Mémoire d'Oc n° 14 (novembre 1991)
Les mas au pied du Pic Saint Loup à Valflaunès
150 pages – (1991)
DE L'IMPORTANCE D'UNE ODEUR POUR LA MEMOIRE...
Lorsqu’après des années « d’exil » en divers coins de France, ma fille retrouva à Nîmes le ciel méditerranéen, elle eut cette réflexion qui peut vous paraître bizarre :
« J’ignorais que mon pays avait une odeur… », et pour que je la respire avec elle, elle m’entraîna sur les hauteurs de la Tour Magne où depuis des jours, elle ne se lassait pas de revenir pour la humer à pleins poumons.
Cette odeur, faite des senteurs mêlées de toute la garrigue, c’était celle qu’elle avait respirée durant toute son enfance quand elle parcourait à pied ou à vélo les chemins et les sentiers de Valflaunès.
Valflaunès, 398 habitants, au dernier recensement est, au nord-est de Montpellier, un des villages qui composent le canton de Claret, canton des garrigues, le moins peuplé du département, un village au pied du pic Saint-Loup, montagne bien connue des Montpelliérains qui domine de ses 655 mètres la plaine et que l’on aperçoit encore) même couché sur le sable des plages…
Valflaunès n’est pas un village comme on a l’habitude de le voir ou de l’imaginer : des maisons aux tuiles grises serrées autour de l’église, des rues étroites qui mènent à la place où jouent les gamins et papotent les vieux « acagnardés » au soleil.
Valflaunès n’a pas de rues, il n’a que des routes. Sa place n’est, la plupart du temps, qu’un vaste désert, battue des vents, de tous les vents, au point le plus haut du village une sorte de promontoire d’où, par les jours clairs on peut apercevoir au loin, par dessus le moutonnement des croupes revêtues de chênes verts, la cime du mont Ventoux, tout là-bas dans les Alpes de Provence.
Un tiers à peine de la population de la commune réside dans le village, tout le restant est dans les mas qui l’environnent distants parfois jusqu’à 5 kms, sur les pentes du mont Hortus et jusqu’au pied même du Pic Saint-Loup.
Ils ont nom Boisset, l’Auberge, les Cabanelles, la jassette, Laneyre, valeyre, Viastre, Sabarou, Gourdou, Fouruel, Labeau, Le Rey, la Plaine, le Mazet, le mas Rigaud, Mascla, Fambetou, le mas Dupont, Barrou…
Les plus éloignés comme Mascla et Fambetou sont aujourd’hui abandonnés. D’autres au contraire, au cours des âges se sont peuplés ou démembrés entre plusieurs possesseurs, et sont à l’heure actuelle devenus des hameaux : tels Lancyre ou le Rey.
Le pays, je crois bien le connaître. Jeune institutrice, j’y suis arrivée au moment où l’on sortait à peine de la seconde guerre mondiale. Je l’ai vu vivre sa vie traditionnelle telle qu’il se l’était forgée au cours des siècles, et j’y ai vécu les prémices du modernisme au cours des années 50, la lente arrivée du progrès qui allait révolutionner la façon de vivre, de travailler, de penser bien plus profondément que la révolution de 1789.
Depuis que j’ai écrit ce préambule, j’ai appris que Fambétou était à nouveau habité. Je me réjouis de voir revivre ces vieilles pierres, bien qu’il ait cessé d’être un mas agricole.
Essayons de ressusciter le passé de tous ces mas, pour mieux les comprendre.
Contenu du numéro :
Les Mas
Introduction :
De l’importance d’une odeur pour la mémoire,
Le pays et les débuts de son histoire.
Valflaunès en la val de Montferrand :
Valflaunès et le château de la Roquette,
Valflaunès et les Bénédictins d’Aniane,
Valflaunès et la Comté de Montferrand,
Valflaunès et le Roi de France,
Un village et une douzaine de mas,
Vivre à Valflaunès avant la Révolution : la population, ses ressources, la vie sociale.
Les principaux événements de l’époque.
Valflaunès au canton de Claret :
La Révolution vue de Valflaunès,
Les mouvements de la population,
De lents progrès vers la modernité,
Du temps des magnans au triomphe de la vigne,
Valflaunès dans la 2ème partie du XXe siècle : témoignage vécu.
Mémoire d’Oc
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