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Description

L’exploitation d’un registre de notaire -
Toponymie et espace anthropisé dans la région de Clermont-l’Hérault
à la fin du XVIe siècle

Le registre notarial permet d’aborder l’espace occupé par l’homme dans tous ces aspects et ses évolutions aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural. Les évolutions toponymiques que permettent également d’entrevoir les pratiques notariales dès le Xe siècle se révèlent sous leurs différents aspects au cours du Moyen Age. Elles s’accélèrent à la fin de celui-ci laissant apparaître l’état de la toponymie cadastrale telle qu’elle nous est plus connue au début du XIXe siècle. Mais cette rapide analyse qui suggère la richesse que représente ce type de documents en la matière, ouvre également de nombreuses interrogations : dans quelles mesures la toponymie notariale constitue-t-elle un reflet de la réalité populaire ? Le problème de la fonction précise et du statut des différents types de noms de lieu, tènement, juridiction, lieu-dit reste à éclaircir. De même, les pratiques spécifiques de l’étude Vitalis, notamment en ce qui concerne son aire géographique d’intervention, mériteraient la comparaison avec celles d’autres études localement, et plus largement. Enfin, il s’agirait de définir dans quelles conditions va se faire le passage d’une toponymie exclusivement de forme vernaculaire à une toponymie francisée.

Un registre de notaire représente une mine d’or pour le chercheur. Il peut y aborder des domaines aussi divers que la nature et les correspondances des multiples poids et mesures ou des monnaies, les prix des biens meubles et immeubles, l’anthroponymie et le statut des personnes dans une société donnée, ou l’évolution de l’espace occupé par l’homme.

Le minutier revet un intérêt tout particulier pour l’étude de l’espace anthropisé. Il se fait l’écho des évolutions du bâti civil, du développement urbain ou des noms de lieu, hors les murs. Il traduit notamment l’évolution numéraire des noms de lieu dans les documents de la fin du XVIe siècle.

La richesse de la toponymie notariale en languedoc à la fin du XVIe siècle est toutefois contingentée par la nature juridique même du minutier qui limite partiellement cet élan documentaire.

1. Un registre de notaire languedocien de la fin du XVIe siècle

Le registre de notaire nous permet d’appréhender d’une part l’espace anthropisé au travers du juridisme notarial, mais aussi le contexte typique du dernier tiers du XVIe siècle en Languedoc.

1.1. Le contexte typique du dernier tiers du XVIe siècle en Languedoc

1.1.1. La forme du minutier

Le recueil de minutes notariales de maitre Antoine Vitalis, notaire royal à Clermont de Lodève comporte 290 actes datés du 5 janvier 1577 au 14 décembre 1578. Il fut versé aux Archives départementales de l’Hérault par maitre Joseph Védrines.

La couverture de parchemin comporte sur sa face interne un texte latin. Le recueuil est ainsi introduit : « ce sont les flottes des instuments receus[par] / moy antoine vitalis notaire toyal du noum[…] /de clermont en lannee mil cinq cent septante s[ept] / regnant ires crestien prince Henry par la grace de / Dieu roy de france et de polonhie comme si / apres sensuyt. »

L’analyse de l’écriture de l’ensemble du minutier révèle l’intervention de deux scribes différents. Le second semble n’intervenir que lorsqu’il y a plus de trois actes datés du même jour. Il s’agit peut-être du notaire lui-même qui intervient pour soulager et accélérer la procédure. Cette seconde écriture est plus gothique que la première, les lettres sont moins liées, elle semble plus accadémique, plus lente, venant de quelqu’un qui écrit moins souvent. Le premier scribe est un copiste, bien sur puisqu’il s’agit de minutes mais aussi car de nombreuses répétitions et ratures se retrouvent dans le texte.

1.1.2. Le fond

1.1.2.1. Le contexte géographique

Le Clermont en question est Clermont-l’Hérault, autrefois Clermont de Lodève jusqu’en 1790. Ce fut le siège d’une baronnie, puis d’un comté à partir de la fin du XVIe siècle. Cette baronnie qui représentait la partie sud du diocèse de Lodève, au contact avec celui de Béziers, appartenait à la famille des Guilhem.

Elle se situe sur les premières collines contrefort du plateau du Larzac, incluses entre le fleuve Hérault et la rivière Lergue. Plaines et mamelons calcaires cultivés et collines boisées, tel était déjà le paysage du XVIe siècle décrit par l’analyse des parcelles mentionnées dans le minutier.

La ville de Clermont est depuis le début du XIIe siècle le lieu d’un important marché qui mettait en contact productions méditerranéennes de la plaines (vin, huile, etc.), et élevages du plateau et des montagnes du sud Aveyron, comme le révèlent entre autres la provenance des contractants et la nature des biens faisant l’objet d’échange dans le minutier. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2001

Nombre de pages

7

Auteur(s)

Daniel MOULIAS-CARRAT

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf