feste Patronali in Sicilia, op. cit. ; pp. XIX-XX et 149-150).
4. Déjà en 1612, un consul, Pierre Mercyer, s’était élevé contre le combat de la galère, effrayé « des blessures et mutillations de menbres quy en arrivent à cause du batemant quy ce faict a grands coups de bastouer ou bourdes entre ceux quy sont dans la dite galère et ceux qui sont dans les galiots » (A.C.B. AA 7 fol. 90 v°). Mais les Biterrois, soutenus par les chevaliers de Malte, tenaient à ce divertissement et elle sortit jusqu’en 1661. Le Conseil d’Estat, le 22 juin 1661, Le Parlement de Toulouse, le 5 mai, le Prince de Conti, le 10 mai, la cour d’Alexandre de Lévis de Lomaigne, Sénéchal de Carcassonne et Béziers, le 15 mai 1662, interdisent l’usage de la galère. Dans la nuit du 2 au 3 mai 1663, elle prit feu dans le corps de garde où elle était conservée. On y vit la main de ces personnes qui avaient pour souci « le plus grand honneur et gloire de Dieu » mais « un profond mystère enveloppa les auteurs de l’incendie ». Le chevalier de Poilhes eut beau protester, encore en 1667, et menacer de faire condamner la ville en justice si elle ne présentait pas la galère, elle ne fut pas rétablie. Cf. Auguste FABRÉGAT et Étienne SABATIER, La Fête de Caritachs ou du Triomphe de Béziers, in Bull. de la Société Archéologique de Béziers, Béziers, Mme Vve Bory, Imp.-lib., 1836, t. I, 67 pages ; pp. 29-49. Après eux, d’autres auteurs ont parlé des fêtes de la Caritat à Béziers mais en se contentant de les résumer ou recopier.
MARY-LAFON, CHEVALIER, VIENNET, ALBOIZE DU PUJOL, L’histoire illustrée des principales villes de l’Hérault, 1848, rééd. éd. du Bastion, 1989, 163 pages ; pp. 43-45.
Paul LACROIX, (le Bibliophile JACOB), Vie militaire et religieuse au Moyen Age et à l’époque de la Renaissance, Paris, Lib. Firmin-Didot, 4e éd., 1877, tome I, V+577 pages ; pp. 546-547.
Ida Von DÜRINGSFELD & Ò. Freiherin Von REINSBERGDÜRINGSFELD, Das kameel von Béziers, in Ethnographische Curiositäten, Leipzig, 1879, vol. II, pp. 149-155 (Communication de M. Daniel Fabre, traduction de M. Charles Guiraudon).
5. Archives de la Ville de Montpellier, Montpellier, Serre et Roumégous, t. III, 1901-1907, 678 pages ; pp. 99-100, 6 des Ides de may 1247, Charité annuelle le jour de l’Ascension [fol. 41. art. 84]. Abbé Joseph VÉRAN, Histoire de la vie et du culte de sainte Marthe hôtesse de Notre Seigneur Jésus-Christ, patronne du diocèse d’Avignon et de la ville de Tarascon, suivie d’une notice historique sur cette dernière ville, Avignon, Séguin aîné Imp.-Lib., 1868, LVIII + 552 pages ; p. 534, Livre rouge, f° 403.
6. François RESSÉGUIER, Archives de Pézenas. Inventaires et documents, publié par Joseph BERTHELÉ, Montpellier, J. Lauriol Imp., 1907, 264 pages ; p. 180, n° 1265, 18 octobre 1220 ; p. 181, n° 1277, 31 mars, 19 avril, 27 octobre et 13 novembre 1274.
7. Registre des jugements de police depuis le 15 novembre 1779 jusques au 16 novembre 1785, fol. 168 r° [A.C.P. fonds non classé]. Abbé Joseph VÉRAN, Histoire de la vie et du culte de sainte Marthe, op. cit. ; p. 533.
8. Doc.81 : Compte d’ordre rendu par le maire pour l’exercice de l’an XI. 30 floréal an XI – 20 mai 1803. [A.C.P. fonds non classé].
9. Doc.50 : Raport de Jean François Guilhaume Bessiere habitant de la ville de Béziers, 20 mars 1775 [A.C.P. fonds non classé. Rapport sur les glacières de Pézenas].
10. Abbé Joseph VÉRAN, Histoire de la vie et du culte de sainte Marthe, op. cit. ; p. 532.
11. Arrêté municipal du 22 floréal an XI (12 mai 1803). Fête civique dédiée à l’agriculture. « Le cortège marchera dans l’ordre suivant :… 1er le Chameau précédé de cinq sauvages… 3e Une charrette ornée de feuillages, et trainée par un double rang de mules fournies par les propriétaires fonciers et charretiers de la ville… 28e les bergers… 30e les treilles ». Vingt-six corps de métier participent.
Le Véridique, 29 mai 1814. « La charrette des propriétaires garnie de feuillage et traînée par plus de cent mules proprement harnachées ». Jean-Denis BERGASSE, La création des dix musées de Béziers et la Société archéologique depuis 1834, Cessenon, Jean-Denis Bergasse, 1992, 191 pages ; p. 37, samedi 20 et dimanche 21 octobre 1838.
12. Doc.82 : Correspondance du maire. n° 866. 30 floréal an XI – 20 mai 1803. [A.C.P. fonds non classé]. D. AGUILHON, Album de la Vallée de l’Hérault, op. cit., 1844 ; ce texte a été repris par l’Écho de l’Hérault, Caritach à Pézenas en 1839, 5.6.1886.
13. Le Languedocien. 23.5.1863.
14. L’Écho de l’Hérault, 29.5.1886. Programme.
15. A.C.B. Délibérations municipales I D 25, Arrêté municipal du 22 floréal an XI (12 mai 1803). « Les citoyens de chaque art et profession se retireront en bon ordre et sans confusion ». La présence de chars aurait supposé leur mention et des recommandations plus complètes.
16. Aubin-Louis MILLIN, Voyage dans les Départements du Midi de la France, Paris, Imprimerie Impériale, 1811, t. IV, 476 pages ; p. 36. Les « principaux de la troupe » des treilleurs sont sans doute ceux qui sont désignés sous les noms de menaire, meneur, « muni d’un bâton de commandement semblable à un thyrse entouré de feuillage et de rubans » (Ida Von DÜRINGSFELD & O. Freiherin Von O. REINSBERG-DÜRINGSFELD, Das kameel von Béziers, op. cit. Communication de M. Daniel Fabre, traduction de M. Charles Guiraudon), lo menaire est accompagné de la bassinièira, « la bassinière, la jeune fille qui porte une corbeille de fleurs » (Le Messager du Midi, Béziers, 4.10.1852). A Loupian, lo menaire est désigné comme « chef de jeunesse » (Le Véridique, 26.6.1814). Pour Albert-Paul Alliès, lo cap de jovent est l’Ortolà du refrain qui « se tient seul entre les couples » [Une ville d’États, Pézenas, op. cit., p. 233]. Visiblement chaque localité adapte la danse et les rôles.
17. Achille JUBINAL, Journal de Toulouse, 28 juin 1841 : « Enfin paraissait le dernier de tous et le plus beau, un char où étaient les jardiniers. Le char était couvert de verdure et de fleurs, à travers desquelles plusieurs pompes à incendie allaient au loin asperger les spectateurs » (Communication de Mme Claire Torreilles).
« Les jardiniers, au moyen d’une pompe perfide cachée sous des feuillages, arrosent les dames placées aux fenêtres… » Inauguration à Béziers de la statue de Paul Riquet, le 27 octobre 1838, in Le Magasin pittoresque, sous la direction d’Édouard Charton, Paris, 1839, p. 34.
Marcelle Mourgues avait noté avec raison que l’on pourrait rapprocher ce char de la barque de l’esturgeon, placée sur une charrette et remplie d’eau. A Tarascon, elle accompagne le cortège de la Tarasque, et ses occupants, de la corporation des vivariers, arrosent copieusement les badauds. La charrette est entraînée « par une quantité de mules… les plus belles et les mieux harnachées… qui sont conduites à grande course » [Danses folkloriques espagnoles et provençales, analogies et différences, 1963, op. cit.]. Nous n’avons aucun document de cet ordre pour Pézenas.
18. Le Courrier du Midi, 14.5.1836, signale qu’à Montpellier les maçons Compagnons du Devoir et Compagnons de la Liberté célèbrent l’Ascension en promenant des chefs-d’œuvre. « L’un offrait le modèle d’un observatoire, et l’autre celui d’un phare. On admirait surtout le talent avec lequel avaient été construits les escaliers en hélice ».
19. Auguste TRONC, Notice sur Pézenas, 1863. op. cit. Ce document est préférable au « Journal » d’Etienne Mascou ou au Programme imprimé par G. Bonnet d’un style par trop ampoulé. On distinguait le « grand » Saint-Éloi (maréchaux, bridiers, bourreliers, bastiers, chaudronniers, couteliers, émouleurs, orfèvres) et le « petit » Saint-Éloi (ferblantiers, lanterniers, taillandiers, potiers d’étain, fondeurs de sonnettes et de cloches, fondeur en jouërie), du moins en 1767. Cette composition a pu varier au gré des intérêts. En 1789, les affinités politiques ou compagnonniques donnent une autre répartition. Les serruriers ont honoré saint Éloi puis saint Pierre-aux-Liens. Ce corps avait « le privilège d’escorter les consuls et le corps consulaire, à cause de la fabrication des armes qui était l’apanage des fabers » [Albert FABRE, Fêtes de Caritach, in L’Hérault illustré, op. cit. ; pp. 173-174, note 1. Je n’ai pu me fier à cet auteur pour sa description de la fête de Caritach. Sous prétexte de restituer « les anciennes coutumes » de manière plus authentique, il mélange les Caritats de Pézenas de 1839 et 1863]. Pour la « marche à reculons », noter que le Poulain de Saint-Thibéry, « suivant un ancien usage, avoit conduit la mairie [les autorités municipales] à reculons », pour fêter la naissance du roi de Rome, le 9 juin 1811 (Archives communales de Saint-Thibéry, délibération municipale, même date. Communication de M. Christian Santamaria).
20. D. AGUILHON, Album de la Vallée de l’Hérault, op. cit. « C’est une longue et brillante procession des corporations diverses. Chacune d’elles marche au son du tambour et du fifre ».
21. Cf. M. G. SAUVAGNIAC, Recueil des devises que tous les corps d’état arborent pendant la célébration de la fête solennelle de Caritach, à Pézenas, le 9 mai 1839, Pézenas, G. Bonnet, Imp.-lib.-éd., 1839, 8 pages.
22. A.C.B., Délibérations municipales I D 31, scéance du 18 avril 1821. Programme de la fête à célébrer à l’occasion du baptême de S.A.R. le duc de Bordeaux, fête dite de Caritat, prévue le dimanche 6 mai.
23. A.D.H., C 6703 pièces 39 et 40 (Communication de M. Pierre Laurence). Lettre du Sieur Lavit de Sainte Foy, ancien officier au régiment de Bresse, citoyen de la ville de Mèze, du 11 juin 1772. Il a assisté à la sortie du Loup le « lundi seconde feste de la Pentecoste ». Réponse de Mérigeaux, 23 juin 1772, qui conseille au comte de Moncan [Montcalm] d’interdire « qu’on danse en aucun tems de l’année avec la figure du Loup précédée d’un homme avec une hache ».
24. Doc.141 : Le Languedocien. 9.5.1863.
25. Le Journal de Toulouse, 28 juin 1841 (Communication de Mme Claire Torreilles).
26. Selon Jubinal déjà « On fit d’abord défiler devant nous la garnison en grande tenue, tambours en tête ». Les militaires participaient aux processions sous la Restauration, la garde nationale, en uniforme, offrait son concours aux bravades provençales. Les tenues militaires étaient alors plus colorées et plus élégantes que les nôtres.
27. L’Écho de l’Hérault, 29.5.1886. Cette Caritat a lieu du 2 au 6 juin. Le Jeudi de l’Ascension se plaçant le 6 juin.
28. L’Écho de l’Hérault, 5.6.1886. « Cette année, quelques fenêtres sont restées fermées et les batailles de dragées ont manqué d’entrain, l’aristocratie ayant cru devoir s’abstenir de toute participation à la fête ».
29. Albert-Paul ALLIÈS, Réflexions sur le Carnaval à Pézenas, L’Écho de l’Hérault, 3.3.1900.
30. L’Écho de l’Hérault, 25.2.1893. « Le conseil municipal a décidé dans sa séance du mercredi 22, de changer la date de la fête patronale. Désormais le Mardi gras sera le jour de la fête locale. Saint Blaise n’en restera pas moins le patron de la cité ». Sous l’impulsion de Claude Alranq, on fête à nouveau la Saint-Blaise depuis 2003.
31. Un premier Charlatan apparaît dans la mascarade du dimanche 24 février 1811, à Montpellier. Il accompagne le char d’Esculape. « À la tête d’une foule de médecins, d’apothicaires, de malades, suivis de Monsieur et Madame Denis [Carnaval et sa femme] qui accomplissaient leur dernier voyage, l’on remarquait M. Cayrel, déguisé en charlatan. Il rendait ce personnage avec tout le comique et toute la vivacité convenables, détaillant ses cures merveilleuses sur la vérité desquelles il invoquait le témoignage d’Arlequin son disciple, placé auprès de lui » (Le Véridique, Mardi 26 février 1811, p. 2268).
32. L’Écho de l’Hérault, 17.3.1900 ; 7.3.1903.
33. L’Écho de l’Hérault, 4 et 25.3 ; 1.4.1911.
34. Doc.17 : 1.6.1733. [A.C.P.]. « donné aux bergers qui vinrent a Caritats… »
Correspondance de la mairie de la ville de Pézenas, commencée le 1er frimaire an XIII [22 novembre 1804] et finie le 26 avril 1806, lettre n°1288, 4 prairial an XIII, 24 mai 1805 [A.C.P.].
35. Abbé Joseph VÉRAN, Histoire de la vie et du culte de sainte Marthe…, op. cit. ; p. 532. Auguste FABRÉGAT et Étienne SABATIER, La Fête de Caritachs ou du Triomphe de Béziers, in Bull. de la Société archéologique de Béziers, op. cit. ; p. 32.
36. Jean-Marie AMELIN, Guide du voyageur dans le département de l’Hérault, op. cit. ; p. 59. Les « confitures » étaient des fruits confits. Avons-nous affaire à un rite de fécondité avec cette bergère que l’on évente ?
37. Prononciation de cap de jovent, chef de jeunesse. Ce jeune homme est ainsi décrit par AGUILHON : « Le chapeau à la Henri IV sur la tête, l’épée au côté, l’habit à la française, paré de rubans à la boutonnière, la canne à la main » et pour bien montrer le décalage entre ce costume et l’époque présente, il ajoute : « costume de rigueur qui avait une signification du temps des maîtrises, mais qui ne peut plus en avoir aujourd’hui ».
38. Georges BEAUME, Notre Languedoc, op. cit. ; pp. 47-48.
39. doc.149. Albert FABRE, l’Hérault illustré, op. cit. ; p. 171.
40. Danses languedociennes. Lou Chibalet – Las treilhas – La danse des bergers, in Le Magasin pittoresque, sous la direction de MM. Euryale Cazeaux et Édouard Charton, Paris, 1836 ; p. 203.
Ce texte a été cité, d’après « un journal local », par Jean BAUMEL, Les danses populaires du Languedoc, op. cit. ; La danse des Pâtres, pp. 79-83 ; p. 80.
41. Auguste FABRÉGAT et Étienne SABATIER, La Fête de Caritachs, op. cit. ; p. 34. Les consuls biterrois ont utilisé un peu plus de deux cents kilos de dragées.
42. Cité par Daniel FABRE, Carnaval ou la fête à l’envers, Paris, Gallimard, 1992, 160 pages. ; pp. 132 et 137.
43. Félix et Thomas PLATTER à Montpellier (1552-1559 – 1595-1599). Notes de voyage de deux étudiants Bâlois, Montpellier, Camille Coulet, M DCCC XCII, 505 pages ; pp. 24-25.
44. Le 4 février 1628, le duc de Guise, gouverneur et lieutenant-général pour le roi en Provence, défend « de jeter du son ou rasset à qui que ce soit par les rues, durant le carnaval, pour éviter les disputes et querelles qui en peuvent arriver ». Cité par La Vie Montpelliéraine, 20-26 avril 1895, p. 4.
45. Marcel FRANCE, Carnavals d’autrefois, in Écho de l’Hérault, 17.2.1912. Annie SIDRO, Le Carnaval de Nice et ses fous, Paillassou, Polichinelle, Triboulet, Nice, éd. Serre, 1979, 158 pages ; p. 50. A Clermont-l’Hérault, on espère que « M. le maire donnera des ordres… à seule fin que ne soient pas jetés, comme l’année dernière, des objets tels que œufs, os, tripes, pommes de terre, etc. ». (Le Petit Méridional, 2.2.1883).
46. Abbé Joseph VÉRAN, Histoire de la vie et du culte de sainte Marthe, op. cit. ; p. 532.
47. L’Écho de l’Hérault, 22.2.1885.
48. Messager du Midi, 23.2.1887. Carnaval de Sète. Arrêté municipal. La République du Midi, 8.2.1893.
49. L’Écho de l’Hérault, 18.2.1899. Les confettis semblent être arrivés à Montpellier et à Sète cinq ans plus tôt : à Montpellier, en carnaval, on se jette « haricots, pois, lentilles, riz ou petits papiers ». Dans la Grand’rue de Sète a lieu la « bataille de confettis parisiens multicolores, serpentins, dragées, haricots, lentilles » (Petit Méridional, 7.2.1894). A Béziers, on se plaint, encore en 1907, des « jeunes gens [qui] vous cernent, vous maintiennent, et vous farcissent, suivant leur pittoresque expression, de farine, de son et de toutes sortes de poudres plus ou moins comestibles » (La Vie biterroise, 23-30.3.1907).
50. Félix et Thomas PLATTER à Montpellier (1552-1559 – 1595-1599). Notes de voyage de deux étudiants Bâlois, Montpellier, Camille Coulet, M DCCC XCII, 505 pages ; pp. 24-25.
51. Recueil des arrêtés municipaux, t. II. 1824-1855, fol. 264 à 530 ; fol. 397 v°, [A.C.P.]. et D. AGUILHON, op. cit.
52. L’Écho de l’Hérault, 18.2.1893. Le Mardi gras, la Cavalcade, la Bataille de Dragées.
Les masques métalliques apparaissent à Nice, où ils seront en usage jusqu’en 1955 (Annie SIDRO, Le Carnaval de Nice et ses fous, op. cit. ; p. 50).
53. Albert-Paul ALLIÈS, Les Fêtes de Charité, L’Écho de l’Hérault, 24.3.1900. La Bataille de Dragées, L’Écho de l’Hérault, 31.3.1900.
54. L’Écho de l’Hérault, 17.4.1897. Comité des Fêtes Molière. Albert-Paul ALLIÈS, La Danse des treilles.
55. Albert-Paul ALLIÈS, Les Treilles à Pézenas, L’Étendard Piscénois, 9.4.1927. Cf. H. CREUZÉ de LESSER, Statistique du Département de l’Hérault, op. cit., p. 275 : « L’origine de cette danse qui n’est pas aussi particulière à Montpellier que la précédente [la danse du Chivalet], ne saurait être fixée avec certitude ». Dans son ouvrage sur Les Danses… du Languedoc méditerranéen, Jean BAUMEL cite ces mêmes dates, 1503, 1564.
56. Félix et Thomas PLATTER…, Notes de voyage… op. cit. ; p. 245. Pour la description de la danse languedocienne, cf. Fernand TROUBAT, La danse des treilles et le chevalet, Montpellier, Hamelin frères, 1902, 31 pages. Pour la version provençale, cf. Marcelle MOURGUES, La danse provençale, ses origines, ses symboles, Raphèle-lès-Arles, Marcel Petit, 1985, 231 pages ; La Danse des « Jardinières » ou des « Treilles » et les « Cieucle », pp. 122-135. C. DUBRANA-LAFARGUE, Le trésor des danses provençales, Marcel Petit, s.l. ni d., 170 pages ; Les Jardinières, Li Jardiniero, pp. 54-63. Luciana PORTE-MARROU, Dançar au Païs. Danses occitanes en Provence, Avignon, I.E.O. Vaucluse / Lucienne Porte-Marrou, 1983, 277 pages ; Lei Ceucles, Les Cercles, pp. 194-205.
57. État des sommes qui ont été depencées au sujet du passage de l’Infant Dom Carlos arrivé à Béziers le 30e novembre 1731. [A.C.B., fonds non classé, Boîte 161].
58. Relation de la fête de Villeneuve-lez-Béziers à l’occasion de la nopce de Mademoiselle de Fargeon avec Monsieur le Comte de Villeneuve. 1er aoust 1744. Cité par Albert FABRE, L’Hérault illustré, op. cit. ; p. 176. L’auteur de cette relation attribue pour musique aux « treilleurs et treilleuses », des « violons, hautboïs, fifres et tambours ».
59. A.C.B. BB 28. Passage de Monsieur à Béziers. 26 juin 1777. Les fol. ne sont pas numérotés.
60. Programe pour la fête que la ville de pezenas donnera le 2 juin 1811 à l’occasion de l’heureuse naissance de Sa Majesté le Roi de Rome. [A.C.P. fonds non classé].
61. Auguste FABRÉGAT, Annales municipales de la ville de Béziers, Béziers, Imp. du Commerce de C. Bertrand, 1872, tome I, 24 pages ; pp. 15-16. Fête de l’Agriculture, le 19 mai 1803. L’arrêté municipal correspondant est beaucoup plus laconique [A.C.B. Délibérations municipales I D 25].
62. Inauguration à Béziers de la statue de Paul Riquet, le 27 octobre 1838, in Le Magasin pittoresque, op. cit., p. 34. On trouvera une reproduction de la lithographie de Joseph-Victor ADAM et de son étude préparatoire dans l’ouvrage publié sous la direction de Jean-Denis BERGASSE, Pierre-Paul Riquet et le Canal du Midi dans les arts et dans la littérature, Cessenon, Jean-Denis Bergasse, 1982, 251 pages + 56 planches ; pl. 13.
63. Etat des journées et fournitures employées pour les fêtes de juillet 1831. [A.C.P.]. Le 29 juillet.
64. Danses languedociennes… (Le Magasin pittoresque, op. cit., p. 203).
Que ce soit en 1823, pour le passage de Madame (Le Véridique, 25.5.1823), en 1852, lors de la visite du prince-président (Le Messager du Midi, 1.10.1852) ou pour le VIe centenaire de l’Université de Montpellier (L’Éclair, 26.4.1890 ; 18,22,25.5.1890), ce sont trente-deux jeunes gens et des jeunes filles qui dansent par couples, sous la direction d’un chef. En revanche, en 1905, pour les fêtes de l’enseignement laïque et celles du centenaire du Lycée de Montpellier, Rocca, professeur de gymnastique du lycée, fait danser des fillettes (Le Petit Méridional, 14 et 16.6.1905). Les classes n’étaient pas encore mixtes.
65. L’Écho de l’Hérault, 5.6.1886. Caritach en 1886. Compte rendu à attribuer à Paul BÉNÉZECH.
66. L’Écho de l’Hérault, 23.5.1891.
67. Cité par Albert-Paul ALLIÈS, Une ville d’États, Pézenas, op. cit., p. 234.
68. Albert-Paul ALLIÈS, Les Treilles de Pézenas, L’Étendard Piscénois, 9.4.1927.
Fêtes données à l’occasion de l’inauguration du Monument de Molière dû au Ciseau d’Injalbert les 8, 9 et 10 août 1897 (Affiche conservée au Musée de Vulliod Saint-Germain, Pézenas).
69. Les Échos du Lycée, 3.3.1965.
70. Relevé à Mèze et Villeveyrac, en 1976.
71. Jacques VORAGINE, La Légende dorée, traduite du latin d’après les plus anciens manuscrits, par Teodor Wyzema, Paris, Librairie académique Perrin et Cie, Libraires-Editeurs, 1910, 748 pages ; pp. 267-269, chap. LXVII, Les Rogations, p. 269 : « Dans certaines églises, surtout dans les églises françaises, on a aussi l’habitude de porter en procession un dragon avec une longue queue gonflée de paille et que l’on dégonfle devant la croix, le troisième jour : ce qui signifie que, avant la Loi et sous la Loi, le diable a régné en ce monde, mais que le Christ par la grâce de sa Passion, l’a chassé de son royaume ».