Description
Une préoccupation majeure lors de la création
des Conservateurs des antiquités et objets d’art :
l’inventaire et la sauvegarde du mobilier diocésain
Hélène PALOUZIÉ *, Laurent HUGUES ** & Olivier POISSON ***
* Conservateur des antiquités et objets d’art de l’Hérault, DRAC Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées ;
** Conservateur général du patrimoine, DRAC L-R-M-P ;
*** Conservateur général du patrimoine, Direction générale des patrimoines, Inspection des patrimoines.
Jean Nougaret a été conservateur des antiquités et objets d’art de l’Hérault de 1993 à 2003, cinquième conservateur à exercer cette mission, à la suite du médiéviste Robert Saint-Jean (1971-1993), maître assistant à l’Université Paul-Valéry, et des trois archivistes de l’Hérault, Marcel Gouron (1951-1971), président de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, Maurice Oudot de Dainville (1925-1951), président de la Société archéologique de Montpellier, et Joseph Berthelé (1911-1925), premier conservateur des antiquités et objets d’art du département. Il a assuré avec tact, humour et efficacité des missions souvent délicates, en particulier dans les relations avec le clergé catholique qu’il connaissait bien. Il a ainsi été le digne successeur de ceux qui, dès la veille de la Première Guerre mondiale, ont œuvré à la préservation du patrimoine mobilier, en particulier religieux.
Conséquence de la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905, le service des antiquités et objets d’art, formalisé par les décrets de 1907 et 1908, a été créé sous l’impulsion de Paul-Frantz Marcou (1860-1932), qui fut l’un des principaux inventeurs de la politique de protection des œuvres d’art au titre des Monuments historiques. Archéologue reconnu pour avoir publié avec Louis Courajod le Catalogue du musée de sculpture comparée, Marcou est nommé le 1er mai 1893 inspecteur général adjoint des Monuments historiques pour les objets mobiliers, au sein de la sous-commission des antiquités et objets d’art, créée en 1891 par la commission des Monuments historiques récemment reformée (3 janvier 1889). Dès lors, il se consacre à la sauvegarde des objets mobiliers des édifices religieux. À la suite d’une mission en Italie en septembre 1906, relative à organisation de la surveillance des objets conservés dans les édifices religieux depuis la création des surintendances en 1902, Marcou réaffirme le rôle de ce service par la création des conservateurs des antiquités et objets d’art, le décret du 11 avril 1908 leur confiant « le soin de procéder aux recherches que comporte le classement des antiquités, œuvres d’art et autres objets visés par la loi du 30 mars 1887 ». Il met en place le réseau de « correspondants » de la commission des Monuments historiques mettant à contribution les sociétés savantes départementales pour la désignation des objets à protéger.
Motivés par « la crainte du brocanteur » ou par « la recherche du spécimen », le mot d’ordre fut de classer abondamment : plus de 1 200 objets ont ainsi été classés en Languedoc-Roussillon avant la loi de 1913, grâce aux conservateurs des antiquités et objets d’art. Le classement étant une réponse au risque d’aliénation irrégulière et de dilapidation (vol, vente), la loi du 19 juillet 1909 étend le classement aux objets de propriété privée (visant notamment les collections des sociétés savantes) et celle du 16 février 1912 autorise l’administration à prendre les mesures conservatoires nécessaires et ordonner, pour un objet dont la conservation in situ menace son intégrité, le transfert provisoire dans un dépôt public, musée ou cathédrale ou tout endroit sécurisé.
Dans l’Hérault, le premier objet classé, en 1897, est la cuve baptismale de Vias vendue par la fabrique, rachetée par la Société archéologique de Montpellier où elle est toujours conservée. L’œuvre majeure de la cathédrale de Montpellier, La chute de Simon le magicien de Sébastien Bourdon, est classée en 1904. En 1911, suite à la vente et au départ aux États-Unis des éléments majeurs du cloître démembré de l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert, sont classés les fragments sculptés restants qui constituent aujourd’hui le musée de l’abbaye, et en 1913, à la demande de son conservateur André Joubin […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2016 |
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Nombre de pages | 7 |
Auteur(s) | Hélène PALOUZIÉ, Laurent HUGUES, Olivier POISSON |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |