Description
Un témoin de la Révolte du 17e en 1907 : le Commandant Louis Vilarem
Parmi les témoins de la révolte du 17e régiment de ligne, le 20 Juin 1907 à Agde, le Commandant Louis Vilarem occupe une place à part. Son témoignage, rarement cité, l’est presque toujours de seconde main et sur des détails. Or, il est, sur des points importants, en totale opposition avec les rapports des autres officiers publiés au « Journal Officiel » du 4 Octobre 1907. Le point de vue de Louis Vilarem mérite cependant d’être connu car ce chef de bataillon, à la différence de la plupart de ses collègues auteurs des rapports du 4 Octobre, a été constamment en contact avec les soldats du 17e avant, pendant et après la révolte.
Louis Vilarem naquit le 16 Novembre 1857 à Banyuls-sur-Mer (Pyrénées Orientales). Son père était petit propriétaire. Il entra à Saint-Cyr, à 19 ans, le 30 Octobre 1876 et fut successivement : sous-lieutenant au 77e de ligne le 21 Septembre 1878, lieutenant au même le 12 Décembre 1883, capitaine au 128e d’infanterie le 22 Mars 1890, capitaine adjudant-major le 6 Mai 1892. En 1907, il était en garnison à Béziers, chef de bataillon et major au 17e régiment de ligne. Les troupes du 17e de ligne étaient alors réparties entre Agde et Béziers. Le 1er bataillon se trouvait à Agde où il constituait la garnison permanente, les 2e et 3e bataillons, à Béziers. Des exercices de tir ayant souvent lieu au Cap d’Agde, les 2e et 3e bataillons avaient alors leur cantonnement provisoire dans cette ville.
Louis Vilarem commandant le 3e bataillon, était un des cinq officiers supérieurs que comptait le régiment et, à titre de major chargé de l’administration et de la comptabilité du corps, venait immédiatement après le colonel Plocque et le lieutenant-colonel Boë. Il occupait donc des fonctions importantes dans le régiment. Officier discipliné, il avait une grande autorité sur les hommes de troupe (tous les rapports sont unanimes sur ce point) mais répugnait à utiliser les punitions autorisées par le règlement militaire.
Le 17e de ligne, comme d’autres régiments en garnison dans le Midi, avait, on le sait, un recrutement régional. Cela ne l’avait pas empêché auparavant d’être requis pour des tâches de police dans le département même. En 1905 par exemple, trois compagnies du 17e avaient été envoyées à Cette lors d’une grève de charretiers à la suite de quelques incidents sur le port. Leur cantonnement dans la ville avait duré du 6 Juin au 12 Juillet. Certes, il n’y avait eu aucun affrontement avec les grévistes, cependant les hommes de ce régiment ne semblaient pas avoir, à cette occasion tout au moins, manifesté de réticences pour cette besogne ; mais, en 1907, la situation était bien différente. L’ampleur et la gravité de la crise, touchant toutes les classes de la population et en particulier les plus pauvres, étaient ressenties jusque dans les casernes de la région. Depuis le mois de mai, l’effervescence était grande dans les régiments en garnison dans les départements viticoles des Pyrénées Orientales, de l’Aude et de l’Hérault et plus d’une fois les hommes avaient chanté « L’Internationale ». […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1975 |
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Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Jean SAGNES |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |