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Description

Un scandale mondain à Béziers en 1772 :
L’assassinat de monsieur De Franc par le baron de Villeraze-Castelnau

Chacun sait l’acuité des conflits d’honneur dans l’ancienne France, terminés le plus souvent par des duels restés parfois célèbres, seuls capables de laver l’injure faite à un individu et à travers lui à toute sa famille. Mais il n’en fut pas toujours ainsi et, la lâcheté aidant, on assistait parfois à des issues sordides telle celle de l’affaire Franc-Villeraze dont les témoins ont eu un rapport étroit avec Pézenas et sa région.

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La famille de Villeraze était originaire de Béziers – où elle était fixée au moins au XVIe siècle – et appartenait, malgré ses prétentions, à une bourgeoisie qu’une heureuse évolution avait fait agréger au second ordre par le grand moyen trop méconnu de « vie noble » qui fut autrefois une grande source de considération nobiliaire.

Nul doute que la génération de la deuxième moitié du XVIIe siècle avait été déterminante pour cette consécration en donnant des serviteurs à l’Église, à l’Armée et à la Justice. La robe et l’épée voilà qui était nécessaire et suffisant !

Philippe de Villeraze, capitaine au régiment de Guyenne et pensionné du Roi avec la croix de Saint-Louis fut l’officier distingué de cette génération auquel rendit hommage la veuve Franc dont le témoignage dans le malheur et la haine nous est d’autant plus précieux ! C’est lui qui épousa, en 1715, Mlle de Boussanelle, fille du subdélégué de l’intendance de Béziers et de Mlle Esprit, fille elle-même de l’académicien biterrois, et c’est cette union qui lui permit très probablement d’obtenir, deux ans plus tard, des lettres de réhabilitation de noblesse pour toute sa génération. C’était un comble naturellement mais comme pour mieux rester mesuré on laissa tout de même la charge aux bénéficiaires de la preuve de descendance d’un certain mariage Villarase, Villaraza… Connus en Catalogne depuis le XIIe siècle et encore représentés, semble-t-il, dans la généralité de Montauban. En 1742, sentant sans doute sa mort prochaine, Philippe testa en apposant le cachet à ses armes belliqueuses (un lion sortant d’une tour) timbrées de la couronne de marquis, et décéda trois ans plus tard.

C’est son fils, Joseph Antoine, né en 1721 et qui traversa toute la révolution, qui paracheva le changement complet d’état jusque là en cours. Il épousa en 1747 Louise de Grésillemont de Marfontaine, nièce du fameux Adrien Helvétius, conseiller d’État, médecin ordinaire du Roi et premier médecin de la Reine. Les derniers obstacles pour la cour de France étaient levés désormais et ce n’est pas un hasard si cette même année, il produisit ses titres généalogiques à l’illustre Chérin pour faire examiner « l’antiquité » de sa maison et être admis à la cour. Chérin fit bien les choses, avec d’autant plus de mérite que les titres pour le XVIe et le XVIIe siècle n’étaient pas légion, et put en toute conscience après un examen officiellement scrupuleux écrire pour Joseph Antoine : « Eut l’honneur d’être présenté au Roi Louis XV et de monter dans ses carrosses de chasses avec Sa Majesté en 1747 ». Il suivit, en effet, les cinq chasses en 1747 et dut, comme tant d’autres gentilshommes, s’entasser dans une « gondole », plein d’extase dans un inconfort notoire […]

Informations complémentaires

Année de publication

1979

Nombre de pages

14

Auteur(s)

Jean-Denis BERGASSE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf