Catégorie : Étiquette :

Description

Maguelone : histoire et architecture

* *(Cruzy 1937– Fontès 2015), D.E.S. d’Histoire et d’Histoire de l’Art (Montpellier, 1962),
ancien élève de l’Ecole Nationale d’Administration.

« Maguelone, beau lieu, austère, paisible, une petite île, et dont les pentes douces descendent vers les flots bleus au-delà desquels se déroulent les montagnes… là on doit contempler, prier, pleurer ! »

Cathédrale de Maguelone (Public domaine)

Cathédrale de Maguelone
(Public domaine)

Les accents romantiques de cette présentation due à la plume de Monseigneur Dupanloup ne surprennent sûrement pas le visiteur qui, venant de Palavas, aborde l’ancien îlot de trente hectares, circulaire et mamelonné, perdu au milieu des lagunes. « Contempler, prier, pleurer » trois verbes dont la progression, peut-être involontaire, nous permet d’aborder, d’approcher et enfin de découvrir Maguelone. Ce lieu n’a conservé de sa splendeur passée qu’un seul vestige : sa cathédrale. Surprenante vision que celle d’une cathédrale dressée entre la mer et les étangs ! Étrange destin que celui d’une cathédrale dont la masse imposante et lourde ne protège que des pins et des eucalyptus : où sont donc les maisons que l’on s’attendait à voir autour d’elle ? Silence oppressant de cette solitude d’où émerge, depuis des siècles, tel un vaisseau fantôme, une cathédrale abandonnée.

Maguelone… Le nom lui-même résonne comme un glas. Il faut avoir vu ce lieu en hiver pour éprouver cette tristesse, pouvoir avoir envie de pénétrer ce mystère. Et, pas à pas, le cœur serré, on découvre que cette solitude enveloppe un passé chargé de richesses. On voit briller Maguelone qui, tel un phare, a guidé une communauté dangereusement secouée. Les tempêtes n’ont pas épargné l’édifice. Il était fait pour résister. Ombres et lumière, abandons et retrouvailles s’expliquent dès lors que l’on ranime Maguelone. Ces longs moments de silence ont permis à la cathédrale, débarrassée de ce qui l’humanisait trop, de retrouver sa signification profonde. Poste avancé de la foi, Saint-Pierre de Maguelone assume son destin. Rien ne lui fut épargné. Mais le flambeau brille malgré tout, et aujourd’hui s’ouvre pour Maguelone une nouvelle époque. Sur ce littoral longtemps désert la vie semble renaître.

Une période nouvelle, qui voit l’antique nef se remplir de fidèles, témoigne de la pérennité de la flamme. L’histoire nous offre ainsi un monument qui n’est ni un musée ni un lieu que l’habitude nous a rendu familier. Nous découvrons avec étonnement que nous connaissions Maguelone sans jamais l’avoir vue. Pourquoi ? Parce que cette cathédrale longtemps sevrée de l’assemblée des fidèles a su conserver une présence. Ses pierres ont gardé dans leur sobre décor l’esprit qui animait ce qui les ont dressées. Et aujourd’hui nous retrouvons par-delà les siècles la même prière et le même cœur.

Il y a une vingtaine d’années, Monsieur Oudot de Dainville concluant une étude sur Maguelone écrivait : « … L’œuvre a gardé ce charme indéfinissable des choses mortes. Et voilà qu’à nouveau le vaisseau fait voile, le phare brille. Maguelone se réveille car les hommes longtemps retenus loin des paluds reviennent au rivage. La solitude se repeuple. La vieille nef résonne à nouveau. Une moisson se lève qui s’engrangera dans la vivante demeure. »

Historique du site

Maguelone, mentionnée comme cité dans les Itinéraires d’Antonin, fut le siège d’un des plus anciens évêchés de notre région avec Narbonne et Béziers. Le premier évêque dont il soit fait mention est Boetius qui, en 589, envoya un diacre le représenter au concile de Tolède. Il participe lui-même au concile de Narbonne. La cité, comme toutes celles de Septimanie, connût les invasions des Wisigoths et des Arabes. Sarcophages, agrafes, boucles de ceinturon, monnaies témoignent de son importance sous la domination wisigothique. Une sérieuse campagne de fouilles pourrait apporter plus de lumières sur cette période que nous connaissons mal. Dans la liste des évêques, il y a d’énormes lacunes. Nous n’avons aucun nom entre 683 et 788. Ceci nous donne une idée de l’insécurité et de l’anarchie qui devaient régner à la fin de la période wisigothique, au temps des conquêtes arabes et au début de la domination franque. Maguelone a dû subir le même sort que ses voisines. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2016

Nombre de pages

9

Auteur(s)

André BURGOS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf