Description

Une communauté villageoise à la fin du XVIIe siècle,
Aumes, à travers son compoix

Le compoix d’Aumes de 1697 qui nous a été conservé est un document précieux qui permet de mieux comprendre la vie du village à cette époque et ses problèmes. Le compoix, comme l’on sait, est un document fiscal, c’est sur lui que s’appuie l’imposition de la taille, principale redevance due à l’état. Les archives municipales nous ont permis de retrouver la procédure de son élaboration.

C’est 15 jours après leur élection comme consuls (les deux consuls d’Aumes étaient élus le dimanche de Quasimodo, soit le 13 avril en 1692) que le 27 avril 1692, les sieurs Thomas Bonnaric, premier consul et Guillaume Colombet, deuxième consul, proposent à la communauté de faire faire un nouveau compoix, le précédent datant de 1621. « …a été proposé par ledit consul que le compoix du présent lieu est sy vieux et sy confus par les changements qu’il est impossible de pouvoir faire le rolle des impositions y ayant plusieurs terres qui ne le cotisent point et divers feuillets emportés dudit compoix ce qui donne lieu à plusieurs plaintes aux habitants du lieu et forains même aux coleteurs (= collecteurs) qui ne peuvent point faire la levée des tailles y ayant environ quatre vingt ans dudit compoix de quoy lesdits consuls Ont cru ci devoir donner à dire au conseil pour délibérer si on trouve bon de faire procéder à la faction d’un nouveau compoix etarpantement. ».

Le conseil de la communauté les ayant approuvés, les consuls entreprennent les démarches nécessaires. Ils obtiennent le 25 septembre 1692 de Monseigneur l’Intendant la permission d’emprunter 30 livres « …pour les frais qu’il convient faire pour l’obtention de l’arrest de la cour des Aydes… » (et finances de Montpellier). Cet arrêt est rendu le 30 mars 1693. Les consuls élus à la Quasimodo de 1696, Anthoine Soulier et Anthoine Lafon poursuivent cette affaire. Le 5 août 1696, ils font approuver par le conseil général des habitants la nomination de noble Louis de Graves Sn de Saint Martin en tant que syndic des habitants forains. Louis de Graves a été nommé par les habitants forains de Pézenas et Montagnac devant Me Fressinet et Caillet, notaires, les dix sept et dernier du mois de Juillet. Cela nous laisse déjà supposer l’importance des habitants forains à Aumes. Puis le 12 août 1696, sur proposition des consuls, le conseil nomme pour estimateurs des biens Me Antoine Leignadier notaire royal de St Pargoire et le Sr Colombié bourgeois de St-Pons de Mauchiens. Les indicateurs des biens, habitants d’Aumes, seront Anthoine Soulier et Louis Cimpeire. Mal leur en prend, le compte-rendu du 10 octobre nous apprend que «  …depuis ledit Sr Leignadier est tombé malade et attaqué d’une paralisie qui le met hors d’estat à pouvoir travailler et ledit Sr Colombier a témoigné ne pouvoir non plus y travailler… ». Aussi nomment-ils à leur place comme estimateurs le Sr Villebrun de Pézenas (le même, très probablement, qui a travaillé au Compoix de Castelnaude-Guers) et Maître Guiraud procureur du roy d’Abeilhan. L’arpenteur choisi est le Sr Guiraud maître arpenteur d’Abeilhan. Lors de la réunion du conseil du 28 octobre, les modalités de l’allivrement seront précisées. Enfin, le 6 janvier 1697, l’offre de Antoine Enjalvin arpenteur, habitant de Pézenas est acceptée « …il a esté fait plusieurs offres et moins dittes la dernière desquelles a esté faitte par ledit Antoine Enjalvin lequel offre de faire fere ledit nouveau compoix paier l’arpanteur et estimatteurs et faire deux livres de compoix et le faire authoriser le tout à ses frais et despans pour et moyennant le prix et somme de neuf cens livres à la charge par la communauté de paier les indicateurs... ». Le terroir qu’il s’agit d’évaluer avec soin s’étend sur la rive gauche de l’Hérault à l’Est de Pézenas dont le territoire déborde sur la rive gauche de l’Hérault, précisément à la hauteur du village d’Aumes. Situé à l’Ouest de Montagnac, il jouxte au Nord Lézignan-la-Cèbe et au Sud, Castelnau-de-Guers. Le village est assis dans un vallon qu’entourent au Nord et au Sud des collines découpées dans les marnes pliocènes, rythmées par des replats de calcaires coquillers. Ce vallon débouche sur la plaine bordant l’Hérault, étroite sur le territoire du village. L’estimation des terres est très précise, elles sont divisées en 9 catégories. A Aumes, l’évaluation de la qualité des terres est plus nuancée qu’à Castelnau-de-Guers, où seulement 4 catégories avaient été retenues. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1981

Nombre de pages

13

Auteur(s)

Josette TAUGOURDEAU-LANTZ, Simone AUBAGNAC

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf