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Description

Un prélat valétudinaire au XVIIIe siècle

Charles, François, Siméon, Vermandois, de Rouvroy de Saint-Simon Sandricourt, dernier évêque du diocèse d’Agde était le petit cousin du célèbre mémorialiste, l’oncle du théoricien « Socialiste ». Sa destinée tragique (- il fut guillotiné à la veille de Thermidor-) a seule, jusqu’ici, retenu l’attention des historiens de l’Église ; il a pourtant d’autres titres à retenir du chercheur, en particulier son activité d’érudit, curieux de tout (linguistique, histoire ancienne, physique, chimie, agronomie…) et dans ce domaine, son importante correspondance apporte des indications fort précieuses. Cette correspondance nous permet aussi de découvrir un autre aspect du personnage : le malade. Au fil des jours, Mgr d’Agde fait partager à ses correspondants l’évolution de son mal, il leur expose la thérapeutique employée et sollicite leurs conseils, il leur confie les réactions de son esprit et de son cœur en face de la souffrance physique et morale.

Ses confidents épistolaires sont, il est vrai, connaisseurs-ès maladie. Jean-François Séguier, né à Nîmes en 1703, botaniste, naturaliste, numismate, était un savant reconnu en son temps mais aussi un perpétuel malade qui « tint » cependant jusqu’à quatre-vingt ans passés : Esprit, Claude, François Calvet, lui aussi éminent naturaliste, était médecin de son état ; il survécut à ses deux amis. Il survécut même à un troisième témoin des épiscopales maladies, l’abbé Martin, Jacques Gohin, vicaire général de Mgr de Saint-Simon, comme il l’avait été de son prédécesseur ; celui-ci retraça, peu avant sa mort, l’histoire du clergé d’Agde durant la Révolution, sur le mode hagiographique ; il relate donc, la vie de Mgr de Saint Simon dont les souffrances quotidiennes anticipaient, selon lui, le martyre final.

La maladie commence, à vrai dire, avant même la naissance du futur évêque : il est « né infirme à sept mois de conception », mais c’est dans sa petite enfance que se révèle un asthme irréductible. Charles, François va le traîner toute sa vie avec des périodes de courtes rémissions et des crises d’autant plus aiguës que s’y joindront d’autres maladies, telle la malaria. A l’origine du mal, il y aurait eu un incident de collège. Le chanoine Gohin le rapporte en ces termes :

« Cette maigreur de l’évêque procédoit de la maladie de l’Astme, qu’il avoit contracté dèz son enfance, lorsqu’il étudioit au Collège d’harcourt en aspirant par hazard la vapeur d’une alumette souffrée, dont il voulut se servir. Cette fumée dangereuse lui causa une toux si violente et si longue que ses poulmons en souffrirent beaucoup et qu’il lui en résta cet Asthme qui lui a servi de croix jusqu’a la fin de ses jours ».

Vitalité de la jeunesse ou relative discrétion du mal, le jeune abbé de Saint-Simon, bientôt vicaire général de Mgr de Metz, ne paraît point alors trop gêné pour le quotidien.

Un long voyage en Italie, en 1758, le mène allègrement jusqu’à Naples, lui donne l’occasion de gravir les pentes du Vésuve et d’observer la qualité de la lave. Il faut reconnaître que nous avons peu de renseignements sur l’évolution du mal avant 1760. Mais, dès l’arrivée du prélat à Agde, la maladie se fait éprouvante, c’étaient « des opprésions journalières … qui lui survennoient châque soir », et l’évêque avoue quant à lui : « Souffrir toute l’année, c’est proprement le ton de ma maison ». Le climat marin du pays n’est pas fait pour atténuer son mal, d’autant que l’évêché est situé sur les bords de l’Hérault, ce qui accroît l’humidité de l’air. Aussi bien, pour éviter l’étouffement, l’évêque dormait-il le plus souvent « dans un fauteuil, à côté duquel on mettoit une table et deux coussins, sur l’un desquel il s’accoudait en appuyant la tête sur l’autre », les jours où il pouvait reposer dans un lit étant pour lui signe évident de bonne santé.

Le climat d’Agde est assurément plus difficile à supporter l’été lorsque la chaleur renforce les inconvénients de l’humidité de l’air. Le « Marinas » qui accable les gens en bonne santé accentue, chez l’asthmatique la sensation d’écrasement. « Les grandes chaleurs de l’été en Languedoc… l’épaisseur de l’air qu’il respiroit… rendant l’air plus crasse ou le raréfiant… », Mgr de Saint-Simon voyait venir avec appréhension la saison estivale : « Le climat que j’habite est… »[…]

Informations complémentaires

Année de publication

1984

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Xavier AZEMA

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf