Un poème à la gloire de Louis XII à la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier
La Complainte de Gênes sur la mort de Thomassine Espinolle
Un poème à la gloire de Louis XII
à la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier
p. 21 à 26
La bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier conserve, sous la cote H. 439, un poème anonyme composé en 1505 1. Sur l’un des feuillets préliminaires du manuscrit, une note en résume le contenu et se termine par la phrase suivante : « Je soupçonne du reste que Guillaume Crétin est l’auteur de cette complainte »2 En réalité l’écrivain de ce texte n’est autre que le bénédictin Jean d’Auton qui en inséra le résumé dans ses Chroniques relatant le règne de Louis XII de 1500 à 1508 3.
Le manuscrit de Montpellier est modeste. Il comprend onze feuillets et mesure 207 mm x 135 mm. De sa reliure, il ne reste que la trame faite de parchemins collés ensemble et recouverts d’une étoffe brune. Sur l’un des feuillets préliminaires du manuscrit est peint l’écu des Bouhier : un bœuf d’or sur champ d’azur soutenu par deux lévriers d’argent, sommé d’un timbre fermé avec pour cimier une tête de bœuf. Des lambrequins bleus et dorés naissent derrière le timbre et s’épanouissent de part et d’autre de l’écu sous lequel on remarque un cartouche contenant le titre erroné : « Regrets de Dame Thornassine Espinolle ». De part et d’autre on lit : « MS. E. = 63, de la bibliothèque de Monsieur le Président Bouhier » et au-dessous : « MDCCXXI » 4. Le manuscrit fut acquis, sinon inventorié, du temps de Jean IV Bouhier (1673-† 1746). À la vente de la célèbre bibliothèque bourguignonne en 1782, il entre dans les collections de l’abbaye de Clairvaux et enfin dans celles de la Faculté de médecine de Montpellier grâce au médecin bibliophile Gabriel Prunelle (1778-† 1853) 5. Quelque peu oublié après la riche étude que lui consacra Henri-Marcel Kühnholtz au milieu du XIXe siècle 6, il mérite aujourd’hui d’être reconsidéré au regard de publications récentes et d’être mieux connu des Montpelliérains dont il fait partie du patrimoine.
Le titre exact du ms. H. 439 est : « La Complainte de Gênes sur la mort de Thomassine Espinolle ». Rédigé en 1505, il raconte l’histoire d’une dame de la République, célèbre pour sa beauté, Thomassine Spinola. L’héroïne apparaît plusieurs fois dans les Chroniques de Louis XII que Jean d’Auton rédigea peu après La Complainte de Gênes et dans lesquelles il inséra une version abrégée de celle-ci. Son histoire commence en 1502 lorsqu’elle rencontre le roi qui séjourne à Gênes. De leurs discussions naît un amour platonique car la dame demande à devenir son intendyo et lui le sien 7. Thomassine néglige désormais son devoir conjugal afin d’être fidèle à son amant de cœur 8. Louis XII quitte enfin Gênes, mais, au cours de l’année 1505, il tombe malade. Dans le royaume de France des processions sont organisées. La gravité de la crise qui le touche est telle que les médecins perdent espoir 9. Une rumeur le faisant passer pour mort se répand alors jusqu’en Italie. A l’annonce erronée du trépas de Louis XII, Thomassine s’abandonne à sa douleur et se retire dans une chambre obscure ou une fièvre ardente la consume en moins de huit jours. La République de Gênes lui décerne alors des funérailles publiques et députe deux de ses citoyens pour porter la nouvelle au roi de France. Ému par le décès de son amie, Louis XII commande à Jean d’Auton un poème commémoratif qui constitue le texte du manuscrit de Montpellier.
Le destin funeste de l’héroïne de ce récit pose problème. Au début du XVIe siècle, sept dames prénommées Thomassine et mariées à des Spinola vivaient à Gênes 10. Deux d’entre elles pourraient correspondre au récit de Jean d’Auton. La première était l’épouse de Lucas Spinola, l’un des juriconsultes de Gênes qui accueillit Louis XII le 26 juillet 1502. Elle était de l’âge du roi. La deuxième en revanche était de quinze ans sa cadette et avait pour mari, Gioachino Spinola. Toutes deux étaient en âge d’inspirer l’amour. Aucune cependant ne mourut de chagrin en 1502. La première périt en 1516, la deuxième en 1514. Récemment Didier Le Fur a suggéré que le destin tragique de Thomassine Spinola avait été inventé pour montrer la fascination qu’exerçait le roi de France sur le peuple de Gênes. L’héroïne serait une « allégorie affective » de la cité qui en 1499 avait demandé la protection de Louis XII. Elle incarnerait l’amour de ses compatriotes pour le roi de France 11. Cette hypothèse est convaincante si l’on considère l’importance des allégories dans les récits à vocation politique à partir du début du XVIe siècle 12. Quelles que soient les motivations de l’auteur, son poème ne relate pas un événement; il appartient à une littérature politique qui se développe au début du XVIe siècle.
Ce récit fictif daté de 1505 comprend trois parties précédées d’une enluminure. La première est une épître dans laquelle la ville regrette sa concitoyenne. Dans la deuxième, Thomassine Spinola se souvient de sa première rencontre avec Louis XII et de l’émotion qu’elle ressentit à cette occasion ainsi que de sa décision de ne plus aimer physiquement son époux. La dernière partie contient les regrets du roi Louis XII averti du décès de son amie 13.
Il existe aujourd’hui trois autres exemplaires de ce texte. L’un d’eux est demeuré inachevé avec l’emplacement pour les illustrations 14. Les deux autres sont le Fr. 254 19 15 et le Fr. 1684 de la Bibliothèque nationale de France. Henri-Marcel Kühnholtz ignorait l’existence de ce dernier volume. Ayant observé deux colonnes azur fleurdelisées dans la dernière illustration du ms. H. 439, il était convaincu de la provenance royale du manuscrit 16. Or tous les exemplaires de La Complainte de Gênes possèdent ces colonnes armoriées dans leur dernière image (figs. 3, 6 et 9). Le Fr. 1684 est d’une qualité et d’une finesse d’exécution, supérieures à celles des autres volumes. Par ailleurs, il est le seul à figurer dans les inventaires royaux et plus particulièrement dans celui de 1544 17. Henri-Marcel Kühnholtz a semble-t-il amplifié l’importance du manuscrit de Montpellier qui n’est pas l’exemplaire du roi.
Les enluminures du ms. H. 439 méritent donc d’être revues et comparées avec celles des autres volumes de La Complainte de Gênes, le Fr. 1684 et le Fr. 25419. La première image (fig. 1) représente l’héroïne et trois de ses compagnes assistant au départ de Louis XII. Derrière elles se trouve la République avec ses tours crénelées et un château. Le navire du roi de France est encore amarré, mais l’ancre en a été levée. Près de sa coque on remarque un canot d’abordage. Thomassine et ses compagnes sont vêtues à l’identique. L’enlumineur s’est conformé à la mode italienne de l’extrême fin du XVe siècle et du début du XVIe siècle. La coiffure des dames n’est pas le béguin arboré par Anne de Bretagne et les dames de son entourage, mais une coiffure que l’on retrouve dans plusieurs tableaux de Léonard de Vinci, notamment La Dame à l’hermine et surtout La Belle Ferronière 18. Les cheveux des dames forment des bandeaux symétriques ramenés derrière la nuque et maintenus à l’intérieur d’un morceau de tissu fixé à un bonnet de forme circulaire 19.
Les dames portent sur leur front un ruban noir avec un pendentif. Leurs robes, conformément à la mode de l’époque, ont un col carré et des manches à crevés. Elles sont taillées dans une étoffe noire rehaussée de broderies d’or. Un collier complète leur parure. Sous l’image commence le récit, précédé d’un titre, écrit à l’encre rouge. Le tout s’inscrit à l’intérieur d’un cadre doré, lui-même peint sur un feuillet de parchemin teinté en noir et semé de larmes d’argent. L’iconographie de cette illustration est très proche de celle du Fr. 25419 (fig. 7). Thomassine est accompagnée de trois dames alors que dans le Fr. 1684, on en compte quatre derrière elle (fig. 4). Le bateau est identique avec son ancre levée et le canot proche de sa coque. Dans le Fr. 1684, le navire qui arbore les armes du France s’éloigne déjà. Au-delà des tours de la cité, s’élèvent des montagnes escarpées évoquant celles des artistes du Gothique international 20.
La deuxième enluminure représente Thomassine décédée et pleurée par ses amies (fig. 2). Son iconographie est presque similaire dans les volumes de La Complainte de Gênes. La défunte est allongée dans un cercueil disposé dans une salle ouverte sur l’extérieur. Sur le mur gauche de la scène, on remarque un crucifix. A droite, la mort dans son linceul quitte la salle. Une flèche dans la main droite, elle s’en va d’un pas énergique, son office accompli. A droite sur le pavement, on remarque le goupillon du dernier sacrement. Comme dans la première illustration du manuscrit, l’image précède quelques lignes de texte et s’insère dans un cadre doré. Dans le ms. H. 439, des pilastres cannelés, alternés avec des plaques de marbre rythment le fond de la pièce. Une frise de fleurs à quatre pétales court dans la partie supérieure du mur (fig. 2). Dans le Fr. 1684, ce décor architectural est davantage élaboré : deux arcs en plein cintre reposent sur des chapiteaux toscans à annelets. Ils couronnent des piliers qui séparent la salle d’un collatéral percé de fenêtres à meneaux profondément ébrasées (fig. 5). Dans le Fr. 25419, huit lignes de texte occultent l’emplacement de ce décor architectural (fig. 8).
La dernière image montre Louis XII et quatre courtisans en deuil (fig. 3). Le roi debout, les bras croisés sur le torse, incline légèrement la tête en signe de compassion. A l’instar de ses compagnons, il porte des vêtements noirs. La couronne posée sur sa toque noire et le collier de l’ordre de Saint-Michel qu’il arbore le distingue des autres personnages. Conformément à l’iconographie du règne de Louis XII, ce collier est constitué de coquilles séparées les unes des autres par un double lacet. Cette représentation respecte les statuts de l’ordre créé par Louis XI, d’après lesquels les coquilles devaient être « attachées d’éguillettes rondes de soye noir à ferrets d’or liées et nouées en lacs d’amour » 21 Dans le ms. H. 439, le pendentif où saint Michel terrasse le dragon est représenté avec un réalisme absent des autres manuscrits. Dans le Fr. 1684, le collier est une simple chaîne ; dans le Fr. 25419, le pendentif n’apparaît pas. L’artiste du ms. H. 439 s’attache à la représentation des accessoires. Ce souci de réalisme concerne cependant les détails vestimentaires et non les individus. Le visage du roi caractérisé par des formes pleines et un nez légèrement busqué ressemble à celui des courtisans. Il a peu de points communs avec les portraits officiels de Louis XII dans lesquels le roi a un nez fin, des joues creuses, un visage ridé et las 22. On retrouve ces traits fragiles mais idéalisés dans l’exemplaire du roi. Louis XII y porte des cheveux courts qui le distinguent de son entourage (fig. 6). La dernière illustration du ms. H. 439 diffère de celle des volumes parisiens sur d’autres points. Le soubassement du cadre architectural comprend trois degrés convexes de forme triangulaire, dans l’axe des moulures peintes sur l’architrave qui définit la partie supérieure de l’encadrement. Sur les côtés de celui-ci, les colonnes fleurdelisées sont baguées en leur centre. Dans les autres manuscrits, aucune moulure n’interrompt leur fût autour duquel le texte s’enroule tel un volumen, fixé par des clous rouges (fig. 4 et 7) ou or (fig. 9). Cette invention iconographique assimile le décès de l’héroïne à un événement de l’actualité.
La comparaison des trois manuscrits de La Complainte de Gênes permet de mieux comprendre celui de Montpellier. D’un point de vue iconographique, le ms. H. 439 est extrêmement proche du Fr. 25419. Le nombre des personnages y est équivalent, les détails vestimentaires semblables. En revanche il est d’une facture médiocre : les hommes comme les femmes sont d’un canon plus court, les traits de leurs visages sont grossiers, les couleurs, moins nuancées. Le Fr. 25419 et surtout le Fr. 1684 dont les dimensions permettent d’accueillir davantage de personnages (fig. 4 et 6) sont d’une qualité supérieure et d’un style que l’on peut rattacher à l’atelier de Jean Bourdichon (vers 1457-†1521). Le cadre doré et surtout son apparence lisse est une marque de fabrique du peintre tourangeau et de ses proches épigones 23. Dans les trois manuscrits de La Complainte de Gênes, la dernière image est aménagée selon deux ou trois plans successifs. Dans le fond de la scène une porte ouverte sur une salle, ou sur un jardin dans le Fr. 1684, donne l’illusion de la profondeur. Cet expédient spatial, adopté depuis plusieurs décennies par les Primitifs flamands 24 est souvent utilisé à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle. Jean Bourdichon y a recours dans des œuvres de circonstance comme le Voyage de Gênes et les Épîtres des poètes royaux de Jean Marot 25.
Les visages du ms. H. 439 sont peu délicats et ne correspondent guère aux critères esthétiques du début du XVIe siècle, adoptés pour la représentation des nobles dames. Il en est autrement pour les enluminures des manuscrits parisiens. Thomassine et ses compagnes ont un front haut et bien dégagé, des sourcils fins, une bouche discrète, un menton petit et rond. Dans le Fr. 1684, les paupières de Thomassine sont légèrement rougies suggérant des pleurs au moment du départ de Louis XII. Cette délicatesse des visages évoque la manière de Jean Bourdichon, de Jean Poyet ou du Lyonnais Guillaume Leroy dans ses meilleures enluminures 26.
Le H. 439 semble une copie médiocre de La Complainte de Gênes. A la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, il existait souvent plusieurs versions contemporaines d’un même texte. La plus belle était réservée à son commanditaire et les autres moins riches à des seigneurs de la cour. Cette qualité inégale est notable pour les manuscrits des Statuts de l’ordre du Saint-Esprit dont l’exemplaire de Louis XI est d’une qualité supérieure à celle de tous les autres 27. On la remarque également pour les nombreux exemplaires de la Commémoration et advertissernent de la mort d’Anne de Bretagne de Pierre Choque, texte pour lequel les manuscrits conservés sont tantôt soignés, tantôt médiocrement illustrés 28.
S’il ne figure pas parmi les fleurons de l’enluminure, le manuscrit de Montpellier possède une iconographie originale et contemporaine des deux exemplaires parisiens. Elle ne fut pas reprise dans la version abrégée de la Complainte ou une seule enluminure illustre le décès de Thomassine Spinola (fig. 10). La défunte est étendue sur un lit, les mains jointes et les yeux clos. Le coussin sur lequel repose sa tête, le drap qui couvre son corps, sa tunique à larges manches sont d’or, de bleu et de rouge. Ils contrastent avec les vêtements bruns de ses compagnes éplorées. Les cheveux blonds, le teint pâle des visages et les voiles fins qui les cachent éclairent cette palette terne destinée à mettre en valeur la défunte. A la tête du lit se tient une femme plus petite que les autres qui n’est pas comme on a pu le prétendre l’époux de Thomassine 29. Un baldaquin noir semé de larmes évoque le destin funeste de l’héroïne 30. Les visages peints sans complaisance rappellent la manière du peintre de cour Jean Perréal 31. L’image n’offre aucune similitude avec celle du manuscrit de Montpellier.
Si les illustrations du ms. H. 439 sont d’une facture plutôt commune, elles possèdent avec celles des versions intégrales de La Complainte de Gênes, une iconographie inédite et directement inspirée du poème de Jean d’Auton. L’artiste a donné à ses personnages une apparence authentique. Ce souci apparaît tout particulièrement dans la coiffure et le vêtement féminins. En peignant des marges noires semées de larmes d’argent, l’artiste a souligné l’impact dramatique du dénouement inventé de cette histoire. Jean d’Auton l’a ensuite insérée dans ses Chroniques afin de la rendre crédible et de montrer quel amour le roi de France pouvait faire naître, au-delà des monts. Sans doute existait-il d’autres exemplaires de cette « galanterie de Louis XII » aujourd’hui disparus. Rendons hommage à Gabriel Prunelle d’avoir sauvegardé le manuscrit de Montpellier qui en dépit de sa modeste apparence est une récréation pour les yeux et l’esprit.
Notes
1. Je souhaite remercier Mesdames Hélène Lorblanchet et Mireille Vial, conservateurs du fonds ancien de la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier pour leur aimable collaboration ainsi que Monsieur Jean Nougaret qui a bien voulu accepter ma contribution à la connaissance des manuscrits de Montpellier.
2. Cette note semble de la main qui a précisé la cote du manuscrit au feuillet préliminaire suivant comprenant le titre moderne du manuscrit et les armes de son possesseur.
3. Jean d’Auton (1466 ou 1467-†1528) rédigea à l’intention de Louis XII des poèmes politiques ainsi que les chroniques du règne de son souverain (Paris, BnF, Fr. 5081-5082-5083). La version résumée du poème de Montpellier se trouve à la fin du Fr. 5082. En récompense de ses services, il reçut l’abbaye d’Angles en Poitou et le Prieuré de Clermont-Lodève en Languedoc voir Henri-Marcel Kühnholtz, Des Spinola de Gênes et de la complainte depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, Paris, J.-F. Délion / Montpellier, Ch. Savy, 1852, p. VIII ; René de Maulde La Clavière (éd.), Jean d’Auton (1466 ?-1528), Chroniques de Louis XII, Paris, Renouard, 1889-1895.
4. Voir Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. 335 ; Albert Ronsin précise seulement la cote qu’avait autrefois le ms. H. 439 dans la bibliothèque bourguignonne (E 63) ainsi que son origine et sa provenance présumées : « Louis XII (1498-1515) ? » ; voir Albert Ronsin, La Bibliothèque Bouhier. Histoire d’une collection formée du XVe au XVIIe siècle par une famille de magistrats bourguignons, Dijon, Bibliothèque municipale, 1971, p. 241.
5. Concernant les plus belles acquisitions de Gabriel Prunelle, voir Images du savoir une bibliothèque inspirée des Lumières sous la direction d’Hélène Lorblanchet et de Mireille Vial, catalogue d’exposition, Montpellier, bibliothèque interuniversitaire, 23 sept.-25 oct. 2002, éditeur FFCB, collection Images du Moyen Âge, 2002 ; dans l’article qu’il consacre aux soixante-quatre manuscrits carolingiens de la bibliothèque de la Faculté de médecine de Montpellier, Monsieur Gérard Cames rappelle l’histoire du fonds Bouhier et le transfert d’une partie de cette collection à Montpellier, grâce à la diligence de Gabriel Prunelle ; voir Gérard Cames, « Un trésor manuscrit carolingien à la bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier », in Études héraultaises, n° 35, 2004-2005, p. 15-16.
6. Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. VIII.
7. Dans son étude Henri-Marcel Kühnholtz propose pour ce terme plusieurs significations extraites de l’ancien français ou d’un dialecte génois. Le terme peut signifier – entre autres – « amant » ou encore « tendance à plaire ». Didier le Fur propose une origine latine d’après le mot itendo signifiant attirance ; voir : Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. 62-65 ; Didier Le Fur, Louis XII (1498-1515). Un autre César, Paris, Perrin, 2001, p. 151.
8. « Et entre aultres, fut une dame genevoise, nommée Thomasine Espinolle, l’une des plus belles femmes de toutes les Ytalles, laquelle gecta souvent les yeux sur le roy qui estoit ung beau prince à merveille, très savant et moult bien emparlé. Tant l’advisa celle dame que après plusieurs regars, amour qui rien de doulte, l’enhardya de parler à luy et luy dire plusieurs doulces parolles ; ce que le roy, comme prince très humain, prist en gré volontiers. Souvent devisèrent ensemble de plusieurs choses par honneur et tant que celle dame soy voyant familière de luy, une foys entre autres, luy pria très humblement que par manière d’accointe, il luy plut qu’elle fust son intendyo et luy le sien, qui est à dire accointance honorable et amyable intelligence. Et tout ce luy octroya le roy dont la noble dame se tint plus heureuse que d’avoir gagné l’or du monde et eut ce don si cher que pour seullement se sentir bien voullue du roy, tout aultre mist en oubly, voire jusques à ne plus vouloir coucher avec son mary.» René de Maulde La Clavière (éd.), op. cit., t. III, p. 76-79. Ce passage se trouve au folio 114 de l’actuel Fr. 5082 de la BnF.
9. Concernant la maladie du roi voir René de Maulde La Clavière, Procédures politiques du règne de Louis XII, Paris, 1885, p. 55-78 Didier Le Fur, op. cit., p. 157-162.
10. Achille Néri, Osservazioni critiche intorno all’aneddoto di Tominasina Spinola e Liugi XII, Genève, éd. Sordo Muti, 1879 ; cité par René de Maulde La Clavière (éd.), op. cit., t. III, p. 77.
11. A ce sujet, voir Didier Le Fur, op. cit., 2001, p. 151.
12. Pour exemple, on peut évoquer l’incendie de la Cordelière (Paris, BnF, Fr. 1672), traduction par Pierre Choque de l’Herveus, sive Chordigera flagrans de Germain de Brie qui raconte le combat naval du 10 août 1512 entre la Cordelière vaisseau de la reine Anne de Bretagne et le vaisseau anglais le Régent. En exaltant le courage de son équipage, l’auteur essayait de montrer l’engagement militaire de la reine ; voir Pascale Thibault, « Les manuscrits de la collection d’Anne de Bretagne », in Cahiers de la Bibliothèque municipale de Blois, n° 8, Blois, 1991, p. 12.
13. Achille Néri, Osservazioni critiche intorno all’aneddoto di Tommasina Spinola e Liugi XII, Genève, éd. Sordo Muti, 1879, p. 37 ; Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. 368 ; Didier Le Fur, op. cit., p. 150-151.
14. Ce manuscrit est le Fr. 6169 de la Bibliothèque nationale de France qui fut jadis en possession de Colbert ; voir Henri-Marcel Kühnholtz., op. cit., p. 333.
15. Ce manuscrit porte sur son feuillet de garde l’inscription : « Este libro es de Luis de Mendoça» surmontée d’une croix. Il fut acquis par le duc de la Vallière avant d’appartenir aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France ; voir Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. 333.
16. Voir Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. 332.
17. Je tiens à remercier Madame Marie-Pierre Laffitte pour m’avoir communiqué la cote de ce manuscrit dans l’inventaire de la librairie de Blois rédigé en 1544. Dans ce document, le Fr. 1684 porte le n° 1870. Il ne figure pas dans l’inventaire de 1518. De dimensions modestes et pourvu de trois enluminures seulement, il a pu être laissé de côté ; concernant les anciennes cotes du Fr. 1684, voir H. Omont, Anciens inventaires de la bibliothèque nationale. La bibliothèque royale à Paris au XVIIe siècle, t. III, Paris, Ernest Leroux, 1910, p. 74 idem, t. IV, Paris, Ernest Leroux, 1913, p. 49.
18. Cf. la Dame à l’hermine (Cecilia Gallerani ?), entre 1488 et 1490, Cracovie, Czartoryski Museum ; Portrait de femme (la Belle Ferronière), entre 1495 et 1500, Paris, musée du Louvre.
19. Ce bonnet qu’affectionnaient les dames de Gênes porterait le nom d’« escoffion adourné » ; voir Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. 337.
20. Voir notamment Millard Meiss, French Painting in the Time of Jean de Berry. The Late Fourteenth Century and the Patronage of the Duke, Londres-New York, 1967 ; idem, The Boucicaut Master, Londres, 1968 ; idem, The Limbourgs and Their Contemporaries, Londres-New York, 1974 ; Albert Châtelet, L’Âge d’or du manuscrit à peintures en France au temps de Charles VI et les Heures du maréchal de Boucicaut, Dijon, Éditions Faton, 2000 ; Paris 1400. Les arts sous Charles VI, Paris, Rmn / Fayard, 2004.
21. Cf. Paris, BnF, ms. Clairambault 1242, fol. 1419. A ce sujet, voir Anne-Marie Lecoq, François Ier imaginaire. Symbolique et politique à l’aube de la Renaissance française, Paris, Macula, 1987, p. 438.
22. L’un des meilleurs portraits du souverain est celui de la traduction anonyme des Remèdes de Fortune de Pétrarque offerte à Louis XII en 1503 (Paris, BnF, Fr. 225). Un portrait similaire est représenté dans l’exemplaire des Triomphes de Pétrarque qui fut offert à Louis XII à la même époque ; voir Ursula Baurmeister et Marie-Pierre Laffitte, Des livres et des rois. La bibliothèque royale de Blois, Paris, Bibliothèque Nationale / Quai Voltaire, 1993, p. 169-171 ; pour d’autres portraits de ce roi, voir Pascale Thibault, Louis XII, images d’un roi de l’imperator au père du peuple, catalogue d’exposition, château de Blois, 18 déc. 1987-14 fév. 1988, Blois, 1987.
23. L’artiste n’utilise pas seulement ce cadre pour des œuvres ambitieuses comme les Grandes Heures d’Anne de Bretagne, Paris, BnF, Lat. 9474 (vers 1503-1508). Il le choisit également pour des manuscrits plus communs notamment un livre d’heures actuellement conservé à Londres (British Library, Harley 2877) ; voir François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures…, 1993, p. 295 et p. 297-300, n° 164.
24. Cette succession de plans successifs est adoptée vers 1440-1445 par Jan van Eyck dans son interprétation de la naissance de saint Jean-Baptiste pour les Heures de Milan-Turin enluminées à Bruges vers 1440-1445 (Turin, Musei Civici, ms. 47, fol. 93v) ; voir Maurits Smeyers, L’art de la Miniature flamande du VIIIe au XVIe siècle, Tournai, La Renaissance du Livre / Michel de Paepe éditeur, 1998, p. 259, n° 38.
25. Jean Marot, le Voyage de Gênes, Paris, BnF, Fr. 5091 (vers 1508) ; Épîtres des poètes royaux, Saint-Pétersbourg, Bibliothèque nationale de Russie, Fr. F.v. XIV, 8 (vers 1510) ; voir François Avril et Nicole Reynaud, op. cit., 1993, p. 303-305, nos 167 et 168.
26. Le visage des dames est proche de celui de celle de Louise de Savoie représentée en allégorie de la Prudence dans le Traité sur les vertus cardinales de François Desmoulins enluminé par Guillaume Leroy à l’intention de Louise de Savoie (Paris, BnF, Fr. 12247, fol. 4, vers 1510) ; François Avril et Nicole Reynaud, op. cit., p. 363-364, n° 204.
27. A titre d’exemple, on comparera l’exemplaire du roi et celui de son frère cadet Charles de France : Statuts de l’ordre de Saint-Michel, Paris, BnF, Fr. 19819 (exemplaire de Louis XI enluminé à Tours, vers 1469-1470) et Paris, BnF, ms. Clairambault 1242, fol. 1421 (exemplaire de Charles de France) ; voir Jean Fouquet. Peintre et enlumineur du XVe siècle, Paris, Bibliothèque nationale de France Hazan, 2003, p. 259-261.
28. A ce jour trente-deux copies du récit de cette cérémonie sont connues et peuvent être divisées en deux catégories : la première personnalisée par un texte de dédicace est richement enluminée, la deuxième possède une écriture maladroite et des illustrations d’une qualité médiocre ; voir Didier Le Fur, Anne de Bretagne. Miroir d’une reine, historiographie d’un mythe, Paris, Guénégaud, 2000, p. 119-120.
29. Henri-Marcel Kühnholtz pensait qu’il s’agissait de Lucas Spinola. Cette hypothèse semble improbable car dans les illustrations de la Complainte de Gênes les personnages de chaque scène sont exclusivement féminins ou masculins. La mixité n’existe pas voir Henri-Marcel Kühnholtz, op. cit., p. 385.
30. Cette étoffe inspirée du récit apparaît dans la scène de dédicace d’un exemplaire de la Consolation de Philosophie de Boèce du libraire-éditeur Antoine Vérard. On y voit Charles VIII assis sous un dais semé de larmes qui pourraient commémorer un événement malheureux comme par exemple le décès du second fils du roi François quelques jours après sa naissance en juillet 1493 ; cf. Boèce, Le Grand Boèce de consolation (imprimé pour Antoine Vérard le 19 VIII 1494 et enluminé par le Maître de la Chronique scandaleuse), Paris, Musée du Petit-Palais, Dutuit 114, fol. A2 ; voir Mary-Beth Winn, Anthoine Vérard. Parisian Publisher, 1485-1512, Genève, Droz, 1997, p. 325, fig. 5. 8c.
31. Concernant la carrière de ce peintre voir René de Maulde La Clavière, Jean Perréal, dit de Paris, peintre de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier, Paris, Ernest Leroux, 1896 ; F. Avril et N. Reynaud, op. cit., 1993, p. 365-369.