Description
Notre-Dame de Grâce de Sérignan
Réflexions sur les étapes de la construction d’un grand édifice gothique
L’élégante église à trois vaisseaux de Sérignan n’avait bénéficié que d’études anciennes ou de courtes notices jusqu’au dernier ouvrage, Midi gothique, de Béziers à Avignon, dans lequel l’auteur lui consacre une notice, lui réservant ainsi une place de choix dans l’étude de l’architecture régionale. Si la datation de la deuxième moitié du XIIIe siècle pour le début de la campagne a été résolument abandonnée dans les dernières publications, la prise en compte du déroulement du chantier, qui vit s’ériger en phases successives la majestueuse église de Sérignan, devrait apporter de nombreuses précisions. L’étude de l’église pose des problèmes de chronologie difficiles à résoudre, qui ne peuvent être étayés par des sources, mais elle marque sans aucun doute la rapide diffusion des formules gothiques dans les nouvelles terres royales dès la première moitié du XIIIe siècle.
Les conditions de la reconstruction
Possession de la riche abbaye bénédictine de Saint-Thibéry, l’église Sainte-Marie de Sérignan est mentionnée dans une transaction de 990, dans laquelle le vicomte de Béziers, Guillaume, rend à l’abbaye des moines noirs l’église de Sérignan et la jouissance des salines, in Sirignano ecclesiam Sancte Marie cuni salmis. Le seigneur du lieu, Bernard de Sérignan, fut rendu célèbre par ses actions en faveur des hérétiques lors de la première croisade des barons du Nord. Les habitants furent excommuniés en 1222 et le consulat fut supprimé pour cause d’hérésie. Il ne sera réhabilité qu’en 1260.
Ce port avancé de la riche cité épiscopale fut démantelé par les croisés et si le village ne fut pas détruit, les murailles furent jetées à bas. Les biens furent confisqués par les barons du Nord et une sentence arbitrale de 1218 confirme la possession de l’église priorale Sainte-Marie à l’abbaye de Saint-Thibéry. Instituée église de pèlerinage en 1229 lors de l’édiction par le concile de Toulouse des Peregrinationes minores, elle devint une étape imposée aux hérétiques repentis. Il est fort probable, et l’analyse monumentale de l’édifice le confirme, que le chantier de reconstruction fut ouvert dès les années 1230 pour voir s’ériger en phases successives l’étonnante église à trois vaisseaux qui se dresse fièrement de nos jours sur les bords de l’Orb. La présence d’un chapitre dans l’église n’apparaît qu’au XIVe siècle, dans une bulle édictée par le pape Jean XXII, bulle rédigée afin de régler une affaire entre les chanoines de la « Canourgue » de l’église de Sérignan et le prieur.
L’église romane qui précéda la reconstruction de l’édifice actuel était établie sur de vastes dimensions. Un sondage archéologique exécuté en 1966, suivi d’une fouille en 1967, a mis au jour les fondations d’une abside polygonale, bordée de deux absidioles. Les pans coupés du chevet étaient rythmés par des colonnes dont les bases et les chapiteaux sont encore visibles sur l’absidiole sud, conservée dans le nouvel édifice. Caractéristique du second art roman, cette église devait être établie sur le plan de l’église Saint-Jacques de Béziers, dont le chevet est scandé par des colonnes à chapiteaux romans délicatement sculptés. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2001 |
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Nombre de pages | 7 |
Auteur(s) | Adeline BEA |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |