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Description

Religion et Société au XIXe siècle : Le Diocèse de Montpellier

Après avoir publié en 1968 une remarquable Géographie religieuse de l’Hérault contemporain, bien enracinée dans l’histoire de la région, G. Cholvy a soutenu brillamment en 1972, sa thèse de doctorat ès lettres : Religion et Société au XIXe siècle, le diocèse de Montpellier. Œuvre importante parce qu’elle couvre un siècle d’histoire du département et permet ainsi de saisir sur une longue durée, l’évolution de l’instruction et de la pratique religieuses dans une société qui se transforme assez profondément, et dans un département contrasté (hautes terres de l’Ouest et du Nord-Ouest, plaine viticole de l’Est) ; œuvre intéressante aussi grâce aux choix méthodologiques de l’auteur : G. Cholvy maintient un juste équilibre entre l’étude des masses et celle des élites, entre la description de l’évolution lente des structures, et la mise en valeur des chocs conjoncturels, des « temps forts ». L’objectif était de montrer les caractères spécifiques du diocèse, et au-delà, d’établir une hiérarchie des facteurs de l’évolution religieuse, question sur laquelle G. Cholvy est revenu dans une mise au point plus récente.

Il est ambitieux de vouloir résumer l’apport des 1663 pages de cette thèse, hélas non publiée en librairie (Misère de la recherche scientifique dans la France de 1975 !), consultable donc seulement en bibliothèque. La préparation, sous la direction de G. Cholvy d’une histoire du diocèse de Montpellier depuis ses origines, nous permet d’espérer que la substance de l’ouvrage sera bientôt mise à la disposition d’un plus large public. Nous ne pourrons ici qu’insister sur les aspects qui, à nos yeux, sont les plus saillants.

G. Cholvy a divisé son étude en trois grandes parties : un bilan initial à la veille du concordat, un tableau de la restauration catholique de 1803 jusqu’à 1851, époque pendant laquelle les transformations économiques et sociales sont encore limitées ; enfin une étude des réactions de l’Église face aux bouleversements économiques de la seconde moitié du siècle (1851-1890). Le trait commun de cette dernière période à ses yeux, c’est que l’Église y adopte, pour résister au déclin qui la menace, une « pastorale de préservation ». Pour la commodité du compte-rendu, nous introduirons une coupure supplémentaire dont l’auteur d’ailleurs ne méconnaît pas l’importance, celle des années 1873-77 : la fin de la prospérité avec les effets du phylloxera, la victoire républicaine avec la fin de l’ordre moral, l’arrivée en 1873 de Mgr de Cabrières, évêque méridional, légitimiste et « fougueusement romain » nous paraissent bien introduire une époque nouvelle dans les relations entre l’évêque et son clergé comme dans les relations entre l’Église et le siècle.

La restauration catholique

Au début du siècle, le diocèse effrayait les candidats et le premier évêque concordataire, Mgr Rollet n’y arriva qu’en 1803. La lutte des prêtres réfractaires et des constitutionnels y avait été vive : 48,3 % des curés avaient accepté la constitution civile du clergé. Il fallut donc d’abord unifier le clergé en faisant rentrer dans le giron – à des conditions d’ailleurs très dures, et en fin de compte très incomplètement – le clergé constitutionnel soutenu parfois par la population (région de Saint-Pons), il fallut imposer l’ancien clergé réfractaire à des fidèles parfois réticents. On dut enfin restaurer la discipline, trouver des locaux pour le culte, régler avec les autorités les problèmes administratifs (fêtes, exercice du culte à l’extérieur des églises etc.). On ne put remédier au manque criant de prêtres, ni rétablir vraiment l’unité du clergé. L’évêque s’épuisa à la tâche et, pris entre son clergé et le pouvoir civil, fut finalement contraint de démissionner en 1806. Il avait malgré tout frayé la voie. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1975

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Raymond HUARD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf