Mémoire d'Oc n° 59 (octobre 1997)
Une curiosité oubliée, le Boulidou de Pérols
74 pages – (1997)
Introduction
Il faut expliquer ce qui paraît obscur dans le titre de cette plaquette :
Pérols, le Boulidou.
Tout d’abord Pérols : Pérols est l’une des 15 communes qui constituent le District de Montpellier, l’une des plus proches de la capitale, puisque située à environ 5 à 6 km de la place de la Comédie, centre véritable de cette dernière, plus proche que ne le sont certains quartiers extérieurs de la ville.
Avec ses quelques 7 000 habitants, on ne sait si on doit encore qualifier Pérols de village, tant son urbanisation est poussée : Hypermarché Auchan. Centre Commercial le Fenouillet, terrains de la Foire Exposition, Aéroport de Fréjorgues…
Cette croissance vertigineuse qui a transformé un vieux village, aux origines très anciennes, en cite résidentielle, est due essentiellement aux grands travaux d’aménagement de la côte languedocienne qui débutèrent en 1968. Elle est donc relativement récente.
Cependant, Pérols se souvient encore du temps où sa population ne se composait que de pêcheurs et d’agriculteurs, ou pour mieux dire d’agriculteurs-pêcheurs qui tiraient leurs ressources, à la fois de l’anguille pêchée dans les étangs tout proches, celui de Mauguio (aujourd’hui de l’Or) et Celui de Pérols (aujourd’hui Méjean), et aussi d’un petit vin de plaine pas du tout désagréable, le raisin mûrissant bien sur les milliers de cailloux de la terre des vignes.
Les témoins de cette époque n’ont pas encore totalement disparu et peuvent le raconter.
L’origine du nom de Pérols est naturellement soumise à controverses entre étymologistes. L’opinion la plus répandue et la plus populaire est que Pérols vient de Peirau (on le trouve en effet parfois écrit de cette façon sur des documents anciens).
Or Peirau (prononcer « Peilraou ») est un mot languedocien, ou occitan comme on dit aujourd’hui, qui se traduit en français par « chaudron » (tout le monde sait ce qu’est un chaudron).
Que Pérols ou Peirau tire son nom d’un chaudron, cela n’a rien de poétique, cela peut paraître bizarre. Mais non, cela pourrait être possible. Pourquoi ? – Mais à cause du Boulidou.
Boulidou ? Qu’est- ce donc ?
Ce mot, cela se devine tout de suite, est un mot occitan. Si donc, vous demandez à une vieille personne qui parle encore le « patois » :
« Dé qu’es un boulidou ? » (Qu’est-ce qu’un boulidou ?)
Elle vous répondra :
« Es quicon que boulis » (C’est quelque chose qui bout.)
Qu’est-ce qu’on fait le plus souvent bouillir ? : – l’eau. On obtient alors de l’eau bouillie. En occitan : de l’aigo boulido. Mais l’aigo boulido de ce pays n’est pas une vulgaire eau bouillie.
On dit ici : « L’aigo boulido sauva la vida » (l’eau bouillie sauve la vie.)
Dans une poésie bien connue des occitans, une grand-mère conseille à son petit fils qui cherche une fille à marier : Il Prends-la laide ou jolie, comme il te plaira mais, au moins ! – « recoumandacioun ! qué satche faire l’aigo boulido« , (recommandation ! qu’elle sache faire l’aigo boulido).
Car, avec tous les ingrédients de chez nous qu’on ajoutait à l’eau en train de bouillir : l’ail, le thym, l’huile d’olive… l’aigo boulido était à la fois un délice, mais aussi un remède pour nos grand-mères.
Revenons au Boulidou : Il y avait donc, quelque-part à Pérols de l’eau qui bouillait. Il faut parler au passé, car qui cherche aujourd’hui ce fameux Boulidou ne le trouvera point. Il n’y a plus de Boulidou. Il ne reste qu’une rue de ce nom et sur le plan cadastral de la commune, une section dite du Boulidou.
Pourtant le Boulidou a existé. Il y a des témoignages et qui datent de longtemps. C’est à eux que nous allons recourir pour comprendre de quoi il s’agissait.
Contenu du numéro :
Le Boulidou de Pérols
Quelques éclaircissements à l’usage de ceux qui ne seraient pas « d’ici »
Le Boulidou vu par les Platter (16e siècle) Félix puis Thomas
Le Boulidou vu par les chroniqueurs (18e siècle) :
Extrait de « Montpellier en 1760 » et de la chronique de « l’Anonyme de 1768 »
Le Boulidou vue par l’Académie Royale des sciences de Montpellier,
Les savants : Rivière, Haguenot, Goulard, Chaptal.
Le Boulidou vu par les Péroliens
Le Boulidou une station thermale sans avenir, station thermale des pauvres
Mais la commune de Pérols possédait une une vraie source minérale ?
Une découverte sans suite.
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