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Description

Tressan de 1770 à 1826 Le demi-siècle du changement agricole

À la fin du XIXe siècle, Jacques Mestre arpente le canton de Gignac pour écrire une histoire locale, genre historique alors très en vogue. Il aborde ainsi le terroir de Tressan « consistant en […] champs à céréales dont le nombre décroît tous les jours pour faire place à de magnifiques plantations de vignes » . F observe donc le renouveau viticole post-phylloxérique commun à tout le canton . Cependant, il reste d’une grande pudeur lorsqu’il s’agit d’évoquer les productions agricoles anciennes ou le paysage passé . Le recours aux documents d’époque s’avère en tout état de cause nécessaire, si on souhaite se faire une idée précise du visage du terroir de Tressan entre les dernières décennies du XVIIIe siècle et les premières du XIXe siècle.

Les archives communales et départementales ont laissé à la disposition du public un compoix de 1770 et un cadastre de 1826 en parfait état. Ces deux documents se sont montrés très fiables et ont été traités grâce à une méthode informatique ayant permis gain de temps, sûreté des résultats et confort de recherche. L’analyse rigoureuse du corpus ainsi constitué a permis une restitution précise de l’espace bâti et cultivé du finage de Tressan entre 1770 et 1826.

Toutefois, il serait incorrect de ne pas brosser un portrait rapide de la situation et de l’histoire de ce village antérieurement aux bornes chronologiques fixées. Le territoire de la commune se situe dans le golfe néogène de l’Hérault, entre les villes de Gignac et Pézenas. Il couvre des terrains sédimentaires du miocène, plus précisément des mo-lasses marines. Cependant, les deux tiers du terroir environ sont recouverts par des alluvions récentes, dépôts de terrasses, éoliens ou lacustres. Le socle calcaire n’apparaît donc de ma-nière évidente que sur la seule colline traversant le terroir du nord au sud et d’est en ouest. L’exploitation de sols si favorables à l’agriculture fut vraisem-blablement précoce. Les toponymes gallo-romains et médiévaux ne font d’ailleurs pas défaut. Le tènement des Condamines se développe même sur le site de la villa à l’origine du perchement du village sur le coteau. Monique Clavel évoque le peuplement des campagnes du territoire de la civitas de Béziers par de nombreuses villae « à partir du dernier tiers du Ier siècle avant J.-C. ». Le cas de Tressan réunit les trois conditions d’installation constatées par l’auteur, à savoir l’établissement dans la plaine ; la proximité d’un point d’eau permanent, avec la source captée de la Fon de las Costes : enfin, une route importante jouxtant le centre d’exploitation, le Cami Ferrat. A. Pérez conforte cette théorie en soulignant « la présence d’un decumanus qui relie Tressan à Puilacher […] capturé sans doute lors de la constitution du noyau médiéval ». Ces hypothèses ont été confirmées sur le terrain. En effet, un atelier de potiers du IIe siècle après J.-C. a été sondé par l’abbé Joseph Giry en 1968. Laurent Schneider a prospecté le tènement des Condamines en 1991 et a conclu à la présence d’une villa gallo-romaine d’importance, abandonnée vraisemblablement au Ve siècle. Ainsi, le terroir de Tressan apparaît de mise en valeur très ancienne. Le Cami Ferrat de Gignac à Pézenas, entre l’Hérault et la colline, a servi d’axe originel de défrichement et d’installation. Les bords de la colline et les rives du fleuve ont sans doute été exploités au cours du Moyen Âge. Quant au palus, il fut asséché entre 1351 et 1540, sans que l’on puisse avancer de date plus précise. Le village médiéval est un castrum dont le perchement ne saurait être millésimé. Seule l’évolution de la dénomination de Tressan au cours des siècles peut s’avérer décisive pour dater cet « incastellamento ». En 967, le Livre Noir de Béziers parle de « Terenciano villa ». En 1010, la même source cite la « villa Terenciano ». A partir de 1113, le terme de villa disparaît, laissant dès lors place à l’acception plus générale de « Trencianum » ou de « Trenciano » en 1140, voire de « Trenssanum » en 1202. Le 4 des ides de mai 1264, Raimond de Castries rend hommage à Guillaume de Roquefeuil, en qualité de « dominus castri de Tressano ». Le perchement se situe certainement entre le milieu du XIIe et le milieu du XIIIe siècle, sans qu’il soit possible d’avancer une date plus exacte. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1998

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Bruno JAUDON

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf