Description
Paul Redonnel, un grand ouvreur des lettres occitanes et françaises
Le 21 janvier 1860 naît à Cournonterral, dans l’Hérault, un des écrivains les plus flamboyants de l’avant-guerre de 14. Aujourd’hui, si quelques initiés adeptes des sciences occultes le connaissent encore, le monde littéraire a, lui, complètement oublié Paul Redonnel. Et pourtant ! Ses titres pour passer à la postérité sont multiples : pendant quinze ans, il a été un des animateurs majeurs et un des points de ralliement de la littérature française. Il a, dans les années 1890, été celui qui, avec Pierre Dévoluy, Jean Charles-Brun et Joseph Loubet, sortit la littérature occitane de son provincialisme vieillot pour la confronter de plain-pied avec sa contemporaine française. Sa propre poésie, malgré ou à cause de sa lecture difficile et souvent déroutante est très loin d’être négligeable.
Cournonterral-Paris, première
A l’époque de sa naissance, les Redonnel sont nombreux à Cournonterral. L’un d’eux y fut pasteur protestant au XVIIe : son ombre verse un peu d’hétérodoxie sur le berceau. Au mariage de ses parents le 5 mai 1858 comme à l’enregistrement de sa naissance, un Laurent Redonnel qui est maire. Son père, Jean, né le 3 mars 1807, paraît bien vieux, 53 ans, (bien qu’il n’en avoue que 51) à côté de la jeune mère, Scholastique Coste, qui, née le 1er janvier 1832, en a 28. Trois au moins des grands parents sont nés à Cournonterral, et y ont vécu « propriétaires et agriculteurs ». Plus tard, pourtant, Paul se dira de vieille souche lunelloise.
Il gardera de son enfance villageoise des souvenirs émus : Les enfants, dont j’étais… s’amusaient aux « olivettes », à « l’enfer », au « loup », passant avec une rapidité excessive d’un jeu à un autre, par quoi s’explique ce besoin ardent de vivre . Dans La France d’Oc, en 1894, il décrira un autre de ses jeux à Cournonterral : les brochettes de papier en feu. Plus loin, dans le même conte : Ma grand-mère était une excellente conteuse et qui, malgré ses quatre-vingt huit ans sonnés, avait conservé son intelligence supérieure, sa lucidité d’esprit et un timbre de voix qui eût fait envie à bien des jeunes filles… L’enfant baigne donc dans la tradition du conte populaire, et quand il fera le portrait de Moïse Terquarade, personnage pittoresque de Cournonterral, c’est aux récits de sa mère qu’il devra cette description.
Les archives cournontaises se taisent très vite sur la famille : le dépouillement de l’état-civil jusqu’en 1902 ne montre ni naissance d’un autre enfant du couple, ni décès d’un des parents (Jean en 1902 aurait 96 ans), ni mariage de Paul. La famille a déménagé à Montpellier, peut-être après la mort du père. Sans doute pour faciliter les excellentes études de Paul, trop excellentes peut-être, puisqu’elles resteront toujours un peu trop voyantes. Elles commencent au Sacré-Coeur de Montpellier, avec Jean Charles-Brun, le chantre du régionalisme, qui sera un des rares à suivre son cercueil en 1935 à Malakoff. Elles se poursuivent à l’université, droit ou lettres, je l’ignore : les 30 premières années de notre illuminé ont bien des zones d’ombre.
Il faut attendre le 10 juillet 1889 pour le trouver en pleine lumière, dans le sillage de Jules Simon. Le ministre philosophe, historien et académicien, qui préside la Société littéraire et artistique La Pomme a proposé un banquet pour réunir les différentes sociétés de provinces fondées à Paris, dont La Cigale, Les Félibres de Paris et autres sociabilités méridionales. Paul Redonnel, secrétaire du ministre, participe à cette réunion où il porte un toast, et sans doute en est-il le véritable organisateur (sans ça, à quoi servirait un secrétaire ?). Première manifestation publique de sa recherche de synthèse entre littérature et décentralisation. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2009 |
---|---|
Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Guy BARRAL |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |