Description
Un exemple d’intervention urbanistique au XIXe siècle :
L’insertion de l’église Sainte-Anne dans le tissu urbain montpelliérain
L’église Sainte-Anne, dont la silhouette est devenue familière aux habitants de Montpellier, n’est qu’un exemple parmi bien d’autres de la floraison d’églises « néo » que le XIXe siècle a vu éclore partout en France. La vétusté de nombreux édifices qui avaient eu à souffrir des débordements révolutionnaires, ajoutée à l’accroissement démographique du milieu du siècle, explique cette vague de reconstruction qui se fait en deux grandes étapes, avec les premières réalisations dans les années 1840-1850, et une deuxième vague de constructions dans les années 1860-1880. Nous laisserons ici de côté l’étude de l’architecture néo, de sa signification profonde qui s’inscrit dans un fort courant de pensée historique (récupération du passé national, continuité dans la généalogie de la France, etc.). Notre propos est de nous préoccuper uniquement de l’insertion d’un « monument » dans un tissu urbain ancien. En effet, concevoir un édifice imposant, l’intégrer dans un tissu dense pose bien des problèmes et oppose bien des conceptions. L’attitude des responsables, au siècle dernier, est à cet égard fort différente de celle qui règne de nos jours dans les classes dirigeantes. Il n’existait pas alors de « monument classé » et encore moins de « secteur sauvegardé » ; mais, si l’on agissait sans timidité à l’égard de ce que nous appelons aujourd’hui le « patrimoine architectural », les références culturelles n’étaient pas absentes comme nous essaierons de le démontrer, références culturelles qui/que conditionnent une idéologie. C’est à travers l’étude des différents projets concernant la reconstruction de Sainte-Anne que nous tenterons une approche de ces idéologies.
C’est en effet une longue histoire que celle de la reconstruction de l’église Sainte-Anne. Partons de l’époque révolutionnaire.
Les bâtiments, église, sacristie, cour, bûcher et petit jardin attenant sont estimés 11.250 livres le 8 floréal an III, jour de leur vente publique comme biens nationaux. Aucun acquéreur ne se présente et une nouvelle mise aux enchères a lieu le 23 floréal an III. Le tout est acquis au prix de 66.000 livres par les citoyennes Bardy. En 1820, par un contrat de location, on apprend que l’église est redevenue lieu de culte et que la municipalité la loue pour 500 F. Quelques années encore et la municipalité désire acquérir l’édifice : elle vote dans ce but une allocation de 12.000 F. ; nous sommes en 1836, l’église a besoin de réparations. Cependant ce vote reste sans suite alors que le curé et les membres du Conseil de fabrique adressent des pétitions au maire pour lui signaler l’étroitesse de leur église par rapport à la croissance démographique de la paroisse. L’architecte de la ville est chargé d’étudier un projet d’agrandissement. De ce projet, nous ne savons rien. Les années passent et l’édifice se dégrade de plus en plus, si bien qu’en 1845 un rapport parle de lézardes, de voûtes qui s’affaissent, d’arcs qui poussent les murs. L’année suivante, la propriétaire de l’église réclame une révision du montant du loyer… Dans sa correspondance avec le maire, elle rappelle qu’elle est fortement sollicitée par des entrepreneurs très désireux de lui acheter l’église afin de construire sur son emplacement : « … des maisons et boutiques qui seront évidemment avantageuses vue la circonstance où de nombreuses maisons ont été démolies aux alentours du Palais de Justice et vu l’entrainement général qu’il y a aujourd’hui pour les entrepreneurs de faire de nouvelles constructions ». En riposte, la municipalité décide l’expropriation de l’église pour cause d’utilité publique ; le 20 Juin 1846, le juge de Paix du 1er canton est nommé commissaire-enquêteur, l’enquête publique a lieu le 24 Juin. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1980 |
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Nombre de pages | 12 |
Auteur(s) | Mireille LACAVE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |