Sur les noms de l’oliveraie dans les noms de lieux de l’Hérault : lexique et toponymie
Sur les noms de l’oliveraie dans les noms de lieux de l’Hérault :
lexique et toponymie
* Université de Paris-Sorbonne
p. 165 à 176
Les nouvelles données sur « les toponymes faisant référence à l’olivier et à sa culture dans l’espace héraultais » contenues dans une publication récente (Casado 2007) 1, données qui viennent compléter celles déjà recueillies par Hamlin dans sa Toponymie de l’Hérault (2000, 274) 2, invitent à pousser plus loin l’analyse des noms de lieux remontant à des désignations de l’oliveraie 3. Nous serons ainsi en mesure d’apporter de nouvelles rectifications à la somme du regretté savant 4.
I. Le socle lexicologique
Recherchant des noms de lieux d’origine délexicale, nous commencerons par mettre au point les données lexicologiques, en nous appuyant sur les ouvrages canoniques, du FEW au DRF, et en n’hésitant pas à les retoucher quand le besoin s’en fera sentir. Cette première étape de la démarche 5 est indispensable si l’on entend tirer tous les enseignements sur la toponymie et le lexique qu’implique la mise en relation de ces deux domaines 6.
1. Le latin OLIVETU et sa descendance
1.1. Dans le latin écrit de l’Antiquité, l’oliveraie est notamment désignée par le collectif olivetum (depuis Caton, OLD). Conservé dans it. oliveto (depuis 14e s.) et dans cat. dialectal olivet (Empordà, Garrotxa) 7, olivetu ne possède aucun continuateur attesté à date historique dans le lexique de l’occitan 8.
1.2. Dès les débuts de la documentation écrite, le lexique occitan semble en effet s’être débarrassé de la plupart des dérivés collectifs en -etu, dont la toponymie permet pourtant d’attester largement l’emploi dans le midi de la Gaule. Adams (1913, 170) ne cite aucun exemple de substantif en -et dans la langue médiévale, et Ronjat (1930-1941, 3, 386) enseigne que -etu ne se continue dans la langue moderne que « pétrifié dans des n[oms] d[e] l[ieux] ». Le dépouillement de la section du DAO/DAG consacrée aux plantes (378-1185),s’il permet de repérer quelques formations lexicales en -et limitées à l’ancien gascon 9, ne fournit, en ce qui concerne l’occitan médiéval stricto sensu, que des toponymes figés 10.
1.3. C’est donc par euphémie que Hamlin (2000, 274) pouvait écrire que « olivet n’est pas courant en occ[itan] » 11. Si ce mot a vécu en langue d’oc, il aurait convenu d’apporter des preuves ou du moins des indices dans ce sens.
1.4. Or, il est cependant possible de relever un petit nombre de collectifs issus de -etu qui se sont maintenus à l’état de reliques en domaine occitan (stricto sensu) 12, et ce dans des zones relativement proches de l’Hérault : Aix tillet (1723) 13, Alès arboussë (1785) et ArdècheS. [dE+bu s] 14, Nant costognét [kOstO t] 15, Alès castané (1756 et 1785) 16, Alès prunët (1785) 17.
On verra aussi (ci-dessous § I.2.2.) qu’il est logiquement nécessaire de postuler la survie de collectifs en -et jusqu’à la date de l’amuïssement de /t/ final en provençal (16e siècle) afin d’expliquer la formation du type secondaire en –eta.
Enfin, Casado (2007, 52) a révélé l’existence d’un mot de français régional olivet s. m. “plantation d’oliviers” attesté dans les tableaux indicatifs de certains cadastres héraultais au début du 19e siècle (Saussan 1817, Azillanet et Siran 1818, Pignan 1819, Roquebrun 1832, Le Bosc 1835, Saint-Geniès-de-Fontédit 1837).
Ces différents éléments invitent à penser qu’un occ.*olivet, continuateur de lat. olivetu, a bel et bien existé, et que celui-ci s’est maintenu dans l’Hérault au moins jusqu’au début de l’époque moderne pour pouvoir être emprunté par le français de la région.
2. L'occitan
2.1. Le type oliveda
Selon un processus bien connu, olivetu a été refait en latin parlé, à partir du pluriel 18, en un féminin singulier *oliveta, d’où aocc. oliveda et cat. oliveda 19. DAO et DAOSuppl 657 20 ont commodément rassemblé les données occitanes médiévales. On y voit qu’aocc. oliveda est documenté avec les localisations suivantes : Montpellier 12e s. 21, Nîmes 1391 et 1402, Avignon 1430, Limoux 1454 ; c’est cette forme que calque certainement mlt. oliveta s. f. noté dans l’Hérault (Gellone ca 1005; Maguelonne 1143 ; Montpellier 1196) et plus à l’est (Lérins ca 1090; Marseille 12e s.); c’est elle que reproduit directement mlt. oliveda (Maguelonne 1331 et Limoux 1454). On trouve ensuite, au 18e siècle : Béz. oulibédo (ca 1710) et Alès oulivêdo (1756 et 1785) 22, puis, dans les parlers contemporains, lang. oulibedo, Alès et Pézenas oulivédo 23. L’ALLOr (299 et 299*) du regretté Jacques Boisgontier montre que la très grande majorité des parlers des localités de l’Hérault (19 points d’enquête) où les oliveraies sont connues et dénommées emploient fidèlement ce type.
2.2. Le type oliveta
Un autre type collectif, en -eta, est issu du précédent par un second remodelage. Ce type oliveta s’est développé plus récemment, selon un modèle courant « dans la Provence proprement dite et dans le N. de notre domaine » (Ronjat 1930-1941, 3, 387) 24. Il couvre une aire essentiellement provençale : pr. bdauph. mars. dans FEW (7, 349a), Gard (sauf une bande orientale) 25 et sud de l’Ardèche dans ALLOr (299), Hautes-Alpes (91, 110) et Bouches-du-Rhône (p. 130) dans ALP (523*). La première attestation lexicale ne remonte qu’à 1785, à Marseille (oouliveto) 26. L’existence de l’appellatif provençal doit néanmoins être postulée dès avant 1516, au témoignage du toponyme l’Olivette, nom d’un « anc[ien] quartier de Marseille », Ollivette en 1516 27. Par ailleurs, la création des dérivés collectifs en -eta ne peut être, selon l’explication reçue 28, que postérieure à l’amuïssement des occlusives finales après voyelle simple, changement qui n’émerge lui-même à l’écrit qu’au 16e siècle en provençal 29. On peut donc estimer que ces formations ne sont pas apparues avant la fin du Moyen Âge.
ALLOr 299 montre que le type oliveta n’affecte l’Hérault que de manière très marginale. Il n’a été relevé en effet qu’en trois points : Pézenas, Bouzigues et Pouzolles. Sur l’origine (récente) de cette petite aire, v. ci-dessous § I.1.3.3.
2.3. On voit que les types oliveda et oliveta se différencient parfaitement, tant aux plans formel et chronologique que par leur distribution spatiale, et qu’il convient donc de les distinguer 30. Par conséquent, on n’approuvera pas Casado (2007, 57, 58) lorsqu’il pose comme étymon un « occitan oliveda / oliveta » à barre oblique 31, auquel il renvoie par un singulier (« ce terme »), quand il parle du « suffixe -eda / -eta » et présente son matériel « tous sous[-]types confondus », de manière passablement confuse 32. Il va sans dire, en outre, que ni oliveda et oliveta ne sont — malgré Hamlin (2000, 274), suivi par Casado (2007, 57) — des créations occitanes sur occ. oliu ou oliva ; ce sont des réfections enchaînées sur le continuateur héréditaire de olivetu.
2.4. Le type local olivieira
ALLOr (299 p. 34.02) a enregistré [ulijEi+os.f.] “olive-raie” en un seul point de son domaine : Frangouille (commune de La Tour-sur-Orb). Cette forme isolée est à ajouter au FEW (7, 347b), qui ne signale aucun mot occitan de ce type doté de ce sens 33.
2.5. Un faux collectif (oliu)
Il convient encore de rappeler que le sens collectif (“champ d’oliviers”) que Raynouard (Rn 4, 365) avait accordé il y a très longtemps, par erreur, à aocc. oliu, a été corrigé il y a longtemps, par Levy (Lv 5, 474 “Oelbaum” ; cf. DAO 655, 1-2).
3. Le français
3.1. Le type olivede
Occ. oliveda a été emprunté par le français régional. Dans l’état actuel de la documentation, cet emprunt semble être resté marginal : frm. ollivede (Hér. [Causse-de-la-Selle] 1655), oulivede (Hér. [Les Aires] 1668-1683) 34.
3.2. Le type olivette
C’est que le type olivede a probablement été étouffé en français méridional par un autre emprunt au type occitan le plus récent, oliveta (> olivette). Ce second emprunt est beaucoup mieux documenté que olivede : mfr. olivette (Aude [Ginestas] 1573 ; Hér. [Paulhan] fin 16e s.) 35, frm. ollivette (Hér. [Candillargues] 1651 ; Hér. [Causse-de-la-Selle] 1655 ; Hér. [Viols-le-Fort] 1664 ; Hér. [Candillargues] 1755-1756), olivete (Hér. [Viols-le-Fort] 1665-1695 ; Alès 1756 ; Hér. [Les Aires] 1779) 36. Aujourd’hui encore, frm. olivette est usuel, dans le français de la Provence, du Gard, de l’Hérault et de l’Aude 37.
Comme les parlers occitans de l’Hérault sont restés presque tous fidèles au type féminin ancien oliveda (ci-dessus § I.2.1), il est évident que l’emprunt de olivette à l’occitan n’a pu être pratiqué dans l’Hérault, mais seulement à l’intérieur de l’aire originelle d’occ. oliveta, c’est-à-dire en Provence ou sur ses marges. Le régionalisme s’est diffusé ensuite, par emprunt interne, dans la variété française du Bas-Languedoc. La toponymie permettant d’attester indirectement le lexème dans l’Hérault dès 1544, à travers un nom de terroir de Saint-Vincent-de-Barbeyrargues (Olivetes) 38, c’est dès avant cette date que doivent être situés et l’emprunt par le français et (le début de) sa diffusion vers l’ouest 39. Une indication sur le terminus ante quem non est fournie par la date estimée de création des collectifs en -eta en provençal, laquelle ne doit pas être de beaucoup antérieure au 16e siècle (v. ci-dessus § I.2.2.).
3.3. Fr. olivette : le retour (dans les patois)
On a déjà signalé (ci-dessus § I.2.2.) que le type occ. oliveta (réalisé [uli ta], [uli to]) forme dans l’Hérault une petite aire isolée bien séparée de l’aire principale du mot par la zone de Montpellier et comprenant Pézenas (chef-lieu de canton), Bouzigues et Pouzolles. Cette aréologie suggère que [uli ta], [uli to] est un emprunt à olivette, parachuté par le français régional 40. Comme la source du FEW pour Pézenas consigne encore oulivédo à la fin du 19e siècle (Mâzuc 1899, 307) 41, il y a tout lieu de penser que l’emprunt au français l’a emporté au cours du 20e siècle 42 dans les parlers de cette zone. Cela n’exclut pas l’existence de poussées plus anciennes, mais non abouties 43.
Le même emprunt parachuté [uli to] a été trouvé à Lauraguel (Aude), dans une petite aire située à la limite de l’Aude et de l’Hérault, et à Saint-Germain-de-Calberte (Lozère), localité où il n’y a point d’oliveraies 44. Cette aréologie en peau de léopard signale des emprunts récents faits à une époque où (i) les grandes villes largement désoccitanisées ne jouent plus le rôle de centres directeurs sur les patois, (ii) où le français est puissamment implanté partout, (iii) où la force d’intercourse entre parlers occitans est réduite.
Il est d’ailleurs probable que le français régional olivette a joué un rôle dans la progression du type occitan oliveta dans la partie occidentale de son aire actuelle. Dès 1756, Sauvages, dont le témoignage vaut pour la région de sa ville natale Alès, enregistrait le mot occitan oulivêdo (cf. ci-dessus § I.2.1.) tout en le traduisant en français par olivete ; mais aujourd’hui, le point de l’ALLOr le plus proche d’Alès (Laval-Pradel, p. 30.03) dit [auliv to].
II. Les toponymes de l'Hérault
1. Les toponymes issus de lat. olivetu et de sa descendance
1.1. La première question qui se pose est celle de savoir si lat. olivetu a laissé, en tant que tel, des vestiges dans la toponymie de l’Hérault, c’est-à-dire s’il existe des noms de lieux héraultais issus de olivetu et formés durant l’Antiquité. Hamlin (2000, 274) a adopté à ce sujet une position curieusement ambiguë. Après avoir énuméré neuf toponymes, il posait « lat. olivetum “plantation d’oliviers” », mais ajoutait, comme s’il se ravisait : « mais comme olivet n’est pas courant en occ[itan] comme n[om] commun, il est probable que tous nos exemples, à l’exception des formes médiévales, représentent plutôt le n[om] de famille Olivet ».
1.2. Il convient donc de réexaminer de plus près le matériel fourni par Hamlin (2000, 274, III).
1.2.1. Dans le cas de Mas Olivet, nom d’une ferme (Saint-Clément-de-Rivière), c’est la construction asyndétique archaïsante du complément déterminatif marquant la possession (comme dans l’affaire Saint-Fiacre) qui montre qu’on a affaire, comme second terme, non pas à un nom commun, mais à un nom de propriétaire ou de tenancier 45. D’après Casado (2007, 52), le patronyme Olivet « est encore attesté à 34 occurrences sur le département de l’Hérault selon les données de l’annuaire électronique » 46. Ce toponyme s’inscrit en outre dans un paradigme extrêmement productif : cf. Mas André (Saint-Bauzille-de-Putois) en face de Mas d’André (Vic-la-Gardiole), Mas Arnaud (1740-1760) devenu Mas d’Arnaud (Aumelas), Mas Martin (Mauguio) en face de Mas de Martin (Saint-Bauzille-de-Montmel), Mas Pascal (Murviel-lès-Béziers) en face de Mas de Pascal (Aspiran ; Saint-Michel), etc. 47.
1.2.2. Pour la même raison de syntaxe, Puech Olivet, nom d’un terroir de la commune de Poilhes (Pech Olivet 1810), et Puech Oulivet, nom d’un terroir de la commune d’Assas (id. 1811) 48, sont justiciables de la même interprétation déanthroponymique 49. Ces noms de lieux s’inscrivent, eux aussi, dans un paradigme fortement productif (occ. puech / pioch + nom de personne).
Casado (2007, 50) a le mérite d’indiquer que le même type se trouve encore dans les communes de Creissan (le Puech Olivet 1809), Loupian (Pech Olivet 1820) et Saint-Vincent-de-Barbeyrargues (Puech Olivet 1554, Puech Oulivet 1831). En raison de cette fréquence assez élevée, il est enclin à rattacher ces noms plutôt « à des pratiques cultuelles qu’à des pratiques culturales », c’est-à-dire « directement ou indirectement » à « l’Olivetum biblique » (Casado 2007, 51).On restera sur la réserve jusqu’à ce qu’un occ. *Pueg Olivet “Mont des Oliviers” soit attesté. En outre, l’argument de fréquence ne saurait jouer en défaveur d’une origine déanthroponymique : bien que travaillant sur des matériaux plus réduits que ceux de Casado, Hamlin relève, par exemple, quatre (le) Pech / Puech Estève et un le Pioch d’Estève, trois (le) Puech Arnaud et trois Puech Aussel(s) 50.
1.2.3. Olivet est le nom d’un hameau d’Agonès désigné comme mas de Olivet en 1554, puis Olivet 1774-1775 51. Ce nom pourrait, en principe, admettre une explication par olivetu aussi bien que par le nom de personne Olivet. L’alternance entre mas de Olivet et Olivet 52 recommande toutefois clairement une origine déanthroponymique 53. On hésitera donc beaucoup à suivre Dauzat / Rostaing (1978, 507) quand, tout comme Strobel (1936, 80) qu’ils ne mentionnent pas, ils tirent ce nom de lieu de « lat. olivus […] avec suffixe collectif -etum » 54.
1.2.4. On écartera donc Mas Olivet, Puech Olivet et congénères, ainsi que Olivet < mas de Olivet, du « macro-article » Olivier de Hamlin, bâti autour des notions d’olive et d’olivier 55.
1.2.5. En revanche, mlt. Oliveto 946 56, nom d’une « loc[alité] non ident[ifiée] aux environs de Vendres » et mlt. Oliveto 10e ou 11e s. (?), nom disparu d’un terroir (vignoble) 57, latinisent certainement des noms de lieux remontant en dernière instance à olivetu. Néanmoins, dans la mesure où l’on ne possède, dans les deux cas, que des attestations de latin médiéval dans lesquelles l’apparition d’un éventuel article défini dans le vernaculaire aurait de bonnes chances d’avoir été bloquée, il est impossible de décider si ces formations appartiennent à la strate qu’on peut appeler latine (avant ca 700, du fait de l’éventuelle absence d’article) 58 ou (dans l’hypothèse d’un article bloqué) à une couche qu’on peut déjà considérer comme occitane.
1.2.6. On ajoutera que le compoix de Saint-Vincent-de-Barbeyrargues (1554) cité par Casado (2007, 58) mentionne un nom de terroir Olivetz (« devés appellat Olivetz »). Casado n’étudie pas ce nom. En dépit du caractère unique du témoignage, on peut envisager, du fait de l’absence d’article, une issue antique ou tardo-antique du pluriel olivetos.
1.2.7. Dans plusieurs noms de lieux du type l’Olivet, qui ne sont attestés par Hamlin qu’aux époques moderne ou contemporaine, la présence de l’article masculin singulier rend improbable que Olivet soit à l’origine un nom de personne. On ne trouve guère, en effet, de toponymes héraultais comme *le Bertran, *le Galabert,*le Guilhem,* le Guiraud,*le Martin,* le Pascal, alors que sont connus Bertran, Galabert ou Guiraud, les Guilhems, les Guirauds, les Martis ou les Pascals 59. On a vu, d’autre part, (ci-dessus (§ I.1.4.) qu’il existait de bonnes raisons d’admettre l’existence d’un occ. *olivet. C’est donc à cet étymon qu’on rattachera les toponymes suivants : — l’Olivet (« al Olivet ») 16 s., nom disparu d’un terroir d’Azillanet 60 ; — Lolivet, nom d’une ferme de Villeveyrac, Loulivet 1770-1772 61, l’Olivet 1812 (« nom de « tèn[ement] ») 62 ; — l’Olivet, nom d’un terroir de Cazouls-lès-Béziers 63 ; — l’Olivet, nom d’un terroir de Pignan (cf. les Olivets en 1840) 64. À la liste de Hamlin on ajoutera deux microtoponymes apportés par Casado (2007, 52) : l’Olivet, nom d’un terroir d’Agel (1812) et d’un terroir de Roquebrun (1831). On rattachera d’autant plus volontiers ces noms de lieux à occ. *olivet que Casado (2007, 52) a fait remarquer la bonne concordance géographique qui existe entre les attestations de l’appellatif frm. rég. olivet (ci-dessus § I.1.4.) et la microtoponymie (c’est le cas à Agel, à Azillanet, à Pignan et à Roquebrun).
1.2.8. On partagera les doutes exprimés par Casado (2007, 53) concernant les Olivets (1836), nom d’un terroir de Gorniès. Non seulement en raison de «l’absence de traces de culture de l’olivier [dans] la commune », mais aussi parce que ce toponyme s’intègre sans difficulté dans le modèle prolifique {article défini masculin pluriel + nom de personne (au pluriel)} 65.
1.2.9. Hors de l’Hérault, Dauzat / Rostaing (1978, 507) rattachent à « lat. olivus […] avec suffixe collectif -etum » (pour nous olivetu) 66 Olivet nom d’un hameau du Gard et nom d’un hameau du Tarn ; en ce qui concerne le nom gardois, ces auteurs avaient été précédés par Strobel (1936, 80),qu’ils ne citent pas. Une telle origine est exclue dans le Tarnoù la culture de l’olivier n’est pas traditionnelle 67 et où Olivet (hameau d’Anglès) est situé dans la montagne 68. Quant à Olivet, nom d’une ferme de Vabres, dans le Gard, Germer-Durand (1868, 156) n’en fournit aucune forme ancienne : une origine déanthroponymique ne saurait être exclue. En revanche, Olivet, nom d’un « quart[ier] » de Peyrins (Drôme), villa Oliveti 948 69, continue beaucoup plus sûrement lat. olivetu 70.
Rostaing (1972, 116) rapporte à lat. olivetum plusieurs noms de lieux de Provence. Une date de formation antique ou tardo-antique paraît effectivement assurée pour Olivet, « près d’Apt » 71, Oliveto 896. Elle est vraisemblable dans les cas de l’Olivet, nom d’un terroir entre Cannes et Le Cannet (Alpes-Maritimes), terra de Olivet 1091, et de les Olivets, nom d’un lieu-dit (Saint-Mitre-les-Remparts, Bouches-du-Rhône), Ollivet 1603 72, ainsi que dans celui de ad Oliveto 814 (à Rognes, Bouches-du-Rhône), non continué.
2. Les toponymes dérivés en -ELLU ou -el de lat. OLIVU ou d'occ. oliu
2.1. Une apparente dérivation en -el se présente à trois reprises dans la toponymie de l’Hérault (Hamlin 2000, 274, VI).
2.1.1. Nauribel, nom d’un terroir de Combaillaux, forme orale occitane Launibel ou Lauribel, est attesté depuis le 15e siècle : « mas ou terrador apelat Ollivelz » 1447, puis au 16e s. : « terratori d’Olivelz ».
Le toponyme est passé au singulier après le 16e siècle. Comme l’indique Hamlin, la forme contemporaine écrite s’explique par l’accrétion partielle de la préposition occitane en. Elle reflète aussi le bétacisme qui affecte presque tous les parlers de l’Hérault 73, et elle a subi, à partir de *Nolibel, une dissimilation /l—l/ > /r—l/. La forme orale Launibel est issue d’une métathèse sur *Nolibel. Lauribel peut s’expliquer par un croisement entre les deux solutions concurrentes, Launibel et Nauribel.
2.1.2. Occ. [u+ibEl] (« sans article »), nom d’un terroir de Murviel-lès-Béziers, frm. les Ouribels sur la carte IGN 74, a subi le même bétacisme et la même dissimilation que Nauribel.
2.1.3. Enfin, frm. l’Olivel, l’Olibel 1657 est le nom disparu d’un terroir d’Azillanet 75.
2.1.4. Le même type est connu dans le Gard : frm. l’Olivel, nom d’un « q[uartier cadastral] » de Calvisson, al Olivel 1684; mlt. ad Olivellos 1249, qui serait les Olivelles, nom d’un « q[uartier cadastral] » de Congénies 76. On remarque que Calvisson et Congénies sont deux communes limitrophes entre elles et proches de l’Hérault.
2.2. Hamlin explique ces noms par un « dérivé, avec suff[ixe] dimin[utif] -el, d'[occ.] oliu (au sens d’“olivier” ou à celui de “plantation d’oliviers” ». Il faut exclure que oliu ait eu le sens de “plantation d’oliviers” — une vieille lune dont la lexicographie historique a fait justice depuis longtemps (v. ci-dessus I.2.5.). D’autre part, comme Nauribel et [u+i bEl] sont dépourvus d’article, il paraît anachronique de les rapporter à oliu, lequel ne peut être — malgré l’absence d’étiquetage chez Hamlin — qu’une forme proprement occitane. Selon Astor (2002, 554), « il semble que le diminutif -èl ait été un doublet connu [sic] des formes en -et »). Il est vrai que, pour lui, les « dérivés en -et » sont des « diminutifs à sens collectif » 77.
2.3. On ne peut retenir cette hypothèse d’Astor qui ne s’accorde pas avec les valeurs connues du suffixe -el < -ellu 78. On en restera donc avec Hamlin à l’idée de suffixations diminutives. Mais on posera (i) lat. olivu s. m. “olivier” 79 + -ellu pour Nauribel et, probablement, pour [u+ibEl] ; (ii) occ. oliu s. m. “olivier” (depuis 1228-1229) 80 + -el pour l’Olivel / l’Olibel. Le pluriel originel de Nauribel et celui de Olivellos 1249 (Gard) ont dû s’appliquer, au moment de la nomination, à des oliveraie récemment plantées.
2.4. On pourrait être tenté de sauver l’idée qu’on a affaire ici à des dérivés de sens collectif en postulant lat. *olivetulu “petite plantation d’oliviers” et en faisant valoir les parallèles offerts par le catalan 81. L’issue attendue serait aocc. *Olivelh(s). Mais on sait qu’en Languedoc, notamment dans tout le département de l’Hérault, mais aussi « y compris les pays de parler prov[ençal] » (régions de Nîmes et d’Uzès), –lh(s) s’est dépalatalisé en –l(s) 82. L’ambiguïté du graphème
3. Les toponymes issus d'occ. oliveda
3.1. Hamlin (2000, 274, IV) rapporte à « occ. oliveta » le toponyme médiéval mlt. Oliveta Longa, nom d’une «loc[alité] non ident[ifiée] aux environs deMauguio »,documenté en 1243. À cette date, une telle filiation est évidemment impossible, puisque le type en -eta n’a pénétré dans l’Hérault que beaucoup plus tard, grâce à l’action du français (v. ci-dessus § I.2.2., I.3.2., I.3.3.). On a évidemment affaire à la latinisation d’un toponyme occitan en -eda. Celui-ci est vraisemblablement à rattacher à aocc. oliveda (attesté dans l’Hérault depuis le 12e siècle ; v. ci-dessus § I.2.1.). On ne peut pas tout à fait exclure que le toponyme occitan sous-jacent ait été démuni de l’article, mais il est plus prudent de penser que l’occurrence de l’article s’est trouvée bloquée par la latinisation. On est amené en tout cas à rectifier l’étymologie de Hamlin.
3.2. Dans la microtoponymie de l’Hérault, le type l’Olivède est documenté depuis le 17e siècle : frm. l’Olivede (Cébazan 1619 ; Viols-le-Fort 1665-1695) 85, l’Oulivede (Les Aires 1688) 86, l’Oulivede Longue (Aigues-Vives 1763) 87. Pourtant, bien que ce type toponymique soit conforme à l’usage de l’occitan de la région, on ne le trouve que rarement au début du 19e siècle dans les cadastres napoléoniens. Casado (2007, 58-60) n’en a relevé que quatre exemples : frm. l’Olivede (Causse-la-Selle 1829) 88, l’Oulivede (Valmascle 1836), las Oulivedes (Fabrègues 1826), avec presque tous les stigmates de l’occitan, et, tout marqué d’occitan, las Oulivedas Espessas (Saint-Geniès-de-Fontédit 1837) 89. Ces formes remontent à occ. oliveda s. f. “plantation d’oliviers” (depuis 12e s., ci-dessus § 1.2.1.) 90.
3.3. Le thème Olived– se trouve dans plusieurs microtoponymes dérivés (Casado 2007, 58, 59) : frm. l’Olivedette (Causse-la-Selle 1655 91 ; Cournonterral 1819 ; Brissac 1836) ; l’Oulibedasse (Castelnau-de-Guers 1813), Oulivedasse (La Boissière 1828) 92, les Olivedasses (Fontanès 1835) ; l’Olivedas (Le Bosc 1835). Ces microtoponymes font supposer qu’occ. *olivedeta s. f. “petite plantation d’oliviers” 93 et *olivedassa s. f. “grande plantation d’oliviers” ont été lexicalisés, et qu’occ. *olivedás (s. m.) a pu l’être.
4. Un toponyme issu d'occ. mod. olivieira
Hamlin (2000, 274, VII) a relevé les Olivières, nom d’un terroir du Puech 94 qu’il explique par « [occ.] oliu [“olivier”] + suff[ixe] collectif –ièra ». Or, une telle dérivation ([ulijEi+o]) est lexicalisée dans le parler de La Tour-sur-Orb (ci-dessus § I.2.4.). Cette localité étant proche du Puech, la toponymie permet de confirmer l’enracinement très local de ce type lexical.
5. Le faux collectif oliu
Hamlin (2000, 274) semble invoquer Rostaing (1972, 115-6) pour poser qu’aocc. oliu a été « autrefois employé avec une valeur collective ») 95. Il n’en est rien (v. ci-dessus § I.2.5.). On expliquera donc les noms de lieux groupés par Hamlin (2000, 273-4, sous II) par aocc. oliu ou lang. mod. [uliu]s. m. dans le seul sens, celui d’“olivier”, que le mot ait jamais possédé.
6. Les toponymes issus de fr. olivette
6.1. Quant au type toponymique Olivette, il est attesté dans la toponymie de l’Hérault dès 1544 comme nom d’un terroir de Saint-Vincent-de-Barbeyrargues (mfr. Olivetes) 96 et dès la fin du 16e siècle à Paulhan (mfr. l’Houlivetto Vielhe) 97. On trouvera d’autres attestations des 17e et 18e siècles dans Lambert (1996, 19) et Casado (2007, 58, 59).Au début du 19e siècle, il était très largement dominant dans la microtoponymie héraultaise. Casado (2007, 58-9) l’a relevé — y compris les composés et les dérivés — dans les cadastres napoléoniens de 48 communes 98. Hamlin (2000, 274, IV), qui avait déjà noté ce type dans 18 communes, permet d’ajouter l’Olivette à Pignan, nom absent de Casado.
6.2. On constate donc un profond décalage entre l’usage lexical des patois occitans de l’Hérault, d’une part, et l’usage de la microtoponymie (attestée en français) de ce même département. Dans les patois, le type lexical oliveda est pratiquement le seul connu (sauf rares cas d’emprunts très récents au français ; v. ci-dessus § I.3.3.), tandis que le type Olivette domine, au contraire, en microtoponymie, où le type Olivede était rare dès le début du 19e siècle. Cette déconnexion montre clairement que les microtoponymes du type Olivette ne doivent rien aux parlers occitans et ne peuvent être que d’origine française. Ils remontent à fr. rég. olivette s. f. “plantation d’oliviers”, attesté directement depuis 1573, indirectement depuis 1544 (ci-dessus § I.3.2.). On peut ainsi rectifier utilement la doctrine de Hamlin, qui rapportait les noms de lieux du type Olivette à « occ. oliveta “plantation d’oliviers” », et celle de Casado (2007, 57) quand il écrit, sans opérer la distinction nécessaire, que « [le type suffixal en –eda / –eta] a été très productif dans la toponymie occitane » 99.
6.3. Dans quelques localités, les études de cas présentées par Casado (2007, 63-6) sur la base des compoix permettent de dater de manière relativement précise la création de microtoponymes en -ette : (i) à Siran, Olivette apparaît entre 1527 et 1630 100 ; (ii) à Saint-Bauzille-la-Sylve, l’Hollivette Grande apparaît entre 1527 et 1641 et l’Olivette Longue entre 1641 et 1676 101 ; (iii) à Cazevieille, l’Olivette Basse et l’Olivette Haute apparaissent entre 1554 et 1677 102 ; (iv) à Alignan-du-Vent, Grande Olivette apparaît entre 1656 et1792, mais à cette dernière date « il n’y a plus d’oliveraie sur le tènement » 103. Ces coups de sonde permettent de confirmer que certains microtoponymes du type Olivette sont des créations françaises pures et simples remontant au 17e siècle ou au 16e siècle (v. ci-dessus II.6.1.) 104.
6.4. La documentation réunie par Casado (2007) permet aussi d’entrevoir deux cas où le type français en -ette est venu concurrencer le type plus ancien en -ede. (i) À Viols-le-Fort, on relève un cas de fluctuation, les deux formes désignant, vers la même époque, une même parcelle : l’Olivede en 1665-1695 et l’Olivette en 1664 105. Le toponyme n’a pas survécu, mais il semble évident que l’Olivede est la forme régressive. (ii) À Aigues-Vives, c’est un cas de substitution qui apparaît : l’Oulivede Longue de 1763 était devenu Olivette Longue en 1812 106. Il est donc assuré que certains microtoponymes du type Olivette sont des rajeunissements du type Olivede 107, la toponymie se renouvelant en suivant le mouvement du lexique français régional. Dans la toponymie majeure de l’Aude, L’Olivette (Fendeille) est également le fruit d’un remodelage attesté depuis 1789 (l’Oulivette), d’après fr. rég. olivette, de Olivetas 1366 108, lequel, à cette date ne peut que latiniser un aocc. *Olivedas 109.
6.5. En l’absence d’études véritablement poussées dans le détail, fondées sur des documents d’archives autres que les compoix, il est difficile d’évaluer exactement la part respective des créations toponymiques en -ette et des simples réfections rajeunissantes. On notera toutefois qu’on a, pour l’instant, plus d’exemples du premier procès que du second.
III. Conclusions
1. Bilan chronologique des investigations
1.1. Les toponymes héraultais tirés d’une dénomination de l’oliveraie (ou ayant désigné originellement une oliveraie) dont la création pourrait remonter à l’Antiquité ou à l’Antiquité tardive sont rares 110, et aucun d’eux n’est complètement assuré. Lat. olivetu peut avoir généré de un à trois toponymes ; deux autres remontent à un diminutif pluriel *olivellos, qui a pu être appliqué à une jeune oliveraie.
1.2. Ce qui reste de la couche occitane, formée au Moyen-Âge et / ou durant l’époque moderne, est relativement mince. On note surtout des issues de oliveda (huit toponymes) et de ses dérivés : *olivedeta (trois toponymes), *olivedassa (trois toponymes) et *olivedás (un seul toponyme). L’occitan régional a sans doute fait aussi usage de la relique *olivet (sept toponymes). Le type local olivieira s’est fixé dans un seul toponyme.
1.3. C’est le français qui se taille la part du lion en fournissant, à travers le régionalisme olivette (et son dérivé *olivetasse, responsable d’un toponyme), la strate la plus dense. Formée à partir du 16e siècle, cette couche comprend plusieurs dizaines de noms de terroirs. Nous avons eu l’occasion de critiquer ailleurs le peu d’attention porté par Hamlin à la couche française, et la sous-estimation qui en découle de l’importance de cette couche 111. Avec le type Olivette, on a la chance exceptionnelle de disposer d’un réactif lexical permettant de mettre en évidence l’importance quantitative des formations françaises, qu’il s’agisse de créations proprement dites ou de réfections.
2. Exemples de résumés lexicographiques
Sur la base des analyses ci-dessus, que nous souhaitons aussi approfondies que le permet l’état actuel de la documentation, il serait possible de présenter les données sous la forme d’articles d’un dictionnaire toponymique. On en trouvera trois exemples ci-dessous. Ces articles sont à comprendre comme des résumés de la recherche ; pour ne pas les alourdir de manière répétitive, nous avons supprimé les références aux sources, la bibliographie et les discussions, pour lesquelles on se reportera ci-dessus. Nous nous sommes efforcé de donner une forme lexicographiquement décente à ces articles et nous avons préféré, à l’instar des grands dictionnaires étymologiques (REW, FEW, LEI), une organisation partant de l’étymon.
2.1. oliveda “oliveraie” (occ.).
DOCUMENTATION
Sources : Hamlin 2000, 274 ; Casado 2007, 57, 58, 59, 60.
- Simples. [Précédés de l’article défini féminin.]
— [Au singulier.]
- 1619 frm. l’Olivede, nom disparu d’un terroir de Cébazan.
- 1665-1695 frm. l’Olive de [en position autonymique] « vigne et olivete au tenement du Rouvet, appelat l’Olivede », nom disparu d’un terroir de Viols-le-Fort [= 1664 frm. l’Olivette].
- 1829 frm. l’Olivede, nom d’un terroir de Causse-la-Selle.
- [Marqués d’un trait occitan (Ou- en prétonie).]
- 1688 frm. l’Oulivede « ung hermas a l’Oulivede », « ung brugasa l’Oulivede », nom disparu d’un terroir des Aires.
- 1836 frm. l’Oulivede, nom d’un terroir de Valmascle.
— [Au pluriel ; avec l’article occitan.]
- 1826 frm. las Oulivedes, nom d’un terroir de Fabrègues.
- Composés.
2.1. [Précédés de l’article défini féminin.]
— [+ occ. espés adj. “dont les constituants sont nombreux et serrés” (cf. FEW 12, 198a), au féminin pluriel.]
- 1837 frm./occ. las Oulivedas Espessas, nom d’un terroir de Saint-Geniès-de-Fontédit.
— [+ aocc. lonc adj. “qui a une étendue supérieure à la moyenne dans le sens de la longueur” (FEW 5, 406b), au féminin pluriel.]
- 1763 frm. [marqué d’un trait occitan, Ou- en prétonie] l’Oulivede Longue, nom d’un terroir d’Aigues-Vives [> 1812 frm. Olivette Longue].
2.2. [Latinisation ; cf. ci-dessus 2.1.8.]
- 1243 mlt. Oliveta Longa, nom disparu d’une localité située aux environs de Mauguio.
COMMENTAIRE. — D’occ. oliveda s. f. “plantation d’oliviers”, attesté de manière continue dans l’Hérault depuis le 12e siècle. Une partie des microtoponymes anciennement formés sur occ. oliveda a été renouvelée, à partir du 16e siècle, sur fr. rég. olivette (cf. ci-dessus 1.2. et surtout 1.8.).
2.2. *olivedeta “petite oliveraie” (occ.).
DOCUMENTATION
Sources : Lambert 1996, 19 ; Casado 2007, 58, 59.
— Simples. [Précédés de l’article défini.]
- 1655 frm. l’Olivedette [en position autonymique] « ollivette appelée l’Olivedette», nom d’un terroir de Causse-la-Selle.
- 1819 frm. l’Olivedette, nom d’un terroir de Cournonterral.
- 1836 frm. l’Olivedette, nom d’un terroir de Brissac.
COMMENTAIRE. — D’occ. *olivedeta s. f. « petite plantation d’oliviers”.
2.3. OLIVETU (lat.), *olivet (occ.) “oliveraie”.
DOCUMENTATION
Sources : Lambert 1996, 19, 64 ; Hamlin 2000, 274 ; Casado 2007, 52-3, 58 ; Portefaix-Vézian 2006, 152-3.
- [Au pluriel, sans article.]
- 1554 aocc. Olivetz [en position autonymique] « devés appellat Olivetz»,nom disparu d’un terroir de Saint-Vincent-de-Barbeyrargues.
- [Latinisations.]
2.946 mlt. Oliveto (cas oblique de la scripta rustique) [en position autonymique] « loco ubi vocant Oliveto », nom disparu d’une localité aux environs de Vendres.
- 10e ou 11e s. (?) mlt. Oliveto (cas oblique de la scripta rustique) [en position autonymique] « in Monte Nigro mansos quinque cum toto vineario quem vocant Oliveto», nom disparu de terroir (à Gignac ?).
III. [Précédés de l’article défini.]
— [Au singulier.]
- 16e s. aocc. l’Olivet « al Olivet», nom d’un terroir d’Azillanet.
- 1812 frm. l’Olivet, nom de terroir à Agel.
- 1831 frm. l’Olivet, nom d’un terroir à Roquebrun.
- Frm. l’Olivet, nom d’un terroir de Cazouls-lès-Béziers.
- [Avec agglutination graphique de l’article.]
- Frm. Lolivet, nom d’une ferme de Villeveyrac, 1770-1772 Loulivet, 1812 l’Olivet (nom de terroir).
— [Ancien pluriel, passé au singulier.]
- Frm. l’Olivet, nom d’un terroir de Pignan, 1840 les Olivets.
COMMENTAIRE
Lat. olivetus. n. “plantation d’oliviers”, conservé en italien et en catalan dialectal, s’est probablement maintenu aussi, sans être documenté dans les textes, dans l’occitan des régions où l’olivier est cultivé.
I.1. semble, du fait de l’absence d’article, continuer une formation de l’époque latine *olivetos (avant ca 700) ; le caractère isolé de l’attestation n’autorise cependant pas une affirmation catégorique.
II.2. et II.3. sont des latinisations de noms de lieux aocc. *Olived ou *l’Olived. La transmission de ces noms par des documents en latin médiéval (d’où un probable blocage de l’article) interdit de préciser s’il s’agit de formations latines (avant ca 700) ou, plus sûrement, de formations occitanes du haut Moyen Âge (après ca 700).
III.4.-9. ont été formés après ca 700, au Moyen Âge ou à l’époque moderne, sur aocc. occ. *olivet s. m. “plantation d’oliviers” (cf. frm. rég. olivet “id.”, Hér. 1817-1837).
IV. Annexe
Extraits de l'article Olivier de Hamlin (2000, 273-4).
OLIVIER, OLIVET, OLIVETTE, etc. : dérivés d’occ. oliva « olive » ou oliu « olivier (olea europaea) »(ALLOr, I,298 ; cf. Rostaing, RIO XXIV, pp. 115-8), ces n. témoignent de la culture autrefois assez générale de l’olivier dans la plaine languedocienne ; il convient de remarquer, toutefois, que l’existence de n. de famille très courants Oliver, Olivier, Olivet, etc., homonymes des principaux termes géographiques, rend souvent impossible de reconnaître avec certitude si un toponyme particulier remonte à un n. commun ou à un n. de personne. […]
(II) Puech NOLIEU (Cessenon) : Puech Nolieu, Holieu, Olieu, 16e s., 1560, 1634 (Segondy, p. 257), prob. à identifier avec Lhoulieu del Serre ; Loulier gros, 1634 (compoix, ap. Secondy, p. 253). Plaine d’OULIOUS (Dio-et-Valquières). Appennaria de OLIVO, 1181 (c. Magal. I, p. 327), 1188 (ibid., pp. 348, 349), 1189 (ibid., pp. 350, 351, 355, 361), 1200 (ibid., p. 454), loc. non ident., dépendance de Montferrand, Mansos… de OLIVO, 1272 (c. Magal. III, p.161), loc. non ident. aux environs de Montpellier. OLIEUS (Azillanet) au 16e s. (compoix, ap. FD. IV. 3, 6). L’OLIUSIMAT (Cébazan) en 1619 (compoix, ap. FD. IV. 14). Anc. occ. oliu « olivier », autrefois employé avec une valeur collective (Rostaing, art. cit., pp. 115-6) ; cf. Montoulieu (s.v. MONT (LX)).
(III) OLIVET, h. (Agonès) mas de Olivet, 1554 (compoix, ap. Marichy) : Olivet, 1774-5 (Cassini). LOLIVET, f. Rau de L. (Villeveyrac) : Loulivet, 1770-2 (Cassini). Mas OLIVET, f. (St-Clément-de-Rivière). L’OLIVET (Cazouls-lès-Béziers ; Pignan). Puech OLIVET (Poilhes). Puech OULIVET (Assas). Vineario quem vocant OLIVETO, 10e ou 11e s. (?) (c. Gell., p. 6 : HGL, II, c. 70), loc. non ident., prob. à Gignac. Loco ubi vocant OLIVETO, 946 (L. Noir, p. 16), loc. non ident. aux environs de Vendres. Al OLIVET (Azillanet) au 16e s. (compoix, ap. FD.IV.6).Lat. olivetum « plantation d’oliviers » ; mais, comme olivet n’est pas courant en occ. comme n. commun, il est probable que tous nos exemples, à l’exception des formes médiévales, représentent plutôt le n. de famille Olivet.
(IV) L’OLIVETTE, f. (Paulhan). L’OLIVETTE, cabane (Marsillargues). L’OLIVETTE (Clermont-l’Hérault ; Maureilhan ; Cournonterral-Pignan ; les Plans). Fontaine de l’OLIVETTE, source (Gorniès). Rau de l’OLIVETTE (Montblanc). L’OLIVETTE DES COMBES (Brignac).L’OLIVETTE GRANDE (Aumelas). OLIVETTE LONGUE (Puéchabon). O Les OLIVETTES (Lacoste ; Pégairolles-de-Buèges ; Saussines ; Vailhan ; Valergues ; Valmascle). OLIVETA LONGA, 1213 (c. Magal. II, p. 115), loc. non ident. aux environs de Mauguio. Occ. oliveta « plantation d’oliviers »(ALLOr, I, 299).
(V) L’OLIVEDE (Cébazan) en 1619 (compoix, ap. FD, IV, 13). Occ. oliveda « bois d’oliviers ». O OLIVEDASSE (La Boissière). Dérivé du précédent avec suff. augmentatif -assa.
(VI) NAURIBEL(Combaillaux) : mas ou terrator, appelat Ollivelz, 1447 ; terratori d’Olivelz, 16e s. (ap. Berthelé, AVM, V, p. 163). pron. « Launibel », « Lauribel » (ibid., p. 164). Rau de l’OLIVEL (Agel). *OLIVELS (Murviel-lès-Béziers) : les Ouribels (carte d’IGN); pron ulibèl (sans art. déf.). L’OLIVEL ; L’OLIBEL (Azillanet) en 1657 (compoix, ap. FD. IV. 10, 11). Dérivé avec suff. dimin. -el, d’oliu (au sens d’« olivier » ou à celui de « plantation d’oliviers » ?) ; à Combaillaux, le n initial représente la prép. en.
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Notes
1. Nous mettrons également à profit deux monographies locales (Lambert 1996, Portefaix-Vézian 2006). Nous avons pu les connaître et les consulter grâce à l’amabilité de Mme Christine Portefaix-Vézian et de MM. Jean-Claude Richard et Christian Pioch.
2. Casado (2007) cite la première version de l’ouvrage (Hamlin 1983).
3. On ne trouve à ce sujet que très peu de choses — et très sommaires — dans les manuels de toponymie française : v. Longnon (1920-1929, § 2981-5), Vincent (1937, 248, 253), Dauzat / Rostaing (1978, 507) et Nègre (1977, 126 ; 1990-1991, § 24692-5) ; de même dans Strobel 1936, 79-80. Vincent se recommande par ses classements étymologiques de haulte gresse : Triouleyre (Haute-Loire) figure sous « [fr.] olivier» (§ 584) ; Ollières (Var), sous « prov. cat. esp. olla, v.fr. oule “olivier”» (§ 601) ; dans Campolibat (Aveyron), on aurait « un adjectif désignant une production » (d’olives !) (§ 809 et cf. p. 396 s.v. olivier). Longnon, de son côté, ne craignait pas de classer sous « Olivier, oliva » (« Origines modernes : règne végétal ») des noms de lieux de l’Allier, du Jura, de l’Orne, des Ardennes, etc. Durant l’Antiquité, la culture de l’olivier ne dépassait pas l’aire actuelle (v. Ferdière 1988, 2, 101, 102-3), sauf un essai d’implantation en Saintonge (communication personnelle de Frédéric Trément). ALLOr 298 et ALP 523 donnent la limite septentrionale de l’olivier.
4. Cf. précédemment Chalon / Florençon (2002) et Chambon (2002 et 2006). —On trouvera en annexe (ci-dessous § IV) la reproduction des passages de Hamlin 2000 que nous nous proposons de réviser.
5. Assez fortement négligée par Hamlin, le plus souvent (cf. Chambon 2002, 115), et dans bien d’autres travaux de toponymie française.
6. Cf. Chambon / Hérilier 1993.
7. Sur la descendance lexicale de OLIVETU, v. REW 6057 ; DELI2 1067, 1068; DECat 7, 50; Bastardas 1994, 120.
8. Abéarn. olibet, seul témoin invoqué par FEW (7, 349a) pour soutenir l’idée que le mot latin « lebt weiter im occit. », n’est pas valable. Il s’agit du nom propre agasc. Mont(h) Olibet (ca 1330) désignant le Mont des Oliviers : cf. DAO/DAOSuppl/DAG 657, 1-3, qui relève également aocc. Mont Holivet (1345 ou peu après) ; ces ouvrages ont le tort d’écrire olibet, avec une minuscule initiale etcomme mot autonome. Von Wartburg n’a pas pris garde au fait qu’on a affaire à la même tradition que celle de fr. Montagne / Mont (d’) Olivet, laquelle se dénonce immédiatement comme purement savante. C’est donc sous un paragraphe II que l’on devrait placer les matériaux mis sous 1.a. par le FEW. Casado (2007, 52) cite FEW, mais n’en produit aucune critique.
9. Agasc. bernet (DAG 503, 1-2), faget (DAG 490, 1-2), freytet, fieytet, feytet (DAG 496, 1-1), lomet (DAG 506, 1-3). Pour les parlers contemporains, v. Rohlfs 1931, 148.
10. DAO 490, 1-2; 503, 1-1; 506, 1-3; 508, 1-4; etc.
11. Nègre (1990-1991,§ 24692) écrivait que « le nom commun olivet [sans astérisque !] a dû exister en occ. comme a. béarnais olibet et fr. olivet (FEW, VII, 349a) ». Il avait évidemment négligé de faire la critique du FEW (cf. ci-dessus n. 8).
12. En ce qui concerne la vitalité de –et en occitan, Bastardas (1994,71) s’en remet sans critique à Alibert 1977. Parmi les formes alibertines citées par elle (probablement d’après la p. 34 d’Alibert), aucune ne comporte de localisation précise qui indiquerait qu’il s’agit d’apports nouveaux du lexicographe audois ; la source d’Alibert est donc Mistral, jusqu’à preuve du contraire. Si l’on reprend la documentation, on s’aperçoit que seul arbosset, écrit arboçet à la nomenclature (= Mistral 1, 122, arbousset) n’est pas suspect : il est confirmé par Alès arboussë (Sauvages 1785 = DAO 714, 1-1), qui est probablement la source de Mistral.
13. DAO 534, 1-1 (Ø FEW 13/1, 328a).
14. Respectivement DAO 714, 1-1 et ALLOr 261 p 07.04 (Ø FEW25, 91b).
15. Vayssier (1879, 114) et ALLOr 267 p 12-32 (cf. FEW 2, 467b où « aveyr. castagnet» pris dans M est une adaptation de Vayssier).
16. DAO 640, 1-1, confirmé par FEW (2, 467b), ALF Suppl 41 (p 841), ALMC 273 (p 35-39) et surtout par ALLOr 267 dans toute sa zone cévenole (ØALLOc 202). Sauvages (1756, 99) relève aussi fr. rég. chatanet (« barbarisme »).
17. DAO 613, 1-1 (Ø FEW 9, PRUNUM et PRUNUS).
18. Ronjat 1930-1941, 3, 386-7 et cf. 3, 9. En latin écrit de l’Antiquité, « tant en la poesia com en la prosa l’ús dels plurals [des mots en –etum] és freqüentóssim » (Bastardas 1994, 66).
19. FEW 7, 349a ; DECat 7, 49 ; Bastardas 1994, 275 sqq. Alors que le roumain et le sarde ne continuent que -etu, c’est dans la Romania centrale (italien septentrional et toscan, franco-provençal, français, occitan, catalan) que -eta s’est développé de préférence, en prenant le pas sur –etu (v. Meyer-Lübke 1890-1906, 2, § 479 ; Maurer 1959,267 ; Bastardas 1994, 69-73).
20. Non cités par Casado 2007.
21. D’autres formations en -eda sont attestées dès le 12e s. (v. DAO519, 1-1 ; 520, 1-1) ; première attestation en toponymie dans le DAO, sauf erreur de notre part, ca 1090 (DAO 496, 1-4).
22. DAO Suppl 657, 1-1.
23. FEW 7, 349a. Mistral fournit en outre un exemple de óulivedo, chez Bigot (Nîmes).
24. Strobel (1936, 25) donne une liste de ces formations, qu’il a tirée de Mistral. Parmi ces formes, deux sont étiquetées « lang. » par Mistral : fraissineto est certainement tiré de fraissinëto dans Sauvages (1756, 216), au sens de “pimprenelle” (diminutif); nous ignorons la source de oulibeto.
25. Aussi Gard (p 862) dans ALF 1865.
26. DAO 657, 1-1 ; cf. FEW 7, 349a.
27. Rostaing (1972, 116). Rostaing rapporte ce nom de lieu à… lat. olivetum. Dans les matériaux du DAO, les deux seuls autres dérivés en –eto que nous ayons trouvés apparaissent en 1613 (Arbousseto, nom de lieu, à Marseille) et 1698 (pineto, à Avignon, dans une locution figurée) ; v. respectivement DAO Suppl 714, 1-3 et DAO540, 1-2 (le nom de lieu Fageta, DAO 490, 1-3, est un diminutif). Mais cf. déjà les emprunts frm. olivete et pin(n)ette, chez Olivier de Serres (TLF 12, 476 ; DAO Suppl 540, 1-2 ; cf. FEW 8, 549a). — Signalons encore que Strobel (1936, 25) indique que seul « apr. sauzeta» est attesté dans Lv. Mais si Lv (7, 489) a bien une entrée normalisée « Sauzeda […], -ta » et une entrée de renvoi « Sauzeta » (cf. aussi LvP), il a relevé seulement mlt. salzetae (pl.) en 1343 dans DC (7,296=DAO Suppl519,1-1), forme dont on ne peut évidemment pas tirer un aocc. *salzeta ou *sauzeta.
28. Formation « sur les masc[ulins] en –et […]d’après -et, f. –eto <*-ittu,*-a […] quand t final roman était déjà amuï » (Ronjat 1930-1941, 3,387). Cf. Strobel 1936, 25-6.
29. Exemples au 16e siècle et dès la fin du 15e dans Ronjat (1930-1941, 2, 269-70), Gardette (1955, 192, 194), Bouvier (1976, 292-3) et Wüest (1979, 325).
30. C’est ce que font, bien entendu, von Wartburg (FEW 7, 349a, sous 1.b. et 2.) et Baldinger (DAO 657, 1-1 et 1-2).
31. De même Portefaix-Vézian (2006, 152) : « ancien occitan oliveta / oliveda». Quant à oliveta, on rappelle qu’on n’en possède pas d’exemple avant 1785.
32. Particulièrement confus et erroné : Astor (2002, 554), qui parle de « dérivés en –et ou –eta (diminutifs à sens collectif […]), de l’occitan oliveta ».
33. Ø Mistral et DAO.
34. Respectivement Lambert 1996, 19 et Casado 2007, 63.
35. Contexte de la seconde attestation : « olivette à las Combes… champ olivette à la Chapelle » (Portefaix-Vézian 2006, 152). Le document emploie aussi la forme houlivetto (« houlivetto al Fesc » ; « une houlivetto a l’Houlivetto Vielhe confronte d’aguial le valat deLiberet » ; « camp complantat d’houlivetto a la ville confronte d’aguiallou camy de Cazouls »).
36. V. respectivement DAO Suppl 657, 1-2 (Aude), Portefaix-Vézian 2006, 152 (Paulhan), Lambert 1996, 19 (Causse-de-la-Selle),Sauvages 1756 s.v. oulivêdo (Alès), Casado 2007, 58, 64, 65 (pour les autres localisations).
37. DRF 425-6. Les données ci-dessus permettent d’améliorer la notice historique du DRF.
38. Casado 2007, 58.
39. Employé par Olivier de Serres en 1600 (olivete; TLF 12, 476 ; cf. DAO Suppl 657, 1-3), le mot est passé ensuite dans le français général (FEW 7, 349a) ; à la fin du 20e siècle, il est donné sans marque diatopique, à tort ou à raison, par plusieurs dictionnaires du français (v. DRF 426). Les équipes qui s’activent au projet TLF-Étym (CNRS / ATILF, Nancy) pourraient s’attacher, après avoir dégroupé avec soin l’article olivette en deux homonymes, olivette1 (diminutif) et olivette2 (collectif), à redresser, sur la base, par exemple, des données ci-dessus, la notice étymologique et historique du TLF, car celle-ci paraît très gravement défaillante (« du latin olivetum» !).
40. Pour les aires de francismes parachutés, v. l’article fondamental de Gardette (1955) et Chambon (2004).
41. Dans la graphie de l’auteur, « [l]es deux lettres, b, v, ont absolument la même prononciation, celle du b français » (Mâzuc 1899, 24).
42. Les enquêtes de l’ALLOr à Pézenas ont été menées en 1965,1979 et 1980 (ALLOr 1, n. p.).
43. Cf. occ. / mfr. houlivetto à Paulhan, à la fin du 16e siècle (ci-dessus § I.2.2.).
44. Respectivement ALLOr 299 p. 11-30 ; p. 11-11, 11-12, 34-22, 34-24 ; p. 48-03.
45. Sur ce critère, souvent négligé par Hamlin, v. Chambon 2002, 117.
46. Le syntacticien notera dans cette citation l’usage curieux qui est fait des prépositions à et sur. — Mentionné par Mistral (2, 435) et Dauzat (1951, 456), repris par Morlet (1991, 739 ; tous sans localisation), le nom de famille Olivet ne figure pas dans Fordant (1999).
47. Hamlin 2000, 11, 16, 234, 282. Les choix de Hamlin quant à l’organisation de son Dictionnaire ne permettent malheureusement pas de récupérer sous Le Mas l’ensemble de ces composés.
48. Casado (2007, 50) pour les deux références aux cadastres napoléoniens.
49. On relève de très nombreux exemples dans la toponymie de l’Hérault : cf., par exemple, Puech Marty, Pech Pascal, Pioch Paul, etc. (Hamlin 2000, 234, 282, 283).
50. Hamlin 2000, respectivement 148, 16, 21. — Notons au passage que, malgré Casado (2007, 50-1 et n. 2), qui s’inspire de Nègre (1990-1991, § 5294), il est absolument impossible que « certains [des] toponymes Mondolieu, Montolius, Montoulieu» aient eu pour point de départ « lt. monticulus + suffixe diminutif -ONE », avant de subir « l’attraction paronymique du syntagme oc[c]. mont oliu “mont de l’olivier ou des oliviers” ». Le procédé consistant à poser arbitrairement un étymon défiant la phonétique, puis à lui faire subir, non moins arbitrairement, une « attraction paronymique », deus ex machina chargé de rendre compte de la forme des mots à expliquer, est évidemment proscrit.
51. Ø Casado 2007, 52.
52. Cf., par exemple, Halary 1770-1772, aujourd’hui Mas d’Alary, Alco 1770-1771, aujourd’hui Mas d’Alco, Arnaud 1770-1772, aujourd’hui Mas d’Arnaud, Aussels 1774-1775, aujourd’hui Mas d’Aussel, le Mas d’Ossières 1744, aujourd’hui Aussières; mas/ masage d’Aymar 1609, Aymar 1699-1733, aujourd’hui Aymard, etc. (Hamlin 2000, 8, 16, 21, 24).
53. En sens contraire : Astor 2002, 554.
54. Et non de olivetu. Dauzat / Rostaing, comme Strobel, ont tendance à toujours décomposer les bases étymologiques de noms de lieux comme s’il s’agissait de formations toponymiques ad hoc, sans se demander si celles-ci ne continuent pas des mots déjà construits et stockés dans le lexique.
55. Cet article regroupe des dizaines de noms de lieux sous le chef « Olivier, Olivet, Olivette, etc.), introduits par une étymologie globale insoutenable : « dérivés d’occ. oliva “olive” ou de oliu “olivier” (olea europaea) ». Pour la critique des articles « super-étymologiques » de Hamlin, qui le poussent à mêler des toponymes qui n’ont pas de réels rapports historiques et le détournent de faire l’histoire particulière de chaque type et de chaque nom, v. Chambon 2002, 116.
56. En position autonymique et au cas oblique (non marqué) de la scripta latina rustica, comme la mention suivante.
57. « Prob[ablement] à Gignac »,selon Hamlin — qui suit implicitement Combarnous (1975, 61), et que suit implicitement Astor (2002, 553) —, d’après l’identification proposée par Combarnous et Hamlin (2000, 254) de Monte Nigro, dans le même passage, à Mont Nègre (Gignac) ; mais cette dernière identification reste « incertaine », selon Hamlin lui-même. Oliveto n’est pas identifié dans Camps et al. 1994, 70.
58. Sur la portée chronologie du critère de l’article, v. en dernier lieu Chambon 2005.
59. Hamlin 2000, 42, 173, 192, 234, 282.
60. = Casado 2007, 52.
61. Vincent (1937, 253) et Nègre (1990-1991, § 24692) ont pris au vieux Dictionnaire topographique de Thomas (1865, 136) les formes Olivetum villa (975) et Olivedum (987). Hamlin (2000, 274) a éliminé à juste titre ces attestations. « Olivetum villa », tiré de la Gallia Christiana (6, col. 267), correspond à « villam quam vocant Olivetum» dans la consécration et dotation de l’église cathédrale de Lodève par saint Fulcran ; la copie pour le chapitre collationnée en 1656 donne une leçon différente, « villam quam vocant Olmetum » (Martin 1900, 8), qui permet une meilleure identification avec Olmet, nom d’un hameau d’Olmet-et-Villecun, commune située dans l’ancien diocèse de Lodève (v. Hamlin 2000, 274, s. v. Olmet). De même, à « Olivedum » 987 (= testament de saint Fulcran, 988) doit être préféré Holmedo dans la copie de 1658 (Martin 1900, 14 ; Vidal 1999, 144), mention à ajouter à Hamlin (2000, 274, s. v. Olmet).
62. Casado 2007, 52, 53. — Vincent (1937, 253) s’est contenté de classer Lolivet sous « prov. oliveda “bois d’oliviers”; lat. olivetum» (!). Nègre (1977, 126) s’est contenté d’affubler ce nom propre d’une définition (“l’ensemble d’oliviers”). Pour la critique de l’étymon « [occ.] olivet» (sans astérisque) posé par Nègre (1990-1991, § 24692), v. ci-dessus n. 8. On ne suivra pas Casado (2007, 53) lorsqu’il écrit, à propos de Lolivet (Villeveyrac) que « le doute est permis » entre une origine délexicale et une origine déanthroponymique : comme on l’a indiqué plus haut, la toponymie de l’Hérault ne semble guère connaître de formations du type {article défini m. sg. + nom de personne} (à moins, bien entendu, que l’article soit déjà intégré à l’anthroponyme). — Hamlin (2000, 274) ne mentionne ni Vincent, ni Nègre.
63. Astor 2002, 554; Ø Casado 2007, 52.
64. Astor 2002, 554; Casado 2007, 52.
65. Cf. ci-dessus § II.1.2.7. Il serait facile de multiplier les exemples.
66. V. ci-dessus § II.1.2.3., n. 54.
67. Cf. ALLOr 298 pour la délimitation de la zone de végétation de l’olivier.
68. Aimable indication de Jean Thomas, qui a bien voulu consulter pour nous Tranier (1862, 227).
69. Brun-Duran 1891, 249.
70. Strobel 1936, 80 (traité comme s’il s’agissait d’une formation ad hoc).
71. Mistral 2, 435.
72. Rostaing 1965, 206.
73. Cf. Ronjat 1930-1941, 2, 6; Nègre 1984, 66 ; ALLOr 18, 298,299 etc.
74. Hamlin crée de toutes pièces une forme française moderne« *Olivels».
75. Cf. encore Ruisseau de l’Olibel (Agel).
76. Tous les deux dans Germer-Durand 1868, 156;Astor 2002, 554. Autre forme ancienne, selon Germer-Durand, certainement à localiser à Calvisson : aocc. (en contexte latin) Oliveda Cazaldenca 1172, mais il s’agit évidemment d’un autre nom (même la coréférentialité avec l’Olivel demanderait à être établie). Ni l’Olivel, ni les Olivelles ne se retrouvent aujourd’hui sur la carte IGN 1:25 000e, 2842 E. — Vincent (1937, § 625) classe l’Olivel (Calvisson) sous « prov. oliveda» ; Nègre (1990-1991, § 24693) tire ce nom de lieu d’occ. oliveda, avec « attr[action] de la finale –el» ; il en profite pour tronquer la mention ancienne Oliveda Cazaldenca en Oliveda.
77. Cf. ci-dessus n. 32.
78. Cf. Ronjat 1930-1941, 3, 360 ; Adams 1913, 172-4.
79. olivus depuis Oribase (FEW 7, 348b ; Ernout / Meillet 1959, 460) ; REW 6058.
80. DAO/DAO Suppl 655, 1-2 (Béz. 1727 [cf. Roque-Ferrier 1884];Alès 1785) ; FEW 7, 346b (lang. Hér. Péz. Aude) ; ALLOr 298 (Hér.ouest, Aude) ; ALF 1865 (Hér. ouest; Aude p 776, 787). Cf. DECat7, 48-9.
81. V. OnCat (6, 28) : — Solivell 1178, nom d’un « lloc antic rossellonès, prop de Tuïr » (Pyrénées-Orientales), avec accrétion de l’article issu de IPSU ; — féminin Olivella < *OLIVET(U)LA, nom « d'un municipi del Garraf, al lómit amb l'Alt Penedès », Olivella 991, et nom disparu d’un lieu mentionné en 1052, « en el terme de Caldes de Montbui » (Bastardas 1994, 165). Pour une mise au point sur les formations en *-Et(u)lu, *-Et(u)lu, relativement nombreuses en catalan, v. Bastardas 1994, 147-72 ; dans le domaine catalan, le suffixe collectif-diminutif –ell peut « haver conservat la seva productivitat fins i tot dins del peróode pròpiament català »(Bastardas 1994, 151-2). Pour le même double suffixe dans la toponymie italienne, v. Tuchel 1962, 257 (renvois).
82. Ronjat 1930-1941, 2, 319, 322.
83. Cf. Grafström 1958, 211.
84. Cf. mfr. Merviel 1526 < muru vet(u)lu, aujourd'hui Murviel-lès-Montpellier ; Merviel 1529, aujourd’hui Murviel-lès-Béziers (tous les deux Hamlin 2000, 264) ; Montelz 1571 (Corneilhan) < montic(u)los (Hamlin 2000, 250).
85. Respectivement Hamlin 2000, 274 = Casado 2007, 57 (qui ne cite pas Hamlin) et Casado 2007, 58.
86. Casado 2007, 57.
87. Casado 2007, 58.
88. = Lambert 1996, 19.
89. Muni de l’article dans Casado 2007, 60, mais non dans sa liste (p. 59).
90. Cf. Hamlin 2000, 274.
91. Lambert 1996, 19 (Ø Casado 2007).
92. Cf. Hamlin 2000, 274.
93. Cf. déjà l’Olivedeto (Saint-Bauzille-la-Sylve 1527, Casado 2007, 65).
94. Ø Casado 2007.
95. Rostaing ne dit rien de tel.
96. Casado 2007, 58.
97. Portefaix-Vézian 2006, 152.
98. On observe des cas d’oscillation entre formes sans article et formes avec article dans les données de Casado (2007) : Olivette Longue (p. 58) et les Olivettes Longues (p. 61) (Aigues-Vives 1812) ou Oulivetasse et l’Oulivetasse (p. 61) (Assas 1811). Cf. ci-dessus n. 89. — Selon Portefaix-Vézian (2006, 153), l’Olivette (Paulhan) est une « appellation populaire qui ne figure pas sur le plan cadastral ».
99. Cf. aussi Portefaix-Vézian (2006, 152), qui invoque « l’ancien occitan oliveta / oliveda» pour expliquer (à Paulhan) l’Houlivetto Vielhe et l’Olivette.
100. Casado 2007, 66.
101. Casado 2007, 66.
102. Casado 2007, 65.
103. Casado 2007, 64.
104. Il va de soi que ces microtoponymes créés en français, et qui sont par ailleurs documentés seulement en français, sont aussi dotés de formes occitanes. Celles-ci nous sont rigoureusement inconnues, car elles n’ont pas été relevées dans nos sources. Sur cette situation très particulière de la toponymie occitane (formes occitanes contemporaines généralement inconnues), v. Chambon, à paraître.
105. Casado 2007, 58.
106. Casado 2007, 58.
107. On peut encore supposer que le type en –ette s’est substitué au type en –ede à Causse-la-Selle, où l’Olivede, attesté en 1829 (Lambert 1996, 19 = Casado 2007, 58), a sans doute été remplacé par *l’Olivet(t)e, puisque c’est probablement un tel micorotoponyme que Lambert (1996, 19), en bon militant du renaissantisme d’oc, a retraduit en occitan sous la forme l’Oliveta.
108. Nègre 1990-1991, § 24695.
109. Formes anciennes : Sabarthèse 1912, 284. Ce procès a échappé à Astor (2002, 554). L’analyse de Nègre (1990-1991, § 24694 : « attr[action] du suff. dim. –etto») est inexacte.
110. Dans l’Antiquité romaine, la Narbonnaise n’était pas, contrairement à la Bétique ou à l’Afrique, une région de grande culture spécialisée pour l’exportation (v. Ferdière 1988, 2, 103;Leveau et al. 1993, 281). De plus, la culture de l’olivier était alors plus développée en Provence que dans le Bas Languedoc (communication personnelle de F. Trément).
111. Chambon 2002, 116. — Cette attitude, qui est loin d’être propre à Hamlin, est le résultat de la combinaison de deux tendances : ce que nous avons appelé (Chambon / Chauveau 2004) la « dialectologite » (regard halluciné qui, aveugle au français, ne voit que les parlers dialectaux) et les préjugés bien compréhensibles du renaissantisme d’oc.