Description
Regard sur le fascisme dans l’Hérault
La difficile implantation du Parti Populaire Français (1936-1944)
Les années trente correspondent à une période particulièrement chaude dans la longue histoire des guerres franco-françaises visibles depuis le choc révolutionnaire de 1789. Elles prennent une tournure originale avec l’émergence d’idéologies qui parfois s’inspirent des régimes dictatoriaux voisins. Divisée sur la question de l’existence d’un fascisme typiquement français, la communauté des historiens hexagonaux s’accorde néanmoins pour admettre qu’un « phénomène d’imprégnation fasciste » ait pu concerner notre sol.>
Le phénomène commence au temps de la mobilistion anticartelliste avec des pousses qui n’atteignent pas la maturité organisationnelle et d’autres qui grossissent au cours de la décennie suivante. Le Faisceau de Georges Valois, le mouvement Solidarité Française ou encore les « francistes » défendus par Marcel Bucard incarnent la radicalisation éphémère et groupusculaire. Il en va tout autrement si l’on observe le Parti Populaire Français qui se constitue autour de l’ex-leader communiste Jacques Doriot en juin 1936.
Sa personnalité plébéienne attire des nationalistes férus d’antiparlementarisme et d’anticommunisme tout en mordant sur une maigre fraction de la gauche décidée à employer des méthodes expéditives. A côté des aspects idéologiques classiques, on retrouve dans ce parti les caractéristiques ostentatoires attribuées habituellement aux remuantes « chemises noires » : le goût du cérémonial, le salut romain, le culte du chef, le recours à la violence… Bref, malgré quelques nuances notables, le mouvement doriotiste fier des dizaines de milliers d’adhérents qui affluent pour beaucoup des ligues dissoutes par un Front Populaire porteur d’effroi pour toute une fraction de la société persuadée de l’installation imminente d’un régime de type bolchevique, représente la tentative la plus aboutie d’implantation d’un parti de type fasciste en France.
Comment se déroule la greffe à l’échelon départemental ? Avant de rentrer dans le vif du sujet, une précision s’impose. De façon générale que l’on se situe dans le champ des historiens ou de la science politique, les éclairages locaux sur les partis politiques demeurent peu nombreux. Ce constat se révèle encore plus criant si l’on se penche sur les organisations classées à droite ou à l’extrême droite. Nous nous proposons ici de chercher à combler ce déficit en proposant un modeste éclairage sur le PPF dans l’Hérault, de ses origines à son éradication à la fin de la Seconde Guerre mondiale. A travers ces quelques pages, nous tenterons de dresser un panorama qui montre que sur cette terre méridionale la tentative a rencontré des difficultés.
1. Les premiers pas de la « bande à Doriot »
Dans ce fief du « Midi rouge » où le Front Populaire rassemble l’essentiel des suffrages, les mouvements classés à droite sur l’échiquier politique se caractérisent par un émiettement général. La marginalisation qui en résulte au plan électoral ne reflète pas complètement une réalité socio-politique plus complexe.
Afin de mieux la saisir il suffit de se reporter aux élections législatives de 1919, les dernières à se dérouler au scrutin proportionnel, pour prendre conscience de l’existence d’un réservoir de voix conservatrices concentré dans l’Est du département où s’activent toujours des noyaux royalistes. A cela s’ajoute l’attitude toujours ambiguë de la myriade radicale bien représentée au sein des élites sociales, surtout à Montpellier, et favorable à « L’Union nationale ». […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2001 |
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Nombre de pages | 13 |
Auteur(s) | Philippe SECONDY |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |