Notes et informations 1995-1996
Notes et informations 1995-1996
p. 249 à 262
[1] Autour de l'an mil
C’est autour de l’an mil que s’est opérée la transition entre la société carolingienne et le Moyen Age féodal. Le sujet n’est pas nouveau et a, depuis longtemps, alimenté de longues polémiques historiques et philosophiques sur le féodalisme. Il convient, chaque fois, de fonder les recherches sur des sources précises qui, sans être négligeables, restent limitées (Les sociétés méridionales autour de l’an mil, répertoire des sources et documents conservés, sous la direction de M. Zimmermann, Paris, 1992, avec M. Bourin-Derruau, Le Bas-Languedoc, p. 55 à 106). On ne saurait oublier toute l’importance des écrits en relation avec les vies de saints fondateurs de sites éponymes (saint Benoît d’Aniane, saint Guilhem… ) ou dont les reliques étaient soumises à de grandes vénérations et à des luttes farouches entre églises et monastères (Hagiographies, 1, Turnhout, 1994, La Gallia du Sud, 930-1130, par P. Bonnassie, P.-A. Sigal et D. Iogna-Prat, p. 289-344).
Enfin un certain nombre de thèses de doctorat, en cours ou publiées, consacrées à de grandes dynasties familiales (voir Cl. Amado, Études sur l’Hérault, 7-8, 1991-1992, p. 89-109 (sur les Guilhems de Montpellier) et 10, 1994, p. 139-148 (sur la Famille aristocratique languedocienne dans les vicomtés de Béziers et d’Agde) sont venues renouveler l’histoire denotre région entre Catalogne, Provence et Languedoc (on citera seulement ici, sans vouloir être complet, les œuvres de M. Aurell, Ll. To Figueras, H. Debax, L. Macé, G. Langlois, I. Real, Ch. Lauranson-Rosaz, L.-M. Paterson, B. Vidal…).
Ce renouvellement dépend, bien entendu, des sources même si, naturellement, les XIe-XIIIe siècles sont mieux pourvus (H. Katsura, Serments, hommages et fiefs dans la seigneurie des Guilhem de Montpellier [fin XIe début XIIIe siècle], Annales du Midi, 104, 1992, p. 141-161). Sans affirmer ici que ce sont les grandes familles qui ont « fait » l’histoire, on ne saurait passer sous silence leur rôle essentiel, même si tout ne se trouvait pas dans les châteaux, ni dans les villes (J.-L. Biget, Les villes du Midi de la France au Moyen Age, Panoramas urbains, situation de l’histoire des villes, Paris, 1995, p. 149-172) ni dans le monde rural (L. Schneider, Habitat et genèse villageoise du haut Moyen Age, l’exemple d’un territoire du Biterrois nord-oriental, Archéologie du Midi médiéval, 10, 1992, p. 3-37).
Il reste qu’historiquement les environs de l’an mil ont bien été un moment capital de l’histoire : un monde nouveau commençait mais pétri d’un vieil héritage… [Jean-Claude Richard].
[2] Ethnosud...
Sous ce titre paraît le Bulletin de liaison de l’Atelier de Rencontres et de Recherches Comparatives en Ethnologie (dir. Maurice Duval et Chr. Jacquelin), dont le n° 5 est daté d’avril-juin 1996.
Il s’agit d’un support de communication qui donne les informations culturelles et scientifiques et les programmes du « Bistro des ethnologues » qui a un grand succès à Montpellier. Bien entendu, publications, revues, rapports et expositions sont rapidement signalés car ce qui est apprécié du public c’est bien, avec la régularité de la parution, la concision et la diversité des informations [Jean-Claude Richard].
[3] Problèmes islamiques
La récente publication de P. Tucoo-Chala (Quand l’Islam était aux portes des Pyrénées, de Gaston IV le Croisé à la croisade des Albigeois [XIe-XIIIe siècles], Biarritz, 1994) est une bonne occasion de s’interroger sur les relations de notre région, depuis les VIIe-VIIIe siècles jusqu’au Moyen Age, avec la Péninsule Ibérique et ses occupants musulmans. L’importance des limites, des frontières, leur caractère étanche ou perméable, les enjeux qui vont largement au-delà du politique ont été fortement mis en lumière dans deux recueils d’études (Histoire et archéologie des terres catalanes au Moyen Age, sous la direction de Ph. Sénac, Perpignan, 1995; Frontières terrestres, frontières célestes dans l’Antiquité, sous la direction de A. Rousselle, Perpignan, 1995).
Depuis le travail pionnier mais controversé de J. Lacam (Les Sarrazins dans le Haut Moyen Age français, Paris, 1965), on n’a pas cessé de s’interroger sur la présence et la nature de l’occupation du Sud de la France mais les sources littéraires arabes ne sont pas toujours utilisées sauf exception (voir, par exemple, Ph. Sénac, Note sur le Fraxinet des Maures, Annales du Sud-Est varois, 15, 1990, p. 19-23) et les documents archéologiques restent peu nombreux (on citera à nouveau, ici, les deux stèles conservées au Musée languedocien de Montpellier qui passent pour provenir l’une d’Aniane, l’autre de Montpellier J. Jomier, Deux fragments de stèles prismatiques conservés à Montpellier, Arabica, 1, 1954, 212-213).
En réalité, il y a pour les siècles qui vont de la fin de l’Empire romain à l’époque carolingienne, de vastes chantiers archéologiques susceptibles d’éclairer les occupations humaines, les échanges et les relations qui, dans bien des cas, ne seront renouvelés qu’au XIe siècle [Jean-Claude Richard].
[4] Les noms de lieux de l'Hérault
Depuis la publication, en 1983, de l’ouvrage fondamental de F. R. Hamlin Les noms de lieux de l’Hérault, nouveau dictionnaire topographique et étymologique, de nombreuses études ont vu le jour qui ont apporté à l’auteur une riche moisson à exploiter. A l’occasion d’une réimpression de cet ouvrage, aux éditions Lacour à Nîmes en 1988, un supplément a été inséré, en tête du volume (7 pages) : il s’agit de l’étude de A. Cabrol et F. R. Hamlin, Les noms de lieux de l’Hérault : une première mise à jour, Nouvelle Revue d’Onomastique, 7-8, 1986, p. 134-138. Tout récemment, les mêmes auteurs viennent de publier Les noms de lieux de l’Hérault : une deuxième mise à jour, Nouvelle Revue d’Onomastique, 25-26, 1995, p. 165-188, qui constitue un apport très notable au volume et au complément précédent. Non seulement les auteurs ont pu intégrer de gros volumes de textes nouveaux (Vabres, Gellone, Montagnac, Montpellier…) mais aussi des études ponctuelles comme celles d’André Soutou. II est clair en ce domaine que la recherche ne peut faire de progrès sans la publication des documents originaux, en particulier du Moyen Age, sous peine de verser, comme on le voit trop souvent, dans un approximatif journalistique… Le Cartulaire du chapitre d’Agde vient d’être édité, à partir du meilleur manuscrit, par le professeur R. Foreville, et on attend bientôt la publication du Cartulaire des Trencavels par Mme H. Debax et du Cartulaire de Valmagne par Henri Barthès. Il y a encore à souhaiter la publication du Cartulaire de Psalmodi et bien des documents de nos anciens évêchés et abbayes, toujours inédits. C’est à ce prix, que dans un avenir que nous espérons proche, les auteurs du dictionnaire de l’Hérault pourront réaliser une véritable nouvelle édition indispensable à tous les historiens [Jean-Claude Richard].
[5] Société archéologique de Béziers
Le Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers (la Société a été fondée en 1834) paraît régulièrement depuis le premier volume de la première série, en 1836 ! Le volume 6 (1994-1995) de la septième série (dir. Jean-Denis Bergasse) est le dernier sorti et rend fidèlement compte des activités de la Société, des conférences et études centrées sur Béziers et le Biterrois mais qui vont souvent au-delà des limites « naturelles » du domaine de la Société. Cette publication va de pair avec une rénovation du siège de la Société et une dynamique particulièrement bienvenue. (J.-D. Bergasse, La création des dix musées de Béziers et la Société archéologique depuis 1834 (Cessenon, 1992, 191 pages) [Jean-Claude Richard].
[6] Musée Fabre de Montpellier, expositions et publications
Il convient de saluer la récente publication par Michel Hilaire, conservateur du Musée Fabre, d’un ouvrage général sur son musée, richement illustré et particulièrement agréable à lire : Le Musée Fabre, Montpellier, Paris, 1995 (128 pages). Ce volume marque bien le rôle indispensable d’un grand musée et la nécessité d’offrir des expositions de qualité. La rénovation de l’ancien Pavillon Populaire, sur l’Esplanade, a permis d’offrir au musée une salle de neuf cents mètres carrés où ont été accrochées plusieurs belles expositions. On se rappelle l’exposition Grand Siècle de 1993 (Grand Siècle, peintures françaises du XVIIe siècle dans les collections publiques françaises, Montréal-Rennes-Montpellier 1993, Paris, 1993) qui a suivi celle de Frédéric Bazille (Frédéric Bazille et ses amis impressionnistes, Montpellier 1992, Brooklyn 1992-1993, Montpellier-Paris, 1992; voir aussi : D. Vatuone, Frédéric Bazille, correspondance, Montpellier, 1992 et F.-B. Michel, Frédéric Bazille, Paris, 1992…). En 1995, c’est Jean Hugo, une rétrospective, Pavillon du Musée Fabre-Montpellier 1995, Arles, 1995, et une rétrospective Vincent Bioulès (1965-1995) (Vincent Bioulès, parcours 1965-1995, Le Paysage à Marseille dans les années 1990, Musée de Toulon 1995, Toulon, 1995; Vincent Bioulès, Peindre entre les lignes, collections, écrits d’artistes, Paris, 1995).
Le Musée Fabre est entré « dans une phase de réfection et de restructuration.., la Bibliothèque municipale va quitter le bâtiment du musée., tout le bâtiment ainsi récupéré va permettre un redéploiement des collections » (M. Hilaire, Papiers libres, n° 5, juin 1996, p. 25). Il est clair que le musée prendra de nouvelles dimensions, pourra mieux présenter ses richesses actuelles et, enfin, s’ouvrir à de nouveaux horizons, en particulier dans la peinture du XXe siècle.
Nous profiterons de ce sujet pour signaler un catalogue d’un autre musée de Montpellier, trop peu connu : Musée des Moulages, guide illustré, Montpellier Université Paul Valéry, Montpellier, 1991 (catalogue par Chr. et F. Llinas, F. Robin, R. Saint-Jean). Fondé en 1890, le Musée des Moulages contient 450 oeuvres de l’Antiquité au Moyen Age et disposait d’anciens catalogues (1890 et 1904) que l’actuel remplace avantageusement et invite à une visite [Jean-Claude Richard].
[7] Les Bénédictins et la Belgique
On connaît le Bulletin d’histoire bénédictine, supplément à la Revue Bénédictine éditée par l’abbaye de Maredsous (B-5537-Denée) : le tome XI (1985-1990) et le tome XII (1991) offrent des dépouillements bibliographiques très étendus, classés selon quatre grandes rubriques Saint Benoît et sa Règle, Généralités, Histoire des monastères, Biographies. L’Histoire des monastères, en dix-sept chapitres, donne, dans l’ordre alphabétique, à l’intérieur des divisions territoriales (continent ou pays), les études connues concernant chaque abbaye (une table d’auteurs et une table des matières facilitent heureusement les recherches). Il s’agit donc d’une véritable illustration de l’érudition bénédictine. Il convenait de saluer, ici, la récente sortie par les éditions Brepols de Turnhout d’une réimpression de l’ouvrage classique, mais rarement présent dans nos bibliothèques, de Dom L. H. Cottineau, Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés (Mâcon, 1939 et 1970 : volume I (A-L), II (M-Z), III (supplément édité par Dom. G. Poras). Dom Cottineau (Luçon 1863 – Farnborough 1936) consacra trente ans à la rédaction de ce Répertoire, dont le Bulletin d’histoire bénédictine est le complément annuel même s’il est clair qu’un seul homme, fut-il bénédictin, ne pouvait pas connaître tous les lieux concernés et être au fait des détails locaux et de la bibliographie complète, il n’en reste pas moins vrai que le Cottineau est un outil indispensable que toutes les bibliothèques pourront maintenant offrir dans leurs usuels. [Jean-Claude Richard].
[10] Bulletin historique de la ville de Montpellier
Le premier numéro de ce Bulletin, paru en décembre 1982, a ouvert une suite dont le vingtième fascicule est sorti en janvier 1996 par les soins des Archives municipales (dir. Anne-Marie Rames). Cette dernière livraison est d’autant plus précieuse qu’elle donne la Table des Auteurs de l’ensemble (plus de quatre-vingt collaborateurs) ainsi qu’une bibliographie sur Montpellier pour les années 1990-1995. On trouve dans celle-ci des articles connus et facilement accessibles mais aussi des études parues dans des lieux ou des revues éloignés de l’Hérault. Certes l’objet de ce Bulletin est bien la ville de Montpellier mais sa position ancienne et toujours actuelle de « capitale » donne un écho particulier à son histoire. (L’Histoire de Montpellier du chanoine d’Aigrefeuille, dans son édition en quatre volumes par L. de La Pijardière, au XIXe siècle, a été réimprimée en 1995 à Nîmes.) Par ailleurs, Montpellier a accordé origine ou asile à des personnalités très diverses qui sont souvent [plus] célèbres ailleurs mais dont on peut retrouver les traces [Jean-Claude Richard].
[ 11 ] L'occitan est-il encore parlé ?
Connaître l’importance réelle d’une langue sur le terrain est une tâche indispensable et, à plus forte raison, lorsqu’il s’agit d’une langue dite « minoritaire ». E. Hammel et Ph. Gardy viennent de publier les résultats d’une enquête de terrain : L’Occitan en Languedoc-Roussillon 1991 (Perpignan, 1994, 204 pages) qui est limitée à la région de programme mais permet de saisir de près ce que représente la langue d’oc.
Par ailleurs, on connaît des résultats d’un sondage de Média-Pluriel-Méditerranée – Montpellier qui ont été communiqués par la Région Languedoc-Roussillon sous forme d’une fiche que nous reproduisons [Jean-Claude Richard].
Pratique
- Une personne sur deux comprend l’occitan (48 %),
- Une personne sur quatre sait parler occitan (28 %),
- 9 % de la population interrogée parle souvent ou quotidiennement,
- 13 % de la population sait lire sans difficulté. 6 % sait écrire.
Représentations
- Une personne sur trois a cité spontanément l’occitan comme langue parlée en Région (32 %),
- 46 % des personnes interrogées sont attachées à l’occitan,
- Deux personnes sur trois pensent que la pratique de cette langue diminue,
- Trois personnes sur quatre sont favorables à l’existence de panneaux bilingues, indicateur de rues ou de villes.
Sociologie
- 6 % des 18-24 ans parlent bien, contre 52 % chez les 65 ans et plus,
- Les agriculteurs (55 %) et les retraités (53 %) sont les groupes sociaux qui comptent le plus de locuteurs,
- Les hommes (59 %) savent plus parler que les femmes ; (41 %),
- La transmission naturelle de la langue semble actuellement en baisse rapide.
Apprentissage
- 24 % des personnes interrogées souhaitent apprendre l’occitan ou se perfectionner,
- 80 % souhaitent qu’on offre à tout le monde la possibilité d’apprendre l’occitan à l’école,
- 48 % souhaitent ou souhaiteraient que leurs enfants apprennent cette langue.
Géographie
- Dans l’est de la région,
40 % de la population comprend,
20 % sait parler, mais parle peu (5 %),
10 % sait lire et,
4 % sait écrire l’occitan.
- Au contraire, à l’ouest et dans la montagne
la population comprend à 75 %,
parle à 55-60 %, dont 25 % fréquemment,
sait lire à 33 % et – sait écrire à 12-14%.
- Les communes rurales et les petites villes sont le bastion de l’occitan : 33 % de la population parle fréquemment occitan,
- Dans les villes moyennes, plus de 40 % de la population comprend et plus de 25 % parle fréquemment,
- Dans les grandes villes (Nîmes, Montpellier), 25 à 30 % de la population comprend l’occitan, mais peu de personnes le parlent fréquemment.
[12] Fabre d'Olivet (1767-1825) oublié et méconnu ?
La ville de Ganges s’honore d’avoir donné le jour à A. Fabre d’Olivet qui est trop souvent confondu avec… Fabre d’Eglantine ! Pourtant, notre Gangeois est d’une toute autre nature : poète il l’a été mais aussi auteur de théâtre, romancier, philosophe, linguiste, écrivain d’oc… Lui dont l’ascendance protestante (marquée par son oncle Jean : A. Nadal, Le protestant nîmois Jean Fabre, « l’honnête criminel », Nîmes, 1986) est restée déterminante. L’abbé A. André (Un gangeois méconnu… Fabre d’Olivet (1767-1825), Nîmes, 1986) a résumé cette vie marquée, historiquement, par la Révolution et le Premier Empire, à Paris, en utilisant la belle thèse de L. Cellier (Fabre d’Olivet, contribution à l’étude des aspects religieux du Romantisme, Paris, 1953) et l’autobiographie de l’auteur (Mes Souvenirs, Nice, 1977; les éditions Belisane ont aussi publié deux volumes de Miscellanea en 1978 et 1982, avec des réimpressions de textes rares). G. Kremnitz a édité et commenté la grammaire de Fabre (Fabre d’Olivet, la langue d’oc rétablie, grammaire, Wien, 1988).
Mais c’est l’Association Fabre d’Olivet de Ganges, présidée par David Steinfeld, qui a livré le plus important volume par l’édition de la totalité du manuscrit d’Hyères : La Langue d’Oc rétablie dans ses principes, Barcelone-Ganges, 1989, un très gros volume de 942 pages, toujours disponible. Dans ce domaine Fabre d’Olivet a une place éminente et on le considère comme l’ancêtre du Félibrige : il est l’inventeur du mot « occitanisme » (M. Barral, Fabre d’Olivet (1767-1825), Le Troubadour, poésies occitaniques du XIIIe siècle (1803), Bulletin de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier 1992, p. 45-61.
Un auteur donc aux multiples facettes dont l’œuvre redevient disponible et qui doit retrouver une bonne place non seulement à Ganges et dans l’Hérault mais bien en Languedoc et dans la France [Jean-Claude Richard].
[14] Les députés de l'Hérault
Dans le tome 7-8, 1991-1992 de la revue, une première version, réduite, a été publiée par Jean Sagnes qui vient de livrer l’étude complète sous le titre : Les députés de l’Hérault aux Assemblées révolutionnaires (1788-1799) (Nîmes, 1996, 177 pages). Une longue annexe donne une riche « liste des publications des députés de l’Hérault aux Assemblées révolutionnaires avant, pendant et après leur mandat » qui sera bien utile à tous.
Avec un siècle de décalage (l’étude de la période intermédiaire est à faire), Pierre Trinquier publie : Trente élections, un siècle de « politique héraultaise », 1893-1993 (Nîmes, 1996, 285 pages) ouvrage qui ne concerne pas seulement les élections législatives et qui donne les résultats circonscription par circonscription et canton par canton. L’abondance des tableaux, de graphiques et des cartes rend très facile la consultation. [Jean-Claude Richard].
[15] Résistances et Libération
Depuis la publication en 1992 de la thèse de G. Bouladou (L’Hérault dans la Résistance : 1940-1944, 210 pages, avec trente-sept planches de documents et une bibliographie), les ouvrages se sont multipliés de même que les articles (Études sur l’Hérault, 9, 1993, p. 59-72).
Pour l’Hérault, des travaux universitaires ont été édités P. Néolas, La Résistance dans les hauts cantons de l’Hérault (1940-1945), Montpellier, 1995 ; E. Bergès, Quatre ans d’incertitude, la Résistance dans la haute vallée de l’Orb, Montpellier 1995 ; J. Alric, L’organisation de résistance de l’armée en Languedoc-Roussillon (R3), Montpellier 1995, ou sont encore inédits (J.-L. Bouniol, Le canton de Clermont- l’Hérault pendant la Seconde Guerre mondiale, Montpellier, Université Paul Valéry, 1995, direction Prof. J. Maurin… ). Des témoignages d’acteurs et de témoins directs, très divers sont édités (J.-A. Mataix, L’été de mes vingt ans, parcours dangereux sous l’Occupation (1942-1944), Nîmes, 1992, et L’Amour de l’armée lasse, 1944-1945, souvenirs d’une période agitée, Nîmes, 1995… ou restent inédits et diffusés à quelques exemplaires, parfois dans l’attente d’un éventuel éditeur (J. Robin, 19 août 1944, l’aviation alliée en action dans l’Hérault, 1996).
Certes, ces témoignages ne représentent que des aspects partiels mais ils existent. Certains d’entre eux ne vont pas au-delà d’un discours oral dont on peut retrouver les traces dans des ouvrages généraux (F.N.D.I.R. / U.N.A.D.I.F., Leçons de ténèbres, résistants et déportés, Paris, 1995, sous la direction de J. Manson) ou dans les rapides synthèses de la collection Que sais-je ? (J.-F. Muracciole, Histoire de la résistance en France, Paris, 2 édition, 1996; Histoire de la France Libre, Paris, 1996.
Le département de l’Hérault a encore besoin de recherches quasiment canton par canton, sinon commune par commune pour les plus importantes, et doit, de toute urgence, recueillir les derniers témoignages et les documents : les archives départementales sont le lieu de dépôt de cette mémoire (en original ou en copie) d’autant plus que des séries, encore récemment inaccessibles, peuvent être maintenant consultées. Nous savons que cette période est encore trop récente pour être étudiée avec sérénité mais il faut faciliter les recherches pour les nouvelles générations. Comment, aujourd’hui, alors que témoins, acteurs, familles, sont vivants, est-il possible de parler sereinement de la Résistance, de la Collaboration (active et passive !), de la Milice, des exécutions sommaires, de l’épuration, des partis et factions politiques en lutte pour le pouvoir, du grand espoir de la Libération, rapidement estompé… La Commission départementale de l’Information historique, prévue par la loi, n’est pas constituée et ne peut donc réellement travailler et coordonner un domaine dont on voit bien qu’il peut produire de grandes dérives.
On retrouve des problèmes similaires dans les départements voisins qui ont appartenu à la même région que l’Hérault et qui ont eu aussi un rôle important dans l’histoire des maquis. Pour l’Aveyron, une série de volumes parus récemment ont fait progresser considérablement les connaissances (Mémorial du Rouergue en Résistance, Rodez, 1991 ; L’Aveyron en résistance, Les témoins et l’histoire, colloque de Saint-Affrique 1-2 octobre 1993, Rodez, 1994 ; Chr. Font et H. Moizet, Les juifs et l’antisémitisme en Aveyron, Toulouse, 1994 ; L’Aveyron 1939-1945, un département dans la guerre, colloque de Rodez 17-18 mars 1995, Rodez, 1995 ; Chr. Font et H. Moizet, L’Aveyron et les Aveyronnais dans la Deuxième Guerre mondiale, Toulouse, 1995 ; Maquis et combats en Aveyron, chronologie 1934-1944, opinion publique et résistance dans l’Aveyron, Toulouse 1995…); pour le Gard, parmi de nombreux ouvrages, la synthèse d’A. Vielzeuf (A. Vielzeuf, Quand le Gard résistait (1940-1944), Le temps des pionniers, Nîmes 1996; deux autres volumes prévus), sans oublier tous les ouvrages qui, à un titre ou un autre, touchent le département (M. Chevance-Bertin, Vingt mille heures d’angoisse, 1940-1945, Paris, 1990) ou un domaine particulier, comme par exemple, les Chantiers de jeunesse (P. Mazier, L’Espelido, histoire des chantiers de la jeunesse en Languedoc-Roussillon, Nîmes, 1989 ; Un Chantier de jeunesse du Languedoc pendant l’Occupation allemande, Histoire du groupement 24, Nîmes, 1993).
Enfin, récemment s’est tenu à Montpellier, le 14 mars 1996, à l’initiative de M. A. Souyris-Rolland, un colloque : « Les Forces Françaises de l’Intérieur du Languedoc méditerranéen, région R3, dans l’armée de la Libération ». La journée de travail qui a eu lieu à la Caserne de Lauwe (ancien siège de la Milice), aujourd’hui École du Commissariat de l’Armée de Terre, a connu une très grande affluence avec la participation de « chefs historiques » et de nombreux acteurs et témoins.
Les Actes sous presse (Éditions Preal, 23, rue Voltaire, 94110 Arcueil, 150 F franco, parution en décembre 1996) présenteront : l’Occupation allemande en Languedoc à la veille du débarquement de Provence (août 1994) (corps de bataille sur le littoral, administration des départements) ; le repli des Allemands vers la Bourgogne et les actions de harcèlement et de retardement conduites par les maquis contre les colonnes; la formation des unités de volontaires et leur rencontre avec les troupes venues d’Afrique du Nord ; les divers aspects de l’amalgame ; le bilan des unités volontaires (15 000 hommes) avec l’historique de chaque unité. Avec une telle masse de renseignements, il sera ainsi possible de mieux juger des résultats des maquis et de la Résistance dans sa phase combattante finale qui ne s’est pas limitée à l’Hérault mais qui a fortement contribué à la Libération nationale [Jean-Claude Richard].
[17] Le sou d'or d'Uzès
Parmi les plus rares monnaies émises dans le Languedoc, toutes périodes confondues, le « sou d’or d’Uzès » reste un cas particulier.
A ce jour, cinq exemplaires en sont connus : au droit figure un monogramme de Karolvs et, au revers, se lit la légende, en deux lignes : VCE//CIA. En 1954, Ph. Grierson (Le Moyen Age, 1954, p. 293-309) étudiait la série et après avoir, en un second temps, proposé l’émission à Vicenza (Italie), en 1965 (Karl der Grosse, 1965, I, p. 531-532), il est revenu à sa première conclusion, celle d’Uzès, conforme à la tradition des précédents auteurs (Ph. Grierson, M. Blackburn, Medievul European Coinage…, 1, Cambridge, 1986, p. 327-328) et daté de la fin du VIIIe siècle pour un usage cérémoniel. Une émission monétaire qui représente donc encore des énigmes même si, aujourd’hui, la date et le lieu d’émission, Uzès, ont l’accord des spécialistes [Jean-Claude Richard].
[18] Musée de Lattes en dynamique
Le musée de Lattes aurait pu seulement être une vitrine des découvertes de ce site mais, grâce à son conservateur, avec le concours des personnels du musée et de la ville de Lattes (auxquels il convient d’ajouter, tout le réseau de collègues et amis), ce « Musée archéologique Henri Prades » développe une politique d’expositions et de colloques de très grande qualité.
Depuis 1986, dix expositions ont offert des documents et des sujets présents au musée qui sont allées bien au-delà des bords du Lez : Les étangs à l’époque médiévale, d’AiguesMortes à Maguelone (1986), Les Gladiateurs (1987), Les derniers Romains en Septimanie, IVe-VIIIe siècles (1988), Les vases à mémoire, les collections de céramique grecque conservées dans le Midi de la France (1988), Le goût du théâtre à Rome et en Gaule romaine (1989), Cirques et courses de chars, Rome-Byzance (1990), Dieux guérisseurs en Gaule romaine (1992), Portes pour l’Au-delà, L’Egypte, le Nil et le « Champs des Offrandes » (1993), Le stade romain et ses spectacles (1994), « Barbares !? » (1996) (tous ces catalogues sont disponibles au musée). Certaines de ces expositions ont été accompagnées de « petits journaux », très grand public, qui donnent un sommaire de l’exposition et du catalogue.
Mais il faut saluer ici l’effort méritoire du conservateur Christian Landes qui a su « dépasser » ces expositions en organisant, avec certaines d’entre elles, des colloques Spectacula I, Gladiateurs et amphithéâtres (1990) (Actes du colloque de 1987), Spectacula II, Le cirque antique et ses spectacles (1996) (Actes du colloque de 1990).
Grâce à cette dynamique, le musée de Lattes est aujourd’hui un lieu fondamental pour l’archéologie et l’histoire, ouvert à tous – et même aux spécialistes ! qui sait mettre en valeur les richesses locales mais aussi les dépasser en les insérant dans l’ensemble de l’histoire du monde antique [Jean-Claude Richard].
[19] Dernières nouveautés
Quelques ouvrages viennent de sortir des presses :
Cahiers de Fanjeaux, 31, 1996 : Livres et bibliothèques (XIIIe-XVe siècles) ; abbé Joseph Rouquette, Recherches historiques sur la ville de Millau au Moyen Age, Nîmes, 1996 (réimpression de l’édition de 1888-1890 avec une présentation de J. Frayssenge) ; H. Marcorelles, J. Frayssenge, S. Groueff et E. Pelaquier, Pays et familles du Caylar (Hérault), Nîmes, 1996 ; Huit siècles de Mathématiques en Occitanie, de Gerbert et des Arabes à Fermat, Toulouse, 1995 (Actes du colloque de Toulouse et Beaumont de Lomagne, 1992) ; F. Lambert, Les noms de lieux de la vallée de Buège, Saint-Jean-de-Buège, 1996 ; J. Renouvier, Histoire de l’art pendant la Révolution, depuis 1789 jusqu’à l’an XII (1804) considéré principalement dans les estampes, Genève, 1996 (réimpression de l’édition de Paris, 1863, avec une présentation de J.-C. Richard et Ph. Régnier); P.-F. Pinaud, Cambacérès, 1758-1824, Paris, 1996; Lydie de Ricard, Aux bords du Lez, Nîmes, 1995 et L. Guiraud, Au sujet des Félibres rouges, quelques documents, Nîmes, 1996…
[8] Les fils de soie d'une bulle du pape Alexandre III (1159-1181)
Une bulle en plomb, en vente dans le commerce parisien en 1993, conservait en partie des fils qui servaient à la fixer au parchemin (disparu).
Un groupe de fils de soie de 8,5 cm de longueur, 9 jaunes et 7 rouge cramoisi, sont pris dans l’épaisseur de la bulle de plomb. Ils sont juxtaposés au milieu de la bulle, suivant son diamètre et ne semblent pas avoir jamais été entrelacés ni tressés. L’une des extrémités des fils dépasse de celle-ci sous forme de courts bouts de fils effrangés. Plusieurs fils rouges et jaunes sont rompus, mais les parties détachées sont restées entremêlées.
Du point de vue de leur structure, il s’agit de fils de 2 bouts Z d’environ 0,3 mm de diamètre, retors S, le diamètre du fil retors ainsi obtenu étant de 0,5 mm environ.
Deux analyses de colorants demandées au département spécialisé de l’Institut royal de Patrimoine et d’Histoire de Bruxelles ont révélé que la teinture jaune avait été obtenue à l’aide de Gaude, Reseda luteola L., et la teinture rouge cramoisi à l’aide de Garance des teinturiers, Rubia tinctorum L., deux colorants grand teint dont l’usage pour la teinture de la soie est attesté par de nombreux traités de teinture médiévaux [Dominique Cardon].
[9] Chartes carolingiennes d'Aniane et de Gellone
Restés dans la famille du syndic de l’abbaye d’Aniane depuis l’époque révolutionnaire, quatre parchemins de l’époque carolingienne viennent d’être déposés par M. de Benoist de la Prunarède aux Archives départementales. Restaurés par les soins des Archives nationales grâce au concours financier du Conseil général de l’Hérault, ces documents figurent désormais dans les collections départementales sous les cotes 1 J 1014 à 1 J 1017 et en représentent les pièces les plus anciennes.
Le texte même de ces actes était déjà connu. Il s’agit, en effet, pour le 1er du document désigné comme « diplôme de donation ou testament du comte Guilhem » daté du 14 décembre 804, publié dans les Preuves de l’Histoire générale de Languedoc de Devic et Vaissette, édition Privat, t. II, 1875, col. 65-66. Réputé longtemps authentique, ce document n’est en réalité qu’une copie figurée.
Le deuxième document (édité de même col. 67-68), « fondation et dotation de l’abbaye de Saint-Guilhem par saint Guilhem » en date du 15 décembre 804, estimé faux par M. Thomassy (Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, t. 2, p. 177) présente en fait des critères pouvant le faire considérer comme un acte original.
Le 3e acte édité aussi dans les Preuves de l’HG.L., ibid., col. 75-79, est connu comme la « donation de Braidingus au monastère d’Aniane », en date du 7 janvier 813.
Le dernier document est un diplôme de Louis le Pieux confirmant les dispositions prises par les abbés d’Aniane relatives à l’élection des abbés de Belle-Celle en Albigeois et étendant à leur établissement l’immunité dont jouit le monastère d’Aniane, daté d’Aix-la-Chapelle le 9 mars 819. Cet acte figure dans le cartulaire de l’abbaye (f° 18 r°); c’est l’acte VII de l’édition des Cartulaires des abbayes d’Aniane et Gellone, par Cassan et Meynial, t. II, p. 50-51.
Une étude approfondie de ces documents est en cours par M. Philippe Depreux, auteur d’une thèse consacrée aux actes de Louis le Pieux [Martine Sainte-Marie].
[13] Orfèvrerie de Montpellier et du Languedoc.
Généralité de Montpellier XVIIe et XVIIIe siècles
L’exposition qui s’ouvre au Musée Languedocien de Montpellier réunit – pour la première fois – les témoins rarissimes et précieux de la production des orfèvres de Montpellier : sucrier à poudre de François Poussan (16941695, Musée du Louvre, Paris), boîte à épices attribuée à Pierre I Freboul (1717-1718, Musée Languedocien, Montpellier), tasse à vin d’Hippolyte Dumas (1745-1750, Musée Calvet d’Avignon), écritoire de Jean Bellon (1770-1771, collection particulière), hochet à dix grelots de Marc-David-Pascal Bazille (1782, collection particulière), dispersés aujourd’hui dans les plus grandes collections publiques et privées. Cette manifestation tant attendue, s’inscrivant dans la lignée des travaux fondateurs de Jean Thuile, a pour objectif de faire connaître un patrimoine exceptionnel à un large public.
La variété de l’orfèvrerie civile en argent principalement destinée à l’art de la table, l’éclairage, la toilette, l’écriture et la dégustation du vin est particulièrement bien représentée : pots à oïlle, terrines et poêlons, cafetières et chocolatières, flambeaux et bougeoirs, aiguières et bassins, écritoires et coupes à vins, etc. Orfèvrerie d’apparat, ces objets somptueux, instruments d’ostentation, se parent d’une signification symbolique ou héraldique à la gloire de leur possesseur.
Quelques pièces d’orfèvrerie religieuse contribuent aussi à témoigner de l’âge d’or de l’orfèvrerie montpelliéraine.
L’œuvre d’orfèvrerie est le miroir du raffinement d’une société. Afin de donner au visiteur la vision la plus juste de ce que représentait l’orfèvrerie dans la civilisation française de l’âge classique à la Révolution, et plus précisément dans la capitale administrative de la Province de Languedoc, des décors intérieurs (table de qualité au XVIIIe, toilette de dame, bureau de M. de Boussairolles) ainsi qu’un atelier d’orfèvre ont été reconstitués, rappelant que dans cet art si rigoureux, formes, fonctions et savoir-faire sont indissociables.
Classicisme élégant (1690-1730), épanouissement rocaille (1730-1760), stylisation néoclassique (1760-1789), les styles, empreints de tradition, se succèdent sans rupture. Si les formes évoluent lentement, le décor subit l’influence de la mode. C’est par la finesse de ce décor, repoussé, ciselé, ajouré, que se distingue le génie de l’orfèvre : le détail ornemental vaut signature du maître. Dans le milieu des orfèvres, l’alliance du talent et du commerce favorise l’émergence de grands noms qui évoquent la réussite individuelle ou familiale : Fayet, Poussan, Freboul, Garlet, Miston, Bellon, Belleville…
Au fil de la visite, se dévoile l’originalité de l’orfèvrerie montpelliéraine, qui par sa sobriété et son sens de la mesure, atteint le luxe suprême de la simplicité. Des rapprochements s’imposent, et l’on ne peut que constater la place de choix qu’occupe l’orfèvrerie de Montpellier dans la production française parmi les grands centres régionaux et parisien. Certaines créations invitent à prononcer avec plus de prudence l’adage bien connu selon lequel la Providence ne ferait qu’imiter les modèles parisiens…
Cette exposition suscitera sans nul doute de nombreuses découvertes.
Un catalogue remarquable d’érudition et de qualité, relatant l’histoire des poinçons montpelliérains, enrichit la vision de cette belle exposition et donne une image séduisante de ce que fut l’orfèvrerie de Montpellier, si rare aujourd’hui [Hélène Palouzié].
Orfèvrerie de Montpellier et du Languedoc. Généralité de Montpellier XVIIe et XVIIIe siècles : Musée Languedocien. Hôtel des Trésoriers de France – 7 rue Jacques-Coeur, 34000 Montpellier. Tél. 67.52.93.03. Fax. 67.66.02.08.
Ouverture: du 21 juin au 19 octobre 1996, de 14h30 à 18h30, tous les jours sauf dimanche et jours fériés. Tarifs : entrée 30 F. Tarif réduit étudiants. Gratuité pour les Conservations des AOA.
Livre-catalogue : Laurent Deguara, Commissaire général de l’exposition, Président de la Société Archéologique de Montpellier et du Musée Languedocien, 1996, 144 p., 120 ill. couleur, 150 F.
[16] Compoix et inventaire de titres à Saint-Guilhem-le-Désert.
Pierre DAVID, Transcription manuscrite du compoix de Saint-Guilhem-le-Désert. Diocèse de Lodève, année 1748. Cahiers d’Arts et Traditions Rurales. Montpellier, n° 7, 1994, 384 p.
Collaborateur actif de l’association Arts et Traditions Rurales et spécialiste des moulins de l’Hérault et du Rouergue méridional, Pierre David s’est lancé cette fois dans la publication de sources inédites avec ce compoix de Saint-Guilhem-le-Désert de 1748 (conservé aux A.D. de l’Hérault sous la cote cc 8), dernier grand recueil avant la Révolution, des propriétaires. Les compoix ont été quelque peu délaissés par les historiens ces dernières années en raison bien souvent de leurs aspects répétitifs et de leurs difficultés d’exploitation sur le plan scientifique (problème d’interprétation des mesures, d’identifications de confronts et de parcelles entre autres). Cette initiative originale pourrait cependant relancer l’intérêt pour ce type de sources qui offre d’inépuisables renseignements sur les propriétaires, les maisons, les terres réparties sur le territoire communal. Véritables photographies de la richesse foncière, très utiles pour la connaissance des familles, des fortunes, des lieux et des tènements, les compoix et celui de Saint-Guilhem notamment très complet, mériteraient un traitement informatique approfondi comme l’a d’ailleurs entrepris Bruno Jaudon pour Tressan dans le cadre de l’Institut de Recherche historique pour l’Informatique et la Statistique (IRHIS) à l’université Paul-Valéry. En tout cas, pour l’heure, la transcription manuscrite de Pierre David pourra être sondée, utilisée, voire complétée par les divers spécialistes. Une étude de la microtoponymie est déjà engagée et devrait donner lieu à de sérieuses révisions. Cette publication est enrichie par ailleurs de documents annexes : carte de lieux habités, liste Des tènements du terroir, table alphabétique des propriétaires, choix d’actes notariaux portant sur des mutations de parcelles, exemples de généalogies, rôle de la contribution mobiliaire de 1793… Pierre David a fait œuvre rare d’érudition, de façon bénévole avec une passion sans pareille… Les chercheurs devront lui en être reconnaissants.
Répertoire chronologique et inventaire général de toutes les chartes, titres, documents, registres et papiers concernant les biens, possessions et affaires du chapitre régulier de l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert…, transcrit, composé et indexé par François Lambert. Cahiers d’Arts et Traditions Rurales, n° 5-6, Montpellier, 1992-1993, 441 folios. Ouvrage publié avec l’aide du Conseil général de l’Hérault et de la Direction générale des Affaires culturelles du Languedoc-Roussillon.
Dans la continuité du précédent travail, il convient de signaler la publication par François Lambert et la dynamique équipe d’A.T.R. de l’inventaire des archives de l’abbaye réalisé en 1783. On pourra y trouver l’intitulé et le résumé d’actes depuis le Moyen Age jusqu’au XVIIIe siècle, actes pour la plupart disparus. Les fonds contenus de nos jours aux Archives de l’Hérault ne constituent en réalité que des épaves de ceux qui existaient sur place au moment de la Révolution. La masse documentaire considérable répertoriée dans cet ouvrage concerne aussi bien le Languedoc que ses marges (Rouergue, Gévaudan…). L’inventaire est publié sous sa forme originelle agrémenté d’un index alphabétique très fourni concernant anthroponymes, toponymes et quelques mots clés. Un véritable instrument de recherches pour les médiévistes et pour les modernistes qui sera suivi comme le souhaite l’équipe d’A.T.R. par l’inventaire des titres de l’abbaye d’Aniane tout aussi riche et prometteur… [Jacques Frayssenge]
