Mémoire d'Oc n° 029
Mémoire d'Oc n° 029

Mémoire d'Oc n° 29 (décembre 1993)
A propos du Pont Juvénal. Un siècle d’industrie lainière (1)

83 pages – (1993)

Introduction

Pourquoi ai-je entrepris de me lancer dans un sujet aussi vaste et général qui fit sourire d’étonnement tous mes collègues ? C’est à cause de Diane…

Fin 1682, Diane de Solas qui n’est pas encore marquise de Graves, entreprit de terminer l’œuvre que son père, François de SoIas, avait commencée et qui était de canaliser le LEZ pour doter Montpellier de son port : LE PORT JUVÉNAL. (Voir Des bateaux sur le Lez, une famille et un canal – Mémoire d’Oc n° 21).

Mais Diane, femme avisée, qui avait de gros besoins d’argent, s’efforça d’utiliser au maximum les ressources dont elle pouvait disposer. Elle installa donc au Pont Juvénal une autre activité que l’on peut supposer de bon rapport. Il s’agissait du lavage des laines dans les eaux du lez et de leur séchage sur les prés qui bordent la rivière.

Cela me fit penser que la laine devait avoir à Montpellier une certaine importance. Mais de quelle laine s’agissait-il et pour le compte de qui lavait-on ? Rien, dans les mémoires de la famille de Solas, ne le disait.

Je consultai donc l’Anonyme de Montpellier – anonyme mais apparemment bien renseigné – (Montpellier en 1768 et documents de la ville de Montpellier). Qu’avait-il écrit sur la question ? Ceci : « les marchands de laine font depuis un temps infini un corps considérable dans la ville, soit par l’apprêt et préparation de toutes sortes de laines qu’ils font faire au Pont Juvénal et qui servent pour presque toutes les manufactures de la province, soit enfin par la vente et le commerce qu’ils en font.

Ainsi, il s’agissait d’une activité qui intéressait toute la province. C’était donc à ceux qui, au nom du Roi, la gouvernaient, c’est-à-dire aux intendants, qu’il fallait aller demander des explications. Justement, deux d’entr’eux avaient écrit des Mémoires, l’un des tout premiers, Lamoignon de Basville, à la fin du XVIIème siècle et, un siècle plus tard, celui qui fut le dernier, Charles de Ballinvilliers.

Nicolas Lamoignon de Basville demeura, en Languedoc, de 1685 à 1718. Il eut donc bien le temps de connaître la province. Le mémoire qu’il a écrivit était destiné à l’éducation du Duc de Bourgogne, petit-fils de louis XIV, et alors futur héritier du royaume. Colbert dirigeait les finances royales, le commerce et l’industrie, Basville était le fidèle exécuteur des ordres du ministre. Nous étions en plein dirigisme.

Charles de Ballinvilliers est arrivé, lui, à Montpellier en 1786. Il restera peu de temps car il verra sa fonction supprimée par la Révolution. Il n’est pas indifférent de considérer que le siècle qui sépare les deux hommes est le XVIIIème, siècle des lumières, de l’Encyclopédie, du mouvement des idées. Ballinvilliers y était sensible…

Durant le siècle plusieurs autres intendants se sont succédé qui n’ont pas écrit de mémoires, mais en ont reçu bon nombre, ainsi que des requêtes, des rapports, des réclamations, ont publié tant d’arrêts royaux qui encombrent tout au long de cette période les cartons des archives de l’intendance, qu’on peut se faire une idée générale de ce qu’étaient l’industrie et le commerce de la laine dans la province et plus précisément pour moi dans la partie du Languedoc la plus proche de chez nous.

Pour comprendre, il nous faut, je crois, suivre la laine dans toutes ses étapes, depuis le dos des moutons jusqu’au produit fini, l’étoffe ou le tricot dont se vêtira quelqu’un de chez nous ou d’ailleurs…

Très vaste sujet, que je ne prétends traiter ni en économiste, ni en véritable historien ; mais avec mes modestes capacités, vous faisant part simplement de ce que j’ai trouvé, de ce que j’ai compris…

Contenu du numéro :

L’industrie lainière (1)

La laine en Languedoc au XVe siècle
     Bête à laine,
     Marchands de laine.

Étoffes de laine :
     Grande draperie, petites étoffes,
     La cardère et son usage,
     De la laine brute à l’étoffe de laine,
     Des règlements en veux-tu en voilà…

Et pourtant !
     Le commerce des draps de laine.

Mémoire d’Oc

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