[De 1995 à 2010 nous avons publié, sous ce titre, des textes rapides dont certains ont pu donner lieu, ultérieurement, à des articles. Il s’agit de signaler des publications, des recherches, des manifestations…concernant les diverses périodes de l’histoire sous la signature d’auteurs qui ont bien voulu collaborer à ces Notes. En ce qui concerne les publications, il ne s’agit généralement pas de comptes rendus critiques mais de faire connaître des travaux qui, d’une façon ou d’une autre, touchent le département de l’Hérault ou peuvent contribuer à de nouvelles recherches. Jean-Claude RICHARD RALITE]

L’ancienne église paroissiale Saint-Jean-Baptiste d’Aniane

Dans sa biographie (17 [26]) de saint Benoît d’Aniane (+ 821), Smaragde devenu saint Ardon (+ 843) évoque une église distincte de l’abbatiale : « quant à celle qui a été bâtie dans le cimetière, elle est dédiée à Saint-Jean-Baptiste qui, parmi les enfants des femmes, est le plus grand comme l’ont attesté les divins oracles [Evangile de Mathieu,11, 11] mais ce n’est qu’en 1114 que cette église est citée dans le Cartulaire d’Aniane : Bertrand Lautard et son épouse Sénégonde donnent à l’abbaye les dimes qu’ils possèdent dans cette paroisse. La phrase d’Ardon n’a pas donné lieu à un commentaire particulier de P. Bonnerue dans sa récente édition de cette biographie. (Abbaye de Bellefontaine, 2001). La question est donc posée de savoir où est l’église dans laquelle les habitants d’Aniane accomplissaient leurs dévotions et recevaient les sacrements car il ne peut s’agir de l’une des chapelles secondaires qui pouvaient exister sur le territoire de la commune. Il y a tout lieu de penser que c’est en ce même emplacement qu’existait l’église carolingienne qui fut d’abord remplacée par un nouvel édifice à l’époque romane. Ce dernier fut presque totalement détruit lors des guerres de religion qui, à partir de 1562-1563, vont cruellement marquer l’histoire de la commune. On sait que l’abbé Jean IV de Saint-Chamont (1558-1568) s’était converti au protestantisme : avec la nomination, après l’édit de Nantes, de l’abbé Louis du Caylar d’Espondeilhan (1600-1603), le calme revint et permit au monastère, qui avait été presque totalement détruit, d’adhérer à la Congrégation de Saint-Maur (1636).

Au 17ème siècle les phases de l’histoire de Saint-Jean-Baptiste sont connues grâce aux recherches de F. David (Etudes Héraultaises, 5-6,1989-1990). En 1792 le culte paroissial est transféré dans l’ancienne abbatiale acquise par la commune et c’est la Confrérie des Pénitents Blancs qui s’installera dans ces lieux jusqu’au 20ème siècle. En 1950 cette église fut désaffectée, devint un entrepôt municipal avant d’être heureusement transformée en salle de manifestations culturelles grâce à la détermination du Foyer Rural. Le porche monumental d’entrée, construit juste avant la Révolution, fut classé à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 20 février 1950 et la totalité de l’édifice le 2 août 2010.

A la suite des guerres de religion, l’église Saint-Jean-Baptiste était en ruines si bien qu’il fallut engager non pas une restauration mais une véritable reconstruction. Celle-ci a été formellement établie par la découverte par M.Y. Haddad d’une inscription, en hauteur, sur le premier pilier droit du chœur : « …1597 et le 11 septembre fut commencé le chœur et le clocher » (Fig. 1.). On connaissait depuis longtemps l’inscription sur la clé de voûte de la deuxième travée : « I. Mazet, E. Frezou, E. Garonne Consulz 1600 » (Fig. 2.) et les armoiries de l’abbé (1600-1603) Louis du Caylar d’Espondeilhan (Fig. 3).

Le chantier s’est donc déroulé rapidement de façon à ce que les paroissiens puissent à nouveau disposer d’une église qui leur fut propre (on ne sait pas où le culte catholique a pu se dérouler dans la période intermédiaire précédente, peut-être dans l’église secondaire de l’abbaye Notre Dame, qui avait dû échapper aux destructions).

Inscription des travaux du chœur et du clocher
Fig. 1 - Inscription des travaux du chœur et du clocher © Yvan Marcou, 2010.
Clé des consuls
Fig. 2 - Clé des consuls © Yvan Marcou, 2010.
Clé de l'abbé du Caylar d'Espondeilhan
Fig. 3 - Clé de l'abbé du Caylar d'Espondeilhan ©YvanMarcou, 2010.
Clé aux quatre cercles
Fig. 4 - Clé aux quatre cercles © Yvan Marcou, 2010.
Tétramorphe médiéval
Fig. 5 - Tétramorphe médiéval © Yvan Marcou, 2010.

Si l’explication des inscriptions sur trois des clés de la nef ne pose pas de problème, il n’en est pas de même de celle de la première travée (Fig. 4) qui présente quatre cavités circulaires avec, au fond, un trou de fixation. Il nous semble que ces quatre compartiments pouvaient contenir, chacun, une représentation des quatre évangélistes sous leurs traits humains, comme on peut le voir sur un manuscrit médiéval d’Avignon, daté du XIIème siècle, sous la représentation alors courante. (Fig. 5.)

Enfin, nous savons par des actes notariés de Mes Beaulaguet et Gailhac, découverts par l’abbé Léon Cassan, que des travaux avaient été confiés en 1600 à Jean Calvin, maître-maçon de Pézenas et que le solde du paiement a eu lieu en août 1601.

Cette reconstruction n’a gardé de l’église médiévale qu’une partie du mur Ouest, dans lequel, en hauteur, est percée une petite fenêtre axiale, une partie du mur Sud-ouest sur une longueur d’une dizaine de mètres avec une porte romane murée et, quelques mètres du mur Nord dans lequel s’ouvre la porte d’accès au cimetière qui s’étendait sur les côtés Nord et Est de l’église. Cette construction médiévale avait 13 m 40 de largeur et 11 m 50 à l’intérieur. Nous ignorons la longueur totale, les caractères de son chœur et l’existence de bas-côtés.

Le nouvel édifice s’est développé selon le même axe vers l’Est avec un bas-côté Sud (3 m 10 de largeur) reposant sur trois piliers de grands diamètres (1 m 24) qui sont espacés de 3 m 30 à 5 m 70 qui supportent une tribune. Le chœur a sept pans et il est bordé au nord par un clocher massif. Trois chapelles (de l’Est à l’Ouest : saint Antoine, des Rois, de saint Blaise) surmontées d’une tribune continue, ont été ouvertes dans le mur Nord : elles étaient le siège de confréries avec, aussi, au Sud, celle du Rosaire et celles des tuiliers avec un autel dédié à saint Roch

La nef est voûtée (11 m de hauteur moyenne) sur croisée d’ogives avec clés sculptées ; le chœur montre une voûte à sept compartiments et une clé sculpté avec une croix centrale rapportée.

La porte d’accès était ouverte dans le mur Sud (2 m 60 de largeur) et, en 1686, elle fut protégée par un porche construit sous l’impulsion du vicaire M.-F. Reginal et du premier consul, M. Michel, dont les noms sont gravés sur la clé de voûte. C’est au même endroit que fut accolé un nouveau proche dû à l’architecte André Henry (1746-1811) qui en avait proposé le devis (14 juin 1780) en même temps qu’un projet de construction d’une Mairie. Les deux projets furent réalisés peu avant la Révolution Française dans un style très classique : le tympan du proche offre une sculpture représentant des anges.

Au 17ème siècle, le chœur fut orné d’un grand retable (disparu aujourd’hui) et contenait un banc pour le clergé au Nord et un autre pour le viguier et les consuls au Sud.

La lecture de cette architecture révèle les vicissitudes de la commune d‘Aniane et sa volonté, malgré les destructions des guerres de Religion, de continuer à disposer, au même lieu, d’une église paroissiale pour ses habitants, distincte de l’abbatiale. En attendant les restaurations qui s’imposent, il est clair que la connaissance de l’occupation médiévale et même carolingienne demande la réalisation de fouilles archéologiques qui, seules, permettront de retrouver le plan primitif et l’histoire de l’église Saint-Jean-Baptiste. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Une tête de jade découverte à Saint-Martin-de-Carcarès
(Gignac, Hérault) au XIXe siècle

La petite tête en jade découverte dans une tombe de Gignac dans l’Hérault et dont il est question dans le numéro 992 de la revue « La Nature » de 1892 provient d’un site qui n’est pas daté. De l’aveu même de l’auteur de cet article, Mr. G. De Lapouge, le type de sépultures que l’on trouve dans cette nécropole ne possède aucune caractéristique susceptible d’orienter l’archéologue vers une datation, même approximative puisque ces inhumations très frustes ont été pratiquées dans la région depuis le néolithique jusqu’au moyen-âge. L’objet aurait été posé sur la poitrine du défunt qui l’aurait, toujours selon ses dires, porté en pendentif.

Tête de Jade
Tête de Jade ©A. Riols, 1984.

Enfin, la pièce n’est pas disponible ou perdue et seules subsistent des photographies de qualité très moyenne, non pas de la tête elle-même mais du moulage qui en a été fait. Autant dire que toute interprétation actuelle ne peut relever que de la conjecture.

Néanmoins, les connaissances que nous avons aujourd’hui des objets chinois, connaissance que ne possédait pas, bien évidemment Mr Lapouge à son époque, permettent d’avancer quelques suppositions et surtout de donner quelques précisions.

La première est de s’arrêter sur l’expression « jade tendre » par laquelle Mr Lapouge qualifie la pierre et qui fait douter très sérieusement de cette identification, étant entendu que le jade, qu’il soit néphrite ou jadéite est une pierre dont la dureté est une des caractéristiques principales (degrés 6 à 7 sur l’échelle de Mohs qui en compte 10). Certes, cette affirmation est minorée par la constation de l’altération en surface mais cet aspect piqueté, lui non plus ne peut s’apppliquer au jade. Aussi, la pierre en question doit-elle être de la stéatite. Cette belle roche métamorphique est précisément une pierre tendre mais ressemble au jade lorsqu’elle est polie et de nombreuses figurines en Chine sont faites de ce matériau.

Ensuite, en mêlant les informations écrites et l’observation des photographies, il apparaît assez nettement que l’on a affaire à la déesse bouddhique Guanyin. Ce bodhisattva qui incarne la compassion à l’égard de tous les êtres reçut un culte fervent en Chine, en particulier à partir de l’époque où il fut changé en divinité féminine, satisfaisant ainsi aux aspirations les plus fondamentales des Chinois, celle d’obtenir une vaste progéniture. Cette modification de son apparence extérieure a surtout porté sur le visage, qui devint plus doux et le vêtement, qui fut transformé en robe chinoise. Cependant, lui sont restés de sa nature bouddhique les lobes d’oreilles très allongés ornés à l’origine de lourds bijoux, les yeux baissés qui symbolisent son attention perpétuellement portée à notre monde misérable, et une coiffure en chignon dont la face antérieure est parée ou non de l’image assise du Buddha Amida, le tout recouvert par un voile qui tombe sur les épaules. Celui-ci peut également être ramené de chaque côté de la tête en une sorte de ruban qui est noué et supporte un bijou un peu plus bas sur la poitrine. C’est probablement le cas ici, car outre la cavité sauvagement ménagée à hauteur de la nuque, il semble que le ruban ait également été sérieusement endommagé.

S’il en est ainsi et cela est très vraisemblable, cette tête pose un sérieux problème de datation. En effet, la féminisation de Guanyin survient lentement au cours des périodes Song du Sud et Yuan, autrement dit entre le XIIIe et début du XIVe siècles et ce n’est, au plus tôt qu’à la fin de la dynastie des Ming, XVIe-XVIIe siècles, puis, surtout sous celle des Qing, XVIIIe-XIXe siècles, que sont produites à grande échelle, en jade, stéatite, corail ou porcelaine blanche de Dehua les figures de Guanyin du type de celle de la tête de Gignac.

On peut concevoir que sous les Qing, dynastie qui reçut de nombreux occidentaux dont le fameux père jésuite Matteo Ricci, de telles figurines, souvent confondues par ces religieux avec la vierge Marie, aient fait le voyage jusqu’en Occident. L’une d’elles aurait cheminé de ci de là, un accident l’aurait brisée et le hasard l’aurait mise entre les mains de ce défunt, lequel l’aurait utilisée comme une sorte d’amulette.

En fonction des données historiques et stylistiques qui l’on a pu, bon an mal an, extraire du peu d’éléments disponibles, il semblerait que seule l’explication qui vient d’être évoquée ait quelque vraisemblance. Dans ce cas, il est évident que la tombe ne peut dater du Moyen-Age. Enfin, l’éventualité d’une présence intrusive qui serait une autre solution et permettrait de rester en phase avec les datations proposées pour ces tombes, paraît tout à fait irréaliste car si les données de fouilles sont bien exactes, on ne peut imaginer qu’une partie de statuette brisée qui serait tombé au sol précisément en cet endroit ait pu trouver son chemin dans le cercueil de planches – à moins, mais Mr Lapouge n’en dit rien, que le bois du cercueil n’ait disparu. [Catherine Delacour]

L’auteur de la publication de 1892 G. Vacher de Lapouge (1854-1936) lors de ses fonctions de Bibliothécaire de l’Université de Montpellier, de 1886 à 1893, rédigea et professa ce qu’il appela les « Leçons de Montpellier » et publia en 1899 : L’aryen, son rôle social, cours libre de sciences politiques professé à l’Université de Montpellier (1889-1899), Paris, 1899, 569 p. Cet ouvrage servira pour les éléments fondateurs de l’antisémitisme nazi (G. Noiriel, Les origines républicaines de Vichy, Paris, 199, p. 233-234). Son fils, Claude (1886-1963) présida la Commission scientifique pour l’étude des questions de biologie raciale créée par Pierre Laval en fin 1940 puis l’Institut d’anthroposociologie de 1942 à 1943 (J.-Cl.Valla, Les socialistes dans la collaboration : de Jaurès à Hitler, Paris, 2006, p. 77). Sa vie et ses actions à Montpellier ont été décrites par H. Bel (Georges Vacher de Lapouge, Bulletin de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, 66, 1936 (1937), p. 86-96) qui relève sa présence dans tous les lieux où des crânes étaient mis au jour à Montpellier, dans les Cévennes et dans l’Hérault et, ici, à Gignac. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Tête de Jade
Tête de Jade ©A. Riols, 1984.

Le maquis Bir Hakeim, hier, aujourd’hui…

Le maquis Bir Hakeim au départ de Mourèze pour Montpellier
Fig. 8 - Le maquis Bir Hakeim au départ de Mourèze pour Montpellier.
Cliché Croft, 1944 © J.-Cl. Richard

Ce maquis qui a été le plus important et le mieux structuré dans l’Hérault après son total « rapatriement » dans le département (J. Bonijol, R. Bourrier, H. Fumel, J. Vacquier, Pour le centenaire de la naissance de Jean Capel « commandant Barrot » (1910-1944), chef du maquis Bir-Hakeim, Etudes Héraultaises, 40, 2010, p. 329-333) à la suite du massacre de La Parade (28 mai 1944) a été très actif dans la région clermontaise jusqu’à la Libération de Montpellier. Commandé par Jean Capel puis par le Commandant Demarne et, enfin, par François Rouan dit « Montaigne », ce maquis a vu ses forces accrues par de nombreux jeunes patriotes dont certains refusaient le STO mais qui rêvaient tous d’en découdre avec l’occupant.

A la Libération, certains d’entre eux rejoignirent les rangs de la Première Armée Française commandée par le Général de Lattre de Tassigny et, de là, participèrent aux campagnes en France et en Allemagne avant de poursuivre une carrière militaire qui les conduisit en Indochine et /ou en Algérie. Mais d’autres, la guerre finie, préférèrent rejoindre leurs familles et retrouver leurs lieux de vie abandonnés et leurs professions. Ils sont « rentrés dans le rang » !

Aujourd’hui, les derniers survivants (il s’agit de personnes des classes 40 à 44) appartiennent à l’Association des Anciens et des Amis du Maquis Bir-Hakeim, où ils retrouvent des descendants de ceux qui ont déjà disparu pour, chaque année, célébrer de Gignac, Canet à Mourèze et Clermontl’Hérault, au mois d’août, le souvenir des valeureux combattants.

Les témoignages que certains peuvent encore apporter restent modestes mais ils sont d’une émouvante simplicité. Voici celui d’André Salvador, donné en 2010 :

« Je vais vous raconter mon départ pour Mourèze avec mes camarades de travail obligatoire Feller, Pioche, Masse. Il fallait faire des trous grands et petits. Nous n’étions pas gardés, de temps en temps seulement. Ils nous prenaient par camion devant la gare de Montpellier et nous menaient une fois à un endroit, une autre fois ailleurs. Nous étions six ou sept. Une fois ils nous ont mis par deux pour garder la voie ferrée de Montpellier au Crès, aller retour. De là, nous rentrions chez nous, 12 kms. Et une fois à Fréjorgues pour faire des tranchées. Et là j’étais avec un copain qui faisait de la résistance. Alors, comme j’allais travailler avec un triporteur, le copain me dit : « Dédé il ya des caisses de grenades. Tu veux qu’on prenne une caisse ? » Moi je lui ai dit oui. Alors c’est là qu’il m’a dit : « je fais partie d’un réseau de résistance, si tu veux on te prend ». J’ai accepté, j’en étais heureux. Nous avions un Q.G. devant l’hôtel métropole à Montpellier, rue Clos René. Tous les jours, j’allais dans l’appartement voir s’il n’y avait pas de consigne. Cela a duré quatre mois et à la fin juillet, il me fait savoir qu’il faut avertir les copains du quartier, qu’il fallait se préparer à partir pour le maquis car les allemands allaient faire des rafles. Le quartier dont je vous parle est Figuerolles. Nous étions souvent au bar Jeannot.

J’ai réuni les copains. Nous étions six à partir pour Mourèze. Mais il fallait récupérer une ambulance qui se trouvait aux Arceaux dans le gymnase qui était réquisitionné avec une trentaine de véhicules. Le copain Jean Parrier avec qui j’étais toujours s’est débrouillé pour avoir les clefs et pour récupérer l’ambulance qui nous a menés à Mourèze. Nous étions tout contents de partir. Puis quand on a libéré Montpellier, nous avons été accueillis comme des princes. Le soir nous avons fait le repas au café de France où se trouve le Monoprix maintenant. Ce sont de charmantes jeunes filles qui nous ont servi. Nous étions plusieurs maquis ensemble. Dès la mi-septembre, nous avons signé un engagement volontaire pour la durée de la guerre.

Là nous sommes partis sur Béziers avec des camions non bâchés sous une pluie battante. De Béziers nous sommes partis par train sur Dijon puis sur le camp du Valdaon où on nous a habillés en américains et armés. J’étais dans la Brigade Légère du Languedoc. Il y avait une bonne camaraderie entre nous. Tout se passait bien. Nous avons participé à la libération de St louis H… et d’autres. Chaque année nous recevons les vœux de la mairie de Saint Louis. Cela nous faisait chaud au cœur de voir que nous n’étions pas oubliés.

Nous sommes restés dans l’île de Keims 15 jours. Nous avons eu un lieutenant qui a été tué par un fusil à lunette. Il était marié et avait un enfant. Là nous avons trouvé le Rhin, occupation de la Limagne. Puis, occupation en Autriche… Je me suis engagé. J’avais juste 20 ans… ».

Un autre témoignage est apporté, en 2011, par M. Camille Verdeil né à Salasc en 1925 qui était ouvrier boulanger à Clermont-l’Hérault. Ayant refusé le STO il s’est engagé sur les conseils de Robert Monteil « Mirabeau » qui faisait la liaison entre Toulouse et la R 3. C.Verdeil a rejoint le maquis le 1er février 1944, dans les divers points d’appui du maquis Bir Hakeim : Mourèze, Lacoste, Saint-Saturnin et en août 1944 il participe à la descente sur Montpellier. (Fig. 2) Il ne s’engage pas pour la fin de la guerre et rentre chez lui pour poursuivre une carrière dans les transports. Il rappelle sa présence dans la nuit du 3 août 1944 à 23 h 50 lors du parachutage au cours duquel le Commandant Demarne sera tué dans des circonstances encore mal établies.

Ainsi deux maquisards de base ne se sont pas seulement contentés de se cacher pour échapper au STO mais se sont réellement engagés pour s’opposer avec toutes leurs forces à l’occupant. Pour l’un le combat a continué jusqu’en Allemagne, pour l’autre la Libération marquait le but atteint. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Camille Verdeil, le 2 septembre 1944
Fig. 9 - Camille Verdeil, le 2 septembre 1944
© C. Verdeil, 2010.

Pierre Torreilles, un poète parmi nous

Le Français n’a pas la tête très… « poétique » et le temps où le moindre ancien élève pouvait réciter telle œuvre de notre panthéon est bien loin… D’origine gardoise Pierre Torreilles (1921-2005) est d’abord étudiant en théologie évangélique à Aix-en-Provence et refuse, en 1944, le STO : il rejoint les maquis cévenols puis, après son mariage avec Simone Sauramps en 1946, commence une carrière de libraire à Nimes puis à Montpellier avant de créer dans l’Imprimerie Sauramps, à Montpellier, un coin librairie qui va devenir un de ces lieux secrets où se retrouvent les clients, qui deviennent souvent des amis, et aussi une pléiade d’auteurs, poètes ou prosateurs, proches du surréalisme, artistes, peintres d’ici et d’ailleurs, qui feront de cette « caverne » un lieu exceptionnel jusqu’aux années soixante-dix où le transfert et l’extension de la librairie mettront un terme presque final, au moins là, à ces rencontres. La bibliographie de P. Torreilles de 1953 (Solve et coagula et L’Arrière pays clos, 1961 aux éditions G.L.M.) à 2006 marque les étapes successives de la réflexion poétique illustrée par des illustrations amies. C’est cette vie et cette œuvre qui est présentée par Paule Plouvier, professeure émérite à l’Université de Montpellier III (Pierre Torreilles Poète, entre splendeur hellénique et méditation hébraîque du souffle, Paris, 2010) qui donne les thèmes de cette œuvre marquée au sceau de la discrétion et d’un attachement viscéral au « pays », de la mer à la garrigue et aux amis. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

L’abbaye et l’ordre de Saint-Ruf

Créée en 1039 par quatre clercs en Avignon puis transportée à Valence en 1158, l’abbaye de Saint-Ruf est à la tête d’un ordre qui va atteindre une extension maximale au XIIIème siècle : 68 églises principales dont 56 en France, 8 en Espagne et 4 en Italie du Nord. Au XVème siècle l’ordre est déjà en décadence.

C’est la Règle de cet ordre que vont suivre les chanoines de la cathédrale de Maguelone dont on possède le Coutumier, édité par l’abbé A. Carrier (qui n’avait pas hésité à « emprunter » le nom de : Carrier de Belleuse) : Coutumier du XIème siècle de l’ordre de Saint-Ruf (chanoines réguliers de Saint-Augustin) en usage à la cathédrale de Maguelone, Sherbrooque, 1950. En 1997, Ludovic Viallet avait donné une très intéressante Note bibliographique sur l’ordre de Saint-Ruf (Bulletin du C.E.R.C.O.R, n° 27, janvier-décembre 1997, p. 6-13 mais, en 2010, une Journée d’Etudes, à Valence, a apporté une série de communications (publiées et disponibles le jour du congrès lui-même !) qui constituent une mise à jour de très grande qualité (L’abbaye de Saint-Ruf d’Avignon à Valence, Actes de la Journée d’Etudes, 6 novembre 2010, Valence, 2010) avec les recherches historiques et archéologiques les plus récentes.

Maguelone est toujours l’objet de recherches et publications comme celle de J.-L. Lemaitre, en collaboration avec D. Le Blévec, Les statuts de Jean de Vissec pour le chapitre de Maguelone (1331), Paris, 2009, qui donne une édition de très grande qualité à ce texte utilisé, en dernier lieu, par le regretté André Signoles (Maguelone, ancienne cité épiscopale, Montpellier, 1992). C’est aussi l’occasion de rappeler que les fouilles conduites sur le site de 1967 à 1973 par J.-Cl. Richard et son équipe a donné lieu à une publication suivie : Maguelone, grand passé, petite île (1967-1973), Archéologie en Languedoc, 23, 1999, p. 179-210 ; 28, 2004, p. 11-46 ; et 29, 2005, p. 171-179, dont la quatrième et dernière livraison est attendue. On souhaiterait que les recherches conduites depuis 1995 qui ont permis, en particulier, de mettre au jour, une église cimetériale de la fin VIe-VIIe siècles, soient enfin publiés. On ne saurait trop regretter la disparition de ces vestiges de la plus haute importance chronologique et historique pour ce site et la région aient été délibérément enfouis et détruits pour une plantation en vignes ! [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Murviel-les-Montpellier est-il l’oppidum des Samnagètes ?

Le site archéologique de Murviel-les-Montpellier a fourni, depuis le 17ème siècle, de nombreuses preuves de son existence antique qui sont conservées dans des Musées (Cabinet des médailles de la Bibliothèque Nationale, Musée de la Société Archéologique de Montpellier, Musée Lattara, Dépôt archéologique local…) et a été l’objet de fouilles archéologiques plus on moins suivies. Au 19ème siècle, dans le cadre de la recherche initiée par Napoléon III, des fouilles, conduites par un militaire en garnison à Montpellier, A. de Montgravier, avaient permis de disposer de relevés du dispositif fortifié et les membres de la Société archéologique de Montpellier avaient exploré certaines parties du site et conservé les découvertes. Depuis les années cinquante le professeur Michel et Paul Soyris ont réalisé des campagnes de fouilles suivies et, de 1975 à 1995, une fouille programmée, dirigée par J.-Cl. Richard avec la collaboration du G.R.A.H.M., a permis une avancée décisive puisque non seulement le tracé d’ensemble des fortifications entourant ce site d’une vingtaine d’hectares a pu être mis en lumière (avec ses portes et poternes et son dispositif défensif du sommet et de la partie basse) mais un ensemble monumental a été découvert dominé par un temple s’ouvrant sur un forum entouré de galeries avec des boutiques. Le caractère exceptionnel de ces architectures a été souligné par les inventeurs dans plusieurs articles et publications avec des propositions de restitutions (J.-M. Gassend, G. Escalon, P. Soyris, Un temple du début de l’Empire à Murviel-les-Montpellier : hypothèse de restitution, Revue Archéologique de Narbonnaise, 27-28, 1994-1995, p. 65-12). La présence d’éléments mutilés de sculptures monumentales et d’inscriptions, tout en ne laissant pas découvrir des identifications précises, permettait d’envisager qu’il s’agissait d’un temple du culte impérial de l’époque augustéenne.

Une nouvelle équipe de recherches a pu faire avancer les connaissances sur ce site entre 2001 et 2010 (Une agglomération antique aux portes de Montpellier, 2001-2010, 10 ans de recherches archéologiques à Murviel-les-Montpellier (Hérault), Montpellier, 2010) et a confirmé les hypothèses du programme précédent tout en apportant récemment la nouveauté d’une inscription mutilée, trouvée morceau après morceau, qui permettrait d’envisager que le site était celui d’une population, connue par quelques rares attestations, sous le nom de Samnagètes. Cette hypothèse avait été présentée dès 1982 par M. Gayraud et J.-Cl. Richard, (Les inscriptions gallo-romaines de l’oppidum du Castellas à Murviel-les-Montpellier (Hérault), Etudes sur l’Hérault, 13, 1982, p. 21-32) avec toutes les réserves d’usage, et semble donc devoir recevoir aujourd’hui une confirmation plus claire.

On ne saurait oublier aussi l’église médiévale Saint-Jean-Baptiste du village actuel de Murviel qui a reçu une notice fort complète de A. Sudre (Histoire et Patrimoine, Les monuments médiévaux de Murviel au diocèse de Maguelone, Montpellier, 2010) qui permet de suivre la construction et l’évolution architecturale de la nouvelle agglomération bâtie, au Moyen Age, à quelque distance du site antique dont elle a réutilisé les vestiges pour son propre établissement. [Marie-Gilberte COURTEAUD]

L’art des peintres préhistoriques

Sous la signature de Michel Lorblanchet vient de paraître un magnifique volume intitulé : Art pariétal, grottes ornées du Quercy, Rodez, 2010 qui constitue un corpus magistral des gravures et peintures les plus anciennes de cette région. Notre département n’est pas riche en ce domaine mais les quelques attestations repérées, dans la Vallée de l’Hérault, par exemple, trouvent là un contexte très documenté. Certes l’occupation préhistorique de notre région est une réalité et les travaux de Henry de Lumley en ont montré les richesses mais, jusqu’à plus ample informé, l’art figuratif n’est pas vraiment illustré dans nos cavernes. A ce jour, il n’y a pas d’explication scientifique de cette absence : serait-ce dû à une population trop clairsemée, à d’autres choix d’expressions artistiques et cultuelles, rien ne permet aujourd’hui de résoudre le problème dans l’état actuel des recherches. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Archéologies antiques

Il ne saurait être question de signaler ici tous les ouvrages qui concernent ce domaine mais de marquer un point d’arrêt sur tel ou tel qui nous a été signalé ou envoyé. I. Fauduet a donné une nouvelle édition de son livre sur : Les temples de tradition celtique, Paris, 2010. On sait que le fanum était ce sanctuaire de plan centré, généralement constitué d’une cella carrée au centre qui gardait la statue de la divinité, entourée d’une galerie ou déambulatoire. Ces édifices recevaient des offrandes de la part des fidèles : certains d’entre eux ont donné des quantités considérables de monnaies. Dans l’Hérault, on a recensé ces édifices à Balaruc-les-Bains, à Colombières-sur-Orb et aux Rives. Avec ce volume, il est donc possible d’insérer ces découvertes et celles à venir dans une longue tradition de la Gaule celtique et gallo-romaine.

L’Institut Catala d’Arqueologia classica, à Tarragone, consacre à cette ville des recherches qui en débordent largement le cadre car cette ville-capitale a livré et livre encore des découvertes exceptionnelles : comme à Nîmes ou Arles, ses monuments parsèment la ville actuelle et au fur et à mesure de son extension et des travaux édilitaires intramuros, de nombreux chantiers sont ouverts. Ce n’est pas seulement une raison pour ne pas s’ouvrir à des questions plus générales comme le montre l’ouvrage qui vient d’être publié en hommage à J.-P. Vernant et P. Vidal-Naquet sous le titre : Topos-Chôra, L’espai a Grècia I : perspectives interdisciplinaires (Tarragona, 2010) où la réflexion s’étend sur ce thème qui concerne ici surtout la Grèce et à peine l’Italie. L’Institut donne régulièrement des informations sur ses activités et ses publications (info@icac.net).

Les Anejos de la revue Archivo Espaňol de Arqueologia, viennent de publier l’ouvrage de A. Gorgues, Economie et société dans Nord-est du domaine ibérique (IIIe-Ie s. av. J.-C.), Madrid, 2010 qui concerne bien sûr cette partie de la Péninsule Ibérique mais déborde largement vers le Nord sur notre région qui pendant longtemps a vécu en communauté avec la précédente. L’auteur utilise toutes les données de l’archéologie contemporaine et met ainsi en relation des territoires qui sembleraient en réalité former une unité. Les idées exprimées par Ch. Ebel en 1976 (Transalpine Gaul, the emergence of a Roman province, Leiden, 1976, dont une traduction en français a été éditée : La Gaule du Sud, de la colonisation grecque à la province romaine (VIe siècle-Ier siècle avant J.-C.), Archéologie en Languedoc, 24, 2000, p. 43-95) d’une annexion de nos régions à la province d’Hispania Citerior sont examinées avec prudence et modération mais il est clair que les liens étaient bien une réalité avec l’espace ibérique dans la plupart des domaines aux IIe et Ier s. av. J.-C. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

A propos des histoires des communes

Chaque jour ou presque nous apporte de nouvelles histoires de communes concernant la totalité chronologique ou une seule période (très souvent ce sont les 19ème et 20ème siècles) avec aussi des monographies de quartiers, de monuments, d’hommes célèbres…Il ne saurait ici les recenser d’autant plus que leur diffusion reste souvent fermée aux limites de la commune et c’est presque par hasard que l’on découvre ces documents.

Brissac par exemple a publié en 2010 par les soins de F. Delmas et A. Lignon un : Brissac, notre village dans les années 1830-1930, qui utilise dessins anciens, cartes postales, reproductions des cadastres. Dans ce type de publication il y a toujours un souci concernant la toponymie et même si on a laissé de côté le Dictionnaire de Thomas, on ne sait pas que la Toponymie de l’Hérault de F.R. Hamlin doit être consultée dans sa dernière édition de 2000 et que ce volume a fait l’objet de compléments et critiques de J.-P. Chambon et Michel Chalon dans Archéologie en Languedoc 26, 2002 et 30, 2006. En ce domaine, aujourd’hui, l’à peu près n’est plus de mise car ce domaine est devenu très scientifique même s’il est vrai que l’enquête de terrain reste toujours bienvenue car elle peut apporter des explications simples à des mots qui ont pu être transformés dans des textes ou sur les cartes de l’IGN. A Montpellier, ville sur laquelle les recherches historiques ne semblent pas aller avec vigueur.., on dispose d’une Histoire de l’usine à gaz de Montpellier, 2010, par de nombreux auteurs autour de l’association Mémoire pour l’avenir. EDF-GDF qui fait revivre, depuis son origine en 1834 jusqu’en 1985 (sur le site proche de la gare de Montpellier), les étapes de ce service public. L’ouvrage comprend aussi des entretiens avec d’anciens travailleurs et offre de très nombreuses illustrations. L’archéologie industrielle reste encore un domaine qui n’est pas très exploré ! Le monde ouvrier et des patrons sociaux vient de s’enrichir d’une nouvelle édition de l’ouvrage de J.-B. A. Godin (1817-1888), Solutions sociales, Guise, 2010, édité par les Editions du Familistère, avec une présentation et des commentaires conséquents.

La commune de Murles revit sous la plume de Marie-José Guigou dans une étude sur : Les Montlaur Cambacérès, les derniers seigneurs de Murles, Nimes, 2008. La plus grande partie est consacrée à l’histoire familiale et à la généalogie. Le château est devenu rapidement une ruine, les Cambacérès ayant abandonné les lieux pour leur bel hôtel de la Place de la Canourgue à Montpellier. La Révolution Française a été un grand moment de rupture et de changements considérables qui ont affecté toutes les classes de la Société. Régulièrement, on revient sur cette période dans un cadre local, départemental, régional ou national et dans les ouvrages publiés on peut trouver des éclairages ou des problématiques interessants. Le département des Landes, par exemple, n’a pas échappé à cet intérêt et a publié : Les Landes et la Révolution, Actes du colloque de Mont-de-Marsan, 29-30 septembre 1989, Mont-de-Marsan, 1992 et a organisé une exposition sur le thème : Des Lannes aux Landes, naissance et vie du département pendant la Révolution, Mont-de-Marsan, 1989. Les Etudes Héraultaises donnent souvent des articles sur cette période et ont publié en 1989, aussi pour le Bicentenaire, un volume spécial : Municipalités et révolution dans l’Hérault. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Le bronze et ses fondeurs

Depuis la Préhistoire et ses « cachettes de fondeurs » le bronze a été sans cesse fondu et refondu pour des usages multiples. L’étude de l’art des fondeurs est un domaine classique avec une attention soutenue pour les Cloches et aussi, depuis la grande enquête de Maurice Aguilhon, pour les statues érigées dans les endroits publics dont celles de la Marianne ! Le Musée National de la Renaissance vient de consacrer son septième Cahiers à : La France des fondeurs, art et usage du bronze aux XVIe et XVIIe siècles, Paris, 2010 sous la signature de Bertrand Bergbauer. Ce catalogue d’exposition est magnifiquement illustré et traite de tous les secteurs d’utilisation de ce métal composé. Une étude des fondeurs de certaines régions est engagée pour des ateliers connus. On est loin encore de ces fondeurs itinérants qui, de paroisses en paroisses, fondaient des cloches au pied des églises ! On a appris récemment qu’une enquête diligentée par le Musée d’Orsay pour la statuaire est lancée à laquelle il est possible de participer tant les œuvres sont multiples et éparpillées à travers tout le territoire dans des lieux publics mais aussi privés. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

L’Ecole des Chartes met à jour ses annuaires

L’Ecole des Chartes avait publié en 1999 et en 2005 la liste des archivistes paléographes qui permet d’entrer en relation directe avec non seulement les services départementaux mais avec des établissements où exercent ces fonctionnaires. Elle vient de publier en 2010, pour la dernière fois (informatique oblige !), le Livret de l’Ecole des Chartes 1967-2007 qui est un dictionnaire biographique des archivistes paléographes et, d’autre part, une Liste des Archivistes paléographes 2010 qui donne les affectations et les coordonnées de chaque ancien élève. On retiendra, dans le Livret l’indication des thèses soutenues (malheureusement toutes ne sont pas publiées) et la diversité des fonctions exercées ces savants. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Napoléon III, Républiques et révolutions

Le Second Empire continue de faire recette chez les auteurs et éditeurs. En dernier lieu, vient de sortir par A.-D. Houte, Louis Napoléon Bonaparte, le coup d’Etat du 2 décembre 1851, Paris, 2011 qui montre le rôle décisif de certains hommes, très connus ou même inconnus. De Sète, nous parviennent deux études de Jacques Blin qui concernent ces thèmes et le monde ouvrier : Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier cettois puis Sétois, de 1789 à 1950, Sète, 2009 et Portrait robot d’un « républicain-révolutionnaire » Frédéric Fesneau, Cette au temps de la Commune (1868-1880), Sète 2011.

Le monde clos de l’île singulière favorise la recherche et permet de suivre sur la longue durée les questions politiques et sociales aves des hommes et des femmes fortement engagés pour défendre leurs idéaux.

A Clermont-l’Hérault, l’Association Généalogique du Clermontais vient d’éditer : Les Mariannes du Clermontais, un sujet traité pour Clermont par Andrée et Jean Piacère dans le Bulletin du GREC mais qui, ici, est limité aux bustes dans les mairies de la Communauté de communes du Clermontais. On y retrouve certes les modèles connus d’Injalbert, Francia mais d’autres moins connus comme T. Hébert, P. Tailleferi. Bien illustré en couleurs, ce fascicule complète heureusement les travaux antérieurs tous issus de la grande et belle enquête de Maurice Agulhon sur Marianne. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Moyen Age

Quelques nouveautés à signaler : Le livre des sentences de l’inquisiteur Bernard Gui, édité par Julien Théry, vient de paraître en 2010. Cet inquisiteur a joué le rôle qui lui avait été confié avant de terminer sa carrière comme évêque de Lodève (1324-1331) et a laissé un très grand nombre d’écrits qui font encore la joie des spécialistes pour les éditer et les commenter. Monique Bourin et Pascual Martinez Sopena ont réuni une série d’études sur le thème qui leur est cher : Anthroponymie et migrations dans la chrétienté médiévale, Madrid, 2010. Ce domaine a été largement renouvelé durant les dernières années et le présent volume permet de mesurer toute l’avancée des recherches.

Le Laboratoire d’archéologie et d’histoire médiévales de l’Université de Picardie-Jules Verne, avec son volume Histoire médiévale et archéologie, 23, 2010, donne les actes d’un colloque sur Les collégiales et la ville dans la province ecclésiastique de Reims (IXe-XVIe siècles), en même temps que le catalogue d’une exposition en 2010 : L. Degroisilles et L. Droin, Images d’archives, archives du sol, la fouille du château de Condé-sur-l’Escaut (Nord). Certes nous sommes là très éloignés des bords de la Méditerranée mais ces recherches peuvent être mises à profit pour les études en cours sur les mêmes thèmes dans notre région.

Nous devons à l’équipe du Centre de Poitiers la réalisation des volumes du Corpus des inscriptions médiévales dont celui sur l’Hérault a révélé la richesse, alors peu connue, de documents particulièrement précieux. Mais l’épigraphie n’est jamais au bout de ses considérations non seulement parce que des découvertes se produisent régulièrement et peuvent ainsi croiser le contenu d’inscriptions déjà connues, mais aussi parce que le réexamen des inscriptions peut apporter du nouveau comme vient de le montrer F. de Coster dans une récente étude sur les inscriptions du tympan de Conques (Pour une relecture des inscriptions du tympan de l’abbatiale de Conques, Etudes aveyronnaises, 2010 (2011), p. 295-327) qui ne prétend pas être définitive ! [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Environnement et paysages

L’environnement n’est certainement pas une « invention » du 21ème siècle et, depuis longtemps, depuis toujours !, de nombreux écrits marquent les préoccupations humaines vis-à-vis le monde terrestre ou marin. Les mondes agricoles en politique, de la fin des paysans au retour de la question agricole (sous la direction de B. Hervieu, N. Mayer, P. Muller, F. Purseigle, J. Rémy, Paris, 2010) tentent de voir les transformations rurales depuis un demi siècle, liées à la dépopulation active qui a touché les agriculteurs et le nombre d’exploitations. Si les paysans sont les jardiniers du monde rural, qui assurera cette fonction ; s’ils disparaissent et si l’agriculture est uniquement soumise à des impératifs économiques fixés, souvent, au-delà, des frontières ? L’interrogation sur l’avenir est multiple : Pour mémoire, 8, 2010, revue du Comité d’Histoire et Revue du Ministère de l’Ecologie développe les suites de la loi de 1930 sur la protection des sites et des paysages, mais qu’est ce qu’un paysage tente d’expliquer, sous la direction d’A. Roger, La théorie du paysage en France, 1974-1994, Seyssel, 1995, avec une trentaine de contributions des meilleurs connaisseurs.

Ces paysages sont illustrés par de magnifiques ouvrages comme, par exemple : Une France sauvage : l’Aubrac (Rodez 2009, par C. Gouvion et R. d’Engreville), ou Maisons des Cévennes, architecture vernaculaire au cœur du Parc National (ouvrage collectif initié par le Parc) Rodez, 2010.

Dans l’Hérault, il convient de signaler l’action conduite par le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement (CPIE) établi au Caylar qui conduit sur le terrain, avec les scolaires, les associations, le grand public, une action de sensibilisation qui se traduit aussi par la publication de trois séries de documents : Cahiers techniques (1 – Le réseau d’éducation et de sensibilisation à l’environnement du CPIE des Causses méridionaux, création et évolution, 2008 ; 2 – Pastoralisme et environnement, les enjeux de demain, petit guide du foncier à l’usage des propriétaires et des agriculteurs, 2008 ; 3 – Des mots pour un territoire, petit lexique des Causses méridionaux et de leurs alentours, 2009) ; à destination des 6/12 ans : Ecaus’sphère 1, avril 2010 ; Les Paysages des Causses ; 2, septembre 2010 : L’agropastoralisme sur les causses méridionaux ; Regards vagabonds : 1. Les causses méridionaux : un territoire pastoral garant de biodiversité, 2007 ; 2. Herbes sauvages des Causses méridionaux, 2007 ; 3. Mares et lavagnes sur les Causses méridionaux, 2007 ; 4. Fleurs et milieux naturels du Lodévois, 2007 ; 5. Oiseaux des Causses méridionaux, 207 ; 6. Insectes et biodiversité, 2008 ; 7. Dans les méandres de la Vis, 2008 ; 8. Rencontres inattendues, reconnaître les animaux croisés sur nos chemins, 2009.

Enfin, en 2008, une journée d’animation a donné lieu à la publication : Moissons d’hier à aujourd’hui, avec les évolutions sur les cent dernières années.

Ce travail de terrain est particulièrement bienvenu car il s’adresse à tous les publics et permet donc de sensibiliser les acteurs des territoires pour la défense, s’il y a lieu, et la mise en valeur raisonné de leur environnement. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Poteries d’eaux, Terres de feu

Les catalogues d’expositions sont devenus aujourd’hui de véritables ouvrages de travail qui servent de référence et qui reçoivent, plus facilement que des thèses…, le soutien financier des collectivités locales au sein desquelles ces manifestations ont lieu. La Communauté d’Agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile a organisé en 2007 et en 2009 deux grandes expositions dont les catalogues méritent de figurer dans les meilleures bibliothèques. En 2007 donc, à Aubagne, le thème était : Poteries d’eaux, les eaux de la terre, du corps et du Ciel et le volume in4° de 350 pages a été réalisé sous la direction de Henri Amouric, Lucy Vallauri et Jean-Louis Vayssettes. On ne s’étonnera pas d’y retrouver un corpus considérable des objets en céramique qui, à un titre ou un autre, sont en relation avec l’eau. Mais c’est, au-delà, une réflexion sur les eaux « profanes » et les eaux « sacrées » : l’eau utilitaire ou l’eau bénite tiennent un rôle éminent dans la vie urbaine et rurale et leur maîtrise en fait, souvent, l’outil des puissants. En 2009, toujours à Aubagne, sous la même direction, fut édité : Terres de feu, de lumière et de songe dans le Midi Français, Xe-XXe siècles, qui constitue aussi un véritable corpus des productions céramiques de cette région. Comme le précédent, cet ouvrage est magnifiquement illustré en couleurs et permet donc de mettre à leur place les ateliers et les productions du Midi de la France. C’est cette perspective qui a guidé la réalisation du projet ARGILEUM autour de l’atelier du dernier potier de Saint-Jean-de-Fos, Sabadel, dont l’ouverture au public, en juillet 2011, marquera certainement une date dans la valorisation du patrimoine rural artisanal et artistique. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Autour de la Seconde Guerre Mondiale, études et témoignages

Les actes du colloque international tenu à Grenoble en 2008 viennent de paraître sous le titre : Les militaires dans la Résistance, Ain, Dauphiné, Savoie, 1940-1944, Avon-les-Roches, 2010, éditions Anovi (un volume in8° de 700 pages accompagné d’un CD). Orienté sur la région indiquée, ce volume dépasse très largement cet espace car il met en lumière sur le fondement militaire l’ensemble des questions et des acteurs de cette période. On peut affirmer que les études réunies vont servir de référence pour l’ensemble des recherches. Une autre région, la Provence et les Bouches-du-Rhône et Marseille en particulier, a donné, sous la plume de Robert Mencherini, trois copieux volumes : Midi rouge, ombres et lumières Histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950, Paris, 2004-2011, qui constituent une extraordinaire source pour le sujet et une réunion de très nombreux détails qui concernent l’histoire locale mais aussi la nationale.

La question du STO continue de diviser les « déportés » mais la connaissance du système progresse peu à peu avec des études fouillées : A. Laurens, STO, Les ariegeois victimes du travail forcé en Allemagne nazie, 1943-1945, Toulouse, 2010 ou H. E. Bories-Sawala, Dans la gueule du loup, les Français requis du travail en Allemagne, Villeneuve d’Ascq, 2010, entre autres, permettent une introduction au sujet.

On rappellera : Le patriotisme des Français sous l’Occupation, Paris, 2000, dans lequel F.-G. Dreyfus a réuni une série de textes, faciles d’accès, sur la période. F. Rouquet vient de donner « Mon cher Collègue et ami… », L’épuration des universitaires (1940-1953), Rennes, 2010, et à Montpellier, on rappellera les noms de Marc Bloch et d’A. Soboul…. Parfois, comme à Millau, le témoignage d’un proscrit permet d’éclairer les faits qui se sont produits dans une ville de province comme : Millau, terre d’accueil des Juifs à l’ombre de l’Occupation, 1940-1944, Paris, 2010 de A. David Mendelson. On signalera la disponibilité dans les bonnes librairies de la monographie de P. Néolas, La résistance dans les hauts-cantons de l’Hérault (1940-1945), Montpellier, 1995.

Etudes Héraultaises dans son dernier numéro a donné un dossier sur le Chantier de jeunesse 25 établi autour du Bousquet d’Orb et devrait publier, l’année prochaine, un nouveau dossier sur le 23 autour de Saint-Pons-de-Thomières. D’autres organisations comme Jeunesse et Montagne célèbrent, régulièrement, leurs anniversaires de création (C’était Jeunesse & Montagne, C’est l’AJM, 70ème anniversaire de Jeunesse et Montagne, août 2010, plaquette éditée en 2010) et les Chantiers de jeunesse se sont réorganisés dans une nouvelle association qui regroupe les anciens et les amis et publie un Bulletin.

On ne saurait donner ici toutes les biographies individuelles qui à un titre ou un autre touchent notre région et notre département, comme celle de R. Gentes, Une vie ou la destinée d’un enfant de troupe, publiée en 1991 et La Résistance telle que l’a vécue…Bernard Henri Bonnafous… un volume dactylographiée de 60 pages, 2007, qui retrace la vie de ce chef régional adjoint de l’Armée secrète pour la région R3 et chef départemental FFI de l’Aveyron.

Les archives de l’Hérault recueillent systématiquement tous les documents, dossiers, photographies, entretiens provenant des acteurs de cette époque qui sont classés, inventoriés et mis à la disposition du public, avec les réserves d’usage.

Récemment le fonds colonel Pavelet (1909-1967) a réuni les documents préparés pour une thèse que la mort a empêchée et dont un cours aux étudiants de Montpellier, récemment publié, donnait une première idée : Colonel Pavelet, Histoire de la Résistance Française, souvenirs 1940-1944, Montpellier, 2007. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Monseigneur Giuseppe Wilpert et le sarcophage dit de saint Guilhem

Afin de rendre hommage à Mgr G. Wilpert (1857-1944), le Pontificio Istituto di Archeologia Cristiana, sous la direction de Stefan Heid, vient d’éditer un magnifique volume (Citta del Vaticano, 2008-9, 731 pages) en hommage à ce savant qui présente : « l’homme, le prêtre et le savant » dans toutes les étapes de sa vie et donne non seulement une biographie chronologique de ses publications mais un index très détaillé de ses dossiers, classés par matière, avec une précieuse table de toutes ses correspondances.

Dans le cadre de la grande synthèse sur les Sarcophages chrétiens (Cité du Vatican, 1936), Mgr Wilpert s’était intéressé à celui dit de saint Guilhem qui, en morceaux, était conservé dans divers lieux de l’abbatiale de Gellone. Il prit alors contact avec la Société archéologique de Montpellier et son président Emile Bonnet, afin d’organiser un voyage sur place pour examiner l’œuvre. Accueilli et accompagné par Maurice de Dainville, il put sur place tenter une première restitution matérielle et graphique pour en publier les résultats dans un article particulier (Sarcofago di Guglielmo d’Aquitania, Rendiconti della Pontificia Accademia Romana di Archeologia, 10, 1934, p. 13-31) dont Jérôme Carcopino avait donné la teneur dans une séance de l’Académie (CRAI, 1934, p. 58-60).

On sait que ce sarcophage déjà identifié par les Mauristes avait été attribué non pas à l’époque de la mort du saint mais à l’Antiquité. Les chercheurs du 20ème siècle ont reconnu qu’il s’agissait d’une production des ateliers d’Arles du IVe siècle et l’un d’entre eux, R. Hamann, avait reconnu la main de deux sculpteurs successifs : l’un durant l’Antiquité, l’autre au Moyen Age, entre les périodes romane et gothique. L’ensemble du dossier a été mis à jour par I. Maillard-Rilliet (Le roman du sarcophage dit de « Saint Guilhem-Guillaume d’Orange » à Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault), Revue archéologique de Narbonnaise, 29, 1996, p. 183-230) qui conclue à une œuvre antique avec des « retailles de mise au goût du jour, après les années 1200-1220 », datation qui exclue ce travail au moment de la translation de 1139. La question n’est pas, nous semble-t-il, définitivement tranchée tant nous restons mal informés de toutes ces translations et des reliquaires qui les ont acompagnées.

Le sujet des sarcophages n’épuise pas l’œuvre considérable réalisée par Mgr Wilpert mais ce volume en donne toutes les dimensions avec les plus grandes précisions des références. On verra comment un savant établi à Rome avait établi un réseau de coopération internationale dont ses archives ont heureusement conservé toutes les coordonnées. [Jean-Claude RICHARD RALITE]