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Description

Tous exilés et sortis de la France à cause de la persécution,
Montpelliérains réfugiés en Allemagne
à la Révocation de l’Édit de Nantes (1685)

* Doyen de la Faculté de théologie protestante de Montpellier.

L’édit de Fontainebleau (18 octobre 1685) révoquant celui de Nantes veut porter un coup définitif à la religion réformée en France. Depuis que Louis XIV règne, les protestants se sentent en sursis en France. Leurs droits religieux et juridiques sont systématiquement grignotés. En outre, la décision royale a été précédée de mesures de répression et d’intimidation (en Poitou en 1681, puis en Béarn et dans tout le sud de la France durant l’été et l’automne 1685) qui ont déjà enclenché un important mouvement de conversion au catholicisme ; inutile d’insister sur le peu de sincérité de ce mouvement : les cadres religieux et politiques, qui ne se font guère d’illusion à ce sujet, se contentent de considérer, comme dira l’intendant Bâville, que, faute de convaincre les pères, l’Église catholique récupérera les enfants. Peut-être y a-t-il un peu trop d’optimisme dans ce pronostic car beaucoup de ces nouveaux catholiques, tout en donnant un minimum de crédibilité à leur statut de par le respect extérieur de certains rites religieux, restent secrètement ou discrètement protestants.

Lorsque, fin septembre 1685, Bâville succède à d’Aguesseau comme intendant du Bas-Languedoc, les huguenots de la province sont déjà victimes de nombreuses mesures répressives. Quant à la ville de Montpellier, dont les huguenots représentent un tiers de la population totale, soit moins de 10 000 âmes environ, son dernier temple a été abattu fin 1682 ; ses pasteurs ont été exilés, sauf un dont les activités sont restreintes ; les huguenots se rendent encore au culte chez les seigneurs des environs (Pignan, Cournonterral) qui bénéficient encore de l’« exercice de fief ». Mais le logement des gens de guerre, auquel s’ajoute bientôt la Révocation, a un double effet : d’une part un nombre considérable d’abjurations (plus de 6 000), d’autre part un important mouvement de départ – Bâville, peu suspect d’avoir intérêt à grossir les chiffres, parle de 4 000 émigrés pour toute la province – tant de ceux qui refusent de « se réunir » que de ceux qui regrettent leur abjuration.

Après s’être procuré des « routes », c’est-à-dire des itinéraires donnant les indications pratiques nécessaires à leur fuite , ceux qui se résignent à l’exil réalisent leurs biens ou les confient à des proches. Puis ils se mettent en chemin, par familles ou par petits groupes, vers l’une des terres du Refuge : Suisse, Allemagne, Hollande ou Angleterre.

Les protestants de Montpellier et ceux des environs qui, avant de partir, s’y sont rassemblés, sortent généralement par la porte de Blanquarié (en bas de la rue de l’Université). En 1688, ils jugeaient avoir passé le plus grand danger au-delà du pont de Salaison, à une lieue de la ville. Ils se dirigent ensuite vers Lunel et Nîmes, puis atteignent soit Lyon – important centre commercial où l’on bénéficiait de la bienveillance de nombreux protestants étrangers en particulier allemands – en traversant le Massif central, soit directement Genève par la vallée de l’Isère.

Le gros des exilés languedociens choisit la Suisse : le quart des 6 000 réfugiés que la Suisse accueille dès novembre 1685 est originaire du Languedoc. Mais beaucoup poursuivent leur route au nord et se dirigent vers l’Allemagne, tantôt avec l’intention d’y résider, tantôt dans le but d’y faire étape avant de se rendre en Hollande. Lorsqu’ils sont parvenus à franchir la frontière, souvent en sacrifiant leur dernier argent pour soudoyer les gardes ou pour payer le passeur, ils sont interrogés par un pasteur du lieu qui leur délivre une attestation, puis enregistrés et assistés par les services diaconaux de la communauté. Dans la suite de leur voyage, l’attestation qu’ils ont reçue leur servira de pièce d’identité et leur permettra de recevoir de nouvelles aides. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1996

Nombre de pages

3

Auteur(s)

Hubert BOST

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf