Un savant naturaliste : le montpelliérain Xavier Montrouzier (1820-1897)1, missionnaire mariste en Océanie

Parmi les missionnaires originaires du département de l’Hérault, l’on en trouve quelques-uns de la race de ceux, nombreux dans le monde, qui furent aussi des savants, spécialistes de diverses matières. Plusieurs furent des archéologues réputés, tel le P. Pargoire de Saint-Pons-de-Mauchiens, spécialiste de l’Orient, le P. François Azaïs, un capucin, de Saint-Pons de Thomières, des linguistes comme Coulbeaux et Castan… De tels hommes ont contribué à faire connaître la géographie de terres encore inconnues ou peu connues, tel le Pignanais Arbousset, missionnaire protestant au Lesotho2, à décrire les richesses de ces pays, (les mines en Nouvelle-Calédonie, par exemple), et l’histoire des contrées lointaines et de peuples ignorés ou mal connus en Europe, à leur époque. Xavier Montrouzier fait partie de ce groupe. Nous voudrions présenter son travail scientifique, après avoir décrit son œuvre proprement missionnaire.

De Montpellier en Océanie (1820-1897)

Les origines, la formation et la famille

Né à Montpellier, le 3 septembre 1820, mort en 1897, à Saint-Louis, en Nouvelle-Calédonie, Xavier est le fils de Jean-François Montrouzier et de Mélanie Chrestien. C’est un neveu du docteur Chrestien, un des médecins célèbres de la région, un des fondateurs des Conférences de Saint-Vincent de Paul à Montpellier. Xavier a deux sœurs et deux frères. Les trois garçons sont devenus prêtres. Henri est Jésuite et Gabriel, prêtre du diocèse de Montpellier3. Ce frère aîné, né à Montpellier le 10 février 1816, ordonné en 1841, va être nommé, à la suite de fréquents changements, à Sainte- Madeleine de Béziers (1842), à Saint-Joseph de Sète (1843), à Clermont-l’Hérault (1844). En février 1844, Mgr Douarre sollicitait, dans une lettre au cardinal Barnabo, une faveur faire nommer Gabriel « missionnaire apostolique », car, explique-t-il, ce personnage d’une famille respectable et frère du mariste Xavier, donne des missions dans le diocèse de Montpellier4.

On le retrouve ensuite comme desservant à Saint-Guiraud, en 1847, puis à Saint-Xiste où il est arrivé en 1848. Aumônier de l’École Normale des Filles en 1854, puis au pensionnat de l’Immaculée-Conception, à Montpellier, en 1856, il se retrouve en poste à Saint-Louis de Bédarieux, et finit comme aumônier de l’hôpital et de la confrérie des Pénitents blancs de Lodève. Il meurt en 1888 à l’âge de 72 ans.

« Gabriel était pour Xavier plus qu’un frère par le sang : il servit comme auditeur patient et sensible aux effusions assez impétueuses et tourmentées de Xavier »5.

Henri, le jésuite, est né le 10 septembre 1824.11 fait deux années de droit à Toulouse avant d’entrer au noviciat de la Compagnie le 14 octobre 1843. Il a travaillé comme canoniste et professeur de théologie et de droit canon au scolasticat de Vals, où il meurt, le 2 novembre 1872, de la fièvre typhoïde. Partisan de l’infaillibilité pontificale, il a souvent prêché sur ce thème6, un de ses sujets de prédilection.

Xavier commence ses études au collège de Saint-Affrique. Sa famille l’envoie les terminer à Paris, à Louis-le Grand. Il y obtient le baccalauréat ès lettres le 31 décembre 1839. Il se spécialise alors dans les sciences naturelles à la Sorbonne et travaille sous la direction de Marcel de Serres qui l’oriente et l’introduit dans des cercles savants. Il est préparateur de Balard. Tout jeune, il avait appris à herboriser dans les garrigues du Midi et il épingle les coléoptères. À Montpellier, le professeur Duval, doyen de la Faculté des Sciences, songeait, prétend-on, à en faire plus tard son successeur. Il est bien jeune alors. Ce qui est sûr c’est qu’il a pour son maître une grande vénération. Il rendra, bien plus tard, un hommage appuyé à son professeur de botanique un « homme vraiment savant, mais non moins modeste, qui ma donné les premières leçons d’histoire naturelle et, qui, par l’intérêt qu’il savait répandre dans ses leçons et ses herborisations na pas peu contribué à me faire aimer l’étude des êtres sans nombre que Dieu a répandus dans le monde avec autant de profusion que de variété »7. Xavier à 20 ans semble avoir sa voie déjà tracée.

En fait, il ne poursuit pas directement dans cette voie. Il entre au grand séminaire de Montpellier, en 1840. Comment va-t-il aboutir trois ans après chez les maristes du père Colin Par suite dune rencontre. Lors de ses études ecclésiastiques, en 1842, il a l’occasion de parler avec le père Dubreul, un membre de cette jeune congrégation, de passage à Montpellier. Ils causent des missions étrangères. Ce dialogue est pour lui décisif ; c’est décidé, il demandera son admission au noviciat des Maristes le 30 décembre 1843. Il y fait sa profession religieuse le 22 septembre 1844. Il a reçu l’ordination sacerdotale à Bourg, le 14 juillet 1844. Devenu missionnaire, il va vivre 52 ans en Océanie, aussi actif pour évangéliser que pour poursuivre son travail de naturaliste.

Les difficiles débuts de sa carrière de missionnaire

Débarqués à Balade, en Nouvelle- Calédonie, le 21 Décembre 1843, sous la direction de Guillaume Douarre, les premiers missionnaires maristes de cette région étaient les envoyés de Mgr Bataillon, chef d’un district ecclésiastique comprenant toutes les îles, de la Nouvelle-Calédonie aux Îles Cook. En 1847, ce territoire énorme est scindé: Rome sépare la Nouvelle Calédonie du reste du district et l’érige en Vicariat Apostolique.

Désigné pour les missions d’Océanie, Xavier part, de Londres, le 2 février 1845, avec Mgr Epalle, comme pro-vicaire. Il na pas encore 25 ans. Pack O’Reilly le présente comme « un petit méridional noiraud, dégourdi, vif, intelligent et méthodique ». Il fait partie d’un groupe de quatorze missionnaires, pères et frères, à destination des îles Salomon. Ils font escale à Sydney, vers le 23 ou le 25 juin, où deux confrères les attendaient ; puis, fin octobre, ils font voile vers la destination prévue. Le 1er décembre, ils arrivent à San Christoval. Mgr Epalle décide daller vers l’Île Santa Isabelle où ils mouillent le 12 décembre 1845, dans la baie de l’Astrolabe.

Xavier Montrouzier
Fig. 1 Xavier Montrouzier, « Ce petit père au long nez, à l'air chétif, très versé dans les langues canaques, un puits de science, et qui possédait des connaissances les plus variées dans l'ordre des choses pratiques » 8
Les Îles Salomon
Fig. 2 Les Îles Salomon

Le 16 décembre 1845, l’évêque, deux pères et un frère descendent sur le rivage. C’est alors que le chef des Indigènes frappe le vicaire apostolique de sa hache.

Le massacre de Mgr Epalle

« Prosper a dit : Mais ces gens-là sont prêt à combattre. Monseigneur a répondu : « C’est vrai ; les matelots auraient dû prendre leurs armes ; et il a fait quelques pas du côté de la barque, mais déjà il était environné dune dizaine de naturels. Prosper et moi, nous avons vu aussitôt un grand coup de hache tomber sur la tête de Notre Évêque : il a été porté des deux mains et par derrière par un sauvage d’une taille très moyenne. À ce coup, tous les indigènes ont poussé un horrible cri de guerre. Monseigneur resté debout laisse échapper un cri de douleur en portant les deux mains sur sa tête… Prosper dit avoir vu frapper le second coup de hache qui a renversé Monseigneur par terre… J’ai dans mes bras le corps de mon évêque, à demi nu, baigné de son sang, le crâne ouvert par plusieurs blessures qui lui laissent à découvert sa cervelle toute sanglante… Le Père Frémont, avec Prosper, accourt à moi ; nous portons ensemble le corps de notre premier évêque et de notre premier martyr. »9

Mgr Epalle mourra le 19 décembre. Il sera enterré ce même jour sur l’Îlot Saint-Georges par les missionnaires présents pour que son corps soit protégé.

Premier séjour en Nouvelle-Calédonie

Dans une lettre du 13 août 1846, écrite à ses parents de Port-Balade10, le P. Xavier leur rappelle que dans son premier courrier11 il leur décrivait son arrivée en Nouvelle-Calédonie. Il avait quitté San-Christoval (Salomon) « où la malignité des fièvres s’unissait à la férocité des habitants pour nous consumer ». Au départ, il craignait que la conduite des indigènes d’Isabelle qui ont massacré Mgr Epalle ne déteigne sur ceux de la Nouvelle-Calédonie. « Mais ceux-ci n’ont cessé de maudire la conduite de leurs congénères ». Le lendemain de son arrivée à Port-Balade, au nord de la Grande île, il accompagne son évêque, Mgr Douarre (1810-1853), vicaire apostolique de la Nouvelle-Calédonie de 1842 à 1853, évêque titulaire d’Amata et coadjuteur de Mgr Bataillon, à Puébo12, voir une propriété pour y fonder un établissement pour 4 000 membres de la tribu qui habite ce coin.

Mgr d’Amata doit alors se rendre à Sydney. Le père Rougeyron et le père Xavier se préoccupent de faire des plantations : ignames, taros, bananiers, canne à sucre, choux, haricots et autres plantes potagères pour leur subsistance. Ils commencent l’exercice du « saint ministère ». Montrouzier raconte une histoire amusante : comme il ne connaît pas encore l’idiome du pays, il lit un texte inscrit sur un cahier en langue du pays. Les indigènes admirent la vitesse avec laquelle il a appris à parler leur langage, sans se rendre compte qu’il déchiffre un texte. « Voilà un échantillon, commente-t-il, de la simplicité de nos sauvages ».

La Nouvelle-Calédonie
Fig. 3 La Nouvelle-Calédonie
Mgr Douarre
Fig. 4 Mgr Douarre

Comment se fait alors l’évangélisation ? Le missionnaire s’arrête dans un village, voire une maison, il réunit les habitants, puis il fait avec eux le signe de la croix, récite la prière commune (Pater, Ave, credo, actes de foi, d’espérance, de charité et de contrition, invocation à l’ange gardien). Es les interroge ensuite sur le catéchisme, les instruit de quelques nouveaux points du dogme, leur fait chanter un cantique et leur demande sil y a des nouveaux-nés qu’il baptise et des malades qu’il prépare à la mort13. Il décrit la joie que procure ce ministère : « Le croiriez-vous, on trouve parfois dans ces sauvages des dispositions telles qu’on rien est pas moins étonné qu’attendri ».

Il raconte aussi comment la tempête a été apaisée lors du retour de Sydney de l’évêque, après deux mois d’absence. Mgr d’Amata distribue pour la première fois la communion à un Nouveau-Calédonien. Il s’agit de Fiji qui va devenir Louis. Ensuite, notre héros part avec son évêque dans l’intérieur des terres. Il décrit le paysage et les gens rencontrés au cours de cette expédition vers l’intérieur : « Nous avons fait un voyage fort intéressant ; il est vrai que la fatigue ne nous a pas manqué : outre que nous avons fait au moins dix lieues par jour, par des sentiers rudes et escarpés, nous avons eu à souffrir la faim, parce que nos guides nous avaient dérobé en partie nos provisions… Nous avons reconnu que le pays offre à ses habitants de grandes ressources ; car nous avons trouvé une mine de cuivre, des traces de fer et de charbon, et une source minérale. Comme amateur d’histoire naturelle, j’ai eu le plaisir de voir des fleurs nouvelles, des oiseaux au plumage varié, et une grotte admirable où j’ai sans doute été le premier à entonner une hymne à Marie »14.

Dix jours après, la corvette la Seine fait naufrage en se brisant sur un récif. Les missionnaires recueillent tout l’équipage. Ils remercient le ciel d’avoir assez de provisions pour nourrir tous les naufragés. Le P. Xavier fait remarquer que le sou de la Propagation de la Foi, recueilli principalement en France, a été la première et la seule ressource d’un équipage français, échoué sur des côtes naguère inhospitalières et « encore aujourd’hui habitées par des cannibales ! »

Les Calédoniens, selon ses dires, sont bien à plaindre leur misère est extrême. Pour vivre, ils sont obligés de chercher sur les montagnes de mauvaises racines, et sur la plage des coquillages bien coriaces. Ils sont constamment en alerte à cause de leurs ennemis qui ne leur laissent ni trêve ni repos, qui ravagent leurs propriétés et les tuent eux-mêmes pour les manger. Avec cela, comment obtenir un grand succès parmi eux ? « Pour moi j’ai confiance et je suis heureux, car j’ai l’assurance que je suis où Dieu me veut et tous les jours j’apprécie de plus en plus la grâce qui ma été faite de consacrer ma vie au bien être physique et moral de tant d’hommes ».

La blessure du P. Montrouzier

Le groupe revient ensuite aux Salomon, à San Christoval, précisément, Le 10 janvier 1846, il débarque à Port-Sainte-Marie, près du village d’Oné. C’est là que peu après leur arrivée, le P. Xavier reçoit une sagaie dans le dos : six pouces de bois restèrent figés dans la plaie. Quelles furent les circonstances de cet attentat ? Des matelots du Marian-Watson ayant insulté un indigène, celui-ci décida de se venger sur un blanc. Il resta tapi durant trois jours en attendant l’occasion. Un soir, le P. Montrouzier alla se promener le long de la rivière. Tout à coup il vit se dresser devant lui un canaque armé. Ses cris alertent ses confrères. Le P. Verguet, son compagnon audois, arrive le premier près du blessé qui pensait mourir du coup reçu. Le médecin du bord trouva la blessure très grave. Impossible de retirer ces fragments de bois qui sortiront peu à peu de la plaie. Il restera alité du 5 au 22 février. Le 27, il annonce à ses parents qu’il va tout à fait bien. Mais ses supérieurs décident de l’éloigner du lieu de l’attentat, pour quelque temps au moins.

Nouveau séjour en Nouvelle-Calédonie (1846)

Ce territoire, où il était déjà passé lors de son arrivée dans les Îles, n’était pas la mission auquel il était destiné. C’est cependant vers cette terre qu’on le rapatrie, il résume ainsi son séjour : « Conduit accidentellement en Nouvelle Calédonie à la suite des aventures de l’Île Isabelle, j’ai passé dix mois dans cette île où j’ai conféré le baptême à plus de cinquante enfans et à une vingtaine d’adultes et maintenant le R.P. Collomb, successeur nommé de Mgr Épalle, me ramène dans le vicariat de la Mélanésie… Maintenant de nouveaux ordres me rappellent aux îles Salomon, sans que je sache dans quelle île j’irai porter ma tente de pèlerin. » Et de préciser : « Je n’avais pas un seul instant eu la pensée de me séparer de la mission des îles Salomon… et le 11 février 1847 nous avions le bonheur de serrer dans nos bras nos chers confrères de Maquira. »15

Le retour à San Christoval (février 1847).
Le massacre de trois confrères

Les Pères Jean-Marie Paget et Claude Jacquet, et le frère Hyacinthe, vont mourir le 20 avril, frappés par les haches et les lances des habitants. C’est après le décès d’un jeune confrère, le P. Crey, à 34 ans, que se produit ce drame sanglant. Ces trois missionnaires avaient décide daller préparer une nouvelle installation à Ouango. II leur fallait pour cela traverser le territoire des Toros. Es vont laisser leur vie dans cette expédition. Nous avons le récit de cet événement sous la plume de Xavier Montrouzier lui-même :

« A neuf heures du matin, je vis passer devant la maison un naturel d’Oné qui criait avec effroi : maté, maté ! – c’est ce mot qui exprime l’idée de mort violente. J’appris qu’il voulait parler de nos confrères massacrés. La nouvelle était accablante. Les Toros, non content d’avoir tué trois des nôtres, avaient envoyé des émissaires chez les Onés pour les exciter à se débarrasser aussi de nous et à piller nos effets… » Les missionnaires, d’abord bien reçus par les Toros, furent ensuite agressés. « Le P. Paget reçut un coup de lance dans la poitrine; le P. Jacquet eut la tête abattue d’un coup de hache ; le F. Hyacinthe frappé d’une lance qui glissa sur le corps fut achevé… J’offris tout ce qui pouvait tenter leur cupidité (pour récupérer leurs corps). Tout fut inutile. Sans doute qu’à cette heure leurs crânes sont exposés dans les solives des cases en signes de trophées ! »16

L’affaire n’est pas finie. La menace persiste. « Un jour, à deux pas de la maison, deux flèches furent tirées sur notre frère jardinier ; heureusement, elles ne l’atteignirent point. Mais évidemment la soif du sang n’était pas satisfaite. » Du coup, les missionnaires coupèrent les herbes et les buissons qui entouraient leur logement et attachèrent des grelots au cou de leurs deux chiens pour témoigner de leur vigilance. Chaque soir, ils plaçaient à chaque face de leur logis une lanterne allumée et ils veillaient toute la nuit. Le 28 août, fut annoncée l’arrivée d’un navire et le lendemain, débarqua le vicaire apostolique, Mgr Collomb, qui leur raconta ce qui s’était passé à Balade et à Puébo. La situation n’y était pas moins dangereuse. Elle sera jugée intenable en Nouvelle-Calédonie. On quitte le pays. Va-t-on suivre le même chemin à San Christoval ?

L'abandon de la mission des Îles Salomon, septembre 1847

Mgr Collomb et les Pères, ayant jugé la situation trop dangereuse, prirent alors une décision analogue. « La place n’était plus tenable dans cette île où les élémens s’unissaient aux hommes pour nous consumer. Nous voyions tous les jours nos forces s’affaiblir sans profit pour les âmes et, dans notre double vicariat, des îles sans nombre semblaient nous tendre les bras. Nous nous sommes décidés, à regret, à quitter les Salomon pour aller à Woodlark dont on nous dit beaucoup de bien. »17

Une case indigène aux îles Salomon
Fig. 5 Une case indigène aux îles Salomon

Le séjour à Woodlark (septembre 1847-juillet 1851)

Le 3 septembre, ils quittent San Christoval, accompagnés de nombreuses pirogues dont toutefois aucune ne fait de démonstration hostile. Ils se dirigent vers Woodlark, petite île découverte depuis peu par un Anglais Ce territoire, connu aussi sous le nom de Muyuw ou Murua, se trouve dans la Province de Milne Bay, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Après avoir trouvé un lieu à leur convenance, le 23 de ce mois, ils commencent les travaux de construction de la maison. Le Père est fréquemment malade : « La fièvre ne m’a pas encore quitté. Je la prends assez souvent, et je suis encore faible, mais c’est, je crois, un reste des fatigues et des veilles de San Christoval et du mal de mer. » Malgré tout, il assume ses fonctions de supérieur pendant 4 ans, avant de retourner à Sydney en 1851. Les débuts sont pénibles. « Les premiers mois se sont passés ou à souffrir de la fièvre, ou à étudier la langue. Pourtant nous n’avons pas tardé à commencer le catéchisme et à réunir auprès de nous les enfants. »18 S’initier aux idiomes locaux est un travail sérieux et difficile. Le P. Montrouzier en est déjà à son troisième apprentissage. « Cette étude sans interprète, sans dictionnaire, sans grammaire, puisque nous devons nous tenir à nous-mêmes lieu de tout cela, est d’autant plus laborieuse que chaque île a une langue différente, et souvent même on trouve plusieurs dialectes dans la même île. Après un mois d’étude linguistique nous eûmes la consolation de pouvoir dire à nos sauvages quelques mots de notre sainte religion ». Mais comment faire passer des idées abstraites ? Les pères commencent par leur parler de la création à partir de la nature et ils leur apprennent les prières familières en latin et des cantiques. Ils leur font réciter quelques dizaines du chapelet19. Ils font aussi la classe aux enfants, « doués d’une intelligence rare » et d’une excellente mémoire.

La mort de Mgr Collomb à Rook (16 juillet 1848) et la nouvelle charge du P Montrouzier

Le vicaire apostolique avait décidé d’aller fonder une nouvelle mission. Il choisit l’Île de Rook, centre d’un petit archipel à quelques lieues de la Nouvelle-Guinée. Mgr Collomb y meurt, épuisé par les fièvres, les persécutions et le manque de soins20. Le P. Montrouzier devient alors pro vicaire de la Mélanésie et de la Micronésie, c’est-à-dire qu’il endosse la responsabilité de tout ce territoire en lieu et place d’un évêque. À ce titre, il est amené à prendre des décisions, plus ou moins contestées par certains de ses confrères faut­il quitter Rook et, ouvrir un deuxième poste à Woodlark ? Il rappelle au Père Colin son peu de capacité pour le gouvernement : « Mon caractère âpre et caustique me rend tout à fait impropre à être supérieur. Dieu ne m’a pas accordé le don de gagner les cœurs. Je gémis de ce vice auquel j’essaie en vain depuis longtemps de remédier. D’où il suit qu’il me semble nécessaire de charger un autre du flux horrible de la mission. Je vous prie, mon révérend père, et pour le bien de la mission et pour le bien de votre enfant… de me décharger au plus vite. »21 En septembre 1850, il précise à Henri : « Depuis la mort de Mgr Collomb, (16 juillet 48) c(‘est) à d(ire) depuis plus de deux ans, je suis chargé de la mission et mes épaules plient sous le fardeau. Tu n’as peut-être pas songé aux difficultés d’une mission naissante. Outre la connaissance qu’il faut avoir des naturels, de leur langue, il faut encore bien des connaissances pour ne rien établir de contraire aux règles canoniques. » Finalement, ses supérieurs obtiennent que la charge soit confiée au P. Frémont. Xavier est heureux de lui remettre ses pouvoirs, sur l’heure.

Nouveau séjour à Sydney (août 1851-Janvier 1853)

Le nouveau préfet apostolique juge à propos d’envoyer à Sydney quelques jeunes gens pour ouvrir leur esprit. Il charge Xavier de les accompagner. « Cette tentative peut, à mon avis, faire le plus grand bien et opérer une révolution dans les idées de nos sauvages, et Dieu la bénit. Ils reviendront, espère-t-on, en apportant des idées plus exactes sur les missionnaires catholiques et la vie hors de leur île. » Le 7 août 1851, il écrit : « Je suis arrivé à Sydney avec toute ma troupe de sauvages qui sont en nombre de huit, en fort bonne santé… À quelques lieues de Woodlark, aux îles Laugland22, on a voulu nous attaquer pour s’emparer de nos vivres. Le complot était ourdi, les postes étaient assignés, chacun de nous avait à faire à deux assassins chargés de le tuer. Par bonheur un de nos enfants a entendu quelques mots qui lui ont fait comprendre le danger. Il m’a prévenu à temps. »

Ce séjour en Australie va être pour lui une croix. Il craint qu’on ne le charge de la procure, c’est-à-dire des affaires matérielles et financières des missions d’Océanie, et que ce poste lui soit attribué pour plusieurs années. Or ce n’est ni sa vocation ni son goût. « Je suis, hélas !, toujours à Sydney, fort occupé à ne rien faire et à m’ennuyer horriblement. », écrit-il à ses parents, en novembre 1852. « La raison en est pourtant simple. Il est vrai qu’ici je n’ai rien à craindre des sauvages, peu de privations physiques à supporter. Mais, si j’eusse voulu avoir une position tranquille, agréable, je ne vous aurais pas quittés. Je suis venu en Océanie pour chercher du travail, des âmes, et ici je n’ai absolument rien à faire ; je promène mon caractère de prêtre. Si donc vous m’aimez d’un amour bien entendu, priez afin que je puisse bientôt retourner en mission, pour y trouver ce que je suis venu chercher. »23 En fait, nous apprendrons plus tard que ce séjour a été très important pour son travail scientifique. Il profite de son séjour à Sydney pour continuer à étudier l’anglais « qui aujourd’hui est indispensable dans nos îles à cause des relations qu’on a avec les navires. Puis, comme il ne serait pas impossible que je fusse envoyé avec Mgr d’Amata, il serait fort bon qu’il eût un ou plusieurs missionnaires qui pussent se mettre en rapport et même exercer le saint ministère auprès des Anglais qui vont prochainement prendre possession de la Nouvelle Calédonie pour y déporter leurs convicts ». Un témoignage des bruits qui courent.

Hôpital de l’Île Nou
Fig. 6 Hôpital de l’Île Nou
Une messe à l’Île Nou
Fig. 7 Une messe à l’Île Nou

Le retour en Nouvelle Calédonie (janvier 1853)

À cette même époque, les affaires des missionnaires installés en Nouvelle-Calédonie ne vont pas beaucoup mieux. Les habitants des deux premières localités occupées par les missionnaires, Balade et Puébo, en détruisant leurs demeures et en brûlant les églises, les ont obligés à fuir par deux fois, La mission semblait condamnée – Mgr Douane avait même été nommé aux Samoa par la Propagande -. Finalement, les pères quittèrent le nord de l’île en ébullition, emmenant avec eux certaines de leurs ouailles. Sous la protection française, ils purent s’installer près de Nouméa. ils formeront une partie de la population de deux villages : La Conception et Saint-Louis24.

Le Père Montrouzier va enfin pouvoir quitter Sydney pour rejoindre la Nouvelle Calédonie, car les Maristes se retirent de Woodlark. Il fait élection de ce pays comme le montre une lettre au P. Colin le 17 janvier 1853 : « Je crois vous avoir donné autrefois les raisons qui me font préférer la mission de la Nouvelle-Calédonie à toutes les autres de l’Océanie. Ces raisons m’étaient personnelles. Il s’enjoint aujourd’hui une autre plus élevée que je pressentais depuis longtemps sans oser l’exprimer, mais que les événements passés depuis peu dans le centre me permettent de faire valoir. Il me semble que les échecs de nos missionnaires à Tonga, à Fidji, à Rotuma, leurs luttes incessantes avec les protestants aux Samoa, la protection ouverte ou cachée qu’accorde l’Angleterre aux Méthodistes, Indépendants25 etc., doivent nous faire comprendre que puisque nous ne pouvons être partout, nous devons choisir. Je rentre en mission, sachant un peu que tout n’y est pas rose, mais bien persuadé aussi qu’on vous a bien exagéré nos misères et que la position n’est pas intenable ; sachant que la conversion d’une île n’est pas l’affaire d’un jour, mais bien certain qu’un missionnaire avec de la bonne volonté fait toujours du bien. Pour tout dire en un mot, bien éloigné de cet esprit d’enthousiasme qui m’a animé quand je suis parti d’Europe, et de cet esprit mille fois pire de dégoût, d’inquiétude qui a tant fauit calomnier nos pauvres missions et qui a fait tant de tort à nos malheureux sauvages des pays où nous n’aurons à lutter qu’avec le paganisme. Dieu me garde de détourner qui que ce soit des missions de l’Océanie centrale !, mais mon opinion est que, si on avait travaillé dans nos îles de la Mélanésie avec le même nombre d’ouvriers, on eût fait davantage. »26

Le voyage vers la Nouvelle Calédonie commença le 19 janvier 1853. Les retrouvailles avec ses anciens convertis de Balade furent pour lui un immense bonheur : « Je ne saurais vous dire, mes chers parents, la joie que j’éprouvai quand je revis mes anciens paroissiens. Tous ces enfans que j’avais vus tout petits étaient grandis… Les quatre adultes que j’avais solennellement baptisés, Augustin, Antoine, Marie et Magdeleine, avaient persévéré et montré plus que du dévouement aux missionnaires. Magdeleine que j’ai ainsi nommée en l’honneur de ma mère est une excellente catéchiste. Elle sait lire et le P. Forestier lui apprend à coudre, à filer, etc. Quant au matériel, Balade n’est plus ce que j’avais vu. L’ancienne maison avait été brûlée. A la place, depuis leur retour, les missionnaires avaient élevé une église bien pauvre… mais où Dieu est loué et béni… Ce qu’il y a de mieux, ce qui m’a le plus convenu à Balade, ce sont les excellents confrères que J’y ai trouvés ». Il y a maintenant dans cette localité plus de cent trente chrétiens adultes. Le grand chef est converti…. Le dimanche s’observe bien. On vient à la messe, au chapelet, à la prière du soir ; il y a instruction. Tous les matins la prière et la sainte messe se disent à l’église, y assiste qui veut et qui peut. L’angélus se sonne régulièrement. Les chrétiens sont décemment vêtus avec une ceinture qui prend des reins et va jusqu’aux genoux. « Nous avons un certain nombre de catéchistes, hommes et femmes, qui vont dans les tribus apprendre la lettre du catéchisme et nous informent quand il y a quelque chose d’extraordinaire. En même temps que nous travaillons à la conversion des naturels, nous visons aux moyens de rendre leur existence ici bas moins misérable. Le P. Vigouroux, avec une patience admirable, forme des laboureurs. Le P. Forestier s’industrie de son côté pour apprendre aux femmes à coudre, à filer. Quant à Mgr… il est plein d’activité; il voudrait être partout, mais ses forces ne répondent pas à son zèle. 27 Il a été obligé de s’arrêter. Il se croit poitrinaire. »

La mort de Mgr Douarre (27 avril 1853)

Le 27 avril 1853, on retrouve Xavier au chevet de Mgr Douarre. Le 1er mai, dans une longue lettre au P. Colin, il décrit les derniers moments de l’évêque. « C’était vers trois heures du matin, le mercredi vingt sept avril. Le p(ère) Rougeyron lui donna au même instant une dernière absolution. Nous revêtîmes notre évêque de ses habits pontificaux, nous l’exposâmes dans l’église, nous récitâmes l’office des morts auprès de son corps, nous offrîmes le saint sacrifice pour le repos de son âme et lui fîmes les obsèques les plus solennelles que nous pûmes ». Xavier est alors nommé supérieur de la mission. Il faut la réorganiser on va conserver les cieux établissements de Bainap et de Puepo. C’est alors que la situation politique va modifier les données de la mission la Nouvelle-Calédonie devenait française. Le Père Montrouzier eut-il part à cet événement ?

Naissance de la colonie française (1853)

La prise de possession de la Nouvelle-Calédonie par la France eut lieu le 24 septembre 1853 à Balade. Les premiers missionnaires avaient planté le drapeau français sur leur case. Mais les autorités politiques n’avaient pas fait acte de prise de possession sur ce territoire. Après s’être fait confirmer par les missionnaires que les Anglais n’avaient pas mis la main sur l’Île et ses dépendances, le Contre-amiral Febvrier-Despointes en prit possession au nom de l’Empereur Napoléon III. Huit missionnaires ont signé cet acte officiel.

« On était le 24 septembre 1853. La matinée fut consacrée par le capitaine du Phoque à opérer une reconnaissance de la rade et de la grande passe des coraux de ceinture. Pendant ce temps, le chef d’état-major disposait toutes choses, à la mission, pour la prise de possession. […] Vers midi, l’amiral quitta le bord. Il était accompagné de son état-major général et de l’état-major du Phoque, d’un détachement de vingt hommes armés et pourvus de munitions, sous les ordres d’un enseigne de vaisseau. […] On arrive à la mission, on prit place solennellement. L’amiral avait à sa droite le chef d’état- major, tenant à la main la hampe d’un drapeau. A sa gauche, le capitaine du Phoque, chargé du commandement du détachement en armes et des canots armés en guerre. [… ] Alors d’une voix vibrante, le commandant en chef prononça les paroles solennelles suivantes : « Aujourd’hui, 24 septembre mil huit cent cinquante trois, à trois heures de l’après-midi, en vertu des ordres de mon gouvernement, je prends officiellement possession, au nom de l’Empereur et pour la France, de l’Île de la Nouvelle Calédonie et de ses dépendances, sur laquelle je fais arborer le pavillon national (levée du pavillon national en tête de mât de la mission), et je déclare à tous qu’à partir de ce jour cette terre est française et propriété nationale. »

Après que l’assistance se fut dispersée, à l’intérieur de la mission, l’amiral fit lire et compléter le procès-verbal qui fut signé de tous les officiers et les pères missionnaires présents. Le Père Montrouzier n’y figure pas.

La prise de possession de l'Île des Pins (29 septembre 1853)

Nous retrouvons le P. Xavier le lendemain de cette signature. Accouru à Balade, d’une station voisine, il déclare : «Amiral, vous n’avez pas un moment à perdre si vous voulez devancer les Anglais à l’Île des Pins. Je viens d’être informé que le Hérald est en route pour y arborer le drapeau britannique »28. L’Amiral ordonne qu’on s’y rende sur le champ. Quand le Phoque arrive à l’île des Pins, en face de la mission de Nazareth, le navire anglais est déjà présent. Mais c’est avec soulagement que les Français découvrent que le commandant Denham n’est là que pour des relevés hydrographiques, dans le but de faire de l’île des Pins une station de ravitaillement en charbon pour les navires faisant la ligne Sydney-Panama. Le chef de l’île avait promis au père Goujon de ne traiter qu’avec la France. À l’arrivée du bateau britannique, il se retira à Gadji pour ne pas rencontrer les Anglais qui voulaient acheter l’Île. Le 29 septembre 1853 eut lieu la prise de possession solennelle de ce territoire. Avec l’accord du chef des Kuniés, Vanciegou, les Français hissent les couleurs sur le toit de la mission et sur sa case. En contrepartie de cette acceptation, il lui fut promis une pension dont la France s’acquitta mal. L’amiral lui avait affirmé : « La France n’a pas besoin de l’île des Pins. Mais ayant pris la Nouvelle Calédonie, elle ne peut vouloir que les Anglais s’établissent en maîtres chez vous. A l’ombre du drapeau français, qui vous protégera, vous serez toujours chef à l’île des Pins… »29. En 1871, cette île sera affectée à la déportation simple.

Le 14 février 1854, le Moniteur Officiel consacre quelques lignes à la prise de possession de cette terre lointaine, dans l’indifférence générale : « La Nouvelle Calédonie est un excellent point d’appui, mais on ne connaît pas encore assez sa valeur pour tirer parti de ses ressources agricoles et minérales et y jeter les premiers fondements d’un pénitencier… »30

Suite de la carrière de missionnaire du Père Montrouzier

À l’arrivée du gouverneur français, en 1855, il est le premier prêtre à habiter à Nouméa. Il commence la mission à Belep31 en 1856, où il reste deux ans avant de fonder la mission de Lifou clans les Îles Loyauté. Il y arrive avec le P. Palézy, le 11 novembre 1858. Il y reste huit mois. On le trouve ensuite à Hiengène, puis à Kanala, qui sera son centre durant plusieurs années, alors qu’il voyage à travers l’île. Il décrit à son correspondant bordelais les tribulations qu’il y subit : « Avant-hier, un de nos braves indigènes, sans doute pour m’envoyer au ciel, décochait sur moi une lance ; il ma manqué et s’est enfui. » Pourquoi cet acte d’hostilité ? Xavier en donne une explication : « C’est parce que nos Calédoniens s’aperçoivent bien que la prise de possession de leur île est, pour eux, la perte de leurs terres, de leurs usages et alors, ils en veulent à tous les blancs »32. Belle preuve de réalisme ! Ce n’est pas la seule fois, où il se trouve en danger. Le 25 avril 1862, dans l’Île d’Art, « la mission a été attaquée par les tribus voisines encore païennes. Plus de quinze cents naturels l’ont cernée et s’en sont rendus maîtres. Tout a été pillé, saccagé, brûlé. Nos bestiaux ont été égorgés, nos arbres fruitiers, coupés ». Arrivent alors trois embarcations européennes. « Nous sommes sauvés, mais c’est tout ». Les risques ne sont jamais bien loin c’est la troisième fois, au moins, que sa vie est en danger.

On le retrouve ensuite à Nouméa, où il est aumônier de la garnison. Le nouveau gouverneur, M. Saisset, fonde un jardin d’acclimatation et institue un comice agricole, dont le P. Montrouzier et le P. Forestier seront membres.33 Le 24 février 1875, le gouverneur général cède à la mission catholique un terrain pour y fonder, à titre perpétuel, un établissement catholique secondaire34. Le lendemain est posée la première pierre de l’église35. Le 11 avril 1875, le Père Montrouzier figure parmi les personnalités qui se rendent au débarcadère pour recevoir l’évêque, Mgr Vitte, qui vient célébrer la messe pour les « transportés »36, dans les jardins de l’hôpital. Deux gravures publiées dans la Revue de Missions37 illustrent ce lieu et cette journée (Fig. 6 et Fig. 7).

Le jour suivant, incident tragique, un détenu met le feu à la maison des sœurs et des enfants.38 En 1889, aura lieu la première ordination locale, faite dans l’église Saint-Louis39.

Le Père va passer presque tout le reste de sa vie à Belep, mission qu’il avait fondé avec le P. Lambert40, en janvier 1856. Nous savons par Mgr Vitte comment il y est retourné, après un séjour auprès de lui. À l’occasion du décès accidentel du P. Bernard, dans une lettre écrite le 23 juillet 1876, l’évêque nous en donne le détail. Belep, dit-il, est aujourd’hui un archipel peuplé d’à peine 350 « naturels ». Lors de son arrivée en Nouvelle-Calédonie, deux missionnaires résidaient clans ces îles. Mais le manque de personnel et les difficultés de communications avec ce lieu conduisirent l’évêque à les retirer. Il tenta de faire venir les Bélépiens catholiques dans la grande île. Le P. Montrouzier qui « en grande partie, avait enfanté ce peuple à Jésus-Christ, me supplia, les larmes aux yeux de le renvoyer seul au milieu de ses enfants. Sa générosité excita la mienne, et bien qu’il fût secrétaire général du vicariat, malgré l’appui considérable que je trouvais dans ses talents et sa vertu, je le cédais à Belep, en lui promettant de le faire visiter trois ou quatre fois par an. Dans ce but, un petit bateau ponté, qui avait coûté trois mille francs, fut donné par le vicariat à la station de Bondé, et l’un des pères de cette station fut chargé de visiter, en temps voulu, le solitaire de Belep »41

Le Père Xavier mourra, 21 ans plus tard, à Saint-Louis, le 16 mai 1897, à l’âge de 77 ans. Il y vivait retiré depuis 1893. Il laisse une réputation que lui vaut son travail de missionnaire, mais aussi ses activités scientifiques qui intéressent encore les chercheurs actuels, témoins les écrits qui ont été publiés sur son œuvre. Penchons-nous un peu sur elle.

Un savant missionnaire

Le Père Xavier est un naturaliste à la vaste palette. P. O Reilly dira de lui : « Il saute de la botanique à la zoologie, de la conchyliologie à la géologie ». Il a reçu une sorte de mission à son départ de Paris. Apprenant sa destination, Arago le fit venir et lui demanda son concours au nom de l’Académie des Sciences. Xavier lui promit d’envoyer tous les documents scientifiques qu’il pourrait recueillir sur les régions qu’il allait évangéliser. Son supérieur général, le P. Colin, approuve cette décision. De passage au Cap, il s’intéresse au museum d’histoire naturelle. Puis, durant les cinq mois qu’il patiente à Sydney, il fréquente le parc dit botanic-garden. Il va herboriser avec le P. Verguet, un Carcassonnais, qui, lui, dessine. Il se lie avec des naturalistes connus grâce au consul français du lieu, M. Paramond, qui est de Pézenas, et dont la famille est liée à celle des Montrouzier. À peine arrivé en Nouvelle-Calédonie, il montre son intérêt pour ces questions. En 1846, il expose, dans sa deuxième lettre à ses parents, ses premières découvertes : « Nous avons trouvé une mine de cuivre, des traces de fer et de charbon et une source minérale. » « L’amateur d’histoire naturelle », comme il se désigne lui-même, décrit le plaisir qu’il a à trouver des fleurs nouvelles, des oiseaux au plumage varié.

Par suite des fâcheux événements déjà rapportés, Montrouzier va se retrouver en résidence à Sydney durant près d’un an et demi, d’août 1851 à janvier 1853. Il rencontre dans cette ville les principaux savants naturalistes et collectionneurs qui y sont installés. Il en profite pour consulter les ouvrages de base qu’ils détiennent. Fort de toutes ses recherches personnelles et de ses acquis, il va entreprendre un véritable travail de classement en créant une série d’herbiers conséquents. Il envoie des éléments de ses collections en Métropole. Certaines de ces pièces seront perdues, parfois jetées par-dessus bord. Une partie de ce trésor botanique parviendra au Museum d’Histoire Naturelle à Paris, une autre, à Lyon, une dernière à l’institut de Biologie de Montpellier42. Ce dernier herbier, qui existe toujours en ce lieu, se compose de sept cartons, recélant 663 plantes, avec leur identification et leur provenance. Elles sont originaires de plusieurs régions du monde Nouvelle-Calédonie, Indes orientales, Australie, la Réunion, Île Maurice… Les a-t-il cueillies lors des escales dans ces divers pays ? Il s’en fit envoyer certaines.

Il publie aussi diverses notices telles que « La Flore de l’île d’Art » dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Lyon en 186043. Puis Un essai sur la faune entomologique de la Nouvelle Calédonie (Balade) et des Îles Pins, Art, Lifou (1860) et un autre article : Essai sur la faune entomologique de Kanala, 1864. Le P. Xavier s’occupe aussi de coquillages : dans l’une des salles du Museum, appelée Montrouzier, se trouve la collection de coquillages de Nouvelle-Calédonie des P. Montrouzier et Lambert, ainsi qu’une collection de polypiers.

Installé comme missionnaire à Kanala, il s’adonnera à la recherche sur les papillons. Il est à l’origine de la première description des spécimens calédoniens Il baptise les nouvelles espèces découvertes Un autre spécialiste de cette science, Boisduval44, nomma et décrivit les espèces calédoniennes, dont le célèbre papillon bleu métallisé à qui il donna le nom du missionnaire montpelliérain papilio montrouzieri45. « Papillon vedette, le Papilio montrouzieri, est un porte-queue que l’on rencontre ordinairement à l’orée des forêts primaires, en bordure des chemins Le montrouzieri aime particulièrement le nectar des fleurs de lantanas ».

Les travaux du Père Montrouzier seront reconnus et il sera récompensé pour ses recherches par l’attribution de la médaille d’officier d’académie, le 31 décembre 1887. Depuis des années, il était membre correspondant de plusieurs sociétés savantes : la Société orientale de Paris (novembre 1844), les Sociétés linnéennes de Lyon (1853) et de Bordeaux (1854), la Société Impériale d’Agriculture (1855), la Société entomologique de France (1858). Il est correspondant national (pour la Nouvelle-Calédonie) de la Société d’Anthropologie de Paris (1861), correspondant « of the Academy of Natural science of Philadelphia », (1867). Il est même membre de la Société contre l’abus du tabac, (1883). Les botanistes ont coutume de donner le nom d’un collègue, d’un ami ou d’un maître à leurs trouvailles. Montrouzier le fera pour les siens qui le lui rendront bien. Diverses plantes portent son nom, telles le Phyllanthus montrouzieri, le Batrringtonia montrouzieri, le Mezoneuronen montrouzieri, le Mezonevron montrouzieri, l’Aglaia montrouzieri, le Lepiaglaia montrouzieri, le Xanthostemon montrouzieri, le Nepenthes montrouzieri. Il existe aussi une coccinelle de Montrouzier : Cryptolaemus montrouzieri.

Que sont devenues ses collections ? Bien soignées à Bordeaux, elles furent négligées un temps à Lyon et à Montpellier. C’est le docteur G. Beauvisage, professeur agrégé de la Faculté de Médecine de Lyon, titulaire du cours de botanique, qui va rassembler les herbiers dispersés et les classer en en dressant le catalogue. Il comparera les spécimens du Père avec ceux du Museum de Paris. Il donnera ses appréciations sur l’œuvre de botaniste de Montrouzier. « Il n’a qu’une formation superficielle, dit-il. Mais il a fait un travail considérable dans des conditions difficiles ». Après diverses réserves, G. Beauvisage conclut son étude : « Il a bien fait de nommer des espèces nouvelles, ou celles qu’il considérait comme telles car, en somme, il a fait de nombreuses découvertes et avait le droit d’en revendiquer la paternité… S’il n’avait point nommé ses plantes, si une partie de ses notes n’avaient pas été publiées, tout son travail eut été perdu, rien n’en serait parvenu jusqu’à nous, ce qui eut été assurément fort regrettable, tant pour la science botanique, à laquelle il avait consacré tant d’efforts, que pour ses mérites personnels auxquels il nous est dès lors permis de rendre justice ».46

Il est dommage qu’une autre partie de ses recherches ait été négligée : ainsi, à Montpellier, on ne sût pas « empêcher les anthrènes qui sont les rongeurs des collections entomologiques – de dévorer les scarabées expédiés pour ses vitrines et ses savants ». Sa collection de coquillages a eu un meilleur sort. Le Museum (l’histoire naturelle de Bordeaux possède un remarquable coquillier calédonien, dont tous les échantillons fort beaux et soigneusement classés, proviennent des récoltes du P. Montrouzier, assisté dans ses recherches par un de ses confrères et disciple, le P. Lambert.

À Bordeaux, on fera grand cas de ses découvertes et de ses envois. M.-H. Grosse, un spécialiste de la faune malacologique de la Nouvelle Calédonie, vante ainsi son œuvre : « Qui aurait pu croire que cet humble apôtre… pourchassé par les Canaques serait celui auquel on devrait la connaissance, où pour mieux dire, la révélation de cette belle faune malacologique néo-calédonienne dont l’originalité est si grande et l’intérêt scientifique si puissant. Il a fait connaître successivement dans le groupe des îles Belep, les mollusques de l’Île d’Art et de l’Île Pot, puis ceux d’un bon nombre des localités de la grande Île, de l’Île des Pins et du groupe des Loyalty, où il a résidé successivement. Toutes les nouveautés découvertes par lui en Nouvelle-Calédonie ont été décrites et figurées dans le Journal de Conchyliologie de 1857 à 1879, en partie par lui, en partie par le docteur Saint-Martin-Soubervie. » Et M. Grosse déclarera, lors du décès du Père, avoir perdu « un ries plus anciens et un des meilleurs collaborateurs de son journal » (1898).

Le sens de l'histoire chez le Père Montrouzier

Un demi-siècle de présence en Océanie d’un homme aussi doué que Montrouzier aurait pu l’inciter à nous laisser le récit d’une mission aussi agitée et complexe, que celle de cette région. Il y songea. Le P. Xavier avait parfaitement compris l’intérêt d’avoir une histoire de la mission de la Nouvelle-Calédonie. Il essaie d’en convaincre ses supérieurs. Voici comment, de Nouméa où il réside alors, il résume cette affaire dans une de ses longues lettres à son frère Gabriel, en 1881 – il a alors 61 ans. Il est arrivé en Nouvelle-Calédonie, voici plus de trente ans. Ses connaissances sont importantes. Pourquoi ne pas les exposer ?

Xavier Montrouzier n’a finalement pas écrit son histoire de la Mission. Dans une lettre au P. Forestier datée du 15 octobre 1887, il précise son projet : « Je voulais faire une histoire claire (sans sous-entendu, sans restrictions mentales), vraie, (sans équivoques), complète (sans triage, sans choix) et non un panégyrique. Comment eussé-je songé à faire un panégyrique, le R.P. Colin nous répétait sans cesse, son « ignoti et quasi occulti esse videantur », ou bien la formule « Il nous faut faire le bien et puis nous sauver comme si nous avions fait un mauvais coup ? » Le P. Xavier explique qu’il a commencé à rédiger quelques lettres où il relatait « les succès et les revers, nos bonnes inspirations et nos idées malheureuses. Je disais quand nous avions fait fausse route et quand nous avions marché au but… je croyais qu’il était plus utile de signaler des écueils où nous avions touché, pour que d’autres puissent les éviter que de ne parler que l’habileté du capitaine et de l’équipage » Et de citer des exemples de la mauvaise réception de sa pensée et de récits tronqués, donc faussés. C’est pourquoi, déclare-t-il : « j’ai brûle mes notes et ai renoncé à toute idée de rien écrire ».

Mais pour nous, historiens, il est intéressant rie noter que le Père Xavier n’entendit pas faire, comme l’a fait trop souvent alors, une histoire édifiante pour servir de panégyrique aux missionnaires, mais une histoire qui n’entend cacher aucune faiblesse et aucun échec de la mission. Il ne veut pas plaire, mais instruire. Nous ajouterions connaître le passé qui, si souvent, éclaire tant le présent et permet de comprendre des situations actuelles. À lire ce document, on peut dire que le Père Xavier avait aussi le sens rie l’histoire47.

Finalement, ce savant missionnaire s’est retrouvé sur tous les fronts de la Nouvelle Calédonie et des Îles de la région, comme les Salomon et la Guinée-Papouasie. Comme missionnaire, il sera au service des indigènes dans nombre de postes, mais aussi auprès des gouverneurs de l’Île pour s’occuper des déportés, des soldats, des colons. Il jouera même un certain rôle auprès de son évêque. Mais désireux de vivre en pionnier, au plus près des indigènes, il quittera ses fonctions officielles pour se rendre dans des postes de contact. P. O’Reilly lui rend hommage : « Sous tous les rapports la Nouvelle-Calédonie lui doit beaucoup ». L’analyse de son action, si succincte soit-elle à travers cet article, ne peut que nous amener à confirmer ce jugement. Aux Montpelliérains de s’en souvenir, comme le font en cette année 2008, les habitants de Lifou.

Notes

   1.Pierre Clerc, Dictionnaire de biographique Hérault. O’REILLY Patrick, Un missionnaire Naturaliste, Xavier Montrouzier (1820-1897), Revue d’Histoire des Missions, Mars 1931 – cet article contient de très nombreux renseignements sur le Père. Il sera notre fil conducteur. BEAU-VISAGE G., Le R. P. Montrouzier botaniste, Paris, Baillière, 1898. Dans les archives des Maristes à Rome, les lettres envoyées à l’administration générale à Lyon, des lettres à sa famille et son dossier personnel.

   2.Né en 1810, il quitte la France en 1832 et commence en 1833 un ministère auprès des Sotho, crée la station missionnaire de Morija. Il a écrit La relation d’un voyage d’exploration au nord-est de la Colonie du Cap de Bonne-Espérance, publié en 1842, qui a fait de lui le découvreur des sources de l’Orange. Le Mont-aux-Sources porte encore le nom qu’il lui a donné.

   3.Archives du diocèse de Montpellier.

   4.Note du P. Bernard Bourtot, archiviste des Maristes, Lyon.

   5.Site internet des archives maristes.

   6.Renseignements dus au P. Bonfils, archives des Jésuites, Vanves.

   7.Patrick O’Reilly, art. cité, p. 7.

   8.P. O’Reillly, article cité.

   9.Annales de la Propagation de la Foi, T. 18, p. 554, récit du P. Chaurain, lettre du 2 mars 1845.

 10.Lettre du R.P. Montrouzier, Annales de la Propagation de la foi, N° 16, p. 218. Situé sur la commune de Pouébo, Balade est le nom d’une tribu et d’un lieu historique. En effet c’est ici que James Cook a débarqué pour la première fois sur cette terre qui lui rappelait l’Écosse et qu’il a ainsi nominé Nouvelle-Calédonie… C’est également à cet endroit qu’a eu lieu la première messe le 21 décembre 1843 et que la France a pris possession de la Calédonie le 24 septembre 1853. Un monument commémoratif et une très belle église se trouvent également à Balade.

 11.Annales n° 120, P. 369.

 12.Puébo a été la seconde station des maristes.

 13.Lettre d’août 1846

 14.Annales, T. 19, p.517

 15.Lettre à monsieur * Monsieur Montrouzier prêtre pour remettre à la Congrégation * de la Divine Enfance au séminaire * à Montpellier, 2 février 1847

 16.Lettre du P. Montrouzier du 13 octobre 1847.

 17.Lettre à l’abbé Gaffino du 4 avril 1848.

 18.Annales de la Propagation de la Foi, n°23, p. 366

 19.Ibid.,p. 93 25 avril 48

 20.Piolet, Op. cit, P 363.

 21.Lettre au P. Colin du 14 mars 1849.

 22.Les îles Laughlan (autrement îles Nada), situées à 9°20 latitude sud, 153°35 longitude est, environ 80 kilomètres à l’est de l’île Woodlark.

 23.Lettre à ses parents, 8 novembre 1852.

 24.Lettre du 9 juillet 1876, M.C. p. 602.

 25.Ce nom désigne les missionnaires de la London Missionary Society.

 26.Lettre au P. Colin du 17 janvier 1853.

 27.Mgr Douaire mourut le 27 avril 1853

 28.J .B. Piolet, Les Missions catholiques au XIXe siècle, T 4, Océanie, Madagascar, Colin, 1902, p. 278.

 29.Note du R .P. Montrouzier

 30.Site internet : Publié par Kikounette dans le 27 avril 1853 les-chapeaux-de-paille

 31.Petit archipel de la province Nord en Nouvelle-Calédonie, au nord-ouest du territoire, composé pour l’essentiel de la grande Île-Art dont le chef-lieu est Waala, de la petite île Pott voisine, de l’Île Dau Ac, et des îlots rocheux Daos nord et sud ; seule Art est habitée dans sa quasi totalité, soit 99,3 % de sa population, par des Kanaks répartis en 7 tribus.

 32.Cité par O’Reilly, p. 19-20.

 33.Piolet, p. 284.

 34.Ibid. p. 278

 35.Ibid. p. 320

 36.De 1864 à 1924, sur l’Île Nou, toute proche de Nouméa, l’administration pénitentiaire a tenu un bagne où furent déportés de nombreux prisonniers français de métropole (environ 21 000). Répartis en quatre classes (selon leur condamnation), ces déportés pouvaient espérer être libérés sans pour autant obtenir de retour en métropole. À partir de 1872 jusqu’aux amnisties de 1880, les insurgés de la Commune de Paris furent déportés en Nouvelle-Calédonie au bagne, sur l’Île Nou pour les forçats, sur la presqu’île de Ducos pour les déportés en enceinte fortifiée, ou encore à l’Île des Pins pour les déportés simples dont certains seront autorisés à séjourner à Nouméa. On envoya aussi les insurgés de la révolte kabyle de 1871 sur l’île des Pins. Pendant la révolte de 1878, les déportés seront utilisés par l’administration coloniale dans la répression des Kanaks. La présence du bagne est peu à peu contestée par les colons qui subissent la concurrence de la main-d’œuvre des bagnards, mais aussi de l’administration pénitentiaire qui s’accapare les meilleures terres. Un nouveau gouverneur nommé en 1894, Paul Feuillet se déclare contre le « robinet d’eau sale» que constitue la transportation. Elle sera interrompue en 1897, mais certains prisonniers du bagne y finiront leur vie : en 1921, ils étaient encore 2 300. Le P. Xavier sera aumônier des déportés, des forçats et des malades de l’hôpital de Nou.

 37.Revue des Missions, 1875 p73 et 75.

 38.Ibid., Piolet, p. 284.

 39.Ibid., P. 124

 40.Le Père Lambert a écrit un long article publié dans divers numéros des Missions Catholiques de 1879, sur Belep et les mœurs de ses habitants

 41.Les Missions Catholiques, 1876 p. 366

 42.Beauvisage a retrouvé, en 1893, l’herbier de Montrouzier conservé alors à la Faculté de médecine de Lyon. Il a travaillé aussi sur celui de Montpellier. On m’a confirmé à Lyon, la disparition de la collection qui y figurait.

 43.Voir aussi, Montrouzier Xavier, Essai sur la faune de l’île de Woodlark ou Mouiou. Entomologie. Ann. Society Agricultural Lyon, (1856).

 44.Jean-Baptiste Alphonse Dechauffour de Boisduval est un médecin, entomologiste et botaniste français, né le 17 juin 1799 à Ticheville et mort le 30 décembre 1879 dans cette même ville.

 45.Cahier de l’Agriculture, N° 8, juillet 2004, p. 22.

 46.Dr Beauvisage, Notice sur le R.P. Montrouzier, botaniste, Annales de la Société botanique de Lyon, t. XXII, 1897, pp. 47-60, cité par P. O’Reilly, art. cité, p 14.

 47.Les lettres écrites par Montrouzier pour la période 1836-1854 seront présentes dans une collection de neuf volumes, qui va paraître en 2008, intitulé : « Lettres reçues d’Océanie pendant le généralat du P. Colin » et éditées par les Pères Maristes.(Note de l’archiviste des Maristes de Rome).