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Description

Paysages et cadastres antiques dans le Piscénois

L’histoire et l’archéologie des paysages peuvent être abordées plus concrètement aujourd’hui grâce au développement de l’enquête sur l’implantation des réseaux cadastraux dans le Midi gaulois. Cette phase romaine de l’histoire rurale a en effet marqué profondément, et en longue durée, la physionomie des campagnes méridionales, et plus particulièrement des campagnes languedociennes. Depuis quelques années le repérage de nombreux systèmes orthogonaux a produit, pour nos régions, une image plus nuancée et plus complexe des modes d’aménagement du milieu naturel et de l’environnement.

L’histoire des paysages du Piscénois est partie intégrante de cette évolution. La mémoire de l’espace qu’y expriment toujours l’organisation et les structures du paysage actuel révèle l’ampleur des transformations qui l’ont si profondément et durablement marqué, pour subsister jusqu’à nous au travers d’une histoire rurale pourtant riche et mouvementée.

Ainsi les traits du paysage et leur organisation constituent aujourd’hui autant de témoins fossilisés et de vestiges utilisables qui jalonnent et dessinent, avec plus ou moins de densité ou de trous, les grilles cadastrales successives que l’on a pu restituer, comme le montrent les relevés cartographiques. Routes, chemins, parcellaires, limites de champs et de cultures, cours d’eau et canaux, terrasses, remblais et fossés, lignes d’arbres, limites administratives, de canton ou de commune, et même anciennes croix des chemins, églises et cimetières constituent autant d’indices dont les éventuelles convergences doivent être systématiquement interrogées. Le marquage pratique et symbolique de l’espace, avec tous les éléments postérieurs induits par la pérennisation des pratiques sociales et culturelles, nous parle en effet toujours, familièrement et sans bruit, des grandes directions que l’administration romaine a, à plusieurs reprises, imposées aux paysages.

Les relevés établis à partir des cartes au 1/25 000e montrent clairement que cette portion de la vallée de l’Hérault, organisée autour de la cité latine de Piscenae, se trouve englobée dans les grandes grilles cadastrales identifiées plus largement sur tout le Biterrois et pour lesquelles nous avons déjà pu proposer des éléments de chronologie relative et des hypothèses de datation.

La construction des terroirs, la maîtrise des sols et le contrôle de l’espace ont assurément déjà, ici comme ailleurs, un long passé quand s’opèrent les premières implantations cadastrales romaines, même si l’on n’a pas pu identifier dans le Midi de parcellaires géométriques préromains comparables au système dit des « champs celtiques » maintenant repérés dans le Nord et dans l’Est. Les processus historiques de régularisation des paysages, la production des structures et les formes agraires, liées aux pratiques culturales et notamment aux exigences des cultures arbustives, ont évidemment imposé depuis longtemps leurs contraintes, avec la stabilisation des champs et des chemins ruraux, et une métrique préromaine. Au reste le tout proche voisinage du cadastre rural repéré autour d’Agde, dans la basse vallée de l’Hérault et sur les rives de l’étang de Thau, a constitué – à une date difficile à préciser – une étape décisive pour la régulation du paysage régional.

Mais c’est sous la domination romaine qu’est mise en œuvre une nouvelle et longue étape de rationalisation, bien lisible celle-ci dans le sol piscénois, quand la régularisation orthogonale des parcellaires s’opère et se systématise dans le cadre de vastes réseaux cadastraux. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1983

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Monique CLAVEL-L’EVEQUE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf