[Dans six volumes des Études Héraultaises (26-27, 1995-1996, p. 249-262 ; 28-29,1997-1998, p. 229-270 ; 30-32, 1999-2001, p. 375-394 ; 35, 2004-2005, p. 173-188 ; 37-38, 2007-2008, p. 183-208 ; 39, 2009, p. 387-420) nous avons publié, sous ce titre, des textes, en général rapides qui visent à montrer la diversité des recherches et des manifestations culturelles de tout ordre dans ou concernant l’Hérault. Il ne s’agit pas de doubler telle autre chronique mais de signaler des publications ou des initiatives dans des secteurs habituels mais aussi nouveaux. Les choix restent subjectifs mais les Notes sont ouvertes à toute contribution sous la signature de leur auteur. Ces informations ne sont pas classées : chacun peut y trouver dans leur diversité, ses intérêts. Jean-Claude RICHARD RALITE]

Guillaume d’Orange et la Nota Emilianense

Le manuscrit Aemil 39 de la Real Academia de la Historia de Madrid présente, au folio 245, une « Nota » de 16 lignes qui est datée du troisième quart du XIe siècle et qui donne les noms des douze proches de Charlemagne qui étaient avec lui en Espagne en 778 lors de l’expédition dont la tragique finale de Roncevaux a gardé un souvenir populaire, illustré par la Chanson de geste. Il s’agit de Rodlane (Roland), Bertlane (Bertrand), Oggero Spatacurta (Ogier le Danois), Ghigelmo Alcorbitunas (Guilhem al Corb Nas), Olibero (Olivier) et Torpini (l’évêque Turpin).

Ce texte est connu mais rarement illustré, comme ici, et son intérêt avait été signalé dès 1953 par A. Damaso (La primitiva epica francesa a la luz de una « Nota Emilianense », Revista de Filologia Espaňola, 37, 1953, p. 1-94. Le grand historien espagnol R. Menendez Pidal a consacré un chapitre de son étude sur La Chanson de Roland et les traditions épique des Francs, Paris, 1960, 2ème édition (Chapitre X, p. 384-447 : La Nota Emilianense et le Cantar de Rodlane des environs de 1070). Les enjeux de ce texte concernent principalement les Chansons de geste car il permet de penser à l’existence d’un Cantar de Rodlane qui pourrait avoir une certaine dépendance d’un texte épique en langue d’Oc.

De l’étude de Jules Horrent (« L’équipée espagnole de Charlemagne en 778 avant et après la bataille des Pyrénées », Mélanges Pierre Le Gentil, Paris, 1973, p. 377-397) au récent ouvrage de Renée Mussot-Goulard (Roncevaux, samedi 15 août 778, Paris, 2006) les auteurs ont bien étudié cette expédition tras los montes de Charlemagne qui n’en recueillit pas des avantages substantiels…

Ici, ce qui nous intéresse particulièrement c’est la présence de Guilhem dont c’est la seule attestation sur son activité militaire avant le 9ème siècle. De plus, l’indication au Court Nez fait clairement référence à la dénomination occitane et des Chansons de geste.

Texte de la Nota :

In era dcccxvi venit carlus rex ad cesaragusta

In his diebus habuit duodecimn neptis unusquisque habebat

Tria milia equitum cum loricis suis nomina ex his

rodlane bertlane oggero spata curta

ghigelmo alcorbitanas olibero et episcopo domini torpini

Et unusquisque singulos meses serbiebat ad regem cum

scolicis suis Contingit ut regem cum suis ostis

pausabit In cesaragusta post aliquantulum

temporis suis dederunt consilium ut munera

acciperet multa ne affamis periret exercitum

sed a propriam rediret Quod factumn est

De Inde placuit ad regeni pro salutem hominum

Excercituum ut rodlane belligerator fortis

Cum suis posterum venire At ubi exercitum

Portum de sicera transiret In rozaballes

A gentibus sarrazenorum fut rodlane occiso

« En l’ère 816, Charles vint à Saragosse, accompagné de douze « gardingi », chacun entouré de trois mille cavaliers armés. Voici les noms de certains d’entre eux : Rodland, Bertland, Oggero Spatacurta, Ghigelmo Alcorbitanas, Olibero et le seigneur évêque Turpin. Chacun d’eux, entouré de ses vassaux, assurait pendant un mois la garde auprès du roi. Il arriva que le roi et ses armées se fussent arrêtés devant Saragosse. Au bout de quelque temps, les siens lui conseillèrent d’accepter de nombreux dons de peur que l’armée ne périsse de faim, puis de rentrer chez lui. Ce qui fut décidé. Il plut ensuite au roi de placer Rodland, combattant vigoureux, à l’arrière-garde afin de protéger les guerriers de l’armée. Mais comme l’armée passait au col de Cize, Rodland fut tué par les Sarrasins à Roncevaux » (R. Mussot-Goulard, p .82).

(Nous remercions G. Anes y Alvarez de Castrillon, directeur de l’Académie, pour nous avoir fourni la reproduction du manuscrit, et nos collègues A.-M. Colby Hall, D. Nebbiai, R. Guerreiro, G. Huelamo). [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Le Moniage Guillaume et le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle

Dans son édition du Moniage Guillaume parue en 2003, la regrettée Nelly Andrieux-Reix avait donné à la page 252 la transcription du folio 233v°b en se fondant non pas comme pour les lignes antérieures sur le manuscrit A1 qui est conservé au Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque Nationale (= BNF fr.774) manuscrit de la seconde moitié du XIIIe siècle et qui est d’autant plus précieux qu’il provient de la bibliothèque du monastère de Gellone d’où il a été « distrait » sous l’Ancien Régime. Pour la fin de la transcription (p. 244-254, 6517-6862), Madame Andrieux a utilisé un autre manuscrit conservé à Milan, de la seconde moitié du XIIIe siècle (Bibl. Trivulzienne, 1025).

Le choix de l’éditrice est justifié mais il convient de remarquer dans cette édition une particularité du vers 6795 : « Quant ils iront a Saint Jaque prier » version retenue par l’éditrice alors que les autres manuscrits écrivent : « à Saint Gille prier » (W. Cloetta, Les deux rédactions en vers du Moniage Guillaume, Paris, 1906-1911, volume I, p . 364,vers 6561)

Il nous a donc semblé bienvenu en cette année 2010 jubiliare pour ce pèlerinage de faire connaître les vers suivants :

Texte du Moniage, vers 6781 – 6797

« Haut fu le tertre ou il fu hebergié

Et par deseure ot. I. destroit mout fier,

Une eve roide qui descent du rochier

Que nus n’i peut passer sanz encombrier.

Li quans Guilliaumes .I. jor au gué s’en vient,

Voit le passage qui fet a resoignier

Ou maintes genz estoient perillié

Or se propensse li gentis quans prisié

Qu(e) .I. pont de pierre i vodra comancier

S’i passeront pèlerin et sommier

Et povres gens qui la iront a pié,

Qui n’ont cheval ne batel por nagier.

Mont bien esploite Guilliaumes au vis fier.

IIIec vodront pelerins adrecier

Quant il iront a Saint Jaque prier ;

Parmi ce pont ce porront avoier

A Nostre Dame ou Rochemador siet ».

« Haut était le tertre où il avait élu domicile et au-dessus il y avait un défilé très sauvage, avec un torrent violent qui descend du rocher, tel que personne ne peut y traverser sans encombres. Le comte Guillaume un beau jour s’avance jusqu’au gué, il voit le passage qui fait très peur, où bien des gens ont trouvé la mort alors le noble comte de grande valeur réfléchit et se dit qu’il décidera d’y entreprendre un pont de pierre où passeront les pèlerins et bêtes de somme ainsi que les pauvres gens qui viendront là à pied, qui n’ont ni cheval ni bateau pour naviguer. Guillaume au visage farouche s’y emploie bien. Les pèlerins se dirigeront par là quand ils iront prier à Saint Jacques par ce pont ils pourront prendre le chemin de Notre-Dame de Rocamadour »… (Traduction inédite de N. Andrieux-Reix, 2005)

On conviendra que pour se rendre à Saint Gilles, à Saint-Jacques de Compostelle ou à Rome… avec un passage de l’Hérault, le Pont du diable restait un point de passage obligé depuis le milieu du XIe siècle non seulement pour les pèlerins mais pour tous les autres voyageurs et les échanges commerciaux.

On en profitera pour signaler ici la réimpression de la Vie de Saint-Guilhem... de F.-B. Bouque (Lodève, 1862 et Nimes, 2009) et celle de E. Bonnet, L’église abbatiale de Saint-Guilhem-le-Désert, Caen, 1908 et Nîmes, 2007 et pour les Chansons de geste : B. Guidot, Chanson de geste et réécritures, Paris, 2008 et P : E. Bennett, The cycle of Guillaume d’Orange or Garin de Monglane, Woodbridge, 2004.

(Nous remercions : A. Andrieux-Reix, D. Nebbiai, A.-M. Colby-Hall, M. Girault et l’Archivo Storico Civico Biblioteca Trivulziana pour nous avoir procuré l’illustration.) [Jean-Claude RICHARD RALITE]

CELLES que j’aime…

Une collaboration très active entre l’Association MAS des Terres Rouges, la commune de Celles et la Communauté de Communes du Lodévois et Larzac, autour du Lac du Salagou, nous vaut une série d’études, de publications et de manifestations qui contribuent à réveiller un territoire un peu endormi que la réalisation du grand lac, primitivement à destination agricole , aurait pu transformer en espace déserté si une nouvelle vocation environnementale et touristique n’avait pas vu le jour.

En 2007 un livret intitulé Le lac du Salagou ou le majestueux destin d’une rivière qui coule la nuit et s’évapore le jour… avait retracé l’épopée du barrage, depuis 1962, préféré à celui dit de Saint-Guilhem (Chr. Guiraud, Études Héraultaises, 39, 2009 p. 361-373), constituant en moins de cent pages une étude précise de cette réalisation bienvenue même si le but premier, l’irrigation, n’avait pas été atteint : les temps avaient changé et les perspectives avaient suivi.

Aujourd’hui la monographie de Celles Salagou, du ruisseau au lac, qui constitue le numéro 33 des Cahiers du Lodévois-Larzac est le fruit d’un travail d’équipe animé par Christian Guiraud et Sylvain Olivier avec la participation de G. Beugnon, M. Mauriès, N. Bossi, M. Nougaret qui nous livrent, disons-le, un ouvrage modèle pour une histoire communale. Les documents, vestiges, constructions ne sont pas légion et les auteurs en on tiré le maximum avec une illustration qui fait la part belle, en couleurs, à l’ancien et à l’actuel. Nous ne saurions trop en recommander la lecture en particulier à ceux qui s’engageraient dans une voie semblable car une histoire communale ne peut plus être une accumulation de nostalgies ignorantes des réalités, souvent dures, du monde rural mais elle doit être fondée sur l’étude et la réflexion de ce qui nous reste sans pour autant, bien entendu, ignorer les témoignages vivants de ceux qui restent fidèles à leurs racines [Jean-Claude RICHARD RALITE]

L’autel médiéval et sa consécration

D’un Colloque tenu à Paris en 2006, sous l’égide de la Fondation Cambo de Barcelone et du Centre d’études catalanes de la Sorbonne, sont sortis les actes sous le titre : Autour de l’autel roman catalan (Paris, 2008) qui réunit des contributions qui ne concernent pas seulement le pays catalan mais l’ensemble des questions posées par un autel, son établissement, sa consécration, sa décoration, son environnement., car « l’autel chrétien est un élément central du déroulement de la liturgie » qui participe à la consécration de l’église elle-même dans une liturgie complexe et précise dont ce volume permet de retracer toutes les étapes. M. Zimmermann a insisté, depuis longtemps, sur trois moments liés à la consécration : la dédicace (l’église reçoit un nom), la dotation (dotation foncière et de revenus et la dotation des éléments nécessaires au culte) et la constitution de la paroisse. Les considérations sur la décoration même de l’autel, sur les décors, par exemple en peintures du chœur, les devants d’autel, les retables et l’inventaire des autels médiévaux constituent une suite de chapitres bienvenus qui permettent de mieux connaître non seulement des pratiques mais aussi le respect tatillon qui environne la constitution d’un lieu majeur des habitats médiévaux. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

1209… La Croisade plus que jamais

Durant l’année 2009 de très nombreuses publications ont vu le jour, souvent à l’occasion de manifestations culturelles qui ont heureusement engagé nos compatriotes à réfléchir sur les événements du début du XIIIème siècle, sur les origines et les conséquences. Parmi les manifestations culturelles, il convient de saluer l’exposition à la Maison des Mémoires de Carcassonne organisée par les Archives départementales de l’Aude qui ont aussi contribué à une très forte diffusion grâce à Perspectives, archives, lettre d’information du Conseil Général de l’Aude et aux numéros de La Canso, 800 ans après la Croisade contre les Albigeois.

Cette exposition est accompagnée d’un excellent catalo-gue : Au temps de la Croisade, sociétés et pouvoirs en Lan-guedoc au XIIIème siècle qui, à défaut de toute autre publication sur ce thème, serait la seule à connaître tant la qualité des textes et de l’illustration sont de premier choix. L’ouvrage (174 pages) est structuré en sept chapitres qui permettent de faire le point sur l’ensemble des questions posées par une période aussi difficile de l’histoire de la civilisation d’Oc. Chaque chapitre dispose d’une bibliographie précise et bien choisie, sans être encyclopédique. Le département de l’Aude – et ses Archives départementales – doivent être félicités pour leur engagement dans ce domaine qui au-delà d’un slogan touristique (Le Pays Cathare) révèlent souvent… aux territoires d’oc et d’oil… mais plus loin encore, un siècle d’une histoire dramatique qui est ainsi chaque jour mieux connue.

Les inquisiteurs ont parfois des monographies comme celles que vient de publier D. Prudlo, The martyred inquisitor the life and cult of Peter of Verona (+ 1252), Aldershot-Burlington, 2008, qui en retrace la vie jusqu’à son assassinat (The Assassin-Saint : the life and cult of Carino of Balsamo, The Catholic Historical Review, 94, 2008, p. l-21). [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Lodève : Claudia Luteva, Forum Neronis ?

G. Mareau, M. Cauvy et B. Castanier viennent de réunir leurs expériences et découvertes concernant l’Histoire de : Lodève, l’antique Luteva, Fouilles archéologiques, oppidum du Grézac, Gallo-romain, Château de Montbrun, Moyen Age, (Lodève, 2009, 168 pages). Le texte suit un itinéraire dans le parcours urbain, après quelques pages résumant les grandes lignes de l’histoire : un supplément est consacré à des découvertes d’objet à Lodève même ainsi qu’à Sallèles puis des : cartes, plans, liste des évêques, armoiries des évêques et une bibliographie clôturent le volume

Ce livre est en même temps un hommage au Groupe Archéologique du Lodévois qui, avec opiniâtreté, depuis plus de cinquante ans, met au jour les vestiges des occupations successives. A l’occasion de grand travaux de restructuration urbaine des fouilles ont eu lieu au centre ville et l’exploration des points forts de l’archéologie lodévoise (château de Montbrun, Grézac, Mausolée de Saint Martin) n’ont jamais cessé.

Mais Lodève reste encore une grande terra incognita car rien, à ce jour, ne permet réellement de ressusciter la ville romaine que la tradition littéraire semblerait devoir se situer à cet endroit. La superposition aux mêmes endroits de plus de deux mille ans d’occupation humaine a pu faire disparaître toute trace antique mais la question reste posée. Un élément qui a son importance réside dans le fait qu’aucune inscription n’a été mise au jour sur place (pas plus que dans la cité de Lodève) ce qui est un argument e silentio mais qu’il ne faut pas négliger tant cette situation ne va pas dans le sens souhaité par tous les historiens de Lodève. Les explorations archéologiques autour de Clermont-l’Hérault viennent d’être publiées par H. Pomarèdes, M. Compan, O. Ginouvez et C. Jung (Revue Archéologique de Narbonnaise, 41, 2008, p. 7-4l) et concernent des établissements à vocation agricole et viticole.

Cet ouvrage est destiné au grand public il est d’une lecture facile et agréable, bien et richement illustré : une invitation à parcourir la ville et à réfléchir sur les civilisations passées. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

La Voix Occitane

Sous ce titre viennent d’être publiés les Actes du VIIIème Congrès de l’Association Internationale d’Études occitanes qui s’est tenu à Bordeaux en octobre 2005 (Bordeaux, 2009, 2 volumes, 1502 pages) qui vont constituer des références de la plus grande qualité. Les communications ont été réunies et éditées par le professeur Guy Lany et regroupées, dans le tome I, en cinq thématiques avec quarante huit auteurs : Langue médiévale, Littérature médiévale, Science et médecine dans l’écrit médiéval, Autour de l’oralité, Pratiques culturelles et enseignement, et, dans le tome II, en deux thématiques, avec cinquante deux auteurs Langue moderne et sociolinguistique, Littérature moderne et contemporaine. Il n’est pas possible de présenter ici les cent études qui couvrent tout le champ occitan, essentiellement du point de vue de la langue et dans la diachronie car on parvient à notre siècle où les disparitions successives de Max Rouquette (1908-2005) et de Robert Lafont (1923-2009) ont privé notre région et nos études d’hommes de portées nationale et internationale dont les œuvres restent et resteront au chevet des nouvelles générations.

On doit à J.-L. Lemaitre et à ses collaborateurs plusieurs ouvrages qui concernent les troubadours et l’occitan, d’une réelle qualité : Portraits de troubadours, initiales du chansonnier provençal, A, Vatican, 2008 ; I-K, Ussel, 2006 et L’occitan, une langue du travail de la vie quotidienne du XIIe au XXIe siècle, les traductions et les termes techniques en langue d’oc, Ussel, 2009 (= actes du colloque de Limoges 2008).

Le CIRDOC, à Béziers, a édité les Actes d’un colloque de Montpellier en 2008 : Latinité Méditerranée et mondialisation culturelle, Béziers, 2009, et une Bibliographie occitane 2002-2006, Béziers, 2009.

Enfin, nous relèverons les 3 volumes avec 13 CDRom édités par le Troubadours Art Ensemble, sous la direction de Gérard Zuchetto, sous le titre La Troba, anthologie chantée des Troubadours XIIe et XIIIe siècle, qui participe ainsi de façon très vivante au regain d’intérêt pour ces auteurs et cette époque.

Nous voudrions signaler ici un volume qui ne semble pas avoir eu une grande diffusion de ce côté du Rhône : Récits d’Occitanie, Aix-en-Provence, 2005 (collection le temps de l’Histoire), sous la direction de J.-Cl. Bouvier et J.-N. Pelen, qui constitue les Actes d’un colloque de 2001 .On signalera une contribution de J.-M. Guillon, De Maurin des Maures à Maffre-Beaugé, le récit occitan de L’Humanité, avec la réponse, in vivo, de Robert Lafont, contribution qui étudie, entre 1974 (R. Lafont annonce sa candidature à la Présidence de la République) et 1979, à partir du quotidien, sans oublier les antécédents de l’évolution du Parti Communiste et les conséquences jusqu’aux années 80. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

PATRIMONI, Journal du patrimoine aveyronnais…

Du n° 1 de mars avril 2006 au n° 23 de novembre- décembre 2009 cette revue (qui a son siège à Montjaux), toute en couleurs, s’adresse au public le plus vaste afin de présenter, en 24 pages bimensuelle, un patrimoine vivant dans ce département particulièrement riche. Tout ce qui peut avoir valeur de patrimoine est mis en valeur : monuments, nature, faune et flore, traditions locales. On trouve un agenda qui annonce les manifestations à venir et une chronique des publications. La publicité occupe une place discrète.

Il ne s’agit donc pas d’une revue dite « savante » mais d’une présentation agréable, ouverte à tous, des richesses qui rappelle la revue trop tôt disparue Connaissance du Pays d’Oc : elle pourrait donner des idées pour l’Hérault comme pour d’autres départements tant le résultat nous semble particulièrement réussi. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

L’autel majeur de la cathédrale de Lodève (1757)

Le récent inventaire détaillé du fonds de l’Hôpital de Lodève aux Archives de l’Hérault nous a permis de découvrir sous la cote 8HDT C 12, à la date du 28 octobre 1757, le « Don du maître autel et du parquet de la Cathédrale par Monseigneur Fumel, évêque de Lodève » qu’il est ainsi maintenant possible de dater exactement :

« L’an mil sept cent cinquante sept et le vingthuitième jour du mois d’octobre avant midy dans la salle capitulaire de l’Eglise cathédrale de Lodève, après la tenue de l’hebdomadaire ont été capitulairement assemblés Monseigneur lillustrissime et reverendissime Jean Felix Henry de Fumel évêque seigneur comte de Lodève et de Montbrun, conseiller du Roy en ses conseils, messires Jacques Hercule Eustache précenteur, Pierre de Villa archiprêtre, Pierre Louis Montauriol, Jean Fabre, Pierre Vieules, Jean Benoît Lagare, Fulcran Firmin Vigourous et Gervais Raymond Castet tous chanoines capitulants de la dite église Cathédrale traittant de leurs affaires, les autres messires chanoine absents.

Par le dit seigneur Evêque a esté représenté quayant considéré que le maître autel de l’église cathédrale avoit esté construit avec trop de simplicité et avec des marbres communs, et qu’il nestoit en aucune manière proportioné à la beauté et aux nouvelles décorations de cette église, il avait fait travaillé un autel de marbre quy pour le bon gout, l’élégance et la richesse des différents marbres quy le composait pouvait surpasser tous les autres autels de la province, que son affection pour l’église et Lodève son épouse, et son attachement pour son chapitre ne lui avait permis de rien négliger pour rendre cet autel digne de décorer son église et de relever toutes les autres réparations que son chapitre avoit fait de concert avec lui, que ce nouvel autel estant prety à estre mis incessament en place, il sestoit rendu dans la salle capitulaire a dessein de l’offrir a son chapitre comme une marque de son attachement et de sa bienveillance. En second lieu par le dit seigneur Evêque a esté représenté que sur l’avis de gens experts il estoit expédient d’abattre le retable quy est adossé à l’autel, parce quon ne pourrait y substituer le nouveau qu’il offrait au chapitre sans faire de grandes réparations audit retable, pour rendre saillant l’autel nouveau, et pour ne luy rien faire perdre de son éclat que dailheurs il serait très difficile le dit retable existant, de placer les anges adorateurs quy surmontent ledit autel et que sans la suppression on ne scaurait procurer les agrements convenables à l’accompagnement dudit autel. 3° par ledit seigneur Evêque a esté représenté qu’il espérait que le chapitre ne luy refuserait pas les matériaux de l’ancien autel pour en disposer selon ses vues, et qu’enfin ledit chapitre lui fournirait une quittance de son droit de chapelle ou d’entrée en considération du parquet du cœur et du nouvel autel de marbre, l’un et l’autre faits à ses propres frais et depans en conséquence le dit seigneur Evêque a requis le dit chapitre de dellibérer. Surquoy par les dits Sires Capitulants a esté unanimement conclu qu’il serait pris une delliberation par écrit par laquelle le dit chapitre, ediffié du zelle dudit seigneur Eveque pour la décoration de la maison du Seigneur, convaincu de la bienveillance marquée du dit seigneur Evêque pour son chapitre, bienveillance dont il leur a donné et leur donne encore aujourd’hui…

… des marques si eclatantes, pénétré d’ailheurs des plus vifs sentiments de reconoissance de tous ses biens faits et de tous ceux qu’il est dans la disposition de leur rendre, que par la présente delliberatio, il luy en seroit rendu les plus solemnelles actions de grâces, que les Sres Capitulants pretendoint encore par la prezente delliberation consigner à leurs successeurs leurs sentiments et leur transmettre leur gratitude, afin questant dans la suitte participants des bienfaits qu’ils recoivent en ce jour, ils participent aussy dans les temps les plus reculés à leur reconnaissancer en se rappelant de leur illustre bienfaiteur devant le Seigneur. Après quoi les Sires Capitulants rézumant les différents articles proposés par le dit seigneur Evêque ont unanimement délliberé : 1° quils acceptoint avec les sentiments exprimés cy dessus le nouvel autel de marbre que ledit seigneur Evêque venoit de leur offrir. 2° quils sentoient qu’il estoit expédient d’abattre l’ancien retable pour les causes mentionnées par le dit seigneur Evêque, qu’en supprimant le retable on ne supprimeroit pas le grand et beau tableau de St Geniès et St Fulcran, que le tableau seroit transporté en place au fond du sanctuaire a un pied du mur pourqu’il ne soit pas exposé à l’humidité, que le dit tableau seroit accompagné des tapisseries quy sont audessus de la grille du sanctuaire, et que lesdites tapisseries seroint aussy reculées à environ un pied du mur pour les garantir de l’humidité. 3° a esté delliberé quon prieroit le dit seigneur Evêque de dispozer de l’ancien autel de marbre sellon ses vues et quon souhaiteroit beaucoup qu’il fut plus digne de luy estre offert. 4° a este delliberé que le chapitre estant informé que le parquet du cœur et le nouvel autel prêt a estre mis en place, lun et lautre faits aux depans du dit seigneur evêque estoint d’une valeur beaucoup au dessus du droit de chapelle ou d’Entrée que les autres Evêques ont payé par le passé, sur ces considérations il a esté delliberé quavec les mêmes sentiments de reconnaissance ledit chapittre fourniroit audit seigneur Evêque une quittance de son droit de chapelle ou d’entrée en conformitté de lestatut dudit chapitre. 5° Le dit chapitre ayant apris que les Sres Montauriol, Fabre et Vieules chanoines de leur églize avoint rezollû doffrir audit chapittre deux crédences composées d’une table de marbre suportées par un pied de bois, la console artistement sculpté et doré scavoir le Sr Fabre une crédence a ses propres frais et les Srs Montauriol et Vieules une autre à frais communs pour l’accompagnement dudit autel a esté delliberé que les Srs chanoines en seront remercié par la compagnie. 6° Enfin il a esté delliberé que ledit chapittre remettroit un extrait en forme de la prezente delliberation au seigneur Evêque et que pour cet effet il seroit ordonné une députation pour la prézenter et pour renouveller au Seigneur de vive voix les sentiments de reconnoissance et de veneration quilz ont taché d’exprimer par cette prezente deiliberation et ses sont les dits Srs capitulants signés Eustache précenteur, De villa archiprêtre, Montaniol, Fabre, Vieules, Lagare. »

Le document de deux pages in-folio était accompagné d’un reçu : « Nous précenteur, archiprêtre chanoines et Chapitre de 1’Eglize de Lodève déclarons et certifions avoir reçu de monseigneur Jean Felix Henry de Fumel Évêque et comte de Lodève et de Montbrun le droit de chapelle ou d’Entrée que selon les Statuts du chapittre les Évêques sont dans l’obligation et luzage de payer, lequel droit de chapelle ou d’Entrée ledit Seigneur a payé au moyen du parquet du cœur et du maître autel de marbre nouvellement construit, l’un et l’autre fait uniquement a ses frais et depans, lesquels parquet et autel de marbre sont d’une valeur beaucoup plus considérable que ce que les autres Evêques avoint accoutumé de payer pour le droit de chapelle ou d’Entrée, sur ces considérations et avec les plus sincères sentiments de reconnaissance, nous tenons quitte ledit seigneur Evêque de son droit de chapelle et d’Entrée et prometons ne plus luy en faire la demande. A Lodève dans la salle capitulaire ce 11 novembre 1757. » Suivent les signatures de Eustache précenteur, Montauriol. Fabre, Vieules, Lagare, Aubouy, Castet, Vigouroux. « Du Mandement du chapitre avec le sceau et armes du dit Brun, secrétaire. »

Ce document permet de dater ce magnifique monument du XVIIème siècle dont la description des marbres a été donnée par L. Anglade, Les marbres de la Cathédrale Saint-Fulcran de Lodève, Les marbres des autels d’abbatiales et d’églises paroissiales de l’Hérault et de l’Aude (XVIIe-XVIIIe siècles), Montpellier, Nouvelle édition, 2006, Dossier Marbres d’Arts et Traditions Rurales, p.72-75 [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Histoires de Sumène

Les éditions Decoopman à Saint-Laurent-le-Minier (Gard) viennent d’éditer, en 2009, une Histoire de Sumène en trois volumes. Les volumes I et III sont dûs à Isidore Boiffils de Massane (1824-1907) qui fut maire de 1871 à 1878. Le premier tome décrit la ville en tous ses lieux, sa vie administrative, économique et religieuse, du Moyen Âge (l’Antiquité est à peine évoquée) à la période contemporaine ce sont surtout des annales locales. Le troisième tome réunit, du même, une Etude sur la paroisse de Saint-Roman-de-Codières et, de l’abbé Goiffon, des Notices historiques sur les paroisses du canton de Sumène d’après les documents originaux (1873). Il s’agit d’histoires locales comme en écrivirent, au 19ème siècle, tant d’érudits locaux, membres de l’enseignement, du clergé ou des bourgeoisies locales.

Le deuxième tome histoire de Sumène, de la réforme à la Révolution, est la thèse de 1’École des Chartes de Mathilde Cabanne. Il s’agit bien là d’un travail universitaire avec les références, la bibliographie et les archives nécessaires. La Réforme protestante constitue le cœur du volume : elle est suivie d’une étude administrative, financière puis économique qui permet de retracer les composantes de la vie locale. M. Cabanne conclut son livre par l’affirmation que Sumène donne « un rare exemple de ce qu’on peut qualifier, selon le point de vue et le vocabulaire, stabilité, hérédité des caractères acquis, persévérance dans l’être, stagnation, conservatisme, réaction, fidélité aux traditions politiques et religieuses ».

Nous en trouvons, en quelque sorte, le signe visible dans l’inscription qui orne encore une des portes de la ville et qui annonce AIANT DIEV POVR DEFANCE // NOUS FERONS REZISTANCE V.S. 1577 ! [Jean-Claude RICHARD RALITE]

CRUZY cité républicaine

A la suite de la découverte d’un drapeau personnalisé au nom d’une victime de la répression qui a suivi le coup d’État du 2 décembre 1851, sous l’égide de Francis Fages, directeur du Musée, et de l’Association culturelle, archéologique et paléontologique de l’Ouest Biterrois, Mme Francette Levy vient de nous livrer un ouvrage de 120 pages : Les victimes du 2 décembre 1851 à Cruzy qui s’insurgèrent avec leurs frères républicains du Saint-Chinianais (Béziers, 2010). Cet ouvrage retrace les événements qui virent 40 personnes traduites devant la Commission mixte et dont 20 d’entre elles furent condamnées à la « transportation » en Algérie ! C’est en 1881 que le gouvernement de Jules Ferry vota une loi de réparation nationale accordant une pension aux victimes qui en faisaient la demande. L’attribution de ces pensions ne fut pas simple, des erreurs furent commises et certains hommes influents ne se privèrent pas de malversations. En réalité, dans le centre et le sud de la France, le but principal était de mettre en place une république idéale ce qui n’était pas sans réaction des autorités locales très conservatrices et, généralement, aux mains des possédants régionaux. L’action des sociétés secrètes sera déterminante avec, parfois, des crimes de sang. Dans le Saint-Chinianais, il n’y eut pas de violences graves mais les autorités locales ont agi pour que les « démagogues, rouges, anarchistes, communistes… », soient réprimés. Les dossiers des archives publiques et quelques rares témoignages familiaux ont ainsi permis de retrouver une période de l’histoire locale et générale qui tendait à être oubliée.

Pour l’histoire générale l’existence de ces drapeaux avec les noms d’une victime ou de l’un des descendants n’est attestée, pour le moment, qu’à Cruzy et il serait bienvenu de savoir si d’autres communes en ont produit sinon on serait bien dans une « création républicaine » locale. On rappellera que Antoine Moulin avait créé à Béziers une association pour les victimes du 2 décembre et leur famille et que, selon les époques et les régions, le souvenir de 1851/1852 a été plus ou moins célébré (E. Rozier-Robin, Le souvenir du 2 décembre dans la mémoire républicaine, 1848, révolutions et mutations au XIXe siècle, Bulletin de la Société d’Histoire de la Révolution de 1848 et des Révolutions du XIXe siècle, 1985, 14 p.). [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Biographies de l’Hérault

Le département de l’Hérault dispose d’un Dictionnaire de biographie héraultaise, des origines à nos jours, Montpellier, 2006, en deux volumes (1974 pages), rédigé par Pierre Clerc avec de nombreux collaborateurs car il est devenu impossible de prétendre réaliser seul un tel projet. E. Bonnet avait réuni les matériaux d’un Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Bas-Languedoc (édité à Montpellier en 2004, 479 pages). Récemment J. Lepage a édité un Dictionnaire des peintres, sculpteurs, graveurs, dessinateurs et architectes du Languedoc-Roussillon (1800-1950) (Sète, 2008, 810 pages) établi à partir de catalogues d’expositions. Ces dictionnaires sont toujours incomplets et les notices peuvent être améliorées avec des publications éloignées. Par exemple Camille Chabaneau (1831-1908) l’illustre enseignant… des langues romanes à la Faculté des Lettres de Montpellier vient-il de se voir consacré le n° 4/2008 de la revue Lo Bornat dau Perigord pour un hommage ; Celestin Bouglé (1870-1940) enseignant de philosophie et de sociologie à Montpellier avant de rejoindre Toulouse puis la Direction de l’ENS de la rue d’Ulm, est beaucoup plus connu loin de Montpellier malgré une évocation (J.-P. Laurens, Célestin Bouglé les années montpelliéraines, Anamnese, 3, 2007, p. 127-144) et grâce maintenant à l’étude d’A. Policar, Célestin Bouglé, justice et solidarité, Paris, 2009) qui montre la place importante de cet universitaire dans les grands débats de son temps. Heureusement Leo Malet est redevenu montpelliérain à l’occasion de la donation par son fils de toutes ses œuvres, papiers, dossiers à la Médiathèque Centrale d’Agglomération Émile Zola, ce qui a permis aux conservateurs G. Gudin de Vallerin et Gl. Bouchard d’éditer un Léo Malet revient au bercail, Montpellier, 2007.

C’est une des bonnes raisons pour lesquelles il est toujours bienvenu que les familles des « grands hommes », en tout cas de ceux qui ont joué un rôle connu dans leur cité ou leur département acceptent de déposer ou de donner à des dépôts publics (archives départementales, bilbiothèques…) tout ce qui permettra d’illustrer la vie et l’œuvre de leur parent en s’appuyant sur des sources précieuses. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

La pêche, le détroit de Gibraltar et la Méditerranée

Sous la direction de D. Bernal Casasola vient de paraître un bel ouvrage sur l’archéologie de la pêche sur le détroit de Gibraltar, de la Préhistoire à la fin du monde Antique (Cadiz, 2009). De Cadiz à Carteia, grâce au développement des fouilles archéologiques en bordure de mer, on dispose maintenant de renseignements beaucoup plus précis sur l’une des activités fondamentales de cette zone. Nul n’ignore la richesse poissonneuse du delta de Gibraltar point de rencontre et de passage entre les deux grandes mers. Il y a déjà bien longtemps que l’exploration du site de Baelo/Belo par les archéologues de la Casa de Velazquez (Madrid) et leurs nombreuses publications, de 1923 à nos jours, avaient révélé les quartiers Sud de l’agglomération et leurs installations dédiées aux conserveries (A. Arévalo et D. Bernal, Las cetariae de Baelo Claudia, Cadiz, 2007 et les Actas internacionales de Baelo Claudia : balance y perspectiva (1966-2004), Sevilla, 2007).On sait que le garum (Garum et pissalat, de la pêche à la table, mémoires d’une tradition, Musée d’Archéologie d’Antibes, 2007) était particulièrement prisé et qu’il alimentait le commerce maritime de cabotage et de grandes traversées sur la Méditerranée comme le montrent les fouilles des ports et des épaves maritimes (Comunicare la memoria del mediterraneo, Pisa 2004, Naples-Aix-en-Provence, 2007). Dans le département de l’Hérault ont été repérées mais non exhaustivement fouillées, des installations pour le garum à Sète, au Barrou, en bordure Sud de l’Étang de Thau (42ème Congrès de la Fédération Historique 1969, Montpellier, 1970, p. 131-134) et il est très probable que d’autres usines de ce type devaient être établies à proximité immédiate des étangs ou de la mer. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Archéologies gardoises

Les limites départementales n’ont bien entendu aucun sens pour l’Antiquité et le Moyen Age alors qu’au cours de son histoire le département de l’Hérault a fait partie, plus ou moins entièrement, de cités, provinces, seigneuries, évêchés voisins. Sous le titre général d’Archéologies gardoises, le Conseil Général du Gard, par son Service d’Archéologie, a publié cinq monographies sur les thèmes suivants : Rites funéraires de la fin de la Préhistoire au Moyen Age (2004), Les campagnes dans l’Antiquité : la villa gallo-romaine (2005), Cadres de vie au Moyen Age (2006), D’Espeyran à Saint Gilles, de l’Antiquité au Moyen Age (2007), Les oppida du Gard (2008), rédigées par les meilleurs connaisseurs et fouilleurs des sites concernés. Le texte se lit facilement et est à destination du grand public et des établissements d’enseignement mais il est possible, par les bibliographies, de se reporter aux études originales dans lesquelles un apparat critique complet étaye les propositions exprimées ici. C’est une voie à suivre pour les autres départements car l’archéologie ne peut pas vivre en vase clos ou, simplement, comme l’illustration de lieux touristiques. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

De l’Aquitaine et du Languedoc-Roussillon à la Péninsule Ibérique :
le professeur Robert Etienne (1921-2009)

La carrière du professeur Robert Etienne commence au lycée de Nîmes, à l’École Française de Rome et, pour toute sa partie universitaire, se poursuit et se termine à la Faculté des Lettres de Bordeaux où il fonda le Centre Pierre Paris, ouvert sur la Péninsule Ibérique. Cet itinéraire professionnel détermina ses très nombreuses publications (un volume d’Itineraria hispanica, Bordeaux, 2006, dû à F. Mayet, regroupe les articles sur la Péninsule) sur le Culte impérial dans la Péninsule, sur Conimbriga au Portugal, sur Pompei et Auguste, etc. R. Etienne a certainement été l’un des universitaires les plus présents dans l’Hérault non seulement pour y célébrer l’amitié mais surtout pour suivre les activités archéologiques, les chantiers, les colloques et congrès intervenant toujours pour ouvrir les horizons et montrer tous les liens possibles avec les autres provinces du monde romain voisines. L’archéologie, l’histoire antique et de nombreux chercheurs, amateurs ou professionnels, lui doivent beaucoup. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Deuxième Guerre Mondiale, Résistances…

Ce domaine produit maintenant des quantités considérables de publications et les bibliographies disponibles permettent de mieux connaître cette époque et ses linéaments. Nous signalerons seulement quelques volumes qui nous sont parvenus et nous renvoyons aux articles publiés dans Études Héraultaises. Les débuts d’une « résistance » active ont souvent été marqués par des manifestations lors des dates patriotiques officielles ce fut le cas, par exemple, pour le 11 novembre 1940 dont grâce à Maxime Tandonnet on a une étude pour celle qui eut lieu à Paris et qui connut un grand retentissement (1940 un autre 11 novembre, Étudiant de France, malgré l’ordre des autorités opprimantes, tu iras honorer le Soldat Inconnu, Paris, 2009). Ce fut là et ailleurs la première réponse à l’appel du 18 juin et la répression fut à la hauteur : quinze blessés, un millier d’interpellations, cent vingt-trois arrestations… Autant de fortes prises de conscience, chez les victimes, de l’importance de ne pas accepter les lois de l’envahisseur ce qui, à Paris, était particulièrement difficile. A Montpellier, la manifestation du 14 juillet 1942 fut de la même veine (mais les Allemands n’étaient pas encore là !!), et elle entraina l’arrestation, parmi d’autres, d’Albert Soboul, professeur au Lycée puis sa révocation ! (Cl. Mazauric, Un historien en son temps, Albert Soboul, 1914-1982)… On aura avec le beau témoignage de Daniel Cordier (Alias Caracalla, Paris, 2009) un extraordinaire document sur la « simplicité » de la Résistance au sommet et sur la personne de Jean Moulin (Il convient de rappeler le numéro spécial d’Études Héraultaises sur Jean Moulin, le plus illustre des héraultais, Montpellier, 2001) l’action du secrétaire de Jean Moulin au quotidien à Lyon est exemplaire car on n’y discutait pas les ordres et on était dans le secret absolu. On voit bien que les actions spectaculaires – elles étaient aussi nécessaires – n’étaient qu’une petite partie de l’iceberg qui depuis Londres alimentait tous les réseaux. Une belle œuvre de Daniel Cordier qui couronne sa biographie de Jean Moulin.

La résistance dans l’Hérault doit être complétée par les études de départements ou régions voisins car les liens en ce domaine comme en celui de la répression dépassaient le cadre départemental. On signalera ici l’étude de M. Goubet (La résistance et les années noires à Toulouse et en Haute-Garonne, 1940-1944, Toulouse, 2004) et celle de R. Mencherini (Midi rouge, Ombres et lumières, Une histoire politique et sociale de Marseille et des Bouches-du-Rhône de 1930 à 1950, 1 – Les années de crise, 1930-1940 (2004), 2 – Vichy en Provence (2009). On rappellera aussi les réalisations de l’Association pour des Études sur la Résistance Intérieure (AERI) qui produit, par département, des CDRom sur la Résistance (la Lozère, le Gard sont parus, l’Hérault en préparation). Tout ceci est indispensable pour apprécier les situations locales et dépasser la belle unité et conformité d’interprétation qui, une fois la guerre terminée, a étendu ses voiles sur la période 1939-1945. Rappelons pour exemple le cas de Marc Bloch, professeur à la Faculté des Lettres de Montpellier (E. Bloch, La carrière universitaire de Marc Bloch pendant l’occupation, Cahiers Marc Bloch, 2, 1995) digne Faculté qui n’eut aucune honte à faire marteler sur le marbre du hall d’entrée le nom du Ministre de l’Éducation Nationale Jean Zay qui avait inauguré les bâtiments quelques années auparavant. Et la visite triomphale du maréchal Pétain à Montpellier en 1941 qui y rencontra Franco et scella une alliance et les bonnes relations avec l’Espagne clôturant ainsi le cycle qui avait commencé par la non-assistance réelle à la République et s’était poursuivi par le sort douloureux en France des Catalans et Espagnols fuyant leur pays (A. Balent et N. Mazty (dir). – Catalans du Nord et Languedociens et l’aide à la république espagnole (1936-1946), Perpignan 2009)…

Une autre question concerne l’histoire dans la même période de la gendarmerie. Cl. Cazals (La Gendarmerie et la « Libération », Paris, 2001) a tiré un bilan objectif de ce corps : « la gendarmerie a toujours souhaité la défaite allemande mais elle s’est « accommodée » de l’occupant comme toutes les autres administrations. Elle a affiché un loyalisme au pouvoir établi jusqu’à son effondrement fin août 1944 ». Pour autant sur le terrain les situations ont été très diverses et les brigades rurales ont souvent fermé les yeux et même renseigné les résistants et maquisards. Là aussi tout n’était pas noir mais tout n’était pas blanc. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Charles Renouvier (1815-1903) et Jules Lequier (1814-1862)

De son séjour à l’Ecole Polytechnique Charles Renouvier avait gardé une affection particulière pour Jules Lequier dont les œuvres complètes ont vu le jour en… 1952 et qui vient de voir se former une association les Amis de Jules Lequier qui publie les Cahiers Jules Lequier, n° 1, 2010, intitulés De Renouvier à Lequier et qui est un hommage à Baptiste Jacob (1858-1909) et à Gérard Pyguillem (1920-2001), professeur de philosophie dans l’Hérault, auquel on doit le sauvetage d’une grande partie des papiers de Charles Renouvier dont il a fait don à la Bibliothèque Universitaire de l’Université Paul Valery-Montpellier III. Ces Cahiers contiennent un texte inédit du professeur Pyguillem sur Jules Lequier auquel il avait, par ailleurs, consacré d’autres articles. Le souvenir de Jules Lequier est donc l’objet d’une renaissance. Le cimetière de la commune de Plérin (Côtes-d’Armor) possède un monument avec la statue du philosophe qui est l’œuvre du sculpteur Eymerich réalisée en 1868 à la demande de Mme Lando de Kervélégan et de Renouvier qui avait publié, en1865, un choix de textes de Lequier sous le titre de : La recherche d’une première vérité, fragments posthumes. Une inscription se développe sur les quatre faces du piédestal : Ce monument a été élevé à la mémoire d’un ami malheureux et d’un homme de grand génie en 1868 par Renouvier //. Jules Lequier né à Quintin en 1814 décédé à Plérin en 1862, priez pour lui //. Ses œuvres La feuille de Charmille, Abel et Abel, La recherche d’une première vérité, Le dialogue du prédestiné et du réprouvé //. Restauré par les soins de la Société Française de philosophie 1922. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Expositions

Il ne saurait être question de donner ici une chronique des expositions et catalogues mais, seulement, de signaler quelques unes d’entre elles que nous avons remarquées et/ou dont les catalogues nous ont été envoyés. On signalera donc, en premier lieu, la magnifique exposition et le très beau catalogue réalisés par Laurent Deguara, président de la Société Archéologique de Montpellier : Splendeurs et éternités des civilisations de Méditerranée, Égypte, Étrurie, Grèce, Rome, Montpellier, 2009. Les membres des Société Savantes locales, depuis le 19e siècle, avaient à cœur de constituer, pour leur Société, de véritables collections d’art par dons ou achats. Celle de Montpellier n’a pas dérogé à cette « règle » et a pu ainsi accumuler des trésors qui font l’objet, en particulier depuis quelques années, de magnifiques expositions toujours accompagnées de Catalogues. La Méditerranée est le conducteur de la présentation par la présentation d’œuvres issues de l’Égypte, de la Grèce de l’Italie et, bien sûr, du sud de la France. Les magnifiques photographies réalisées par le Laboratoire du Centre Camille Jullian de l’Université d’Aix accompagnent majestueusement les notices qui n’obèrent pas les œuvres elles-mêmes. Le Musée d’Art Moderne de Céret a offert ses cimaises au peintre montpelliérain Vincent Bioulès qui a livré ses œuvres des années 1966 à 2006 (Vincent Bioulès, Espace et paysage 1966-2006, Céret 2006). On y trouve de belles peintures de paysages héraultais : l’artiste y laisse passer le « timbre de sa voix intérieure ». La Bibliothèque du Grand Séminaire de Montpellier a fait l’objet d’une exposition au sein de la Médiathèque Centrale d’Agglomération E. Zola, à Montpellier, qui l’abrite désormais. Un choix d’ouvrages a été présenté en 2009, avec un Catalogue qui laisse bien augurer de l’extraordinaire contenu de cette Bibliothèque dont on attend, avec intérêt, le Catalogue.

Les peintres se suivent et ne se ressemblent pas François Rouan, qui a des attaches montpelliéraines, a donné en 2006 une grande exposition aux Abattoirs de Toulouse (F. Rouan, Contre Image, Toulouse, 2006). A quand une aussi grande exposition à Montpellier ?

Le peintre Henri Martin (1860-1943) avait réalisé pour la Chambre de Commerce et d’Industrie de Béziers, en 1932, six tableaux, qui ont été vendus en 2008 par celle-ci ! C’est cette même année qu’avait lieu à Cahors et à Saint Cirq-Lapopie une grande exposition sur ce peintre (Henri Martin (1860-1943), Du rêve au quotidien, peintures conservées dans les collections publiques françaises, Milan, 2008). Ils ne figuraient donc pas dans cette exposition qui a réuni l’essentiel de l’œuvre de cet artiste.

Enfin, rien de ce qui concerne Courbet n’est étranger à Montpellier. En 2006, le Musée d’Ornans a organisé une nouvelle exposition (Courbet, le retour au pays, Courbet sans courbettes, Ornans, 2006). Une belle réunion d’œuvres dispersées dans plusieurs autres musées pour célébrer celui qui disait à Victor Hugo : « j’ai l’indépendance féroce du montagnard » !

C’est sous le titre : Le supplice et la Gloire, La croix en Poitou que les musées de Poitiers et de Niort ont présenté, en 2000, une grande exposition thématique dont le catalogue a été publié la même année sous la direction de Robert Favreau, avec de nombreux collaborateurs. Elle réunit, à partir des découvertes et des collections locales, du IVème au XXème siècle, des œuvres en relation avec la Croix dont l’importance est ainsi démontrée comme emblème de reconnaissance et de croyance. C’est une publication qui fait honneur à la Société des Antiquaires de l’Ouest, fondée en 1834, qui fait, en même temps, l’illustration de ses collections. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Hérault, histoires locales et thématiques

Le département de l’Hérault produit chaque année de très nombreux ouvrages en relation avec son histoire générale, ses « grands hommes », ses monuments, etc., et il serait vain de tenter de les signaler tous. Saint Roch qui a fait l’objet d’une importante mise à jour par Pierre Bolle dans le volume précédent des Études héraultaises dispose des actes d’une table ronde : San Rocco, genesi e prima espansione di un culto, Incontro di studio, Padova 2004, Bruxelles, 2006 (sous la direction d’A. Rigon et d’A. Vauchez) qui fait le point sur ce personnage maintenant controversé. En 1943 (Annales de l’Université de Montpellier et du Languedoc- Roussillon, II, 1944, p. 141-142) le chanoine Despetis avait présenté un rapide texte intitulé : Les sources de l’histoire de saint Roch et annonçait un ouvrage en préparation qui ne semble pas avoir jamais été publié et dont nous n’avons pas retrouvé, y compris aux archives épiscopales, le manuscrit.

Guillaume Briçonnet (1445-1514) qu’il ne faut pas confondre avec Guillaume Briçonnet, évêque de Lodève (1489-1519) (M. Veissière, L’évêque Guillaume Briçonnet (1470-1534), Provins, 1986), évêque de Nîmes puis cardinal-archevêque de Reims et abbé de Grandmont, après avoir été un véritable surintendant des finances, dispose d’une belle biographie (B. Chevalier, Guillaume Briçonnet (v. 1445-1514), un cardinal-ministre au début de la renaissance, marchand, financier, homme d’État et prince de l’Église, Rennes, 2005) qui montre la complexité et le rôle près du Roi de cet important personnage dont la famille a été longtemps présente dans l’Hérault jusqu’au Claude Briçonnet, abbé de Saint-Guilhem-le-Désert et évêque de Lodève (1561-1566) qui y tint une place offensive au moment des guerres de religion.

L’histoire des communes connait aussi plusieurs contributions : J. et L. Osouf, Inventaire des croix et calvaires, commune de Limas (Hérault) (2006) ; Villeneuvette, manufacture royale de draps de laine 1674-1954 et son réseau hydraulique (2008) par les Amis de Villeneuvette ; Vivre dans le vieux Pézenas, 1965-2005, 40 ans de secteur sauvegardé, (2005) par les Amis de Pézenas ; P. Daudet, M.-A. Mora, Chr. Muratet, Valros, un voyage à travers le temps, 2008 par les Amis de la Tour ; Saint-Martin-de-Castries (Hérault), de l’habitat rural à l’ensemble ecclésial (VIIIe-XVIIIe siècle), Lodève, 2008 (= les Cahiers du lodévois-larzac n° 30) cette étude concerne les travaux 2001-2006 mais ne souffle mot des années antérieures qui ont révélé l’édifice ! ; et L. Secondy, Chr. Vella, J. Nougaret, Montpellier ville de savoir, Les établissements d’enseignement supérieur, secondaire et les pensionnats de 1800-1960, Castries, 2006. On remarque que les monographies communales sont souvent des œuvres collectives avec le support d’une association locale. Le résultat n’est pas toujours satisfaisant dans la mesure où, en réalité, il s’agit plus de chronique villageoise que d’histoire (On retrouve la même situation dans les départements voisins, par exemple : Nouvelles de Saint-jeande-Bruel, hier et aujourd’hui, Association d’histoire et de généalogie de Saint-jean-de-Bruel ,1988-1997, en fascicules semestriels). Mais il convient d’encourager ces recherches qui sont souvent le premier pas et qui ont déjà l’intérêt de sauver des documents ou des lieux et de maintenir localement un souci collectif pour le patrimoine, au sens large. Ce qui reste souvent le plus difficile c’est bien de connaître l’existence de ces publications qui sont à diffusion locale et, à plus forte raison, de les acquérir !

Les évènements de 1907 nous ont apporté deux nouveaux ouvrages : J. Sagnes, Députés et sénateurs face à la crise du Midi en 1907, Montpellier, 2007 ; J. Sagnes et J.-Cl. Séguéla, 1907, La révolte du Midi de A à Z, Béziers, 2007. Le premier est un recueil des interventions des sénateurs, le second, avec un ordre thématique alphabétique, fait le point et apporte une riche illustration en couleurs. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Mélanges et hommages

La formule d’ouvrages de Mélanges et d’hommages connaît un très grand développement qu’il s’agisse de la réunion d’articles d’un auteur ou de contributions, en général en relation avec le domaine de celui qu’on veut honorer mais parfois qui en sont très éloignées, d’où une dispersion qui peut nuire à la connaissance de travaux. On signalera simplement ici : Les études d’histoire du droit privé en souvenir de Maryse Carlin, Paris, 2008 (deux articles sur le chômage légal et sur la loi de 1905 ont retenu notre attention ainsi que celui d’Henri Vidal sur Guilhem VIII et Agnès de Castille), Les Chants pour l’au-delà des mers, Mélanges en l’honneur du professeur Jean Martin, Paris, 2008, qui sont orientés sur l’outre-mer et dont plusieurs contributions touchent par ricochet notre département. Le volume collectif La république en représentations, autour de l’œuvre de Maurice Agulhon, Paris, 2006 concerne Marianne, la République et les représentations attachées à ces deux thèmes fondamentaux des recherches de M. Aguihon. Les regrettés André et jean Piacère ont évoqué les Mariannes « atypiques » de l’Hérault complétant ainsi leur travail publié dans le Bulletin du Grec (N° spécial 74-75 de juin 1995 et les numéros 77 et 107 (2000). Cet ouvrage est donc les compléments indispensables des volumes « classiques » de M. Agulhon parus en 1979, 1989 et 2001 ; il ouvre, avec l’accompagnement explicite de cet auteur, les nouvelles pistes qu’il faut maintenant ouvrir dans une recherche en histoire contemporaine qui a fortement marqué, par toutes ses implications, les dernières années du vingtième siècle. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Villes voisines et tourismes…

Cl. Marquié qui est un des meilleurs connaisseurs de la draperie et des négociants carcassonnais vient de publier un Carcassonne, hommes et métiers au fil du temps, Carcassonne, 2007 qui offre un panorama bien illustré de cet aspect de la ville. Il n’est pas inutile de rappeler ici les très forts liens qui unissaient les draperies audoises et les héraultaises sous l’Ancien Régime : manufacturiers et financiers prenaient ou abandonnaient le contrôle des usines qui ont constitué pendant longtemps les fleurons de l’industrie languedocienne. Dans un tout autre domaine, M. Labbé et J.-P. Serres publient des Chroniques de Roquefort 2004 et 2008, 2 vol (près de mille pages !) qui tracent l’histoire de ce site industriel du sud Aveyron qui recueillait le lait de brebis sur tout le Larzac, et ailleurs cette industrie a fait la célébrité de cette région depuis l’Antiquité et la célébration de Pline l’Ancien ! La cité d’Aigues Mortes est connue pour ses monuments et son enceinte magnifiquement conservée – et bien étudiée dans le cadre des monographies de l’ancien Inventaire Général – a connu des évènements très douloureux à la fin du 19ème siècle. C’est G. Noiriel (Le massacre des Italiens, Aigues-Mortes, 17 août 1893, Paris, 2010) qui vient de reprendre ce dossier et qui montre bien l’implication des diverses communautés et les fondements de cet affrontement qui fit au moins 8 morts et 50 blessés, tous Italiens, et dont les responsables furent acquittés ! Le marché du travail et la xénophobie qui en résultait ont suffi à déclencher cette tragédie.

Les éditions Jonglez de Versailles éditent une collection : « les guides écrits par les habitants » représentée par des Villes, des régions, des édifices (Aix, Marseille…) et envisagent de s’intéresser à l’Hérault. Le Guide des Abbayes et prieurés en Languedoc-Roussillon de J. Morel (Lyon, 2008) contient pour l’Hérault de très rapides notices pour 39 communes.

Le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement qui couvre les Causses méridionaux et qui a son siège au Caylar a édité une suite de 7 plaquettes thématiques pastoralisme, herbes sauvages, mares et lavagnes, oiseaux, fleurs et milieux naturels, insectes et biodiversité, la Vis. Une façon de concilier tourisme et connaissance des milieux afin de mieux les respecter. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Protestantisme, guerres de religion

V. Leclerc Lafage vient de publier un ouvrage fondamental sur la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle sous le titre : Montpellier au temps des troubles de religion, pratiques testamentaires et confessionnalisation (1554-1622), Paris, 2010, qui est fondé sur les registres de notaire (probablement dans une période où ils sont les plus difficiles à lire). Avec ces documents l’auteure entre dans le silence des esprits et des corps ce qui lui permet de démonter les comportements collectifs et particuliers et de pénétrer l’espérance du salut. Nul n’ignore que ces années ont été parmi les plus difficiles pour la vie de la cité montpelliéraine avec des luttes sanglantes et des destructions monumentales qui nous ont privés de tout grand monument médiéval ! Mais c’est aussi une période de renouvellement intellectuel, des débuts de l’imprimerie (la « bataille du livre » est décisive à partir de cette époque : B. Chedozeau, Bossuet et les protestants, « La voie de charité » et les distributions de livres aux nouveaux convertis (1685-1687) = Liame, 10, juillet-décembre 2002) et, donc, de l’entrée véritable dans le monde moderne.

Les travaux de Patrick Cabanel ou dont il a assuré la direction sont fondamentaux pour connaître les communautés protestantes : Itinéraires protestants en Languedoc, XVIe-XXe siècle, Montpellier, 1998-2000, 3 volumes ; Voyage en religions, histoire des lieux de culte en Languedoc-Roussillon des origines à nos jours, Sète, 2007, véritable « bible » œcuméniste et pour les années grises Ph. Joutard, J .Poujol et P. Cabanel, Cévennes terre de refuge 1940-1944, Montpellier, 2006. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Industries, métaux, mines, horloges, sel, alun, papier, chemins de fer…

Les mines, depuis la Préhistoire – comme l’ont montré dans l’Hérault les recherches de Paul Ambert et de ses collaborateurs – ont joué un rôle important dans l’économie non seulement locale mais aussi lointaine (étain…). Deux ouvrages récents sont disponibles et permettent de bien connaître ce domaine : M.-Chr. Bailly-Maitre, C. Jourdain-Annequin, M. Clermont-Joly, Archéologie et paysages des mines anciennes, de la fouille au Musée, Paris, 2008 et Cl. Domergue, Les mines antiques, la production des métaux aux époques grecque et romaine, Paris, 2008 qui est le dernier ouvrage d’une longue série de cet auteur (cf. bibliographie p. 220-221). Un chantier de fouilles de mines anciennes demande non seulement les compétences archéologiques classiques mais une formation et une connaissance du milieu souterrain car l’accident est toujours possible. C’est en se fondant sur cette dernière possibilité que l’État a pris la décision de fermer par explosion les sites rendant ainsi quasiment impossible toute nouvelle recherche. Il n’est donc pas certain qu’il sera possible de poursuivre, en France, de telles explorations. Compte tenu, par ailleurs, de la désindustrialisation de nombreuses régions, ce passé disparaît en ses installations et, aussi, dans les lieux qui maintenaient le souvenir. La revue Mémoire d’Ardèche et temps présent vient de publier les actes d’un colloque de 2009 sur Mines, minéralogie et protection du patrimoine de l’Ardèche. Un projet de musée des mines métalliques des Cévennes avait été établi par la Société géologique de l’Ardèche mais sans succès. Plusieurs Géologues depuis 1840 avaient réuni et déposé des collections et en 1986 le Musée de la terre ardéchoise a présenté plusieurs expositions. « Le Musée, jugé non rentable, a été fermé en 2002 et les collections sont une fois de plus à l’abandon dans un sous-sol de Privas » (Construction et patrimoine, Informations, n° 7, juin 2010, p. 2-3). Ceux que l’on appelle les « petits » musées sont toujours menacés (on l’a déjà vu dans l’Hérault) et certaines thématiques ne semblent pas suffisantes pour une exploitation « rentable » ! La réflexion sur le patrimoine ne cesse pas (D. Rykner, Le spleen d’Apollon, Musées, fric et mondialisation, Paris, 2008 ; J.-Y. Mollier, Ph. Régnier, A. Vaillant, La production de l’immatériel, théories, représentations et pratiques de la culture au XIXème siècle, Saint-Etienne, 2008 ; F. Choay, Le patrimoine en questions, anthologie pour un combat, Paris, 2009) comme celle sur la technologie (N. Chevassus-Au-Louis, Les briseurs de machines, de Ned Ludd à José Bové, Paris, 2006 ; N. Marty et E. Castaner Munoz, L’histoire et le patrimoine de la société industrielle en Languedoc-Roussillon-Catalogne, les enjeux de la recherche et de la conservation, Perpignan, 2007), F. Icher et J. Limouzin, Regards sur le Patrimoine, Montpellier, 2008 ; J. Bouvry-Pournot et alii, La collection : origine, processus, limites à partir de l’exemple de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, Aix-en-Provence, 2009.

L’histoire du temps, des horloges, des horlogers dispose pour l’Hérault de six dossiers établis par Arts et Traditions Rurales (Montpellier, 1996-2008) et O. Escuder a réuni sous le titre de Paroles de Soleil, Paris, 2005 (2 volumes, 700 pages) des milliers de devises inscrites sur les cadrans solaires. En 2009, J. Jandaly nous a donné Une histoire illustrée de la mesure du temps, de la course du soleil aux horloges atomiques (Paris, 2009, 210 pages).

Parmi les produits recherchés, l’alun a une longue histoire qu’un colloque international tenu à Naples et Lipari en 2003 vient de mettre en valeur (L’alun de Méditerranée, Naples-Aix-en-Provence, 2005) l’origine, la production, les circuits de diffusion et les utilisations sont successivement étudiées d’un point de vue diachronique. Il en est de même avec le sel qui dispose d’un volume collectif dirigé par O. Weller, A. Dufraisse et P. Pétrequin, (Sel, eau et forêt d’hier à aujourd’hui, Besançon, 2008). On retiendra la communication d’A. Chartrain et P.-A. de Labriffe, vers une archéologie du sel en Languedoc-Roussillon qui tente de recenser tous les sites et insiste sur l’importance que le sel a probablement eu à Lattara et à Montpellier.

Les chemins de Fer sont régulièrement étudiés en particulier dans le « Gard industriel » et leur histoire est souvent illustrée par des ouvrages grands publics, généralement très bien illustrés P. Mazier, J.-P. Pignede, J.-Cl. Namur, Nîmes et le rail de la « bricole » au TGV, Nîmes, 2001. Mais le rail c’est aussi les cheminots et un colloque tenu à Paris en 2005 a vu ses actes publiés : Les cheminots dans la Résistance, une histoire en évolution (= Revue d’Histoire des Chemins de Fer, n° 34, printemps 2006, 262 p.).

Le papier, le livre, l’imprimerie constituent les thèmes de Journées d’Étude sur l’Imprimerie qui, depuis 2003, sont organisées par la ville de Perpignan. Du point de vue historique, les deuxièmes journées, en 2004, avaient pour thème : Entre édition et presse, Le papier d’hier à aujourd’hui, Perpignan, 2005, qui ont réuni des études tant sur le matériau lui-même que sur les dynasties des industriels. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Monnaies, fiscalités, unions monétaires…

On doit au regretté R. Elie et à l’Association des collectionneurs de jetons-monnaie, une étude sur les Monnaies de nécessité et jetons-monnaie du département de l’Hérault, Montagnac, 1996 (75 pages) qui recense les documents alors connus et qui n’ayant pas, pour la plupart, de véritable valeur marchande, ont peu à peu disparu, d’où l’intérêt de ce catalogue avec seulement une trentaine de communes représentées. On voit donc que le champ de recherche ouvert est vaste…

L’histoire de la monnaie progresse par des journées d’études comme celle du 14 mai 2004 à Paris, dans le cadre du Comité pour l’histoire économique et financière de la France, sous la direction de Ph. Contamine, J. Kerhervé et A. Rigaudière : Monnaie, fiscalité et finances au temps de Philippe le Bel (Paris, 2007).Le sujet est ardu mais on sait l’importance de ces questions d’autant plus que les rois – rien que les rois ? – ont toujours manqué d’argent et ont cherché de façon « aimable » ou forcée à faire rentrer l’or et l’argent dans leurs caisses… La fiscalité a toujours été la pierre d’achoppement sans pour autant devenir le remède miracle ! Que les problèmes soient envisagés à l’échelle d’un pays ou dans une volonté supranationale (par exemple : J. Baerten, Unions et unifications monétaires en Europe depuis la Grèce antique jusqu’à l’Euro, Bruxelles, 1999) ils restent complexes et faute d’un alchimiste efficace les moyens dont disposent les responsables des finances n’ont pas beaucoup varié. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Villages : eaux, moulins, barrages, troupeaux…

Les villages, du Moyen Age à nos jours, leurs églises, leurs châteaux, leurs rivières, leurs champs, leurs troupeaux… sont les sujets favoris de nombreux chercheurs dans la mesure, ce qui est loin d’être le cas pour tous, où ils disposent d’archives conséquentes ou de documents extérieurs détaillés (on ne rencontre pas un Montaillou tous les jours !). Ils sont aussi l’occasion d’études thématiques ou régionales comme ceux étudiés récemment dans les Pyrénées : M. Berthe et B. Cursente, Villages pyrénéens, morphogénèse d’un habitat de montagne, Toulouse, 2001, qui recense les caractères particuliers de ces agglomérations montagnardes ou, au Sud des Pyrénées (La revue publiée par l’Université de Jaen se consacre à ce thème à partir des recherches archéologiques : Arqueologia y territorio medieval, n° 14-2007). Dans notre région, l’olivier et l’huile étaient particulièrement mis en valeur (F. Sigaut, Ph. Marinval et M. Gast, Plantes et moulins à huile, hier et demain, actes du colloque de Forcalquier 2004, Toulouse, 2005) et la collaboration de botanistes, de spécialistes des techniques et d’historiens permet de présenter un bilan satisfaisant (on rappellera ici les 29 Dossiers Les moulins de l’Hérault, 1984-2010, édités par l’Association Arts et Traditions Rurales ainsi que le : Oliviers d’hier et d’avant hier, Montpellier, 2006). Les moulins à huile utilisaient la force animale ou humaine mais pour les céréales les moulins à vent quand leur implantation était possible (leur dispersion fut considérable et dernièrement nous avons eu connaissance de l’ouvrage de G. Deschênes, Quand le vent faisait tourner les moulins, trois siècles de meunerie banale et marchande au Québec, Québec, 2009) et surtout les moulins à eau étaient largement présents (Water management in medie val rural economy, Les usages de l’eau en milieu rural au Moyen Age (= Ruralia, V, Lyon 2003, Prague, 2005). Les usages de l’eau étaient particulièrement diversifiés et la question de l’alimentation en eau pour les hommes et les animaux et l’irrigation, cruciale pour certaines régions, étaient au cœur des préoccupations (Énergie hydraulique et machines élévatrices d’eau dans l’Antiquité, Vers-Pont-du-Gard 2006, Naples, 2007 : Icuna, Asociaciòn de Arqueologia Industrial, Arquitecturas, Ingenerias y Culturas del Agua, Gijon, 2007). Les édifices pour contenir et conserver les eaux, sur les rivières, demandaient des compétences d’ingénieurs qui ne pouvaient pas toujours être locales (Ch. Kert, La sécurité des barrages en question, Paris, 2008).

Compoix et cadastre sont les bases de l’organisation fiscale villageoise : un colloque de 2003 : De l’estime au cadastre en Europe, le Moyen Age (Paris, 2006) où plusieurs communications nous concernent.

Enfin, les animaux représentaient une charge lourde pour les communautés (Eleveurs des Causses méridionaux, regards sur une profession et témoignage de vie, Bez-et-Esparon, 2004) sur place et, à plus forte raison, lors des transhumances : C. Jourdain-Annequin et J.-Cl. Duclos, Aux origines de la transhumance, Les Alpes et la vie pastorale d’hier à aujourd’hui, Paris, 2006). [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Les Gaulois, la guerre et…, Rome

D’une thèse soutenue en 2008, Alain Deyber vient de publier un gros volume sous le titre : Les gaulois en guerre, stratégies, tactiques et techniques, essai d’histoire militaire (IIe/Ie siècles av. J.-C.), Paris, 2009. Ce sujet a surtout été traité pour et du côté des Romains et les descriptions des évènements en Gaule sont sous le même angle. A. Deyber étudie les antécédents et les évolutions qui se sont produites entre ce qui s’est passé avant la conquête et pendant et après celle-ci. Les tactiques de l’infanterie et de la cavalerie ont été modifiées et des progrès substantiels ont été obtenus dans la fortification des sites. Il est clair aussi que les affrontements n’ont pas cessé avec la défaite d’Alesia même si nous n’avons plus le célèbre « chroniqueur » et jusqu’aux julio-claudiens : le maintient des légions en Gaule était une nécessité. Pour les Gaulois ces guerres ont eu d’importantes conséquences dans les domaines matériels, dans la démographie et le dossier monétaire montre bien que les richesses avaient disparu au profit de l’envahisseur et de ses représentants ultérieurs. Il n’est pas difficile aussi de penser que les élites dirigeantes ont dû supporter les conséquences de leurs échecs militaires et que les partis proromains, anciens ou nouveaux, ont eu alors la voie libre. Un maître-livre donc avec un apparat critique très conséquent, des index détaillés et une bibliographie étoffée qui deviendra un classique.

Le sujet peut être développé par un ouvrage qui vient juste de paraître et que nous ne faisons que citer : L. Pernet, Armement et auxiliaires gaulois (IIe/Ie s. avant n. ère), Montagnac, 2010 qui « se fonde prioritairement sur l’analyse des sources archéologiques, sans toutefois négliger les textes ni les représentations figurées ». [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Archéologie antique

Le développement des fouilles archéologiques permet aujourd’hui d’étudier de façon parallèle des sites ou des matériels sur un long espace : l’Hérault et le Languedoc ne peuvent souvent être compris sans les comparaisons avec la Provence et la Catalogne Sud. La revue Arqueo mediterrania, 11, 2009 vient de donner les actes d’une réunion internationale de 2007 (L’espai domestic i l’organitzacio de la societat a la protohistoria de la Mediterrania occidental (Ier millenni aC), Barcelone, 2009) dont la démarche est conforme à la nécessité scientifique. Lorsqu’il s’agit d’une catégorie de matériels la même nécessité s’impose : F. Laubenheimer et A. Schmitt, Amphores vinaires de Narbonnaise, production et grand commerce, création d’une base de données géochimiques des ateliers, Lyon, 2009 : l’implication des sciences « dures » dans l’examen des céramiques est maintenant une constante des études. Un ouvrage de R. Loisy sur Les oscilla en Gaule romaine, Banon, 1999, révèle en quelque sorte ces disques de marbre, sculptés sur une ou deux faces, qui, suspendus dans les habitations, servaient de décoration, et au nombre d’une centaine en Gaule. Le département de l’Hérault en possède deux : un dans les collections de la Société archéologique de Montpellier (sans provenance connue) et un autre, au même endroit, qui provient de Murviel-les-Montpellier. Tous ces objets parvenaient au lieu de leur utilisation par les voies maritimes ou terrestres : une récente exposition à Bordeaux a donné un catalogue qui permet de retrouver les traces de ces échanges (La voie de Rome entre Méditerranée et Atlantique, Bordeaux, 2008) : en quelques pages on constate l’activité fébrile qui régna, pendant plusieurs siècles, entre les deux mers. L’Institut du Patrimoine Culturel de l’Université de Gérone a initié une collection de publications sous le titre de Studies ont the rural World in the Roman period : le volume 1, 2006, est consacré aux Rythmes et cycles de la romanisation et le volume 2, 2007 aux Ateliers de céramiques et à la production agricole : les campagnes d’Agde, Béziers, Loupian y sont étudiées.

Nous signalerons enfin, sur un plan général, l’ouvrage coordonné par Ph. Racinet et J. Schwerdroffer, Méthodes et initiations d’histoire et d’archéologie, Nantes, 2004 qui donne des clés pour le paysage, l’écrit, le terrain, le bâti, le laboratoire et la mise en valeur. Il s’adresse donc en particulier aux étudiants d’histoire et d’archéologie et au grand public. Enfin, J.-P. Demoule et Chr. Landes, nous présentent La fabrique de l’archéologie en France, Paris, 2009 qui est donc un « voyage » à travers la constitution de l’archéologie et son développement exponentiel depuis les années 70. La question des fouilles préventives est aujourd’hui essentielle et il y a là un débat de fonds qui ne peut être simplement une approbation généralisée : on n’évoquera ici que le problème posé par les publications qui, depuis trente ans, se font attendre et qui ne verront peut-être jamais le jour !

Le monde antique a de si larges horizons que bien des renseignements et des nouveautés peuvent provenir de pays éloignés : Alexandrie fait partie de ces sites où la culture gréco-romaine a connu un large développement et son Musée est d’une extraordinaire richesse. Le volume de la série des Alexandrina (= tome 18 des Études alexandrines) publié par l’Institut Français d’Archéologie Orientale : sculptures variées, nombreux objets décoratifs, monnaies, et, pour finir, l’urbanisme et les fortifications. On ne saurait oublier Alexandrie dans toute recherche sur l’époque classique.

Les Cahiers d’archéologie romande qui ont leur siège au Musée de Lausanne représentent une collection de 113 monographies qui sont d’une parfaite qualité : textes et illustrations particulièrement soignées font de ces volumes de véritables modèles dont il y aurait bien lieu de s’inspirer. S. Berti Rossi et C. Lay Castella ont produit : La fouille de Vidy « Chavannes 11 » 1989-1990, trois siècles d’histoire à Lousonna, archéologie, architecture et urbanisme. Les deux premiers thèmes permettent, tant ils sont bien établis de donner une synthèse sur l’urbanisme. De la conquête de 125/1231 à la période fiavienne les grands dates historiques se retrouvent dans les structurations successives qui ont modifié les lieux les restitutions des façades des maisons ou du plan général donnent une vision parlante de ce site exemplaire. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

La cathédrale Saint-Pierre de Genève

La Société d’Histoire et d’Archéologie de Genève vient d’éditer un magnifique ouvrage de Charles Bonnet en collaboration avec Alain Peillex et des contributions de M. Demierre, M. Poux et M. Campagnolo sous le titre : Les fouilles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève, le centre urbain de la protohistoire jusqu’au début de la christianisation, Genève, 2009 (257 pages). Les recherches ont commencé en 1976 dans une chapelle au sud de la cathédrale qui permirent de mettre au jour une vaste abside datée des environs de 400. Le lieu est occupé depuis la protohistoire et la publication actuelle concerne donc la période antique. La méthodologie est particulièrement soignée puisque, sur ce même emplacement, l’occupation, avec le grand chantier de la cathédrale, s’est perpétuée : un tumulus et un habitat ont été fouillés ainsi que les vestiges d’un temple. La conclusion est claire : Genève n’a pas attendu l’arrivée de César pour exister mais certainement dès le IIe siècle avant la soumission des Allobroges en 121. Les étapes de développement jusqu’à la fin du IVe siècle sont établies avec, enfin, la mise au jour d’un oratoire primitif du IVe siècle. Le petit mobilier et les monnaies sont l’objet d’un catalogue détaillé.

Les travaux de restauration et de présentation souterraine des fouilles ont été réalisés peu à peu si bien que ce chantier est devenu en quelque sorte exemplaire : ce devrait être une voie à suivre pour d’autres cathédrales (Maguelone ?) ou simples églises dont, aujourd’hui encore, les datations proposées sont d’ordre « artistique » alors que les secours de l’archéologie permettent d’établir des chronologies stratigraphiques précises et d’éviter ainsi les discussions inutiles et, surtout, les erreurs. Nous attendons avec la plus grande attention le ou les volumes suivants qui seront, n’en doutons pas, de la même qualité. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Revues et périodiques

Nous relevons ici un certain nombre de revues qui nous ont été communiquées, certaines à thème, d’autres avec une suite d’articles en relation avec le domaine du périodique l’Association pour la promotion des archives d’Agde et de sa région organise des colloques thématiques en relation qui concernent Agde mais aussi bien au-delà : 13ème, 1997, Croyances populaires ; 14ème, 1998, Fêtes et traditions ; 16ème, 2000, Hommes en Languedoc ; 18ème, 2002, Patrimoine languedocien ; 19ème, 2003, Administration et sociétés ; 21ème, 2005, Paysages historiques ; 22ème, 2006, Enseignement ; 23ème, 2007, Conflits militaires. L’Association s’est transformée en 2009 en Groupe de Recherches Historiques Agathoises et publié un Cahiers n° 1, 2009 qui donne les actes du colloque de 2008: Histoire et architecture des bâtiments civils d’Agde.

La Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière » éditée à Vaucresson par l’Association pour l’histoire de l’éducation surveillée a donné en juin 2007 un numéro hors série (= J. Bourquin, Pages d’histoire, la protection judiciaire des mineurs, XIXe-XXe siècles) et en novembre le volume 9 sur le thème Violence et jeunesse. Le volume 10 d’octobre 2008 est consacré à La prostitution des mineurs au XXe siècle. La même association assure la promotion d’ouvrages en relation avec ces thèmes (F. Tétard, Cl. Dumas, Filles de Justice, du Bon Pasteur à l’Éducation surveillée (XIXe-XXe siècle) Paris, 2009 ; R. Léger, La colonie agricole et pénitentiaire de Mettray, souvenirs d’un colon, 1922-1927, Paris, 1997 ; sur les relations avec l’Église : Dom J. Leclercq, Libérez les prisonniers, du bon larron à Jean XXIII, Paris, 1976 est à connaître). Ce domaine est un problème général mais, dans l’Hérault, il a évidemment un lien direct avec l’ancien établissement d’Aniane et avec les Centres en activité.

Antiquité tardive, revue internationale d’histoire et d’archéologie (IVe-VIIIe s.) consacre maintenant chacun de ses volumes à un thème : 16ème, 2008 : L’empire des Théodoses ; 17ème, 2009, L’empereur Julien et son temps. Chaque volume est d’une très haute valeur scientifique.

Le Centre d’archéologie et d’histoire médiévale des établissements religieux de l’Université de Picardie publie régulièrement une revue thématique : Histoire médiévale et archéologie : 20ème, 2007, Étude des lépreux et des léproseries au Moyen Age dans le Nord de la France ; 21ème: 2008 : L’architecture en objets : les dépôts lapidaires de Picardie ; 22ème, 2009 : M. Larigauderie-Beijeaud, De l’ermitage à la seigneurie : l’espace économique et social de Grandmont, XIIe-XVIIIe siècle.

Voici quelques revues qui présentent des liens avec nos domaines : Les cahiers de Lagrasse I, Auger de Gogenx (1280-1309) ; Liame, revue du centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, éditée par l’Université Paul Valéry-Montpellier III avec des numéros thématiques ou mixtes ; le Bulletin du musée Basque, thématique ou mixte, qui fait le lien entre les pays basques ; Pour, la revue du groupe de recherche pour l’éducation et la prospective dont le n° 201 (octobre 2009) est consacré aux Associations face aux mutations du monde rural la Mémoire dominicaine dont le n° 21, 2007 est consacrée à : Dominique avant les Dominicains ; la Revue d’Histoire ecclésiastique de l’Université catholique de Louvain (103, 2008) dont les thématiques sont mondiales, avec des bulletins bibliographiques très précieux ; les Beihefte der Francia de l’Institut historique allemand de Paris dont le volume 9, 1980 constitue les actes d’un colloque de Tours 1977, sur le thème Histoire comparée de l’Administration (IVe-X VIIIe siècles).

Biographies et colloques d’histoire moderne et contemporaine

Nous relevons la thèse de J. Canton-Debat (Un homme d’affaire lyonnais : Arlès-Dufour (1797-1872)), Université de Lyon II, 2000) car la famille Arlès est originaire de Lodève et s’établit ensuite à Sète où va naître François qui devint, plus tard, à Lyon, « un des représentants les plus éclairés de l’industrie lyonnaise » et « mentor des jeunes capitalistes lyonnais ». Le Journal satirique « Les Actes des Apôtres » a permis à André Laurens de publier une étude sur Robespierre vu à travers cette revue (Toulouse, s. d.).Le fils de Napoléon III est l’objet d’une biographie de J.-Cl. Lachnitt (Le Prince impérial « Napoléon IV », Paris, 1999) au destin tragique dont la disparition mit un terme aux espoirs de restauration de l’Empire. V. Azimi a étudié Les premiers sénateurs français, Consulat et premier Empire, 1800-1814, Paris, 2000 : les notices biographiques individuelles sont précieuses et on y trouvera : Cambacérès, Chaptal, Crassous, Curée, Vien qui ont joué des rôles importants à Paris. Maguelone Nouvel avait soutenu en 2006 une thèse sous la direction de G. Gavignaud qui a donné la substance d’un ouvrage : Frédéric Le Play, Une réforme sociale sous le Second Empire, Paris, 2009 : Le Play a suscité de grands débats avec La Reforme sociale et appartenu à cette génération de polytechniciens et ingénieurs au sein des mutations industrielles mais avec une attention particulière à la question sociale. L’influence intellectuelle de Le Play méritait cette étude. Nous en profiterons ici pour signaler aussi le dernier ouvrage de G. Gavignaud-Fontaine : Considérations économiques chrétiennes de saint Paul aux temps actuels, Paris, 2009. Des origines aux temps actuels la réflexion se fonde sur les écrits des religieux et en tire une synthèse thématique pour une économie sociale morale : une méditation et une réflexion bien utiles en cette année 2010 !

On n’oublie pas les luttes tragiques postérieures à la révocation de l’Édit de Nantes dont un colloque au Pont-de-Montvert, en 2002, a donné des actes qui sont parus sous la direction de P. Cabanel et Ph. Joutard : Les Camisards et leur mémoire, 1702-2002 (Montpellier, 2002) qui est, à la fois, une réflexion sur des évènements anciens mais aussi sur la mémoire actuelle. On rappellera un ouvrage précédent sous la direction de P. Cabanel et Ph.de Robert, Cathares et Camisards, l’œuvre de Napoléon Peyrat (1809-1881) (Montpellier, 1998) qui est un hommage mérité à l’auteur des Pasteurs du désert (1842) et de l’Histoire des Albigeois (1870-1882).

Les débats sur la colonisation et en particulier sur celle de l’Afrique du Nord ont produit une foule d’études où la sagesse historique n’est pas nécessairement au cœur des ouvrages. On signalera ici le classique R. Girardet, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962, Paris, 1972, 1978 et le récent : O. Le Cour Grandmaison, Coloniser. Exterminer, sur la guerre et l’État colonial, Paris, 2005. On sait que Montpellier disposera bientôt d’un Musée destiné à illustrer les relations France et Algérie.

Les Journées internationales d’Histoire du Centre Culturel de l’abbaye de Flaran (Gers) fondées en 1979 par le regretté Charles Higounet ont donné lieu à des Actes thématiques dont nous signalerons, ici, le dernier reçu : Les villageois face à la guerre (XIVe-XVIIIe siècle) 2000, Toulouse, 2002. Si, depuis le 19e siècle, les guerres et leurs combats n’ont pas réellement atteints nos régions, il n’en était pas de même auparavant et les auteurs montrent bien l’impact sur les villages. On savait bien, visuellement, qu’un bon nombre de nos monuments, y compris les églises, avaient été construits ou fortifiés dans le siècle de la Guerre de Cent ans mais, ici, ce sont les conséquences sociales et économiques qui sont mises en avant.

Le Prytanée militaire de La Flèche qui a formé des milliers d’élèves issus de toute la France a célébré en 2008 le bicentenaire de sa fondation par un Colloque (1808-2008, Bicentenaire de l’installation du Prytanée militaire français à la Flèche, La Flèche, 2008). De sa création en 1789 à sa dissolution en 1871 la Garde Nationale est connue dans nos communes : elle vient de faire l’objet d’un colloque à Rennes en 2005 : La Garde nationale entre nation et peuple en armes, mythes et réalités, 1789-1871, Rennes, 2006, qui réunit une trentaine de communications. Si notre département n’y est pas spécifiquement étudié – ce qui est dommage – on y trouvera tous les éléments pour mieux comprendre l’actions de ses « citoyens en armes ».

La question des biens nationaux n’est pas une nouveauté et, dans l’Hérault, on dispose déjà des études de P. Cambon et de M. Gallix en 1951 sur les divers districts. B. Bodinier, E. Teyssier et F. Antoine ont publié une belle synthèse sous le titre : « L’évènement le plus important de la Révolution » la vente des biens nationaux (1789-1867) en France et dans les territoires annexés, Paris, 2000. Ce transfert et son importance relevée lapidairement par G. Lecarpentier (1908) a concerné 260 000 bâtiments et 4,7 millions d’hectares ! Grâce aux Archives départementales et parfois communales, il est encore possible, aujourd’hui, de voir ce qui s’est passé dans chaque commune concernée en particulier dans celles où les biens de première ou deuxième origine étaient importants. Ces transferts ont créé ou renforcé des classes sociales et ces évènements anciens, dans la mouvance révolutionnaire, n’étaient pas oubliés en 1905 dans les communes ! [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Moyen Age, histoire, art, archéologie, religions, civilisations

Nous signalerons ici un ensemble de volumes qui touchent de façon directe ou indirecte cette période selon de multiples thématiques. M. Aubrun a donné une nouvelle édition de son ouvrage sur : La paroisse en France des origines au XVe siècle, Paris, 2008. Une Université d’été tenue à Angoulême en 2003 a livré des actes sur : La maison au Moyen Age, Angoulême, 2006 : on sait que l’architecture de la maison a connu durant ces dernières années de grands progrès et les recherches en ce domaine conduites, par exemple, sur la ville de Montpellier par l’Inventaire général ont donné des résultats spectaculaires. Aujourd’hui plusieurs études très détaillées avec relevés architecturaux et, si possible, sondages ou fouilles, renouvellent nos connaissances. En dépassant largement les limites communales, des thèmes progressent : Les Pèlerinages dans le monde à travers le temps et l’espace, colloque de Paris 2005 (Paris, 2008), Politique et religion en Méditerranée, Moyen Age et époque contemporaine, Paris, 2008 (on y trouvera un article de Chr. Veauvy sur : Politique et religion chez Fabre d’Olivet (1767-1825) ; sous la direction de Ph. Sénac : Les habitats ruraux : de la Tarraconaise à la Marche supérieure d’al-Andalus (IVe-XIe siècles) : Toulouse, 2006, et : Villes et campagnes de Tarraconaise et d’al-Andalus (VIe-XIe siècles) : la transition, Toulouse, 2007 ; ou une monographie d’un saint très présent dans nos régions : V. Saxer, Saint Vincent diacre et martyr, culte et légendes avant l’an mil, Bruxelles, 2002.

On connait l’importance des bibliothèques médiévales et nous devons à Donatella Nebbiai, spécialiste très connue du sujet, un bel ouvrage sur : La bibliothèque de l’abbaye Saint- Victor de Marseille (XIe– XVe siècle), Paris, 2005. Pour les mêmes siècles M. Aureil a réuni une série d’études sur le thème : Convaincre et persuader : communication et propagande aux XIIe et XIIIe siècles, Poitiers, 2007 et C. Treffort a célébré les Mémoires carolingiennes, l’épitaphe entre célébration mémorielle, genre littéraire et manifeste politique (milieu VIIIe – début XIe siècle), Rennes, 2007. Enfin, classes sociales et hauts personnages ont retenu l’attention de Chr. Settipani, La noblesse du Midi carolingien, études sur quelques grandes familles d’Aquitaine et du Languedoc du IXe au XIe siècle : Toulousain, Périgord, Limousin, Poitou, Auvergne, Oxford, 2004, ouvrage qui semble peu connu des chercheurs français.

L’art roman est riche de multiples ouvrages à des niveaux très différents qui vont de synthèses/présentations régionales ou nationales jusqu’à des études locales de monuments ou de mobiliers. Il ne saurait être question ici d’aller au-delà des ouvrages qui nous ont été communiqués. Avec ses Ombres et lumières romanes, Luçon, 2003, A. Erlande-Brandenburg nous offre un « tour de France » somptueusement illustré. Les illustrations sont particulièrement bienvenues dans les catalogues d’exposition comme : El romanico y el Mediterraneo, Cataluňa, Toulouse y Pisa, 1120-1180, Barcelone, 2007 où parmi les 120 numéros figurent deux œuvres en provenance de Saint-Guilhem-le-Désert, un panneau d’apôtres et docteurs et un portrait féminin retaillé dans une sculpture antique. Chr. Sapin et ses collaborateurs offrent une Bourgogne romane (Dijon, 2006) qui ne manque pas de nous faire regretter la quasi disparition de Cluny dont l’assise de l’abbatiale reste scandaleusement occupée par des bâtiments privés et… par des haras nationaux !!! Dans la série des « oubliées » où nous avons l’ouvrage de P.-A. Clément pour le bas-Languedoc, A. Tremolet de Villers a livré : Églises romanes oubliées du Gévaudan, Montpellier, 1998.

Le Centre Marcel Durliat de Moissac a publié une série d’études : Hauts lieux romans dans le Sud de l’Europe (XIe – XIIe siècles), Cahors, 2008 où Moissac tient la meilleure place, et la Revue d’Auvergne a consacré un numéro de 1999 aux Actes d’un colloque tenu à Issoire en 1995 sur le thème : L’Invention de l’art roman au XIXe siècle, l’époque romane vue par le XIXe siècle.

J.-B. de Vaivre a étudié La commanderie d’Epailly et sa chapelle templière durant la période médiévale, Paris, 2005 on souhaiterait que toutes les commanderies aient des monographies de cette qualité. De son côté R. Aussibal a étudié Les stèles discoïdales rouergates, Millau, 2007, qui s’inscrit dans la suite des recherches qui avaient été initiées dès 1980, lors d’un colloque de la fédération archéologique de l’Hérault à Lodève par Pierre Ucla et ses amis.

Le nom de Henri Focillon est connu de tous les historiens d’art et son Art des sculpteurs romans, recherches sur l’histoire des formes, Paris, 1931-1964 a souvent été le premier livre d’un bon étudiant de l’époque. C’est donc l’occasion de signaler le catalogue de l’exposition de Lyon 2004 : La vie des formes, Henri Focillon et les arts, Lyon, 2004.

La question des chœurs des cathédrales et abbatiales si bien débattue par Bernard Chedozeau a donné lieu en 1999 à un colloque à La Coruňa : Los coros de catedrales y monasterios : arte y liturgia, La Coruňa, 2001. A Aoste, R. Berton a publié Les chapiteaux et les stalles médiévaux d’Aoste, Aoste 1996 et J.-Cl. Ghislain a étudié : Les fonts baptismaux en pierre bleue des ateliers du Namurois (ca. 1150-1175), Namur, 2009.

V. Gaggadis-Robin a publié Les Sarcophages paiens du Musée de l’Arles antique, (Arles, 2005) qui possède, comme on le sait, une extraordinaire collection de ces œuvres qui ont été produites par ses ateliers. Le sujet avait été autrefois (1954) traité par Fernand Benoit établissant ainsi des bases solides. Depuis les études se sont multipliées et ont concerné cette production ainsi que toutes celles sorties d’Italie. Le Sud-Ouest lui-même a fait l’objet d’explorations pour mettre en lumière des ateliers qui ont œuvré à la fin de l’Antiquité. Grâce à tous ces travaux l’auteur peut donner un catalogue d’une très grande qualité. Il convient de remarquer l’illustration et les photographiques du laboratoire photographique du Centre Camille Jullian qui, une fois de plus, a montré tout l’éventail de ses compétences. Ces sarcophages constituent un grand répertoire iconographique, utilisant les textes sacrés, et qui par leur diffusion les faisaient largement connaître. En dehors d’Arles on trouve aussi ces sarcophages comme sépulture insigne – en certains cas probablement ou sûrement réutilisée – comme à Saint-Guilhem-le-Désert avec, éventuellement, un « supplément » de sculpture de l’époque ! Bien évidemment ces sépultures étaient réservées à des familles fortunées ou à des personnages saints ou d’église la révérence ou la vénération populaire pouvait les accompagner. [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Saint-Guilhem-le-Désert et ses cloîtres

Qu’un récent ouvrage sur ce thème publié par Actes Sud en 2009 ait pu ignorer, entre autres, le dossier paru dans la revue, 10, 1994 sous le titre de : Les cloîtres de l’abbaye de Gellone… permet de comprendre que la plupart des hypothèses et des propositions avancées là ont été « empruntées ». Il serait vain de relever ici, page par page, les erreurs et confusions regrettables dans un fascicule pour le grand public ! [Jean-Claude RICHARD RALITE]

Joseph Lanet, Mémoires de Résistance.
La création et l’organisation de l’Armée secrète à Béziers, Saint-Pons, Bédarieux et Narbonne

Joseph Lanet, Mémoires de Résistance. La création et l’organisation de l’Armée secrète à Béziers, Saint-Pons, Bédarieux et Narbonne, édition scientifique établie par Guy Roger et les Archives départementales de l’Hérault, Sampzon et Montpellier, Éditions Delatour France / Conseil général de l’Hérault, 2010, 238 pages, 21,10 euros.

Rares ont été les ouvrages consacrés à la Résistance dans le Biterrois et plus globalement dans la région R 3-2 comprenant l’arrondissement de Béziers et celui de Narbonne. Cet oubli est aujourd’hui réparé depuis l’édition des mémoires de Joseph Lanet, ancien responsable de l’Armée secrète puis des Mouvements unis de la Résistance en R-3-2. On se doit de saluer cet ouvrage d’autant plus que son histoire relève du roman. Inachevées à la mort subite de Joseph Lanet, les différentes parties de ces mémoires tombèrent dans l’oubli. Seuls quelques Résistants et historiens connaissaient l’existence de ces documents. L’initiative conjointe de Guy Roger, un cousin de Joseph Lanet et des Archives départementales de l’Hérault a permis la publication de ce document. Cette édition a d’autant plus de valeur qu’elle a su s’appuyer sur les apports de Francis Jouvin, l’un des derniers cadres encore vivants de l’AS en R 3-2 mais aussi d’André Dau et Pierre Duviols, du Musée régional de la Résistance de Castelnau-le-Lez.

Les mémoires de Joseph Lanet couvrent une période précise, celle de son engagement dans la Résistance, en 1942 jusqu’en juin 1944. Les derniers mois de l’occupation sont partiellement abordés, le décès de Lanet laissant la fin du manuscrit en l’état. De même, n’est pas couverte la période de la Libération et de la mise en place des autorités provisoires, période particulièrement agitée à Béziers pendant laquelle Joseph Lanet joua un rôle de premier plan (« Affaire Malafosse », exécutions sommaires dans la prison de Béziers, destitution du sous-préfet, « la question du Midi-Libre », les conflits au sein du M.L.N.). Enfin, le sous-titre de l’ouvrage délimite à juste titre le sujet. Il s’agit principalement des souvenirs personnels (complétés par Francis Jouvin sollicité par Joseph Lanet puis par Guy Roger) de l’organisation de l’A.S. du mouvement Combat puis des M.U.R. en R-3-2 de 1942 à 1944. Ces souvenirs sont moins riches quant à la période 1040 – début 1942 mais aussi sur le fonctionnement d’autres branches de Combat puis des M.U.R. ainsi que sur les autres mouvements et réseaux de la Résistance intérieure.

L’ouvrage, qui se lit très facilement, débute par l’entrée de Joseph Lanet dans la Résistance biterroise par l’entremise de son ancien condisciple de la faculté de Droit, Pierre Malafosse. Avec précision, mais sans nous noyer dans le détail, Lanet explique les recrutements en vue de constituer l’A.S. sur l’ensemble de la R-3-2. Ce faisant, il nous donne à voir les réseaux sur lesquels s’appuie le développement de la Résistance dans le Biterrois urbain et rural. On y mesure notamment le poids des solidarités socialistes, radicales et maçonniques, mais aussi celle des militaires notamment dans les branches militaires. On peut aussi bénéficier d’une analyse fine de l’organisation de l’A.S puis des M.U.R., de l’échelon de base à son niveau départemental. Au-delà de cette présentation organisationnelle, on peut lire, sous la plume de Lanet, comment de simples citoyens apprennent, progressivement, à s’organiser efficacement dans la clandestinité. Progressivement, Lanet met en place une organisation résistante en capacité de disposer de relais sur l’ensemble du territoire dont il a la responsabilité. Grâce à ses sources d’information, la livraison d’armes et d’explosifs dès la fin de l’année 1943, l’A.S. devient en capacité de faciliter le renseignement des Alliés et d’instaurer une politique systématique durant l’année 1944 de sabotages des infrastructures et du matériel à destination de l’occupant. Ceci étant dit, cette dernière période est aussi celle des coups les plus durs portés par la Gestapo, de l’arrestation de la famille Abbal à Bédarieux, à celle de l’équipe chargée de l’exécution du chef du groupe Collaboration de Sète. Dans la dernière phase, celle des préludes de la Libération, Lanet explique en détail les modalités de préparation de cette période, de l’organisation de la montée au maquis à la mise en place du sabotage systématique des infrastructures pour paralyser les mouvements allemands. C’est cette lecture qui permet de comprendre que les Résistants locaux ont agi début juin 1944 en croyant à l’imminence d’un débarquement qui n’aura lieu finalement qu’en Normandie. Ce contexte permet, au final, de mieux comprendre le choix de la montée au maquis… choix qui débouche sur le drame de Fontjun sur lequel Lanet donne sa version.

Un livre de mémoires sur la Résistance dans la région ne pouvait faire l’impasse sur la question politique, et notamment sur les rapports avec les communistes. On aurait pu s’attendre de la part de Lanet, un homme de droite, devenu secrétaire général de l’U.D.S.R. a une conséquente analyse politique de la Résistance. Ce n’était manifestement pas l’objectif de son livre. Ceci étant dit, il n’en souligne pas moins les difficultés rencontrées avec le Parti communiste ou en tout cas certains de ces représentants, notamment Gérard Suberville, Janvier, responsable de l’Action ouvrière puis des F.F.I. mais aussi Gilbert de Chambrun. C’est l’une des raisons qui explique le fait que l’A.S. biterroise, selon le récit de Lanet, choisisse de se mettre sous les ordres du délégué militaire régional plutôt que sous ceux de Janvier… d’où des menaces verbales qui allèrent loin entre les différents protagonistes.

Pour conclure, un ouvrage précieux pour qui veut comprendre l’histoire de l’Armée secrète dans la partie Ouest du département si l’on fait abstraction de trois coquilles (Matan Émile au lieu de Mathan Emile p. 15 ; Gibard au lieu de Gitard Marceau p. 174 ; Charrier chef régional des M.U.R. et non du seul R.O.P., p. 71.). Cette connaissance est d’autant mieux assimilable que l’ouvrage bénéficie d’un index des pseudos. On y trouve aussi un index des Résistants qui mériterait de s’étoffer avec les notices biographiques du nouveau dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier. On est par contre déçu de la bibliographie qui aurait mérité plus d’exhaustivité pour un ouvrage de cette importante. Enfin, il faut souligner l’originalité du livre la concomitance de sa parution avec le dépôt des archives de Joseph Lanet aux Archives départementales de l’Hérault, l’essentiel de ces fonds concernant les matériaux du livre et les manuscrits originaux. On peut ainsi faire d’intéressants allers-retours entre le livre et les archives en question. [Olivier DEDIEU]