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Description

Privilèges et naissance : une harmonie disparue
La baronnie du Pouget et la vicomté de Plaissan au XVIIIe siècle

La récente élite montpelliéraine, pourvue d’offices et de titres, met en scène dans ses résidences seigneuriales une vision originale du pouvoir, fondée sur l’adjonction de la richesse et de la culture. L’esthétique des jardins d’agrément apparaît comme l’archétype de la nouvelle fonction festive de ces lieux. Mais, à côté de cette réelle modernité, elle montre un conservatisme archaïque en ce qui concerne la hiérarchisation sociale à l’intérieur des communautés rurales. La réaction féodale de la seconde moitié du 18e siècle en est la représentation parfaite.

Ainsi que le constate Jean-Marie Constant : « le sang bleuit lentement ». Pour que la noblesse de robe montpelliéraine puisse se faire complètement accepter dans l’ordre nobiliaire, elle acquiert patiemment des terres et des seigneuries aux environs de la ville de Montpellier. Elle noue des liens matrimoniaux, mais aussi financiers, avec la noblesse plus ancienne. De la sorte, le noble de fraîche date construit une reconnaissance pour ses enfants et petits- enfants.

L’acquisition d’une seigneurie se présente certes comme une élévation sociale mais aussi comme un placement financier. La rentabilité entre en considération lors du choix d’un fief par la noblesse de robe montpelliéraine. De graves discussions se révèlent à ces occasions sur le pourcentage de rentabilité des droits seigneuriaux et au sujet de la production céréalière, ou plus généralement agricole, du domaine seigneurial, de la réserve. En outre, l’acheteur demande régulièrement à bénéficier de l’abattement du tiers des droits de lods pratiqué en Languedoc. Parfois, le contrat de mariage stipule que le marié, non-détenteur d’une seigneurie, devra en acquérir une.

A titre d’exemple, lors du premier mariage en 1720 de Jean Antoine Viel, conseiller du roi auprès de la Cour des Comptes, Aides et Finances de Montpellier, avec Marguerite de Roquefeuil, fille de Fulcrand de Roquefeuil, le contrat de mariage prévoit que le père du marié devra fournir 300 000 liv. à son fils pour l’achat dune « terre en justice ».

Ainsi, la possession d’une seigneurie reste un élément important, majeur, en ce qui concerne l’intégration nobiliaire.

Une bonne administration du domaine seigneurial peut laisser à son propriétaire un revenu important. L’essentiel est de ne pas laisser épuiser les terres par un fermier ou un métayer peu scrupuleux ou pressé par les exigences seigneuriales. A ces conditions, les terres dans l’Aumeladès et la vicomté de Plaissan peuvent se montrer généreuses envers leur seigneur.

« Il est faux que les terres en France ne rendent pas à proportion de leur bonté. (…) Si on en croyait beaucoup de nos livres nouveaux, la France ne serait pas plus fertile que la Sardaigne et les petits cantons Suisses. ». […]

Informations complémentaires

Année de publication

2001

Nombre de pages

11

Auteur(s)

Philippe HUPPÉ

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf