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Description

Religion et Révolution en pays d’Hérault

Il n’est pas sans intérêt, au moment où l’attention générale se fixe sur la Révolution, d’examiner de plus près une petite région où les problèmes religieux ont toujours joué un certain rôle.

Les problèmes soulevés sont ceux de toute la France mais il est intéressant de voir quel aspect ils prennent dans cette partie du bas Languedoc si éloignée, en 1789 de Paris et de ses soubresauts violents. Nous sommes là au centre de l’Hérault, à l’endroit même où presque tous les évêchés du département se côtoient : Pézenas est dans l’évêché d’Agde mais Valros est dans celui de Béziers, Saint-Pargoire dans celui de Montpellier et Saint-André-de-Sangonis dans celui de Lodève. Seul l’évêché de Saint-Pons semble rester à l’écart de cette communion.

Cette région est aussi le pays des contrastes, on y trouve de riches abbayes, comme à Valmagne, de riches cures comme à Montagnac mais aussi nombre de cures très pauvres où résident des congruistes, des curés réduits à la portion congrue.

Mais là encore n’est pas la véritable originalité, la vague protestante semble s’être arrêtée dans cette région et cela depuis l’installation de la réforme dans notre région. Évidemment on ne trouve pas ici la densité protestante des Cévennes ou de la région de Nîmes, mais il existe des foyers protestants et, au-delà, il n’y en a plus, comme si le fleuve Hérault formait une frontière.

Cette imprégnation n’est d’ailleurs pas générale, on trouve seulement, çà et là, des foyers plus ou moins importants. Ainsi si Florensac, Montagnac, Saint-Pargoire, Villeveyrac, Canet, Saint-André-de-Sangonis ont connu un souffle protestant, au-delà Pézenas, Béziers ou Narbonne n’ont été que très peu touchés.

On peut donc voir, dès le départ, deux questions importantes se dégager de cette vue d’ensemble :

Nous verrons en effet que, compte tenu de la Révocation de l’Édit de Nantes, les réactions ne pouvaient être identiques, dans les villages complètement catholiques et dans ceux où une minorité protestante existe.

Une première chose frappe un observateur non averti quand il regarde les cahiers de doléances et en particulier, ceux du Tiers état. Comme dans une même région, ils possèdent des points communs, voyons par exemple le « Cahier du Tiers état de la ville de Pézenas » que nous connaissons (Archives parlementaires). On est tout d’abord frappé par l’attitude, en apparence ambiguë, en réalité raisonnable, du Tiers état vis-à-vis de la religion. En effet, si le clergé est critiqué, la religion est jugée nécessaire, c’est ce que nous révèlent quelques articles significatifs :

Ces vœux seront d’abord exaucés dans un domaine inattendu celui de l’administration épiscopale. Le regroupement des diocèses va permettre de corriger un certain nombre d’anomalies comme le révèle cette lettre des administrateurs de Saint-Gervais adressée à la commission de la Constitution de l’Assemblée nationale « sa consistance (du district de Saint-Gervais) est de quatre communautés, six paroisses et une annexe confinant de trois côtés le diocèse de Béziers, de l’autre le diocèse de Vabre et de Castres. Il y a 7 curés ou prieurs ; l’une desdites paroisses et annexe dépendent du diocèse de Béziers, les cinq autres très mal à propos sont du diocèse de Castres qui est fort éloigné, il faut traverser la montagne froide pour y aller par un mauvais chemin.., il n’y a à peu près jamais eu aucune communication, ni avec Lodève, ni avec Saint-Pons » (ADH – D IV bis), en conséquence, Saint-Gervais veut être rattaché au district de Béziers, révélant ainsi la complication et l’illogisme des divisions administratives religieuses et royales, anomalies que la révolution va corriger. Au niveau des hommes les problèmes sont plus complexes et plus variés.

Il est banal de dire que le curé de campagne a été un des grands acteurs de la révolution, au moins à ses débuts, mais on est loin de trouver un comportement identique pour tous les prêtres. Parmi les humbles curés, on trouvera ceux qui participent avec enthousiasme au mouvement des idées nouvelles et d’autres qui essaient de le contrôler.

A la première catégorie appartient le curé de Saint-Pargoire. Dans une adresse au comité de la Constitution, des électeurs protestent contre la dictature du sieur Henry qui veut régenter la vie communale : « nous sommes de simples villageois, mais nous sommes français, nous voulons être libres, nous devons être heureux, nous avons juré de maintenir de toutes nos forces la nouvelle constitution… ». Nous sommes des gens honnêtes disent-ils puisque parmi nous on trouve « un curé respectable, deux anciens militaires décorés de l’ordre de Saint Louis, des bourgeois, des ménagers », suivent les signatures et la première est celle du curé (ADH, 23 février 1790 D IV).

A Vendargues, une lettre adressée au même comité nous apprend que le curé du lieu, Teyssier Durand, joue les médiateurs et veut réconcilier deux clans rivaux. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1990

Nombre de pages

9

Auteur(s)

André NOS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf