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Description

Une chapelle Saint-Fulcran (XIVe siècle)
dans l’ancienne église des Cordeliers de Toulouse

Une dédicace toulousaine

À partir du 13 février 2006, la paroisse Saint-Fulcran de Lodève a organisé des festivités, cérémonies et conférences pour commémorer le millénaire de la mort de saint Fulcran, qui fut évêque de ce diocèse pendant 57 ans, du 4 février 949 jusqu’à sa mort survenue le 13 février 1006. Aussi, nous a-t-il paru utile d’attirer brièvement l’attention sur une dédicace au saint peu connue, autrefois située dans l’ancienne église conventuelle des Cordeliers de Toulouse et d’essayer surtout de comprendre comment le souvenir d’un évêque lodévois de l’An mil a pu parvenir, au XIVe siècle, dans le Toulousain. Alors que, comme l’a bien montré M. Henri Vidal, le culte de saint Fulcran, « fervent dans le diocèse de Lodève », est toujours resté très limité à la région et « n’a pas rayonné dans le diocèse de Maguelone […] À Montpellier comme dans le reste du diocèse, ni église, ni autel n’ont rappelé son nom ».

Au XIVe siècle, la chapelle Saint-Fulcran correspondait à la seconde chapelle nord de la nef, à partir de l’ouest, de l’église conventuelle des frères mineurs de Toulouse. On sait que les Franciscains, fixés dans la ville dès 1222, construisirent d’abord, par respect pour leur règle de pauvreté, une modeste église, encore en travaux en 1235. Mais très vite, et comme au couvent voisin des Jacobins, il y eut un projet d’agrandissement qui traîna ici en longueur : la petite église primitive servait toujours au culte en 1286. Réactivé par des dons d’indulgences accordées en 1290 et 1291, le chantier connut un nouveau souffle tant dans les parties hautes du chevet primitif que dans la nef unique, alors pourvue de 27 chapelles entre les contreforts. Selon Mme Yvette Carbonell-Lamothe, l’historienne de cet édifice franciscain disparu, vers 1320 les travaux du gros œuvre et d’agrandissement de l’église (consacrée en 1343) étaient alors achevés.

L’influence de deux anciens évêques lodévois du premier tiers du XIVe siècle ?

C’est ici qu’il faut se demander quel a bien pu être le rôle du Quercynois Jean Tissandier, né à Cahors, devenu franciscain au couvent de Toulouse et fait évêque de Lodève par son compatriote cadurcien Jean XXII (pape de 1316 à 1334), le 9 juillet 1322, à la place du dominicain quercynois Jacques de Concotz (1318-1322). Certes, il y resta peu de temps jusqu’à sa nomination, le 20 juillet 1324, au nouvel évêché de Rieux – créé en 1317 à la suite du démembrement de l’évêché de Toulouse -, dont il devait porter le titre jusqu’à sa mort survenue avant le 14 août 1348. De nos jours, Jean Tissandier est surtout resté célèbre pour avoir fait réaliser, par le « maître de Rieux », les admirables statues destinées à orner sa chapelle funéraire, dite « de Rieux », autrefois située au chevet de la grande église conventuelle des Cordeliers de Toulouse et construite entre 1333-1343. Toutes deux ont été consacrées en 1343, probablement le 9 juillet, par l’ancien évêque de Lodève, Jean Tissandier, alors évêque de Rieux (actuellement Rieux-Volvestre, en Haute-Garonne). La mention de cette consécration par Jean Tissandier est importante, car on est en droit de se demander si ce n’est pas ce franciscain mécène qui choisit la dédicace à saint Fulcran pour la seconde chapelle nord de la nef conventuelle. La chose n’est pas impossible, même si – à la différence de son successeur à Lodève, le dominicain Bernard Gui – Jean Tissandier, bien en cour à Avignon, privilégia son ordre par rapport à ses fonctions épiscopales à Lodève, où son « passage » rapide n’a guère marqué le diocèse, puis à Rieux, plus proche de son couvent […]

Informations complémentaires

Année de publication

2006

Nombre de pages

3

Auteur(s)

Jean-Pierre SUAU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf