Mémoire d'Oc n° 93 (avril 2002)
Daru, intendant général de la Grande Armée
116 pages – (2002)
Introduction
Napoléon a su s’entourer d’excellents seconds. Il les a choisis, les a retenus ou les a écartés, leur a mené la vie dure, s’en est méfié mais il les a associés à son destin exceptionnel.
Grands commis, simples exécutants de la volonté de Napoléon, collaborateurs efficaces, ils ont occupé « une place substantielle », dans l’organisation de l’État Napoléonien.
Il fallait à Napoléon des hommes compétents, aptes à appliquer ses directives et à diriger l’administration, car il ne pouvait pas tout traiter par lui-même. Sa clairvoyance, sa perspicacité l’ont éclairé dans la découverte et le choix d’hommes talentueux, bons spécialistes et ayant parfois du poids dans le paysage politique.
Les ministres ne participaient pas à la fonction de gouverner puisque selon la constitution, le pouvoir exécutif était exercé en droit par Napoléon (Textes de l’an VIII et de l’an X). Il n’y avait pas de ministère.
Des réunions informelles, des travaux en tête à tête avec Napoléon associaient les ministres aux décisions. Le conseil des Ministres permettait à Napoléon de prendre le pouls et d’éclairer son opinion avant de décider seul. Dans les conseils d’administration qui traitaient de sujets précis avec des spécialistes, les ministres avaient peu de marge de manœuvre.
Cependant ils eurent une certaine latitude pour régler les petits soucis quotidiens, résoudre des mesures d’urgence, organiser les approvisionnements et présenter un avant-projet de loi ou de règlement d’administration…
On comprend aisément qu’il fallait dans ces conditions, des hommes actifs, imaginatifs, fidèles. Dire qu’ils ne furent que de simples commis est exagéré.
Napoléon n’aimait pas les visages nouveaux. Il choisit, entre 1799 et 1815, 32 ministres ; le nombre de portefeuilles était de 12.
Parmi ces ministres du Consulat et de l’Empire, trois sont originaires du LANGUEDOC : CHAPTAL né en LOZERE, CAMBACERES et DARU nés à MONTPELLIER.
CHAPTAL Jean Antoine né en 1756 à Nozaret en Lozère, accéda au poste de ministre à 44 ans. Il fut ministre de l’intérieur du 21 Janvier 1801 au 8 Août 1904, soit 3 ans et 6 mois.
Médecin, il avait obtenu en 1780 une chaire de chimie et un laboratoire à l’université de Montpellier. Il intervient en politique dés 1790. Inquiété comme Fédéraliste (opposé à la centralisation et à la dictature révolutionnaire) il se réfugie dans les Cévennes. CARNOT le fait venir à PARIS pour prendre la direction des poudres et salpêtres. Il obtient des résultats remarquables, développant l’industrie chimique de 1795 à 1799 et entre à l’académie de sciences.
Le 21 Janvier 1801, BONAPARTE en fait son ministre de l’Intérieur avec 4 objectifs : Administration Générale (cultes – Instruction publique), Agriculture, Budget et Beaux Arts. Avec Cambacéres il participe à la réorganisation administrative. Son œuvre est considérable : réorganisation économique, extension de l’enseignement (Arts et Métiers), organisation des hôpitaux et professions médicales, création de l’industrie chimique.
En 1804, il est renvoyé !, nommé sénateur et Comte d’Empire puis ministre d’État aux Cents Jours, il prend ses distances comme opposant libéral. Il n’est pas cité par Napoléon à Sainte Hélène pour son œuvre ministérielle. Cet oubli est rancunier.
CAMBACERES Jean-Jacques Régis, né à Montpellier le 13 Octobre 1753 accéda au poste de ministre de la justice à 46 ans, de Novembre 1799 à fin Décembre 1799 puis de Mars à Juin 1815. Archichancelier, grand dignitaire, il fut un fidèle de l’Empereur.
Conseiller à la cour des comptes de Montpellier, élu député de l’Hérault en 1792, il adhère aux idées révolutionnaires du bout des lèvres, vote le sursis pour le Roi, puis exige l’exécution. Il préside le comité du Salut Public et est élu au Conseil des Cinq Cents où il se signale par sa modération. Ministre de la Justice en 1799, il est choisi par Bonaparte comme deuxième consul en Décembre 1799 et prend la part principale dans la rédaction du Code Civil. Il joue alors un rôle essentiel auprès de l’Empereur : Archichancelier, sénateur, conseiller d’état, membre du conseil privé, membre du conseil de régence, ministre de la justice pendant les Cents Jours.
Avec Chaptal, ses interventions furent déterminantes dans les réformes administratives. Il a suivi attentivement les activités de BONAPARTE devenu NAPOLEON, ne cachant pas l’admiration que celui-ci lui inspire. Il a gagné la confiance de BONAPARTE qui la lui maintiendra jusqu’à la fin. Il sera le fidèle second, exerçant la réalité du pouvoir au cours de chacune de ses absences principalement aux armées.
Exilé à la Restauration, il revient en mai 1818 mais ne joua plus aucun rôle politique.
Quant à DARU, dont le nom est moins connu que ses deux compatriotes Languedociens, auxquels il faudrait associer le général MATHIEU-DUMAS, autre Montpelliérain, comte d’Empire, il fut celui qui, selon NAPOLEON, valait un ministère tout entier.
Personnalité connue en France et en Europe, il n’usât jamais de sa renommée. Ses titres sont impressionnants : Tribun, conseiller d’État, intendant général, Ministre, comte d’Empire, académicien. Sa carrière, due essentiellement à NAPOLEON, est aussi le résultat d’un travail intelligent et acharné, allié à une grande probité.
Le rôle qu’il a joué auprès de l’Empereur est l’aboutissement d’une expérience administrative commencée sous l’Ancien Régime et la Révolution. Cette place tenue au près de NAPOLEON ne doit pas faire oublier le poète, le latiniste, l’historien qu’il était.
Son nom est lié aux souvenirs les plus honorables de la littérature de son temps, comme il l’est aux plus grands événements de notre histoire. (SAINTE-BEUVE)
Il mérite donc d’être mieux connu en Languedoc, sa terre natale, et de survivre dans la mémoire des hommes de cette terre.
Suivre le parcours de cet homme, c’est le situer dans cette période exceptionnelle et revivre de grands moments de notre histoire.
Contenu du numéro :
De la Monarchie au Directoire, l’homme de talent :
jeunesse en Languedoc,
une carrière prometteuse,
le rôle des commissaires de guerre,
sous le Directoire.
Sous le Consulat et l’Empire, l’homme d’action :
le camp de Boulogne,
Intendant général de la grande armée 1805-1809,
Ministre, secrétaire d’état et la campagne de Russie 1810-1812,
Ministre et Intendant général dans la retraite de Russie et la campagne d’Allemagne 1812-1813,
Ministre de l’administration de la guerre,
la campagne de France 1813-1815.
L’homme de lettres :
l’homme public,
son activité littéraire.
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