Minerve (Hérault), quartier Lo Mur :
occupation et fortification d’après la fouille de 2007-2008
Présentation générale du site

Frédéric LOPPE * avec la collaboration de Christian DOUILLET **,
et les contributions de Sylvain DUFFAUD ***, Thierry JANIN ****,
Claude RAYNAUD ***** et Edith VILLANUEVA ******

*          Docteur en Archéologie médiévale, chargé d’études, ALC Archéologie, 87 rue de Verdun, 11000 Carcassonne ; chercheur associé laboratoire FRAMESPA, UMR 5136, Université du Mirail, Toulouse II et laboratoire Lattes-Montpellier, UMR 5140.
Je tiens à remercier toutes les personnes qui m’ont aidé dans ce travail : F. Amigues, Professeur d’Histoire, Université de Perpignan (détermination d’une céramique médiévale d’importation), M. Vallée-Roche, Docteur en Histoire médiévale, (données historiques, XIe-XIIe siècle), F. Dieulafait, chercheur rattaché à l’UMR 5608/UTAH, Université du Mirail, Toulouse II, 73 rue des Fontaines, 31300 Toulouse (étude des monnaies), M. Passelac, CNRS, UMR 5140, Directeur du laboratoire d’Archéologie du Lauragais (céramique du second Âge du Fer et du bas Empire), F. Fiore, architecte du patrimoine (plans, élévations).

**           Historien amateur. Recherche historique et bibliographique.

***         Docteur en paléontologie, Anthroposphère, 2 rue Kléber, 11260 Espéraza. Étude géologique et hydrogéologique.
Nous tenons à remercier M. Yvroux, hydrogéologue départemental de l’Aude, pour sa relecture et ses conseils.

****       Professeur d’Archéologie, Université Montpellier III. Étude de la céramique du Bronze final IIIb.

*****     Directeur de Recherches, CNRS, UMR 5140, Lattes-Montpellier. Étude de la céramique de l’Antiquité tardive (Ve-VIe s.) et du Moyen-âge central (Xe-XIIe siècles).

******  Doctorante à l’Université d’Aix-en-Provence. Étude de la céramique d’Époque moderne (XVIe-XVIIe siècles).

INTRODUCTION

Présentation générale du site

Le village de Minerve, qui a donné son nom au Minervois, est situé à l’extrême Ouest du département actuel de l’Hérault, sur les contreforts de la Montagne Noire. Installé à l’extrémité sud-orientale du Causse Grand, sur une presqu’île calcaire d’environ trois hectares (alt. : 200 m.) créée par la confluence Cesse/Brian, il est entouré par des falaises à-pic de 25 à 40 m de hauteur, et donc naturellement très bien défendu.

Fortification (fig. 1) 1

Doté d’une double enceinte, le village était protégé à l’ouest par un château (1) isolé par deux fossés taillés dans le roc (2 ; 1 : env. 10 m). Au nord-ouest, il était défendu par une tour circulaire dont on perçoit encore les bases (3). Une belle façade dotée de vastes baies en arc brisé, de latrines, et percée d’archères, est encore visible côté nord, face au ravin du Brian (logis fin XIIIe-début XIVe siècle ; 4). Une porte donnait directement sur le Causse Grand (5) et un accès équipé d’un pont-levis, isolait le château du village (6).

L’enceinte intérieure (7) protège la partie haute du village et enserre un habitat dense aux rues étroites : elle était percée d’au moins trois portes, au nord (8), au nord-ouest (9), et au sud (10), et possédait également deux tours, l’une sur la courtine nord (11), l’autre au sud-est (tour des Cathares ; 12).

L’enceinte extérieure (13), dont le tracé subsiste sur environ un kilomètre, renforçait les défenses naturelles du site. Elle était défendue par deux tours : l’une rectangulaire, côté ouest (18), et la tour de la Prison (19), au sud, voûtée en coupole et percée de trois archères à étrier (milieu/seconde moitié XIIIe siècle).

Trois portes donnaient vers l’extérieur : la porte principale (14), dite sur Sant Nazari2 ou Cap als Cabarets3 ; la Porta Bassa vers le lit de la Cesse (15) ; enfin, une poterne P2 (16) débouchait dans la barbacane défendant l’accès au puits Saint-Rustique (37 ; chemin couvert ; infra). Vers le sud, au confluent, les restes d’une pile de pont (35) et d’une chaussée (36) témoignent d’une zone de franchissement, au débouché de l’ancienne route de Narbonne 4.

Quartiers, monuments

Le village est subdivisé en plusieurs petits quartiers : la Barbacano (20), à l’intérieur des murs, entre la Porta Bassa et le passage voûté ; lo Mur (21), au niveau de l’enceinte extérieure orientale et de la barbacane d’accès au puits Saint-Rustique ; los Barris (22), entre la rue et la Barbacano de la Porta Bassa : las Esclavelas (23), sorte de méplat sur la rue qui descend aux Barris ; lo Caïre (24), placette d’où part la rue descendant vers Lo Mur.

Au cœur de l’agglomération, l’église Saint-Etienne (XIe siècle ; 27), a succédé à un autre lieu de culte paléochrétien, l’église Saint-Nazaire (28), mentionnée en 873 5 et autrefois édifiée près du lit mort de la Cesse, dans l’actuel cimetière (29). À l’ouest, subsistent encore les vestiges très ruinés d’une « léproserie » (30). Enfin, le site comptait au moins quatre citernes. Deux dans l’enceinte intérieure : la citerne A, sous la rue traversant le château (31), brièvement remise au jour lors de travaux dans les années 1980, et la citerne B (32), utilisée jusqu’en 1848, contre l’église Saint-Etienne. Deux autres près de l’enceinte extérieure : la citerne C (quartier Lo Mur, infra ; 33) et la citerne D (34), à mi-chemin entre le puits et la Porta Bassa.

Minerve, plan général du village.
Fig. 1 - Minerve, plan général du village.

Contexte géologique

Données générales

Les causses du Minervois forment la transition entre les terrains plissés d’âge Primaire de la bordure sud de la Montagne Noire et la série Tertiaire du bassin molassique du Minervois, prolongement oriental de la plaine de Carcassonne.

Ils composent des plateaux calcaires régulièrement inclinés vers le Sud-Est (pendage : 10 à 15 %), leur altitude variant entre 220 et 450 m environ.

Ils sont principalement constitués par l’affleurement d’une vaste surface de calcaire à alvéolines (env. 50 millions d’années) sur laquelle est bâti le village de Minerve (fig. 2). Il s’agit d’une roche gris clair, dure, à cassure conchoïdale, en éclats 6, qui se prête mal à la taille de moellons 7. Ses bancs, parfois massifs (ép. sup. à 1 m), accroissent d’ailleurs la difficulté du débitage. Toutefois, quelques blocs grossiers de taille moyenne ont été utilisés dans les parements de l’enceinte, et des éclats ont servi au calage. Par ailleurs, des traces d’aménagement de ce substrat (ancrages de poutres) sont encore visibles : dans le village même et à l’extérieur, sur le « chemin de ronde » à la base des falaises, voire à l’aplomb du débouché des conduits karstiques.

Carte géologique des environs de Minerve. DAO: S. Duffaud.
Fig. 2 - Carte géologique des environs de Minerve. DAO: S. Duffaud.

Au nord de Minerve, le calcaire à alvéolines repose directement sur des terrains de la base de l’ère Primaire (env. 500 millions d’années), que la vallée du Brian entaille largement. On retrouve ces roches en galets grossiers, de grande taille, dans le lit du Brian. Certains niveaux du Cambrien moyen sont très caractéristiques (« schistes à trous », de couleur lie-de-vin), et les blocs qui en sont issus aisément repérables dans les parements.

Stratigraphiquement, les marnes bleues succèdent au calcaire à alvéolines. À Minerve et sur la plus grande partie du Causse Grand, elles ont été emportées par l’érosion, mais subsistent en îlots lorsqu’elles sont protégées par la couche supérieure résistante du calcaire lacustre de Ventenac. En rive droite de la Cesse et en allant vers l’Est, ce dernier affleure largement et forme dans le paysage un ressaut bien visible. Comme le calcaire à alvéolines, il s’agit d’une roche à structure fine, résistante, mais au débit en éclats qui se prête difficilement à la retaille. Là encore, les blocs ont été utilisés tel quels dans la construction ou grossièrement brisés pour en adapter la longueur, l’épaisseur étant dictée par celle du banc d’origine.

Le calcaire de Ventenac est lui même coiffé par la formation d’Assignan, qui arme le sommet de la barre Est-Ouest séparant Minerve de la plaine de Carcassonne/Azillanet. Elle présente localement un faciès gréseux assez grossier, de couleur grisâtre et des affleurements de ce type, à moins d’un kilomètre au sud de Minerve, ont pu fournir des grès susceptibles d’être taillés pour les fortifications et les bâtiments (moellons, pierres d’encadrements).

Enfin, le grès de la formation d’Aigne, qui affleure dans la descente vers Azillanet (environ 4 km au Sud du site), aurait pu lui aussi fournir une pierre adaptée à la construction. Cependant, l’approvisionnement devait être rendu difficile par la distance, et surtout par un fort dénivelé positif de 60 à 130 m 8.

Hydrogéologie : cours d'eau de surface et cours souterrains

Dans cet environnement, rivières et ruisseaux ont profondément entaillé le calcaire, créant de spectaculaires canyons qui délimitent les différents causses, et dont les orientations sont dictées par celles des failles qui affectent le calcaire et facilitent la mise en place de processus karstiques 9.

Ces cours d’eau connaissent des pertes importantes à l’endroit où ils passent des schistes – plus imperméables – aux calcaires, faillés et propices au développement de réseaux karstiques. De fait, le Brian, affluent de la Cesse, se perd quelques dizaines de mètres avant son confluent théorique avec cette dernière, à l’est du village. Il s’enfonce probablement de quelques mètres jusqu’à rencontrer un substrat imperméable, peut-être ici l’interface avec les terrains primaires sur lesquels repose directement le calcaire (le « faciès flysch » de l’Ordovicien ? ; Gèze 1995).

Le cas de la Cesse semble plus complexe car elle subit deux pertes successives, à 7 et 3,5 km en amont du village. Son cours aérien n’est donc actif que lorsque le débit en amont est supérieur à la capacité d’absorption cumulée des deux pertes (soit quelques semaines en hiver, ou ponctuellement après de grosses précipitations). Il ne s’agit en aucun cas d’une ressource pérenne en eau, et l’hypothèse selon laquelle le puits Saint-Rustique atteindrait les eaux souterraines de la Cesse peut donc être écartée 10.

L’hypothèse alternative serait une alimentation par le cours souterrain du Brian. Par analogie avec la Cesse, on peut penser que, suite à sa perte en surface, le cours souterrain du Brian est guidé par le pendage général sud-est des structures tertiaires. En l’occurrence, au moins sur les premières dizaines de mètres, il paraît probable que les cours aérien et souterrain du Brian soient superposés. En outre, la pointe orientale de Minerve (quartier Lo Mur) est affectée par une fissure importante, d’axe Est-Ouest, qui traverse le lit du Brian (fissure n°5 11, infra) et qui a défini l’emplacement des poternes P2 et P1 de l’enceinte et de la barbacane (infra).

Le puits Saint-Rustique a été implanté dans le lit du Brian, à un mètre en amont de cette fissure dont on peut supposer le rôle important dans la perte de cette rivière. Si cette fissure, comme il est probable, permet bien aux eaux de surface ou souterraines (mais encore superficielles), de s’enfoncer plus profondément dans le calcaire à alvéolines, seul un puits ainsi disposé au droit du cours souterrain – et en amont de la perte – permettait l’accès à l’eau tout au long de l’année 12.

Historique des recherches archéologiques

Les environs du site

La région autour de Minerve comporte une densité très importante de sites archéologiques de diverses périodes, très tôt inventoriés (Coulouma, Miquel 1933, p. 41 et s.), mais seuls les plus anciens ont véritablement fait l’objet d’études.

Ainsi, une centaine de grottes et d’abris naturels ont été recensés : certains, comme la grotte de l’Aldène (env. 300 000 ans ; commune de Cesseras) ou celle de Bize, ont été occupés durant la Préhistoire. Plusieurs d’entre elles sont réinvesties au Néolithique, mais des habitats de plein air voient aussi le jour, comme le village des Lacs, implanté sur le causse, près de Minerve (Cholvy 1993, p. 48 ; fonds de cabanes fouillés par P. Ambert en 1969 et 1974 ; Ferrer 1998, p. 30).

D’autres sites ont livrés des vestiges de la Protohistoire les grottes des Poteries (Cesseras), des Balmes (Aigues-Vives Lauriol 1977, p. 63), ainsi qu’une quarantaine de dolmens, notamment celui de la Cigalière (Cesseras), qui contient des dépôts de vases campaniformes de l’âge du Cuivre (Cholvy 1993, p. 49), ou le dolmen n°5 du Bois-Bas (Minerve ; riche mobilier du bronze Moyen : perles de parure, armes en silex, anneaux et aiguille en cuivre ; Lauriol 1977, p. 62, 63).

Trois oppida sont signalés sur le Causse Grand de Minerve :

— « Minerve-la-Vieille » (Boyer 1927, p. 34), sur la rive gauche de la Cesse, en face de la grotte d’Aldène, où l’on aurait trouvé des meules à broyer le grain, des poteries grossières et des vestiges d’enceinte (L : 80 m. ; H : 2,5 m. ; 2 m). Les datations proposées divergent cependant : âge du Bronze (Coulouma, Miquel 1933, p. 71) ou du Fer (Bonnet 1980, p. 65, 66, note 3 ; Assié 1991, p. 4), avec une réoccupation à l’époque romaine (présence de cols d’amphores et de tuiles à rebord ; Lauriol 1977 ; p. 66).

L’oppidum de Noé (2,5 km à l’ouest de Minerve : âge du Fer), au Brunan, est doté d’une enceinte de pierres sèches avec une construction aux murs très épais, au centre (Lauriol 1977, p. 66-67).

L’oppidum de La Gasque, à seulement 700 m au nord- ouest de Minerve. Entouré d’un mur d’enceinte de plus de 1 m. de large, de bastions en pierres sèche, et de fonds de cabanes, il remonterait aussi à l’âge du Fer (Ferrer 1998, p. 31).

En outre, sur le domaine du Pech, à 1 km au sud de Minerve, une nécropole de l’Antiquité tardive a été mise au jour lors de labourages profonds dans les années 1920 (Ferrer 1984b, p. 41). Il s’agissait de tombes à dalles de grès orientées, datées des IVe et VIe siècles par leur mobilier (fibules, boucles de ceintures en bronze, fiole en verre 13 ; Lauriol 1977, p. 74-75).

Le site de Minerve

Certains auteurs ont envisagé une occupation de l’éperon de Minerve durant l’âge du Fer, mais sans indices véritablement probants (Assié 1991, p. 4-5 ; Lauriol 1977, p. 72). Pour l’époque antique, en 47 av. J.-C., on signale le cantonnement à Minerve et ses environs de la Xe légion romaine Gemma, alors établie à Narbonne (Lauriol 1977, p. 72 ; Sarret 1985, p. 10 ; Assié 1991, p. 5). Dans les années 1930, Coulouma et Miquel estimaient pour leur part que « l’éperon le mieux défendu, le plus caractérisé.., est celui de Minerve, au confluent du Brian et de la Cesse et là, celtique, gaulois, romain, tout a été confondu et à peu près annihilé par l’envahissement des temps mérovingiens » (Coulouma, Miquel 1933, p. 69). Ils y signalent d’ailleurs « des vestiges romains à côté de poteries du bronze » (Coulouma, Miquel 1931, p. 175). En 1932, ils réalisent une fouille dans l’église Saint-Nazaire 14, au pied du village, et mettent au jour plusieurs vestiges : « [des arcatures de portes ou de fenêtres ; des parois latérales de l’ancien édifice, trois piliers carrés destinés à supporter les doubleaux en pierre qui, dans les basiliques primitives, soutenaient les pannes de la couverture, des fragments de crépis de mur portant des lignes peintes rougeâtres figurant des pierres rectangulaires ; une base de colonne décorée d’une guirlande ; le dallage du sol de l’église ; un sarcophage et une tombe en pierres plates ; une fiole en verre bleu, antérieure au Ve s. ; des fragments de poterie micacée noirâtre et une brique à rebord. Partout, sur toute l’étendue de la surface fouillée, une triple couche d’ardoises provenant de la toiture effondrée, des cendres et du bois carbonisé, de la terre rougeâtre calcinée et du mortier désagrégé par la chaleur et l’humidité]. En étudiant la construction, considérant la variété des pierres employées et tenant compte de certains objets mobiliers récoltés, les auteurs ont constaté qu’il y a eu à cet emplacement non pas une seule église, mais deux, anéanties l’une après l’autre par un violent incendie : [il résulte (de nos travaux) que le cimetière de cette localité, dans sa partie Ouest, occupe bien l’emplacement de la primitive église St-Nazaire disparue, établie probablement dans un ancien temple. Son vaisseau avait 6 mètres de large comme l’église actuelle St-Etienne, et au moins 14 mètres de longueur. Une toiture, soutenue par des poutres et recouverte d’ardoises, reposait sur des murs de 0,72 à 0,74 mètres d’épaisseur] » (Lauriol 1977, p. 76, 77). Une pierre d’autel, datée de 456 par une inscription de l’évêque de Narbonne Rusticus 15 proviendrait de cet édifice 16 qui, selon J.-P. Sarret, aurait effectivement été victime de deux incendies, l’un au Ve, l’autre au IXe siècle (Sarret 1985, p. 10).

Plus tard, entre 1968 et 1975, l’enceinte extérieure du village fait l’objet de consolidations, mais sans surveillance archéologique (Fiore et al. 2005, p. 43-52). Dans les années 1970-1980, le site est victime de fouilles clandestines localisées (citerne C, tour de la Prison, barbacane du quartier Lo Mur, poterne P2) qui livrent un important lot de céramiques d’époques diverses (âge du Bronze, Moyen Âge, Époque moderne) aujourd’hui stockées au musée municipal.

En 1977, J. Lauriol précise qu’il est « certain qu’un castrum romain s’élevait à l’emplacement du village actuel… Il est probable aussi que ce castrum a succédé à une citadelle gauloise, peut-être même plus ancienne… Quelques tessons incontestablement romains, récoltés lors des sondages dans les jardins à l’intérieur des murs, sont à l’heure actuelle les seuls éléments que nous possédons sur l’occupation gallo-romaine du site » (Lauriol 1977, p. 72).

En juin 2005, dans l’optique d’un projet d’aménagement du site engagé par la mairie et placé sous la direction de F. Fiore, architecte du patrimoine, un dégagement superficiel a été réalisé dans la barbacane menant au puits Saint-Rustique : il a confirmé l’existence d’une ancienne poterne P2 (infra) et a établi un premier essai de phasage chronologique des éléments d’enceinte alentours (Loppe 2005, 2006).

En 2007-2008, une fouille préventive de plus grande ampleur a été réalisée à ce niveau, de manière à rouvrir cet accès pour installer une passerelle de circulation destinée aux touristes (fig. 3). Cette intervention, qui fait l’objet du présent article, a duré près de 3 mois.

Angle sud-est de l'enceinte extérieure, barbacane et accès au puits Saint-Rustique
Fig. 3 - Angle sud-est de l'enceinte extérieure, barbacane et accès au puits Saint-Rustique, vus depuis le causse, à la fin des travaux de restauration (2008).

RÉSULTATS ARCHÉOLOGIQUES

Lices orientales, quartier « Lo Mur ». Plan d'ensemble.
Fig. 4 - Lices orientales, quartier « Lo Mur ».
Plan d'ensemble.
Sondages 1 et 2, plan général.
Fig. 5 - Sondages 1 et 2, plan général.

La fouille a livré d’importants résultats dûs à la bonne conservation des niveaux archéologiques dans ce secteur du village (friche à l’abandon depuis le XVIIe siècle).

Deux sondages ont été implantés de part et d’autre de l’enceinte (fig. 4, 5) : le sondage 1 (env. 42 m2 ; P. max : 5 m), dans la barbacane ; le sondage 2 (env. 55 m2 ; P. max : 2 m) contre le parement intérieur de la courtine M4. Deux coupes stratigraphiques ont été réalisées le long des bermes du sondage 2 (fig. 6, 7), ainsi qu’une troisième dans le sondage 1 (fig. 8).

Sondage 2. Coupe stratigraphique E-F.
Fig. 6 - Sondage 2. Coupe stratigraphique E-F.
Sondage 2. Coupe stratigraphique C-D.
Fig. 7 - Sondage 2. Coupe stratigraphique C-D.
Sondages 1 et 2, coupe stratigraphique A-B.
Fig. 8 - Sondages 1 et 2, coupe stratigraphique A-B.

Certaines US ont été perturbées par des intrusions de matériel des XVIe-XVIIe siècles depuis les couches modernes les plus hautes, car la destruction du bouchage postérieur de la poterne P2 (infra) par un sondage clandestin dans les années 1970-1980 a créé un cône d’aspiration ayant entraîné de petites quantités de matériel vers les couches basses par effet d’érosion (pluies). Ce phénomène a particulièrement touché le sondage 2, près de la limite entre ses parties nord et sud (au dessus de la fissure n°5).

L’étude du bâti, de la stratigraphie, et des quelques 6300 objets recueillis a ainsi apporté plusieurs informations inédites sur ce site vieux de près de 3000 ans 17.

Minerve protohistorique...

Une première occupation du Bronze final IIIb (900-725 avant notre ère)

Plus de 500 tessons du Bronze final IIIb témoignent à ce jour de la plus ancienne occupation humaine connue à Minerve.

Cette céramique, entièrement façonnée à la main, est très fractionnée (± 2,5 cm de côté). Les pâtes observées sont caractéristiques de la céramique protohistorique : couleur variant du beige au noir, avec toutes les couleurs intermédiaires. Les dégraissants sont grossiers et assez variables (quartz, éclats de calcaire).

Dans le sondage 1 (barbacane), les US contenant ce matériel résultent d’un lessivage des niveaux situés intra-muros, et les tessons sont de fait disséminés dans diverses US postérieures. Parmi les rares formes (US 1004, 1014/1017) on note seulement deux bords d’urnes (fig. 9, n°1, 2) et un fond (fig. 9, n°3).

Les éléments les plus caractéristiques se trouvaient dans le sondage 2, et notamment dans l’US 2014 (134 tessons Bf IIIb), qui comportait trois bords un de plat à lèvre biseautée et méplats internes (fig. 9, n°4), un d’urne à petit col évasé (fig. 9, n°5), et un autre à lèvre à allongée (fig. 9, n°6), ainsi qu’un tesson de panse à décor triangulaire (fig. 9, n°7). Piégée dans une petite cuvette de dolomie, cette plaque rougeâtre de terre compacte et charbonneuse pourrait correspondre à un petit foyer culinaire en place 18.

Céramiques du Bronze final IIIb (900-725 av. notre ère)
Fig. 9 - Céramiques du Bronze final IIIb (900-725 av. notre ère). US 1004 (2) ; US 1014/1017 (1,3) ; US 2014 (4-7) ; US 2020 (8-11) US 2027 (12-16) ; US 2028 (17-19).

Les autres US sont des comblements naturels ou artificiels de fissures ou de cupules du rocher l’US 2020 tout d’abord (78 tessons Bf IIIb), compte un bord d’urne à panse décorée (fig. 9, n°8), deux de plat tronconique (fig. 9, n°9, 10), un fragment de panse à décor carré (fig. 9, n°11), deux fonds plats d’urnes (fig. 9, n°12, 13), un probable fond de gobelet (fig. 9, n°14), deux fragments de plat à méplats internes, un petit tenon de préhension, et un fragment d’urne à épaule facettée.

Dans l’US 2021 (68 tessons Bf Ilib), on note deux fonds plats d’urnes, un bord de plat à lèvre biseautée, un bord indéterminé, deux fragments d’urnes (épaulement décoré de trois impressions obliques ; épaule facettée).

L’US 2027 (50 tessons Bf IIIb) contenait pour sa part un fragment de plat tronconique à méplats internes, un autre d’urne à épaule marquée par un cordon digité (fig. 9, n°15) ou des demi-impressions (fig. 9, n°16), et un bord d’urne à col évasé.

Enfin, l’US 2028 (74 tessons Bf IIIb) recelait plusieurs éléments intéressants un fond plat d’urne, deux bords, dont un de probable coupelle hémisphérique et un d’urne (fig. 9, n°17), un fragment de plat à méplats internes, un d’urne à épaule marquée par un cordon digité, un d’urne à épaule décorée d’impressions obliques (fig. 9, n°18) et pour terminer un tesson de panse orné d’un double trait incisé (fig. 9, n°19).

L’examen de ces quelques US a également permis d’identifier plusieurs tessons de gros vases de stockage indiquant une installation domestique dont l’ampleur ne peut être estimée à l’heure actuelle 19.

D’un point de vue chronologique, on peut souligner la rareté des décors au trait double incisé (représentations géométriques anthropomorphes ou zoomorphes), pourtant régulièrement découverts en contexte domestique (Janin, Guilaine 2009). La probable présence d’une coupelle hémisphérique pourrait indiquer une séquence chronologique de la fin de l’âge du Bronze final, tout comme les urnes à épaule facettée. Cependant, la pauvreté de la série interdit de trancher définitivement et on datera donc les vestiges de cet habitat de hauteur du Bronze final IIIb au sens large, soit entre 900 et 725 avant notre ère.

Des témoins du Second Âge du Fer (IIe-Ier siècle av. notre ère)

Céramique du second Âge du Fer
Fig. 10 - Céramique du second Âge du Fer. US 2008 (1) ;
US 2013/2019 (2) ; US 2014 (3).

Quelques très rares poteries de cette période ont pu être identifiées dans des US postérieures. Elles proviennent de productions locales ou d’importations.

Dans la première catégorie, on note un bord de dolium à lèvre de section carrée, épaisse (1,9 cm) modelé dans une pâte marron, grossière, non tournée (US 2008, fig. 10, n°1), un bord d’urne tourné à pâte gris-marron et dégraissant quartzeux (Ier siècle av. notre ère ; US 2013/2019, fig. 10, n°2) et un pied annulaire tourné (urne ?) à cuisson réductrice et polissage externe (IIe-Ier siècle av. notre ère ; US 2014, fig. 10, n°3).

Dans la seconde catégorie, on relève trois tessons de campanienne B (US 2013/2019, 2023), un fond d’amphore italique, et un fragment de basalte (L x H x P : 7 x 8 x 6,5 cm ; US 2006) ayant pu appartenir à une meule de cette période (Reille 2001).

Au total, cette dizaine de céramiques des IIe-Ier siècles correspond à un chiffre trop faible pour attester avec certitude une occupation durable du site (oppidum ?), d’autant qu’aucune structure contemporaine n’a été mise au jour.

Une nouvelle occupation de l'Antiquité tardive Ve VIe siècle)

Plusieurs centaines de céramiques témoignent d’une occupation de Minerve à cette période.

Les ensembles étudiés se répartissent pour l’essentiel en deux « familles » :

— Les importations : amphores et vaisselles fines des provinces d’Afrique (claires C et D, vaisselle de cuisine) ou de Narbonnaise (DSP).

— Les céramiques communes tardo-antiques appartenant pour l’essentiel à une production à pâte sableuse, grise et rugueuse.

Le matériel attribuable à cette phase était résiduel et dispersé, car pris dans des US résultant d’un lessivage ou d’un remblai postérieur.

Ainsi, le colmatage de diaclases du rocher (US 1025, 1027) a piégé plusieurs dizaines de fragments roulés de petite taille : un tesson d’amphore africaine et 64 tessons de céramique grise rugueuse, dont un bord Cathma 6a caractéristique du Ve siècle (fig. 11, n°1). Quant à l’US 1024 (infra), elle contenait trois tessons (claire C, amphore africaine, pâte kaolinitique). Quelques rares fragments d’amphores africaines ont été retrouvés dans des niveaux de remblai de la barbacane (US 1005 : 3 ; US 1011 : 7).

Céramiques de l'Antiquité tardive
Fig. 11 - Céramiques de l'Antiquité tardive. US 1027 (1) ; US 1020 (2) ; US 1004 (3-14) ; US 2013/2019 (15) ; US 2011 (16-18) ; US 2021 (19-21) ; US 2027 (22-73).
Verre de l'Antiquité tardive (US 2027).
Fig. 12 - Verre de l'Antiquité tardive (US 2027).

L’US 1018 contenait un tesson de céramique à pisolithes, trois éléments antiques indéterminés, deux tessons d’africaine de cuisine, deux sigillées claire C, et 83 tessons de commune grise rugueuse. Enfin, les US 1019 et 1020 ont également livré quelques éléments 20, notamment un bord à lèvre en bourrelet (fig. 11, n°2 ; US 1020). Des éléments comparables sont connus en Languedoc aux VIIe et VIIIe siècles (Garnier et al. 1995, p. 16, fig. 13/17).

Enceinte extérieure, front oriental, sondage 2. Murs M1, M3 et M4b
Fig. 13 - Enceinte extérieure, front oriental, sondage 2. Murs M1, M3 et M4b.
(Photo et relevé du parement intérieur).

Cependant, c’est surtout l’US 1004 (infra) qui a fourni les éléments les plus intéressants : bords à bandeau de type Cathma 6a (fig. 11, n°3, 4, 5), à bourrelets proéminents (fig. 11, n°7, 8), ou de type Cathma 7a (fig. 11, n°9, 10, 11) (VIe-VIIe-VIIIe siècles ; Cathma 1993, p. 138, fig. 11 ; Garnier et al. 1995, p. 16, fig. 13/17 ; p. 20, fig. 17/9, 15 ?). D’autres bords, aux formes variées, seraient à rattacher à cette période (fig. 11, n°6, 12, 13, 14).

Dans le sondage 2, l’US 2013/2019 (infra) a livré un fragment de claire C, un de DSP, 8 fragments d’amphore africaine (panse épaisse, couverte blanche), un col de cruche à pâte orangée (origine africaine ?), 8 tessons de grise kaolinitique 21, dont une petite anse (fig. 11, n°15), ainsi que 48 fragments de céramique grise rugueuse à grains de calcite, dont les fonds à talon signent l’ancienneté.

Dans l’US 2011 (infra), la céramique tardo-antique (10 tessons) se signale par un bord de petite amphore africaine de type spathéion (fig. 11, n°16 ; pâte rosée, engobe blanc), un bord de plat 58b en claire D (fig. 11, n°17) ainsi qu’un de DSP de type 16 (fig. 11, n°18).

Dans l’US 2021 22, on relève 4 fragments roulés d’amphore africaine, 2 fragments de DSP, un bord de sigillée (fig. 11, n°19), un bord à pâte rose-orangée indéterminée (fig. 11, n°20) ainsi qu’un bord de jatte en céramique grise rugueuse (fig. 11, n°21) déjà attesté sur le site de Buffens, à Caunes-Minervois (Aude ; Cathma 1993, p. 198).

Enfin, dans l’US 2027, même si le mobilier est hétérogène, la céramique tardo-antique domine largement. On note tout d’abord 24 tessons d’amphores africaines de grandes dimensions, dont une anse provenant probablement d’une variante du type 62, un bord de spathéion du type 26/2 (fig. 11, n°22), et un opercule retaillé dans un tesson.

La céramique claire D est représentée par 7 fragments, dont un gobelet du type Hayes 110 et un guillochis interne sur bol Hayes 91 (fig. 11, n°23, 24). Se rangent dans la même production un fragment de lampe décorée (fig. 11, n°25) ainsi qu’un fond de plat en claire C (fig. 11, n°26). Six petits tessons difficiles à déterminer, à pâte beige ou blanchâtre, pourraient provenir d’amphores orientales, origine possible d’un autre élément (de marmite ?) à pâte grise cannelée (fig. 11, n°27). La céramique DSP est, elle aussi, bien représentée (16 fragments, dont deux du type Rigoir 16 et trois du type 18 ; un col à décor ondé, proche du type 36b ; fig. 11, n°28). On relève également deux bols à pâte beige fine, sans engobe, d’une production indéterminée (commune ou DSP tardive ? ; fig. 11, n°29, 30).

Avec 171 fragments, la céramique commune réductrice (Cathma 6) est prépondérante. Elle présente un répertoire franchement antiquisant marqué par 18 formes ouvertes (coupes, terrines à bord éversé oblique et panse hémisphérique ou carénée; fig. 11, n°31-51, 52) sur lesquelles s’emboîtaient des couvercles à ergot (fig. 11, n°53, 54). S’ajoutent à ce vaisselier 14 bords de pots à lèvre triangulaire ou arrondie (fig. 11, n°55-68). Les fonds plats à talon, épais, entrent dans le même faciès (fig. 11, n°69-73). Un bord de marmite B5b en céramique à pisolithes s’insère dans le même horizon tardo-antique de façon surprenante, car éloigné de son aire de production, le Nîmois (Raynaud, Elie 2006).

Pour finir, quatre fragments de verre opaque (dont deux bords droits ; ép. moy. 1 mm) correspondent à des verres à tige (fig. 12, n°1, 2). Pour le reste, on signalera une dizaine de fragments d’amphores africaines disséminés dans diverses US du sondage 2.

Au bilan, on peut retenir de multiples indices typologiques permettant de cerner la chronologie de cette occupation ainsi, les céramiques d’importation, principalement d’origine africaine (amphores, vaisselle fine), se placent toutes dans une fourchette courant des années 450 à 600. La verrerie, peu abondante mais bien typée, invite à resserrer l’éventail sur le VIe siècle, avant lequel les verres à tige ne sont pas connus. Toutefois, la céramique commune grise rugueuse (Cathma 6) 23, invite à ne pas trop s’avancer dans le VIe siècle, dans la mesure où elle présente une morphologie et des types très ancrés dans la tradition antique héritée du Ve siècle (coupes, terrines, couvercles et pots). On peut donc raisonnablement envisager que le gros de l’occupation est compris entre le dernier quart du Ve et le premier quart du VIe siècle, car les éléments des VIIe-VIIIe siècles semblent pour l’heure trop minoritaires pour envisager avec certitude une continuité de fréquentation du site durant cette période.

Le contexte régional fournit ainsi quelques points de convergence typo-chronologique pour cet assemblage de mobilier domestique des Ve-VIe siècles, épousant exactement les caractères du mobilier de la grotte de Buffens à Caunes-Minervois (Aude), du pic des Sarrazis à Cassagnoles (Hérault) ou encore de l’habitat de Médor à Ornaisons (Aude ; Cathma 1993, p. 195-198 ; Loppe, Marty, Zanca et al. 2005-2006, p. 298-302 ; Raynaud 1989).

Des vestiges d'une fortification des Xe-XIIe siècle ?

Les enceintes de Minerve correspondent à un véritable « patchwork » d’époques successives qui ont fait l’objet d’une étude préalable et d’hypothèses de datation en 2005 (Fiore et al. 2005).

Le quartier « lo Mur », situé sur le front oriental de l’enceinte extérieure, comporte des constructions ruinées intra-muros (bâtiments A, B, citerne C) ainsi qu’une barbacane et un ancien chemin couvert desservant le puits Saint-Rustique (fig. 4).

Dans le sondage 2, la fouille a mis au jour un vestige de mur M1 (H : 2 m ; L visible : 3 m ; ép. : 0,70 m), à la base du mur M3. Sa fondation (H : 1,30 m), bâtie sur le calcaire, se compose d’un noyau de gros blocs 24 de calcaire gréseux 25 assises, noyés dans un mortier grisâtre fortement dosé en chaux (fig. 13).

L’US 2013/2019 vient s’appuyer contre cette base maçonnée avec un pendage prononcé parallèle au substrat (berme sud 26). D’une hauteur maximale de 1,20 m, il s’agit d’une terre marron-clair comportant pour l’essentiel de petits éclats de pierres calcaires (env. 7 x 6 x 2 cm) et quelques rares éléments en schiste.

Contenant pour partie des productions de l’Antiquité tardive (supra), ce remblai renfermait également 26 tessons à pâte grise polie, minoritaires en nombre de fragments, mais majoritaires en éléments typologiques qui donnent le terminus de la couche : 5 bords de pots de type Cathma 2 (fig. 14, n°15), 1 bec ponté, 4 polissages sur anses et épaulements (fig. 14, n°6-9). À ce lot s’ajoutent 10 tessons de poterie rouge, production voisine par sa texture fine autant que par sa finition (polissage). On note également la présence de 43 scories métalliques, fait unique sur l’ensemble de la fouille.

Céramiques des Xe-XIIe siècles
Fig. 14 - Céramiques des Xe-XIIe siècles (US 2013/2019).
Céramiques des Xe-XIIe siècles
Fig. 15 - Céramiques des Xe-XIIe siècles (US 2011)

Par la suite, l’élévation du mur M1 est édifiée (H cons. : 0,80 m ; 4 assises de moellons en calcaire gréseux 27). Cette construction montre par endroits un léger décalage avec la fondation 28 et sa zone centrale, en partie recouverte de mortier de chaux, comporte trois assises en moellons inclinés 29 (éclats de taille ou galets en calage 30).

Un nouveau remblai, plus limité que le précédent, est alors installé : cette US 2011, qui débute à la jonction entre la fondation et l’élévation du mur M1, correspond à une couche de terre marron-ocre, assez indurée (L : 1,60 m ; ép. max : 0,56 m), qui ne comporte pratiquement aucune lauze entière, et fort peu de pierres.

Hormis 4 tessons modernes, vraisemblablement intrusifs (supra), le reste du lot céramique est constitué de poterie grise fine Cathma 4 (127 fragments) : une série de bords de pots à lèvre mince éversée (fig. 15, n°1-10), deux bords plats (marmites ?) à panse large (fig. 15, n°11, 12), des fonds larges, bombés ou plats (fig. 15, n°13-16). L’un d’eux présente un trou réalisé avant cuisson (partie inférieure de la panse) dont la fonction reste inconnue (fig. 15, n°17). Les trois anses attestées sont plates, dont deux avec des marques punctiformes (fig. 15, n°18, 19, 20). Enfin, deux panses montrent des décors stries horizontales et cordon vertical rapporté digité (fig. 15, n°21), et cordon horizontal digité (fig. 15, n°22). S’ajoutent à cela 6 fragments kaolinitiques (Cathma 8) et 8 tessons à pâte rouge polie (Cathma 10), dont un bord (oule ?) à lèvre verticale (fig. 15, n°23). On notera également la présence de trois opercules en schiste.

Dans la partie sud du sondage 2, un vestige de mur M21 (H cons. 0,50 m ép. 0,80 m fig. 5) se compose de blocs calcaires exogènes et de galets de rivière liés par un mortier de chaux blanchâtre, assez peu dosé. Distant de 2,80 m du mur M1, il est dérasé pratiquement à la même hauteur (destruction contemporaine ?) et forme avec lui un angle droit, délimitant peut-être à l’origine un bâtiment adossé à la courtine.

Par ailleurs, les vestiges de la poterne P2 (mur M4a), partiellement dégagés et étudiés en 2005 (Loppe 2006, 173-174), ont été entièrement mis au jour en 2007-2008 (fig. 16). Cette étroite ouverture (H : 1,55 m ; l : 0,72 m ; P : 1,30 m), était vraisemblablement desservie par un escalier en bois installé sur la fissure naturelle n°5. Du côté oriental (vers la barbacane), le seuil se situe environ 2 m au dessus du niveau de circulation, rendant l’accès impossible sans échelle, solution vraisemblablement retenue pour son intérêt défensif. Cette porte était couverte d’un linteau de grès, aujourd’hui brisé, dont seule une partie subsiste (piédroit sud 32). Les moellons de grès des piédroits, bien appareillés, sont noyés dans un mortier de chaux fortement dosé. Quatre cavités (deux en partie basse 33, deux en partie haute 34) accueillaient une huisserie et un vantail pivotant sur des gonds ou des paumelles, car aucune trace de scellement n’est en effet visible dans la maçonnerie. On remarque également la présence d’une saignée en « L » 35 qui servait à faire glisser puis caler la barre de fermeture amovible 36 ; en face, à 0,60 m au dessus du seuil, une encoche rectangulaire 37 accueillait l’autre extrémité en position oblique (décalage : 0,18 m) 38.

Enceinte extérieure, front oriental. Poterne P2, élévation et coupes.
Fig. 16 - Enceinte extérieure, front oriental. Poterne P2, élévation et coupes.

L’US 2027 correspond au sédiment comblant la grande fissure n°5. Elle comporte des témoins des périodes antérieures 39 mais semble, d’après le matériel, également constituer son terminus aux Xe-XIIe siècles (38 tessons de grise polie Cathma 4), et participer d’une phase de remblaiement partielle de certaines diaclases consécutive à l’érection de l’enceinte. D’ailleurs, sa partie supérieure se situait au niveau du seuil de la poterne P2.

Dans le sondage 1, le mur M2a (ép. : 0,75 m) qui délimite une barbacane de forme trapézoïdale, présente des caractéristiques de construction très voisines de celles de Ml ; bâti sur le substrat calcaire, il possède en outre trois courtes fentes verticales dans sa partie orientale, très près du rocher (drains ou archères ?). Cette défense avancée est percée d’une poterne P1 (l : 0,90 m) dont les piédroits 40 comportent un système de fermeture par épart coulissant et une feuillure (fig. 5) : à sa base, deux cavités asymétriques recevaient une huisserie en bois supportant les gonds et le vantail. L’arc, à l’origine détruit, conservait un sommier qui a permis de restituer un plein-cintre lors des travaux de consolidation en 2008 (H sous clé : 2 m).

L’US 1024 correspond au comblement de la tranchée de fondation de la poterne P1 : il s’agit d’une terre marron de texture sableuse (peu de cailloux) qui contenait, outre deux tessons protohistoriques résiduels et deux autres de l’Antiquité tardive 42, 35 tessons de céramique grise polie (Cathma 4), dont un bord de poterie kaolinitique (Cathma 2a) et deux fonds (un à dépression ; un plat).

En outre, on peut penser que la création du puits Saint-Rustique remonterait en toute logique à cette période 43, compte tenu de l’implantation des poternes P1 et P2, probablement destinées à permettre la descente vers ce point d’eau.

Ainsi, l’ensemble du mobilier découvert dans ces niveaux se rapproche de celui mis au jour à Saint-Jean-de-Caps, à Mailhac, dans l’Aude (Cathma 1993, p. 198-204). Dans les deux cas s’affirme la prépondérance, dans une fourchette difficile à préciser (Xe-XIIe siècles), de productions fines polies, au sein desquelles se maintient une forte proportion de poteries à post-cuisson oxydante. Les pots globulaires y sont exclusifs après la disparition des formes ouvertes. À Mailhac comme à Minerve, les conditions de découverte-fouille ancienne là, niveaux parfois remaniés ici- n’ont pas permis d’entreprendre des datations C14 qui auraient permis de sortir l’analyse céramologique de l’approximation insatisfaisante, comme ailleurs en bas Languedoc occidental. On doit donc se satisfaire de l’hypothèse indiquant qu’il s’agit là de mobilier domestique recueilli de façon récurrente sur les sites castraux aux alentours de l’an mil, plus généralement, et de façon incertaine entre les années 1000 et 1200.

Une reconstruction d'époque royale (milieu XIIIe siècle) ?

Suite à la destruction de la quasi-totalité du mur M1, on décide d’édifier une nouvelle enceinte M3 (moellons calcaires assez bien équarris et appareillés 45, liés au mortier de chaux fig. 13). Celle-ci a complètement englobé le parement extérieur du mur M1, alors devenu invisible depuis la barbacane (sondage 1). D’après ses caractéristiques générales, et par comparaison avec les techniques employées sur les forteresses royales de Corbières, on pourrait prudemment avancer le milieu ou la seconde moitié du XIIIe siècle pour sa construction.

Par la suite, l’US 2008 (H : 0,40 à 0,68 m), terre brun-ocre chargée en matériaux de construction (blocs calcaires, lauzes de schiste), est venue s’appuyer contre le parement du mur M3 : elle correspondrait à un niveau de démolition d’un bâtiment appuyé contre l’enceinte, peut-être suite à la destruction partielle du mur M3.

Hormis 5 tessons modernes (intrusions, supra), cette couche a livré un matériel peu abondant mais assez homogène, dominé par la poterie grise polie (Cathma 4 ; 54 tessons), dont les éléments appartiennent à des pots globulaires : 12 bords Cathma 2a (fig. 17, n°1-10, 12), 1 bec ponté, 6 fonds larges bombés, 2 cordons digités (fig. 17, n°13, 14). À cela s’ajoutent 2 fragments à pâte rouge polie et 1 bord en collerette à pâte claire, de type indéterminé, peut-être résiduel (fig. 17, n°11). On notera également la présence de 2 tessons de pichet à cuisson oxydante ornés d’une glaçure verte (bord de céramique fine à pâte orangée ; fig. 17, n°15 ; fond plat étranglé à paroi fine fig. 17, n°16), datables des XIVe-XVe siècles, qui pourraient donner le terminus de cette couche.

Céramiques des Xe-XIIe siècles
Fig. 17 - US 2008. Céramiques des Xe-XIIe siècles (1-14)
et des XIVe-XVe siècles (15, 16)

Des aménagements d'époque Moderne (XVIe-XVIIe siècles)

Un renforcement de la défense du puits

L’étude du bâti a montré que le mur de la barbacane M2a a été surhaussé par le mur M2b, dont l’appareil est dans l’ensemble assez irrégulier (moellons calcaires gréseux à peine dégrossis, galets de rivière 47 ; liés au mortier de chaux). Cette construction (H cons. max. : 1,20 m ; ép. : 0,75 m) comporte également deux ouvertures de tir Al et A2 (H x 1 : 0,35 x 0,46 m), et quatre trous de boulins 48.

De plus, deux murs M5 et M6, aux caractéristiques proches 49 ont été accolés sans liaison de part et d’autre de la poterne P1, contre le parement extérieur du mur M2, ménageant ainsi un couloir protégé large de 2 à 3 m. Ils comportent de petites ouvertures (M5 50, M6 51), un départ d’arc (porte P3 52) dans le mur M6 (fig. 4, 18), et devaient à l’origine envelopper complètement le puits 53 un système de puisage (poulie ?) était vraisemblablement installé 54. Compte tenu de la faible épaisseur des murs, ce corridor était certainement couvert par une toiture assez légère protégeant les défenseurs des projectiles tirés depuis le causse, à l’est.

Le mur M6, vu depuis le sud avant restauration
Fig. 18 - Le mur M6, vu depuis le sud avant restauration. On remarque à droite les moellons inclinés formant le départ de l'arc d'une probable porte P3.

Deux aménagements insolites liés aux poternes sont à rattacher à cette phase : tout d’abord l’US 2026, plaque de mortier de chaux (L x 1 : 0,50 x 0,50 m) étalée sur le substrat, dans l’ébrasement de la porte P2. L’US 1030, ensuite, sorte de « sur-seuil » de 0,40 m de haut (pierres de grès liées au mortier de chaux) qui a masqué les trous inférieurs d’encastrement de l’huisserie de la porte P1 (fig. 19). Dans les deux cas, aucun vantail n’a pu être installé après ces modifications, dont on ignore la raison d’être.

Poterne P1 ; vue du « sur-seuil » (US 1030), avant dégagement.
Fig. 19 - Poterne P1 ; vue du « sur-seuil » (US 1030), avant dégagement.
Le seuil d'origine, sous ce niveau, a été parfaitement conservé.

Dans le même temps la structure STR2 (US 1016) a été implantée dans la barbacane fig. 5, 20) : ce muret arasé (L : 1,80 m ; ép. : 0,46 m) constitué de moellons de grès liés à l’argile et au mortier maigre, était disposé en arc de cercle face à la poterne P1, canalisant son accès : ainsi, les piétons venant de l’extérieur devaient tourner à main gauche en utilisant deux replats rocheux successifs comme marches naturelles. Son démontage a livré un lot de 259 objets dont les 13 plus récents remontent à l’époque moderne 55.

Comblement de la barbacane

Dans le sondage 1, la structure STR2 a été recouverte sur une hauteur de près de 2 m par diverses US (1004, 1005, 1009, 1010, 1011, 1012), qui ont également condamné la poterne P1, peut-être afin de créer une plate-forme d’artillerie dans cette défense avancée.

L’US 1004 (H max : 1,9 m), correspond ainsi à une couche au pendage ouest/est assez peu prononcé, de couleur marron clair, avec des passées blanchâtres (nombreux nodules de mortier et traces de chaux). Relativement tassée, elle comportait des moellons de construction et de rares lauzes de schiste (fig. 8). Les 1153 objets qu’elle renfermait correspondent à un matériel hétérogène : une vingtaine de céramiques non tournées protohistoriques, autant attribuables à l’époque antique, ainsi que 118 tessons des Xe-XIIe siècles (Cathma 4 et 10) :

Sondage 1. Vue du muret STR2 (US 1016) avant dégagement
Fig. 20 - Sondage 1. Vue du muret STR2 (US 1016) avant dégagement.
Au fond, la poterne P1.
Céramiques des Xe-XIIe siècles
Fig. 21 - Céramiques des Xe-XIIe siècles (US 1004).

— Une série de bords d’oules ou de marmites à cuisson réductrice (fig. 21, n°1-21 ; 26-29), dont certains munis de lèvres aplaties pour la pose d’un couvercle (fig. 21, n°22-25) ;

— Des fonds plats (fig. 21, n°30-35) ;

— Un tesson de panse en céramique rouge polie (fig. 21 n°36).

Céramiques des XIIIe-XVe siècles
Fig. 22 - Céramiques des XIIIe-XVe siècles (US 1004).

Mais ce sont les céramiques de la période suivante (XIIIe-XVe siècles) qui sont quantitativement les plus présentes (535 éléments) : notamment deux bords, un de marmite à cuisson réductrice, avec départ d’anse (bas Moyen-âge ; fig. 22, n°1), un autre de cruche ou pichet à cuisson oxydante recouvert d’une glaçure jaune sombre (XIVe-XVe siècles ; fig. 22, n°2). Les anses ont des formes variées : plates (fig. 22, n°3, 7), nervurée (fig. 22, n°4), toutes trois à cuisson réductrice (pâte gris-beige ou marron), en boudin (cruche ou pichet ?, cuisson oxydante, pâte rouge brique) (fig. 22, n°5), rubanées, à cuisson réductrice (fig. 22, n°6, 8), dont une avec deux trous (marque de potier ?). Également, deux anses à cuisson oxydante avec traces de glaçure verte (fig. 22, n°9) ou vert-brun (fig. 22, n°10) attribuables au bas Moyen-âge, tout comme trois tessons de panse ornés de cordons rapportés verticaux avec impressions digitées (fig. 22, n°11-13), et un bord d’oule avec marque de potier (impression digitée associée à cinq trous en fer à cheval) et stries horizontales (fig. 22, n°14).

On note également deux décors à la molette (fig. 22, n°15) dont un sur une céramique fine oxydante à glaçure vert-brun (fig. 22, n°16) et une poterie médiévale d’importation, la seule retrouvée durant la fouille production verte et brune d’origine espagnole (ateliers de Paterna, région de Valence ; fin XIIIe-début XIVe siècle 56 fig. 22, n°17). Enfin, un fragment de col à paroi fine (cruche ou pichet, vaisselle de table) à cuisson réductrice et post-cuisson oxydante, est recouvert d’une glaçure interne verte (XIVe-XVe siècles ; fig. 22, n°18). Les fonds recueillis sont plats et à cuisson réductrice (fig. 22, n°19-24).

Céramiques des XVe-XVIIe siècles (US 1004).
Fig. 23 - Céramiques des XVe-XVIIe siècles (US 1004).

La présence de 70 tessons d’époque moderne date la constitution de cette couche : il s’agit pour l’essentiel de bols à boire (fig. 23, n°1-4), coupes à carène (fig. 23, n°5, 7), assiettes à décor incisé jaune sur engobe clair (fig. 23, n°6 ; XVIe siècle ; Leenhardt 1995, p. 130, fig. 128), assiettes ou plats à lèvre ourlée (fig. 23, n°8, 9) appartenant à la typologie languedocienne (Amouric et al. 1999, p. 69, fig. 1 57). Seuls un couvercle (fig. 23, n°10) glaçuré brun et une lèvre de pot glaçurée jaune (fig. 23, n°11) à pâte kaolinitique dénotent un commerce, ou en tout cas l’influence des produits de l’Uzège (XVIe siècle).

Opercules en schiste (US 1004).
Fig. 24 - Opercules en schiste (US 1004).
Opercules (US 1004). Schiste ; grès ; amphore ; tegulae ; tuile canal.
Fig. 25 - Opercules (US 1004). Schiste (1-6) ; grès (7-10) ;
amphore (11) ; tegulae (12, 13) tuile canal (14).

En outre, on relève pas moins de 26 opercules (Moyen-âge/Époque moderne ?) la plupart sont en schiste (roche exogène ; fig. 24, n°1-12 ; fig. 25, n°1-6) mais quatre sont en grès (fig. 25, n°7-10), un réalisé dans une amphore (fig. 25, n°11), deux dans des fragments de tegulae (fig. 25, n°12,13), et enfin un dans un tesson de tuile canal (fig. 25, n°14).

Enfin, signalons la présence de deux boulets de canon en fer de gros calibre (poids unitaire 15,3 kg ; diam. : 15,5 cm ; fig. 26) dotés d’un bourrelet en relief au niveau de l’équateur (assemblage de deux moitiés issues de demi-moules séparés), ils correspondent à un calibre utilisé pour des batteries de brèche d’époque moderne (XVIe-XVIIe siècles), c’est-à-dire un canon d’attaque employé pour percer les murailles et lancer un assaut.

Une nouvelle reconstruction de l'enceinte

Dans le même temps, une nouvelle enceinte M4h (ép. : env. 1,10 m) aurait été édifiée : elle se compose de matériaux hétérogènes (galets de rivière, grès, calcaire) liés par un mortier fortement dosé en chaux. Dans la partie nord du sondage 2, elle a été directement implantée sur le substrat calcaire grâce à une semelle de fondation au mortier de chaux (fig. 7). Dans la partie sud par contre, elle reprend en élévation l’arrachement du mur M3 (fig. 6). Un arc de décharge et un nouveau linteau sont alors installés au-dessus de la porte P257 (fig. 16 ; Loppe 2006, p. 174, 177) pour desservir la barbacane, désormais remblayée (plateforme d’artillerie ?).

L’US 2009 correspond au comblement de la fondation de cette nouvelle enceinte M4b : cette couche de terre marron clair (ép. x 1 : env. 0,80 m x 0,50 à 0,80 m), contient un cailloutis et des nodules de mortier de chaux jetés en vrac, mais également, au dessus de la semelle de fondation, une zone de blocs calcaires (déchets de taille) de plus grandes dimensions (env. 020 x 0,17 m), intentionnellement concentrés (US 2010 ; H : 0,62 m ; 1 : 0,50 m) pour servir de calage (fig. 7). Ces deux US, probablement contemporaines, contenaient chacune une quarantaine d’objets dont la fourchette est comprise entre l’Antiquité et l’époquemoderne 58.

Boulets de canon (US 1004).
Fig. 26 - Boulets de canon (US 1004).
Céramiques des XIIIe-XVe siècles (US 2006).
Fig. 27 - Céramiques des XIIIe-XVe siècles (US 2006).

Quelques temps après, un important remblai US 2006 (ép. max : 2 m) est apporté de manière à renforcer l’enceinte nouvellement bâtie contre l’impact des projectiles de canons. Cette couche se compose d’une terre incluant de très nombreux cailloutis et moellons de construction de tailles diverses (aucun tesson de tuile, rares déchets de lauze), ainsi que de gros blocs calcaires (le haut de la fissure n°5 était notamment fortement obstruée par ces éléments). Dix pierres de grès ont aussi été découvertes : comportant seulement une face usée, elles pourraient s’apparenter à d’anciennes dalles de chemin de ronde.

L’US 2006 contenait des céramiques hétérogènes : outre 7 éléments protohistoriques, 2 DSP, 2 amphores africaines, et une amphore italique, on note 32 tessons des Xe-XIIe siècles, dont deux fragments de céramique polie Cathma 4 et Cathma 10. Également, 148 tessons attribuables à la période XIIIe-XVe siècle, dont quatre bords à cuisson réductrice : trois de marmites, dont un plat pour accueillir un couvercle (fig. 27, n°1, 3, 459), et un dernier à glaçure verte appartenant probablement à un récipient de table (fig. 27, n°2). Des anses également, toutes cuites en atmosphère réductrice : plates, rubanées (fig. 27, n°5-11), en amande (fig. 27, n°12) ou en boudin (fig. 27, n°13). De plus, 94 céramiques des XVIe-XVIIe siècles ont également été recensées.

Un remblai US 2004 est également installé : cette US de terre sombre comporte des pierres, quelques rares lauzes, et des débris de tuiles. Elle contenait comme la précédente de gros blocs rocheux provenant du substrat. Au niveau de la berme sud, cette US 2004, relativement plane, atteignait pratiquement le niveau de l’arase conservée de M3 (fig. 6). Dans la foulée, un sol de chantier US 2007 a été mis en place pour continuer d’édifier le mur M4b à ce niveau : d’une épaisseur de 0,24 m, il se compose de petits cailloux, d’éclats de lauzes et de nombreuses traces de chaux. Dans la partie nord, l’US 2004 supportait l’arase d’un mur lié à l’argile (structure STR1/US 2003 ; fig. 7) établi à 2,40 m du mur M4b (bâtiment sommaire adossé à la courtine ?).

L’US 2004, est, comme la précédente assez hétérogène quant à son matériel : 60 tessons Cathma 6 et 58 tessons modernes : des bols (fig. 28, n°1-3) avec leurs fonds (fig. 28, n°4-8), des coupes à carène (fig. 28, n°11-14), un probable fond de coupe (fig. 28, n°9), une assiette à lèvre ourlée (fig. 28, n°10), et des plats (fig. 28, n°15, 16). Seule une panse d’assiette à décor marbré (jaune et vert sur brun), typique du XVIIe siècle, fait partie de l’ensemble.

Céramiques des XVe-XVIIe siècles (US 2004)
Fig. 28 - Céramiques des XVe-XVIIe siècles (US 2004)

Cette US était associée à un drain stérile (US 2002 ; H : 1,04 m ; 1 : 1,16 m) exclusivement composé de pierres (diam. moy. : 0,10 m), de rares tessons de tuiles, de mortier de chaux, et de lauzes de schiste. Il était certainement destiné à faciliter l’infiltration des eaux pluviales le long de la courtine. L’US 2002 comportait entre autres 33 tessons d’Époque moderne 60 : des bols (fig. 29, n°1, 2), un plat (fig. 29, n°3), deux fonds de formes fermées (fig. 29, n°5,6) et une lèvre de marmite ou de pot, à bord écrasé (fig. 29, n°4).

Céramiques des XVIe-XVIIe siècles (US 2002)
Fig. 29 - Céramiques des XVIe-XVIIe siècles (US 2002)

Les derniers remaniements

Ce secteur a par la suite connue d’ultimes aménagements défensifs : la courtine M4b, endommagée dans ses parties hautes, a dû être réparée au moyen d’une surélévation M4d dotée d’un chemin de ronde à dalles desservant des ouvertures de tir pour armes à feu. La rangée de trous de boulins du mur M4b a certainement été réutilisée à cette occasion pour encastrer un chemin de ronde sur équerre, afin d’élargir la circulation « en dur » de la courtine M4d, dont la largeur de 0,50 m était bien trop faible pour se déplacer en toute sécurité.

Enfin, l’accès à la barbacane a dû être définitivement condamné par la réalisation d’un bouchage volontaire maçonné M4c, comme l’attestent encore quelques moellons en surplomb au niveau du piédroit nord de la porte P2 (fig. 16).

Des niveaux d'abandon (milieu XVIIe-XXe siècle)

Enfin, dans la barbacane, les US 1001 à 1003 (fouillées en 2005) se seraient formées suite à une lente érosion des niveaux du sondage 2, après destruction du mur M4c (années 1970-1980). Dans le sondage 2, l’US 2001 recouvrait entièrement l’emprise de la fouille : il s’agit d’une terre de couleur brun clair, assez fine, contenant peu de cailloux et de rares tessons de tuiles. Ce niveau superficiel (ép. : 0,40 à 0,70 m) correspond à un apport de terre de culture qui, après abandon de la parcelle, sera recouvert d’une pellicule d’humus. Il contenait un abondant mobilier d’époque moderne : des bols (fig. 30, n°1, 2, 3), des bouteilles (fig. 30, n°4, 5), des formes fermées (fig. 30, n°6,7), un fond plat à pâte kaolinitique (fig. 30, n°8) et des assiettes (fig. 30, n°10), dont une de type Albisola (fig. 30, n°9).

Céramiques des XVIe-XVIIe siècles (US 2001)
Fig. 30 - Céramiques des XVIe-XVIIe siècles (US 2001)

ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION

Dans ce secteur du village, la fouille de 2007-2008 a donc révélé une succession d’occupations qui s’étendent de la Protohistoire au XXe siècle. Elle a donc permis de confirmer et de compléter les premières hypothèses émises en 2005 (Loppe 2006, p. 177).

Ainsi, la première occupation humaine connue à Minerve remonte à l’âge du Bronze final IIIb. Toutefois, les quelques indices découverts ne permettent pas de savoir s’il s’agit d’un habitat permanent ou temporaire, ni si cette occupation avait un caractère fortifié, même si la topographie accidentée de l’éperon barré de Minerve incite à le penser. L’US 2014 (foyer culinaire ?) semblerait être la seule couche en place attribuable à cette période. L’habitat de hauteur de cette époque est fréquent dans la proche région, comme par exemple sur le site de Boussecos (Bize, Aude ; Ournac et al. 2009, p. 147, 148, n°14) ou à Mailhac (Aude ; Ibid., p. 336-351).

Après un hiatus de plusieurs siècles, une courte occupation de l’Âge du Fer et du début de l’époque Républicaine (IIe-Ier siècles av. notre ère) pourrait avoir eu lieu, mais les éléments mobiliers sont trop faibles et dispersés pour être totalement affirmatif sur ce point. Si cette occupation était par la suite avérée, Minerve serait le quatrième oppidum de cette période répertorié sur le Causse Grand avec ceux de Vieille-Minerve, Noé, et la Gasque (supra), ce qui constituerait une densité assez remarquable dans un périmètre aussi restreint.

C’est surtout durant l’Antiquité tardive, particulièrement vers la fin du Ve et au début du VIe siècle qu’un réinvestissement massif de ce secteur (et peut-être du site) paraît s’opérer 62. La présence abondante d’un mobilier caractéristique et homogène mais aussi de 80 tessons issus de productions africaines (amphores, sigillées claires C et D), disséminés dans diverses US, démontre que le site s’intègre dès cette époque dans les grands réseaux d’échanges méditerranéens 63. Rien ne permet toutefois, pour l’heure, d’affirmer avec certitude que le site était fortifié dès cette époque, même si la fondation du mur M1 (fin Xe siècle ?) réutilise des blocs d’une construction antérieure (Ve-VIe siècles ?). En outre, l’US 2013/2019, dont le terminus est le Xe-XIIe siècle d’après le mobilier, contient une proportion majoritaire de tessons de la phase précédente (48 tessons de la catégorie Cathma 6), ce qui laisserait peut-être envisager la présence d’une construction antérieure aujourd’hui disparue.

Comme le roc de Pampelune 65 (Hérault), avec lequel il présente d’ailleurs des ressemblances topographiques frappantes 66, Minerve aurait-il abrité dès le milieu du Ve siècle une agglomération de trois hectares dotée de deux enceintes, d’une église (Saint-Nazaire) et d’un habitat ? (Schneider 2004, p. 175). Certains éléments iraient en ce sens, mais il est bien trop tôt pour l’affirmer avec certitude. La réoccupation du site aurait toutefois une origine publique, et Minerve pourrait faire partie d’une vague de création d’agglomérations 67, que ce soit pour la surveillance de la marche-frontière septentrionale de la Septimanie wisigothique 68 ou tout simplement comme chef-lieu territorial aux fonctions administrative ,juridique, et politique 69 (Schneider 2004, 183).

En outre, ici comme ailleurs, les très rares éléments céramiques des VIIe-VIIIe siècles soulèvent le fait de savoir si le dernier tiers du VIe siècle correspond à « une véritable crise et une phase de désinvestissement », conduisant ainsi « à s’interroger sur l’état réel de ces établissements deux siècles plus tard 70 » (Schneider 2004, 183).

Quelques temps après, au IXe siècle, on sait que Minerve est dotée d’un « vaste suburbium participant à l’émiettement du territorium de Narbonne » 71 (Schneider 2002, p. 35 72), et qu’en 873 le castrum est toujours chef-lieu du pagus Minerbense73 qui jouxte le territoire contrôlé à l’ouest par le site de Ventajou (Félines-Minervois, Hérault : Loppe, Marty, Zanca et al. 2005-2006, p. 303).

D’après le mobilier, ou plutôt la quasi-absence de mobilier, il existerait donc une période incertaine entre la fin du VIe siècle et les environs de l’an Mil, date à laquelle – d’après la céramique – l’occupation connaîtrait un certain renouveau participant peut-être du phénomène de glissement progressif des forteresses carolingiennes vers les castra d’époque féodale, dans le courant du XIe siècle (Schneider 2003a, 105-107).

Enceinte extérieure, front oriental, accès au puits Saint-Rustique, vue extérieure
Fig. 31 - Enceinte extérieure, front oriental, accès au puits Saint-Rustique, vue extérieure. Hypothèses de datation du bâti.

D’ailleurs, à partir des années 1066-1071, l’émergence d’un lignage seigneurial sous l’impulsion de Bernard et Pierre de Minerve (Vallée-Roche à paraître) a vraisemblablement amené un renforcement ou une érection de fortifications sur le site ainsi, plusieurs maçonneries témoigneraient d’une défense élaborée, faite pour durer (M1, M4a/P2, barbacane M2a ; fig. 31). Leurs caractéristiques de construction (petits moellons bruts, pour certains inclinés 74), leur positionnement, à la base des maçonneries visibles, et le matériel issu des comblement de fondations (US 2013/2019, 2011, 1024) iraient en ce sens.

D’autres édifices auraient pu bénéficier de cette reprise en main du site d’une part, l’église Saint-Etienne, créée au XIe siècle (Lauriol 1977, p. 98), aurait logiquement succédé à l’église Saint-Nazaire ; d’autre part la citerne C7, voûtée en plein cintre, et située à une quinzaine de mètres à l’ouest de la poterne P2. Ses maçonneries de moellons calcaires gréseux (plats et allongés 76 ou quelquefois cubiques 77) liés au mortier de chaux (murs M15 à M18 78), se rapprochent en effet des types d’appareils romans connus pour le XIIe siècle dans la proche région (fig. 32).

Vestiges de la citerne C, vus depuis le sud
Fig. 32 - Vestiges de la citerne C, vus depuis le sud.

La phase suivante serait à rapprocher d’un épisode militaire majeur, à savoir le siège mené par les Croisés durant l’été 1210. Le quartier Lo Mur aurait ainsi pu subir d’importantes destructions, et notamment le mur d’enceinte M1 et la barbacane M2a, l’accès à l’eau étant en effet vital pour les assiégés. D’ailleurs, le secteur était très exposé aux tirs d’un grand trébuchet dénommé « Malevoisine », installé sur le plateau, à l’est 79.

Après cet épisode, on aurait alors entrepris la construction de l’enceinte M3, qui amorcerait la transformation du site en forteresse royale, d’ailleurs pourvue d’un viguier à partir de 1255 (Sarret 1985, p. 13). Par la suite, l’US 2008 correspondrait au niveau de démolition (toiture ?) d’un nouveau bâtiment appuyé contre l’enceinte, peut-être suite à la destruction partielle du mur M3 (aux XIVe-XVe siècle, pendant la guerre de Cent Ans ?).

Le 8 février 1582, durant les guerres de Religion, Bacou de Pierrerue, capitaine huguenot, s’empare de Minerve avec 300 hommes après en avoir chassé la garnison (Bouges 1741, p. 366). Un siège se met alors en place durant le mois de Juillet sur l’ordre du connétable de Montmorency 80. Le Huguenot est finalement délogé le 17 septembre (surtout par négociation : Bouges 1741, p. 366, 367), mais la canonnade a certainement grandement endommagé les fortifications du site 81. Des renforcements sont d’ailleurs réalisés à partir de 1588 (Boyer 1934 82) et les murs M2b, M5, M6 et STR2 auraient pu être édifiés à cette occasion afin de renforcer l’accès au puits Saint-Rustique.

Le remblaiement de la barbacane (US 1004) est suivi de l’édification de l’enceinte M4b, le mur M3 ayant peut-être lui aussi fortement souffert du siège. Cette construction est ensuite complétée par d’importants remblais intra muros, dont la vocation est d’offrir une meilleure protection contre le tir des canons (US 2006, 2004). Par la suite, un mur M4d a permis d’améliorer la défense du sommet de la courtine, alors que la poterne P2 était parallèlement condamnée par un mur M4c.

Ces aménagements ont pu avoir lieu dans le premier tiers du XVIIe siècle, avant le démantèlement de la place ordonné par Louis XIII le 1er août 1636. Cette tâche est réalisée l’année suivante par le syndic du diocèse de Saint-Pons sous la responsabilité de son évêque (les portes de Minerve sont épargnées). Le château proprement dit est quant à lui détruit sur ordre de Louvois en 1684, près d’un siècle après les dernières réparations connues.

CONCLUSION

Cette fouille a permis d’éclairer environ 2500 ans d’histoire du site de Minerve, entre 900 av. notre ère et le XVIIe siècle, apportant des informations inédites sur cette place-forte majeure du Languedoc.

Dans cette région méditerranéenne, elle a tout d’abord permis d’éclairer – de manière diachronique – l’importance vitale de l’accès à l’eau. La présence d’un système d’accès fortifié au puits Saint-Rustique 84 et de 67 opercules 85 disséminés dans diverses couches, illustrent cet état de fait : ces petits disques circulaires ou polygonaux, retaillés dans des éclats de pierre ou de céramique (diam. : 4,5 à 7 cm ; ép. : 0,5 à 3 cm) ont probablement été accidentellement perdus lors du transport de l’eau dans les récipients qu’ils obturaient (cruches et dournes), mais le nombre très faible de formes attribuables à ces derniers indique, malgré l’intensité du trafic, qu’ils ne se sont pas brisés sur les rochers avec leur bouchon…

De plus, la proximité de la citerne C laisse penser qu’elle a pu servir de réservoir pour l’eau du puits ou de la rivière, en plus du remplissage assuré par l’eau pluviale 86. Le système d’accès (échelle ou escaliers en bois) et les dimensions très restreintes de la poterne P2 plaident exclusivement en faveur d’un transport à dos d’homme qui a dû se poursuivre jusqu’au bouchage de cet accès, à 1’Époque moderne (mur M4c).

D’une manière générale, pour les périodes les plus anciennes, on peut désormais constater qu’à de courtes phases d’investissement du site succèdent de longues périodes de désertion, selon un schéma relativement classique pour les sites de hauteur entre Protohistoire et haut Moyen-âge 87. C’est seulement à partir du début du Xe siècle qu’une occupation humaine permanente s’installerait à Minerve, fait avéré par le matériel recueilli et les sources historiques.

Ainsi, même si l’histoire de Minerve reste à écrire, notamment pour la période médiévale, cette opération aura montré que l’agglomération actuelle tire son origine d’un site de hauteur des Ve-VIe siècles, et qu’elle s’inscrit ainsi dans la dynamique de recherche sur les cadres territoriaux, politiques et monumentaux légués par l’Antiquité tardive en France méridionale (Schneider 2010a).

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Schneider 2006b : SCHNEIDER (L.), « À propos de l’espace rural durant le haut Moyen Âge méridional : archéologie et cartulaires », LE BLEVEC (D.) (dir.), Les cartulaires méridionaux, Actes du colloque de Béziers, 20-21 sept. 2002, Études et rencontres de l’École des Chartes, n°19, Paris, École des Chartes, 2006, p. 33-59.

Schneider 2007a : SCHNEIDER (L.). « Cités, campagnes et centres locaux en Gaule narbonnaise aux premiers siècles du Moyen Âge (Ve-IXe s.) : une nouvelle géographie, de nouveaux liens », SENAC (Ph.) (éd.), Actes d colloque international Villa II – Ciudades y campo en la Tarraconense y en al Andalus (ss. VI-XI) : la transicion, Saragosse 20-22 novembre 2006, Toulouse, Université du Mirail, Collection Méridiennes, Série Études médiévales Ibériques, 2007, p. 13-40.

Schneider 2007b : SCHNEIDER (L.), « In regno Septimanie, in comitatu et territorio Biterrrensi : le Biterrois et l’aristocratie biterroise de la fin du IXe à la fin du Xe siècle », Annales du Midi, revue de la France Méridionale, t. 119, n°260, octobre-décembre 2007, p. 409-456.

Schneider 2008a : SCHNEIDER (L.), « Aux marges méditerranéennes de la Gaule mérovingienne. Les cadres politiques et ecclésiastiques de l’ancienne Narbonnaise Ière entre Antiquité et Moyen Âge (Ve-IXe siècles) », MAZEL (F.) (dir.), L’espace du diocèse. Genèse d’un territoire dans l’Occident médiéval (Ve-XIIIe siècle), Presses Universitaires de Rennes, 2008. p. 69-95.

Schneider 2008b : SCHNEIDER (L.), « Cité, castrum et « pays » : espace et territoires en Gaule méditerranéenne durant le haut Moyen Âge. L’exemple de la cité de Nîmes et du pagus de Maguelone (Ve-XIe siècles) », CRESSIER (P.), Le Château et la ville. Espaces et réseaux (Ve-XIIIe siècle) [El Castillo y La Ciudad. Espacios y Redes (ss. VI-XIII), Actes du colloque Castrum 8, Baeza, Espagne, 25-28 sept., 2002]. Casa de Velázquez (108), École française de Rome (15/8), 2008, p. 29-69.

Schneider 2010a : SCHNEIDER (L.), « De la fouille des villages abandonnés à l’archéologie des territoires locaux. L’étude des systèmes d’habitat du haut Moyen Âge en France méridionale (Ve-Xe siècle) : nouveaux matériaux, nouvelles interrogations », CHAPELOT (J.) (dir.), Trente ans d’archéologie médiévale en France. Un bilan pour un avenir, Actes du colloque de Vincennes juin 2006, Société d’Archéologie Médiévale, 2010, p. 133-161.

Schneider 2010b : SCHNEIDER (L.), « Castra, vicariae et circonscriptions intermédiaires du haut Moyen Âge méridional (IXe-Xe siècle) : Le cas de la Septimanie-Gothie », BOISSEUIL (D.), CHASTANG (P.), FELLER (L.), MORSEL (J.) (dir.), Écritures de l’espace social. Mélanges d’histoire médiévale offerts à Monique Bourin. Paris, Publications de La Sorbonne, 2010, p. 237-266.

Vallée-Roche à paraître : VALLÉE-ROCHE (M.), La genèse d’un lignage : des comtes de Carcassonne aux vicomtes de Minerve, Annales du Midi, 2011.

Documents non publiés

Fiore et al. 2005 : FIORE (F.), DITSCH (G.), DURAND (G.), ANSERMOZ (Ch.), Minerve, Hérault, étude préalable à la restauration et à la valorisation des remparts, commune de Minerve, septembre 2005, 191 p.

Loppe 2005 ; LOPPE (F.), Cité de Minerve (Hérault), sondage archéologique, enceinte extérieure, partie orientale, Document Final de Synthèse, Service Régional de l’Archéologie Languedoc Roussillon, 2005, 30 p.

Loppe et al. 2007-2008 LOPPE (F.) (dir.), DOUILLET (Ch.) DUFFAUD (S.), VILLANUEVA (E.) (coll.), Village de Minerve (Hérault), enceinte extérieure, accès au puits Saint-Rustique, fouille archéologique préventive 2007-2008, Document Final de Synthèse, Service Régional de l’Archéologie Languedoc Roussillon, 2008,203 p.

NOTES

 1.  Les numéros entre parenthèses renvoient à ceux de la fig. 1.

 2.  Église et cimetière Saint-Nazaire, au pied du site.

 3.  Elle donnait sur le chemin menant au castrum de Cabaret (Lastours, Aude).

 4.  Éléments liés au mortier de chaux découverts récemment lors d’un important affouillement des eaux (hiver 2010-2011). Pile : L : env. 2,50 m : 1 :0,70 à 1 m env. Chaussée : visible sur 1 x 1,5 m env. Ils n’apparaissent pas sur le cadastre de 1813 et sont donc antérieurs (Moyen-âge, Époque Moderne ?). Je remercie M. Vallée- Roche de m’avoir signalé ces vestiges.

 5.  Devic, Vaissète 1876, pr. 183, c. 371, 23 avril 873. Jugement rendu en faveur de l’abbaye de Caunes : « et per te locum venerationis sancto Nazario martyre Christi, cujus eglesia site est alite kastro Minerba ». Elle serait de nouveau mentionnée « le 15 octobre 1323 dans une pièce de procédure, par laquelle le vicaire de Minerve, au nom du Chapitre de Narbonne, est maintenu dans la possession de l’église Saint-Nazaire, annexe de l’église Saint-Etienne de Minerve » (Ferrer 1998, p. 38).

 6.  En outre, exposée aux agents d’érosion, la surface supérieure de cette roche est lisse, mamelonnée, et parsemée de cupules de dissolution. Sur les zones de passage, elle devient facilement glissante après usure.

 7.  C’est également le cas au proche castrum de Ventajou, commune de Félines-Minervois, Hérault. Une carrière de pierre, distante d’un kilomètre, a de ce fait été utilisée pour bâtir la quasi-totalité des constructions (Loppe, Marty, Zanca et al. 2005-2006).

 8.  Les affleurements s’étagent en effet à des altitudes allant de 110 m NGF (en direction d’Azillanet) à 180 m NGF (en direction du Sud-Est, lieu-dit « les Grèzes »), quand le col des Aliberts, passage obligé vers Minerve, est situé à 240 m.

 9.  Par ailleurs, le cours tortueux de la Cesse, sur environ huit kilomètres de long, a percé par endroits grottes et abris sous roche. Ainsi, au sud de Minerve, l’élargissement de conduits karstiques recoupant les méandres a permis la création de deux immenses ponts naturels : le Petit Pont (L : 110 m) et le Grand Pont, devant le village (L : 250 m ; H : 40 m ; l : 30 m).

10. Les eaux souterraines suivent une direction sud-est qui diffère du cours aérien, orienté ouest-est.

11. Durant la fouille, son nettoyage a livré des argiles de décalcification en plaquage, signes de son élargissement par karstification.

12. En effet, si la source des Payrolles qui alimente le Brian offre un débit ininterrompu même pendant l’été, il est en moyenne inférieur de moitié à la capacité d’absorption de la perte. Il est donc probable que l’eau du puits provient du Brian, la même qui alimente encore aujourd’hui Minerve par captage.

13. Objets actuellement conservés dans une vitrine du musée de Minerve.

14. Le mur nord de cette église (L x H : env. 14 x 2 m) est toujours visible, renglobé dans la clôture du cimetière. Deux maçonneries distinctes subsistent : à l’extrémité orientale, un mur M1a (L x H x ép. : 1,90 x 2 x 0,70 m), repris par un mur M1b (L x H : 12 x 2 m) possédant deux bases de piliers engagés en calcaire (1 x P : 0,53 x 0,22 m). Il s’articule avec le pignon M2, enfoui sous la végétation.

15. « RVSTICVS ANNo trigesimo EPiscopaTVS SVI Fieri Fecit » (Sarret 1985, p. 23 ; Lauriol 1977, p. 99). Il s’agit d’un marbre blanc provenant de Saint-Pons de 1,43 x 0,68 x 0,15 m (Clavel 1970, p. 340). Rusticus fut évêque de Narbonne de 427 à 462 (Michaud, Cabanis 1988, p. 221).

16. Cette pierre est aujourd’hui conservée dans l’autre lieu de culte (Saint-Etienne), au moins depuis 1882 (Joanne 1882, p. 70), et Ch. Boyer signale qu’elle s’y trouvait dès le XVIIe siècle (Boyer 1927, p. 39). Lors de la restauration de l’église Saint-Etienne en 1973, on aurait retrouvé un pilier-support de cet autel (Cordes 1974, p. 65).

17. Le phasage de l’occupation avancé dans notre premier article sur Minerve, en 2006 (Loppe 2006, p. 177), sera ainsi complété ou partiellement remis en question par ces nouvelles découvertes.

18. L x 1 x ép. : 0,50 x 0,50 x 0,20 m. Les rares éléments postérieurs semblent être des intrusions superficielles. US 2014 : faune ; 31 CNT-Lor (BF IIIb) : 134 am ph. afr. : 2 âge du Fer : 1 ; réd. méd. : 11 ; total : 179.

19. Toutefois, un sondage clandestin réalisé dans les années 1970-1980, à la base de la tour de la Prison (à 130 m au sud), a également livré des tessons de la même période. Il est donc fort probable que l’habitat protohistorique s’étendait bien au delà de la zone fouillée en 2007-2008…

20. US 1019 antique : 4, dont 2 amph. grise rugueuse : 57 ; US 1020 grise rugueuse : 12 ; amph. afr. : 1.

21. Généralement considérées comme « locales », ces productions connaissaient parfois une diffusion plus large, comme le montre au total la vingtaine de fragments de ce type recueillis à Minerve dans diverses US. On peut en effet supposer – faute de gisement proche d’une telle argile autant qu’en raison de leur aspect – une origine rhodanienne, 200 km à l’est de ce site.

22. Nettoyage superficiel du substrat, partie sud du sondage 2.

23. Type que l’on retrouve exceptionnellement sur des pots de morphologie médiévale.

24. Certains d’entre eux possèdent une face de parement (remplois). Des déchets de taille (8 x 3 cm) sont utilisés en calage.

25. L x H : 0,20 x 0,18 m ; 0,17 x 0,10 m. On remarque également quelques rares galets de grande taille.

26. Au niveau de la berme nord, l’US 2012 (Faune : 30 ; amph. afr. : réd. méd. : 6 total : 37) serait équivalente à l’US 2013/2019, et constituerait un vestige du comblement de la tranchée de fondation de l’enceinte M1/M4a.

27. L x H : 0,22 x 0,17 m ; 0,19 x 0,14 m ; 0,17 x 0,13 m.

28. Surplomb compris entre 0,04 et 0,20 m.

29. L x H : 0,22 x 0,08 m ; 0,30 x 0,08 m ; 0,27 x 0.13 m.

30. L x H : 0,33 x 0, 17 m ; 0,35 x 0,17 m ; 0,20 x 0,12 m. Une brèche au niveau du raccordement avec le mur M4b a permis d’apercevoir trois moellons du parement externe, bâtis en ressaut de 0,10 m l’un par rapport à l’autre.

31. [Appel manquant] M21 : 168,78 m NGF ; M1 : 168,82 m NGF.

32. L x H x P conservée : 0,35 x 0,19 x 0,22 m. L originelle : 1,10 m.

33. Ébrasement sud : H x l x P : 0,16 x 0,18 x 0,18 m. En partie recouverte par le bouchage ultérieur de la porte P2 (M4c ; Loppe 2006, p. 174), détruit par un sondage clandestin dans les années 1970-1980. Ébrasement nord : H x l x P : 0,17 x 0,15 x 0,16 m.

34. Immédiatement derrière les tableaux intérieurs du linteau, ces logements sont entièrement noyés dans le mortier de bouchage postérieur, mais on en devine encore les contours.

35. Ébrasement sud. H/sol : 0,90 m. L : 0,80 m ; H : 0,14 m à 0,26 m ; P : 0,10 m.

36. Ainsi disposés, ces aménagements en négatif permettent de restituer un vantail de 6 cm d’épaisseur.

37. H x l x P : 0,12 x 0,16 x 0,06 m.

38. On peut se demander si le choix de ce système de fermeture a été réalisé par défaut, les constructeurs étant peut-être dans l’impossibilité de réaliser un épart coulissant du fait de la trop grande proximité du substrat (contrairement à la poterne P1 : infra).

39. US 2027. Faune : 406 ; CNT-Lor (BF IIIb) : 50 ; DSP réd. : 16 ; commune afr. : 1 ; claire C et D : 8 ; amph. afr. : 24 ; céra à piso. : 1 ; grise polie (Cathma 4) : 38 ; grise rugueuse (Cathma 6) : 171 indét. : 214 ; total : 929.

40. Moellons de grès très bien équarris, face de parement dressée (L x H moy. : 0,44 x 0,10 m, 0,30 x 0,10 m).

41. [Appel manquant] Le logement d’épart se situe dans le piédroit nord : H x l x P : 0,21 x 0,20 x 1,37 m. Dans l’ébrasement sud, on remarque la butée correspondante (H x l : 0,16 x 0,11 m).

42. US 1024. Faune : 21; CNT-Lor (BF IIIb) : 2 ; claire C : 1 ; amph. afr. : 1 : grise polie (Cathma 4) : 35 ; kaol (Cathma 8) : 1 ; total : 61.

43. La margelle actuelle serait toutefois datable de l’Époque moderne ou contemporaine (infra).

44. [Appel manquant] Ep. : 1 m. L x H visible :3,30 x 2 m. Un retrait de 7 cm a été laissé avec le parement de M1.

45. Lx H : 0,36 x 0,19 m ; 0,37 x 0,21 m ; 0,22 x 0,13 m. Face de parement dressée au pic ou au têtu. Des « bouchons » s’intercalent entre les longues pierres de parement.

46. [Appel manquant] L x H moy. : 0,32 x 0,14m.

47. L x H moy. :0,20 x 0,14 m.

48. 48.TDB 1 : H x l : 0.16 x 0,12 m ;TDB 2 : 0,16 x 0,15 m : TDB 3 : 0,15 x 0,12 m ; TDB 4 : 0,13 x 0,16 m. Distance entre TDB 1 et TDB 2, de bord à bord : 1,35 m ; entre TDB 2 et TDB 3 : 0,56 m ; entre TDB 3 etTDB 4 : 2,40 m.

49. Ep. : 0,50 à 70 m. Moellons de calcaire gréseux (L x H moy. : 0,27 x 0,16 m) noyés dans un mortier gris très riche en chaux (blocage : déchets de taille et galets). L’appareil est relativement irrégulier mais de petites assises composées pierres plates (L x H moy. : 0.16 x 0,04 m) s’intercalent de temps à autre pour rattraper l’horizontalité du litage. Deux trous de boulin visibles : l’un proche de la porte P3 (H x l : 0,20 x 0,14 m), l’autre, au ras du substrat (mur M5 ; H x l : 0,16 x 0,12 m), couvert par un linteau de grès (0,45 x 0,14 m).

50. Mur M5, partie basse. Ouv. 1 : H x l intér. : 0,30 x 0,30 m. Couverture : linteau de grès. H x l extér. : 0,25 x 0,04 m. H de l’appui/rocher : 1,64 m. Ouv. 2 : H x l : 0,30 x 0,30 m ; H x l extér. : 0,20 x 0,04 m ; H de l’appui/rocher : 1,70 m. Ces ouvertures semblent trop hautes pour qu’elles puissent en l’état servir de systèmes de tirs. Y-avait-il un plancher interne permettant de surélever le tireur ? Ou s’agit-il seulement de jours éclairant cet accès autrefois couvert par une toiture, et donc très sombre ?

51. H x l int. : 0,30 x 0,30 m. H de l’appui/sol : 1 m.

53. Un accès similaire existait peut-être au niveau du mur M5, dans l’axe de la porte P3, de manière à ne pas interrompre le cheminement de la basse-ronde (porte P4 ?).

53. Dans le prolongement du mur M6, sur la paroi rocheuse au pied de laquelle le puits est implanté, on remarque, à une hauteur de 3 m, des traces de mortier (à 0,50 m du puits) visibles sur une largeur de 0,60 m, c’est-à-dire l’épaisseur de M6.

54. Il ne reste aujourd’hui plus trace visible de ces structures, peut- être détruites par une ou plusieurs crues.

55. Faune : 100 ; céra mod. : 13 ; CNT-Lor (BF IIIb) : 9 ; grise polie : 2 ; réd. BMA : 1 ; AT : 5, dont 1 claire C ou D et 1 amph afr. ; grise rugueuse : 127 ; métal : 1 ; autre : 1 ; total : 259.

56. Faïence à pâte calcaire (inclusions de chaux : petits points blancs) nodules d’hématite ou de goethite (sorte d’oxyde de fer de couleur rouge sombre/marron). Émaux : vert de cuivre et brun de manganèse sur émail stannifère blanc. Il s’agit d’une production assez courante en Languedoc. Ces pièces arrivent par le moyen des échanges commerciaux avec le royaume de Valence (laine, chevaux, mulets, draps, etc.).

57. Un linteau contemporain (Lx H : 0,80 x 0,06 m) est toutefois placé sous ce dispositif, environ 0,30 m au dessus du linteau d’origine de la porte P2 : il aurait servi à caler l’arc de décharge et à soulager les extrémités du premier linteau de la poussée des maçonneries.

58. US 2009. Faune : 16 ; céra mod. : 10 ; amph. afr. : 1 ; grise polie : 2 ; réd.méd. : 10 ; métal : 2 ; autres : 1 ; total : 42 ; US 2010. Faune : 25 ; céra mod./contemp. : 3 ; grise polie : 4 ; antique : 1 ; autre : 2 ; réd. méd. : 10 ; total : 45.

59. Ces deux derniers sont proches de céramiques de type 1 découvertes au castrum de Ventajou, et attribuées à la seconde moitié du XIVe siècle (Loppe, Marty, Zanca et al. 2005-2006, 327, fig. 35/9, 17, 18).

60. US 2002. Faune : 37 ; os humains : 5 ; céra mod. : 33 ; céra piso. : 1 ; grise polie : 2 ; CNT-Lor (BF IIIb) : 1; réd. méd. : 32 ; réd. glaç. BMA : 1 ; antique : 2 dont 1 com. oxyd., 1 anse ; métal : 4 ; autre : 3 ; total : 121.

61. [Appel manquant] Blocage de déchets de taille liés au mortier de chaux. Presque totalement détruit par un sondage clandestin dans les années 1970-1980.

62. Dès les années 1930, L. Mathieu et M. Cathala supposaient d’ailleurs que « l’antique château de Minerve » avait été édifié « sans doute durant l’ère wisigothique… » (Mathieu, Cathala 1938, p. 22), et en 1991 Ph. Assié estimait que des vestiges de murs, maintenant renglobés dans l’enceinte, seraient attribuables à cette époque (Assié 1991,p.5).

63. Au roc de Pampelune (Argelliers, Hérault), cette proportion est cependant bien plus importante : les amphores africaines et orientales représentent par endroits près de 40 % du total des céramiques découvertes (Schneider 2003a, p. 121).

64. [Appel manquant] En 2002, L. Schneider pensait pour sa part que la fortification de ce site remontait au moins au VIIIe siècle (Schneider 2002, p. 35).

65. Et d’autres comme l’oppidum de Saint-Blaise (Bouches-du- Rhône Schneider 2001, 436, 444, 445 ; Schneider 2002, 35).

66. Éperon de forme triangulaire avec zone sommitale à une extrémité, deux enceintes non concentriques (Schneider 2003a, 118, fig. 36).

67. Un petit site de hauteur proche, le pic des Sarrazis (commune de Cassagnoles) a d’ailleurs été découvert dans les années 1970. La datation du mobilier fait également apparaître une occupation ciblée entre la seconde moitié du Ve siècle et le début du VIe (Loppe, Marty, Zanca et al. 2005-2006, p. 298-300).

68. Vaincus par les Francs à Vouillé en 507, les Wisigoths refluent vers l’Espagne, ne conservant que l’ancienne Province de la Narbonnaise, au nord des Pyrénées. Dès lors, une ligne Ouest/Est de places-fortes publiques (Cabaret, Ventajou ?, Minerve ?, et d’autres ?) aurait pu être implantée sur le versant méridional de la Montagne Noire, afin de défendre la partie septentrionale de la Septimanie wisigothique (Gardel, Jeanjean 2005, p. 74 ; Loppe, Marty, Zanca et al. 2005-2006, p. 294). Cette marche-frontière sera en activité au moins jusqu’en 720 (prise de Narbonne), date à laquelle elle disparaît devant les invasions sarrasines (Périn, Feffer 2001, p. 190 : Gardel, Jeanjean 2005, p. 72). Après cette défaite, il faut en effet « s’interroger sur le processus d’établissement des frontières entre royaume franc, Septimanie wisigothique et Provence ostrogothique, mais aussi sur la défense des cités elles-mêmes et de leur territoire » (Schneider 2004, p. 183, 184 ; voir également : Schneider 2003b, p. 10 ; Schneider, Garcia 1998, p. 93, 94). D’ailleurs, « l’effort de l’État, s’il n’est pas lié à des initiatives locales, semble avoir plus volontiers porté, entre les Ve et VIe siècles, sur l’érection de castra dans les zones montagnardes, dans les Pyrénées, la Montagne Noire, en Corbières, en Cévennes et sur les Causses » (Schneider 2008a, p. 88), et on sait désormais aujourd’hui que « la documentation archéologique rend compte d’une phase de création des places fortifiées au cours des Ve et VIe siècles, à vrai dire beaucoup plus nombreuses qu’on ne l’avait cru un temps » (Schneider 2010b, p. 238).

69. Contrairement à d’autres sites en Gaule Narbonnaise (Schneider 2007a), l’émergence de l’agglomération de Minerve ne serait donc pas la conséquence directe de la création de l’évêché de Carcassonne dans le dernier tiers du VIe siècle (vers 589 ; Schneider 2008a, p. 76), puisque la céramique découverte est antérieure à cette période (fin Ve-début VIe siècle, supra).

70. En effet, sur bien des sites, il faut souvent « attendre les dernières décennies du VIIIe siècle pour détecter une nouvelle accélération de la vie rurale » (Schneider 2007a, p. 36).

71. Griffe 1974, p. 19-20 ; p. 81, pour les limites du pagus ; Devic, Vaissète 1876, pr. ajoutée 90, col. 195 ; 17 décembre 836 : « in territorio Narbonense, suburbio Minerbensi » ; Ibid. t. II, pr. 106-LVIII, col. 222. Date : 844 : « pagus Minerbensis, in suburbio Narbonense ». On sait en effet que le territorium désigne « un ressort rural, continu ou non, pouvant s’étendre sur plusieurs dizaines de kilomètres » (Schneider 2007b, p. 432).

72. 72. D’ailleurs, « la précocité des mentions de castra dotés de suburbia, avant 821 pour Anduze, en 801 pour Ventajou, 813 pour Minerve, 815 pour Planitum, 816 pour Mormelicum, montre que le processus d’émergence de ces places et de définition de leur territoire est particulièrement ancien, en tous cas bien antérieur à la formation et à la stabilisation des aires de dominations de l’aristocratie carolingienne » (Schneider 2010b, p. 247). À notre connaissance, la première mention de suburbium pour Minerve daterait de 836 (supra).

73. Devic, Vaissète 1876, pr. 183, c. 371, « in mollo publico ante castro Menerba ». C’est également le cas pour d’autres sites du même type en Gaule Méditerranéenne, dont les « occupations se prolongent jusqu’aux temps carolingiens, tandis que les sources écrites de ces époques les présentent clairement comme des chefs-lieux administratifs, des capitales de petits pays, participant aux découpages internes du territoire des anciennes cités » (Schneider 2001, p.446).

74. [Appel manquant] Caractéristique plaidant ici pour une datation haute (Xe siècle ou antérieur ?). D’autres parties d’appareil du même type ou en opus spicatum sont visibles sur l’enceinte extérieure (fronts est et sud) mais aucun, à notre connaissance, sur l’enceinte intérieure. Pour les châteaux du Languedoc montagnard des Xe-XIe siècles, F. Journot observe que « l’appareil assisé mais peu régulier posait aussi quelquefois des problèmes. Dans ce type d’appareil où tout est fait sans niveau de maçon, à l’œil, la cohésion est difficile à maintenir dès que le mur atteint quelque hauteur. Tout d’abord, les assises de base s’accrochent à un niveau irrégulier et non plan. Ensuite, le fait qu’il soit impossible de maîtriser parfaitement l’alternance des joints verticaux provoque des lignes de fissure. Il est probable que la pose des moellons en oblique a constitué un moyen de consolider ce type d’appareil. En effet, jamais un mur n’est entièrement construit en opus spicatum ; s’intercalent de loin en loin entre les assises horizontales deux ou trois assises en oblique. Peut être posée comme hypothèse que celles-ci absorbent les désordres d’un appareil irrégulier en répartissant les poussées qui risqueraient de se concentrer sur les lignes verticales de joints, jouant en quelque sorte le rôle de raidisseurs, mais dans le sens horizontal. L’opus spicatum peut donc être un indice de haute époque, mais dans l’historiographie de la construction médiévale, on en a fait parfois abusivement une preuve » (Journot 1999, p. 44).

75. [Appel manquant] Dim. internes : L x l x H : 2 x 1,30 x 2,40 m, soit env. 6,2 m3.

76. L x 1 : 0,30 x 0,13 m ; 0,20 x 0,11 m.

77. L x l : 0,28 x 0,14 m ; L x l : 0,17 x 0,12 m.

78. Ep. M15 : 1,30 m ; M16 : 1 m ; M17 : 0,50 à 0,60 m.

79. La Chanson de la Croisade mentionne en effet que les machines de guerre croisées font des « brèches dans les hauts remparts et dans le logis seigneurial, bâti en pierre maçonnée de mortier de sable et de chaux » (Martin-Chabot 1960, t. I, p. 114, 115, [48]).

80. Devic,Vaissète 1889, p. 699 ; t. XII, pr. 391-CXXXV, col. 1363 et s.). Les assiégeants sont commandés par François de la Jugie, baron de Rieux et gouverneur de Narbonne.

81. Les deux boulets retrouvés dans l’US 1004 seraient à rattacher à cet événement (supra). Trois autres du même type, conservés au musée municipal, ont été découverts dans divers jardins du village.

82. À cette date, des reconstructions ont en effet touché le château, comme en témoignent les sources (travaux de réfection de la porte et du guichet d’entrée du château de Minerve et construction d’un pont-levis ; AD Hérault, B28634, cahier de 16 feuillets, « Réparation du château de Minerve »). L’enceinte aurait-elle également bénéficié d’une phase de travaux vers la même période ?

83. [Appel manquant] Boyer 1934, p. 160. AN, E 1634 n°86. « …sur la requeste présantée au Roy en son conseil par le syndic du diocèse de Sainc-Pons tendant à ce qu’il plaise à Sa Majesté d’ordonner que le fort et le chasteau de Minerbe soit desmoly et rasé attendu qu’il est du tout inutile à son service (…) que ledit chasteau est esbigné de deux grandes journées de la frontière d’Espagne et ne peut servir que de moyen d’opprimer les subjetz du Roy des lieux circomvoisins… ».

84. Cette construction, peut-être créée aux Xe-XIIe siècles (ou avant ?), est aujourd’hui pourvue d’une margelle de facture moderne ou contemporaine, couverte par une coupole en cul-de-four liée à la chaux (appareil irrégulier en galets et moellons de grès). Elle a probablement succédé à un système de puisage plus complexe autrefois desservi par le chemin couvert.

85. De tels objets ont par exemple été découverts à L’Isle-Bouzon, dans le Gers (Lassure et al. 1998, p 286). Selon J.-M. Lassure « rien n’indique le type de récipients auquel ces opercules s’adaptaient – si toutefois ils étaient réservés à cet usage – mais il est possible qu’enveloppés dans un tissu comme c’est encore le cas pour les bondes ou dans un morceau de cuir souple, ils aient servi à obturer des vases à liquide. Le fait qu’une centaine de ces objets, taillés dans des plaquettes calcaires, aient été trouvés à l’intérieur du puits à eau creusé au Moyen Âge sous la halle de Cordes (Tarn) et dont le remblayage est intervenu au XVIe siècle vient à l’appui de l’hypothèse de leur utilisation comme couvercle pour des récipients servant au puisage et au transport de l’eau » (Ibid., p. 285).

86. Elle est d’ailleurs vraisemblablement restée en service jusqu’aux XVIe-XVIIe siècles, comme le montrent les très nombreux tessons de dournes décorés à la molette récupérés dans les années 1970-1980, lors d’une fouille clandestine (matériel conservé au musée de Minerve). La présence concomitante de céramiques vernissées (plats, assiettes) suggère également qu’elle a servi peu après de dépotoir avant d’être totalement abandonnée.

87. Ainsi, sur le site de hauteur de La Granède, près de Millau (Aveyron), « trois remparts successifs, Bronze Final, IIe siècle av. notre ère et Ve-VIe siècles de notre ère, ont pu être identifiés » (Saint-Pierre 2010, p. 181).