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Mai 68 à Montpellier : un mouvement étudiant réformateur et déterminé

Mai 68, d’hier à aujourd’hui

Le mouvement de Mai 68 continue aujourd’hui de susciter beaucoup d’interrogations et d’étonnement. Ainsi, la formule de Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré en avril 2007, en pleine campagne présidentielle, vouloir « liquider Mai 68 », source selon lui de beaucoup de maux dont souffrirait la France d’aujourd’hui, ne semble pas être en phase avec l’opinion publique. En effet, d’après un sondage réalisé les 6 et 7 Mai 2008 par le CSA pour le compte de L’Humanité/N VO, sur les 1 006 personnes interrogées, 78 % considèrent que Mai 68 constitue « une période de progrès social » et 86 % estiment même que les événements ont fait avancer les choses « plutôt dans le bon sens » en ce qui concerne l’égalité hommes/femmes, ou encore 78 % dans l’amélioration de la protection sociale. Si l’intérêt historique de tels sondages doit bien évidemment être nuancé, cette enquête est très instructive parce qu’elle nous montre à quel point ces événements ont marqué les consciences. Certains sociologues se risquent même à affirmer que depuis ce printemps, la vie quotidienne des Français est changée, tant sur la manière de penser que d’éduquer ses enfants, ou encore dans les rapports au sein de l’entreprise.

Il est d’ailleurs à noter que les événements de 68 occasionnent l’une des plus grandes grèves que le mouvement ouvrier français ait jamais connue. En effet, les trois millions de grévistes en 1936 représentaient 25% de la population active (dans laquelle on ne comprend pas les paysans) de l’époque, or les près de neuf millions de grévistes au printemps 68 correspondent à 53 % de la population active. Ainsi, par la puissance de la contestation de la société de consommation et du pouvoir gaulliste, par l’ampleur de la grève qui demeure la plus importante de l’histoire de France, par les bouleversements occasionnés, de l’« irruption de la jeunesse » comme l’affirme Edgar Morin, à la réforme des Universités par la loi Faure (novembre 1968), en passant par les changements durables des rapports sociaux (professeur/étudiant, patron/ouvrier, homme/femme, vieux/jeunes etc.), le mouvement social de mai-juin 1968 semble être un événement majeur dans l’histoire économique et sociale de la France contemporaine.

C’est pourquoi l’étude de Mai 68 en province, et tout particulièrement dans une ville universitaire comme Montpellier, demeure une entreprise intéressante quant à la connaissance historique. Pourtant, un examen approfondi de la question fait apparaître un vide relatif sur cette période. En effet, il est à noter que la plupart des ouvrages publiés sur les événements de Mai adoptent un point de vue essentiellement parisien et prennent rarement le mouvement dans sa globalité et sa diversité. Les études en province relatives à cette période demeurent bien marginales. D’ailleurs rien n’a jamais été publié sur cette époque en Languedoc-Roussillon. Pourtant Montpellier est déjà une grande ville universitaire. Est-ce à dire que Mai 68 fut un épiphénomène dans la région et que l’Université montpelliéraine abrite à l’époque un microclimat conformiste ? De plus, le mouvement étudiant a été peu analysé, alors qu’une exégèse semble indispensable pour la compréhension de ce printemps agité à Montpellier. Si bien que Gérard Cholvy constate que « cette période attend son historien ». Seule une table ronde organisée par La Gazette de Montpellier, dans le cadre de la Comédie du Livre, le 31 mai dernier, a essayé de faire le point sur les connaissances relatives à cette période. L’objectif de cet article est donc de contribuer, partiellement, à combler un vide historique sur cette époque. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2009

Nombre de pages

13

Auteur(s)

Pierre-Marie GANOZZI

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf